Citations de Mary Costello (96)
Le bonheur est fragile par nature, il contient les prémices de sa propre mort.
Il y a, chez certains d'entre nous, une solitude fondamentale... elle est en nous.
La douleur n'était-elle pas plus douce, d'une certaine manière, plus attirante, plus enjôleuse, que la satisfaction des désirs? Ce serait comme attendre la vie après la mort, se dit-elle, sans vouloir vraiment qu'elle arrive. Parce que sinon, que resterait-il? Cela impliquerait la mort de l'espoir dans le quotidien, comme un amour mort-né.
Au milieu de l'hiver, j'apprenais enfin qu'il y avait en moi un été invincible.
Albert Camus
Tant de sentiments qui rattachent les gens sont codifiés par le geste et par le silence, car les mots ne sont pas à la hauteur. Viendrait peut-être un temps où la parole s'éteindrait, où toute communication serait menée en silence. Alors la frontière entre son et silence se dissoudrait, tout simplement.
Elle se rappela ce qu'elle avait lu un jour - plus un homme est désespérément amoureux, plus il doit se faire violence, à lui et à ses sentiments, s'il veut prendre le risque d'offenser la femme qu'il aime en lui attrapant la main.
Elle pensa à une vie qui tenait sur une seule page. Elle avait toujours cherché des signaux intimes pour la guider à travers l’existence, et elle avait vécu dans l’attente perpétuelle qu’ils se manifestent. En leur absence elle avait avancé à l’aveuglette, lutté contre l’adversité, sans prendre la distance nécessaire.
Le soir Denis reste assis dans la cuisine,bras croisés, ses longues jambes étirées devant lui, sans rien dire.
Plus personne ne dit grand-chose.
Le silence s'est abattu sur la maison le jour de l'enterrement pour ne plus jamais repartir.
Jamais de toute sa vie elle n'avait vraiment su quoi faire, comment agir. Elle avait toujours attendu qu'on la guide, quelque chose ou quelqu'un, et la vieillesse n'avait pas modifié cet aspect essentiel.
Au fil des années, au fil des longues soirées d'hiver et des après-midi d'été, Tess trouva dans les livres une nouvelle vie. Comme si elle était possédée par l'instinct du retour à l'origine,
Ce à quoi elle avait toujours aspiré - connaître la beauté, l'amour, ou le sacré -, elle le trouvait dans les livres.
Ce n’était pas des réponses ou des consolations qu’elle trouvait dans les romans, mais un degré d’empathie qu’elle n’avait croisé nulle part ailleurs et qui atténuait sa solitude.
Ce n'était pas des réponses ou des consolations qu'elle trouvait dans les romans, mais un degré d'empathie qu'elle n'avait croisé nulle part ailleurs et qui atténuait sa solitude.
Alors elle le vit, le vide qui avait remplacé la maison, l'absence au centre de tout.Une absence semblable à une plaie, une cicatrice dans la terre.Elle posa une main sur son coeur.La maison avait disparu, réduite en poussière.La terre avait reçu une blessure mortelle.Elle perçut la détresse, la longue agitation, la souffrance silencieuse des champs et du bétail, des granges, du sol endeuillé,et les murs et les arbres, les oiseaux rassemblés dans les buissons,s'inclinant tous devant le chagrin.
Le silence s'est abattu sur la maison le jour de l'enterrement pour ne plus jamais repartir.
Le pire s'était finalement produit, la calamité qu'elle attendait depuis toujours. Ce fut presque un soulagement que cela arrive, l'attente était finie.
Peut-être est-ce là la source de mon angoisse, la marque de toute angoisse : la conscience aiguë des infinies possibilités qui peuvent simultanément nous mettre en péril et nous faire grandir, et ce qu'il y a à perdre ou à gagner. C'est le choix, alors, la liberté de choisir la cause de toute angoisse.
Ce n’était pas des réponses ou des consolations qu’elle trouvait dans les romans, mais un degré d’empathie qu’elle n’avait croisé nulle part ailleurs et qui atténuait sa solitude. Ou qui la renforçait, comme si une partie d’elle-même – son côté ermite – se trouvait à portée de main, attendant d’être incarnée. La pensée qu’à une époque lointaine, une personne – un étranger qui écrivait à son bureau – avait su ce qu’elle savait, ressenti ce qu’elle ressentait dans son cœur plein de vie, lui donnait confiance et force. Il est comme moi, se disait-elle. Il partage mes sensations.
Son père approche, au pas de course, le visage écarlate. « Rentre à la maison, toi! rugit-il. Allez, hors de ma vue ! » Il a la main levée, elle pense qu'il va la gifler sur son passage. Mais il continue à courir dans ses bottes en caoutchouc.
Elle va de l'autre côté de la maison, là où le soleil ne brille jamais et où il n'y a jamais personne. Un vieux chiffon est accroché aux barbelés.
Un oiseau chante dans un arbre. Elle se penche par-dessus la clôture et vomit, elle s'en met plein les cheveux.
Elle décroche le chiffon et s'essuie la bouche.C 'est un vieux corsage de sa mère, décoloré et en lambeaux,suspendu à sécher il y a longtemps, et oublié là.
P40
Pieds nus, Luke O'Brien descend l'escalier d'Ardboe House et se poste à la fenêtre du palier. Sous ses yeux se déploie le comté de Waterford : ses champs fertiles, ses forêts de chêne séculaires, sa vaste plaine fluviale, le manoir à cinq kilomètres de là autour duquel gravitent, comme autant de satellites, des demeures ancestrales, et, à moins de cinq cent mètres à vol d'oiseau, la courbe de la rivière Sullane, avec le village de Clonduff sur la rive opposée.
Venu au monde alors que l'univers se liguait contre lui, plus mérité, plus précieux que tous les autres.