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Critiques de Mary Webb (41)
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La Renarde

Taïaut, Taïaut, Taïaut !

"Il en sortait de tous les coins du bois, et leurs silhouettes écarlates faisaient des entailles sanglantes dans les grandes ombres impénétrables "





Au milieu de la nuit, Narde la renarde s'éveilla et poussa un faible jappement.

Un cauchemar!

Comme une mère auprès de son enfant, Hazel sortit rassurer Narde, les pieds nus, "dans le dur clair de lune". Elle prit la renarde, dans ses bras.





Le vent dans le Boqueteau qui gémissait, des formes sombres bougeaient dans les arbres. Hazel murmura:

-La Meute de la Mort. Je vois quelque chose de noir, y sont en chasse. Murmura la jeune fille.





Elle ressemblait tant à Narde, avec sa chevelure rousse, qu'elles tremblèrent ensemble et en même temps.

"Le visage en feu, les yeux déments et la bouche grande ouverte, ils évoquaient une troupe de diables sortis des enfers pour ravager la terre."





La Terre...

Une brume pourpre annonçait les bourgeons, le printemps allait comme un oiseau à peine duveté, sautillant dans le petit bois de bouleaux argentés et de mélèzes. Hazel la sauvageonne s'y promenait en liberté, avec sa renarde.





La jeune fille avait les yeux de sa mère, d'étranges yeux fauves, limpides comme l'eau. Ils ressemblaient à ceux de la renarde.



Hazel cueillait des fleurs et s'allongeait sur l'herbe tandis que Narde veillait sur elle.

"La lumière du soleil, les douces brises, les couleurs vives...Et le ciel accueillant où l'on souhaite s'envoler"





Mais depuis sa rencontre avec Reddin le chasseur, puis le pasteur Marston... Hazel semble pourchassée, comme un bel animal, que l'homme voudrait mettre en cage...





Hazel, sauvage et indomptée, personnifie toutes les indignations de Mary Webb, contre la sottise et les préjugés, et ses répugnances pour la bassesse et la brutalité!





Le roman fut souvent comparé à celui de Thomas Hardy: "Tess d'Urberville".

Jennifer Jones incarna une Hazel fougueuse et troublante dans le film de Michael Powell et de son mari David O. Selznick, ( Gone to Earth), ou "La renarde"en 1950.

Un film romanesque dans la lignée des "Hauts de Hurlevent".
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Sarn

Quel magnifique roman découvert par hasard ! En effet, combien peu de lecteurs connaissent aujourd'hui Mary Webb, une femme de lettres anglaise viscéralement attachée à la campagne du sud-ouest qui l'a vue grandir et vivre avant l'exil à Londres.



Tout, dans "Sarn" (autrement titré "Le délicieux fléau"), m'a transportée avec délices dans les décors et l'univers de mon cher "Loin de la foule déchaînée" de mon non moins cher Thomas Hardy. Les descriptions sont magnifiques, le ton est juste, les personnages sonnent vrai et le drame qui se noue entre les pages de ce roman est beau d'intensité et de poésie. D'ailleurs, à bien y réfléchir, j'affirme qu'il est absolument impossible que Mary Webb n'ait pas été influencée par la lecture de Thomas Hardy, comme tout écrivain anglais qui se respecte.



Début du XIXème siècle. Prudence et son frère Gédéon Sarn vivent dans la ferme familiale avec leur mère. Après la mort du père, c'est Gédéon qui est devenu le chef de famille et il nourrit une ambition farouche : s'enrichir pour sortir de sa condition paysanne et procurer du même coup à sa soeur Prudence, la narratrice, une situation sociale qui fasse oublier son handicap - un bec de lièvre, catalyseur de superstition et d'exclusion. La saga familiale que nous offre Mary Webb comporte tous les ingrédients qui signent les grands romans : traditions, passion, romance, violence, spiritualité et le portrait précis et touchant d'un univers tour à tour attachant et mortifiant.



"Sarn" compte parmi les classiques des lecteurs d'outre-Manche et j'adhère totalement à ce statut très mérité. Un beau coup de coeur et un récit qui hantera longtemps mes pensées.





Challenge XXème siècle - Edition 2019

Challenge XXème siècle 2022

Challenge ABC 2021 / 2022

Challenge PLUMES FEMININES 2022

Challenge MULTI-DEFIS 2022
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Sarn

Quand une Anglaise écrit une histoire en 1924, et que cette histoire se passe début du 19e siècle dans la campagne anglaise, je lis !

Et quand j’apprends que ces pages ont été lues par mon père en 1955, c’est avec émotion que je les parcours, pleines de poésie, d’oiseaux, de champs de blé, d’humanité mais aussi de catastrophes.



Sarn est une ferme au bord de l’étang du même nom, et la famille qui l’habite est comme frappée d’une malédiction.

La narratrice est la jeune femme de la maison, et est affublée d’un bec-de-lièvre qui à l’époque est synonyme de sorcellerie. Sensible, son âme frémit face à la nature qui l’entoure et elle enveloppe de sa compassion chaque être qu’elle rencontre. Son frère, par contre, est dur et dominateur, et voue son existence à l’argent et au pouvoir que celui-ci peut procurer. Le travail ne lui fait pas peur et il entraine sa sœur dans un labeur pénible pour accéder à un rang plus élevé que celui de simple fermier presque sans le sou. Mais l’amour apparait et sa confrontation à la cupidité va provoquer bien des dégâts…



Quel roman ! Si l’histoire est lente à démarrer, elle m’a entrainée dans une spirale émotionnelle qu’il m’a été difficile de quitter.

J’ai été happée par les nombreuses descriptions de la nature et des saisons, comme devant de multiples tableaux impressionnistes.

J’ai palpité, tout en accord avec les sursauts de l’âme de la narratrice nourrie de solitude et de méditation, puis face à son émoi amoureux.

J’ai frémi devant l’inexorabilité des faits désespérants qui s’enchainent sans pitié.



Jamais je n’oublierai Sarn, l’étang des nénuphars auréolé de roseaux et de mélèzes, théâtre des bouillonnements de l’âme humaine.

En ces jours si tristes qui suivent le départ de mon père, la lecture de ce classique exhalant un doux parfum de nostalgie m’a permis de replonger en moi-même, à la rencontre de la douceur du passé.

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La Renarde

Ce livre est un cri contre les puissants-méchants, symbolisés ici par Reddin et la classe bien-pensante des petits bourgs de campagne.

.

Ce roman de 1917 de Mary Webb est un peu dans l'atmosphère de "Orgueil et préjugés" :

Campagne anglaise (galloise, plus précisément ) ;

et des personnages bien campés !

il ya d'abord Hazel (petite noisette), qui est une sorte de Fée Clochette avec l'aspect physique de "Rebelle" : son coeur est dans les bois, en communion avec la forêt, les esprits de la forêt ; elle protège et ramène les plus faibles des animaux, dont Narde, la petite renarde. Mais ses tripes ne sont pas insensibles à l'appel de l'homme viril, dont, innocente créature, elle ignore les dangers à le fréquenter.

Il y a Abel, le père, à moitié ermite, qui vit de la fabrique de cercueils, de couronnes, et d'apiculture.

Il y a ensuite Reddin, le viril esquire, châtelain qui vit comme au moyen-âge, de ses terres, de chasse ... et de droit de cuissage !

Il y a ensuite Edward Marston, le pasteur, qui a un coup de foudre en voyant Hazel chanter et danser au son de la harpe d'Abel.

Puis il y a toute la bonne société campagnarde des gens qui jugent sans connaître les tenants et les aboutissants des choses.

.

Les personnages étant en place, on peut imaginer ce qui va se passer dans cette histoire fraîche mais peut-être dramatique, qui me fait aussi penser à "Rox et Rouky" :

-- le coeur d'Hazel va à Narde ;

-- les tripes d'Hazel vont aux bras puissants du viril mais brutal Reddin ;

-- l'âme d'Hazel s'élève dans la protection du doux Edward qui l'aime plus que tout.

.

Hazel outragée ! Hazel brisée ! Hazel martyrisée ! ...sera-t-elle libérée de toutes les pressions qui s'abattent sur elle ?

.

Le rythme lent, avec un style nature writing au début, s'accélère progressivement jusqu'à une apothéose finale...

.

Pour parler de mon identification avec ce livre,

...comme Edward, je me suis fait "avoir" par l'aspect physique ;

Comme Edward qui a "flashé" sur Hazel, belle rousse sauvageonne en communion avec la nature et les faibles,...

... j'ai, dans le temps, flashé sur W, belle noire fine aux cheveux de jais, sauvageonne aussi ;

L'amour-passion a duré 5 ans et aurait très bien pu mal se terminer...



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La Renarde

Sous les prémices du printemps, dans la campagne galloise, les mélèzes et les bouleaux argentés du Boqueteau posent leurs empreintes sur les premières lignes. Y courent la robe fauve d’une jeune renarde et sa toute jeune maîtresse, Hazel, dont la chevelure flamboie du même ton que celle du pelage de Foxy. Elles se dirigent vers une minuscule cabane d’où s’échappent de douces notes tirées d’une harpe dorée. Dans cette cabane, Hazel vit en sauvageonne avec son père et n’a jamais reçu ni éducation, ni amour de la part de ses parents. À sa mort, sa mère lui a laissé un vieux livre gribouillé de sortilèges et superstitions et Hazel en a fait sa bible, ne distinguant plus le réel des légendes perpétrées dont celle de la meute de la Mort qui la panique. Car la jeune fille a un profond dégoût de la chasse et se porte au secours des pauvres bêtes prises au piège. Elle se dit et se veut libre et s’identifie au monde sauvage plutôt qu’au monde humain dont elle ignore presque tout.



Les conséquences d’une robe à acheter, d’une tante imbuvable, rigide et inhospitalière, jettent l’innocente Hazel sur la grande route, au sortir de la ville, alors que la neige vient glacer son retour vers le Boqueteau. Là, passe Jack Reddin, hobereau du manoir d’Undern, qui lui offre l’hospitalité doublée rapidement par l’envie d’en faire sa maîtresse.

Il faut s’arrêter un moment sur la sinistre description que l’auteure confère à ce manoir auquel elle donne une âme féroce auréolée d’une atmosphère angoissante et brutale. Même la végétation alentour écrase les lieux et se fait menaçante, accablante. Magistrale représentation !

Ici y vivent donc Reddin et son vieux valet Vessins, personnage insolite qu’il vous faut absolument découvrir tellement il est croqué avec originalité et brio !



D’une naïveté confondante, ignorante des autres et d’elle-même, la candide Hazel sera confrontée aux désirs de possession de deux hommes alors que, d’une franchise puérile et loin d’avoir froid aux yeux dans ses propos, elle tente de se faire entendre en répliquant « Les gens disent toujours que je suis à eux. J’aimerais mieux être à moi. » Refusant l’appartenance à quelqu’un, elle sera apeurée et en même temps fascinée et troublée par Reddin, chasseur cruel mais dont la rudesse et la virilité éveillent une attirance qu’elle ne comprend pas. Quant au pasteur Marston, il voit en Hazel la pureté qu’il veut protéger mais sans partager non plus l’intense passion d’Hazel pour la liberté, la nature et la fragilité des animaux confrontés à la barbarie des hommes.



Par La Renarde, Mary Webb se fait l’écho de l’absurdité et de la férocité des hommes à vouloir posséder la femme sans jamais s’interroger sur les propres désirs de l’être convoité. L’un incarne la cruauté, l’égoïsme, l’instinct de chasseur et le caractère destructeur de la société humaine. L’autre, protecteur idéaliste, ébloui par cette créature si vivante et sauvage qu’il désire apprivoiser, ne sait pas non plus répondre aux volontés de la jeune femme. Un autre antagonisme progresse aussi chez Hazel, celui du rejet de devenir une femme en même temps que l’envie naturelle d’être admirée et désirée.



La romancière saisit admirablement la nature et verse dans ses phrases toute la vivacité de la flore et tous les mouvements et chants des différents oiseaux qui la traversent dans la frénésie de leurs vols. Elle nous en offre tantôt une peinture lumineuse, tantôt la dote d’une impression lugubre où un sombre destin semble s’y tapir. Dans ces bois gallois, la beauté de la nature et la chasse se confrontent.



Relativement inclassable, perçu comme un cri déchirant face à l’oppression des faibles, on entre dans cette lecture en ignorant si l’on évolue dans un conte cruel et tragique ou un roman dénonciateur. La nature et la marginalité se heurtent aux hommes excessivement possessifs et aveugles. Victimes de la société humaine, Hazel, Foxy et sa petite ménagerie d’estropiés ne peuvent laisser insensibles.

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Sarn

Intriguée par des avis élogieux rédigés par des plumes de confiance, motivée par la difficulté de trouver ce roman à la fois épuisé et tombé dans les oubliettes, je suis revenue de ma bibliothèque le sourire aux lèvres. Un exemplaire de Sarn était caché dans les réserves...

Ce roman paru en 1930 nous relate la vie d'une petite bourgade dans l'Angleterre du début du 19è. Sarn c'est le nom de l'étang qui jouxte la ferme des Sarn. Gédéon a repris la ferme à la mort du père. Il a, comme son père, le goût du travail et l'âpreté au gain asservissant sa soeur Prue, une jeune fille intelligente marquée de la main du diable: elle a un bec de lièvre ... la rumeur, les superstitions, la peur de l'étrange ne serait elle pas une sorcière ?

Un roman qui je l'avoue m' a paru fastidieux à lire. L'entrée en scène de Kester Woosteaves le tisserand a heureusement éveillé mon intérêt. Déception donc , un univers mélodramatique à souhait que je qualifierai de gothique par certains aspects qui ne me charme pas du tout même si les personnages sont bien cernés et la nature fort joliment décrite.
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Sarn

Je profite d’une relecture de Sarn, un de mes romans favoris, pour partager mes impressions de lecture. Sarn est un roman marquant, pour de nombreuses raisons : tout d’abord, l’atmosphère toujours pesante associée à l’étang de Sarn, qui jouxte la demeure des Sarn, dont font partie le fier et ténébreux Gédéon et surtout Prue, la narratrice de cette histoire, qui nous partage les évènements majeurs d’une époque révolue avec sincérité, sensibilité et délicatesse. Prue n’est pas une héroïne comme les autres : parce qu’elle a un bec-de-lièvre, elle n’est même pas considérée comme une femme, mais plutôt comme une sorcière et est donc crainte par la société aux croyances étriquées de cette fin de XIXème siècle…mais c’est justement parce qu’elle est différente que Prue est si attachante : sa pureté, sa gentillesse, sa générosité font d’elle une « belle âme » qu’on ne peut qu’apprécier !



Si Sarn est un témoignage de la société paysanne de l’Angleterre du 19ème siècle, des us et coutumes marquant le quotidien de ses habitants (à l’image de la mise à mort d’un taureau innocent ; ou encore de la condamnation d’un homme considéré comme un hérétique de par ses dons de guérisseur) ou encore un beau portrait de femme (à travers les pensées et actions de Prue), ce roman est également une rencontre avec des personnages bien différents, parmi lesquels certains m’ont immédiatement plu (ce qui fût le cas d’un certain Kester Woodseaves, gentleman au grand cœur, toujours juste, tolérant, courageux, merveilleux personnage ; mais aussi de Mme Beguildy et de sa fille Jancis ou encore de Mme Sarn, la maman de Gédéon et Prue, fragile mais attentionnée) tandis que d’autres m’ont laissé un sentiment négatif (comme Grimble et Hublet, Ivvy, Beguildy).



Ce roman est également une belle critique de l’obscurantisme et une célébration de la différence, à travers le triomphe de la beauté intérieure et l’épanouissement d’un amour pur et inconditionnel…Un magnifique roman que je recommande à 100% !!



A lire absolument !

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Sarn

Ne connaissant pas du tout cet auteur et cette œuvre, qui est apparemment sa meilleure, je suis donc rentrée sans a priori dans ce texte, où j’ai retrouvé avec délice l’écriture du XIXe que j’apprécie énormément.



Mary Webb se fait le chantre d’un après-romantisme, dans ce texte lyrique où la nature est un personnage à part entière, qui peut aussi bien donner généreusement que punir. Extrait pour vous donner la preuve de la beauté de ce texte :



“Je n’ai jamais compris, et ne comprends pas encore pourquoi , par les nuits d’été, les blés brillent ainsi d’une clarté lunaire, même en l’absence de lune. Mais ce spectacle est merveilleux, quand le grand silence du plein été et de la nuit profonde enveloppe la terre au point que le tremble même, si bavard, n’ose plus rien dire et retient son souffle, comme s’il attendait la venue du Seigneur.”



Pleine d’espoir, de douceur de vivre et de gentillesse, on s’attache rapidement à cette jeune fille à qui l’on a rapidement fait comprendre que son infirmité, signe du diable, l’éloignera toujours des hommes et du bonheur : “J’étais comme la jeune fille qui, le premier jour de mai, se tient à la croisée des chemins pour offrir un bouquet au cavalier qui va passer. Et voilà que ce cavalier m’avait renversée et abandonnée avec mes fleurs dans la boue !”.



Et pourtant elle continue à se battre, sans rancœur ni aigreur face à ce destin injuste. Et elle laissera parler son cœur, même après avoir tout perdu. “Il y a des catastrophes qui vous font bondir et courir pour sauver votre vie; mais il y en a d’autres qui sont bien pires car elles ne vous laissent plus rien à faire. Alors tombe sur votre âme une immobilité semblable à celle du lapin quand l’hermine le couve du regard et qu’il se sent perdu.”



On se laisse donc littéralement emporter, entre les descriptions magnifiques de cette nature sauvage et dangereuse, et la compagnie des hommes, qui l’est tout autant, à travers le récit de la sensible Prue. Une très belle expérience littéraire, d’une force poétique rare, loin de la mièvrerie amoureuse que peut nous laisser attendre la quatrième de couverture …



Un livre à avoir chez soi.
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Sarn

Precious Bane


Traduction : Jacques de Lacretelle et M. T. Guéritte.





Situé bien évidemment dans le Shropshire, "Sarn" est le roman dont l'héroïne, Prudence, dite Prue, Sarn, affligée d'un bec-de-lièvre, tenait probablement le plus au coeur de Mary Webb. L'histoire, certes, se termine bien mais le chemin qui mène à cette fin heureuse (et morale) est jonché de cadavres.


Nous ne sommes pourtant pas dans un roman policier. L'intrigue débute alors que Gedeon, le frère de Prue, entraîne sa soeur et leur amie, Jancis Beguildy, la fille du rebouteux et sorcier local, à "sécher" le prêche du dimanche. Le danger encouru est grand car, tous les quatrièmes dimanches du mois (le pasteur ne se déplace dans la paroisse que ces dimanches-là), le père Sarn a l'habitude de les interroger sur ce qu'ils ont entendu à l'église. A la moindre erreur, il cogne. Et dur !


L'inévitable se produit. Tentant de recoller entre eux les bribes du sermon que lui a rapporté Tivvy, la fille du sacristain, qu'il avait chargée d'écouter à leur place, Gedeon s'embrouille tant et si bien que le père court chercher la houssine. Mais sa colère est si grande qu'avant même d'avoir porté le premier coup, il tombe raide mort, d'une apoplexie.


A l'enterrement, ainsi qu'il est d'usage dans cette contrée rurale, le prêtre demande s'il y a un "mangeur de péchés" pour le mort. A l'époque - nous sommes en pleine guerre franco-anglaise, avant la Restauration de Louis XVIII en France - un pauvre ou un mendiant acceptait d'absorber le pain et le vin déposés au pied du cercueil et, ce faisant, de se charger ainsi des péchés du défunt afin que celui-ci pût se présenter le coeur en paix devant Dieu. On lui donnait en sus un peu d'argent pour sa peine.


Mais Gedeon, déjà hanté par le désir d'amasser un maximum d'argent pour se sortir de la condition où l'a placé sa naissance, n'a pas requis l'assistance du "mangeur de péchés." Comme il ne croit ni en Dieu ni en Diable - même s'il ne le dit pas - il s'est décidé à remplir lui-même ce rôle pour son père. Il en profite pour arracher à sa pauvre mère la promesse publique de lui céder l'intégralité du domaine familial s'il accomplit l'indispensable rituel. L'assistance est choquée car tout le monde voit, dans cet entêtement, un signe de grands malheurs.


Ce qui n'empêche en rien Gedeon de "manger" les péchés de son père. Sarn est à lui ...


Je n'en dirai pas plus pour ne pas gâcher le plaisir de ceux qui n'ont pas encore lu ce roman où abondent les descriptions aussi poétiques et minutieuses de la campagne anglaise. A lire certains passages, on reconnaît sans peine dans l'écriture de Mary Webb l'âme d'une écologiste avant la lettre mais une écologiste consciente à la fois des beautés et des perversités que recèle la nature.


Même si son héroïne est profondément imprégnée des versets et chapitres de la Bible (surtout les plus poétiques, les plus littéraires), Mary Webb fait cependant de Prue une femme qui cherche à se libérer dans l'apprentissage de la lecture, puis de l'écriture. En certaines occasions, Prue révèle également des qualités traditionnellement masculines - comme la détermination dont elle fait preuve pour sauver l'homme qu'elle aime de la morsure d'un chien féroce. Autant Gedeon, dont le caractère, lui aussi, est puissamment affirmé, nous paraît en fait bien faible tout au fond de lui, autant sa soeur est le vrai, l'authentique "pilier" de la famille.


Mais la malformation congénitale dont elle a souffert, et qui incite les paysans trop frustes à voir en elle une fille du Diable allant danser au sabbat sur les collines, la rend en même temps timide et elle accepte trop facilement de se sacrifier, de s'effacer. L'empreinte de la religion et de la superstition est telle que, si intelligente qu'elle soit, Prue se pose souvent la question elle-même : pourquoi le lièvre a-t-il croisé le chemin de sa mère alors que celle-ci l'attendait ?


Tel qu'il est, c'est-à-dire moins achevé que "Gone to earth" ("La Renarde"), "Precious Bane" (que l'on peut traduire littéralement par "Le Fléau Précieux") et que les traducteurs français ont choisi avec sagesse de transposer en "Sarn", le nom du domaine où se situe l'essentiel de l'action, est un roman envoûtant, plein de brumes et de murmures, de violences et de beautés, et qui, par bien des côtés, n'est pas sans rappeler la froide et pure beauté des tragédies grecques. ;o)
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Sarn

Un débat récent sur Babelio a remis au goût du jour ces romans « oubliés » qui ont bercé notre jeunesse. Oubliés, pas par les lecteurs ni par les lectrices (on trouve toujours ces livres dans nos greniers, dans les brocantes et chez les bouquinistes), mais par les éditeurs qui ont décrété que ces romans d’une autre époque, brassant des thèmes ringards et dépassés, et dans un style suranné qui n’est plus de mise, n’avaient plus place dans la bibliothèque de l’homme et la femme moderne (à part ceux qui ont une valeur « économique » bien sûr). Tous les goûts sont dans la nature, chacun pense ce qu’il veut. Mais on ne peut que s’inquiéter devant ces dictatures de l’édition qui font passer le rendement économique avant toute autre considération culturelle ? J’exagère ? Regardez les catalogues de Bouquins et Omnibus, qui étaient les garants d’une littérature « populaire », où la part purement romanesque est devenue infime. Et la Pléiade ? Les choix éditoriaux sont de plus en plus effarants, alors que d’immenses auteurs n’y sont toujours pas représentés… Mais il commence à faire frais, permettez que je ferme ma parenthèse.

Parmi ces auteurs « oubliés », j’aimerais faire une place à Mary Webb (1881-1927). Sa production littéraire n’est pas extraordinaire, une douzaine de romans dont quelques-uns ont été traduits en français, et deux d’entre eux ont eu même un succès certain : « La renarde » (1917) et surtout « Sarn » (1924).

Avant de lire le livre, j’ai comme beaucoup de gens de ma génération, vu le très beau téléfilm réalisé en 1968 par Claude Santelli (gage de qualité s’il en est), avec Dominique Labourier dans le rôle-titre. L’adaptation de Santelli, parfaite comme d’habitude, établissait comme un pont avec des œuvres comme les « Hauts de Hurlevent » et « Jane Eyre », ou encore Dickens, et chez nous George Sand. Il y a en effet un lien, comme une continuité entre ces autrices anglaises depuis les sœurs Brontë, Elizabeth Gaskell et George Eliot jusqu’à Mary Webb et Elizabeth Goudge (et je ne cite que quelques noms) : le combat d’une jeune femme pour assumer sa condition dans un monde où les hommes tout-puissants exercent le pouvoir (même inconsciemment). Il y a certainement dans cette chaîne littéraire un combat féministe même s’il n’en a pas encore le nom (on peut même remonter jusqu’à Jane Austen). Au-delà, c’est aussi un combat pour la dignité, et le droit de vivre malgré l’adversité, sous toutes ses formes, y compris le handicap.

Car dans « Sarn », le sujet principal du roman, c’est ce bec-de-lièvre dont est affligée la malheureuse Prue (Prudence). Le titre original du livre est « Precious Bane » (le fléau précieux), qui personnifie l’infirmité de Prue : ce défaut qui la fait considérer par ses voisins comme une sorcière, qui physiquement en fait une disgraciée, timide et réservée, mais qui lui donne en fait la force intérieure pour résister aux attaques, s’endurcir contre la méchanceté, et garder intact l’espoir d’une vie meilleure. Sensible à la nature et à ses mystères, elle a naturellement le sens de la compassion, et son innocence n’empêche pas la lucidité. Ecologique avant l’heure, elle évolue dans un monde (aujourd’hui révolu) où les images de la nature s’imposent d’elles-mêmes, et avec elles, les bruits, les odeurs les mille sensations d’une vie proche de la terre et des végétaux, des animaux et des humains. Des humains il y en a dans ce roman, de tous les genres : Gédéon, son frère est un monstre de cruauté et d’égoïsme, qui règne en despote sur le domaine, tenant tous ses habitants dans une main de fer. Des voisins intolérants ou au contraire plutôt bienveillants, et enfin, Kester, l’anti Gedeon, le tailleur itinérant qui saura percer à jour l’âme pure et généreuse de Prue.

L’édition du Livre de poche, est précédée d’une très belle préface du traducteur, Jacques de Lacretelle (l’auteur de « Silbermann »), où il raconte pourquoi ce roman d’un autre temps, qui raconte des faits d’une autre époque qui nécessitent une autre sensibilité pour les appréhender, ce roman l’a malgré tout conquis à la fois par la pureté du personnage principal, l’évocation poétique d’une nature mystérieuse et profonde, et surtout une authenticité réelle, aussi bien dans les sentiments que dans la descriptions des évènement souvent douloureux qui forment l’histoire de Prue.

Le téléfilm de Claude Santelli (indispensable) est disponible sur le site de l’Ina.

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La Renarde

C'est dans ma vieille édition de 1960 que j'ai relu ce roman aimé dans mon adolescence. Un conte mêlé de tragédie avec le personnage d'Hazel, sorte de sauvageonne écartelée entre sa nature panthéiste, son besoin de liberté et les pièges de la relation aux hommes. Ni le brutal Reddin, hobereau peu scrupuleux, ni le doux pasteur trop respectueux ne pourront gagner la totalité de son être. Hymne à la vie, à la beauté du monde , peinture sociale très audacieuse qui rappelle Jane Austen, ce livre reste au coeur de nos préoccupations. Que diraient les féministes devant cette jeune femme qui court vers le côté obscur du mâle avant de retourner vers le tiède protecteur?

Je recherche en vain le film de Powell et Pressburger qui a adapté le roman en 1950; il n'existe qu'en VHS .
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Sarn

De nombreuses et belles critiques ont déjà été faites, aussi, je souhaite simplement partager ce que j'ai aimé dans cette œuvre. Roman de la terre et des paysans, roman des idéaux et des traditions, roman d'amour et de jalousie, roman de compassion pour la nature humaine et les bêtes ; ce texte d'un grand et beau romantisme est porté par une femme disgraciée de naissance, qui a connu le rejet et les difficultés pour trouver le bonheur, pour trouver quelqu'un qui voit, au-delà de l'enveloppe corporelle, la beauté du cœur et de l'esprit. Quelqu'un qui lui offre une vie à la hauteur de sa sensibilité.



Sarn (Précious Bane) n'est pas une autobiographie, mais Prue est nourrie du vécu de Mary Webb. Peu de biographies sur cette auteure décédée sans enfant. Regretta-t-elle de ne pas être mère ? Prue Sarn nous donne un indice, qui rêve d'un "bébé beau et grave dans un berceau de roseau vert".



Mary Webb est, comme on le dit aujourd'hui, une belle personne, retrouvons-la dans ses écrits.
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Sarn

« Sarn », c'est le nom d'un lac, c'est aussi le nom d'un village anglais, mais c'est surtout le nom d'une famille… Ainsi, l'histoire de ce livre se passe au début du XIXe siècle en pleine campagne anglaise. Il y a le père, la mère et les deux enfants qui très vite deviendront adultes après le malheureux décès du chef de famille…



Dans ce livre extrêmement poétique malgré le monde rural très rude dans lequel se situe l’histoire, il est question de désir. Ainsi, dans ce roman il va être question de deux désirs qui s'opposent : celui de l'amour et celui de la fortune. La fille Sarn voudra combler son cœur tandis que le fils Sarn voudra combler sa déraison. Lequel de ces deux personnages aura-t-il suffisamment de force de caractère afin d'éviter tous les pièges qui se dresseront sur leur route, dans ce monde impitoyable, afin d’atteindre le but qu'ils se sont fixé ?



Gédéon, le fils aura le désir de la réussite sociale, il voudra gagner de l'argent pour de s'éloigner de ce pays qu'il déteste… Afin, d’atteindre son but, Gédéon se donnera tous les moyens et même les plus extrêmes, ces actes qui ne permettent aucun retour en arrière… Ce fils autrefois aimant se fera dur comme la pierre, afin d'arriver à ses fins, Gédéon ira jusqu'à renier ses sentiments et même à refuser l'amour qui lui tend les bras. Déjà pas simple, le parcours de Gédéon (semé d’embûches) ressemble à une partie de plaisir par rapport à celui de sa sœur.



« En vérité, comment eût-il pu deviner que mon cœur saignait à cause de Mlle Dorabella et des vieux de l'auberge ? Il s'était mis en colère parce que c'était pour lui une honte qu’on parlât de bec-de-lièvre, et de sorcières par-dessus le marché, au sujet d'un membre de sa famille ; mais il ne pensait pas plus à moi que si j'avais été l'un de ses nouveaux bœufs qu’on eût aiguillonné au passage. »



Effectivement, Prudence rêve d'amour alors qu'elle porte la marque du diable sur son visage, c'est ainsi que certains des voisins de la fille Sarn appellent son bec-de-lièvre. Il n'est pas simple, même pour une bonne âme au cœur tendre, de trouver l'amour avec un tel handicap physique, car le cœur de Prudence est pur… Pourtant, rien ne sera épargné à cette femme amoureuse et qui malgré tous les coups reçus continuera inlassablement à faire face et à se relever. C'est à croire que la sœur de Gédéon connaît le proverbe japonais : « sept fois à terre, huit fois debout », car cette dernière ne cessera de se relever… Dans son village, Prudence finira presque par oublier son handicap, car ses plus proches voisins se moquent d'elle que lorsque cette dernière a le dos tourné, il en va de même sur les ragots qui courent à son compte. Pourtant, un jour en se rendant à la ville d'à côté, le handicap de Prudence lui sera renvoyé à la figure de manière violente et cruelle… Toujours est-il, que cette femme naïve au cœur immense continuera d’espérer trouver l’amour. L’histoire finit-elle bien ? Et bien il vous faudra lire ce livre pour le savoir…



« Sarn » est un roman sur la vie et ses déceptions, mais aussi et surtout un roman sur l'amour et les peines que ce sentiment peut provoquer… Il y a de la dureté dans ce livre, mais le style de l'auteur est envoûtant. Les phrases sont belles et enchanteresses…



Qui a déjà lu ce livre ? Qu'en avez-vous pensé ? Qui aime les livres dans lesquels les personnages principaux sont des âmes en peine ?


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La Renarde

Il était une fois, une petite fille qui rêvait devant la bibliothèque parentale. Elle papillonnait devant tant d'invitations au voyage, mais toujours, une même couverture hypnotique retenait son attention : Une jeune fille rousse, à la fois sombre et sauvage, au regard perdu, accompagnée d'une renarde aussi rousse qu'elle. Qui était-elle ? Pourquoi semblait-elle si triste ? Des questions auxquelles son jeune âge (ou bien était-ce son père ?) n'autorisait pas de réponses.



Le temps passa, la petite fille devint une femme, ses lectures s'amoncelèrent, mais le regard perdu de la jeune fille rousse ne la quitta jamais, bien que le livre fut égaré, certainement au cours d'un déménagement. Alors quand un jour, sur les rayonnages discrets d'une petite librairie, leurs regards se croisèrent à nouveau...



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La renarde est un roman méconnu et pourtant, il est digne des plus grands du genre. On trouve chez Hazel Woodus un mélange harmonieux de l'ingénuité de Tess d'Urberville, de l'appétence de Catherine Earnshaw, mais également une pointe de l'innocence sauvage de l'Albine de La faute de l'abbé Mouret, le tout emballé dans un récit aux relents de tragédie grecque.



Dans Antigone, Anouilh fait dire au chœur que "c'est reposant, la tragédie, parce qu'on sait qu'il n'y a plus d'espoir, le sale espoir." C'est peut-être vrai. Mais j'ai moi au contraire la sensation inverse. La tragédie m'épuise. Mon cœur se bat à contre-courant pour refuser l'inévitable. L'absence d'espoir rend cette bataille encore plus éprouvante, et pourtant, j'en redemande ! Je dois être détraquée quelque part ! C'est donc avec un plaisir mêlé de tristesse que j'ai suivi le destin tragique d'Hazel, ce cœur pur malmené par la folie des hommes. Hazel l'enfant sauvage, l'amie de la nature, vaillante défenseur des faibles, naïve et influençable, piégée dans une époque qui n'est pas la sienne...



J'ai peut-être trouvé la fin un peu trop abrupte, mais cette légère déception fut vite effacée par l'empreinte coup de cœur que m'a laissée cet ouvrage magistral.

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Il était une fois une femme sous le charme d'un roman qu'elle attendait depuis tant d'années...
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Sarn

Je viens de relire ce vieux roman couronné en 1926 par le comité anglais du Prix Femina-Vie heureuse. C’est dire qu’il était à mettre entre toutes les mains. Il y a pourtant des crimes qui restent impunis par la société mais qui n’échappent pas à la justice divine. Il a un petit charme suranné. J’ai la version de poche imprimée en 1957 trouvée dans une brocante et la préface de Jacques Lacretelle est très bien faite.

J’en cite une petite partie :

"Ce livre n'est pas au goût du jour. Il peint des paysages et des moeurs qui sont de tous les temps, mais que nous avons un peu perdus de vue à une époque où la contemplation et le recueillement n'occupent plus guère de place dans notre vie. Les tableaux de la campagne, l'histoire du paysan, constituent aujourd'hui, dans notre littérature, comme une branche du roman exotique." et c'est toujours ainsi de nos jours.

Cependant ce roman est très riche de sensations, de mystères, de sentiments, de religiosité, de tragique, plus que ceux d'aujourd'hui et c'est ce qui fait son charme intemporel.

L'histoire de Prue affligée d'un bec-de-lièvre à sa naissance est belle. Elle tombe amoureuse du tisserand Kester Woodseaves, et se juge indigne d'être aimée en retour à cause de son visage disgracieux. L'histoire lui prouvera le contraire. L’histoire malheureuse de son frère vient en contrepoint.

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Sarn

J'ai lu ce roman lorsque j'étais adolescente, j'en avais un très bon souvenir. Il s'agit donc d'une relecture. Avec le recul et surtout avec l'âge, je suis un peu moins enthousiaste qu'à la première lecture. En effet, ce roman a quelque chose de désuet et un peu trop moralisateur. Je ne me souvenais pas qu'il y avait autant de références à Dieu, à ce qui est bon et à ce qui ne l'est pas.



Au début, il est difficile de savoir à quelle époque se déroule le récit mais l'auteur finit par mentionner la bataille de Waterloo (1815). Pourtant, on a l'impression que l'histoire de Sarn est plus antérieure car les moeurs du monde rural paraissent arriérées.



Ce qui est intéressant dans ce récit, c'est la place de la femme dans la société rurale du XIXème siècle et surtout la place des "personnes différentes". Prue Sarn a un bec de lièvre, elle est donc suspecte aux yeux de la communauté. Elle est considérée comme une sorcière qui se transformerait en lièvre la nuit venue. La jeune femme doit faire face à des préjugés et à des moqueries blessantes.





Son frère quant à lui est un personnage extrêmement torturé sur lequel pèse une malédiction. Gédéon souhaite s'enrichir avant de se marier à la fille du sorcier Beguildy mais tout ce qu'il engendre se finit dans le malheur.





L'auteur réussit à nous plonger dans un décor idyllique avec de nombreuses descriptions des paysages de la campagne. C'est un bon roman anglais.
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La Renarde

[Extrait]

J'avoue, ce n'est pas à cause de sa couverture que j'ai souhaité découvrir "Le renarde" de Mary Webb (franchement, ce tableau de Jean-Jacques Henner n'est pas très vendeur, bien trop sombre). Non, si j'ai eu envie de lire ce roman, c'est parce que l'on m'a dit qu'on y retrouvait un peu l'univers de Jane Austen, dedans. En effet, l'auteure de ce livre, Mary Webb, bien qu'âgée de plus d'un siècle de Jane Austen, dépeint dans ses romans la campagne anglaise que nous a fait découvrir Jane Austen peu de temps avant elle. Aussi, ayant quasiment épuisé les rares romans de Jane, je suis passée à Mary !



Je n'attendais rien de ce roman, je ne lui demandais que de me transporter au XIXème siècle, en plein coeur de l'Angleterre. C'est peut-être pour cela que j'ai été subguguée dès les premières phrases par l'écriture de Mary Webb (roman lu en français donc disons plutôt "la traduction française sûrement calquée sur le style de Mary Webb) : c'est de la poésie pure sous forme de prose. Les descriptions de paysage pourraient durer plusieurs pages que je ne me lasserais pas d'observer des "nuages insouciants", les "bouleaux argentés",... Mary Webb réussit ainsi à donner vie à cette campagne anglaise, et il ne m'en a pas fallu plus pour dévorer "La renarde".
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Sarn

Un livre qui demande à se faire apprivoiser.

C'est un livre qui démarre lentement puis cela va en crescendo ! Un livre d'une grande finesse dans le monde paysan, dans le Shropshire. L'histoire de Sarn se situe durant la guerre Franco-Anglaise au début du XIXème siècle en 1811, en pleine guerre napoléoniennes.

Dans les campagnes superstitieuses, on dit que lorsqu’un enfant naît avec un bec-de-lièvre, c’est parce qu’un lièvre a croisé le chemin de la femme enceinte.

Prue , la narratrice, a un bec-de-lièvre, la pauvre, elle y peut rien, elle passe pour une sorcière, une fille du diable dans le regard des autres. C'est une jeune fille douce, attaché à son frère, son grand amour est le tisserand Kester Woodseave. Elle sait lire et écrire grâce à Beguildy , elle tiendra un journal intime. Elle retrouve refuge au grenier et l'écriture est un échapatoire pour elle. Prue est un personnage adorable. C'est la gentillesse même, serviable très attachante, elle est dévouée à son frère, elle écrit à sa place des lettres d'amour pour Jancis, son grand amour. Quant au frère, c'est tout le contraire, Gédéon, à la mort de son père, il devient le maître de la ferme de Sarn. Il est roublard, il ne pense qu'à l'argent, il exploite sa sœur. Son souhait est de devenir riche pour acheter une maison à Lullingford

Son grand amour est Jancis Beguildy dont le père est un sorcier. Le père ne veut pas que sa fille se marie avec Gédéon. Selon lui se mariage portera malheur ! Et, il arrivera avec fureur et dévastation. Portrait magnifique que Prue fait de Jancis. Elle portera toujours une grande affection pour elle jusqu'à la fin de ses jours.

Prue fait tout pour sauver l'homme qu'elle aime Kester de la morsure d'un chien féroce, geste d'amour ; C'est un passage clé important du roman, un passage très romantique et courageux. J'aime le style de Mary Webb, il coule comme l'eau de la Sarn. Le monde qu'elle décrit est féerique encré dans la réalité. C'est un hymne à la nature. C'est une écriture très fine et très agréablement poétique, remplit de subtilité.
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Sarn

Mary Webb nous livre un histoire très émouvante au travers les yeux de Prue, une jeune fille handicapée par un bec de lièvre (précieux fléau selon le titre original) mais pure, innocente, au grand coeur et qui souffre d'une vie plus que dure dans ce pays hostile et de la cruauté des autres face à sa différence physique.

Une histoire d'Homme qui est universelle : le rejet et la peur de la différence qui mène à la haine, la méchanceté, exacerbés par la croyance supersticieuse de ces terres isolées.

On trouve aussi dans ce roman l'amour avec un grand A : l'altruisme, l'attachement viscéral à une terre, et l'amour pour l'autre qui transcende toutes les différences.

Ce texte incarne aussi l'ambition, personnalisée par Gédéon, le frère de Prue qui se laisse aveugler par sen désir de grandeur au point de se transformer en tyran, voire pire encore.

Le tout enveloppé dans un style empli de poésie. Un très beau roman qui nous transporte hors du temps.


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La Renarde

Publié en 1917. Hazel est une jeune fille sauvage et libre, écartelée entre l’amour d’un gentil et sage pasteur et le désir d’un châtelain mystérieux et viril au cœur d’une campagne anglaise luxuriante. Il y a un mélange de Jane Austen et des sœurs Brontë dans ce roman panthéiste et mystique, aux thèmes et réflexions parfois un peu datés, mais qui charme par la beauté de ses descriptions visuelles et lyriques et la sincérité brute de ses personnages.
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