Citations de Maryse Wolinski (76)
Souvent, l'aube inspirait leur désir. Dans un semi-éveil, leurs corps chauds de la nuit s'enlaçaient pour s'offrir. Chacun tenait son rôle à la perfection. Aucun désir, aucun geste, aucune parole, aucun baiser n'était négligé dans l'ordre du scénario préétabli et respecté qui s'était mis en place dès les premiers temps où ils s'étaient aimés. Sans précipitation et selon le rythme de la montée de leur plaisir, ils parvenaient ensemble à l'orgasme. Bien qu'elle ai joui plusieurs fois, la femme ne semblait pas rassasiée. Son partenaire, sans cesse, la relançait, jusqu'à l'extrême épuisement. Une suite de joutes fiévreuses où leurs corps et leurs bouches indissociables n'en finissaient pas de se confondre ou de se rejoindre.
"Le Diable est bien optimiste s'il pense pouvoir rendre les humains pire que Dieu les a créés."
La force de pouvoir rire des choses de la vie est la meilleure arme du couple.
Le bruit que je préfère c'est celui de tes pas dans le couloir qui mène à ma chambre, à mon lit.
Le bonheur trois fois par jour dans mon assiette, n'est ce pas une prise de position philosophique?
A 21 ans, lors de ma rencontre avec mon amoureux, des rêves peuplaient mes jours. Désormais, Chérif, les cauchemars ne me lachent plus. Et tant d'ombres demeurent"
Mon chagrin demeurerait infini, il ferait désormais partie de moi, mais ne m'empêcherait pas de vivre.
Deux trous rouge alors qu'il avait encore son crayon à la main.
Le pire a de l’avenir, tel était le titre prémonitoire d’un livre de Georges.
Les "Charlie" survivants, bien que cassés physiquement et psychologiquement, se sont remis au travail. L'humour, la satire, voire le blasphème, se devaient de l'emporter sur la barbarie. N'oublions jamais que depuis Rabelais, en passant par Voltaire, la France est le pays de l'impertinence.
Cinquante ans de combats en faveur de la liberté d’expression pour être confronté à l’obscurantisme, à la barbarie, à la charia. Être à nouveau contraint de se poser la question : peut-on rire de tout ? Georges a choisi son camp : le rire de résistance.
Quarante-sept ans que cet homme, fou de femmes, de leur silhouette, de leurs audaces, de leur voix, de leurs modes, de leur courage, de leur foi en ce qu’elles décident, de leur force d’âme, pose son regard amoureux sur moi.
"Tout ce qui ne vous tue pas vous renforce." Merci Nietzsche p.174
Il me prend dans ses bras et nous sommes déjà l'un dans l'autre avant d'avoir rejoint notre lit. p.126
Je ne l'ai jamais autant aimé qu'à ce moment où je l'ai senti en danger vis-à-vis des autres, et vis-à-vis de lui même. p.114
Aimer n'est pas un choix. C'est, à un moment propice, se trouver dans une parfaite disponibilité. p.57
Souvent, quand j'entends ce claquement sourd, je regrette le soir d'il y a quelques années, après le départ de notre enfant, où j'ai suggéré que nous fassions "chambre à part". Depuis quelques temps nous en parlions, sans plus. A une situation neuve devaient correspondre de nouveaux codes de séduction. Il y a eu des plans, des hypothèses pour jouer à créer des arguments de provocations inhabituels et dépoussiérer les habitudes. Tester la nuit l'un sans l'autre. L'idée nous avait plu. Ce serait l'expérience d'un autre désir. Plus vif, plus intense, plus fantaisiste. La routine s'incruste quand on partage le même lit. Ainsi a commencé une vie de couple, avec une mise en scène revisitée par l'inconnu, où tout redevenait imprévu. Pourtant, certains jours, je n'ai pas envie qu'il me quitte. Je regarde longuement la porte fermée. Je la forcerais bien. Je renonce. Ce serait violer nos codes. p.15
■ Les conjoints homosexuels ont les mêmes droits que les conjoints hétérosexuels.
- T'as encore mal à la tête ?
- J'ai le droit !!!
• dessin de Côté, Canada
A l'automne [1968], notre histoire fondée sur le coup de fouet du désir se transforme en romance amoureuse. Le désir est à son paroxysme. L'amoureuse que je suis devenue couvre en tant que journaliste l'éveil des mouvements féministes. La libération couvait depuis bien longtemps, elle explose. La petite jeune fille blonde [que j'étais] se mue en une femme débarrassée de ses entraves. Elle jouit si elle veut, quand elle le veut. Au dessinateur macho [Georges Wolinski] de se faire une raison. Et l'amoureux s'incline. C'est beau l'Amour ! Reste la fierté de correspondre à la réputation qui la précède : dans ses dessins hyper sexe, se déploie une misogynie congénitale. Je ne le guérirai pas, mais je l'aimerai jusqu'à la fin violente* de notre savoureuse histoire d'amour.
• préface de Maryse Wolinski
* attentat contre Charlie Hebdo, 7 janvier 2015
Une expression propre à ma mère et qui me terrorisait enfant hantait ma mémoire : « Tu n’as pas de cœur. » Je déduisais que si je n’avais pas de cœur, je n’aimerais donc jamais. Pourtant, je rêvais d’aimer.