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Sobriété, simplicité, pudeur. Maryse Wolinski rend un ultime hommage à Georges, l'homme de toute une vie, son repère. Tragiquement disparu, froidement abattu, il aura suffi de quatre balles pour que tout s'effondre. Quatre balles qui n'auraient jamais dû être tirées... Mercredi 7 janvier 2015. Une journée comme les autres, où rien ne laisse présager que ce sera la dernière pour le couple Wolinski. Maryse Wolinski reconstitue l'inconcevable, l'incompréhensible. Cette journée du 7 janvier est scrupuleusement retracée heure par heure, vue de l'intérieur par les "impliqués", vécue de l'extérieur par cette femme qui espère des nouvelles rassurantes d'un mari qui malheureusement ne se relèvera pas. Après l'horreur surviennent les premières larmes puis le déni. Comment admettre ce soudain vide dans sa vie? Faire son deuil? Inimaginable. On n'efface pas 47 ans de vie commune d'un coup de gomme tel un mauvais dessin. Les souvenirs affluent, et Maryse se raccroche aux post-it épinglés ça et là, derniers reliquats d'un bonheur détruit, et aux dernières paroles de Georges : "Chérie, je vais à Charlie". Le coeur tient le stylo et trace les mots qui témoignent de cette solitude et de cette déchirante douleur. Teinté d'émotions, de larmes, ce récit, poignant d'authenticité, est pourtant loin d'être un simple témoignage de souffrance. Car derrière la peine gronde la colère, la révolte. Sourde d'abord, puis affirmée et qui ne demande finalement qu'à exploser. Maryse Wolinski dénonce. Maryse Wolinski accuse. Accusée, la réduction de la sécurité autour de Charlie Hebdo malgré une oppressante et réelle menace. Accusés, les dérisoires moyens de défense des forces armées : gilets pare-balles inefficaces, véhicules bons pour la casse et armes aussi légères qu'impuissantes face à des terroristes lourdement armés et entrainés au combat. Accusé, le laxisme sur le suivi des fiches S (sûreté de l'Etat) : deux frères, fichés, connus des services de renseignement, et pourtant libres de semer la terreur et la mort quand bon leur semble. La facilité déconcertante avec laquelle eut lieu cet attentat interroge, mais surtout irrite, exaspère. Et à l'époque de son témoignage, Maryse Wolinski est loin d'imaginer que suivront le 13 novembre 2015, le 22 mars 2016. Et tant d'autres lâches attentats dans le monde. Pourtant, elle pressent déjà le pire : " Combien y-a-t-il d'agents dormants dans notre pays?" Effondrée, désespérée, révoltée. Mais pas résignée. Que la disparition de Georges ne soit pas vaine. En une centaine de pages, tout est dit sur le climat actuel : douleur, appréhension et colère cohabitent devant cet acharnement de violence aveugle. Merci Madame Wolinski. + Lire la suite |