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EAN : 9782021297508
136 pages
Seuil (05/01/2016)
3.61/5   87 notes
Résumé :
« Chérie, je vais à Charlie » : tels sont les derniers mots que Georges m’a lancés, en ce matin du 7 janvier. Trois heures plus tard, l’attentat fera douze morts. Parmi eux, Georges, frappé par quatre balles de Kalachnikov. Quarante-sept années de vie commune fracassées. J’oscille entre insomnies et cauchemars, sidération et déni, enfermement et colère, obsédée par cette question : comment une scène de guerre a-t-elle pu se produire, en France, dans les locaux d’un ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Sobriété, simplicité, pudeur.
Maryse Wolinski rend un ultime hommage à Georges, l'homme de toute une vie, son repère. Tragiquement disparu, froidement abattu, il aura suffi de quatre balles pour que tout s'effondre. Quatre balles qui n'auraient jamais dû être tirées...

Mercredi 7 janvier 2015. Une journée comme les autres, où rien ne laisse présager que ce sera la dernière pour le couple Wolinski. Maryse Wolinski reconstitue l'inconcevable, l'incompréhensible. Cette journée du 7 janvier est scrupuleusement retracée heure par heure, vue de l'intérieur par les "impliqués", vécue de l'extérieur par cette femme qui espère des nouvelles rassurantes d'un mari qui malheureusement ne se relèvera pas.

Après l'horreur surviennent les premières larmes puis le déni. Comment admettre ce soudain vide dans sa vie? Faire son deuil? Inimaginable. On n'efface pas 47 ans de vie commune d'un coup de gomme tel un mauvais dessin. Les souvenirs affluent, et Maryse se raccroche aux post-it épinglés ça et là, derniers reliquats d'un bonheur détruit, et aux dernières paroles de Georges : "Chérie, je vais à Charlie".
Le coeur tient le stylo et trace les mots qui témoignent de cette solitude et de cette déchirante douleur.
Teinté d'émotions, de larmes, ce récit, poignant d'authenticité, est pourtant loin d'être un simple témoignage de souffrance.

Car derrière la peine gronde la colère, la révolte. Sourde d'abord, puis affirmée et qui ne demande finalement qu'à exploser.
Maryse Wolinski dénonce. Maryse Wolinski accuse.
Accusée, la réduction de la sécurité autour de Charlie Hebdo malgré une oppressante et réelle menace.
Accusés, les dérisoires moyens de défense des forces armées : gilets pare-balles inefficaces, véhicules bons pour la casse et armes aussi légères qu'impuissantes face à des terroristes lourdement armés et entrainés au combat.
Accusé, le laxisme sur le suivi des fiches S (sûreté de l'Etat) : deux frères, fichés, connus des services de renseignement, et pourtant libres de semer la terreur et la mort quand bon leur semble.
La facilité déconcertante avec laquelle eut lieu cet attentat interroge, mais surtout irrite, exaspère.

Et à l'époque de son témoignage, Maryse Wolinski est loin d'imaginer que suivront le 13 novembre 2015, le 22 mars 2016. Et tant d'autres lâches attentats dans le monde. Pourtant, elle pressent déjà le pire : " Combien y-a-t-il d'agents dormants dans notre pays?"

Effondrée, désespérée, révoltée. Mais pas résignée. Que la disparition de Georges ne soit pas vaine.
En une centaine de pages, tout est dit sur le climat actuel : douleur, appréhension et colère cohabitent devant cet acharnement de violence aveugle.
Merci Madame Wolinski.
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“Chérie, je vais à Charlie” de Maryse Wolinski est une déclaration d'amour d'une femme pour son mari Georges Wolinski.
Un an après l'attentat contre Charlie Hebdo l'auteur tente de reconstituer et de comprendre ce qui s'est passé. Elle revient sur les failles dans la sécurité et les zones d'ombre dans les événements du 7 janvier. Elle accuse le syndicat de police Alliance d'avoir fait pression pour alléger la surveillance et les pouvoirs publics d'avoir minimisé les menaces dont le journal faisait régulièrement l'objet. Elle critique le dessinateur Charb (Directeur de la publication) d'avoir imposé une ligne éditoriale trop politique et d'avoir, faute de moyens financiers, négligé les recommandations d'un audit de sécurité. Une enquête qui soulève de nombreuses questions.
Mais Maryse Wolinski pousse, surtout, à travers ce livre un cri d'amour pour cet homme qui lui manque tant, cet homme qui lui laissait chaque jour des Post-it pour lui dire qu'il l'aimait. Elle revient sur ces quarante-sept ans d'amour et de complicité, et se demande comment continuer sans lui.
Un récit pudique et un très bel hommage à Georges Wolinski, dessinateur de presse, auteur de bandes dessinées, assassiné le 7 janvier 2015 avec ses amis de Charlie Hebdo à l'âge de 80 ans
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Comment ne pas être bouleversée par les mots de Maryse Wolinski, devenue veuve en une fraction de secondes, après plus de 40 ans d'amour avec l'homme de sa vie? Elle y raconte cette terrible journée du 7 janvier 2015, qui changea radicalement sa vie puisqu'elle lui prit son époux mais aussi la société innocente telle que nous la connaissions jusque là. Comment aurions-nous pu nous douter que des dessins puissent tuer? En fait, l'ignorance de certains a pris le dessus et a changé le monde de la presse.

Avec beaucoup de sensibilité, elle y exprime ses douleurs, notamment d'avoir été tant de temps dans l'ignorance quant au sort de son époux et du fait de devoir survivre après de tels faits. J'ai été assez abasourdie de savoir que les autorités n'étaient pas au courant que les bureaux du journal satirique « Charlie Hebdo » se trouvaient dans ce quartier. Ils avaient déménagé suite aux nombreuses menaces et incidents dont ils avaient déjà fait preuve dans le passé et les effectifs de protection entourant les lieux depuis novembre 2014 avaient fortement diminués. Bien entendu, il est inutile de refaire l'Histoire, ces choses n'auraient peut-être pas arrêté ces infâmes terroristes mais nous ne pouvons de toutes façons pas le savoir…
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Qu'il est difficile d'exprimer tout le ressenti à la lecture de ce témoignage ! Rarement pleurer autant et après la dernière page,l'angoisse reste. Parce que là, la réalité de la connerie humaine saute à la face. 'Chérie, je vais à Charlie' est la dernière phrase de Georges Wolinski dite à sa femme avant ce que l'on connaît tous. Je vais tenter de ne retenir que la douceur au milieu de cette horreur. J'ai été attendri par les post-it qu'il écrivait à la compagne de sa vie durant 47 ans ainsi que la cigale moulée.
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Tout s'est passé, il y a tout juste 5 ans, le mercredi 7 janvier 2015.

« Chéri, je vais à Charlie »; ces mots sont les derniers prononcés par Georges Wolinski à sa femme Maryse dont il partage la vie depuis bien longtemps.
« Quarante-sept ans que cet homme, fou de femmes, de leur silhouette, de leurs audaces, de leur voix, de leurs modes, de leur courage, de leur foi en ce qu'elles décident, de leur force d'âme, pose son regard amoureux sur moi. »

L'attentat des frères Kouachi a fait douze morts... Et des blessés dont la vie serait à jamais incertaine. Des dessins humoristiques – oui, des dessins – avaient abouti à ce résultat, un meurtre de sang froid de journalistes et artistes armés de leurs crayons !
Ce récit poignant, mais toujours digne, permet de comprendre pourquoi une scène de guerre a pu se produire dans les locaux d'un journal satirique. C'est un témoignage émouvant dont je conseille la lecture.

Maryse a mis un an pour sortir ce livre touchant et précieux pour ne pas oublier son Georges, notre Georges car il devrait être un peu à nous tous, cet homme aux dessins géniaux qui avait mis son talent au service des causes les plus nobles.
« Cinquante ans de combats en faveur de la liberté d'expression pour être confronté à l'obscurantisme, à la barbarie, à la charia. Etre à nouveau contraint de se poser la question : peut-on rire de tout ? Georges a choisi son camp : le rire de résistance. »

Moi j'ai mis trois ans à ouvrir et à lire presque d'un trait ce récit dense et poignant tellement cela me rappelle le moment où j'ai appris cette nouvelle qui m'a abasourdi : « Georges Wolinski et bien d'autres (Charb, Cabu, Tignous, Bernard Maris...) ont été abattus dans les locaux de Charlie Hebdo... ».
Récit d'un chagrin immense.
Elle dit « Désormais, je suis celle qui va » et cite en exergue le poète Paul Eluard, Ma morte vivante, dans Derniers poèmes d'amour.
« Dans mon chagrin rien n'est en mouvement
J'attends personne ne viendra
Ni de jour ni de nuit
Ni jamais plus de ce qui fut moi-même »

Mais la grande force de ce livre est de ne pas en avoir fait un lieu d'expression de haine. Au contraire, ce qui triomphe dans toutes ces pages c'est le cri d'amour d'une femme qui se savait aimée et qui aimait. C'est beau, c'est touchant, écrit avec des larmes de ce qui s'est passé et aussi avec l'émerveillement de ce qu'ils ont vécu ensemble. Personne ne pourra lui ôter cela mais que la résilience est difficile !

Elle dénonce l'insuffisance de la surveillance – les menaces étaient connues –, question de coût ? La police a été prévenue par téléphone de ce qui se passait, d'autres ont pensé prévenir les gens de Charlie, mais aucune disposition n'était prévue ! C'est comme dans les tragédies grecques : cent fois le drame peut être évité et pourtant il finit par arriver. Elle dénonce également un certain déni de l'équipe Charlie hebdo face aux menaces et au danger.

Maryse Wolinski dévoile les « Post It » que Georges lui laissait et qui tapissent le mur de la cuisine. Ne rien céder aux terroristes, les kalachnikovs n'ont pas tous les pouvoirs, surtout pas celui de briser l'amour et l'intelligence.

C'est un article du coeur pour se souvenir et honorer un artiste brillant qui s'est mis au service de la presse écrite : Hara-Kiri, L'Enragé, France Soir, Charlie Hebdo, L'Humanité, Paris-Match. Il a aussi réalisé des albums de dessins, des bandes dessinées et a été scénariste pour le cinéma.

Maryse Wolinski est sa seconde épouse, il avait perdu sa première femme dans un accident de voiture. Elle est journaliste et auteure de plusieurs récits et romans.

Plus de mille dessins de Georges Wolinski sont consultables gratuitement en ligne dans Gallica, la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France. En libre accès depuis 1997, elle regroupe plus de 5 millions de documents. C'est le premier grand ensemble de dessins de presse contemporains mis en ligne, avec l'accord de l'artiste et de ses ayants-droit. Une occasion de mieux connaître un dessinateur talentueux et féru de liberté. Et de faire un pied de nez aux censeurs et autres propagateurs de haine. le RIRE vaut mieux !

J'ai également découvert qu'il existait un Centre International de la Caricature du Dessin de Presse et d'Humour. Il se trouve près de Limoges dans la commune de Saint-Just-le-Martel, 2500 habitants.
Une place au nom du dessinateur et humoriste a été inaugurée en 2017. Sur cette nouvelle place, une maison de santé et des commerces ont été installés afin de redynamiser la commune. de la vie, de l'amitié... Wolinski en aurait sûrement été fier ! Alors si vous passez par là...

Retrouvez tous mes articles sur mon blog Bibliofeel avec pour chacun des photos personnelles souhaitant rendre hommage à mes écrivains préférés et essentiels.
Lien : https://clesbibliofeel.blog/
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critiques presse (2)
LeDevoir
14 janvier 2016
Maryse Wolinski voulait écrire un livre d’amour. Elle a écrit un livre sur la perte, la violence et la guerre.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Culturebox
11 janvier 2016
Un an après l'attentat contre Charlie Hebdo, Maryse Wolinski publie "Chérie, je vais à Charlie" au Seuil. Ce sont les derniers mots que lui a adressé Georges, son mari avant de partir au journal. Ce qui devait être le récit de leur dernière journée s'est transformé en enquête. Maryse Wolinski la journaliste a identifié les zones d'ombre de cet événement qui a marqué le monde.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Au-delà de l’émotion et de la sidération de tout un peuple, l’onde de choc a déclenché l’élan fraternel du 11 janvier. Fraternel, un mot désuet que l’attentat du 7 janvier a remis à la mode. Après ce que Pierre Nora, dans Le Débat, qualifiera d’« événement monstre », la France, soudée face aux terroristes, s’est donc mobilisée. Mais quelle France ? Les points de vue divergent. L’essentiel, à mes yeux, aura été le nombre : quatre millions de personnes dans les rues du pays tout entier, défilant en rangs serrés, chantant La Marseillaise, plébiscitant au passage les policiers. Un vrai rassemblement comme on n’en avait plus vu depuis longtemps.
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Les "Charlie" survivants, bien que cassés physiquement et psychologiquement, se sont remis au travail. L'humour, la satire, voire le blasphème, se devaient de l'emporter sur la barbarie. N'oublions jamais que depuis Rabelais, en passant par Voltaire, la France est le pays de l'impertinence.
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Oui, il y a eu des failles dans la sécurité de Charlie Hebdo, et elles sont nombreuses. Parce que, contrairement au service des sites sensibles de la préfecture, l’État, les autorités policières et les responsables du journal refusaient l’idée que nous étions déjà en guerre. Une guerre de l’ignorance contre la culture. De la liberté tant chérie par Georges contre l’obscurantisme.
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L e pire a de l’avenir, tel était le titre prémonitoire d’un livre de Georges.
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Ces dernières années, les scènes de guerre, il y en a partout dans le monde, sur tous les continents. Les fanatiques sont à l'oeuvre. La télévision et certains journaux en font leur miel. (p.71)
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