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Citations de Matthew Stokoe (75)


« Cette raclée ne ressemblait pas aux scènes de bagarre dans les films, où le gars tenait encore sur ses pieds après une centaine de coups de poing. Il savait qu’un ou deux chocs supplémentaires l’achèveraient : trauma crânien, lésions cérébrales. Et puis la peur le submergeait. Attaché à une chaise, prisonnier d’un remake de « Réservoir Dog » avec un malfrat latino et un psychopathe d’Hollywood, il ignorait par quel miracle il ne s’était pas encore pissé dessus. »
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J’allumai le magnétoscope et chargeai une de mes cassettes de pubs pour parfum. Les réclames pour cosmétiques de luxe sont le meilleur instrument de mesure d’une vie saine. Les individus y sont parfaits : vous vous en rendez compte rien qu’en les voyant. Leurs corps sont désirables, ils portent les fringues les plus chères, et ne regardent pas à la dépense. Ils vivent dans un monde où les problèmes sont résolus par d’autres, où il est impossible de douter de soi et où nul ne peut vous voir sans s’empêcher de vous aimer, de désirer vous ressembler.
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Ceux que nous aidons sont si insignifiants qu’ils ne valent pas la peine que l’on porte un jugement sur eux.
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Huit ans. Et maintenant, j’étais de retour. Dans mes rues. Dans ma ville.
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Le lendemain matin, effondré sur les toilettes, nauséeux, j’essayais de chier lorsque la porte de la salle de bains s’ouvrit avec fracas et je rencontrai Ryan pour la première fois. Il se tint un moment face à moi, me scrutant comme une sorte de tueur fou qui se demanderait si oui ou non il allait appuyer sur la détente, puis il sortit sa carte de police.
« Essuie-toi le cul. »
J’avais vraisemblablement sous-estimé les compétences des enquêteurs de la ville de Los Angeles. J’utilisai quelques feuilles de papier, mais je me sentais plutôt vulnérable et ne m’en tirai pas très bien. Alors que je remontais mon pantalon, il m’arrêta.
« La dernière feuille était encore sale. Tu ne veux pas avoir le trou qui te gratte. Frotte bien. »
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« Ils l’ont trouvée dans le parc il y a deux jours. Avant ça, elle avait vendu un de ses reins. Peut-être qu’il y a un lien.
— Vendu son rein ? Comme… vendu son rein ? »
Rex ne put retenir un petit éclat de rire.
« Eh ben, c’est ce que j’appelle de la prostitution. »
Il se ressaisit tout de suite, affecté et choqué à nouveau.
« Désolé, mec, trop de sniffettes. Bon Dieu, c’est terrible. Mais je peux piger. Parfois, tu te dégoûtes tellement que tu voudrais qu’on t’enlève une partie de toi-même. Je veux dire, tu sais de quoi je parle, hein ?
— Elle avait juste besoin d’argent.
— Nan. Peut-être que c’était pas conscient, mais elle envoyait un message. Elle disait à quel point elle était abîmée, elle payait pour ses mauvaises actions. »
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Il fut un temps où j’adhérais complètement à cette espèce d’optimisme ensoleillé. Je croyais que tant que vous aviez un boulot, tant que vous travailliez assez dur, et pour peu que vous vous teniez à l’écart de la police, vous pouviez prétendre à un certain niveau de vie. Une relation stable, une maison dans un chouette quartier, une bagnole, des vacances à l’occasion… Pas la grande vie, peut-être, rien qui n’ait l’incandescence de celle d’une vedette, mais au moins une certaine protection contre les intempéries : une gratification suffisante pour avoir respecté les règles.
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Mais, nous incarnons la somme de nos désirs, Jack, que nous le voulions ou non. Et les plus puissants d'entre eux sont ceux que nous vous voudrions cacher.
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D’un coup d’épaule, Ryan écarta l’infirmier. Il s’empara d’un des bras de Karen et le souleva jusqu’à ce que je puisse voir l’omoplate. On aurait dit que quelqu’un s’était servi d’un couteau à fromage sur elle. Un morceau de peau arraché manquait, juste à l’endroit où se trouvait son tatouage.
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Ryan fit signe à l’assistant et ce dernier cala ses outils entre les jambes de Karen avant d’écarter la plaie au-dessus de la cicatrice latérale. Les bords étaient nets. Là où les blessures se croisaient, ils présentaient le même genre de stries, faites de graisse blanche et de fibres musculaires rouges, que la viande chez le boucher.
« Tu vois ? »
Il me regarda comme si je risquais de ne pas comprendre.
« Tu vois ? Vide. »
C’était exact. Il ne restait pas grand-chose sous les dernières côtes. Plus rien de cette pulpe d’intestins bleu-gris, pas d’abats poisseux, ni même un petit tas de matières fécales agglomérées. Sous la lumière crue, un petit morceau du pelvis brillait sous une fine couche de tissu. Il n’y avait pas de sang, tout était propre.
Éviscérée comme un poisson et lavée au jet.
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— Le rapport dit que quelqu’un lui a tout retiré à l’intérieur. »
Le Japonais feuilleta la liasse de papiers attachée à la planchette et se mit à lire :
« Incision verticale d’origine chirurgicale de vingt-trois centimètres. Incision latérale et perpendiculaire de dix-huit centimètres au-dessus du pubis. Excision de la paroi abdominale entre la hanche et les côtes flottantes. Section d’épiderme d’environ huit centimètres carrés au niveau de l’omoplate droite manquante. Pas d’autres coupures ou abrasions. Ablation de l’ensemble des organes internes à l’exception du cœur et des poumons.
— Du travail consciencieux, on dirait. Pas vrai, Jackie ? Regardons ça. »
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J’avalai un Valium et lui annonçai que Karen était morte, qu’on l’avait retrouvée assassinée dans le parc.
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Visions du parc. Visions d’elle en train de quitter la maison. Une histoire de conséquences, de signification, de sentiment intime. Aurait-elle été tuée si je n’avais pas pété les plombs ? Je suppose que j’avais ma part de responsabilités, mais ce n’était qu’une fraction du problème. Je l’avais obligée à se barrer et, à un moment ou à un autre, elle était morte. Je l’y avais obligée à cause de ce qu’elle avait fait et elle-même n’avait agi qu’au regard d’événements passés qui remontaient à l’enfance. La grande chaîne de la causalité.
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Le spectacle de notre misérable, notre désastreuse vie commune m’avait dissuadé de révéler notre relation. Karen n’avait plus assez d’importance pour en valoir la peine.
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Lorsqu’elle avait disparu la semaine dernière, j’avais eu l’intuition qu’il ne s’agissait pas que d’une nuit blanche, mais de quelque chose de beaucoup plus illégal et dangereux. Je n’avais pas contacté la police. J’étais pourtant parti à sa recherche. Par culpabilité, non par amour.
Maintenant que je l’avais retrouvée morte — éclaircissement final —, j’étais toujours dans les mêmes dispositions. Son corps aurait pu être un tas de chiffons, pour ce que ça me faisait.
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Pourtant, c’était dur de s’accrocher. Quand elle revenait du tapin les premières fois, je l’attendais, espérant comme un idiot qu’elle tombe dans mes bras et me dise combien c’était bon d’être de retour à la maison. C’était tout ce que je pouvais faire pour éviter de la frapper. Au lieu de ça, elle rentrait, se rendait directement à la salle de bains et se douchait. Alors je la suivais, la regardais se déshabiller, observais les traînées de sperme séché sur son ventre, semblables à des cicatrices écaillées, persuadé que j’allais vomir.
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Karen était une petite blonde maigrichonne qui vivait dans la rue, une gonzesse de vingt-deux ans qui se traînait un sacré paquet d’addictions névrotiques. Lorsqu’elle n’avait aucun plan, elle dormait dans un cinéma ou sur un banc dans le parc. Elle puait tellement que la première fois je l’obligeai à prendre une douche. Il était évident qu’elle était sur la pente descendante.
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Je demeurai longtemps dans la voiture, à essayer d’analyser mes sentiments. Je finis par abandonner. Ils étaient trop ambivalents. Je songeai plutôt à combien il avait dû être facile de la décharger. Un arrêt, la portière ouverte, une poussée, et elle avait disparu. Je pensai à son allure, tandis qu’elle tombait, les jambes rejetées de part et d’autre.
Après ça, je croyais pouvoir garder l’image de son visage dans ma tête. C’est ce que semblaient faire les personnages de séries télé, lorsqu’ils perdaient un être cher. Mais la seule vision qui persistait était celle de l’eau courant entre ses cuisses sur le béton humide de la canalisation.
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Elle était nue, la chatte exposée. Jambes écartées, un bras croisé sur sa poitrine, sous ses seins, l’autre rejeté sur le côté. Ses yeux étaient fermés, mais son ventre ouvert — tailladé du sternum jusqu’aux poils pubiens, en passant par le nombril. On l’avait ensuite coupée à l’horizontale pour écarter la paroi abdominale. On aurait dit qu’il manquait un morceau sur la partie droite.
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Bien qu’elle eût beaucoup changé, j’avais tout de suite reconnu Karen.
Dos au sol, étendue avec aussi peu de grâce que n’importe quel macchabée à la télé. J’avais toujours cru qu’un vrai cadavre aurait plus d’impact que ces acteurs disloqués et couverts d’éclaboussures dans les séries policières. Comparée à ces fictions de fin de soirée, Karen avait l’air d’avoir été dépouillée de ses couleurs et même d’une certaine substance.
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