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Critiques de Matthieu Aron (69)
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Le piège américain

Livre extrêmement intéressant sur la puissance du droit américain et le combat d'un homme. La force de l'auteur réside dans la manière dont il raconte cette prise d'otage.



Le récit personnel m'a beaucoup attristé et je n'avais qu'envie de voir l'auteur sortir de ce tourbillon administratif et pénitencier sans coeur et sans justifications. Sur l'analyse de l'influence américaine et de ses méthodes d'action, Frédéric Pierrucci est brillant et explique parfaitement l'outillage administratif et juridique de Washington.



Ce livre est à mettre entre les mains de toute personne intéressée par les récits économiques, juridiques, carcéraux et même politique. Quant à ceux qui souhaitent se spécialiser dans l'analyse économique et l'intelligence économique, ce livre est tout bonnement indispensable.
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Le piège américain

Une histoire à peine croyable. J’avais lu quelques lignes dans la presse (comme beaucoup sûrement) mais ce livre est édifiant. J’ai particulièrement apprécié la première partie, qui se lit presque comme un thriller. La deuxième est un peu plus technico-politico-juridico- économique et donc un peu plus indigeste. On grince des dents quand on comprend les manipulations d’un pays qui se dit comme le justicier du monde, mais que l’on sait depuis longtemps être d’abord intéressé par le « America first ». Reste que ce monsieur Pierucci fait partie du système qu’il critique. Avant d’être arbitrairement emprisonné, il faisait partie de cette élite. Et on peut être sûr qu’à ce moment, il ne se préoccupait sûrement pas de toutes ces magouilles de grands dirigeants puisqu’il en faisait partie. Comme chaque humain, il a fallu qu’il soit plongé dans ce cauchemar pour petit à petit prendre un peu de recul. Car finalement, durant une bonne partie du roman, sa question principale qui fait presque sourire est : « vais—je retrouver mon poste de manager ? ». Reste que cela ne donne pas une image positive de la justice Américaine, nos soi-disant « alliés », sont en fait très forts pour arriver à leurs fins : « être les maîtres du monde », et en profitent pour donner des leçons à tout le monde, sans visiblement s’appliquer à eux-mêmes les règles édictés pour les autres. Mais cela ne surprend guère. Mettre une personne comme Mr Pierucci en prison niveau 4 (le plus élevé aux USA), reste quand même honteux de la part d'un pays comme les USA.
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Le piège américain

Un cadre dirigeant d'un fleuron de l'industrie française, retenu en "otage" par la justice américaine pour obliger la société pour laquelle il travaille à se vendre aux américains. Çà ressemble à un thriller et c'est pourtant la vérité ahurissante de ce racket mis en place par les USA.

Difficile de rester indifférent face à cette histoire. Au-delà de l'injustice criante dont a été victime Frédéric Pierucci, la méthode des États-Unis pour faire main basse sur les sociétés étrangères. Le récit est vraiment passionnant à lire, décortiquant autant l'économie des multinationales que les dessous de la justice américaine, mais aussi les prisons.

Les dessins, majoritairement en noir et blanc, appuie le côté documentaire de la BD avec élégance et sobriété.

Un livre édifiant sur les dessous du commerce international déséquilibré par les méthodes sans scrupule de certains états.
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Le piège américain

Un livre très important, dont je conseille la lecture à tous. L'affaire de la vente d'Alstom à General Electric devrait tous nous effrayer sur les méthodes employées par nos "amis" Américains, pour mettre la main sur nos entreprises clés françaises.



Ce livre est édifiant, très agréable à lire, abordable pour les non-initiés et captivant pour les avertis.



Hâte que de véritables groupes d'intelligence économique soient mis en place en France, nous en avons bien besoin !
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Le piège américain

Seulement 2 livres de sélectionnés pour la Masse Critique de Février. Celui-ci m’a intrigué par son sujet, j’écoute assez peu les informations à la télé, trop répétitif sur certains sujets. Je remercie Babelio et les éditions J’ai lu pour l’envoi de ce livre, ainsi que pour le petit mot l’accompagnant. J’avais malgré tout quelques appréhensions en le commençant.



Les chapitres sont courts et se lisent très vite. Certains passages sont édifiants concernant les pratiques des US en matière de corruption, les prisons de là-bas ainsi que les pratiques de certaines entreprises qui se pensent au-dessus des lois. Ce n’est pourtant pas mon style de lecture mais le sujet m’intriguait, c’est tellement bien écrit et bien raconté que les pages défilent très vite malgré quelques passages assez hard. À ceci près qu’il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un témoignage et non d’un thriller inventé. Le vrai système de la justice américaine est sidérant par sa logique très différent du système français, comme du vrai rôle des avocats de la défense. Le concept de la vérité pour les américains est vraiment hallucinant. Suivant le cours que prend son récit, F. Pierucci revient sur certains dossiers qu’il a ou non traité et donc sur son passé dans la société Alstom. Je ne retiens malgré tout pas toutes les informations concernant les différentes amendes et autres ; du coup, certains passages sont plutôt longs à lire. Certaines informations sont proprement ahurissantes, comme si la justice américaine ne recherchait pas réellement la vérité et la justice, mais plus à se remplir les poches sur le dos de leurs alliés. La guerre économique a commencé et elle ne fait pas dans la dentelle car les US ont une puissance de frappe bien supérieure à tout le monde. Veulent-ils devenir les rois du monde ? C’est un livre édifiant sur pas mal de sujets, le pire étant les prisons et la justice américaines, sa lenteur manifeste et ses process. Je n’ai pas forcément tout retenu ni compris concernant les dédales et les différences entre les lois françaises et américaines mais les process, je connais étant moi-même dans une entreprise américaine, ainsi que la lenteur décisionnelle. J’espère en tout cas que le suicide d’Alstom fera prendre conscience aux élus du danger des US en notre encontre. Je connaissais Alstom de nom mais je n’ai pas du tout suivi ses déboires et encore moins les informations annexes.



Comme vous l’aurez compris, on ne peut pas parler de coup de cœur mais ce témoignage se lit comme un thriller et il est très intéressant de part les différentes informations qu’il divulgue. Je vous conseille donc très fortement de découvrir ce livre édifiant par bien des aspects, c’est un témoignage qu’il est important d’avoir lu surtout si vous appartenez à une grosse entreprise française n’ayant pas encore été rachetée… Par contre, quelques coquilles ont été oubliées (mots en double, mots manquants, problème de correction, …). Pour ma part, je remercie Babelio de m’avoir permis de le découvrir.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Le piège américain

L'auteur, Frédéric Pierucci, cadre chez Alstom, raconte son histoire personnelle Arrêté à sa descente d'avion à New York, il va vivre l'enfer. Pris en otage dans un jeu qui le dépasse, il raconte en détail la vente de la division énergie d'Alstom à General Electric. Partant de son expérience personnelle, l'auteur nous éclaire à plusieurs niveaux. Tout d'abord, il raconte le système judiciaire américain qui peut pousser un accusé innocent à plaider coupable pour s'assurer d'une limite à sa peine. Ensuite, c'est le système carcéral privatisé qui est décrit. Enfin, par l'histoire d'Alstom, Frédéric Pierucci raconte la manière dont le système judiciaire américain peut favoriser sa propre économie en utilisant à son profit des lois applicables mondialement. Après ce plaidoyer, je lirais volontiers un livre racontant les mêmes évènements vu du côté américain. A lire absolument.

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Le piège américain

Ce témoignage est spectaculaire et glaçant. C’est un récit de première main qui dévoile les dangers de la guerre économique menée par les Etats-Unis. Une guerre jusque là invisible ou du moins inconnue du grand public et peu traitée par les médias. Je n’ai pas l’habitude de lire ce genre de livre, dont l’enjeu est économique et politique. Mais celui-ci est assez extraordinaire, digne d’être adapté en série ou au cinéma.

Cette histoire rocambolesque, c’est celle de Frédéric Pierucci, cadre chez Alstom, qui va se retrouver otage du Department of Justice américain, lâché par son entreprise, alors que le patron, Patrick Kron, négocie secrètement la vente d’une partie de l’entreprise à General Electric. Pierucci va donc connaître le système judiciaire et le milieu carcéral américain.

Le sujet nous interpelle forcément. Tous les éléments typiques des séries et films politiques ou d’espionnage s’y retrouvent: complot, négociations, menaces, etc. C’est d’ailleurs ce qui fait peur: la réalité a clairement rattrapé la fiction.



Au-delà de l’histoire particulière et dramatique de l’auteur, on découvre en même temps les coulisses d’une guerre dont nous, et même les victimes n’avaient pas encore conscience jusqu’à récemment. Et c’est bien là le grand intérêt de ce témoignage: découvrir ce qui se passe réellement.



Ce livre est très instructif sur le fonctionnement des systèmes judiciaire et carcéral américains.

D’abord, on en sait un peu plus sur cette fameuse loi, le FCPA, Foreign Corrupt Practices Act, dont la cause est noble mais dont l’étendue est proprement effrayante. Il s’agit d’une loi anti-corruption, qui condamne des entreprises qui auraient corrompu ou tenté de corrompre des fonctionnaires gouvernementaux étrangers, ou des candidats à des postes Gouvernementaux. Spécificité de cette loi: son extraterritorialité. En effet, sont susceptibles de tomber sous cette loi toute entreprise – américaine ou non – liée aux Etats-Unis d’une manière ou d’une autre, par exemple lorsqu’une entreprise est cotée en bourse ou si elle utilise le dollar dans ses affaires. Et c’est bien là le problème. Le filet est gigantesque. Et lorsque l’on fait comme l’auteur, que l’on regarde d’où proviennent les entreprises condamnées, on retrouve peu d’entreprises américaines.

Pour en savoir plus sur le FCPA: https://www.altares.com/fr/blog/2018/03/13/fcpa-la-loi-anti-corruption-americaine/



De plus, en passant, Frédéric Pierucci nous donne un aperçu de la vie en prison, et notamment en prison de haute sécurité. Et c’est effrayant. C’est un autre monde, que j’avais découvert un peu lorsque j’avais lu le livre de Tyree Bailey, J’étais à leurs côtés dans le couloir de la mort. Le système carcéral est très différent du nôtre. Il est en général privé, et donc chaque prisonnier est une source de revenus pour le gestionnaire de la prison. Tout est matière à faire de l’argent. Au contraire, les coûts sont minimisés, quitte à avoir par exemple des cellules vétustes. Et quant à la justice américaine, mieux vaut ne jamais la connaître. C’est une effroyable machine qui broie les gens plus qu’autre chose, y compris les riches qui peuvent cependant s’en sortir davantage que les moins favorisés. Tout est basé sur la négociation. Peu importe la vérité. C’est à celui qui va savoir négocier le meilleur deal pour s’en sortir. La grande différence, qui peut choquer chez nous, c’est que c’est au défendeur de fournir la preuve de son innocence, pas à l’accusation. Les enquêtes sont menées uniquement à charge, pas à décharge. Je vous laisse donc imaginer ce qui arrive aux gens lambda, qui ne sont pas assez riches pour se payer un avocat spécialisé.



En tout cas, le livre est très facile et rapide à lire car l’écriture est simple et directe, comme si Frédéric Pierucci nous racontait son histoire en nous parlant. Le style est donc plus « parlé » que littéraire.

Il est très accessible, très pédagogique. L’auteur a pris le temps de nous faire part de ses émotions à travers les multiples épreuves qu’il a subies et de nous expliquer chaque étape du processus que la justice américaine lui a fait suivre.

J’ai cependant trouvé le début assez long à se mettre en place. C’est surtout la deuxième moitié du livre qui m’a le plus plu, lorsque ça s’active et que l’auteur commence à avoir plus d’informations et de contexte concernant son arrestation. La fin est particulièrement intéressante car on a un aperçu des conséquences de tout ce qui a précédé.



Bref, c’est un livre d’actualité qui mérite d’être découvert. Et à la fin, on se demande: comment est-ce possible? Pourquoi cela n’a-t-il pas fait plus de bruit?
Lien : https://leshistoiresdesympho..
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Le piège américain

Même si le sujet m’intriguait, je pensais que j’aurais du mal à venir à bout des 400 pages (version poche), que j’allais perdre l’intérêt que je portais à cette affaire. Ce fut tout l’inverse. Je l’ai dévoré en un rien de temps. Ça se lit comme un excellent thriller, on ne peut plus le lâcher tellement les révélations sont stupéfiantes.
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Le piège américain







Frédéric Pierucci était cadre chez Alstom. Au nom de la législation anticorruption américaine (le Foreign Corrupt Practices Act), il se retrouve prisonnier et jugé sur le territoire américain en 2013, lâché par son entreprise, incarcéré. Cette histoire rocambolesque le transforme en personnage kafkaïen. Les Etats-Unis s’arrogent en effet le droit d’intervenir et de bafouer toute souveraineté nationale.



Matthieu Aron, journaliste, enquête et essaie de comprendre pourquoi et comment la vie d’un homme est broyée au nom d’intérêts économiques et politiques. C’est son histoire véridique qu’il nous livre ici. Les dessins d’Hervé Duphot, le plus souvent en noir et blanc, sont sobres.



Ce livre offre un point de vue intéressant pour comprendre le dessous des cartes et les enjeux internationaux. Néanmoins j’ai des difficultés à compatir avec Frédéric Pierucci, qui de par sa position était un acteur essentiel dans ce système et connaissait parfaitement les pratiques de corruption de son entreprise.







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Le piège américain

Pourvu d'une force mentale hors norme et appuyé par un entourage dévoué et tenace, Frédéric Pierucci, dans un parcours terriblement angoissant, va réussir à se sortir du piège américain. Seul contre tous, lâché par Patrick Kron son patron, il va servir de monnaie d'échange pour la redoutable "justice" américaine dans la tristement célèbre affaire de la vente par Alsthom des chaudières de nos centrales nucléaires à General Electrics. Thriller bien réel et palpitant !
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Le piège américain

Ce livre expose l'épreuve vécue par un cadre supérieur d'Alstom, qui a fait plus de deux ans de prison aux USA en raison de son rôle présumé dans des affaires de corruption, bien réelles, organisées par son entreprise. Mais les auteurs vont plus loin: ils analysent d'une part comment la justice américaine utiliserait les accusations de corruption pour pratiquer un véritable racket sur les grosses entreprises, et d'autre part comment les dirigeants d'Alstom ont lâché leur collaborateur, avec un cynisme et une pleutrerie indignes. Et même comment on peut les soupçonner d'avoir vendu aux Américains une branche essentielle de leur société dans le seul but d'éviter des poursuites à 2 ou 3 des dirigeants les plus hauts placés.

Les thèses des auteurs sont solidement argumentées. On est stupéfait de découvrir tous ces montages, et le manque de courage des plus hauts responsables, aggravé par l'impuissance des politiques.

Pour regarder notre société en face, quitte à mettre les pieds dans le plat, ce livre - par ailleurs bien écrit, bien construit - nous éclaire et se révèle d'une grande utilité.

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Le piège américain

Le Piège américain est une lecture que je vous recommande fortement. Juste pour bien comprendre comment la justice américaine peut détruire la vie d'un homme, mais aussi pour en savoir plus sur le dossier Alstom. Un récit passionnant et réussi qui se lit comme un excellent thriller. Une oeuvre à ne pas manquer.
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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Le piège américain

Le piège américain présente un épisode de la rivalité entre puissances et lève un peu le voile sur les manigances peu reluisantes qui se cachent derrière les prétendues réussites industrielles d’ici et d’ailleurs.
Lien : https://www.bdgest.com/chron..
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Le piège américain

Incarcéré aux Etats-Unis pendant plus de deux ans, Frédéric Pierucci, ancien cadre d'Alstom, affirme que les Etats-Unis utilisent leur législation anticorruption à des fins de domination économique.
Lien : https://www.lesechos.fr/idee..
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Le piège américain

Pierucci Frédéric et Aron Mathieu – "Le piège américain : l'otage de la plus grande entreprise de déstabilisation économique témoigne" – Lattès : 2019 (ISBN 978-2-7096-6407-3) – format 23x14cm, 396p.



Comme l'indique le texte de la quatrième de couverture, Frédéric Pierucci était – pendant plus de deux décennies – l'un de ces capitaines d'industrie œuvrant en toute bonne conscience pour une des rarissimes entreprises multinationales françaises, à savoir Alstom.

Laquelle multinationale constituait l'un des fleurons de la technologie et du savoir-faire franco-français, de surcroît dans des secteurs clés pour l'indépendance nationale puisque touchant à rien de moins que les armements nucléaires ou la production (ô combien vitale aujourd'hui) d'électricité. Ces quelques entreprises étaient tout droit sorties du rêve gaullien de grandeur nationale, via la création en 1969 de la "Compagnie Générale d'Electriciré" (CGE), devenue par la suite (1991) "Alcatel-Alsthom".



Avec l'avènement de cette caste de technocrates mondialisés hors-sol pour lesquels les Etats-Unis constitue la référence absolue – à grands renforts de de multiples "-ing", marketing, trading, managing etc –, jouant au poker "à l'international" (sic) avec les sociétés employant des milliers de personnes, il fallut "bien évidemment" privatiser complètement ces activités et les laisser dériver aux "bons" soins de chevaliers d'industrie ayant pour objectif de se remplir les poches tout en jouant les héros totalement dévoués à "leur" entreprise – comme l'auteur l'écrit en toute bonne foi à plusieurs reprises.

Cette caste est issue, produite, engendrée par le système typiquement franchouillard des "grandes écoles" en passe aujourd'hui de se voir supplantées par les "MBA" commercialisés par toute sorte d'officines, dont les plus "sérieuses" sont de pures émanations états-unisiennes.

Jusqu'en avril 2013, le brave petit soldat Frédéric Pierucci était tout fier d'appartenir à cette "élite" mondialisée qui pille allègrement la planète, tout particulièrement les pays du Tiers-Monde, et détruit les emplois sans vergogne dans les pays industrialisés lorsque "le marché" et – surtout les dividendes des actionnaires l'imposent.

Bien naturellement, cette engeance recourt sans scrupule à ce que l'on appelle "la corruption", Alstom avait même instauré des "process" (un mot fétiche chez ces gens-là) internes définissant et organisant ces procédures très courantes dans cette nomenklatura.



Notre auteur consacre des pages entières et un chapitre particulier, le vingt-deuxième (pp. 150-158), à la description de cette législation états-unisienne dénommée FCPA, "Foreign corrupt practices act", édictée en 1977 suite – croit-il naïvement – aux découvertes de multiples trafics de corruption dans l'affaire du Watergate à l'époque de Nixon.

Il oublie de préciser que l'une (parmi d'autres) des racines fondamentales de cette loi réside plutôt dans la fin des empires coloniaux (chaque grande puissance coloniale se réservait son pré carré) et l'avènement de régimes dictatoriaux dirigés par des sbires avides d'argent, dépourvus de tout scrupule, s'empressant d'armer leurs pays en affamant leur population (affaire Lockheed, p. 151) sans oublier de remplir leurs comptes en Suisse.

C'est un simple oubli, notre auteur montre fort bien comment, très rapidement, les grandes entreprises états-unisiennes détournent cette "louable et vertueuse" législation en l'utilisant pour racketter les sociétés étrangères (pp. 152 et suivantes). Toujours aussi enfarinés et béats, nos dirigeant(e)s européen(ne)s se laissent rouler dans la farine depuis les années 2000...



L'intérêt majeur de ce témoignage réside en effet dans cette démonstration : ce FCPA est dorénavant utilisé délibérément par le fisc états-unisien pour rançonner à grande échelle les entreprises étrangères.

Les annexes (pp. 387-391) appuient ce que tout le monde savait depuis vilaine lurette. Rien que pour la France, on relève les amendes astronomiques infligées à Total, la Société Générale, Alcatel, Technip, et la liste des entreprises ainsi pillées est largement dominée par les européennes. Ben voyons.



Ce témoignage écrit dans un style clair dénué de tout pathos, explicite d'autres aspects cruciaux du "paradis états-unisien" : la justice toujours à charge, son fonctionnement, les prisons de haute sécurité, le mépris des droits les plus élémentaires de la défense, l'obsession de l'argent etc etc.



Accessoirement, il exhibe également la lourde responsabilité que portent certains de nos dirigeants, comme un Hollande (effarant d'incompétence), un Patrick Kron ou un Macron (vendant les débris d'Alstom à General Electric).

Sans scrupule aucun, du haut de son abyssale sottise, notre élite mondialisée, standardisée à grand renfort de MBA, continue de démanteler les industries européennes au nom de la sacro-sainte libre concurrence : ces gens viennent de signer l'accord du CETA, le démantèlement des restes d'agriculture locale "grâce à" l'accord commercial avec les pays du Mercosur, sans oublier de refuser l'alliance avec Siemens pour contrer Huawei : le massacre se poursuit... ces vautours sont en train de dépecer EDF...



A ce titre, même s'il est quasiment impossible de compatir au triste sort de l'auteur puisqu'il fut acteur de ce système infernal et n'aspire qu'à y reprendre du service, il faudrait assurer une diffusion la plus large possible de cet ouvrage, à lire et à offrir. Je ne saurais conclure sans une pensée émue pour les salariés de General Electric à Belfort...



Un livre à lire et à offrir.

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Le piège américain

Absolument glaçant... et très bien écrit ! On imagine un peu trop bien le cauchemar vécu par le narrateur. A lire et à faire lire par tout expatrié ou candidat à l'expatriation... un autre aspect est de comprendre mieux comment fonctionne le droit anglo-saxon.

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Le piège américain

Ceci n'est pas une fiction, c'est la réalité. F Pierucci, haut cadre d'Alstom, a été emprisonné pendant deux ans aux Etats Unis. le délit : un versement de pot-de-vin par sa société en Indonésie pour gagner un contrat. Son interpellation aux Etats Unis est parfaitement légitime du point de vue de LEUR jurisprudence, même si aucune firme états-unienne n'était impliquée, même si cela s'était produit en dehors des Etats Unis. Car la justice des USA s'est dotée de l'extraterritorialité, redoutable machine de guerre économique - autrement dit elle s'est érigée en gendarme international afin de poursuivre la corruption au-delà de ses frontières.





Vu d'Europe, l'incarcération de Pierucci apparaît comme une prise d'otage, au total mépris de la présomption d'innocence, de droits de l'accusé d'accéder à un procès et un jugement dignes de ce nom.





Pierucci est contraint de plaider coupable et se voit lâché par Alstom - il n'a pas les moyens de payer les faramineux frais d'avocat : le procureur s'appuie sur 1,3 millions de documents à charge (échanges de mails et autres). D'ailleurs, compte tenu des affaires semblables, ses chances de gagner sont infimes.





Cet ex-cadre a été un pion dans la poursuite judiciaire que le Department of Justice (Ministère de justice des Etats Unis) menait depuis plusieurs années contre Alstom. Alors que l'entreprise française refusait de reconnaitre ses torts, l'incarcération de Pierucci est devenue un moyen de pression.





Avec ce témoignage, l'auteur va encore plus loin : compte tenu de la chronologie de son interpellation d'une part et de la négociation pour la vente d'Alstom à General Electric d'autre part, Pierucci estime qu'il a été utilisé afin d'obliger les décideurs de vendre Alstom, affaibli par une amende exorbitante. Il avance aussi l'hypothèse suivante : le Ministère de la justice américain n'est pas indépendant, il est au service des grandes entreprises, dans le cas présent au service de General Electric.







A la fin du livre un tableau édifiant : les amendes exorbitantes infligées par le Departement of justice en Europe ces dernières années.

Un témoignage glaçant, la réalité dépasse la fiction.





Deux liens :

https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-16-janvier-2019

https://portail-ie.fr/short/1652/affaire-frederic-pierucci-le-cadre-dalstom-retourne-en-prison

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Le piège américain

Plutôt que de faire une critique (sur un livre que je n'ai pas lu, ce serait moyen...), je poste en lien une très longue interview vidéo de l'auteur. C'est cette vidéo à qui j'ai mis 5 étoiles. Il faut prendre le temps de la regarder en entier. Ce qui y est dit est effarant.

Tout le monde sait bien que la géopolitique n'est le plus souvent – pour ne pas dire toujours – qu'un rapport de force cynique et brutal. Que la guerre économique est impitoyable. Et que sur ce plan, les Etats-Unis ne valent pas mieux que la Russie ou la Chine. Mais le savoir théoriquement et entendre expliquer très concrètement les dessous de la guerre économique que mène la première puissance mondiale, non par un idéologue mais par un cadre d'Alstom, otage économique devenu bien malgré lui spécialiste de ces questions (la prison, ça laisse du temps), ce n'est pas la même chose. Je me répète: c'est effarant.



Le lien en question:
Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Les grandes plaidoiries des ténors du barreau

Pourquoi ce livre ? Comme souvent avec moi, je m'intéresse à ce pour quoi je suis admiratif. Et défendre ce qui peut paraître indéfendable, aller chercher des explications, l'humanité chez un accusé, ça m'impressionne. Le monde de l'avocat, je l'avais déjà abordé avec l'excellent recueil de chroniques de Maître Mô. Avec ce recueil, on est toujours dans le prétoire mais on rentre un peu plus dans l'intimité de la défense avec les plaidoiries.



Force est de constater qu'il y autant de types de plaidoirie que d'avocats. Il y a celui qui est véhément, celui qui va s'exprimer calmement, le didactique, le sentimental, etc. De fait, ce livre ne se lit pas d'une traite mais on le prend de temps à autre pour lire une plaidoirie pour tenter d'en comprendre le contexte et la manière d'atteindre le but de l'avocat. A noter que l'ouvrage est complété d'extrait du discours de Robert Badinter à l'Assemblée Nationale dans le cadre du projet de loi d'abolition de la peine de mort.
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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Les grandes plaidoiries des ténors du barreau

L’homme de la rue, quel que soit son métier, sa famille, son appartenance religieuse, se croit généralement à l’abri de la machine judiciaire. Rien dans sa vie ne permet de supposer qu’il sera un jour accusé ou victime et devant être représenté par un avocat. Or, les tribunaux touchent tout le monde [...]
Lien : http://www.lirezvous.com/mat..
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