Citations de Maureen Demidoff (28)
A la fois bordélique, moderne, débauchée, perfide, glamour, monumentale, la capitale russe est une ville de contraste. Et comme la plupart des personnes qui figurent dans ce guide, je l’aime autant qu’elle peut m’insupporter.
JE SUIS LE DERNIER DES DOUZE. C'est Lui qui m'a choisi. Alors que je doutais, Jésus m'a nommé comme l'un de ses plus proches disciples.
Pour me séduire, il m'a confié la bourse de la communauté. J'avais la charge importante d'être l'intendant de notre groupe de vagabonds et son premier serviteur. Compter les sous, je savais faire. Comme recueillir les aumônes des pèlerins, les dépenser avec parcimonie pour nous nourrir, les redistribuer aux pauvres, veiller à ce que nous ne manquions de rien. Parmi tous ses disciples, c'est à moi qu'il a confié la tâche si importante d'administrer les affaires de notre communauté. Moi que l'on disait voleur, Que l'on disait avide d'or.
(INCIPIT)
Les Romains disaient que l'homme est la tête et la femme est le cou. La tête ne bouge que grâce au cou qui la commande, et ne regarde que la direction que le cou indique. C'est un proverbe largement répandu en Russie...
(C’est Marie-Madeleine qui parle)
Lorsque Jésus fut traîné au milieu de la foule, je me noyais parmi les milliers d’hommes qui s’étaient agglutinés pour le voir passer. Je me frayais un chemin jusqu’à lui. Je les suivais lui et sa croix immense. Je voulais qu’il sache qu’il n’était pas seul. J’avançais tant que je le pouvais, bousculée, malmenée, sans m’arrêter, délogeant à mon tour ceux qui s’étaient arrêtés pour juger de sa peine et qui m’empêchaient de le voir. Je les repoussais sans ménagement afin de l’approcher. Je voulais qu’il sache que je ne l’avais pas quitté.
J’hurlais son nom, Jésus !
Les hommes, je les aimais intelligents, cultivés, et surtout aimant les livres. Un homme qui n'aime pas lire ne peut pas être intéressant. Une bête de somme, rien de plus.
La femme russe est assurément singulière et nulle part ailleurs, il me semble, on ne trouve ce concentré de féminité et de combativité. Il faut dire qu'en Russie tout est outré et la femme ne fait pas exception.
Jésus affirmait notre complémentarité et notre compagnonnage. J’étais son initiée et son amante. Sa complice. Son âme sœur.
La réaction des disciples était souvent houleuse à mon égard. Mais il ne fallait pas s’y fier ; je leur ai laissé le souvenir d’une femme indépendante, à la détermination et à la foi sans faille, et non celui d’une rivale. Excepté, peut-être, à Pierre.
Il faut savoir que chez nous il n'y a pas de beaux partis. Les hommes gentils ont la virilité douteuse et les "cérébraux" comme dit dédaigneusement mon père en parlant des intellectuels - c'est à dire ceux qui sont allé jusqu'au secondaire, ce qui n'est pas rien pour notre village - sont suspects. Quant aux jeunes qui ont eu la chance de faire des études en ville, ils ne sont jamais revenus. Restent les crève-la-faim, les éleveurs de moutons, les ouvriers...
Grâce à lui, j’ai appris que les regards n’étaient pas tous meurtriers, et que l’on pouvait même se découvrir dans le regard de l’autre.
Et pourquoi partir d’ailleurs ? Pourquoi se couper de son histoire et de sa famille ? Parce que vivre avec n’est plus possible ? Parce que sa terre n’offre pas plus de choix qu’une vie de misère et l’attente inutile d’un changement qui n’arrivera pas ? Parce qu’on refuse la possibilité d’une déception ? De se trouver devant une longue route dénuée d’amour, de rencontres éclairantes, de possibilités ? Parce que le passé entrave le présent ?
Je pense que les Russes ne savent pas vivre sans un pouvoir fort et qu'ils ont besoin d'être dominés. A l'époque des Tsars, nous étions gouvernés par une autorité forte que nous ne pouvions contester, puis nous avons eu un régime autoritaire avec les communistes, alors quand nous nous sommes retrouvés sans chef, lors des années de transition, nous avons dépassé toutes les limites possibles. Poutine représente l'autorité dont nous avions besoin pour remettre le pays en ordre et le faire sortir de la situation économique et sociale catastrophique des années 1990.
- Pire que le péché, c'est l'ignorance qui est le problème essentiel de la vie humaine. Dans notre monde terrestre, les hommes se laissent gouverner par des forces destructrices, rebelles et obscures liées à l'argent et au pouvoir. C'est un problème infernal qui fait le règne du chaos.
Dans un demi-sommeil, je visualise un chemin qui se sépare en deux : je suis à l'embranchement et je dois choisir une direction. Rester sur place est impossible, bien trop facile. Il faut avancer, prendre l'une des deux routes sachant qu'elles ne se rejoignent jamais et qu'aucun retour n'est possible. L'une conduit vers le détachement, autrement dit vers la liberté. L'autre n'est que la continuité du présent.
Il n'y a pas d'autre voie pour toi que l'amour. Tu ne sais qu'aimer, Marie. C'est ta nature.
Grâce à lui, les montagnes parlent encore de nous.
Je te remercie. Tu as fait ce qu'il fallait pour que le contrat soit honoré. Maintenant, laisse la vieille et son fils dans leurs ruines et retourne étudier à la ville.
Mon père se réfère au "Coutumier" et ma mère ne jure que par Sainte Thérésa. Je suis un peu des deux.
Pour mes parents qui n'ont jamais regardé au-delà des apparences, être entrepreneur est synonyme de pouvoir et d'autorité. Etre entrepreneur va évidemment de pair avec une certaine richesse, ce qui sous-entend avoir des hommes à soi et, selon ma mère, au moins une femme de ménage et sans doute une machine à laver le linge, ce qui représente le summum du luxe pour elle qui s'use les mains quotidiennement dans l'eau bouillante et savonneuse des bassines.
Grâce à lui, j'ai appris que les regards n'étaient pas tous meurtriers, et que l'on pouvait même se découvrir dans le regard de l'autre.
Je me demande où se situe le point de non-retour qui fait que l'on se fiche de tout, et plus encore de ceux qui nous font souffrir.