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Citations de Maurice Constantin-Weyer (16)


Maurice Constantin-Weyer
Le mouvement de vos chevilles actionne rapidement la raquette. Vous déchirez la neige comme un vaste édredon de plume, faisant voler autour de vous des houppes claires…

(Tiré de : un homme se penche sur son passé)
(Cité dans Randonnées à raquettes... de Alban Boyer)
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Les jours s'allongèrent encore... Ils craquaient cependant à force d'être étirés, mais l'aube les raccommodait vite...
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En sortant de la seconde représentation de "Christine", Dumas traversait vers une heure du matin la place de l'Odéon, quand un fiacre s'arrêta à sa hauteur.
Une tête de femme sortit de la portière.
- Monsieur Dumas ! Monsieur Dumas !
Dumas se retourna.
- C'est bien vous qui êtes monsieur Dumas ?
- Oui, madame.
- Je suis madame Dorval...Eh bien, montez ici et embrassez moi...Ah ! vous avez un fier talent et vous faites un peu bien les femmes !
C'était celle que Mme Dussane, notre grande Dussane, a appelé "le Théâtre à l'état pur".
Les années avaient passé. Depuis que Dumas avait vu Dorval jouer Malvina dans "le vampire", Dorval venait de donner la mesure de son immense talent dans "Trente ans" ou "la vie d'un joueur", et dans une pièce oubliée, qui s'appelait "l'incendiaire", où, tout au long d'une scène d'un quart d'heure, elle faisait pleurer toute une salle....
(extrait de "Où un fiacre passe et où Mme Dorval apparaît", chapitre XXV du volume paru aux éditions du "milieu du monde" en 1944)
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Il n'y a que deux pièces : une cuisine (qui est, aussi une salle à manger, un office et un hangar à provisions) et une chambre à coucher, où, quand je suis chez moi, je puis du moins lire des livres bons ou curieux. A côté de ce Discours de la Méthode, que j'ai toujours aimé, pour la simplicité avec laquelle il me conseille, j'ai ces poètes et ces romanciers anglais : la Fairie Queen de Spencer, le Faust de Marlowe, mon Shakespeare dans les petits volumes fauve et or de chez Dent, les Hellenics de Savage Landor, le Prométhée de Shelley, les Sonnets de Milton. Joignez le Voyageur malheureux de Nashe, Pickwick, Le Livre de la Jungle de Kipling, le Walden de Thoreau, et naturellement tout ce qu'on peut se procurer à Winninpeg d'Hazlitt. J'ai toujours promené avec moi une édition des Douze Césars, de Suétone, et dites-moi si cela ne suffit pas à occuper, chaque jour, quelques heures de la vie d'un homme. Paul Durand me demande si je suis fou, ou si j'ai l'intention d'ouvrir un cours de littérature. Il a une bibliothèque, lui, dont il est très fier et qui le satisfait. Zola, Marcel Proust et Loti y apportent leurs préoccupations matérielles, sensuelles ou voluptueuses, et les poésies complètes d'Alfred de Musset y mettent une note de sensibilité élégiaque. Goût de petit bourgeois français qui va avec celui du vin, de la soupe et des viandes en sauce.

333 - [Le Livre de poche n°371, p. 62/63]
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Sur la page de garde d'un exemplaire offert par Maurice à mon père:

Un homme sur son passé se penche;
Pericoloso sporgersi!
Vienne la chute, qui lui prendrait la manche
pour le hisser hors du puits sans merci?
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Le train me débarqua sur la plateforme déserte, en une aube d’estampe japonaise. Maisons, forêt, étaient des lavis synthétiques à l’encre de Chine, ourlés d’un trait vert sombre, sous un ciel vert clair. A l’est, entre la cime de la forêt et le ciel, un pinceau ferme et délicat avait tracé d’un seul trait cette bande citron qui allait être le jour.
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Des grives à ventre roux se poursuivent, charmantes et cruelles. Elles s'interrompent de voltiger de branche en branche pour moduler quatre notes passionnées. L'instant d'après, elles sont à terre. Deux mâles se battent. Une femelle se précipite sur une larve, l'engloutit, puis se met à lisser soigneusement ses plumes. Elles n'ont point peur de l'homme à cheval qui les regarde...
Les deux combattants ont étalé, élevé et rabaissé l'éventail de leur queue. C'est tout un langage, que je sais déjà. Il prélude au combat. Les voici affrontés l'un à l'autre. C'est un duel qui pourrait être tragique. Heureusement, il y a dans le cerveau des bêtes beaucoup plus de bon sens qu'on n'en trouve chez les hommes.

Page 52-53
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A la maison, c'est l'épluchage des pommes de terre, comme un critique épluche un texte. C'est la même corvée, mieux payée, plus utile, plus soigneusement faite, peut -être, et c'est la même irritation. J'aime les pommes de terre, et les critiques aiment les livres. Ni eux ni moi n'aimons à éplucher les uns ni les autres.

Page 60
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Avant que le soleil fût tombé derrière le boqueteau d’arbres à l’ouest, les chouettes lançaient de branche en branche la nouvelle de l’agonie du jour. Puis, un premier loup hurlait. Tout de suite, nos juments hennissaient le rappel des poulains. Car le loup est le roi des nuits canadiennes, et il faut le sabot bien appliqué d’une jument en colère pour le force à respecter la vie d’un poulain. […] C’était alors la chanson de l’engoulevent […] La note grave des hiboux et des grands ducs. Jusqu’à la lisière du bois, on entendait le vol mou de nocturnes géants, et leurs ombres passaient furtives, entre nous et la lune… Le cri d’un lièvre étranglé... Des froissements mystérieux dans la forêt... Des soupirs plus mystérieux encore, dont on ne savait s’ils étaient de volupté ou de douleur. L’Amour et la Mort circonscrivaient autour de nous l’entrelacement de leurs cercles magiques. A tour de rôle nous écoutions cette musique charmeuse et cruelle, veillant le troupeau confiant, et le camarade endormi. Et le jour, après un déjeuner rapide, nous ramenait à nos selles, pour notre chevauchée inlassable à travers cette nature bleue et verte, brodée de toute la richesse des pourpres églantines et des lys ponceau...
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Ainsi, en moins de trente ans, l’effort de quelques hommes conducteurs de peuples, avait fait de ce désert un pays riche. Une race toute entière avait disparu dans la lutte, et des Sioux, des Crees et des Pieds-noirs, qui avaient jadis dominé ici, il ne restait plus que quelques rejetons destinés à disparaître devant l’effort continu de la race blanche… Mais songez aussi à tous ceux des Vieux pays, que le Canada arrachés à la misère londonienne , où
à la pauvreté bretonne!…
Une oeuvre magnifique de bienfaisance à l’égard de la faiblesse européenne, voilà ce que la foi de quelques capitalistes et la rude volonté de quelques hommes autoritaires avaient fait du Canada.
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L’août canadien c’est le mois où commence la richesse de la terre. Or sur or, les blés ondulent. Oui! Mer liquide, mer d’or. L’or blond et l’or fauve mêlent leurs vagues. Mer alchimique qui s’enfle au gré du vent. Et puis, argent et bleu, les avoines. Mais cela vaut-il la forêt?
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Le paysage même que chante la Clémence de Mistral :

...De voir en plein...
Mon gai royaume de Provence,
Comme un clos d'orangers s'apanouir devant moi,
Et la mer bleue toute luisante,
Sous les collines et les terrasses,
Et les grandes barques pavoisées,
Qui poussent à pleine voile au pied du Château d'If.

Page 24
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Le large, c'est ce jardin semé de fleurs violettes sur lequel s'appuie la base du ciel. Un jardin ! Et comment n'imaginerait-on pas qu'au bout de ce jardin il y en a d'autres, plus beaux encore ? Sans doute, ici, tout près, il y a ces rousses calanques, et il suffit de se dresser un peu pour les voir se défendre de la mer... Les Toucas Blancs jaillissent de la Corniche. Et les rochers de la Corniche, eux-mêmes, pointent à travers les kermès, les pins, les aloès, les palmiers et les tamaris...Vert sombre, vert clair, vert moyen, le tout bien verni, mais soudain déchiré par une rafale de vent... Les îles du Frioul tout en or, et le Château d'If...Le paysage même que chante la Clémence de Mistral...

Page 24
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Au premier coup de feu, Lowton s'écroula, le nez dans son assiette. Des gouttes de sang avaient jailli sur la robe de Mme Fenimore MacMahon et il est curieux de constater que le premier mot qu'elle prononça fut : "Seigneur, ma robe est perdue !" (p.19)
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La loi du Nord est que la qualité y supplée à la quantité. C'est, si je puis dire, le pays le plus aristocratique du monde. Ethymologiquement, vous savez [...], aristocrate veut dire celui qui excelle... (p.52)
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J'ai toujours eu envie de suivre les traces d'un grand naturaliste. Je parle, bien entendu, d'un naturaliste... dans la nature et non d'un Buffon, qui, avec tout son génie (car on ne peut lui nier du génie), n'a jamais eu la curiosité de contrôler ses informations in vivo. Buffon est le type accompli du naturaliste in vitro.
J'eusse volontiers suivi les traces de Michaux ce paysan de Satory, devenu jardinier à Trianon, puis chasseur de plantes en Syrie, en Arabie, en Perse, aux Etats-Unis, et, enfin, à Madagascar, où l'emporta une tierce maligne. Je n'eusse point séparé de lui son fils François, l'auteur de La Sylve Nord-Américaine. Mais, depuis mon jeune âge, la grande figure d'Audubon a toujours exercé sur moi une extraordinaire fascination.
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