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Citations de Maurice Sachs (21)


Il a paru ( à compte d'auteur, du reste) un livre révolutionnaire-dans le sens des Lettres- qui s'appelle DU COTE DE CHEZ SWANN, un autre qui s'appelle A L'OMBRE DES JEUNES FILLES EN FLEURS. qui les achète ? On en parle dans quelques maisons où l'on est particulièrement curieux et éclairé comme chez le comte Etienne de Beaumont, ou dans le bureau de Jacques Rivière ) la N.R.F., mais le grand public s'en moque. On trouve les titres trop longs, etc. (p.32-33)
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Oh, certes, j'avais toujours quelque méfait à expier mais je n'aimais pas les gifles et je les notais une par une sur un calepin, bien décidé à les rendre plus tard.
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Il faut aussi se rappeler lorsqu'on élève son fils que toute la vie de l'homme se passe à actualiser les rêves de l'enfance.
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Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.
Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde.
Les grandes vertus des peuples allemands ont engendré plus de maux que l’oisiveté jamais n’a créé de vices.
(…) La paix est peut-être l’état de choses dans lequel l’hostilité naturelle des hommes entre eux se manifeste par des créations, au lieu de se traduire par des destructions comme fait la guerre.
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Au fait, nous connaissons bien un peu aussi ce conformisme du non-conformisme.
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Ce n'est pas ici le procès de mon père ni de ma mère ni de leurs pères ni de leurs mères, mais celui plutôt de tels démons qui les habitaient et de moi-même quand je ne sus pas lutter contre.
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On ne trahit bien que ceux qu'on aime .
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Dans ces moments où tous les enfants se demandent: " Que feras-tu plus tard?" je répondais invariablement:: "Je serai écrivain"
Je ne voyais rien d'autre qui valût la peine de vivre. Et d'ailleurs, je ne vois aujourd'hui rien d'autre, en effet, qui puisse me faire vivre heureux.
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J’ai grand peur que ce que j’écris soit trop intelligent pour les lecteurs médiocres et pas assez intelligent pour plaire aux esprits supérieurs.
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Je m'éveillai le corps attendri de reconnaissance et l'esprit libre et aéré, heureux, plus heureux que je ne le fus jamais, avant ou ensuite, dans les bras d'une femme, car le bonheur ne se doit qu'à d'invisibles et secrètes harmonies qui n'ont que faire de choix sociaux. Dans les draps blancs la petite tête noire frisait sur son sommeil. Je baissai le drap, il était si noir qu'il en était mauve par endroits; son sexe dormait aussi.
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Mais quelque chose venait d'emporter tous mes scrupules, toutes mes hontes possibles, tout mon refoulement. C'était le désir, mais un désir prodigieusement violent que je n'avais pas le temps d'analyser, qui me possédait jusqu'aux entrailles et qui me porta jusque dans la rue comme un fou. Quel que soit l'objet de leur désir, tous les hommes connaissent ce besoin, épars en tout le corps, de faire l'amour, tous les sens sont complices les uns des autres. dans un vertige je partis au hasard des rues, ivre d'angoisse de trouver, titubant de besoin, prêt à tout donner pour saisir quelque part un sexe, n'importe quel sexe.
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Un Parisien qui nous eût entendus aurait bien ri. Que des jeunes gens allassent chez Mme Charpon au lieu de se rendre au bordel mais pussent mettre en balance l’un et l’autre plaisir, voilà qui aurait amusé l’observateur et bouleversé la maîtresse de maison. Il y avait pourtant pour nous association d’idées inconsciente entre les deux « salons », car si nous devions perdre à l’un notre pucelage de chair, nous nous imaginions assez confusément que nous pouvions perdre à l’autre notre pucelage d’esprit. Bref, si le bordel devait nous donner l’occasion de jouer de nos armes les plus familières, le salon de Charpon nous paraissait désigné pour faire nos premières armes littéraires.
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Ce qui me réveilla ce fut, se surajoutant au bruit des vagues, une rumeur qui allait s’amplifiant, qui bientôt devint énorme, qui n’emplit les oreilles comme une fureur : c’était une foule. J’ouvris les yeux. La plage était colorée de monde. Les parasols étaient ouverts de tous côtés. Les marchands de glaces et de limonades faisaient étalage. Des corps nus étaient allongés sur tout le sable, des enfants criaient, des garçons jouaient à la balle, des troupes entières couraient à la mer et s’y brisaient dans des cavernes d’écumes, les nageurs revenaient au bord étendre leurs cuisses brunies et d’une jetée de bois mille jambes balançaient au-dessus des vagues courtes. De ce sommeil qui seul séparait l’ombre du séminaire de la lumière crue de ce matin-là, les routes froides de ce sable de fièvre, je m’éveillai éberlué comme un mort qui ressusciterait au milieu d’un carnaval. Ce monde, ces cris, ces couleurs m’emplirent d’une sorte de frénésie et j’étais ivre d’y appartenir ; je m’étirai, je me relevai, que de monde ! que de sable ! que d’air ! que d’eau ! que d’éclats !
Je fis trois pas et rencontrai Adelair.
« Comment ! Blaise ! c’est toi, mais qu’est-ce que tu fais ici ?
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C’est extraordinaire comme cela vous vide de vos humeurs, la composition d’un roman ! On y sue ses amertumes exactement comme on transpire ses acidités en faisant de la culture physique. C’est sans doute pour cela que tout le monde écrit de nos jours : par hygiène, notre époque étant la plus hygiénique que notre civilisation ait connue […]
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Sans me presser, je descendais la rue Monsieur-le-Prince vers la rue de Seine, avec la joie encore de passer devant ces alignements de chair fraîche, ces étendards en bœuf écorché, d'être hâlé par les clameurs des voix sonnant comme des cuivres; de retrouver ce marché de la rue de Seine où l'on aperçoit au-dessus d'une broussaille grouillante de manteaux noirs, une armée de mains rouges brandies par dessus les têtes comme des torches , où croulent vers vous des pans entiers de murs faits de tous les fruits, de tous les légumes de la saison et que ne retiennent piqués en l'air que les pointes où brillent le sang glacé des piments, les émeraudes plates du cresson, l'or blanc du beurre, par-dessus les écailles scintillantes des poissons épars et de tout un monde naturel dont la réunion compacte épouvante un instant l'esprit, mais dont l'état gigantesque comble l'œil, comme si revivait dans un enchantement abondant et cruel toute la peinture de Rembrandt, ses chairs mortes et ses chairs vivantes, ses plumes, ses bijoux, ses dorures, ses velours, comme si montaient enfin des eaux profondes de l'oubli, une femme nue plantureuse et rutilante comme un de ces bœufs écorchés.
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Quand le rideau était tombé, nous allions tous souper au Boeuf sur le toit. Puis on allait coucher à regret, impatients que le lendemain nous apportât notre dose d'enchantement.

page 90
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Il faut être son propre jardinier: arracher ses mauvaises herbes, faire côte à côte avec soi-même le terrible chemin et quand on se dégoûte trop, sur les odeurs mauvaises, travailler, travailler jusqu’à ce que l’âme soit nette. Car il ne faut se remettre à personne du nettoyage de son être, à Personne.
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Même la personne la moins au fait de la psychologie humaine eût compris que Mme Charpon vivait un des plus doux moments de sa vie, qu'elle touchait enfin à sa victoire. Et le bonheur était en elle, ineffable, car il n'est de joie plus forte que celle de la revanche. Combien de grandes vies n'ont eu d'autres moteur! Et combien il y a peu de joies comparables à celles qu'on éprouve lorsque après une longue attente on atteint enfin à la situation à laquelle personne ne vous croyait plus capable d'atteindre. Il faut avoir entendu notre père dire: «Toi qui ne sais rien...» Notre employeur dire: «Vous qui n'arriverez jamais à rien...» Notre meilleur ami écouter avec un sourire las l'exposé de nos plus chers projets, il faut avoir vu des années sur tous les visages une amabilité non exempte de doute, une apparence de confiance mêlée toujours d'une profonde méfiance. Il faut avoir follement espéré l'impossible, accepté de savoir seul que l'impossible était possible encore pour comprendre toute la joie d'une revanche. Ô jeune poète dont on moquait dans ta province la poésie, mais qui vieillard as rapporté chez toi la Légion d'Honneur, ô fils d'épiciers qui es entré à l'Académie Française, on vous pardonne votre enfantin attachement à ces institutions périmées puisqu'elles sont votre revanche sur vos parents incrédules, sur vos voisins railleurs, et sur vos propres faiblesses, car si la revanche est douce en ce qu'elle venge d'autrui, elle est plus douce encore en ce qu'elle venge de soi-même.
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Les filles sont drôles ; j’étreignais Louise si étroitement en dansant qu’il lui était impossible de ne pas s’apercevoir de l’enthousiasme qu’elle me provoquait et bien loin de s’écarter, son corps prenait délicieusement la forme du mien ; mais lorsque, la raccompagnant dans sa voiture, j’ai voulu passer mon bras autour de ses épaules, elle s’est dégagée comme si j’avais manifesté la plus notoire impudeur, comme si, ma foi, c’eût été la violer que de lui frôler la nuque alors que tout à l’heure… (et devant dix personnes) nous n’étions, en dansant, séparés de la plus grande intimité que par de bien minces étoffes à travers lesquelles nos chaleurs se communiquaient si librement qu’au lieu de rentrer dîner, je me suis précipité chez les jeunes dames de la rue des Martyrs pour les prier de jeter un peu d’eau sur ce feu, ce dont l’une d’entre elles s’est acquitté de façon à me laisser rompu de fatigue, assez maussade, pas très content de moi et terriblement amoureux de Louise.
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On voit que nous n’avions qu’une idée très vague de ce que pouvait être une réunion de cette sorte : puisque nous étions tentés de croire que les grands hommes qui s’y presseraient en foule allaient vite s’intéresser à nous, que la maîtresse de maison peut-être nous prierait de réciter une ode et que nous nous gaverions de bonnes choses pendant qu’un homme illustre, un coude sur la cheminée, nous exposerait l’intrigue de son prochain roman. Nous pensions aussi que les grands éditeurs se dissimulaient dans les couloirs, trop heureux de pouvoir accrocher au passage les jeunes gens de génie que l’esprit éclairé de Mme Charpon réunissait là chaque samedi comme dans un nouveau Lycée où il y aurait outre Socrate et ses disciples une gouvernante pour prendre soin des rafraîchissements et asseoir les nouveaux venus.
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