AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Mayalen Goust (322)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Lisa et Mohamed

Le sous-titre de la première de couverture -- Une étudiante, un harki, un secret... -- porte parfaitement le thème de cette très belle bande dessinée qui aborde avec doigté, sérénité et émotion le drame des harkis, des hommes restés fidèles à la France, mais surtout à leur terre, leurs village au coeur de l'atmosphère de destruction et de malheur de la guerre d'Algérie.



C'est donc une étudiante, Lisa, qui rencontre, un peu par hasard, Mohamed, le vieil harki, perdu dans de trop douloureux souvenirs, qu'elle parvient patiemment à faire exprimer son histoire, sa douleur, ses peurs encore présentes, à travers ses souvenirs de cette guerre où certains ont peut-être fait le mauvais choix mais ne méritent sûrement pas leur statut, plutôt leur absence de statut, rejetés qu'ils sont de tous côtés.



Les dialogues sont souvent durs par l'évocation de tant de mal, de la torture, de la peur permanente, de l'absence d'issue. Ils sont en même temps pleins de pudeur et de retenue s'harmonisant ainsi parfaitement avec les images aux rendus magnifiques.



Tous les dessins du livre sont parfaits, ils restituent par les traits des différents visages, l'émotion portée par les protagonistes y compris par la jolie Lisa qui dénoue les fils du vécu tragique de Mohamed. Les teintes pastel confèrent un très beau rendu aux différentes planches, les pages se tournent en admirant vraiment les images d'une histoire attachante malgré le contexte de ces moments dramatiques vécus en Algérie par les différentes parties.
Commenter  J’apprécie          710
Arlequin ou les oreilles de Venise

Voici sans conteste l'un des plus beaux albums jeunesse qu'il m'ait été permis de voir ces dernières années.



Tout d'abord, immense coup de chapeau à l'illustratrice Mayalen Goust qui a fait un travail, tant sur Venise (avec une petite tendance andalouse) que sur les personnages, qui est vraiment de toute beauté. Chapeau l'artiste.



Ensuite, il y a ce texte magnifique de Hubert Ben Kemoun qui donne un nouvel habit à Arlequin et une nouvelle corde à son arc, en en faisant un accordeur de génie, convoité des riches et ami des pauvres. Son talent et sa générosité font qu'il a ses entrées partout, dans les plus belles demeures comme dans les obscurs cloaques, si bien qu'il est devenu véritablement " les oreilles de Venise ".



Hubert Ben Kemoun redéfinit également le personnage de Colombine, en en faisant la fille mutique d'un riche marchand qui se désole de ce silence. Celui-ci fait appel à Arlequin, l'homme qui sait redonner de la voix aux plus beaux instruments, pour tenter de faire parler Colombine.



Arlequin, d'abord surpris de cette singulière demande, décide malgré tout de tenter de relever le défi. Mais le mutisme a la vie dure, peut-être que tout son talent ne lui servira à rien ? Que pourraient bien dire les cordes vocales de Colombine si jamais quelqu'un arrivait à les accorder ?



Je conseille sans ambiguïté cet album, par contre je mets une petite limitation quant à l'âge des enfants auxquels on le destine car le texte est assez complexe et résistant. Il prendra sa pleine mesure plutôt pour un public âgé de 8 à 12 ans, pas avant. Mais ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          700
Vies volées : Buenos Aires, Place de Mai (BD)

Plaza Dorrego, Buenos Aires, 1998. Tandis que Mario et Santiago traversent la Plaza Dorrego, ils croisent, comme toutes les semaines, des grands-mères manifestant. En effet, de 1976 à 1983, sous la dictature militaire, 500 enfants ont été volés à leurs mères, des opposantes au régime, et confiés à des familles proches du régime, des militaires ou des familles "sûres". Ces grands-mères sont là pour réclamer le retour de leurs petits-enfants et qu'une fois retrouvés, ils soient rendus à leur famille biologique. Mario va à l'encontre de l'une d'elles car il doute aujourd'hui. En effet, il ne ressemble pas du tout à ses parents qui, au demeurant, ne possèdent aucune photo de grossesse de sa mère. Prêt à faire les démarches nécessaires, il sait néanmoins que cela risque de blesser ses parents mais aussi que ce qu'il pourrait découvrir l'anéantirait. Santiago, lui, l'accompagne dans sa démarche. Jusqu'au moment où, pour revoir l'infirmière qui s'est occupée du prélèvement d'ADN, il fait le test également. Les deux amis sont loin de se douter des conséquences de leurs actes...



De 1976 à 1983, nombre d'opposants à la dictature militaire disparurent. Près de 30000 personnes qui furent, pour la plupart, assassinées. Parmi elles, des femmes enceintes dont les bébés naquirent en captivité. Plus de 500 enfants furent ainsi donnés à des familles militaires, proches du régime ou encore des policiers. Aujourd'hui, grâce notamment aux grands-mères qui se mobilisèrent pour que ces enfants soient rendus à leur famille, plus de 120 enfants ont pu rejoindre les leurs. Santiago et Mario, deux jeunes hommes, font partie de ceux qui s'interrogent sur leur origine et leur famille. Effectuant tous les deux les tests ADN, ils ne savent pas que leur vie va basculer. C'est au cœur de ce contexte méconnu que nous plonge Matz avec cet album. Un album enrichissant, instructif et émouvant sur le comportement du régime militaire au cours de ces années. Il met en avant ce pan de l'histoire mais aussi la complexité des rapports humains, la difficulté de se construire et d'être sans connaître ses vraies racines ainsi que les répercussions sociales et psychologiques. Ce récit réaliste, empreint de sensibilité, est habité par deux personnages très attachants aux caractères opposés. Graphiquement, Mayalen Goust, de par son trait délicat et ses couleurs au ton pastel, nous offre de très belles planches douces et légères.
Commenter  J’apprécie          625
Lisa et Mohamed

De nos jours, on ne sait plus vraiment qui sont les harkis. Cette BD va traiter de ces personnes qui ont beaucoup souffert à la fin du conflit algérien suite à leur exode dans la métropole.



J'ai bien aimé cette BD car elle met l'accent sur ce qui s'est passé et qu'on a vite voulu oublié. Les harkis ont aidé les français qui les ont abandonnés à leur triste sort malgré une victoire militaire indéniable sur le terrain. Les harkis sont dès lors considérés comme des traîtres à leur nation. Ils seront pourchassés et tués. Beaucoup d'entre-eux viendront se réfugier dans la Métropole après avoir tout perdu.



Le président Bouteflika qui a dirigé l'Algérie pendant 20 ans (1999- 2019) avait gracié les intégristes musulmans responsables de la fameuse décennie noire qui avait endeuillé ce pays mais qu'il n'a jamais pardonné aux harkis même 40 ans après les faits.



Ainsi, on apprendra par les paroles de Mohamed qu'un harki et sa famille n'ont toujours pas le droit de fouler les pieds en Algérie, également leur terre natale. Au contraire, la France accueille les ex du FLN. Oui, il y a deux poids, deux mesures selon lui. On ne peut cependant le nier.



J'ai bien aimé la fin de ce récit qui donne un peu d'espoir de réconciliation qui serait nécessaire pour avancer. Néanmoins, le peuple algérien ne serait pas encore prêt. On espère alors qu'il le sera un jour car la haine ne sert à rien. C'est un peu tous le sens donné dans cette BD.

Commenter  J’apprécie          560
Alicia : Prima ballerina assoluta

Je trouve dommage que le sport ou l'art comme la danse classique puisse être utilisé par des pouvoirs politiques non démocratiques comme une base pour leur propagande nauséabondes.



Ce fut le cas de Cuba et de ses dictateurs les frères Castro qui se servirent d'Alicia Alonso, la grande danseuses étoile, qui ouvra une école de ballet à la Havane après la révolution.



On peut dire que celle-ci n'approuvait pas forcément toutes les idées de ce régime mais elle voulait survivre à tout prix et faire évoluer la danse classique vers la voie de la démocratisation. C'est assez subtile au cours de la lecture pour le percevoir. Il faudra que le lecteur soit particulièrement attentif.



Le graphisme est plutôt soigné avec également ses tons pastels qui s'allient assez bien avec la grâce du mouvement de la danse classique.



Il faut savoir que l'histoire va s'étendre de 1931 à nos jours. Il y aura plusieurs générations de danseuses étoiles qui vont se croiser en éprouvant de la passion pour cet art qu'avait inspirée Alicia Alonso et ce malgré sa cécité survenue à l'âge de 19 ans. Elle se repérait sur scène grâce aux lumières.



C'est un portrait de femme à découvrir. Il y a le talent qui est incontestable. Et puis, il y a la politique, le pouvoir et même la religion. C'est le thème du rapport des artistes avec l’état.

On retiendra surtout qu'elle a incontestablement contribué au développement et à la sauvegarde de la danse classique.

Commenter  J’apprécie          493
Vies volées : Buenos Aires, Place de Mai (BD)

Deux amis argentins. L’un est intrigué de ne pas ressembler physiquement à ses parents et se demande s’il ne fait pas parti de ses 500 bébés volés que des grands-mères recherchent. Son ami l’accompagne au test ADN et le fait aussi, mais pour draguer l’infirmière. Quand les résultats vont tomber, leurs vies va prendre une autre tournure. Des faits historiques qu’il est bien de se rappeler, un scénario bien tourné qui montre que pour certains le passé empêche le présent et le futur. Dommage que l’illustratrice ne soit pas indiquée sur Babelio parce que ses traits de dessins sont magnifiques. Une histoire toute en émotion et instructive !
Commenter  J’apprécie          375
Vies volées : Buenos Aires, Place de Mai (BD)

Des vies volées ont été nombreuses en Argentine de 1976 à 1983, des bébés d'opposants politiques arrachés à la naissance et confiés pour l'adoption à des familles en attente d'enfants.



Sur la place de mai de Buenos Aires, des grands mères manifestent pour parler de ce scandale et rechercher faire en sorte que ces petits enfants retrouvent leur parents biologiques.

Mario qui s'interroge sur ses origines, se confie à son ami Santiago et tous deux vont alors faire la démarche de recherche d'ADN.

Cette démarche va bouleverser leur vie, comme on s'en doute.

Cet album ne doit pas être lu pour l'intrigue car il y a peu de surprises mais plus pour l'Histoire et ne pas oublier ce qui peut se passer dans les dictatures.

Le graphisme aux couleurs pastels contrastent avec la violence des faits . J'aime beaucoup les dessins "doux" ,et les attitudes très naturelles.

Un bel album agréable.



Commenter  J’apprécie          350
Arlequin ou les oreilles de Venise

Arlequin ou les oreilles de Venise... à ne pas confondre avec Harlequin ou les oreilles de Venise. Un album qui vient à point nommé...

Arlequin est doté d'une acuité auditive exceptionnelle. A-t-il l'oreille absolue ? En tout cas, il ressent la vibration des sons, des notes avec une telle justesse qu'il est le meilleur accordeur d'instruments de Venise. Malheureusement, ses oreilles délicates sont également hors-normes, ce qui l'amène à subir chaque jour le fiel de médisances et de quolibets qui circulent en sous-main. Parfois, le simple fait d'exister est une source de contrariétés pour d'autres... et le respect un vœu pieux.

Un jour, Arlequin est appelé dans un palace pour y ré-accorder un instrument particulier. Une voix qui s'est éteinte, celle de Colombine. Pour la première fois, l'oreille aguerrie d'Arlequin peine à trouver le problème jusqu'à ce qu'il bruisse enfin, le sentiment harmonique n'étant pas qu'une affaire d'oreille mais plus largement une affaire de cœur.

Les illustrations sont absolument magnifiques.

Un album très intelligent sur l'intolérance, les jugements à l'emporte-pièce, les lâchetés et le besoin immanent du lien.

Commenter  J’apprécie          3411
Kamarades, tome 1 : La fin des Romanov

Et si Staline avait été un agent double du tsar et des Bolcheviks ? Et si Anastasia s'était entichée d'un soldat de l'armée tsariste passé aux Bolcheviks ? Et si les révolutions de 1917 , jusqu'à celle d'octobre, comportaient encore leur part de secrets ? C'est ainsi que se présente en gros le scénario de Kamarades. En héros : Volodia, le soldat passé chez les Rouges. En méchant, devinez qui ? Staline. Alors je veux bien qu'on s'amuse à triturer l'histoire, mais faire passer Staline pour une espèce de marionnettiste capable - déjà - de tous les crimes, ou presque, et éclipsant pratiquement le rôle de Lénine, c'est un peu gros. Surtout qu'il arbore presque constamment un sourire sournois sur le visage, qui rendrait méfiant le plus crédule. Mais non, non, non, tout le monde a l'air de le trouver sympa, alors qu''il est presque écrit "TRAÎTRE et MÉCHANT" sur son front. Et le coup d'Anastasia se mêlant au peuple, tombant amoureuse d'un simple soldat et ayant une influence telle sur son père qu'il en prend une décision politique de grande importance, ça me paraît un peu simplet aussi. Et l'année 1917 passe tout de même à vitesse grand V, si bien que vous avez intérêt à connaître tous les événements qui ont mené à la révolution d'octobre pour vous y retrouver. Voilà, essentiellement, pour les scénaristes, qui ne se sont pas trop trituré les neurones et ont préféré tomber dans le romanesque un peu gnangnan plutôt que de nous livrer une fresque historique vraisemblable (quand bien même elle recèlerait des manigances et des faits secrets, quand bien même s'y insérerait une histoire d'amour).



Découpage classique pour scénario classique, et, allais-je dire, mise en page classique. Quoique... Mayalen Goust se lâche de temps à autre, avec quelques effets qui sortent du cadre, mais on sent qu'elle n'est pas encore assez à l'aise avec le procédé. En revanche, cette patte particulière de dessinatrice, je savais que je l'avais déjà vue quelque part... Mais oui, dans un album pour enfants, Mon lapin Gus, où elle avait fait preuve de beaucoup inventivité sur un scénario là aussi classique ! Et j'ai aimé retrouver sa touche, son travail à l'aquarelle, ses "doubles contours" qui donnent un aspect légèrement flou à son dessin. Et son utilisation de la couleur : son rouge n'est pas là par hasard, elle joue avec les cheveux d'Anastasia comme avec certains détails (une écharpe, par exemple), avec les taches, voire les flaques, voire les mares de sang, pour en faire un leitmotiv de l'album, qui, pour le coup, colle parfaitement au scénario. Il est dommage qu'elle se débrouille un peu moins bien avec certaines expressions des visages. J'ai parlé de l'air sournois de Staline, mais que dire des yeux vides d'Anastasia lorsqu'elle parle de Volodia et qu'elle affirme, ses yeux scrutant ceux du lecteur :"Je sais qu'il est en vie" ? On s'attendrait à de l'émotion, et on se retrouve avec un visage inexpressif à la place.



Toujours est-il que tout le plaisir que j'ai pu retirer de la lecture de cet album, je le dois uniquement aux dessins, voire parfois à la mise en page de Mayalen Goust, ce qui ne me va pas. J'étais heureuse de la retrouver dans un registre nouveau pour elle, mais une BD, c'est un scénario, un dessin, un découpage, une mise en page, une colorisation qui s'entremêlent pour former un tout cohérent et intéressant. Pour l'instant, c'est pas ça qu'est ça, mais voyons la suite...

Commenter  J’apprécie          310
Arlequin ou les oreilles de Venise

"Arlequin ou les oreilles de Venise" est un album pour enfants qui va les amener à réfléchir sur la différence, sur l'importance d'écouter l'autre.

Les dessins fins, délicats et l'histoire très poétique en font un album à l'ambiance italienne magnifique.

Arlequin a une ouïe très sensible, et devient l'accordeur d'instruments de musique le plus recherché de Venise mais il est doté aussi de grandes oreilles qui font la risée de la communauté.

Son talent va toutefous l'amener à écouter l'âme de Colombine et à être entendu lui aussi...

C'est un très bel album à lire et faire lire aux petits dès l'âge de 6ans.



Commenter  J’apprécie          270
Kamarades, tome 1 : La fin des Romanov



Rouge comme le sang.

Ce roman graphique nous entraîne dans les pas d'un jeune soldat de l'armée cosaque, Volodia, lors de la révolution de 1917. Ses engagements politiques vont lui permettre de rencontrer, d'une part les grands leaders bolcheviks dont le célèbre Staline, un homme fourbe et manipulateur et d'autre part, l'amour en la personne de la mystérieuse Ania. Mais alors que la révolution est en marche, la jeune femme disparaît laissant Volodia à la fois triste et désabusé, devenant une proie facile pour les vautours de la politique.

Reprenant les faits historiques de la révolution russe, les scénaristes Benoît Abtey et Jean-Baptiste Dusséaux intègrent habilement l'histoire d'un jeune héros, enfant de la révolution, amoureux fou d'une jeune fille rencontrée lors des manifestations populaires mais qui, manipulé par des hommes politiques sans scrupule, perdra rapidement ses illusions et l'amour.

Les superbes et originaux dessins de Mayalen Goust donnent toute sa force et son ambiance glaciale à cet excellent tome 1 d'une série qui s'annonce passionnante.

Merci à Babélio et aux éditions pour cette belle découverte.
Commenter  J’apprécie          260
Lisa et Mohamed

Une BD pour comprendre les Harkis, ce qu’ils ont vécu, et leur ressenti, tout en sensibilité, et douceur.



Une approche intelligente d’une partie de notre Histoire, encore tabou et douloureuse à ce jour, à travers la rencontre d’une jeune étudiante, Lisa, et Mohamed, qui vient de perdre son épouse.



Son fils ne lui laisse plus le choix. Il propose que Mohamed accueille une ou un étudiant afin de le sortir de son deuil.



La cohabitation ne va pas se faire sans mal. Mais, Lisa veut comprendre la vie de cet homme qui l’intrigue, après avoir trouvé des cassettes. Petit à petit un lien va se créer et l’histoire de mémoire peut commencer.



"Pourquoi vous avez choisi de vous battre pour la France ?



Quoi ?



Pourquoi vous avez…



On vous apprend vraiment rien à l’école. Je ne savais même pas que c’était la guerre."



Et le pardon… Ne serait-ce que pour pouvoir panser les plaies…



Le graphisme est tout simplement superbe, des touches de bleu, de jaune et de beige et de blanc viennent appuyer le récit et les différentes périodes de l’histoire.



Remarquable ! Là aussi, prévoyez des mouchoirs !
Commenter  J’apprécie          250
Lisa et Mohamed

Portés par l’histoire de Mohamed qui se confie à Lisa loin des discours politiciens, Lisa et Mohamed est une BD délicate et sincère qui illustre avec force la réalité du terrain subi par les Harkis depuis les accord d'évian, dans la lignée du très beau roman « L’art de perdre » d’Alice Zeniter .

Jugés comme traitres à leur patrie, les Harkis qui ont risqué la vie pour la France, ont fui l’Algérie – sous peine d’une mort certaine – en 1962 et, n'ont pas vraiment eu de considération en France et les Harkis sont toujours interdits de séjour sur le sol algérien.Après L’Œil du STO, l'an passé, Julien Frey continue son travail de mémoire des zones sombres de notre passé en abordant avec sensibilité cette question encore douloureuse aujourd'hui des harkis.



Un récit d'apprentissage et une rencontre entre deux générations que rien ne portait à se rencontrer, qui évite le didactisme et le manichéisme et qui pose la question de savoir quel camp choisir, cette sombre période de l’Histoire qu’on connaît finalement si peu à travers les manuels scolaires.



Le travail de cadre et de colorisation de Mayalen Goust démontre l'humanité et la puissance narrative du projet .
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          240
Vies volées : Buenos Aires, Place de Mai (BD)

Argentine, Buenos Aires.



De 1976 à 1983, le pays est sous le coup de la dictature militaire. Les opposants au régime dont font partis la majorité des étudiants et des jeunes couples, font l'objet d'arrestations. Tortures, meurtres, vols d'enfants et de bébés sont monnaies courantes. 500 bébés sont arrachés à leurs mères dès leurs naissances et confiés à des partisans du régime.



Depuis cette date, des grands-mères se battent pour retrouver les enfants. Ce sont les grands-mères de la place de mai.



En 1998, on rencontre Mario et Santiago, deux amis, qui s'interrogent. Mario a des doutes sur son origine. Il trouve qu'il ne ressemble pas à ses parents. De plus, à la maison, il ne trouve aucune photos de lui bébé ou de sa mère enceinte. Il veut passer un test ADN. Santiago l'accompagne mais pour une toute autre raison : revoir la jolie infirmière qui y travaille. Alors, lui aussi finalement passe le test.



Si Mario attend avec impatience les résultats, Santiago n'en a que faire. Pourtant les résultats vont changer leur vie à tous les deux.



J'ai beaucoup aimé cette bande dessinée qui retrace un fait historique marquant du passé argentin. J'ai apprécié la manière d'évoquer ce drame du point de vue des enfants arrachés à leurs familles de nombreuses années plus tard. Je trouve fascinant le dévouement de ses grands-mères qui ne lâchent rien depuis tout ce temps et qui, chaque année, manifeste pour que l'on entende leur histoire.



Il y a peu de texte mais les images et le graphisme parlent d'eux-mêmes. Tout est dit. On comprend le malaise subsistant encore de nos jours et les conséquences ressentis sur les vies de ces enfants devenus des adultes aujourd'hui.
Lien : https://labibliothequedemarj..
Commenter  J’apprécie          230
Kamarades, tome 3 : Terre promise

Quand le vin est tiré, il faut le boire. Aussi en ai-je terminé très rapidement, après la lecture du tome 2, avec la série Kamarades dont je n'attendais de toute façon plus rien. Mais sait-on jamais, un petit éclair d'inventivité aurait pu me faire remonter la pente... Ça n'a pas été le cas.





Je serai brève. Non seulement on continue avec le mythe des Romanov qui sont devenus de très très braves gens (oui, même la mère est devenue paisible, gentille et tout ce qu'on voudra), mais en sus, après un petit bond historique en avant, on se retrouve en pleine guerre sovieto-polonaise sans qu'on y comprenne rien. Aucun contexte n'est mis en place, aucune explication n'est fournie, et tout est formaté pour montrer à quel point l'ancien tsar est un homme courageux, ainsi que, bien entendu, Volodia et Anastasia. De Lénine, on ne voit pas grand-chose, on a vaguement redonné à Staline son rôle de sournois homme de l'ombre du premier tome, et puis voilà. Et on a toujours pas compris pourquoi Hitler était apparu brièvement dans le second tome. Quant à la fin, elle est tellement attendue que c'en est presque insultant pour les lecteurs !





J'ai même commencé à me dire que le découpage n'aidait en rien à la lecture - mais tellement d'informations manquent que la guerre sovieto-polonaise de 1919-1921 est de toute façon traitée par dessus la jambe, découpage réussi ou pas -, et j'ai trouvé que Mayalen Goust se reposait un peu sur ses lauriers, son graphisme perdant de sa finesse, et sa colorisation, en particulier, perdant peu à peu de son charme.





Pourquoi avoir conçu un projet de BD historique autour des révolutions russes de 1917 et des débuts de la Russie bolchevique pour transformer tout ça en fatras imbuvable, voilà qui m'échappe totalement.
Commenter  J’apprécie          230
Vies volées : Buenos Aires, Place de Mai (BD)

Quelle magnifique BD !

J'ai d'abord adoré les illustrations. je découvre Mayalen Goust. Elle a su, avec talent, accompagner le texte de Matz, sans violence, ce qui rend à mon avis cette histoire tragique encore plus forte. La douceur des couleurs et la finesse du trait en font une BD très élégante.

Certaines planches, notamment celles avec les arbres, m'ont fait penser aux traits de Van Gogh et les personnages longilignes à Modigliani ?

Le texte de Matz nous plonge dans cette partie de l'Histoire terrible de l'Argentine et de sa dictature militaire. Avec ces vies volées, nous découvrons ou nous rappelons le destin de ces enfants arrachés à leurs parents. Et tout ce qu'il en résulte de tristesse, d'incompréhension, de quête d'identité et de leur recherche par leurs familles respectives.

Dans le texte aussi c'est sans violence que l'auteur nous livre ces pages d'Histoire révoltante.

La recherche de ces grands-mères de la place de Mai se poursuivent...

Commenter  J’apprécie          229
Alicia : Prima ballerina assoluta

Alicia Alfonso ou la prima ballerina assoluta fut une grande danseuse classique cubaine. Ces deux termes peuvent paraître aux antipodes, et pourtant...



A travers son destin de jeune danseuse étoile puis celui d'une autre jeune fille à notre époque (Amanda), la journaliste et la dessinatrice de cette bande dessinée retracent non seulement une courte biographie de la danseuse mais aussi l'histoire de Cuba après la fin du régime de Batista. Que ce soit à travers le destin de la première ou de la seconde, le lecteur est mis face à la souffrance d'un peuple qui, pour la plupart, est pauvre et pour qui l'accès à la culture est limité.

Le destin et la carrière d'Alicia Alfonso n'ont donc pas été qu'un enjeu artistique, mais aussi politique. En effet, l'auteure nous montre comment le régime castriste s'est emparé de cet art à des fins nationalistes : que ce soit pour "éduquer les masses" ou construire l'idéologie de la "cubanidad" - avec plus ou moins de complaisance. L'auteure montre aussi avec un certain humour comment la figure de l'artiste a été "récupérée" par les institutions religions pour raviver une fierté nationale et une tradition plus "folklorique" qui avait été interdite pendant un moment. Un héritage qui , visiblement, perdure de nos jours.



Les deux portraits de personnages sont des jeunes femmes qui luttent dans un pays avec une culture plutôt machiste et qui luttent pour exercer leur passion malgré des accidents de la vie.



C'est un aspect de l'histoire cubaine que j'ignorais totalement, et en cela je suis contente de l'avoir découvert, d'autant plus que les graphismes tout en finesse et gracieux alternent les couleurs à merveille (le chaud, le froid et la rencontre des deux) pour illustrer le propos. En revanche j'ai regretter de ne pas avoir davantage d'explications sur le contexte historique et social.



Ceci dit, cela m'a donné l'occasion de chercher par moi-même davantage d'information sur cette artiste décédée en décembre 2020, dans un domaine réputé si fermé. On peut donc considérer que c'est du bon boulot de la part des auteures !
Commenter  J’apprécie          200
Vies volées : Buenos Aires, Place de Mai (BD)

C'est le résumé et le style graphiques qui m'ont attiré. Cependant, ne cherchez pas ici une histoire douce et légère. Basée sur des faits réels, l'histoire nous amène en Argentine à la rencontre des Grands mères de la place de mai, qui recherchent leurs petits enfants, enlevés pendant la dictature pour être élevés par des membres du Parti.



C'est un récit glaçant, que nous découvrons à travers les yeux de deux amis.



J'ignorais tout de cette histoire. Quel drame ! Et dire que des choses similaires ont encore lieu. J'ai pensé aux USA et à la polémique autour des enfants des migrants.



Si vous aimez les romans graphiques et historique, celui-ci est à découvrir.
Commenter  J’apprécie          200
Alicia : Prima ballerina assoluta

Alicia est une danseuse étoile cubaine, l'une des plus grandes et des plus talentueuses que le pays ait jamais connu dans les années 1930.



Alors qu'elle doit remplacer à pied levé une ballerine malade, elle fait l'admiration de tous dans le ballet de Gisèle, elle a un talent et une volonté hors du commun.



Plus tard, en 2011, une autre danseuse cubaine, Amanda admiratrice d'Alicia est repérée pour son talent et admise pour danser à l'école du ballet national cubain. C'est une grande admiratrice d'Alicia qu'elle souhaite vivement rencontrer lors de sa visite à l'école de la Havane.



En toile de fond et pour L'Histoire, le régime de Fidel Castro est évoquée, les auteurs nous montrent les liens idéologiques et politiques qui unissent l'homme politique et la ballerine qui vont oeuvrer de concert afin que la danse classique devienne accessible à tous et à toutes.



Alicia prima ballerina...est un beau et bon roman graphique qui allie l'utile et l'esthétique. Il est constitué d'un papier de qualité très agréable à manier, les planches sont très belles, on y voit l'envol des ballerines dessinées en clair sur fond plus sombre. Celles-ci sont comme des fleurs, des papillons, des cygnes qui symbolisent la grâce et la beauté ainsi que l'art de la danse classique.



On admire aussi les images de la vie à la Havane avec ses bonheurs mais aussi ses difficultés quotidiennes.



Joli roman graphique à s'offrir ou se faire offrir. Il peut être lu par les adultes mais aussi la jeunesse qui s'intéresse à la danse classique.







Commenter  J’apprécie          190
Vies volées : Buenos Aires, Place de Mai (BD)

Je me suis laissée emporter par la lecture de ce roman graphique aux accents de vérité. C’est superbement illustré, les dialogues très réalistes, souvent teintés d’humour en dépit du sujet dramatique, et l’histoire tout ce qu’il y a de plus crédible. J’ai failli ne pas emprunter le livre de peur d’avoir à affronter les exactions commises par la dictature militaire sévissant en Argentine au tournant des années 70-80. Le livre traite plutôt de l’après, de comment la génération suivante se remet du traumatisme et plus particulièrement de la réunification des familles où il manque une génération: celle des victimes de la junte militaire. Je connaissais les faits: le vol des enfants des opposants, rendus orphelins (après la torture et l’assassinat de leurs parents) qu’on confiait en adoption à des familles proches du régime; et le travail de recherche des grands-parents après le retour à la démocratie. Ce livre m’a fait toucher du doigt la douleur d’ignorer sa propre histoire, de découvrir que ses origines biologiques ne coincident pas avec l’idée qu’on en avait et la douleur encore plus vive de ne pas les retrouver.
Commenter  J’apprécie          180




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Mayalen Goust (1092)Voir plus

Quiz Voir plus

En route avec James Stewart

Dans ce film, adaptation du roman de Lewis R. Foster, James Stewart joue en 1939 sous la direction de Frank Capra. Il entre en politique aux côtés des acteurs Claude Rains et Edward Arnold dans:

Monsieur Smith au Sénat
Monsieur Smith au Capitole
Monsieur Smith à la Maison Blanche

10 questions
8 lecteurs ont répondu
Thèmes : acteur , Acteurs de cinéma , hollywood , adapté au cinéma , adaptation , littérature , romans policiers et polars , roman noir , culture généraleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}