Citations de Melania G. Mazzucco (54)
Il disait que la musique naît du bruit, comme la beauté de la douleur.
Nous sommes indulgents avec ceux qui ne le méritent pas et sévères avec ceux en qui nous avons cru.Mais seuls ceux que nous aimons peuvent nous décevoir.
Ce qui nous distingue, Dominico, aurais-je voulu lui dire, ce ne sont pas les thèmes ou les sujets qu'on nous commande, qui sont déterminés par la religion, la demande du marché et l'air du temps,mais le sentiment que nous insufflons à ces thèmes et ces sujets, nous qui les abordons quand mille autres artistes les ont traité avant nous : la répartition des personnages dans l'espace, le point de vue rapproché ou sidéral d'où nous les regardons, leur fusion harmonieuse dans le paysage ou l'étroitesse des pièces où ils sont enfermés, la présence des objets et du monde ou bien l'abstraction , la réduction des personnages à l'état de fantômes de l'esprit, la quantité de détails que nous fournissons ou passons sous silence.Et, par dessus tout, le rapport qui lie les personnages enre eux, l’attraction, la répulsion, la dévotion, la rancœur. La façon dont chacun détermine, limite ou engendre la présence de l'autre, exactement comme nous dans la réalité.Le raccourci d'un corps, les convulsions d'un soleil couchant, la profondeur de l'ombre, la poésie d'une épaule nue, la mélancolie d'une bouteille par terre, la solitude d'un palmier dans le vent...Ce sentiment est la lumière. Muette, comme nous.Nous sommes du temps qui s'écoule. Mes tableaux ont changé avec moi. »
« J'ai toujours cru au miracle. En effet c'est « le Miracle de l'esclave » qui a changé ma vie.
Mais que devient l'art s'il n'est qu'une chimère dans la tête de celui qui le rêve ?
Nous appartenons moins à l’endroit d’où nous venons qu’à celui où nous voulons aller.
Il règne un tel silence, un vide si absolu dans la nuit - pas un cri d’oiseau, pas un battement d’ailes -, qu’il a l’impression d’être le seul être vivant dans le royaume des morts. En fait de cantiques célestes, un silence d’abîme sous-marin plane sur l’au-delà.
« Je voulais laisser la trace de mon passage sur cette terre, mais j’avais choisi la création, pas la procréation. Je voulais engendrer par mon talent, non par ma semence, un monde de lumières et de formes, auxquelles je conférerais une vie qui ne serait pas éphémère et n’aurait nul besoin d’être élevée au quotidien, nourrie, protégée, entourée de tous mes soins ».
Seule la distance crée la perspective.
Aujourd'hui je suis mon propre fils et disciple.Je me suis mis au monde tout seul.
J'ai sillonné tous les océans de la terre en courant entre ces draps(...).Les murs de la teinturerie ont été mes premières toiles.
C'est la première leçon que j'ai reçue de mon père : veiller à m’enthousiasmer de belles choses aux couleurs éclatantes et précieuses et me salir les mains pour les obtenir.
Les curieux se pressent chez les artistes. Ils essaient de découvrir leur secret. Ils regardent nos humbles instruments de travail – qui se résument au fond à de simples baguettes de bois, des étoffes rêches, des poils fournis par les naseaux, les oreilles et le cul d’animaux fort sales – et nous questionnent sur nos manies, nos rites : comme si, en nous imitant, ils pouvaient s’approprier aussi notre capacité de créer.
Je voulais peindre Jacometto quand ses traits ne changeraient plus et seraient reconnaissable entre tous, quand Jacometto cesserait d'être identique à mille autres bébés, que n'affleureraient plus sur son visage les traces de toutes les générations qui l'avaient précédé et qu'il commencerait à être lui-même.