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Critiques de Mélanie Richoz (58)
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Nani

Comment résister aux coups assénés par son mari?



C'est à partir d'un témoignage que Mélanie Richoz a construit ce roman sur les violences conjugales. L'histoire d'Albina, vendue à 14 ans à un mari qui la considère comme sa chose émeut autant qu'elle révolte.



En Albanie, au tournant de ce siècle, la société est restée très archaïque, les traditions solidement ancrées. À quatorze ans, Albina est vendue par son frère à Burim, un homme qui ne va pas tarder à en faire sa chose, à l'abreuver d'insultes, de coups de plus en plus violents. Et à la violer régulièrement. «A la place du mariage, la jeune femme aurait préféré la prison. Pour s’instruire. Pour apprendre. Pour se préparer à un demain libre.»

À 16 ans, elle met au monde son premier enfant, un garçon prénommé Leotrim. Quatre autres suivront à un rythme soutenu, Vlorie, Lirie, Siara et Arben.

Accompagnée des beaux-parents, la famille s'installe en Suisse où la situation ne s'arrange pas, bien au contraire. Burim, qui ne travaille pas et cherche son salut dans la petite délinquance, rentre souvent ivre et lâche toute sa frustration sur Albina. Qui encaisse et ne dit rien car elle sait que se plaindre pourrait avoir de funestes conséquences.

Le hasard va cependant lui venir en aide. Comme le lave-linge est en panne, elle doit se rendre à la laverie. Là, elle va trouver une petite annonce pour quelques heures de ménage. La vieille dame qui l'embauche est une ancienne juriste. Elle va très vite se douter des mauvais traitements infligés à son employée et l'inciter à se défendre. Mais la peur et le manque de connaissances continue à la paralyser. D'autant que son aîné prend le parti de son père. «Albina n’arrive plus à trouver le sommeil. Des idées noires émergent. La terre se fissure, se fend, se partage. Entrevoir la déchéance de son fils lui fait perdre pied; encaisser sa hargne la dévaste. L’eau de la tourbière monte, l’attire, l’aspire. L’appelle. Son cœur s’emballe. Palpite. Panique. Elle peine à respirer. et survient encore l’envie de sombrer. De mourir.»

Elle va pourtant trouver le moyen de réagir. Essayer de s'émanciper.

Mélanie Richoz, qui souligne en postface qu'elle s'est appuyée sur un témoignage pour écrire ce roman, a choisi d'être très factuelle. Elle nous livre ce drame en chapitres courts. Il est vrai qu'il n'est pas nécessaire d'en rajouter pour dire la souffrance endurée par cette esclave des temps modernes. La romancière réussit aussi fort bien à cerner les enjeux du combat qui s'engage. Il n'est pas seulement question ici de violences conjugales, mais du poids de toute une société patriarcale. Burim peut compter sur le soutien de ses beaux-parents, de ses compatriotes albanais. Il s'estime dans son bon droit et n'entend pas céder un pouce de ses prérogatives. Les questions d'intégration et de différences culturelles sont parfaitement mises en lumière dans ce roman bouleversant.




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Un garçon qui court

Il y a des écrivains bruyants, tonitruants même, des flamboyants, des bavards et puis il y a les discrets. Mélanie Richoz est de ceux-là. Qui posent leurs mots avec délicatesse et une attention extrême tels des petits cailloux guidant le lecteur. Un savant dosage de petits cailloux car parmi les blancs, de temps en temps, une couleur interpelle, des nuances de rouge qui font monter l'émotion, des tons plus froids qui annoncent le drame... C'est précis, efficace, convaincant et remuant. Si peu de pages, tant d'émotions.



Au milieu de l'effervescence de la rentrée littéraire, cette plume rassure et apaise. Pourtant, le sujet est grave. Frédéric, le narrateur adresse une lettre à Roger, alors emprisonné. Au fil des pages, il dévoile ses failles, ses meurtrissures de l'enfance puis de l'adolescence. Sa relation d'amitié avec Roger, sorte de guérisseur - gourou adulé par des familles entières et surtout par sa mère et sa grand-mère. Cette relation si forte, si spéciale, basée sur la confiance. Comment admettre que cette confiance ait été trahie, que Roger soit un autre ?



Ce que nous fait ressentir Mélanie Richoz avec ce superbe texte, c'est ce fil sur lequel évolue Frédéric, ce "garçon qui court" pour ne pas se laisser rattraper par les drames de l'enfance. Frédéric qui avance dans sa vie d'homme, trouve la paix auprès de Lucile, et remplit le vide en écrivant et en publiant des romans les uns à la suite des autres... Tout en n'ayant encore jamais rien raconté de ce qui s'est passé avec Roger.



"Mais c'était aussi peut-être pour faire durer notre histoire au-delà d'un livre qui enferme les choses dans un espace clos, restrictif, et les ponctue inéluctablement."



Cette lettre est autant pour Roger que pour Frédéric, pour l'aider à poser des mots sur des faits anciens, à y voir clair dans cette relation d'amitié et d'amour mêlés, sur le manque paternel qu'il a fallu combler, sur le manque fraternel qu'il a fallu pallier. Pour l'aider à démêler l'écheveau de ses sentiments enfouis. Le fil est ténu. Frédéric aurait pu basculer. On le sent, on le vit. Et sa voix bouleverse d'autant qu'elle est mesurée, à la fois douce et lucide, sans haine, juste l'envie de se libérer une fois pour toutes, de couper les derniers liens qui l'attachent encore à cet homme.



"Oui c'est ça, chacun de mes livres n'est en définitive qu'une mue. Et moi, un phasme qui se meut lentement, de roman en roman, en se fondant dans son environnement et en se camouflant dans la fiction. Jusqu'à perdre ma propre trace."



Cette lettre, pour Frédéric, c'est une renaissance, un retour à la vie. Un texte que le lecteur reçoit en plein cœur, si juste, si mesuré, si effilé. Un concentré d'émotion et de finesse.
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Un garçon qui court

Un petit livre sombre et lumineux. Une longue lettre portée par une voix sobre et sans pathos inutile.



Mais aussi un livre qui parle de la relation difficile d’un fils avec une mère abusive et inadéquate… et tout au long de cette lettre, on découvre un autre personnage, un gourou, médium un peu devin, trouble et omniprésent.



Une lecture qui retourne
Lien : https://www.noid.ch/un-garco..
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Le bus

Trois sœurs, trois parcours de vies avec chacune ses failles. L’enfance, l’adolescence, et vite arrive le temps du sexe et, à leur tour, de la maternité – pour celles qui le peuvent.



Avec des hommes en filigrane.



Un livre sur la sororité, les liens qui nous relient, les blessures de la vie et de la chair.
Lien : http://noid.ch/le-bus/
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J'ai tué papa

Bref mais intense. Poétique mais réaliste.



Véritable immersion dans la tête d'un papa et d'une maman et encore plus profondément dans celle de leur enfant autiste.



J'ai apprécié la justesse des très autistiques du protagoniste mais aussi la tendresse et la légèreté qui rythment ce roman.



C'est une belle leçon de vie.



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Nani

Albina a été mariée de force à 14 ans. Arrivée en Suisse, elle a eu 5 enfants, témoins et victimes des brutalité de leur père. Un court roman, emprunt de violence, de cris et de souffrance, mais aussi de courage et de résilience, écrit dans une langue concise, tranchante et aux accents poétiques.

Un livre reçu dans le cadre de Masse Critique Babelio.
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Mouches

Mélanie Richoz, je commence à bien la connaître, je l’ai même rencontrée. C’était à Morges, c’était "Le livre sur les quais". Son sourire, sa voix douce, ses yeux pétillants, m’ont dit combien ses écrits lui correspondaient. J’ai adoré "J’ai tué papa", mais aussi "Le bus" ou "Apollo". "Mouches", son dernier ouvrage, ne fait pas exception.



Cette auteure a le don de dire beaucoup dans un minimum de mots. Je l’imagine élaguant ses textes à l’extrême, n’en conservant que l’indispensable, le mot qui claque, l’expression qui fait mouche. Tout est dit, rien ne manque, et c’est très fort. Vous imaginez, quatre-vingt-six pages pour raconter une vie, les bonheurs, les malheurs. L’écriture est épurée, et pourtant elle sautille. Elle a happé la lectrice que je suis, m’a émue au plus haut point, m’a fait rire et pleurer. Tout est sensibilité, amour souvent et haine parfois.



Madame Dumas ou Josiane, Anita, Henri, dans ce roman, les personnages se mélangent. Nous sommes hier ou aujourd’hui, ici ou là. Mélanie Richoz nous raconte une vie. Josiane, la mort de sa maman, l’indifférence de son papa. Et puis maintenant sa tête qui s’en va, qui s’en vient et finalement ne revient plus. Elle nous raconte la fin de vie, les enfants, leurs réactions, leur présence ou leur absence. Elle nous dit tout de ce que le présent supporte du passé. Elle nous dit tout de ces moments difficiles avec une sensibilité, une délicatesse, une émotion hors du commun, une rare poésie. Les mots sont chuchotés, murmurés, fredonnés… "Mais quand elle se balance devant elle et chante : Colchiques dans les prés, fleurissent, fleurissent… Les yeux de la vieille dame cessent de flotter et accostent ceux de l’infirmière. Elle se balance et elle fredonne Colchiques dans les prés, c’est la fin de l’été."

Ce récit est d’une grande pudeur, d’une infinie tendresse. Rien n’est asséné, tout est suggéré avec subtilité "Je peux te servir un thé, Anita ? C’est gentil, lui répond l’auxiliaire de vie, mais il est l’heure d’aller dormir. Et, je ne suis pas Anita mais Christine. Vous vous souvenez ? Josiane ne répond pas…"



Refermer ce petit livre n’est pas l’oublier. Bien au contraire, les mots continuent de trotter et la gorge de se serrer. J’en ai omis de parler des mouches, leur sens, leurs bourdonnements…ce n’est pas grave, vous aurez le plaisir de les découvrir…



Poignant, bouleversant, un roman particulièrement puissant sur la fin de vie.



Je remercie l'auteure et les Editions Slatkine pour cette lecture.


Lien : https://memo-emoi.fr
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Tu es la soeur que je choisis

Une trentaine de femmes écrivent ou dessinent pour les femmes. C'est un ouvrage édité à l'occasion de la Grève des femmes, en 2019.

Dans ce court ouvrage sont réunis textes, nouvelles, poèmes, dialogue théâtral, chroniques....tout parle de condition féminine, pour dénoncer, pour glorifier, pour ironiser.

Bien évidemment, je n'ai pas tout apprécié de la même façon: certains textes m'ont paru fades, d'autres au contraire trop militants, mais le tout m'a été agréable à découvrir. J'ai trouvé très drôle la nouvelle "Au retour" dont la chute m'a bien amusée. " J'ai le droit" est improbable mais vraiment inattendue aussi.

Bon je ne passerai pas le livre en revue. Les poèmes m'ont moins accrochée.

Les dessins sont parfois abscons, mais souvent très grinçants.

Je remercie Babelio et les éditions Le courrier. C'est un très beau cadeau et je pense finalement l'offrir à... ma soeur!

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Le bain et la douche froide

Autant le dire tout de suite, je n'ai jamais été très attiré par les nouvelles. Étant tombé sous le charme de la plume de Mélanie Richoz avec ses romans Mue et Tourterelle, je me suis décidé à franchir le pas. Je pensais ne pas avoir le temps de me plonger dans une histoire, de m'attacher à des personnages, avec ces textes courts. Que je me trompais!!! Avec ces 24 nouvelles, autant de portraits, Mélanie Richoz m'a remis les idées en place et de quelle façon!



L'auteur nous fait découvrir une galerie de personnages, de la petite fille, à l'écrivain, en passant par la thérapeute, la femme amoureuse. Des personnages essentiellement féminins qui sont plongés dans le bain de leurs vies. Des vies qui passent tant bien que mal et qui vont se trouver bouleversées par un événement, une prise de conscience, douloureuse, souvent cruelle, violente. Les thèmes tels que l'inceste, l'homosexualité, le manque d'amour...





A l'image de Cindy dans sa rédaction dans la nouvelle d'ouverture Mademoiselle Jupenlair, Mélanie Richoz écrit pour comprendre la vie, elle la dissèque au scalpel, elle va à l'essentiel. C'est juste, c'est précis, ça bouleverse, ça fait mal.



"J'en avais déduit qu'on pouvait tout écrire, que rien n'était ni juste, ni faux ; qu'écrire permettait de dire les choses sans vraiment les dire, de les déguiser. Pour s'en distancer. Pour comprendre.

Pour passer outre."



Mélanie Richoz nous décrit la vie. Ce bain dans lequel nous sommes tous plongés. Ce bain, eau stagnante dans laquelle nos compromissions, nos petites défaites du quotidien, nos douleurs, nos peines mais aussi nos joies, nos espoirs, se heurtent, entrent en collision. Dans ce bouillon de culture, les réactions chimiques s'enchaînent, l'eau stagnante devient effervescente, elle bouillonne jusqu'à se transformer en jet : la douche froide de la prise de conscience, de la réaction violente à tout ce qui s'est accumulé dans la baignoire de nos vies. De sa plume directe, concise, précise, chirurgicale, Mélanie Richoz fouille dans nos entrailles pour aller frapper directement au coeur. Une écriture où l'économie de mots rend ceux-ci encore plus efficaces, plus puissants. Finalement que c'est bon l'économie.



" J'étais amoureuse pourtant. J'ignore pourquoi, et j'ignore ce qui m'avait plu chez toi, mais j'étais amoureuse. Pour la première fois de ma vie, j'avais envie d'une main dans la mienne.

Je crois même avoir été heureuse. De temps en temps. Pas au début, parce que c'était difficile. Pas pendant, parce que nous nous bagarrions. Pas à la fin, parce que c'était douloureux. Mais entre. Entre le début, le pendant et la fin, dans les éphémères réconciliations physiques des amours débutantes et des passions chaotiques. C'était tellement bon de se perdre, et de se retrouver

en se perdant en l'autre."
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Mue

Jean Wilson est éditeur. C'est un homme froid, distant, de ceux qui ne s'encombrent pas des règles qui régissent le comportement en société. Un homme à femmes qui ne recherche que des aventures d'une nuit. Un personnage assez abject qui ne s'embarrasse pas de sentiments. Il ne recherche que son plaisir, et jette ensuite celle qui le lui a procuré.



"Après un plan baise, rien ne m'importe plus que de me casser. Avant la métamorphose de la femme en petite fille docile qui se blottit et impose à vos bras de l'enlacer"





Lucie Skriva, elle, travaille comme réceptionniste, souvent le soir ou la nuit. Elle passe son temps à lire. Elle tombe sans cesse amoureuse. Elle veut "faire l'amour de manière universelle". Elle ne vit que pour la rencontre.



"J'ai besoin de rencontrer ;

chaque rencontre est un nouveau sillon dans mon histoire qui donne du sens à l'instant et qui fait que je ne suis plus tout à fait pareille après."





Jean Wilson qui aime l'impersonnalité de la chambre d'hôtel pour ces relations d'un soir, va faire la rencontre de Lucie sur son lieu de travail, l'hôtel de Cigogne. Il va aussitôt être subjugué par cette jeune lectrice. Mais qu'ont ces deux personnages en commun.





L"un de leurs points communs est le goût des mots, des histoires. Pour Jean les mots sont son métier, il est éditeur mais garde un souvenir ému de son apprentissage de la lecture. La lecture assidue de la jeune réceptionniste rappelle à Jean ce temps béni où il lisait pour le plaisir;



"Il y avait dans son application à lire l'urgence de vivre. De la dévotion. Une implication entière, sans concession, qui me ramenait à l'époque où je lisais pour le plaisir."



Pour Lisa, les mots, elle aimerait en faire son métier. Elle écrit. Elle écrit pour museler son angoisse, cette "Immortelle" comme elle l'appelle.



"L'immortelle me fait écrire.

Elle est le levain de mon écriture. Une pâte de farine fermentée avec de grosses bulles d'absence, qui n'aspire qu'à être malaxée, tapée et cuite. Comme du bon pain. Si l'Immortelle nourrit mon écriture, c'est aussi l'écriture qui me permet de la supporter. De survivre."



Ce superbe roman qui nous conte la mue des deux personnages par le frottement de leur peaux, le fait de rentrer dans la peau de l'autre, mais aussi par leur rapport aux mots, écrits ou prononcés ou même par leur absence opère aussi une mue sur le lecteur tant ce texte nous bouscule par ces phrases courtes, précises, poétiques chargées d'émotions. Le mot Mue n'est il pas l'anagramme d'ému. Emu je le suis en refermant ce livre, un de ces livres qu'on a justement du mal à refermer. Mélanie, votre plume, et quelle plume, m'a marquée pour longtemps!
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Mouches

Je découvre cette autrice avec ce tout petit opus. Bouleversant. Épuré.



Sans un mot de trop , avec une douceur et une pudeur infinie, Mélanie Richoz raconte Josiane,  ou Mme Dumas,  selon qu'il s'agit de la petite fille ou de la vieille dame dont les souvenirs s'embrouillent, qui ne sait plus quel âge elle a, parce que sa mémoire s'évapore.



Elle revit des moments de son enfance avec une terrible intensité qui la laisse complètement désemparée.

Elle a oublié que ce bel homme en photo sur son chevet était son mari passionnément aimé. Elle se dit juste qu'elle aimerait le rencontrer , et à ce moment là dans sa tête, elle a 20 ans...



"Dans les moments creux, il y en a de plus en plus, on dépose une poupée dans les bras de Mme Dumas.[...] On dirait que sa seule présence l'aide à recouvrer une sorte de paix."



Des bribes de vie éparses,  en désordre,  comme dans l'esprit de cette vieille dame... Les silences entre les lignes sont lourds de sens. C'est un texte puissant sur la fin de vie, extrêmement beau...

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Le bain et la douche froide

Recueil de très courtes nouvelles quand même assez crues dans les thèmes et par le vocabulaire utilisé. Pas du tout ce que je recherchais comme lecture, d'où ma déception. Je ne peux pas dire que j'ai trouvé ma lecture très agréable, peut-être que certaines personnes apprécieront davantage.
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J'ai tué papa

Un récit vite lu, bien écrit qui met en scène, avec tendresse et humour, un autiste, sans éviter les interrogations des proches ni les questions gênantes sur la différence et, surtout, sans éviter les moments poignants.

Une réflexion bienvenue sur la place de ces personnes dans la société et surtout sur la place que nous leur laissons...

A lire de tout urgence par tout un chacun !
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Nani

"Elle veut que la violence soit dite pour chasser la peur qui palpite dans ses veines et délivrer ses enfants du sort que la violence jette dans les familles.

Car la violence est partout.

Surtout dans les familles. "



A la fin de ce roman inspiré d'une histoire vraie, Mélanie Richoz a ajouté une note, à laquelle j'ai emprunté cette phrase pour présenter ma lecture. Parce qu'elle dit la nécessité de ce roman pour cette jeune femme, mais aussi pour toutes les femmes. Parce qu'elle s'appelle Albina, mais cela pourrait être n'importe quelle femme...



C'est l'histoire d'une toute jeune femme albanaise qui va se retrouver à la mort de son père vendue par son propre frère à un homme violent qui l'emmène en Suisse où il vit avec ses parents.  Elle se retrouve esclave de ses beaux-parents et à la merci d'un homme alcoolique qui la bat, la viole, l'insulte en permanence. Nulle solidarité à attendre de sa belle-mère qui a pourtant subi les mêmes violences...Albina ne (sur)vit que pour ses cinq enfants. Jusqu'à ce qu'elle trouve la force de partir...



L'autrice nous plonge dans l'enfer de cette jeune femme, de son écriture directe et épurée, sans pathos avec cette douceur qui lui est propre.. Elle a écouté le récit de la jeune femme, s'en est imprégnée au point de faire corps avec elle et en suivant son intuition, de mettre en mots des ressentis qui ne lui avaient pas été confiés et qui pourtant existaient bel et bien. Comme ce froid qui enveloppe Albina toujours...

Dans cette histoire, il y a aussi le poids d'une société patriarcale où la violence masculine semble la norme, la difficulté supplémentaire due à l'absence d'intégration, le drame des effets collatéraux sur les enfants...

Il y a malgré la violence des faits,  des passages d'une incroyable poésie  et l'autrice arrive à laisser filtrer la lumière au rythme des pulsions de vie d'Albina. C'est un roman d'une puissance inversement proportionnelle à sa concision. Un uppercut en plein cœur.



Lisez ce roman même s'il vous brise le cœur. Lisez le parce que c'est une pépite.



Merci @babelio_ et @editionsslatkine pour cette lecture bouleversante.











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Le bus

Lorsque j’ai lu "J’ai tué papa" de Mélanie Richoz, je ne connaissais pas cette auteure. Mais le livre m’a emporté par l’écriture d’une justesse incomparable, les mots superbement choisis pour nous parler d’Antoine, ce petit garçon différent, l’absence de jugement, l’empathie en embuscade. Depuis, je l’ai rencontrée et j’ai compris. Tout ce que l’on peut ressentir en lisant ses romans, on le découvre dans son sourire, ses yeux rieurs, sa voix douce. Et son dernier roman "Le Bus", de la même manière, m’a prise à son bord. Le voyage fut magique et le coup de foudre au bout de la ligne.



Il ne s’agit pourtant pas d’une histoire tranquille. La vie de ces femmes Jeanne, Cerise et Léonie, trois sœurs, mais aussi Chloé, la fille jalousée de Léonie, nièce adorée de Cerise, est chaotique. Chacune souffre à sa manière dans son corps ou dans son cœur. Si Cerise sert de fil conducteur au volant de son bus, elle qui a si souvent rêvé d’en être percutée, chacune a sa place à tour de rôle. Ce livre a quelque chose d’universel qui peut trouver un écho chez nombre de femmes.



Dans ce petit texte d’à peine 140 pages, Mélanie Richoz traite de beaucoup de thèmes, toujours d’actualité et, notamment, la pression sociale faite aux femmes en terme de maternité, le désir d’enfant, le regret de ne pouvoir l’assouvir ou la peur de ne pas être à la hauteur. Elle aborde, en filigrane, la place des hommes, les non-dits qui détruisent, et les relations familiales toujours compliquées. On y découvre les difficultés relationnelles d’une – comment dire une fratrie composée uniquement de sœurs ? – famille de filles... avec ses jalousies, ses comparaisons, ses incompréhensions.



L’auteure a une écriture qui, "vole, vole, vole…", et je me suis envolée avec elle. Musicale, poétique, fluide, légère, elle réussit à enluminer les moments les plus durs, dépose un voile sur les blessures, adoucit les calvaires, embaume les cœurs et les aide à supporter l’indicible.

"Cerise

aime

les

silences.

… A vingt ans, elle en avait pourtant peur, des silences ; avant de pratiquer une activité professionnelle, sous la menace de ses parents qui s’insurgeaient contre son inertie face à un poste de télévision allumé en permanence… Elle essaie d’éloigner ces assourdissants regrets qui, comme les mouches n’ont pas de mémoire et reviennent, avec une bête insistance, là où on les a chassés."



Alors, oui, par moment c’est noir, gris, sans couleurs

"… le noir et son infinie panoplie de gris avaient gommé la couleur dont le combat lui semblait non seulement vain mais inutile.

Le noir et le blanc,

ses dégradés et ses nuances,

plus subtiles que le passage abrupt d’une couleur à une autre, pour accéder à ce qui se cache, derrière les choses, , les mots, les évidences,

pour transcender leurs ombres."

C’est pourtant un magnifique roman, teinté aussi du rose de l’empathie, qui forcément touche les femmes, mais doit bien évidemment parler aux hommes.



J’ajouterai un bon point supplémentaire pour la couverture d’une beauté sobre, à l’image de l’écriture et qui résume à elle seule le sujet du roman.


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J'ai tué papa

Autisme... Syndrome d'Asperger... des mots qui font frissonner tant l'on ignore ce qu'ils cachent réellement pour ceux qui en sont atteints comme pour leurs familles. Intellectuellement, on croit savoir, on a presque des certitudes, on croit pouvoir imaginer, on pense pouvoir faire preuve d'empathie, on est même capable d'en décrire quelques symptômes. Et puis on lit "J'ai tué papa" et on prend brutalement conscience que toutes les images que l'on se fabriquait confortablement étaient bien loin de la réalité.

C'est pourtant grâce à une fiction que Mélanie Richoz parvient à nous faire ressentir les silences et les cris, les tremblements et les agressions, l'amour et la peur d'Antoine et de ses parents, Jacques et Clémence. En leur confiant la narration, elle nous fait pénétrer dans l'intimité de leur esprit, nous fait ressentir les basculements brutaux entre absences et présences, toutes deux extrêmes. Antoine au corps de planète lointaine, flottant dans des pensées qu'il tente d'ordonner et de faire coller à des codes qu'il ne peut concevoir, Jacques, enclos dans un corps dont nulle parole ne peut plus jaillir et Clémence, enfermée dans son refus de laisser mourir son mari et dans sa terreur d'avoir à affronter l'avenir sans lui. Les trois voix alternent, se racontent et leur succession magistralement construite les fait se répondre, s'opposer, se compléter, tissant une harmonie miraculeuse. Miraculeuse, oui, car l'impossibilité de communiquer par des paroles se trouve en quelque sorte compensée, dépassée, par les sentiments et émotions partagés. Et c'est Antoine, petit prince de sa planète isolée, qui parvient à trouver les mots libérateurs, ceux qui ouvrent les grilles des corps pour laisser jaillir tristesse et espoir.

Mélanie Richoz ne joue pas sur les effets d'un pathos qui serait facile sur un tel thème. Juste avec des mots, mais avec des mots justes et beaux, elle nous enrichit de la différence et nous raconte différentes formes d'isolement. Sans tapage, ni vernis. Simplement. Et c'est bouleversant.

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Un garçon qui court

Dans son dernier opus, Mélanie Richoz fait preuve de silence, de pureté dans l’écriture, de discrétion comme pour mieux camoufler l’orage qui gronde, le secret qui transperce mais ne peut se dire, les émotions palpables, sensibles mais qui n’ont pas le droit de se montrer, de parler.

Dans cette longue lettre qu’adresse le narrateur, Frédéric, à un dénommé Roger, il y a la gravité de l’enfance, les troubles, la main mise d’un homme sur un autre, sur l’enfant qu’il était, la complexité des relations humaines, des amitiés toxiques, les peurs qui restent collées au corps et à l’âme, les dualités qui assènent les parcours de vie, les besoins de grotte, de recueillement, de se faire face pour comprendre le cheminement, l’empreinte du geste, de la parole laissée.

Il y a énormément d’amour, de vérités, sur les fils fragiles qui existent entre parents et enfants, entre amis. Sur ces rencontres qui s’opèrent et qui un jour se diluent dans un mensonge, une attitude, des non-dits entrouverts.

Il y la confiance qui se lie et se délie, se perd. La confiance en soi, en les autres devant la trahison, l’abandon, la solitude et l’impossibilité de dévoiler ce secret qui empoissonne la vie du narrateur depuis l’enfance.

Il y a de la retenue, une course à se camoufler derrière une apparence pour ne pas avouer les drames, le drame de ce qui fait mal, celui qui est en lui/en nous et le/nous bâtit maladroitement.

Il y a les jeux d’ombres et de lumières, les trahisons et les mensonges, les mots dits qui sont remèdes, les actes prodigués qui sont amours puis ceux qui restent secrets et qui une fois découverts font mal, prodigieusement mal.

Il y a l’enfance de cet homme et sa vie adulte, ses amours, ses rires, ses sourires, ses silences, ses troubles et cette prodigieuse envie de percer ce qui fait mal, de mettre dans la lumière les cicatrices qui ont trop gratté. Bousculer la trahison pour mieux faire face, se remettre à courir, à franchir les obstacles, à gravir les montagnes, s’ébrouer dans les bras et les rires de Lucille, sa compagne.



La suite : http://lecarrejaune.canalblog.com/archives/2016/09/15/34324938.html
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J'ai tué papa

Quel texte ! Un récit à trois voix : celle d’Antoine, jeune garçon autiste qui tente d’expliquer le monde autour de lui ; la voix de sa mère, bouleversante ; la voix de son père, toujours présent pour le réconforter quand Antoine panique.



A eux trois, ils forment une famille unie et aimante. Jusqu’au jour du drame.



Nous suivons donc ces trois personnages, leurs pensées et l’évolution d’Antoine.



Un récit court mais qui m’a bouleversé. J’ai fini les dernières pages avec des poissons d’eau dans les yeux.



L’image que je retiendrai :



Celle de la passion d’Antoine pour la couleur verte au point que sa mère colore tout ses plats en vert.
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Tourterelle

Rose est chef de service en gériatrie dans un hôpital, elle est sérieuse, professionnelle, elle semble froide, parfois hautaine, absorbée par sa tâche, muselée par son éducation. Mais c'est aussi une femme qui veut vivre qui ne supporte plus d'être enfermée dans ce carcan, dans ses peurs, vivre sa vie de femme.



"Je veux vivre. Éprouver la joie, la solitude, le doute, la douleur , l'enthousiasme, l'inspiration, l'audace.

Choisir.

Échouer.

Exister."





En dehors de son activité professionnelle, qu'elle a de plus en plus de mal à supporter, Rose écrit. Elle fait partie d'un groupe qui se retrouve régulièrement pour écrire des chansons. C'est là qu'elle le rencontre, lui, ce musicien plus jeune qu'elle et à qui elle s'adresse, (à lui et à elle même ), lui ce jeune homme qui la fait se sentir femme, pour qui elle éprouve une attirance, des sentiments qui la font se sentir vivante, vibrante. Une lutte intense a lieu en elle, entre ce qu'elle a toujours été, ce qu'elle montre d'elle et ce qu'elle veut être mais qu'elle n'estime pas avoir le droit de vivre, tout en le désirant ardemment. Elle est mariée, mais si seule. Elle a peur de ce qu'elle ressent.



"La plénitude de nos silences, de nos hésitations. De ton brûlant et craintif désir d'aimer.

C'est peut-être ceci que l'on a en commun. La peur d'aimer. Amère, douloureuse, contagieuse mais connue.

L'insatiable peur d'aimer.

L'insatiable peur d'aimer, par peur d'aimer trop.

Et la prodigieuse capacité à le cacher."



Rose porte bien son nom. Rose c'est le rouge de la passion, du feu qui couve sous le blanc de la glace, de la sagesse. Rose c'est la mélange de ces deux couleurs, c'est le résultat de cette lutte violente qui a lieu en elle.



"Entre le dedans et le dehors

Il y a des océans,

des tsunamis,

des ouragans.

Des montagnes.

De peur."



Tourterelle est le premier roman de Mélanie Richoz, le deuxième que je lis de cette auteure. Deux romans lus, autant de coups de coeur. Un roman plein d'émotion, un roman fort, porté par un style tout en musique, la musique de l'émotion. Une poésie simple, une poésie vraie, qui frappe au coeur.



"Écrire pour moi, sans contrainte de style qui biaise l'essence d'un message au profit du nombre de pieds exigés ou d'une rime riche qui rendent la poésie niaise et prévisible. Je préfère le fond à la forme. La prose est la plus jolie robe que porte la poésie.



Et qu'elle est belle votre poésie Mélanie, qu'elle est émouvante! Quelle est belle votre musique!



"Ma musique,

c'est le tempo de ma solitude.

Une solitude retranscrite en images.

En mots.



Je n'entends pas.

Je vois."

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Nani

Albina passe une enfance heureuse jusqu’au décès de son père. Suite à ce drame, son frère la vend à l’âge de quatorze ans à un mari violent, avec qui elle quittera l’Albanie pour la Suisse. De ce mariage forcé, naitront cinq enfants. Le quotidien d’Albina se résume dorénavant aux corvées ménagères, avec quelques rares sorties à la laverie de la gare lorsque la machine de la buanderie de l’immeuble tombe en panne… Mais sa vie est surtout rythmée par les coups de son mari Burim, encouragé par les insultes des parents de ce dernier envers leur belle-fille.



Un jour à la laverie, Albina tombe sur une petite annonce qu’elle arrive à déchiffrer malgré son français lacunaire. Avide de liberté, en cachette de son mari et malgré les risques qu’elle encourt à s’émanciper de la sorte, elle commence à travailler comme femme de ménage chez Madame Dey. La vieille dame se prend d’amitié pour la jeune mère de famille, l’encourageant dans son apprentissage de la langue et dans le partage de sa situation.



Nani, qui signifie « maman » en albanais, c’est la triste histoire d’Albina. Dans ce petit appartement loin des regards, la pauvre vit un calvaire, traitée de pute par son mari et ses beaux-parents, considérée comme une esclave. Les enfants au milieu, témoins de cette violence, en pâtissent également. Une histoire tristement banale pour énormément de femmes de par le monde. Dans la postface, nous apprenons ce chiffre glaçant : l’OMS estime à 35% la part des femmes ayant été exposées à des violences physiques ou sexuelles de la part de leur partenaire ou d’une autre personne dans leur vie !



Malgré l’horreur de la situation et la force de certains passages donnant froid dans le dos et illustrant bien la virulence des coups et des menaces, Mélanie Richoz réussit à livrer un récit plein de lyrisme, ne tombant jamais dans le pathos. Tout en finesse, elle évoque le destin de cette jeune immigrée, une femme fragile mais forte, tenant le cap grâce à l’amour porté envers ses enfants, motivée à leur offrir une meilleure existence. Elle fera preuve d’une résilience incroyable face aux atrocités et aux injustices de sa vie.



Même si Nani est une histoire fictive, l’auteure s’est largement inspirée de sa rencontre avec une Albanaise. Après avoir découvert son parcours, elle a choisi de prêter sa plume à Albina, transmettant ainsi une partie de son histoire, mais aussi celles de tant de femmes dans la même galère. Un récit terriblement poignant, courageux mais nécessaire !



J'ai été touchée en plein cœur par le destin d’Albina !


Lien : https://tasouleslivres.com/n..
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