AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Michael Christie (287)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Lorsque le dernier arbre

Rentrée littéraire 2021 #9



Sans doute le roman le plus éblouissant lu depuis très longtemps !



Lorsque le dernier arbre s'ouvre comme un roman dystopique. 2038, le monde est presque entièrement dépourvu d'arbres après un Armageddon écologique surnommé le « Grand Dépérissement ». L'absence de couverture forestière a engendré des nuages de poussières déplaçant des réfugiés climatiques souffrant de « la craqueuse », un maladie mortelle. le Canada apparait comme un Eldorado, encore riche en forêts primaires et en eau, avec un complexe exclusif sur une île la Cathédrale, où des pèlerins ultra riches viennent se ressourcer au contact des derniers séquoias. C'est là que travaille comme guide la dendrologue Jacinda Greenwood. Et voilà qu'un ex-petit ami avocat vient lui révéler que cette île lui appartiendrait.



Ces seuls premiers chapitres suffiraient à embarquer la plupart des lecteurs. Mais Michael Christie surprend par une maestria narrative qui passe du futur au passé pour raconter la saga des Greenwood et le lien durable qu'ils ont avec l'île. le récit se fait dendrologique, réinventant la notion d'arbre généalogique en propulsant les membres de cette famille dans une construction propulsive brillante. La structure du récit adopte celle des cernes de croissance d'un arbre, les cernes les plus récents étant à l'extérieur. Ainsi le roman remonte le temps ( 2038 – 2008 – 1974 – 1934 ) jusqu'au coeur du noyau familial des Greenwood, sa germination ( 1908 ) puis repart chronologiquement jusqu'en 2038. Jusqu'au vertige tant les rebondissements, surprises et épiphanies s'enchaînent tout le long. Amour, trahison, sacrifice, vengeance, transmission, chaque période confronte ses personnages à des choix moraux qui auront des conséquences, tant personnelles qu'environnementales.



La section la plus exaltante est sans doute celle de 1934. Avec ses accents steinbeckiens, on suit le grand-oncle de Jacinda avec un bébé qui ne lui appartient pas et un cahier révélant les secrets de ses origines. L'énergique course-poursuite en pleine Grande dépression parmi les vagabonds fuyant la misère est inoubliable, sentiment renforcé par l'opposition biblique entre les deux frères ( le grand-oncle de Jacinda et son grand-père ).



Le roman est sombre, avec son analogie famille / arbre qui décrit une humanité avide pillant et détruisant la planète, vouée à la disparition, face à une lignée en voie de décomposition. Jacinda s'était habituée à vivre sans famille, sans histoire à raconter, sans souvenir ni héritage à transmettre, sans ancrage, juste «  une graine entraînée par le courant ». A la fin du récit, elle commence à comprendre combien il peut être bon « de se sentir des racines ». Une recomposition semble possible.



Ce ( premier !!!!! ) roman symphonique est d'une richesse exceptionnelle, rassemblant l'intime et le vaste, le monde humain et le naturel, le passé et le futur, tout en suggérant que de telles distinctions n'existent pas vraiment. La trouble symbiose de l'être humain avec la nature touche au sublime. du souffle, du coeur, du fond, le plaisir de lecture est total.



Exceptionnel !
Commenter  J’apprécie          20839
Lorsque le dernier arbre

Pour son premier roman, le jeune auteur canadien Michael Christie livre une saga familiale qui s’étend sur quatre générations.



Tout débute en 2038, en compagnie de Jacinda Greenwood, étudiante surendettée devenue guide forestière en Colombie-Britannique, l’une des dernières oasis vertes de la planète. Le monde étant recouvert de poussière et dépourvu d’arbres depuis le "Grand Dépérissement", seul les plus fortunés ont encore les moyens de s’offrir des visites guidées sur l’île. Au cœur de ce monde où les réfugiés climatiques sont légion, Jacinda ne se doute pas que les racines de ces derniers arbres centenaires sont également les siennes…     



Si le roman s’ouvre comme une dystopie sur l’an 2038, sa construction s’apparente à celle d’un tronc d’arbre, dont l’auteur remonte graduellement les anneaux concentriques, remontant ainsi progressivement dans le temps (2038 – 2008 – 1974 – 1934). Le centre du récit se déroule en effet en 1908, là où cette saga familiale prend naissance en compagnie des frères Greenwood, Harris et Everett. Une fois arrivé au centre de l’arbre généalogique des Greenwood et du roman, le lecteur repart en sens inverse pour terminer le roman en 2038, à l’autre extrémité du tronc, en possession de tous les éléments qui ont construit et détruit la famille Greenwood.



Outre la construction assez magistrale de ce roman, il faut également applaudir les personnages qui le peuplent. Des deux garçons recueillis et baptisés "Greenwood" par des villageois en 1908 à Jacinda qui ignore encore tout de ses racines en 2038, en passant par les histoires de son père Liam (2008) et de sa grand-mère Willow (2038), Michael Christie livre des personnages qui ont non seulement des liens de sang, mais qui sont également intimement liés aux arbres, allant du bûcheron à l’activiste écologique, en passant par le charpentier, le producteur de sirop d’érable ou la guide forestière.



Si le lecteur refermera ce roman en connaissant toutes les racines et les branches des Greenwood, il ne sera pas prêt d’oublier les personnages secondaires qui font bien plus que compléter cette saga familiale. De la persévérance de Lomax à la générosité de Temple, en passant par l’érudition de Knut, certains personnages sont particulièrement difficiles à quitter, surtout l’adorable Feeney et sa superbe prose…  



Bref, pour son premier roman, Michael Christie réussit l’exploit de nous tenir en haleine sur près d’un siècle et plus de 600 pages, baladant le lecteur au milieu d’arbres et de personnages intimement liés, proposant ainsi une saga familiale passionnante, tout en rendant un très bel hommage à la nature.
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
Commenter  J’apprécie          1352
Lorsque le dernier arbre

« Lorsque le dernier arbre », titre surprenant du canadien Michael Christie, titre tronqué dont on devine immédiatement la suite, les mots pour finir la phrase ne sont pas nécessaires pour dire la lourde menace qui plane.



« Lorsque le dernier arbre » est bien une dystopie écologique de prime abord. C'est avant tout en réalité une belle histoire de famille canadienne sur quatre générations, une histoire narrée de façon originale car fondée sur une construction dendrologique, c'est-à-dire sur une construction arborescente, plus exactement en anneaux concentriques à l'image des anneaux que nous trouvons dans les troncs d'arbres permettant de déterminer leur âge (nombre d'anneaux) et les périodes de sécheresse ou de grande humidité (anneaux plus ou moins fins et resserrés), les cernes de croissance. le terme d'anticipation, anticipation légère même, serait plus approprié que celui de dystopie, pour qualifier ce livre.



« Chaque année de sa vie, cet arbre a augmenté son diamètre, élaborant un nouvel anneau de cambium pour enserrer l'anneau de croissance de l'année précédente. Ce qui fait mille deux cents couches de duramen, mille deux cents couches de « bois de coeur », lesquelles suffisent à propulser sa cime hérissée jusque dans les nuages ».



L'anneau le plus proche de l'écorce est l'année 2038, l'année sur laquelle débute le livre, période future post-apocalyptique dans laquelle nous faisons connaissance avec Jake, une jeune femme, dendrologue de profession (botaniste spécialiste des arbres), travaillant à Greenwood Island comme simple guide. le monde est presque entièrement dépourvu d'arbres et de forêts après le « Grand dépérissement », dérèglement climatique trop rapide pour que les arbres aient pu s'adapter, absence de vert, absence de couche protectrice sylvestre engendrant des orages de poussières, un monde quasi inhabitable. Les réfugiés climatiques sont nombreux, souffrant d'une maladie mortelle « la craqueuse » transformant la poussière dans les poumons en boue. « Seul ce qui est vert empêche à la terre et au ciel de s'intervertir ». Les personnes les plus riches, qui vivent désormais dans de luxueuses tours climatisées pour se protéger des nouvelles formes de tuberculose, peuvent venir en pèlerinage se ressourcer sur Greenwood Island au contact de la dernière forêt primaire du monde faire de pins d'Oregon et de séquoias géants. C'est une île cathédrale arboricole, préservée, où certains arbres ont près de mille deux cent ans.



« Il sont plus vieux que nos familles et que la plupart de nos noms. Plus vieux que nos formes actuelles de gouvernement, plus vieux même que certains de nos mythes et courants d'idées ».



Un des pèlerins s'avère être son ancien petit ami Selias. Devenu avocat il va lui révéler que cette ile boisée, « on ne peut plus verte et luxuriante. Où des pins d'Oregon chatouillent les nuages de leurs doigts gantés d'aiguille », est à elle, lui appartient.

Voilà comment démarre ce livre, puis, au fur et à mesure des chapitres, nous remontons le temps, comme si nous coupions l'arbre, abordant peu à peu les couches profondes, 2008, 1974, 1934 et 1908, coeur de cette famille, origine de l'histoire de Jake, là où tout a commencé pour enfin, au milieux du livre, repartir dans le sens du temps, 1934, 1974, 2004 et 2038. Les couches constitutives de l'arbre représentent les différentes générations de l'histoire familiale de Jake, son arbre généalogique. Les différents Greenwood qui se sont succédé avant elle. de façon parfois si improbable, anneaux de croissance successifs fragiles mais qui se maintiennent et s'imbriquent au point de former une famille. de manière inconsciente, chaque ancêtre a laissé son empreinte en Jake, dernière maillon de la chaine, comme les stries que nous voyons et sentons sur un morceau de bois, matériau vivant palpitant de sève qui lie les membres de la famille Greenwood davantage que le sang.

Le procédé narratif est donc une coupe longitudinale dans cet arbre familial afin d'en explorer les cernes et le coeur. Afin d'en saisir tous les mystères et les aspérités.



« Comme toutes les histoires, les familles ne naissent pas, elles sont inventées, bricolées avec de l'amour et des mensonges et rien d'autre ».



A noter que le rythme, l'écriture même je trouve, dans chacune des couches, est différent, bien distinct. Chaque cerne a en effet son rythme propre, son épaisseur, son style. Cette construction narrative est bien vu d'autant plus que les arbres sont bel et bien les éléments centraux du livre, les arbres dans lesquels on grandit, on se réfugie, on s'aime, on travaille, on s'enrichit, on meurt, grâce auxquels on vit tout simplement. Source de richesse lorsqu'ils abondent ou planche de salut lorsqu'ils se font rares, tous les protagonistes ont un lien profond avec les arbres.



Ce livre explique comment cette famille a marqué de son empreinte l'histoire, celle avec un grand H. La petite histoire dans la grande. La façon dont l'exploitation des arbres de certains membres a contribué, à leur échelle, à la déforestation et au drame à venir.



« le Canada est né d'une indifférence cruelle, vorace, envers la nature et les peuples autochtones. Nous sommes ceux qui arrachent à la Terre ses ressources les plus irremplaçables et les vendent pour pas cher à quiconque a trois sous en poche, et nous sommes prêts à recommencer le lendemain – telle pourrait être la devise des Greenwood et peut-être même du pays tout entier ».



Rôle de la transmission, vies en réfutation de celles qui les ont précédés, importance de l'acquis et de l'inné, protection du patrimoine naturel, respect ou destruction de la nature, les thèmes abordés sont vastes et subtiles. Michael Christie surprend par son brio narratif. Nous avons là une épopée sur près de 130 ans qui nous tient en haleine. Une belle histoire flirtant avec le roman d'aventures, j'en veux pour preuve la cavale d'un vagabond avec un nourrisson à travers le pays qui n'est pas à piquer des hannetons. Une parabole écologique et avant toute chose humaniste.



« Qui est vraiment son fils, sinon un petit paquet de chair, de cellules et de tissus animés par la même énergie sacrée qui pousse un arbre à se dresser vers le soleil ? Non, son fils n'est pas qu'à elle. Il descend de bien des lignées. Ou, plus exactement, il descend de la grande lignée, l'unique lignée : il est né de la Terre et du cosmos et de toutes les merveilles vertes à qui nous devons la vie ».



Pourtant, ces nombreuses qualités n'ont pas suffi à me séduire totalement au point de mettre 5 étoiles : il se passe certes factuellement énormément de choses dans ce récit, une multitudes de rebondissements savamment articulés selon l'image d'un tronc d'arbre comme expliqué précédemment, oui l'art romanesque de Michael Christie est brillant et l'ennui ne pointe jamais le bout de son nez, et cela est d'autant plus remarquable lorsqu'on pense qu'il s'agit de son premier roman ( !). Mais il manque, à mes yeux, le sublime poétique, ce petit quelque chose qui parfois arrête la lecture tant ce que nous lisons est beau au point de lever les yeux, de les fermer, dépassés que nous sommes par tant de beauté, il manque la pâte bien personnelle de l'auteur qui permet de voir à travers son âme. Cette histoire à la construction brillante est lisse, parfaite, mais pas assez de hauteur poétique a fini chez moi par nuire à la puissance incroyable de l'histoire. Pourtant l'auteur lui-même le dit dans son livre : « Si Harris aime tant la poésie, c'est pour cette façon qu'elle a de "prendre" dans sa tête comme du ciment, contrairement aux éphémères feux d'artifice des romans qui tissent d'interminables histoires sur des familles et des gens qu'il ne connaitra jamais ». Il manque cette petite touche poétique personnelle qui serait venue dépasser la succession d'événements, qui serait venue nourrir l'âme et embraser ce récit épique.



Un livre qui est néanmoins un rare et formidable moment de lecture, un roman phare en cette rentrée 2021, basé sur une construction brillante et originale ! Ce livre, je le vois en film, je ne serais pas étonnée de le voir adapter au cinéma dans quelques temps. Je lance le pari !



Commenter  J’apprécie          13232
Lorsque le dernier arbre

Vertigineux. Pour un premier roman c’est un coup de génie ! Un « accrolivre » qui m’a tenue en haleine de bout en bout. A la fois fresque familiale et fable écologique aux allures de thriller, tension sourde, mystères et rebondissements y sont savamment distillés. Construit ingénieusement sur le modèle de la souche d’un arbre avec ses cernes annuels, le récit part d’un futur proche, 2038, et remonte le temps jusqu’en 1908 avant d’effectuer le mouvement inverse et revenir en 2038. Cette « Carte narrative » permet de suivre en 5 dates clés 4 générations de la famille Greenwood. En filigrane est évoqué le destin de l’humanité en lien avec la déforestation et la connexion intime et vitale entre l’Homme et les arbres. Le récit débute comme une dystopie dans un futur gangrené par le « Grand Dépérissement ». Les arbres meurent, le monde asphyxie conséquence des changements climatiques, des tempêtes de poussières étouffantes ensevelissent tout. Jacinda (Jake) est dendrologue et guide dans une île boisée au large du canada « Greenwood Island » dernier bastion de forêt primaire. Humanisant les arbres Jake trouve dans l’étude de leurs comportements des réponses à ses questions existentielle. Elle apprend fortuitement qu’elle serait la descendante d’un riche industriel ancien propriétaire de l’île. Un énigmatique journal intime parvient jusqu’à elle, on découvre qu’il a été longtemps objet de convoitise comme le nourrisson dans les linges duquel le vieux document était emmailloté…Tous les Greenwood ont un destin lié à la filière du bois et vouent un intérêt particulier aux forêts pourtant certains les détruisent par profit quand d’autres militent pour les préserver. Il y a un clivage générationnel entre Idéologie écologiste et intérêt économique. C’est un livre sur la transmission et les origines. Deux frères en sont la clé de voûte : un magnat des affaires redoutable malgré sa cécité, l’autre en errance et miséreux. La ligne de chemin de fer aux traverses en bois est une des voies conductrices du livre qui unira les frères avant de les séparer. Symbole de fuite pour l’un, d’ancrage et de réussite pour l’autre. Quelles destinées!..quel souffle romanesque! Un grand roman.
Commenter  J’apprécie          11914
Lorsque le dernier arbre

Et bien m'y voici , au pied de l'arbre ...Et pas forcément très à l'aise car je ne vais pas laisser transparaître un aussi grand enthousiasme ( je ne prétends pas avoir raison ! ) que certains et certaines d'entre vous .

Bon , revenons à la genèse de l'histoire : ma libraire me le met dans les mains , mon libraire dit " bof " .Oui , je sais , ils sont très forts tous les deux mais...et c'est ça qui est super, pas toujours d'accord .Sauf que moi , là , je me trouve un peu ...ennuyé.

Retour à la maison , 100 pages , j'accroche pas ...Fatigue ? Désintérêt, je passe à autre chose et le reprendrai après...

Et après est arrivé, et ça accroche beaucoup mieux tout de même. Me voila à remonter le temps et , ma foi , si à chaque fois , je m'égare un peu , une lecture " suivie " me permet de rester bien " accroché " aux branches . Et rester accroché aux branches , c'est tout de même fondamental dans ce roman. Donc , on remonte jusqu'en 1908 en étant parti de 2038, année où

" Le Grand Dépérissement " a frappé...Plus d'arbres nulle part sauf sur une ile boisée qui accueille seulement des touristes fortunés. Ça fait pas , mais vraiment pas envie ! Jacinda Greenwooy y travaille . Il se murmure même qu'elle pourrait bien être la propriétaire de part sa filiation supposée avec Harris Greenwood , un grand négociant en bois dont la morale....Mais pour savoir , il faudra " aller au charbon" ....de bois.

Et c'est parti en arrière pour retracer tout le chemin parcouru . Et là va naître toute l'histoire , de 1908 à 2038 . D' abord en arrière, puis en avant ...Très subtile construction qui nous fait comprendre combien " nous sommes les enfants des générations passées" . Traversée de la société avec des personnages de " haute volée " .Le mystère plane et chaque partie vous prend aux tripes , notamment celle qui voit Everett et Gousse parcourir un long chemin parseme d'embûches..Mais il y a bien d'autres épisodes charges d'émotion....aussi , parfois bien surprenants et inattendus .0))

Je l'ai dit , les retours en arrière, puis en avant ont perturbé mes habitudes , assez conventionnelles , j'en conviens , m'ont obligé à un effort intellectuel permanent . Sans être " paresseux " j'ai passé l'âge d'errer de ci , de là ....Donc , oui , la forme m'a perturbé et sans doute aussi un peu déconcentré.

Pourtant , je ne dis pas qu'un jour prochain , fort de l'expérience acquise , je ne m'y replongerai pas .

Vos critiques superbes me persuadent de mon " impréparation" et d'un certain désarroi et 'indiquent aussi que , lorsque l'osmose ne se fait pas avec un livre , ce n'est pas toujours du fait de l'écrivain. Chacun d'entre nous est un " chercheur " . La pièce ne tombe pas toujours du bon côté .....

Ce livre ne m'est pas tombé des mains , loin de là , mais si je lui accorde quelques magnifiques passages, il m'a semblé aussi contenir quelques longueurs . Bon , après, 750 pages tout de même.

Demain , pugilat à la librairie ... Je vais " les brancher " tous les deux et...." filer en douce " ....

Je réitère mes compliments pour la beauté des critiques rédigées sur ce livre avec ce qu'on aime , la sincérité. Pas de " langue de bois " ( tiens , elle est bonne celle - là ) et pas de jugements définitifs. Nous ne sommes tous que des lecteurs , pas des pros de la critique .A bientôt. ..
Commenter  J’apprécie          10918
Lorsque le dernier arbre

Nous sommes en 2038. La planète étouffe sous la poussière depuis que les arbres ont quasiment tous disparu, décimés par des épidémies fongiques. Restent encore quelques rares zones épargnées, comme l’île de Greenwood, au large de Vancouver. Jacinda y gagne modestement sa vie en tant que guide touristique. Mais voilà qu’elle apprend qu’elle serait l’ultime descendante de Harris Greenwood, un homme qui, au prix d’une déforestation radicale, fit fortune dans l’industrie du bois. C’est un siècle d’une histoire familiale chaotique qui se dévoile peu à peu…





Inquiétante vision que celle d’un monde sans arbres ! Le cauchemar envisagé dans ce livre ne paraît pourtant pas complètement fantaisiste et c’est avec un certain trouble qu’on y assiste à l’agonie de géants millénaires, non pas des célèbres séquoias de Californie que tout le monde sait menacés de disparition par les incendies, mais des tout aussi impressionnants pins d’Oregon, dont les plus vieux et les plus volumineux poussent pour de bon sur l’île de Vancouver, et sur l’avenir desquels une invasion d’insectes parasites laisse en effet planer quelques incertitudes. Comment en est-on arrivé à une telle situation ? Là encore, rien d’invraisemblable dans ce roman, mais une histoire passionnante, courant sur quatre générations que, par bonds dans le temps – 2008, 1974, 1934, 1908 –, l’on va découvrir comme les cernes de croissance d’un arbre généalogique.





Commencée au début du XXe siècle par un spectaculaire accident qui réunit deux jeunes garçons comme des frères, la destinée des Greenwood est dès le début à ce point liée aux arbres qu’ils lui doivent jusqu’à leur nom. Et, par-delà les innombrables aléas qui vont modeler cette famille au cours des décennies, les arbres, sur pied ou exploités sous toutes les formes possibles, ne cesseront d’alimenter les passions de génération en génération de Greenwood. Mais quelle est tortueuse, originale et captivante, cette épopée aux rebondissements incessants qui finit par s’ancrer dans l’Ouest canadien, au fil de proximités, de solidarités et d’alliances qui tiendront lieu de liens du sang. Explorant le temps à la manière de la dendrochronologie, le récit éclaire peu à peu le lecteur sur un passé déterminant dont les héritiers ont perdu la mémoire et rejouent sans le savoir des drames et des situations indissolublement liés. C’est ensuite avec une tristesse douce-amère que l’on regagne l’époque de Jacinda, qui, comme tout un chacun dans la vie réelle, ne dispose que de bribes, pour la plupart erronées, pour comprendre l’histoire de ses prédécesseurs.





Un souffle aussi puissant qu’original traverse cette fresque familiale et sociale aux résonances écologiques, qui, sans manichéisme et en gardant l’espoir, nous rappelle le péril que l’activité humaine et les appétits industriels font peser sur nos forêts. Alors, comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, souvenons-nous que « Le meilleur moment pour planter un arbre, c’était il y a vingt ans. À défaut de quoi c’est maintenant. » Coup de coeur.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          9712
Lorsque le dernier arbre

C’est sur plus d’un siècle que s’étend le roman Lorsque le dernier arbre, sur plus d’un siècle d’abattage intensif des ressources sylvestres, synonymes de profit immédiat.



Lorsque l’on fait la connaissance de Jake, guide sur un îlot encore partiellement boisé de magnifiques pins d’Oregon très anciens, la menace se fait de plus en plus évidente, l’homme a eu la main trop lourde et les dégâts n’en finissent pas de se manifester comme une punition, une ardoise à payer de plus en plus sévère.



A partir de Jake, le temps se prend à défiler à l’envers, la génération précédente puis de chapitre en chapitre, on est convié à l’exploration de la famille jusqu’au couple improbable à l’origine de la lignée.



Les présentations à rebours étant faites, la machine à voyager dans le temps reprend son sens habituel et l’on revivra chaque époque pour compléter l’histoire.



En toile de fond, ces forêts, que certains détruisent quand d’autres tentent de les protéger, sont des personnages à part entières, avec qui l’on souffre lorsqu’ils sont mis à mal, et ce d’autant que nous le devons l’air pur nécessaire à notre survie.





Formidable saga écologique, que l’on déchiffre comme on lit le destin d’un arbre sur les lignes que révèlent sa coupe, c’est aussi un hymne à la nature, et une fresque historique grandiose.





Un grand moment de lecture .
Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          803
Lorsque le dernier arbre

Je referme ce livre avec beaucoup d'émotion et je dois dire un serrement au coeur de l'avoir achevé.

J'ai adoré ce roman.

Dans cette grande saga familiale, les arbres et la forêt dominent l'histoire, mais c'est aussi une rencontre avec des personnages captivants dont la vie est liée à celle des arbres par un système dense de ramifications.



*

Le récit débute dans un futur plutôt proche, en 2038 exactement, et nous remontons le temps, nous rapprochant du centre axial de l'arbre en évoquant des années marquantes : 2008, 1974, 1934 et 1908 au coeur de l'arbre.

Puis, nous rayonnons à nouveau vers l'extérieur, revenant sur chacune des années que nous avions abandonnées avec de nombreuses zones d'ombre. L'auteur parvient à nous transporter dans chaque époque et à rendre le récit plausible et plein de rebondissements.



*

La construction du roman est vraiment très ingénieuse.

Michael Christie s'appuie sur les récentes découvertes scientifiques, montrant que les arbres sont plus complexes qu'on ne le croyait, qu'ils communiquent sans cesse les uns avec les autres et qu'ils vivent en interférence constante avec leur environnement.

Ces relations sociales se tissent surtout dans les forêts primaires ou naturelles. En cela, j'ai tout de suite pensé au best-seller « La vie secrète des arbres » de Peter Wohlleben.



Si les arbres sont au centre de l'intrigue, « Lorsque le dernier arbre » est également une formidable saga familiale. Par de superbes métaphores, Michael Christie souligne notre proximité avec la forêt et les arbres, en accolant la complexité de leur structure et de leurs interactions à l'arbre généalogique d'une famille que l'on suit sur quatre générations.



« de nos jours, on parle beaucoup d'arbres généalogiques, de racines, de liens du sang, etc., comme si les familles existaient de toute éternité et que leurs ramifications remontaient sans discontinuer jusqu'à des temps immémoriaux. Mais la vérité, c'est que toute lignée familiale, de la plus noble à la plus humble, commence un jour quelque part. Même les arbres les plus majestueux ont d'abord été de pauvres graines ballottées par le vent, puis de modestes arbrisseaux sortant à peine de terre. »



*

La scène d'ouverture laisse voir un monde pollué et dévasté. Les épidémies fongiques, les invasions d'insectes, le dérèglement climatique, la surexploitation du bois, ont décimé les forêts du monde entier. Ne restent que quelques îlots de verdure, de magnifiques forêts primaires que les plus nantis peuvent approcher lors de séjours à prix d'or.



« Ils viennent pour les arbres.

Pour respirer leurs aiguilles. Caresser leur écorce. Se régénérer à l'ombre vertigineuse de leur majesté. Se recueillir dans le sanctuaire de leur feuillage et prier leurs âmes millénaires.

Depuis les villes asphyxiées de poussière aux quatre coins du globe, ils s'aventurent jusqu'à ce complexe arboricole de luxe – une île boisée du Pacifique, au large de la Colombie-Britannique – pour être transformés, réparés, reconnectés. »



Ainsi, il est cynique de constater qu'après que l'abattage d'arbres ait engendré des profits mirobolants, leur extinction en assure autant.



« Les hommes comme Rockefeller n'ont jamais considéré son pays – la plus grande réserve de matières premières au monde, d'abord volée aux nations indigènes, puis vendue morceau par morceau à des investisseurs étrangers de son espèce – que comme un étalage où se servir… Harris plaint les arbres. Notamment pour la naïveté avec laquelle ils s'affichent de toute leur haute majesté. L'or et le pétrole, eux, ont le bon sens de se cacher. »



Et tout au long du récit, des images de ces magnifiques forêts s'imposent, ancrées, salvatrices et majestueuses. D'autres aussi, plus navrantes, celles de terres poussiéreuses, arides, stériles, de villes asphyxiées par la pollution atmosphérique, d'une population à l'agonie.



*

Autant le dire, j'ai adoré l'intrigue sous la forme d'un système racinaire.

Tout comme les anneaux concentriques d'un arbre témoignant des variations climatiques ou des évènements stressants, Michael Christie construit son récit cerne par cerne, s'étendant sur plus d'un siècle, retraçant l'histoire de la famille Greenwood autour de quelques personnages clés.

Chaque coupe transversale les révèle à différents âges, l'auteur prenant son temps pour développer des personnages dans toute leur complexité, petits ou grands, méprisables ou attachants, médiocres ou intègres.



« le temps, Liam le sait, n'est pas une flèche. Ce n'est pas non plus une route. le temps ne va pas dans une direction donnée. Il s'accumule, c'est tout – dans le corps, dans le monde –, comme le bois. Couche après couche. Claire, puis sombre. Chacune reposant sur la précédente, impossible sans celle d'avant. »



Par ses épreuves, ses secrets, ses mensonges, ses trahisons, ses amours, ses manques, chaque génération marque indélébilement la suivante, transmettant des valeurs, une histoire, une identité. Et même si Jake, Willow, Liam, Harris, et Everett ne sont pas tous unis par les liens du sang, leurs vies s'imbriquent, s'entrelacent, formant un tout.

Entre désir et regret, illusion et désillusion, ambition et renoncement, force et fêlure, l'héritage de la famille Greenwood est fait de souffrances, d'amertume, de sacrifice, d'espoir et de résilience.



« le fruit ne tombe jamais loin de l'arbre, dit le proverbe. Mais Willow sait d'expérience que ce serait plutôt le contraire. Un fruit n'est jamais que le véhicule par lequel s'échappe la graine, un ingénieux moyen de transport parmi d'autres – dans le ventre des animaux, sur les ailes du vent –, tout ça pour s'éloigner le plus possible de ses parents. »



*

Une surprenante fresque, une dystopie brillante et unique par sa construction, sur le poids de l'héritage familial, la transmission intergénérationnelle, mais aussi sur le sens de la famille.

Par les relations qu'entretient l'homme avec son milieu, l'auteur aborde également des thématiques fortes qui me touchent, comme l'exploitation de la nature par l'homme, notre fragile dépendance les uns avec les autres, la prise de conscience de nos actes dans le temps, la nécessité de protéger notre environnement.

Notre futur apparaît assez sombre, mais l'espoir est permis.



« le meilleur moment pour planter un arbre, c'était il y a vingt ans. À défaut de quoi c'est maintenant. »

Proverbe chinois



Un roman dont je vous conseille très vivement la lecture.

Et un grand merci à mes amis, Chrystèle, Isidore, Selias pour m'avoir guidée vers cette lecture.

Commenter  J’apprécie          7621
Lorsque le dernier arbre

Quelquefois, lire un livre quelques mois après sa sortie, quand tant d'autres l'ont lu et critiqué, la plupart du temps avec enthousiasme expose à certaine déconvenue. Cela a été un peu le cas avec ce roman que j'ai trouvé inégal dans ses différentes parties.

L'auteur nous raconte à travers cinq époques différentes la sage d'une famille : Grandeur et décadence des Greenwood de 2038 à 1908, aller et retour avec quelques étapes aux moments clés de l'histoire de cette famille.

J'ai beaucoup apprécié le procédé de parcourir le temps dans les deux sens, à l'instar de ces souches d'arbre que l'on parcourt de la périphérie au coeur remontant les années pour repartir vers l'extérieur et les temps actuels. C'est très bien fait, des éléments se répondent d'une époque à l'autre, semant des petits cailloux que l'on est très content de retrouver.



J'ai mis un peu de temps à rentrer dans cette lecture, et je n'ai pas éprouvé le même intérêt pour les différents personnages et les différentes époques. J'ai eu un tel coup de coeur pour la partie qui relate l'épopée d'Everett, avec ce bébé, qui va lui retourner le coeur, que j'ai trouvé plus fade par la suite les autres époques. J'ai profondément aimé ce bonhomme blessé par la vie et la guerre vécue en Europe, qui va grâce à un bébé d'abord, une femme ensuite, retrouver son humanité. Il m'a profondément émue, et je n'ai eu de cesse de rechercher ensuite le moindre détail relatif à ce personnage.



Cela dit, je reste impressionnée par l'ampleur de ce livre, la maitrise de l'auteur, et cette capacité à créer une histoire à travers le temps, avec des personnages inoubliables et souvent touchants, qui font du mieux qu'ils peuvent, avec ce qu'ils ont à donner, ainsi que le dira l'Irlandais:

" Alors, s'il vous plaît, Willow, avant de le juger trop durement, souvenez-vous qu'il vous a offert bien plus qu'une petite traversée en bateau. Il s'est occupé de vous tous les jours de votre vie. Une responsabilité qu'il a assumée au mieux de ses capacités, malgré tout ce qu'il avait déjà perdu. Sachez donc ceci : Votre père vous a aimée de tout l'amour qu'il avait. Seulement, il n'en avait plus beaucoup."

Un auteur à suivre, assurément.





Commenter  J’apprécie          6516
Lorsque le dernier arbre

Signe des temps mauvais pour la planète provoqués par l'activité irraisonnée des hommes et subis par eux les romans écologiques se multiplient. Ce qui en soi n'est pas vain, poussant sans doute un plus grand nombre à une prise de conscience indispensable avant qu'il ne soit trop tard. Dans ce foisonnement d'oeuvres utiles à la cause écologique, Lorsque le dernier arbre du canadien Michael Christie n'est pas le moins emballant (bien qu'un peu long) qui montre à travers l'histoire d'une famille suivie sur plus d'un siècle, de 2038 à 1908 et de 1908 à 2038, à quel point le destin des hommes peut être intimement lié à un désastre écologique par les choix mercantilistes de quelques-uns, comme ici la destruction de pans entiers de la forêt canadienne, alors que dans le même temps pour les mêmes raisons de profit à tout crin et de manque de volonté politique la Grande Dépression plonge les plus fragiles dans la grande pauvreté. Proche parfois d'un Steinbeck ou encore d'un Tim Gautreaux (avec son livre remarquable : le dernier arbre), Michael Christie, sans égaler bien sûr ces prestigieux prédécesseurs, signe avec ce premier roman une fable écologique et sociale aussi ambitieuse que plaisante, récompensée par l'Arthur Ellis Afars for Best novel.
Commenter  J’apprécie          640
Lorsque le dernier arbre

Auteur d’un recueil de nouvelles, « Le jardin du mendiant », paru il y une dizaine d’années, le jeune auteur canadien Michael Christie revient avec une ambitieuse fresque romanesque au titre elliptique et pourtant limpide, « Lorsque le dernier arbre ».



Le premier chapitre se déroule en 2038, dans un monde dévasté par « le grand dépérissement », catastrophe écologique sans précédent qui étouffe peu à peu le vivant. Kate est guide dans la « Cathédrale arboricole de Greenwood », fragment de forêt primaire insulaire épargné grâce au micro-climat qui protège une petite île située au large de Vancouver.



Alors que l’on commence à s’attacher à Kate et à appréhender le monde post-apocalyptique dans lequel elle évolue, le romancier effectue un saut dans le passé et nous ramène, sans prévenir, en 2008. On devine aussitôt la structure temporelle en V mise en place par l’auteur, qui nous conduit sur les traces des aïeux de Kate, en 1974, 1934 et enfin en 1908 avant de remonter pas à pas l’échelle du temps pour revenir en 2038.



Le roman s’attarde tout particulièrement sur les années 1930, dont la misère terrifiante apparaît rétrospectivement comme une mise en garde ignorée de la catastrophe à venir. Et le personnage central du roman s’avère être Everett, vagabond spécialisé dans l’extraction frauduleuse de sirop d’érable, qui sauve la vie d’un nouveau-né abandonné, la future grand-mère de Kate. Par le jeu du glissement temporel, la narration s’attarde sur l’enfance trouble d’Everett en compagnie de son frère Harris, qui deviendra un grand magnat de l’exploitation forestière ainsi que sur ses années de brancardier au coeur des horreurs de la Grande guerre.



Et tandis que l’on se laisse emporter par les mésaventures d’un clochard céleste, se dévoile la trame du roman : dessiner l’épopée séculaire de la famille Greenwood. Mais l’ambition de Michael Christie est plus ample, et consiste à interroger, au travers du prisme familial, la succession des grandes crises qui finiront par emporter inéluctablement notre monde.



La force indéniable du livre est de réussir à créer en quelques lignes une forme d’empathie immédiate pour ses personnages, pour Kate, Everett, Harris et tant d’autres encore, aussi imparfaits soient-ils. Le procédé narratif basé sur une structure temporelle en V permet au romancier de quitter les personnages, de parcourir le temps en arrière puis de revenir sur le « présent » de ses protagonistes, créant un sentiment mêlant frustration et attente chez le lecteur. Ce procédé permet surtout de dessiner une fresque familiale aux innombrables ramifications et de parcourir, successivement, la première guerre mondiale, la crise de 29, la seconde guerre, le premier choc pétrolier, et enfin la crise financière de 2008 qui semblent annoncer « le grand dépérissement » à venir.



Le début du roman, la mise en place de sa structure temporelle, la découverte de ses personnages aussi touchants que rebelles est une incontestable réussite. L’ampleur du projet de Michael Christie, décrypter un siècle d’histoire passée et à venir, force, elle aussi, l’admiration.



Et pourtant, au fur et à mesure de la lecture, les fils tendus derrière le théâtre de marionnettes ballotées par l’Histoire apparaissent un peu trop nettement. La perfection mathématique de l’architecture narrative évacue toute forme d’incertitude propre au genre romanesque.



« Lorsque le dernier arbre » laisse in fine une impression mitigée, partagée entre l’attachement éprouvé pour ses protagonistes, l’enthousiasme que suscite l’ambition immense de son auteur et cette sensation de quitter le rivage du genre romanesque, et de compléter un immense puzzle historico-écologique qui ne laisse aucune place à la « musique du hasard ».

Commenter  J’apprécie          6015
Lorsque le dernier arbre

« Ce n'est pas la première fois que le monde est au bord du gouffre. La poussière cherche depuis toujours à nous engloutir. »



Ça commence en 2038, le Grand Dépérissement a ravagé les arbres, le monde est poussiéreux, suffocant, asphyxié. Mais les plus riches peuvent quand même s'offrir une petite virée dans la Cathédrale arboricole de Greenwood avant de retourner, ragaillardis, dans leurs luxueuses tours climatisées, «à des vies qui, directement ou indirectement, portent notre planète à ébullition, condamnant un peu plus encore les merveilles de la nature auxquelles appartiennent ces arbres sacrés qu'ils prétendent vénérer.» Pas de quoi pavoiser donc, Jake y est guide et bien consciente de participer à une mascarade, mais c'est un boulot qui la sauve de la misère, de la craqueuse* et de la poussière, et lui permet d'avoir le luxe de vivre près des arbres.



J'aurais aimé suivre davantage la jeune femme, mais c'est le côté parfois un peu frustrant des romans qui mettent en scène plusieurs personnages, il nous faut les abandonner à leur triste sort sans même leur chanter «ce n'est qu'un au revoir» si on ne veut pas que notre entourage s'inquiète de notre santé psychique, et continuer la route avec un autre compagnon. Mais soyons honnête, beaucoup de personnages de cette saga familiale sont intéressants, de même que la dimension socio-écologique.

C'est bien foutu, c'est bien sympa, mais j'en avais entendu trop de bien, j'attendais plus. Du coup, il m'a manqué le je-ne-sais-quoi, le truc qui surprend ou qui charme, qu'on n'a jamais vu ailleurs.





*craqueuse : « la nouvelle variante de la tuberculose qui sévit dans les bidonvilles asphyxiés de par le monde et dont le nom tient à la toux qu'elle génère, qui brise les côtes comme si c'était du petit bois, notamment chez les enfants »
Commenter  J’apprécie          586
Lorsque le dernier arbre

Bien sûr, j’aime les livres où la langue est belle. Et celle de Christie l’est !

Bien sûr, j’apprécie les constructions habiles, et Christie sait particulièrement y faire !

Mais dans le fond, assez basiquement, j’aime plus que tout quand un livre réussit à me raconter une belle histoire. Et que j’y crois.

Dans Lorsque le dernier arbre, Michaël Christie – traduit par Sarah Gurcel – y est parvenu. Et de belle manière.



Remontant à rebours l’histoire épique de la famille Greenwood sur plus d’un siècle, Christie pose les bases et questionnements de sa saga, avant de repartir dans l’autre sens pour reprendre la bonne chronologie et en livrer les clés. C’est propre ; c’est addictif ; c’est particulièrement beau ; c’est totalement réussi !



De la naissance au début du siècle dernier des patriarches Harris et Everett - forestiers hors pairs - jusqu’au tournant de vie de Jacinda - guide sur une île de Colombie Britannique où la végétation est sanctuarisée après que le Grand Dépérissement a achevé le travail de saccage de l’homme -, les arbres ont rythmé la vie des Greenwood.



Tour à tour sources d’exploitations professionnelles, de refuges salvateurs, d’engagements militants, de travail manuel, d’études universitaires poussées ou juste d’amour inconditionnel, chaque Greenwood a trouvé son chemin de vie au contact des arbres, dessinant tour à tour les strates – certes imparfaites mais s’appuyant les unes sur les autres – de ce qui finit par former une famille. Comme les cernes successifs d’un arbre finissent par raconter son histoire.



Dans le récit aux multiples rebondissements de cette incroyable lignée familiale, Christie passe en revue les hauts et les bas de ce qui en forge les fondements : l’amour, l’humanité, la transmission, bien sûr ; le hasard, la fatalité, la guerre parfois ; la trahison, la vengeance et le mensonge aussi.



En mettant en parallèle permanent le destin de cette famille et les perspectives déclinantes de la nature en général et des forêts en particulier en Amérique comme dans le monde, Christie nous livre une réflexion belle et profonde sur le temps destructeur qui passe et sur l’imperfection humaine, qui peut cependant toujours être rattrapée



Sa démonstration de la capacité de l’homme à détruire tout ce qui fait sens autour de lui pourra sembler pessimiste à certains, voire anxiogène. Mais il n’en est rien, car comme pour les arbres, il y oppose sa capacité à se régénérer, différemment, après chaque apparente destruction.



Alors oui, cette histoire est belle et son analogie sylvestre, porteuse de sens ! Plongez sans attendre dans cette belle découverte de la rentrée, sans surtout vous laisser influencer par le pitch du livre qui pourrait faire croire à une dystopie. Il n’en est rien. Il n’y a là qu’une histoire. Une très belle histoire…



« Que sont les familles, sinon des fictions ? Des histoires qu’on raconte sur certaines personnes pour certaines raisons ? Comme toutes les histoires, les familles ne naissent pas, elles sont inventées, bricolées avec de l’amour et des mensonges et rien d’autre ».
Commenter  J’apprécie          584
Lorsque le dernier arbre

Lorsque Jacinda Greenwood, jeune étudiante en Colombie-Britannique en botanique, qui fait visiter une des dernières forêts primitives préservée sur une île préservée (on est en 2038), apprend par son ex, un jeune avocat brillant, qu'elle pourrait être l'héritière de cette patrie privilégiée au milieu d'arbres centenaires, elle a du mal à y croire. Il faut dire qu'elle vit à l'heure du « Grand Dépérissement » où la poussière a majoritairement envahi la planète et où elle a trouvé un îlot de verdure qu'elle fait visiter à de richissimes visiteurs.



C'est pourtant le début d'une quête qui va nous plonger dans ses origines familiales : on part tout d'abord en 2008 pour faire connaissance avec Liam, le père de Jacinda, ébéniste, qu'on découvre en mauvaise posture puisqu'il vient de faire une très grave chute d'un chantier sur lequel il travaillait – occasion pour lui de repenser à son histoire personnelle.



Il y dépeint notamment le portrait de sa mère, Willow, une militante écologique engagée corps et âme dans sa lutte pour préserver les arbres.

Puis on remonte encore en arrière, en 1974, lorsque Willow va aller chercher son oncle Everett à la sortie de la prison où il a passé plus de trente ans enfermé, à la demande de son père Harris – un magnat du bois, à l'origine de la destruction de milliers d'arbres canadiens.



Et puis on va remonter en 1934, et c'est la naissance d'un bébé qui va mettre en branle tout une histoire, et même jusqu'en 1908, où l'on verra deux enfants orphelins à la vie résolument chevillée au corps.



« de nos jours, on parle beaucoup d'arbres généalogiques, de racines, de liens du sang, etc., comme si les familles existaient de toute éternité et que leurs ramifications remontaient sans discontinuer jusqu'à des temps immémoriaux. Mais la vérité, c'est que toute lignée familiale, de la plus noble à la plus humble, comme un jour quelque part », écrit Michael Christie, qui poursuit : « Même les arbres les plus majestueux ont d'abord été de pauvres graines ballotées par le vent, puis de modestes arbrisseaux sortant à peine de terre. »



La meilleure partie de ce roman épique se situe en 1934 : on y découvre un homme que rien ne prédestinait à cela emportant avec lui, dans l'ouest de Vancouver, un bébé à la personnalité déjà bien marquée. Sa fuite pour échapper à deux clans qui en veulent beaucoup à ce bébé – dont l'un des plus grands exploiteurs des forêts canadiennes – et un mystérieux cahier que tout le monde recherche est des plus palpitantes. Ce passage, éclairé par le chapitre précédent situé en 1908, expliquera bien de choses dans la suite de la lignée familiale …



Michael Christie interroge les racines : celles (bien physiques) sur lesquels les arbres s'appuient pour grandir et celles métaphoriques qui constituent le lignage familial. Tout tourne en effet autour du bois dans cette famille, selon qu'on l'exploite abusivement (Harris Greenwood, l'arrière grand-père) soit qu'on essaie de défendre les forêts (Willow, la grand-mère) soit qu'on en fasse son métier (Liam, le père) soit qu'on l'étudie (Jacinda, la fille).

Mais le destin n'est pas de tout repos et il pèse comme une sorte de malédiction sur cette famille hors du commun …



A la fois fable et manifeste en faveux de la nature, Michael Christie réussit à faire de « Lorsque le dernier arbre » une saga palpitante (avec de nombreux rebondissements) et un récit militant.



Sans jamais être donneur de leçons, il attire notre attention sur ce qui se joue maintenant avec la nature, avant qu'il ne soit trop tard … Un GRAND récit que signe ici Michael Christie : un auteur canadien vraiment très prometteur.


Lien : http://versionlibreorg.blogs..
Commenter  J’apprécie          5515
Lorsque le dernier arbre

C'est la généalogie et l'histoire d'une famille: les Greenwood, qui part du présent dans l'histoire, situé en 2038 et repart en arrière, pour parler de tous les membres de la famille, jusqu'en 1908, l'origine de histoire.. L'histoire est intimement liée aux arbres et tous les personnages ont un métier en rapport avec les arbres. En 1908, après un accident de train, deux enfants vont se retrouver livrés à eux même dans la forêt. C'est avec eux que tout commence. Ils vont devenir forestiers et vivrent tous les deux dans une cabane, dans les bois, Harris deviendra un magnat du bois, érudit et très riche, mais une maladie lui ote la vue. Everett, son frère part faire la première guerre mondiale , et, en reviendra traumatisé.I il devient exploitant forestier et fabriquant de sirop d'érable. Il trouve dans les bois un bébé abandonné qu'il sauve, mais cette histoire va lui causer bien des problèmes et l'envoyer en prison pour longtemps.

L'histoire est racontée en suivant la coupe d'un tronc d'arbre: 2038 est près de l'écorce et 1908 est le noyau, les autres cernes 1934, 1974, raconte l'histoire à différents moments.

Il y a la fille d'Harris, Willow l'écolo qui milite pour la défense des arbres, fâchée avec son père et qui refuse son héritage pour vivre dans un van avec son fils Liam. Liam qui une fois adulte, fait des merveilles avec ses mains, il fabrique des objets en bois de récupération et même un stradivarius pour faire plaisir à sa femme musicienne.

En 2038,après une catastrophe écologique, le monde a perdu la presque totalité de ses arbres et, est devenu un désert avec des nuages de poussière qui engendrent une maladie la craqueuse qui décime la population du monde entier. Les réfugiés climatiques se déplacent vers le Canada, encore riche en forêts primaires. Une île, au large de la Colombie Britannique, fait office de lieu de ressourcement où viennent des pèlerins riches pour être en contact avec les derniers séquoias géants. Jake, la fille de Liam, dendrologue de formation, y travaille comme guide. Elle va découvrir qu 'elle est la petite fille d' Harris Greenwood, le milliardaire et l'héritière de son arrière grand père et donc de l'île.

A travers ce roman, où les arbres ont la première place et sont omniprésents dans tout le récit, l'auteur nous communique son amour des arbres et nous met en garde contre une déforestation massive qui assècherait la planète et créerait une catastrophe écologique irréversible. Les hommes doivent apprendre à vivre en harmonie avec la nature et être à son écoute. Mais n'est il pas trop tard ?



Commenter  J’apprécie          512
Lorsque le dernier arbre

2038 : sur l'île de Greenwood, Jake, dendrologue est guide touristique. Que fait-elle visiter ?

Une forêt, "La Cathédrale", la dernière forêt primaire du monde car sur les continents tous les arbres sont morts attaqués par les maladies, les insectes. Evidemment, c'est un séjour réservé à des archi privilégiés, qui n'ont de Pèlerins que le nom trop préoccupés qu'ils sont à faire des selfies et à tripatouiller leur téléphone pendant que Jake s'efforce de leur transmettre son amour des arbres.

Jake ne se plaint pas de son sort. Elle mange à sa faim, ne risque pas de contracter la « craqueuse », maladie née du dust bowl, ces tempêtes de poussière qui obstruent les poumons.

Jusqu'au jour où son ex, avocat, vient lui rendre visite, lui confie le journal intime d'une soi-disant « aïeule » et prétend qu'elle est la seule héritière de l'île.

A partir de là, Mickael Christie remonte le temps par petits bonds : 2008, 1974, 1934, 1908 puis revient sur ses pas 1908, 1974, 2008, 2038.

Pourquoi ces dates ? Chacune marque un temps fort pour les membres de la famille Greenwood. Le père de Jake, Willow sa grand-mère, activiste écolo, l'arrière-grand-père Harris et son frère Everett, leur enfance et puis on remonte jusqu'à 2038.

Les arbres sont au coeur du récit et ont servi à une construction très habile. Comme un prologue, la reproduction de la coupe d'un arbre indique chacune de ces années clés, nous donnant d'emblée la clé de la structure. C'est habile aussi puisqu'une fois posé l'enjeu : Jake est-elle l'héritière des Greenwood et comment se fait-il qu'elle l'ignore ? Après tout, elle porte le même nom qu'eux. Les explications nous sont livrées alors dévoilées au fur et à mesure de la rencontre avec les différents personnages.

Les arbres sont au coeur de la vie des principaux : ébéniste, bucheron, récolteur de sirop d'érable…

Mais surtout c'est le récit d'une famille, de ses querelles fondées sur des malentendus, des rancoeurs, et j'ai envie de dire, bien sûr, sur ses secrets.

Le récit est passionnant. On avance au gré des cernes de l'arbre familial, on pénètre au coeur de ses racines. Chaque personnage est parfaitement dépeint, livre toute sa complexité laissant malgré tout planer quelques zones d'ombre, permettant au lecteur de construire ses propres hypothèses.

On a hâte d'enfin comprendre toute l'histoire. Et comme, pour ma part, j'ai été très touchée par Everett, je voulais savoir, éclairer les frondaisons de la branche majeure qu'il représente.

Je suis enchantée de ma lecture. Je n'ai qu'un minuscule bémol à formuler. La toute toute fin…

Commenter  J’apprécie          495
Lorsque le dernier arbre

C’est de très loin, selon moi, LE roman de cette rentrée littéraire à ne surtout pas manquer. Si vous ne deviez en lire qu’un, c’est bien celui-ci qu’il faudrait acheter en librairie, afin d’engloutir ensuite ses 608 pages absolument époustouflantes. Avec Lorsque le dernier arbre, l’écrivain canadien Michael Christie s’inscrit d’ores et déjà comme l’un des plus grands auteurs contemporain nord américain. La construction narrative est des plus originale, en effet tel des dendrologues, nous allons remonter le temps de cerne annuel (ou de cerne de croissance) en cerne annuel, formant un cercle concentrique sur la section transversale du tronc d’un arbre, formé chaque année par le cambium. Le roman est structuré à la manière d’un tronc d’arbre : plus on s’approche des pages du milieu, et plus on recule dans le temps. Puis, une fois arrivé en 1908, on repart dans le sens inverse pour retrouver l’année 2038. Une histoire sur plusieurs générations, d’une ambition folle et pleine de souffle. Une fresque familiale d’une rare beauté. L’auteur a mis cinq longues années à l’écrire et cela s’en ressent. Son parcours atypique, Michael Christie a exercé plusieurs métiers avant d’être auteur, renforce ce côté protéiforme de son histoire, avec des personnages d’une rare densité psychologique ayant chacun leur part d’ombre et de lumière.



Lorsque le dernier arbre est un roman-monde, mélange de préoccupations écologiques, sociales et de dystopie dans sa description d’un futur où la Terre, en 2038, est confrontée aux changement climatiques entraînant des épidémies fongiques et autres invasions d’insectes ayant tués presque tous les arbres de la Terre. Ces nuages de poussières dans une Terre devenue inhospitalière renforce le clivage entre deux mondes : celui d’une minorité d’ultra riche pouvant se payer un séjour à la Cathédrale arboricole de Greenwood, et la grande masse des miséreux affamés. Les maladies se sont développées renforçant le chaos et l’apocalypse écologique. L’histoire nous raconte la généalogie des Greenwood, une famille dont Jake Greenwood ou Jacinda ignore tout, elle, la lointaine descendante et dendrologue de formation ayant la chance de travailler dans l’une des dernières forêts primaires de la terre, une île transformée en complexe de luxe au large de la Colombie-Britannique. Guide forestière, elle doit présenter quotidiennement à ces groupes de touristes richissimes, la magie des lieux. Un jour, Silas débarque sur l’île, c’est un juriste et il prétend que Jake n’est autre que l’arrière petite-fille de Harris Greenwood, un magnat du bois de la côte ouest qui aurait acheté l’île en 1934.



Le récit ne nous perd jamais en route et ces changements d’époques forment un arc narratif passionnant à suivre. On y côtoie le père de Jake, charpentier menuisier fauché, sa grand mère Willow, militante écologiste radicale ou bien encore l’oncle de Jake, Everett (le frère de Harris futur magnat du bois) qui trouvera un nourrisson abandonné au cœur des bois. Certains événements vont s’inscrire durablement dans les interstices du temps. La découverte de ce bébé par Everett fait partie de ces événements qui font basculer une existence. A chaque fois, on est bouleversé et on s’attache drôlement à ces personnages qui ont une profondeur et une authenticité rare. Michael Christie fait défiler le temps en suivant les circonvolutions des cernes d’un arbre comme représentation de l’arbre généalogique de la famille Greenwood. Le style d’écriture est remarquable, profond car il nous fait méditer sur la vie, la mort, l’idée que nous ne sommes que des hôtes de passage sur Terre, tandis que les arbres nous contemplent, de leur hauteur gigantesque pour certains d’entre eux, et voient défiler les siècles et les hommes. Un livre qui sonne comme une mise en garde sur l’ampleur de la catastrophe qui nous menace si nous n’agissons pas. Un roman précieux pour ce qu’il a à nous dire servi par cette écriture vertigineuse de Michael Christie. Indispensable en cette rentrée littéraire.



Je remercie très chaleureusement les Éditions Albin-Michel et sa collection « Terres d’Amérique » pour cette lecture et leur confiance !


Lien : https://thedude524.com/2021/..
Commenter  J’apprécie          4917
Lorsque le dernier arbre

Il y a un vrai souffle romanesque dans ce roman qui m’a habitée près d’une semaine et que j’ai quitté à regret. Les arbres et l’écologie sont prétexte à raconter l’histoire de la famille Greenwood, de 1908 à 2038 (ou plutôt de 2038 à 1908 car l’auteur, malin et habile, conte l’histoire à rebours pour mieux nous accrocher). Une histoire qui débute avec deux frères, au début du XXe, et qui se construit au fil de la guerre, de la grande dépression, du réchauffement climatique et de l’abattage forcené des forêts canadiennes, jusqu’au « grand dépérissement ». Plus d’un siècle en compagnie d’Everett, de Harris, Willow, Liam et Jake ; un siècle de transmission, d’amour, de trahison et sacrifices. Portrait d’une famille, fable écologique, dystopie, ce roman passionnant mérite une place de choix au pied du (faux) sapin. Il est d’ores et déjà un incontournable de ma bibliothèque.
Commenter  J’apprécie          454
Lorsque le dernier arbre

" Lorsque le dernier arbre" est une saga pas comme les autres ! Passionnante et addictive. M. Christie a eu l'idée superbe de la construire de façon à ce que nous decouvrions l'histoire de cette famille comme on lirait l'histoire d'un arbre à travers ses différentes strates: tout d'abord le présent,qui ici se situe en 2038, puis en nous dirigeant au centre,1908, pour remonter à nouveau le temps et revenir au présent. Ce roman est un très bel hommage aux arbres et à la vie qu'ils représentent,mais aussi un rappel à l'ordre plus qu'une alerte sur la nécessité de ne pas négliger les signes de détresse que nous adresse la nature. En cela c'est un écrit éminemment écologique.

Cette saga est également singulière car si on suit bien une famille sur cinq générations avec ses secrets,ses amours,ses conflits,ses ambitions etc, M.Christie interroge finalement sur ce qu'est une famille,sur " ce qui fait famille": " Et si la famille n'avait finalement rien d'un arbre ? Se dit Jake....Si c'était plutôt une forêt ? Une collection d'individus mettant en commun leurs ressources via leurs racines entremêlées..."

Tous les personnages sont attachants,complexes et ont attisé ma curiosité,et toutes sortes de sentiments à leurs égards car l'auteur a su travailler leurs portraits avec petillance, humour et humanité. Évidemment la richesse des connaissances botaniques sur lesquelles il s'est appuyé apporte une densité et une beauté particulière à cette histoire.
Commenter  J’apprécie          440
Lorsque le dernier arbre

Fable écologique, ce roman est aussi une saga familiale. Il paraît au départ évident que ce livre fonctionne comme une mise au sens propre du métaphorique arbre généalogique. L’histoire d’une famille nous est racontée à la manière d’un Zola, les fautes des parents rejaillissant sur le destin des enfants et la composition dendrochronologique du roman, qui va du futur au passé puis du passé au futur, à la manière de l’inscription du temps dans la coupe d’un arbre, ajoute à cette analogie entre la succession des générations et l’organisation de l’arbre.

Sauf que la famille dont nous suivons les aléas sur un siècle, contrairement à ce que suggère la métaphore arboricole, n’est pas unie par les liens du sang. Les frères sont frères de hasard et les pères ont rarement conçu leur héritier(ère). « Jake s’est toujours méfiée de l’expression « connaître ses racines ». Comme si les racines étaient, par définition même, connaissables. N’importe quel dendrologue vous dira que les racines d’une forêt de pins d’Oregon adultes […]sont […] impossibles à tracer. […] La vérité, c’est qu’il n’existe pas de distinction claire entre un arbre et un autre. Et que leurs racines sont tout sauf identifiables. »

Nous étions donc prévenus. En réalité, si nous nous y connaissions davantage en arbres au lieu de ressasser des métaphores usées jusqu’à la trame, nous saurions depuis longtemps qu’il n’est d’autre enfant que celui qu’on élève, qu’on soit ou non son géniteur.

Et ce qui est très beau dans ce livre c’est l’entrelacement de l’écologie et de la pédagogie : on coupe les arbres et on les brûle, sans effort ni remords puisqu’on les sait résilients et aptes à repousser (car avant que Cyrulnik n’en fasse un concept, la résilience concernait beaucoup plus les arbres que les gosses); quant à nos enfants, nous prétendons les modeler à notre image sans nous soucier de leurs désirs propres. Tous les rejetons de la saga sont des mômes abandonnés, rejetés, ignorés qui, parents à leur tour, n’auront jamais appris à élever l’enfant qui leur naîtra.

Mais c’est une loi de la nature que, s’il revient à l’arbre de produire des fruits, il revient aux fruits de s’en détacher. « Le fruit ne tombe jamais loin de l’arbre, dit le proverbe. Mais Willow sait d’expérience que ce serait plutôt le contraire. Un fruit n’est jamais que le véhicule par lequel s’échappe la graine, un ingénieux moyen de transport parmi d’autres – dans le ventre des animaux, sur les ailes du vent –, tout ça pour s’éloigner le plus possible de ses parents. Faut-il donc s’étonner que les filles de dentiste ouvrent des confiseries, que les fils de comptable deviennent accros au jeu et que les enfants de téléphage courent des marathons ? Elle a toujours pensé que la plupart des gens vivent leur vie en réfutation de celles qui les ont précédés »

Mais, si nous espérons tant avoir des enfants qui nous ressemblent, c’est parce que nous les considérons comme des prolongements de nous-mêmes, comme s’ils étaient la promesse d’un avenir rendu meilleur par le rachat des fautes des parents: « Si seulement nous étions comme les arbres […] . Si seulement nous avions des siècles devant nous. Peut-être alors pourrions-nous redresser tous les torts que nous avons causés ». Or, à vouloir des enfants pour notre profit et non le leur, à faire peser sur eux les responsabilités qui nous incombent, nous mettons le monde à mal.

Le roman de Mickaël Christie laisse peu d’espoir. À la fin du livre, les arbres sont en train de disparaître tout comme la possibilité d’une grossesse. À moins que la catastrophe annoncée ne soit le début d’une nouvelle ère: puisqu’il est vain d’attendre le rédempteur, peut-être allons-nous enfin prendre nos responsabilités. « Mais pourquoi attendons-nous de nos enfants qu’ils mettent un terme à la déforestation et à l’extinction des espèces, qu’ils sauvent la planète demain, quand c’est nous qui, aujourd’hui, en orchestrons la destruction ? [... ] Il y a un proverbe chinois qu’elle a toujours aimé : Le meilleur moment pour planter un arbre, c’était il y a vingt ans. À défaut c’est maintenant. »

Alors, plantons.
Commenter  J’apprécie          423




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Michael Christie (1368)Voir plus

Quiz Voir plus

L'Allemagne à la portée de tous

J'ai un chien loup ou

berger teuton
berger germain
berger d'outre Rhin
berger allemand

10 questions
70 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}