Vidéo en anglais. M.M. Smith parle de son roman "The Servants" ("Les domestiques").
Parfois les choses changent et c'est bien. On va d'un endroit à un autre, on devient différent de la personne qu'on était. parfois le fait que les choses cessent à un sens. La fin signifie un nouveau commencement.
Les conflits mentaux sont les pires : ils ne font pas de bruit, mais ils laissent un putain de bordel derrière eux.
On ne peut pas tenir éternellement la vraie vie à distance. Tôt ou tard, le tiroir bourré de Post-it explose, et tous revendiquent la première place sur la Grande Liste des Choses Capitales à régler.
Les êtres humains sont les nuages d’où pleuvent les histoires, mais nous sommes également les éclats de verre qui en réfractent la lumière, qui en polarisent les rayons jusqu’à les rendre brûlants.
Humains et histoires ont besoin les uns des autres. On les raconte, certes, mais elles nous racontent aussi, nous. Les bras grands ouverts, les mains douces, elles nous invitent à venir nous réfugier contre elles, surtout lorsque nous nous retrouvons englués dans une vie qui n’a plus de sens. On a tous besoin d’un chemin à suivre, et les histoires nous aident parfois à ramener nos pas dessus.
Non, non. Pardon. Arrêtez tout.
Je m’y suis mal pris. J’ai voulu raconter cette histoire depuis le début.
C’était une erreur ; ça ne marche jamais. J’ai retenu la leçon, depuis, et je me demande même si c’était précisément ça que j’ai commencé à entrevoir vaguement par ce froid après-midi révolu depuis longtemps. La vie, ce n’est pas une montre ou une horloge, un objet qu’on peut assembler puis mettre en mouvement.
Il n’y a pas de début qui tienne. On est toujours en plein milieu.
Bon. Je recommence.
- Quand elle n'arrive pas à dormir, elle reste allongée et elle espère que vous l'aimez encore.
Dan s'arrêta net et se retourna.
- Bien sûr que je l'aime, dit-il, blessé. Elle doit le savoir.
L'ange se dissipait à présent, le battement régulier de ses ailes se changeant de nouveau en pluie, le gris de sa peau redevenant nuage. Il se leva et se transforma d'un souffle en brume devant ses yeux, ses paroles venant frapper Dan comme un vent glacial, portées par le battement des ailes.
- Pour elle vos discussions sont comme l'odeur des livres. Pensez-vous qu'elle ne le remarque pas, quand vous montrez que vous vous ennuyez? Parfois c'est pour ça qu'elle continue de parlers, parce qu'elle panique à l'idée que vous ne la trouviez plus intéressante.
Cette paix que vous recherchez : pourquoi la voulez-vous? Quelles sont donc ces pensées si précieuses qu'elles valent de souhaiter qu'elle se taise? Pendant ce temps, elle a peur, à cause de touts les façons dont les choses peuvent mal tourner, s'immobiliser, perdre de la force et se déliter.
Quand elle mourra avant vous, ce qui est possible, regretterez-vous vraiment tout ce silence que vous n'avez pas eu? Quand vous vivrez dans le calme éternel, dans ces années engourdies, que serrez-vous prêt à promettre, pour entendre un seul mot de plus.
Puis le vent se calma. L'ange avait disparu.
Rythme, ordre, rituel. Les gens âgés et les jeunes enfants comprennent l'importance de ces choses. C'est seulement pendant les années intermédiaires que les gens pensent qu'ils peuvent échapper aux structures de la vie. Ils ne comprennent pas à quel point cette apparente liberté les emprisonne dans un ici et maintenant permanent.
[...] que la vie est courte et qu'on doit se contenter de l'aborder une page après l'autre, voire une ligne à la fois [...] même si on fait partie du même livre que les gens qu'on aime, on n'est pas obligé d'être toujours à la même page.
On avance à travers le temps, de plus en plus vite, jusqu'à parvenir à un précipice : on sait qu'il se trouve devant, quelque part, mais on ne le voit jamais avant qu'il soit trop tard.
Si l'on vit assez longtemps, tout finit par arriver. Et ensuite, certaines de ces choses arrivent encore