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Critiques de Michaïl Lermontov (60)
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Récits fantastiques russes

Un bref recueil de 3 nouvelles sur le thème du fantastique. le choix est plutot discutable :

Vladimir Titov, un illustre inconnu dont "La maison isolée sur l'ïle Vassilievski (1829) " semble bien le seul récit qu'on aie sous le coude (et plutot pas très réussi à mon goût);

Lermontov, très connu - pas vraiment pour ses contes fantastiques, d'ailleurs, il n'a même pas réussi à finir "Chtoss" ;-)

Enfin, seul choix digne d'intérêt, "Le Cosmorama" de Vladimir Odoïevski, très réussi celui là, où la science se mèle à l'imagination pour mettre entre des mains innocentes une sorte de cinémascope de scènes passées ou futures. Vladimir Odoïevski est un écrivain représentatif du genre et son recueil "Les nuits Russes", pas forcément limité au fantastique d'ailleurs, qu'on trouve visiblement (merci Babelio) chez L'Age D'Homme va passer direct dans ma PAL (ça me donnera l'occasion de mettre une première critique à ce livre qui n'a aucun lecteur... j'adore ça...)



Dans le genre, il faut surtout lire "La Russie fantastique, de Pouchkine à Platonov", compilation fournie de 21 nouvelles avec des signatures majeures (Pouchkine, Leskov, Andreiev, Zamiatine, Remizov,...), qui contient aussi Chtoss et deux autres nouvelles d'Odoïevski.
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La princesse Ligovskoï

Une lecture agréable, avec l'envie d'en savoir le dénouement, l'écriture est un plaisir. L'histoire, je l'ai acceptée, le début est plutôt drôle, curieux, puis, je me suis ennuyée, en raison des répétitions des situations. Superbement écrit, oui, mais je n'ai pas compris le fond.
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Un héros de notre temps

Je n'ai pas les connaissances suffisantes pour placer Lermontov dans la littérature russe, et surtout voir l'importance de son personnage. Mais je peux le situer par rapport à la littérature européenne. Il est "de son temps", mais un peu anachronique aussi, entre le XIX ème romantique et le XVIII ème siècle libertin.

Petchorine ressemble en effet beaucoup à de nombreux personnages - et à de nombreux auteurs eux-mêmes - du romantisme. Ces auteurs souffrent du "mal du siècle", ils se considèrent comme nés trop tard, dans un monde où les armes semblent s'être tues. C'est la génération de Musset, Hugo, Vigny, Dumas... Leurs pères ont fait la guerre, leurs pères ont servi l'Empereur, mais, pour eux, seule la littérature peut être un moyen d'acquérir la gloire.

Ainsi, Petchorine peut sembler avoir des prétentions à l'écriture. Après tout, on lit son journal. Il le dit, il écrit pour lui, comme simple souvenir - mais il s'analyse beaucoup trop, il réfléchit trop à ses actes et à ses sentiments, pour n'écrire que pour lui. Petchorine pourrait se rêver poète. Petchorine manie ainsi l'ironie voire le cynisme de lord Byron, il se sent incapable d'aimer vraiment et multiplie les conquêtes comme Julien Sorel - tout en ayant une passion au coeur. Il séduit sans s'attacher, tel un comte de Valmont un peu anachronique. Il mène une carrière militaire, mais sans véritablement se battre ; en tout cas, il accorde plus d'importance au brillant de ses épaulettes, à la blancheur de son uniforme et au vernis de ses bottes qu'à ses entraînements et à ses armes.

Il pourrait sembler fat, et vite insupportable. Après tout, il est beau, riche, vaniteux et imbu de lui-même, persuadé que toutes les femmes sont folles de lui, ayant des prétentions de séduction et d'esprit. Il nous est d'ailleurs présenté en premier par un récit externe, par les mots de son ancien officier. Il apparaît alors très antipathique, froid, calculateur, individualiste. Il séduit une femme parce qu'il s'ennuie et la désire, mais que pour un temps.

En lisant son journal, avec une focalisation interne donc, il se révèle plus complexe. C'est un homme qui s'ennuie, qui ne vit pas par passion mais par curiosité. Il se révèle à nouveau comme un homme "de son temps", le romantisme, par ses voyages, aux du monde civilisé. Pour Byron, c'était la Grèce qui représentait déjà une forme d'exotisme. Pour un Russe du XIX ème siècle, c'est le Caucase, la Mer Noire et ses villes d'eaux. On sent que ce n'est pas tout à fait Saint-Pétersbourg et Moscou, mais un autre monde, moins civilisé - les modes ne sont pas les mêmes, les moeurs non plus. Ce sont les descriptions de ces sociétés et de ces peuples de marge que j'ai appréciées, même si trop rapides à mon goût. J'aurais aimé en savoir plus sur cet aveugle contrebandier, ou sur le mode de vie des Caucasiens.

Dommage finalement, la forme même de l'oeuvre, plusieurs chapitres comme plusieurs fragments de vie, ne permet pas de développer en profondeur les cadres des récits successifs.

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La princesse Ligovskoï

La Princesse Ligovskoï de Mikhaïl Lermontov (1814-1841) est un roman inachevé et c'est bien dommage !

Lermontov le commence en 1836 mais à la suite d'une dispute avec son cousin Nicolas Stolypine, il est arrêté, emprisonné, accusé d'« appel à la révolution », puis exclu de la Garde et envoyé dans un régiment de dragons dans le Caucase où il écrira entre autres le Démon. La Princesse Ligovskoï est publié pour la première fois en 1882 dans la revue littéraire le Messager russe, bien après la mort de son auteur.





le roman débute par un accident spectaculaire et emblématique. « En 1833, le 21 décembre à quatre heures de l'après-midi » dans le centre de Saint-Pétersbourg, un jeune fonctionnaire est renversé par un traineau qui appartient à un officier de cavalerie de la Garde. le trotteur bai et le plumet blanc filent sans se retourner. Pendant que le jeune fonctionnaire rumine son amertume, l'officier qui est arrivé dans son riche palais décoré d'un luxe clinquant, oublie immédiatement ce qui s'est passé. Grégoire Alexandrovitch Piétchorine, que les siens appellent Georges, à la française, a bien d'autres chats à fouetter. Il intercepte une carte de visite destinée à sa mère et y lit , imprimé en caractères gothiques : «  le prince Etienne Stiépanovitch Ligovskoï et la princesse ». Il tressaille, il pâlit et jette la carte au feu avant de s'en repentir. le soir même, au théâtre Alexandra, Piétchorine revoit une ancienne conquête et s'empresse de l'éviter. Puis il se rend au restaurant Phénix et tombe sur Krasinski le petit fonctionnaire qui exige des excuses. Piétchorine en réponse propose de régler leur différend par un duel...



Ce petit roman est épatant. On ne s'ennuie pas une seconde. D'abord les deux intrigues sont savamment entrecroisées avec digressions et clins d'yeux au lecteur. On se demande jusqu'au bout comment vont tourner l'affrontement entre le petit fonctionnaire désargenté et le riche officier, et puis les retrouvailles sentimentales entre Piétchorine et la Princesse. Ensuite la peinture de la société mondaine pétersbourgeoise est formidable, précise et ironique. On a une galerie de portraits esquissés en deux ou trois traits saisissants et cruels à la Gogol. Les descriptions des lieux sont remarquablement concrètes et précises. Les dialogues sont fameux, dans la vie quotidienne, chez les domestiques, au bal ou au dîner. Les conversations y sont vides et pompeuses, les potins, les calomnies terribles s'enchainent avec le plus grand sérieux, au point qu'une vieille dame manque de s'étouffer avec ses asperges. Les dames ne sont pas épargnées. Piétchorine est arrogant, cruel et cynique mais aussi très complexé. Il cherche constamment à savoir ce que les femmes pensent de lui. Il est jaloux de Krasinski au physique avantageux qui fait tourner les têtes. Piétchorine feint le cynisme à la mode pour épater la galerie «c'est-à-dire être connu comme une personne capable de faire le mal quand bon lui semble » et il réprime en même temps ses véritables sentiments. Il rappelle par certains aspects Eugène Onéguine, cité en exergue ("Tire ! Tire ! crie une voix"). Il cherche à être reconnu de la bonne société et la méprise tout à la fois. le personnage de Piétchorine sera amplement développé dans le chef d'oeuvre Un héros de notre temps.



Lermontov est un immense écrivain, méconnu en France. Ce petit livre permet de le découvrir.
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Un héros de notre temps

Grigori Petchorine, personnage principal du roman, est un jeune homme impudent, peut-être amoral. C’est surtout qu’il est tout à fait désillusionné et infiniment insatisfait de ce que la vie lui offre. C’est aussi un homme tourmenté par son passé, par d’anciennes erreurs d’amour qu’il ne regrette pas tant mais qui ne sortent pas de lui et l’envahissent tant qu’il les raconte au narrateur. Amours complexes, embrouillées, si sophistiquées qu’elles ne peuvent aboutir favorablement. Si tordues qu’elles le conduisent toujours à se saboter dangereusement.

Voilà là notre héros romantique, officier de l'armée russe, présenté en cinq parties décrivant chacune une étape différente de sa vie. La première partie est composée de trois expériences qu’il raconte lui-même au narrateur. La seconde partie est racontée par le narrateur et décrit une rencontre ultérieure avec Petchorine. Cette partie montre la chute finale de Petchorine alors qu'il est impliqué dans une conspiration contre le gouvernement.

Le roman, ainsi découpé, explore non seulement l’amour mais aussi la solitude, la mort et la trahison, le tout de manière sombre ou plutôt extrêmement acerbe - ou bien réaliste, lucide- et dépeint la société russe de l’époque avec sarcasme et causticité.

Petchorine, personnage aussi complexe que fascinant parce que puissant et impétueux, évolue dans cette Russie pourrie de corruption et ébranlée par les inégalités sociales. Est-il immoral ? Et sur quels critères ? Est-ce qu’un jeune homme considéré comme incompétent à s’adapter dans une société faite de conventions bêtes n’est pas plutôt un homme pur, un intègre, un vrai ? Une vie immorale est peut-être la seule existence digne lorsque l’on n’a vu dans la morale commune qu’une suite de codes absurdes et infondés. Non, Petchorine est bien un héros, car il lui coûte probablement plus de suivre ses propres penchants et sa propre nature que d’obéir à des règles établies, de se conformer, de se bien marier et d’accumuler quelque richesse. Ces plats projets sont réservés aux esprits trop simples, aux fades, aux frileux et aux bourgeois. Est-il inutile ? Assurément, dans une société ainsi faite. Cependant le sentiment de se « sentir utile » n’est-il pas lui aussi un leurre, une façon de se justifier dès lors que l’on n’a rien accompli de grand pour soi-même. Petchorine, au fond, n’est pas tant ce paresseux fougueux et irresponsable, pas plus que tous les autres qui se conforment. Il a eu l’audace au moins, il a pris le risque de vivre quand ses « semblables » répètent à l’infini la même existence depuis des générations : études, carrière, mariage, profits, confort. Finalement il est bien moins frivole et oisif qu’eux tous. Qu’est-ce que le mariage noble sinon une frivolité admise, qu’est-ce que le sentiment sinon une façon de se désennuyer ?

Il possède également cette rare qualité qui est la pure franchise. N’importe ses erreurs, ses failles, il les raconte. Voilà là un homme qui a finalement peu à se reprocher. Ceux qui ont beaucoup de torts inavoués se vantent et se montrent vertueux et bons. Ou confessent stupidement de petites idioties sans importance afin de se montrer droits. Souvent ils s’en convainquent, même.

C’est aussi un homme intelligent. Aurait-il pu utiliser cette intelligence et la mettre à profit d’une vie bien plus commode ? Non. Utiliser le système jusqu’à son paroxysme et en tirer tous les bénéfices jusqu’à s’y perdre est environ un défaut d’intelligence, du moins une déchéance. Quelle différence, au fond, entre l’homme intelligent qui agit comme un sot et le sot de naissance ? Plus aucune après quelques temps, ou si peu. Petchorine est plus haut, il survole et écrase ses semblables en ne leur ressemblant pas. Il manipule les gens parce qu’ils sont manipulables et parce qu’ils ne lui sont rien. Aurait-il tort de s’en priver ? Devrait-on s’anoblir de bonté et d’éternelle condescendance jusqu’à se mettre à leur niveau ? Lui embobine les femmes qui lui plaisent, se joue d’elle (d’une certaine manière seulement, car enfin lorsqu’il est passionné il est sincère) et puis se lasse. Qui ne se lasse pas de l’amour ? On aime un temps et on desaime, voilà un élan de vie, une vitalité intègre. On se divertit d’amour et puis l’objet d’amour devient quelconque. Et après ? On quitte logiquement, quand on n’a aucune attache matérielle et aucun engagement formel. D’ailleurs, Maxime, le romantique, le sentimental, celui qui se vautre dans des simulacres d’amour, meurt en duel. Voilà l’absurdité de l’amour fantasmé : il tue l’individu. Bela aussi meurt. Et après ? Ne faut-il pas être une femme stupide pour se morfondre d’amour ? Elle meurt d’avoir été abandonnée par lui et Petchorine repart en quête. Quête incessante et toujours insatisfaite au demeurant. Il n’a qu’une seule passion : sa liberté. Cependant il est tenté un temps de chercher le bonheur. Seulement un homme comme lui ne peut être heureux. Il sait que tout est faux, que les sentiments ne durent pas, qu’ils sont conventions et jeux. Il sait que les mots d’amour mentent. Il a vingt ans et il en a cent. Il a du moins l’âge du grand mépris, pour tout le monde et finalement pour sa propre existence. Petchorine n’est pas mauvais, il est sans doute le seul bon dans une société tout à fait corrompue et stupide.

Notre héros est finalement tué lors d'une bataille dans les montagnes du Caucase. N’importe, il méprise finalement aussi sa propre vie. Rien n’est grave. On ne tient à la vie que parce qu’on est lâche ou parce que l’on est lié à des individus, ce qui revient au même.

Le style de Lermontov est admirable, poétique, gracieux. Il frappe par son implacable franchise, par une sorte de réalisme poussé à son paroxysme. Son héros est si « vrai » qu’il parait faux. Est-ce si crédible qu’un homme n’éprouve pas plus de scrupules et méprise aussi ouvertement son prochain ? C’est un style lourd, aussi. Les mots portent une telle violence, un si beau et sain mépris du monde, une si grande désillusion que le tout est puissant, exaltant, enlevé et finalement magnifiquement austère. Lermontov est avant tout un poète, un véritable poète, de veux qui, laborieux, élisent leur mots et frappent fort en peu de termes précis. Travail que l’on retrouve même dans sa prose.
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Un héros de notre temps

Il s'agit d'un livre que j'ai longuement procrastiné, les synopsis dessus sont évasifs, cela étant il est présenté comme un classique de la littérature Russe ayant inspiré beau nombre de roman psychologique par la suite, une référence, un pionnier en la matière, quoi de mieux que de s'en retourner à la source? Malheureusement, j'aurai mieux fait de m'en tenir à ma première impression. Ce livre m'a profondément déçu, le fait qu'il soit mis en tant que Classique de la littérature c'est ce qui accroît la déception car ce livre ne fait pas partie de mes Classiques. Je l'ai trouvé fade, insipide, étrange et fort mélangeant. L'histoire relatée trouve des points d'intérêt ci et là cependant ils ne sont pas constants, l'ennui est majoritairement présente, les personnages ne sont pas attachants et n'ont pas de personnalité marquée, c'est-à-dire qu'ils me sont insipides et Petchorin, je souffle de désarroi car inintéressant au possible et c'est lui qui porte l'histoire du livre. Cela me navre d'apposer une critique négative au vu des critiques dithyrambique à son endroit mais à surcoter de la sorte un livre, je ne pouvais pas ne pas partager cet avis, qu'il soit lu ou non.
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Récits fantastiques russes

Trois récits angoissants. Le fantastique est parfois trouble et compliqué comme dans la nouvelle Le cosmorama où il s'agit de visions à travers un objet. Parfois plus claires avec le diable de la dernière nouvelle. La seconde était intéressante mais malheureusement inachevée. Des jeunes gens pris au piège de la magie, des ténèbres. Attention pas de fin très heureuse.
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Un héros de notre temps

Que faire de soi et de sa vie quand tout ennuie à force d'être prévisible, jusqu'à nos propres sentiments, quand le bonheur est une chimère et qu'on n'est plus capable de passion, alors qu'on ne vit que de passions ?... Eh bien, on peut, par exemple, comme ce « héros de notre temps », Pétchorine, s'ingénier à abuser les passions des autres, travailler sans relâche à leur malheur, faire de soi un maître de la perversion qui bafoue l'amitié, qui brise le coeur des femmes et des jeunes femmes. On pourrait se retenir de faire le mal, mais on ne se retient pas et de cela on s'étonne, et on y pense, on y réfléchit, on creuse la question dans son journal intime. Quand la vie n'a plus de sens, blesser, détruire, est encore une manière de sens pour ce « héros » errant… la dernière passion possible.



L'intérêt de cet ouvrage, premier roman russe psychologique, réside dans les débats intérieurs chez Pétchorine, un dialogue avec lui-même causé par les sursauts du reste d'humanité qui subsiste chez lui malgré qu'il a vendu son âme au cynisme et à la cruauté morale. Ce dialogue fait apparaître dans la conscience du lecteur (doué de morale) que ne pas faire le mal n'est pas une passion supplémentaire, une passion qui, elle aussi, comme toute passion, peut s'éteindre : ne pas faire le mal est un choix moral ! Mais voilà, Pétchorine, lui, est un être de passion, un être presque totalement amoral. Et dans ce « presque » crépusculaire palpite le coeur égaré du livre.

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Un héros de notre temps

UN HÉROS DE NOTRE TEMPS de MICHAÏL LERMONTOV.

Lermontov a eu une vie bien courte, 1814/1841, poète et romancier, officier de hussards, il porte sur le monde un regard distancié, ironique et il s’ennuie beaucoup. Les duels vont l’occuper et il finira par y laisser sa vie, tout comme Pouchkine dont il est contemporain, qui mourra en 1837 et pour lequel Lermontov écrira un poème célèbre qui lui vaudra d’être envoyé sur le front du Caucase. Et c’est justement sur ce front que l’on retrouve le héros de ce roman, Petchorine. Voyageant dans le Caucase pour rejoindre son régiment, le narrateur rencontre un capitaine qui va lui parler de Petchorine, de la façon dont il va tenter de séduire une Tcherkesse, Bella, puis, une fois marié, l’abandonnera. Dans la seconde partie du roman, c’est l’aspect psychologique de Petchorine que l’on découvre à travers son journal intime. Fin dramatique pour le héros qui, de façon prémonitoire peut être, périra très exactement comme Lermontov.

Écriture assez traditionnelle de cette époque mais aussi un des premiers romans psychologiques qui annoncent les Dostoïevski, Gontcharov et Tolstoï entre autres. Un autre intérêt de cette lecture est l’histoire en filigrane du Caucase et de ses républiques montagnardes, Tchétchénie, Ossètie, Ingouchie ou Daghestan dont on parle très régulièrement de nos jours. C’est la période pendant laquelle la Russie a voulu soumettre tous ces peuples caucasiens, histoire qui a perduré une cinquantaine d’années.

L’édition que j’ai eu la chance de lire, est illustrée de dessins de Jean Traynier. Superbe.
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Un héros de notre temps

"Ah ! quel ennui que de vivre ! et on vit tout de même... par curiosité. On attend quelque chose de nouveau... C'est ridicule et absurde !"



Je me souviens encore du "camarade professeur", tonnant devant le tableau noir. Il soutenait que Petchorine, le héros de ce livre, était un personnage tout à fait condamnable, l'image même d'une vie immorale, un lâche incapable de s'intégrer correctement dans la société. Et on écoutait, et ensuite on recopiait tout cela comme des ânes dans nos rédactions, parce que personne n'avait vraiment envie de lire le livre. En tant que héros de "notre" temps, celui de la "normalisation" de la fin des années 80 en ex-Tchécoslovaquie, le blasé cynique Petchorine a lamentablement failli.

Quelques années plus tard j'ai découvert la poésie de Lermontov. Elle m'a fait plus ou moins réviser l'étiquette de "l'homme inutile", que l'on collait alors systématiquement à tous les héros "byroniens" ; à tous ces individualistes poussés sans cesse par l'envie de "partir ailleurs", dégoûtés et fatigués par la société dans laquelle ils vivent. Et maintenant, après la lecture d'"Un héros de notre temps", je me rends compte une fois de plus à quel point on peut facilement se laisser convaincre par l'opinion d'un tiers, simplement parce qu'on est trop paresseux pour vérifier les faits.



Contrairement à mon camarade prof, j'étais enchantée par la franchise du héros de Lermontov, qui dévoile sans pudeur ses pensées les plus secrètes, en analysant froidement ses faiblesses et ses erreurs. Petchorine est tellement différent de tous ces héros positifs et clairement profilés de l'ère héroïque des radieux lendemains, qu'on peut difficilement considérer sa recherche et ses tâtonnements comme quelque manifestation d'inutilité et de futilité. C'est davantage une rébellion intérieure, une décision de chercher la vérité même dans cette bouse sociale censurée dans laquelle il a vécu et qui l'a largement façonné.



Lermontov a doté son Petchorine d'intelligence qu'il utilise à son avantage, et grâce à laquelle il s'élève au-dessus de son entourage. L'un de ses passe-temps favoris est de manipuler les gens, en particulier les femmes stupides, mais après un certain temps il n'y trouve plus aucune satisfaction. Il désire plus qu'un divertissement qui vide agréablement l'esprit. Mais sa nature ne lui permet plus de trouver le bonheur - même illusoire - ni dans l'amour, ni dans l'amitié. Prisonnier de son intraitable ego et de son arrogance, il commence à mépriser tout, y compris son éducation et son intelligence, le destin, l'humanité et même sa propre mort.

Il fait en effet triste figure dans la joyeuse société de la petite-bourgeoisie, dans ce théâtre tragicomique où les uns font semblant d'être sincères, et les autres font semblant de faire semblant d'être sincères.

Comme il ressemble à Onéguine de Pouchkine, ou à Oblomov de Gontcharov ! A Manfred, Heathcliff et tant d'autres. Comme il ressemble aux héros de Kundera... comme il est éternel.



La nouvelle, très agréable à lire, a été écrite entre 1838 et 1840.

Cinq chapitres presque indépendants, liés seulement par le personnage de Petchorine (tantôt on l'évoque dans des souvenirs, tantôt on lit son journal), se déroulent dans de luxueuses stations thermales caucasiennes au milieu de la haute société militaire et civile, mais aussi dans des coins reculés et sauvages de la montagne. Lermontov connaissait bien ces paysages et les habitants du Caucase. Il y avait passé ses années d'exil, après avoir écrit un poème en l'honneur de la mort tragique de Pouchkine ; il n'est d'ailleurs pas sans intérêt de comparer la fin de Pouchkine avec celle de Lermontov, à vingt-six ans seulement !

Lermontov a choisi le nom de son héros encore en hommage à Pouchkine : tout comme Onéguine était créé d'après la rivière Onega, Petchorine est né de la rivière Petchora.

En comparant la vie de Lermontov au livre, on ne peut pas chasser l'impression que nous lisons une sorte d'autobiographie voilée de l'auteur.

"Un héros de notre temps" est véritablement un portrait, mais pas d'une seule personne. C'est un portrait composé des défauts de toute une époque. Vous pourriez argumenter que l'homme ne peut pas être aussi mauvais, mais si on est capable de croire en la véracité des malfrats tragiques et romantiques de toutes sortes, alors pourquoi ne pas croire en Petchorine ? Pourquoi nous est-il si difficile de l'absoudre ? Il contient peut-être plus de vérité qu'on n'aurait souhaité...?

L'abus de sucreries dérange l'estomac, et le remède est amer. Lermontov ne prétendait jamais vouloir devenir un prêcheur contre les vices humains, son esprit était bien trop large, pour cela. Il a seulement pris plaisir à peindre un homme tel qu'il le comprenait, et tel que, malheureusement, il le rencontrait trop souvent. Il a détecté la maladie, comment la guérir - Dieu seul le sait.

J'ai été convaincue de la sincérité de l'auteur, qui a si impitoyablement révélé ses propres faiblesses et défauts. L'histoire d'une âme humaine, même si cette âme semble ignoble , est peut-être encore plus intéressante et utile que l'histoire de toute une nation, surtout quand elle est le résultat d'une introspection profonde, et quand elle n'est pas écrite dans un désir ambitieux de provoquer la pitié ou l'admiration.



Quant à mon opinion définitive sur le personnage de Petchorine, je réponds par le titre de ce livre. "Mais c'est une cruelle ironie !", me diriez vous. Je ne sais pas. 5/5
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Un héros de notre temps

De prime abord, ce roman apparaît comme un patchwork, un collage de plusieurs nouvelles. On peut regretter le manque de cohérence ou saluer l'art de l'écrivain, qui utilise trois narrateurs différents pour faire tenir l'ensemble. Tout tourne autour de l'antihéros Petchorin, qui apparaît comme un double de Lermontov : un homme d'action qui ne trouve pas le bonheur dans celle-ci et qui ne peut s'empêcher de faire naître des inimitiés par ses remarques blessantes.

Pourquoi en est-il ainsi? Est-ce la nature de Petchorin, un concours de circonstances qui a forgé sa personnalité actuelle, la prédestination ?

Il me semble que chacune des nouvelles apporte un éclairage différent et met en avant l'une de ces raisons. L'allure décousue de l'ouvrage ne serait alors qu'une apparence.

De toutes les nouvelles, "La princesse Marie" me semble la plus intéressante. Lermontov décrit de l'intérieur, à travers le journal de Petchorin, la société russe en cure dans les stations thermales du Caucase. L'évocation des peuples autochtones des autres nouvelles est assez extérieure et correspond à la vision d'un militaire russe en garnison. Honnêtement, je n'y ai pas trouvé un grand intérêt, pas plus qu'à la description de la nature caucasienne qui me semble être surtout une toile de fond. Dans la princesse Marie, Petchorin s'explique sur son caractère et semble en rejeter la faute sur les autres, qui ne l'ont pas compris dès l'enfance et l'on contraint à se replier dans la fausseté. On ne saura jamais si Petchorin croit à ces explications. C'est en tous cas un type psychologique intéressant, dans lequel Lermontov s'est projeté et qui contredit par avance les conclusions du personnage des carnets du sous-sol de Dostoïesvski. Petchorin est-il le portrait d'une génération et de ses vices comme l'annonce l'auteur ? Il faudrait demander à un spécialiste de la période.

Évidemment, on est frappé par le parallèle entre la destinée de Lermontov et certains des éléments présents dans le roman. Cet être supérieurement intelligent mais égocentrique aurait-il pu écrire sur quelqu'un d'autre que lui-même s'il avait vécu plus longtemps ?

J'ai envie de me pencher sur la vie de Lermontov maintenant et de savoir ce que les spécialistes ont pensé d'"un héros de notre temps".

Pas un immense plaisir de lecture en ce qui me concerne, mais un livre qui est plus qu'un divertissement.
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La princesse Ligovskoï

Quel dommage que Lermontov n'ait pas terminé ce roman qui porte en lui tous les germes des grands romans à venir de Dostoïevski !



Mikhaïl Lermontov, grand écrivain de l'âge d'or de la littérature russe romantique et contemporain de Pouchkine, ne nous a laissé que les neuf premiers chapitres de ce roman déjà brillant avant de l'interrompre à peine un an après l'avoir commencé. En effet, en février 1837, il est arrêté et emprisonné pour le poème vengeur et jugé subversif qu'il a publié sur la mort tragique de Pouchkine puis est exilé sur le front du Caucase. Lermontov ne prolongera et ne terminera jamais ce roman, expliquant que "les circonstances ont changé". Bien sûr, au Caucase, c'en est fini des bals et des soirées au théâtre et c'est une vie de militaire et des combats qui l'attendent.



Avant cet exil, Lermontov a fréquenté le milieu mondain de Saint-Pétersbourg et a eu quelques expériences sentimentales plus ou moins malheureuses, qui ne lui ont pas toujours fait honneur. Le romancier s'en est directement inspiré pour se livrer à une belle étude psychologique doublée d'un portrait de la vie de plaisirs et d'oisiveté que menait l'aristocratie pétersbourgeoise. Le roman aborde ainsi plusieurs thématiques : l'état d'esprit superficiel de la noblesse de Saint-Pétersbourg, la lutte des classes qui oppose deux jeunes hommes, Piétchorine, oisif fortuné et détestable et Krasinski, fonctionnaire pauvre au caractère ombrageux, les amours contrariées de Piétchorine avec Vièra, les jalousies des deux anciennes conquêtes de Piétchorine...



Les figures masculines m'ont semblé être traitées avec plus de profondeur que les figures féminines. Et le personnage de Krasinski préfigure un certain type de personnage populaire dostoïevskien : un homme au cœur noble, fier et révolté, qui se bat sans moyens contre la société.



Malheureusement, la narration de La Princesse Ligovskoï s'arrête au moment même où les portraits des différents protagonistes sont bien achevés, où la haine entre les deux jeunes hommes s'est durablement installée et l'intrigue suffisamment étoffée pour nous laisser entrevoir les prémices de développements dramatiques...



Bien que le roman soit resté inachevé, Lermontov a repris son cynique héros Piétchorine pour en faire le personnage principal de son roman Un héros de notre temps, mais dans une veine plus réaliste...



Si, à l'instar de Pouchkine, Lermontov n'avait pas connu la même fin tragique lors d'un duel, quels magnifiques romans n'aurait-il pas encore écrits...



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Un héros de notre temps

Ah Lermontov, des souvenirs d'adolescents pour moi. Pour chaque ressortissant de l'ex URSS c'est un auteur indispensable et surtout ce livre qui fait partie du programme scolaire de chaque enfant russe, ukrainien, biélorusse, kazakh...

C'est avec ce livre que j'ai découvert et appris à aimer les mœurs des caucasiens, de "ces gens des montagnes" qu'on appelle parfois chez nous. A mon âge adolescent, ce livre m'a fait découvrir la valeur de l'honneur et du courage. Ainsi que les beaux paysages de cette magnifique région.
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Oeuvres

Alexandre Griboïedov

Le Malheur vient de l'esprit, 1824

Comédie



Quand on parcourt en diagonale ou dans le sens japonais la bio de Griboïedov Alexandre, on voit mort, jeune, en 1829, ainsi que sa femme.., alors c'est quoi ? c'est un suicide familial, comme chez Modigliani : ben non, c'est simple, enfin simple, c'est simple dans une ambiance compliquée .. et c'est bien loin d'être en rapport avec les farces auxquelles nous invite le cher Alexandre. Il y eut une guerre russo-persanne en ces années là . Oui nous sommes sous Nicolas 1er, qui a succédé à Alexandre 1er, tout grand seigneur des arts, évidemment patriote - autres temps, autres moeurs - était tôt ou tard en guerre à l'époque. C'est Zakhar Prilepine, la coqueluche actuelle des russes , le baroudeur écrivain, qui dans son livre Officiers et poètes russes, nous parle excellemment de ça.



Le théâtre français commençait à lasser en Russie quand apparut Boris Godounof. Du côté de la comédie, la pièce immanquable qui mit tout le monde d'accord fut : Le Malheur vient de l'esprit de Griboïedof, juste un peu connu pour des légèretés déclamées en vers, une pépite pour le moins inattendue qui n'eut rien à envier à ce qui va suivre comme le Revizor de Gogol.



Pouchkine repéra ce coup de génie et prédit que les nombreux vers proverbiaux que contenait la pièce passeraient à la postérité.



Griboïedov était un vieux croyant de la littérature, il s'en tenait au classicisme français, et en observait strictement les règles. Les scènes du monde moscovite représentées firent mouche, mais la femme de chambre Lise ressemble plus à une soubrette à la française qu'à une servante russe.







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Un héros de notre temps

Le cadre pittoresque de ce livre, la région du Caucase colonisée par la Russie, m'a immédiatement ramené aux histoires de Pouchkine et aux premiers travaux de Tolstoï. Mais l'approche unique de Lermontow est la manière ingénieuse dont il présente son protagoniste, l'officier russe amoral Pechorin : d'abord à travers des histoires de tiers, puis à travers une courte rencontre personnelle et enfin à travers des fragments de journal intime de Pechorin lui-même. Cela donne une dynamique à l'histoire qui vous aspire dans le roman et ne vous lâche pas. Bravo, pour un livre publié en 1840, donc avant l'apogée du Grand Roman Européen.

Je peux très bien m’imaginer pourquoi Dostoïevski était si enthousiaste à propos de cette œuvre : Lermontov a fait de Pechorin presque la même figure cynique, amorale et en même temps double, séduisante et faible que nombre des protagonistes du futur grand maître, un vrai ‘bad-ass’. Les pages introspectives du journal de Péchorine, en particulier, témoignent d'une profonde perception psychologique d'une âme damnée. Certes, Lermontov n'a pas encore atteint le niveau diabolique de Dostoïevski, mais il s'en rapproche. L'orientation romantique précoce de son histoire, avec l'accent mis sur les descriptions lyriques de la nature et les émois dramatiques de l'âme, pourrait nous rebuter un peu maintenant, mais cela n'empêche pas que ce roman soit impressionnant. Je suis même enclin à le noter plus haut que Pouchkine.
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La princesse Ligovskoï

Une belle découverte avec ce livre qui parle des princesses russes en l'occurrence l'histoire de la princesse Ligovskoï. Nous sommes au XIXe siècle à Saint-Pétersbourg, Georges, un jeune officier de la Garde retrouve après des années Vièrotchka, son ancien amour perdu. Cette dernière est marié avec le vieux prince Ligovskoï mais ceci ne vas pas empêcher la renaissance de leurs sentiments l'un pour l'autre.

J'ai beaucoup apprécié le style de l'auteur qui nous offre une histoire fluide et assez légère qui n'est pas sans nous rappeler les belles valses russes.
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Bela, princesse caucasienne

Petchorine est un jeune officier russe expédié dans le Caucase montagnarde du XIXeme siècle suite à un duel mortel mais aussi pour une mission diplomatique concernant l'intêret russe sur le Caucase. Il s'y ennuie fermement dans cette région sauvage et se met à distance des habitants qu'il juge rustre et peu civilisé. Mais un jour une belle femme captive son attention, Bela une Tcherkesse. Elle est jalousement gardée par sa tribu, d'autant plus qu'un autre homme la convoite, un brigand du nom Kazbitch. Que cela ne tienne, Petchorine compte approcher la damoiselle, aidé par Azamat le frère de cette dernière...

Voilà le résumé de cette longue nouvelle d'un auteur russe peu connu dans notre Hexagone, Michael Lermontov alors qu'il est célèbre en Russie et surtout dans le Caucase dont il est surnommé d'ailleurs le Poète du Caucase. Un romancier à la vie tumultueuse, inspiré par Poutchkine et Byron, fuyant une Russie étriquée par l'absolutisme et les vieilles conventions pour les libres terres caucasiennes à l'atmosphère primitive, et qui ne vécut pas longtemps puisqu'il décède suite à un duel alors qu'il n'a même pas trente ans. Un esprit fougueux et romantique qui se ressent fortement dans cette histoire d'amour tragique (car elle se finira mal évidement) où la vengeance, la mort et l'honneur en sont prédominants.

C'est un voyage passionnant dans la rude Caucase où les habitants sont frustres mais fiers, violents mais héroiques à leur manière, attachant une importance quasi sacrée à l'honneur. Le Caucase c'est l'équivalent de notre Corse et de la Sicile, une terre étrange pour les citadins perçue comme arriérée mais à l'audace et une certaine impertinence que les villes n'ont pas. Une terre qui surprend par l'influence orientale qui l'imprègne, une bonne partie de ses habitants étant musulmans et les mots perses et turques abondent dans le langage local. De quoi nous dérouter mais aussi nous charmer.

Dans le paysage romantique des montagnes, l'amour vient naturellement pour le protagoniste sentimental et libre mais la vision en est très mélancolique. Car Petchorine a des tourments intérieurs en lui qu'il fait que malgré les feux qu'il éprouve pour cette Tcherkesse, il ne parvient pas à se détacher de sa maussaderie qui l'encombre tel un lourd poids. . En revanche, de Bela on n'aura point son point de vue, ni de ses ressentis, symbolisant son statut inférieur dans un monde d'homme y compris même pour son amant.

Le style est byronien, tout délicat et lyrique, que la poésie y est présent souvent : les paysages sont longuement bien décrits et l'auteur y met du temps pour raconter les états d'âmes de ses personnages. Lermontov aime cette terre éloignée du monde civilisé et surtout s'indentifie à un héros au final morose et troublé, qui n'accomplira pas de grand fait héroique.

Une oeuvre bien singulière idéale pour découvrir un auteur des plus méconnus qui a pourtant influencé bien des écrivains russes comme Tolstoi où Dostoveisky, et qui bien qu'écrite dans un siècle romantique et quelque peu suranné, avec les préjugés qu'il peut y avoir, nous transporte dans les fougues de la Caucase. Une autre parcelle de la littérature russe et de ses idées slaves à lire en quelque sorte.
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Un héros de notre temps

Je n’avais jamais entendu parler de cet auteur jusqu’à ce que je découvre son nom dans la liste des principaux acteurs de russes. Oeuvre de jeunesse (ou de maturité puisqu’il fut tué dans un duel à 26 ans), l’auteur nous conte les aventures de Petchorin, membre de la noblesse de Saint-Pétersbourg lors de ses séjours dans le Caucase à l’armée. Dandy négligent et fortuné (le champagne coule à flots), désabusé et sadique, il joue de son charisme pour torturer tant ses relations que ses conquêtes. Il joue avec sa vie (comme lors d’un duel) et celle des ses ennemis. On a l’impression (comme dans les romans français,çais de l’époque que trois sociétés coexistent : ceux qui profitent de la vie (comme notre héros), ceux qui travaillent (les bourgeois) et les âmes (les serviteurs, les paysans). C’est un roman un peu désabusé sur cette noblesse qui cherche un but ou un piment dans la vie et se partage entre étourdissement (fêtes) et mélancolie. Le livre est bien écrit et est plaisant à lire, mais un peu ennuyeux à la fin, même si les différentes histoires parlant du héros sont vues sous des angles différents.
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Un héros de notre temps

C'était la fin de la quarantaine à rallonge ! Les librairies allaient rouvrir ! En attendant, j'ai ressorti le Lermontov acheté d'occasion en 1993 et je suis parti faire un tour dans le Caucase, en compagnie d'officiers en exil dans une station thermale fréquentée par une jeune et jolie princesse.



Quand on connaît la fin tragique de Lermontov, tué au cours d'un duel à 28 ans seulement, et que l'on trouve dans "Un héros de notre temps" la description d'un duel imaginaire, on ne peut qu'être fortement troublé par le caractère prémonitoire du roman qui fut publié un an avant la mort de son auteur, en 1841, et quatre ans après celle de Pouchkine, lui aussi tué lors d'un duel (voir "Les mémoires d'Archiac").



Le héros dont il est question dans ce recueil apparaît sous plusieurs figures dans cinq nouvelles. Il aime semer la discorde dans la société qu'il croise et n'hésite pas par exemple à promettre un magnifique cheval (qui ne lui appartient pas) en échange de la belle et jeune fille d'un prince récemment soumis par l'armée du Tsar. Nous sommes en effet aux marches de la Russie, là où cesse la plaine et que se dressent les monts du Caucase, entre Caspienne et Mer Noire ; là où des bandes de brigands échappent au contrôle de l'armée, là où se croisent Ossètes, Tchétchènes, Tcherkesses et Géorgiens. Une fois la belle conquise, il s'en désintéresse. C'est là un trait de caractère du héros : il cherche à atteindre un objectif apparemment hors de portée et, une fois le but atteint, passe à autre chose. Il y a chez ce jeune homme une mélancolie profonde qui ne se traduit pas par des lamentations ou des rêveries romantiques, mais par de l'action.



D'autres aventures suivent et une autre princesse deviendra un enjeu entre deux officiers. Ce héros est destructeur, blessant mais aussi tragique : en détruisant les espoirs qu'il fait naître chez les autres, il se détruit lui-même.



L'attribut "roman" donné au livre par l'éditeur peut surprendre. Certes, nous sommes en plein récit romanesque et dans un cadre naturel grandiose qui se prête aussi bien à des chevauchées fantastiques qu'à la contemplation du jeu du ciel avec les montagnes, et, sur terre, à des échanges (rarement tendres) entre humains, mais l'assemblage de cinq nouvelles découpe le récit en rondelles qui ne sont pas racontées par le même personnage. Mais sous les masques transparaît l'auteur.



Ce livre est un classique de la littérature russe. La fatalité de la roulette n'est pas loin : le héros flirte avec son destin ; désabusé il s'y abandonne... fatalement.
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La princesse Ligovskoï

Roman inachevé à la première personne, offrant ainsi au lecteur une plus grande proximité avec ses descriptions et ses sensibilités.

Parcours de princesses et de cœurs à suivre et découvrir avec bonheur et partage.

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