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Citations de Michaël Mention (336)


Il y a autre chose, un truc implicite, comme un avertissement. La sensation viscérale que je n'aurais pas dû venir ici, que cette porte franchie en ouvrira d'autres, abyssales. Mais c'est plus fort que moi et j'avance.
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Le même cauchemar depuis six mois, et toujours ce vide aliénant. Inspirer, expirer, inspirer, expirer, pleurer dans l'indifférence de la nuit.
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- Bonjour, monsieur.
Premier mot, premier affront. Non, ce n'est pas un "bon jour", connasse. Les bonnes journées, pour moi, c'est fini depuis le 28 juin, mais puisqu'il le faut, puisqu'on vit dans une société civilisée, je me plie à son rituel arriéré.
- Bonjour. Je viens voir le commissaire Berthier.
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Elle remonte chaque millimètre de mon jean,, avant de s'arrêter au seuil du genou. Son abdomen frétille, ses pattes fléchissent... quand j'agite brusquement la jambe expulsant la bestiole. Elle rebondit, je me jette l'extérieur - « AAAAAAH ! » - et échoue devant un animal embroché au-dessus d'un feu. Founé m'observe avec consternattion, assise en tailleur, le fusil sur les cuisses. Je me redresse, tremblant :
_ M... m... mygale...
Elle se rétablit et, le fusil sur l'épaule, s'approche du camion. Moi je m'éloigne, la regarde monter à l'arrière.
_ Fais gaffe...
C'est bon, je l'ai !
Founé descend du camion, un papillon noir au bout des doigts :
_ Sacré monstre, en effet.
J'en reviens pas,, j'ai halluciné. Quel con. Elle libère l'insecte, qui se casse et me nargue, avant de se fondre dans le crépuscule.
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Je coupe l'autoradio, sors de la R5. A cran, clope au bec et rage au ventre. Ce brasier avec lequel je vis désormais. Survis. La portière claque, suivie du vent glacé, qui me fouette. Je ferme mon blouson, traverse cette rue que j'ai tant traversée, foule ce trottoir où j'ai tant pleuré. Vertige. Tachycardie. Trois heures de sommeil, malgré les somnifères. Et Paris qui rugit, me crache sa pollution à la gueule.
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_ Et donc, vous vivez en autarcie... c'est légal, ça ?
_ Légal et solidaire. Le gouvernement est socialiste, comme nous, même si on se réclame plutôt du socialisme apostolique.
_ Connais pas. C'est quoi ?
_ C'est le bonheur, Franck ! Ici, on vit dans la paix et le partage.
_ Ça fonctionne vraiment ? J'y croyais avant, mais...
_ ...tu t'es fait avoir, comme moi ! C'est logique, les idéaux ont toujours été un produit du système, ce monde capitaliste qui oppose tout, les hommes et les femmes, les Blancs et les Noirs, la foi et le révolution. Mais si on y réfléchit, le pentecôtisme et le marxisme ont beaucoup en commun, à commencer par l'égalité entre les êtres.
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Le temps, cette chose étrange. Le temps qui enfante et tue, le temps des mortels et des arbres millénaires, des secondes furtives et des kilomètres dilués laborieusement dans chacun de mes pas. Marcher depuis des heures, des siècles, alors que ma montre est bloquée sur 8 h 14 ; horaire marécage. Désormais, quoi que je fasse, il sera toujours 8 h 14, même la nuit, même lorsque je lui éclaterai sa sale gueule.
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Je soupire et la sueur me coule dans les yeux, rôtit mes rétines. Ma vision se trouble, avant de se stabiliser sur le cadran de ma montre. Midi passé. Déjà midi. À peine midi. J’arrive même plus à réfléchir, enfiévré d’usure. Cette jungle surnaturelle, dont la beauté n’a d’égale que la perversité. Car j’ai compris. Sa végétation, ses trésors, tout ça n’était qu’un leurre. Putain de Guyane, qui ensorcelle et harcèle, me séduit et m’apaise pour mieux me crisper avec sa cacophonie.
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Des gamins, en train de jouer au foot. Ils me voient passer, m’arrêter devant la tour 3, reprennent leur match. 23 heures ; ils devraient être couchés depuis longtemps. Je sors, happé par la nuit chaude, et me dirige vers l’immeuble, parcours l’interphone. « Yazid », « Traoré », « Dubois », « Hougassian » … toutes les couleurs de la France empilées sur dix-huit étages. Les noms se succèdent jusqu’au Relais de l’espoir, au sixième. Je sonne, attends, rappuie. Toujours rien. Téléphoner ? Vu l’état de la cabine, je me résous à regagner la R5 et allume une clope, tandis que le match de foot se termine. Le groupe se sépare, l’un des gamins s’oriente vers la tour 3. Je songe à le rejoindre, le questionner sur l’asso, mais on pourrait me voir et ça dégénérerait.
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Faune, flore... après m'avoir testé tout au long de la journée, la jungle me torture et me dévore de ses bruits acérés. Cauchemar décuplé par mon imagination traîtresse, ralliée au pire.
Un gazouillis, je frissonne.
Un bruissement, je panique.
Un rugissement, je me replie, réfugié derrière mes paupières.
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Gainsbourg au firmament. Batterie métronome, synthé démoniaque, guitare aux accents fielleux, puis ces mots qqui claquent.
«Elle était entre deux macaques,
Du genre festival à Woodstock
Et semblait une guitare rock à deux jacks »
T'entends ça ? Il réinvente notre langue. Des siècles d'écrivains, de poètes et de philosophes fusionnés avec la rue, dans un groove sidérant. J'ai beau connaître l'album par cœur, je me fais avoir une fois de plus et m'enlise avec délice... bercé... envoûté... TRANSPERCÉ par un vacarme tonitruant. Chaos de métal et de verre. La bagnole s'affaisse, grince effroyablement et je découvre un corps sur le capot.
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Sonné, électrisé de douleur, j'entends à défaut d'écouter. Leurs mots me traversent, s'impriment dans mon cerveau :
_ Le punk ? Qu'est parti dans le Sud ?
_ Ben, avec le tatouage, j'vois que lui !
Je reprends mon souffle :
_ Où... dans... le Sud ?
En guise de réponse, un coup de boule. Je mange à nouveau le trottoir, où ils me shootent dans les côtes, dans le dos, partout. Le mec s'accroupit devant moi, me tire par les cheveu, rappuie sa lame sur ma carotide :
_ T'aviseplus de revenir ou on te saigne comme un porc !
Un dernier coup _ dans la gueule _ et je claque contre le mur, crache du sang, les vois s'éloigner tranquillemen, remplacés par les tox.
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Face au pire chacun sa réaction. D'autres auraient sombré dans l'alcool ou se seraient foutus en l'air, mais moi, j'ai choisi de me suicider à la vie.
Car vivre, c'est rester avec toi.
Manger avec toi.
Dormir avec toi.
Et tant pis si ça s'accompagne d'une torture permanente.
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_ Bonjour, monsieur.
Premier mot, premier affront. Non, c'est pas « un bon jour », connasse. Les bonnes journées, pour moi, c'est fini depuis le 28 juin, mais puisqu'on vit dans une société civilisée, je me plie à son rituel arriéré.
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Six mois d’attente, six mois pour rien. Et je le sens dans mes veines : fini, terminé. Plus jamais je n’attendrai quoi que ce soit de la police de mon pays.
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(...) et c’est là qu’il entre.
Nerveux.
Suant de vice.
Il avance, le pas lourd. La porte se ferme, fait tinter le carillon, mais tu ne l’entends pas, obnubilée par les sucettes. Il passe dans ton dos, se présente au comptoir.
— Bonjour, monsieur !
— Une baguette, s’il vous plaît.
Sa politesse ; l’intonation n’y est pas. La boulangère se tourne pour saisir le pain, il lorgne la rue – personne – puis la tire par les cheveux, lui colle une lame sous la gorge.
— Le fric ! Vite !
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Je me casse, claque la porte de toute ma fureur. Fayard m’interpelle, me dit de revenir, mais je trace. Me tirer d’ici, du couloir à l’accueil, de l’accueil à la rue, que je traverse, étranger au monde. J’entends des klaxons, des gens, mais ne vois que toi et tes yeux plissés de sourire, sur la banquette arrière. Je m’enferme dans la bagnole. Six mois d’attente, six mois pour rien. Et je le sens dans mes veines : fini, terminé. Plus jamais je n’attendrai quoi que ce soit de la police de mon pays. La France, celle de Giscard. Celle de Barre, Chirac et tous ces pourris.
La France des droits de l’homme et des ratonnades.
Celle de l’IVG et des CRS.
Celle de Hara Kiri et de Minute.
Celle de Coluche et de la guillotine.
Ma France, où je chiale aujourd’hui encore.
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— Vous avez du nouveau, oui ou non ?
— Pas encore.
Là, je me contiens. Je n’avais pas vraiment d’espoir – s’ils l’avaient retrouvé, on m’en aurait informé – mais j’y croyais tout de même un peu, comme les autres fois. Et j’ai eu tort, comme les autres fois. Si je ne lui saute pas à la gorge, si je ne lui éclate pas la gueule avec sa machine à écrire, c’est que je ne veux pas que tu me voies ainsi.
— Vous n’avez toujours aucune piste ? En six mois ?
— Monsieur…
— Vous arrivez à coffrer Mesrine, mais pas un p’tit braqueur de merde ?
— Je comprends votre colère, mais…
— « Colère » ? Non, c’est pas de la colère, c’est autre chose ! Quelque chose que vous ressentiriez si un fils de pute avait tué votre enfant !!!
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La flic parle dans le combiné – « Il y a un Franck Lombard qui… OK ! » – et raccroche :
— Désolée, le commissaire est absent.
— Il revient quand ?
— Je ne sais pas. Il est en vacances.
Elle ment. Comme son boss, qui a bien changé à mon égard. Au début, il me recevait chaque fois, puis, au fil des semaines, il est devenu indisponible, en réunion ou en intervention, et maintenant, en vacances. Tu vois, ma chérie, c’est ça, les adultes : ça ment. Ça commence par le Père Noël, ça continue avec la Petite Souris, ça empire avec la religion et les élections. Je remets la carte dans mon portefeuille.
— Et l’inspecteur Fayard ? Il me connaît, lui aussi.
— Je peux lui laisser un mess…
— Bonjour, intervient une voix familière.
Fayard, fidèle à lui-même, avec son collier de barbe et sa veste en tweed.
— Je peux vous renseigner ?
— Je voulais voir le commissaire.
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Dernière taf’, et j’écrase le mégot, franchis la porte du commissariat. 8 h 30 et ça sent déjà la fin de journée, des uniformes froissés à la grisaille des murs. Atmosphère d’autant plus anxiogène qu’ils ont laissé le sapin de Noël à l’accueil, croyant égayer ce début d’année. Sapin au sommet duquel, sur l’étoile, est scotchée une photo de Mesrine, enfin en taule, lui. J’avance, aspiré par la cacophonie. Blabla, transistors ; chaque son m’apparaît amplifié à l’extrême, comme si tout était hostile à ma présence, jusqu’à l’égouttement tonitruant d’une cafetière, quelque part. Je me plante devant l’accueil, confronté au sapin décoré, à côté duquel une jeune flic est en train de téléphoner. J’attends qu’elle raccroche, ce qu’elle fait au terme de dix secondes insupportables.
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