Citations de Michaël Mention (334)
Tout donner même si l'humanité est incurable, que la haine est universelle, que le temps détruit tout, que l'amour est précaire, que la fidélité est fragile, que l'amitié est rare, que le plaisir est fugace, que l'enfance est condamnée, que le pardon est impossible, que l'art est cruel, que le fric est un piège, que le succès est une prison, que la politique est une mascarade, que l'espoir est un leurre, que le mensonge est roi, que la vie est injuste pour des milliards de gens et qu'au final seule la mort a du sens. Alors oui, tout donner à chaque seconde. Car moi, je veux vivre.
Tu vois, ma chérie, c'est ça les adultes : ça ment. ça commence par le Père Noël, ça continue avec la Petite Souris, ça empire avec la religion et les élections. Je remets la carte dans mon portefeuille.
(p11)
- Michaël Mention du Monde, Paris : est-il toujours membre du R.I.O. ? demande celui-ci dans un anglais catastrophique.
- Non.
- Dans ce cas, pourquoi...
- J'ai dit “une question par personne”.
Réputée être le plus vieux métier du monde, la prostitution a toujours été synonyme de peurs. Un pluriel subi au quotidien : la peur d'être agressée, volée, violée, arrêtée et tuée. Permanente, cette angoisse est devenue obsessionnelle depuis que sévit « L'Éventreur ». De Leeds à Bradford, en passant par Manchester, “les filles” du Nord se sont donc organisées : certaines ne consacrent qu'un temps imparti à chaque client, d'autres opèrent en duo ou notent les plaques d'immatriculation.
Penchée au-dessus de la cuvette, Kathryn régurgite sous les yeux de George, désemparé. Elle crache et recommence, si violemment qu'elle perd le foulard qui dissimulait son crâne chauve. George le ramasse et, de l'autre main, lui caresse le dos. Essoufflée, Kathryn lui fait signe de quitter la salle de bains. Il sort, s'assoit sur le lit et attend. Là-bas, continuent les sons insoutenables. Il frémit à chacun d'eux, connecté viscéralement au supplice de celle qu'il aime. Chimio de merde.
George récupère le dossier et, sous l'article, découvre la fiche d'Emily Oldson : trente-deux ans, mariée, trois enfants, domiciliée à Churwell, sans profession, prostituée occasionnelle, découverte dans le quartier de Chapeltown, près du pub où elle a passé sa dernière soirée. Au rapport d'autopsie, sont agrafées trois photos de la scène de crime, où gît la victime.
Un ranger prêcheur, on avait déjà vu ça dans les films, mais Cotton's Warwick n'a jamais brillé par son originalité. Et même jamais brillé tout court.
— ‘Pouvez me passer le sel ?
Une voix, et le réel me pète à la gueule. Retour au réfectoire, au brouhaha, au ragoût de perroquet et topinambours bouillis. Le mec en face, des grumeaux dans la barbe :
— Le sel. (p. 169.)
Le temps, cette chose étrange. Le temps qui enfante et tue, le temps des mortels et des arbres millénaires, des secondes furtives et des kilomètres dilués laborieusement dans chacun de mes pas. Marcher depuis des heures, des siècles, alors que ma montre est bloquée sur 8h14 ; horaire marécage. (p. 241.)
Marcher hier, marcher demain. Nord, sud, jour, nuit — je ne sais pas et je m’en fous, tant que j’avance. Titube d’épuisement. Traîne mon corps, terrain de jeu de toutes sortes d’insectes ligués contre moi, à me pomper le sang, à pondre leurs larves sous ma peau desséchée, tandis que je m’enfonce dans l’irrémédiable. (p. 241.)
– Les gens méchants, ils ont des pensées méchantes, d’accord, mais si les gentils aussi, c’est quoi la différence ?
– C’est quand on choisit de faire le mal qu’on a imaginé. Toi, tu ne t’es pas vengée, car tu savais que ça n’aurait pas été bien. C’est ce qui fait que tu es gentille.
– Mais si les gentils peuvent être méchants, les méchants peuvent être gentils ?
– Oui, lorsqu’ils regrettent ce qu’ils ont fait. Tu sais, beaucoup de gens ont des vies difficiles, des malheurs, c’est pour ça qu’ils font du mal. Allez, mange, ça va refroidir.
– En fait, c’est super dangereux d’être gentil.
– Heu….
– Bah oui. Les méchants, ils décident pas de faire du mal, alors que nous, on a le choix….
Curieux personnage, qui bande pour son pays, mais bosse pour une multinationale américaine. Il y a un mot pour ça. "Opportuniste" ? Trop évident. "Collabo" ? Trop sentencieux. "Connard" ? Voilà, tout simplement.
Ceux qui ne se souviennent pas du passé sont condamnés à le répéter.
Tu vois, ma chérie, c'est ça les adultes : ça ment. Ça commence par le Père Noël, ça continue avec la Petite Souris, ça empire avec la religion et les élections.
Dix ans après 68, le bilan est pourtant cinglant : ma génération a perdu et le fric a gagné, recyclant notre naïveté en société de consommation. Avant, je voulais changer le monde, puis je suis passé de Castro à Casto. Rien vu venir.
Tu vois, ma chérie, c’est ça , les adultes : ça ment . Ça commence par le Père Noël, ça continue avec la Petite Souris , ça empire avec la religion et les élections.
- Maladies vénériennes ?
- Non.
- Vous êtes sûr ?
- Ben ouais, puis, enfilant le jean : vous m'avez examiné, non ?
- Rien d'alarmant, en effet, mais certaines infections tardent à se manifester, alors...
- Alors, quoi ? Il y a que des singes, ici !
- Et donc ?
Je me fige, je jean au niveau des genoux.
- Vous êtes sérieux ?
- Oui.
- Heu... ça arrive que... ?
- Un peu de canicule, beaucoup d'alcool, et la solitude fait le reste.
- Des singes, quand même !
- Ne riez pas. La jungle rend fou.
Curieux personnage, qui bande pour son pays, mais bosse pour une multinationale américaine. Il y a un mot pour ça. "Opportuniste" ? Trop évident. "Collabo" ? Trop sentencieux. "Connard" ? Voilà, tout simplement.
Il y a autre chose, un truc implicite, comme un avertissement. La sensation viscérale que je n'aurais pas dû venir ici, que cette porte franchie en ouvrira d'autres, abyssales. Mais c'est plus fort que moi et j'avance.
Le même cauchemar depuis six mois, et toujours ce vide aliénant. Inspirer, expirer, inspirer, expirer, pleurer dans l'indifférence de la nuit.