ce qui tremble et s’échappe
ce qui tremble et s’échappe dans le regard, à la limite du réel, une
clarté qui se dissipe et disparaît au gré des images de l’eau
c’est cela qui se joue dans la tonalité de ses lumières, et s’impose, insis-
tant, comme ces odeurs douces et ces voix disparues dans les chambres
désertes
et c’est là où se prend le rêve, cet écart entre absence et présence, terri-
toire de solitude et d’intense vertige dans l’abrupt de l’instant, où règne
un tremblement de prises d’être et de pertes d’être sans fin
…
c’est un lieu perdu dans le monde
c’est un lieu perdu dans le monde, au seuil de notre espace et de toute
pensée, en bordure de temps et d’haleine, ce lieu d’incertitude où
germe le poème
où vont se perdre ces reflets captifs des paysages qu’elle emporte, ces
images tremblées du réel dont l’encre se dilue sur un papier de soie ?
…
ne reste que la trace du paysage
ne reste que la trace du paysage, comme un mot suit un autre pour
atteindre le silence, un écho dans la gorge, au-delà de la voix
ainsi vont ces images, la même phrase à l’infini, reprise, biffée, réécrite,
répudiation à l’infini des mots de ce poème qui s’écrit sans nous et
qui, seul, nous parle d’un monde que nous ne pouvons pas comprendre
le temps n’existerait donc pas