poussière du poème
extrait 1
il vient et passe, la langue lourde des gémissements
de la terre et des pierres sous les paupières, le visage
habillé du visage de l’homme, enduit d’espérance
et de mort, traînant derrière lui le chariot des refus
et de la joie souffrante dans les choses
et il parle pour ceux que conduit la folie d’étreindre
plus passionnément les mirages de l’illusoire, pour
ceux qui vivent sous la cendre et ne voient pas le jour,
ceux qui meurent sous le silence et ont navigué avec
les ténèbres, ignorant leur chute sans fond, sans
qu’aucun vent jamais se lève dans leur nuit.
poussière du poème
extrait 2
il va, et sait qu’il est des pluies terribles, des tempêtes
de foudre et d’éclairs, des jours transis de peur entre
déluge et feu, comme des mots qui savent rendre
grâce au vol d’un oiseau dans le ciel et au miracle
inachevé du monde.
ceux-là sont ceux que l’on écrit, sans savoir s’ils
pourront percer la muraille des soumissions, sur
les soirs rutilants de l’automne, l’étoffe des premières
neiges et la poussière vierge du poème
butant souvent sur eux, doutant de leurs orages,
comme doute un nuage de grêle crevant sur le désert