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Critiques de Michel Embareck (89)
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Sur la ligne blanche

Je me suis intéressée au premier roman écrit par Michel Embareck en 1984 « Sur la ligne blanche » parce que j'avais repéré ses derniers livres dans la presse « Jim Morrison et le diable boiteux » et « Bob Dylan et le rôdeur de minuit ». Je ne les ai pas lu et je dois dire que le polar que je viens de lire ne m'y incite pas plus que ça.

Michel Embareck écrit sur un milieu qu'il connait très bien, celui de la presse Rock des années 70/80 mais il y associe la mafia, les Hell's Angels, les activistes d'extrême gauche et la police. Je trouve que cela fait beaucoup même si le monde de la musique m'intéresse.

Gilles, le narrateur, est journaliste. Il a émigré en suisse. Il va faire une enquête sur la mort de Philippe Langlet quand il apprend que l'ex-présentateur vedette de la télévision française a été poignardé dans les douches d'un pénitencier du New Jersey. Pour le coup, il a trouvé sa vie moins morne d'autant plus qu'il l'avait connu dans sa jeunesse, sans vraiment être son ami. Ça lui est venu comme ça, l'envie de savoir ce qui s'est passé et d'aller dans les backstaged.

Après avoir posé le décor, Embareck propose des chapitres en flashbacks comme un décompte dans le temps avant la mort de Langlet. La construction est donc assez originale parce qu'elle alterne l'enquête de Gilles au présent et l'histoire de Philippe au passé mais cela embrouille aussi la narration un peu laborieuse. On s'emmêle entre ce qui arrive au suisse et à l'animateur/journaliste à la réputation de pape du rock. J'ai trouvé ce dernier assez désabusé sur le rock quand il pense que les jeunes groupes ne savent plus le faire vibrer, trop stéréotypés, préfabriqués et vulgaires, quand dans sa jeunesse (qui n'est pas si loin que ça) il a adulé Deep Purple, black sabbath, The Stooges et Aerosmith. C'est l'époque du hard rock et la nostalgique touche les trentenaires.

Ce qui est notable, c'est la panoplie de groupes rock et pop des années 70 et 80 décrite avec une écriture rapide et nerveuse. D'ailleurs, on aurait pu croiser Vernon Subutex dans ce polar mais les personnages sont beaucoup moins attachants.

Il y a beaucoup de critiques sur la presse rock d'autant plus que Philippe Langlet a travaillé au journal Rock scène (clone de Rock & Folk ?) où les filles étaient virées si elles ne passaient pas à la casserole. J'ai exécrer ce milieu qui considèrent les filles comme des objets dont on abuse (et encore j'y mets les formes) surtout à l'époque où on ne balançait pas son porc. Je ne sais pas si c'était vraiment comme ça à l'époque de Rock & Folk, que je lisais parfois, mais cela me choque car j'aimais bien ce journal.

Alors je me suis demandé pourquoi Michel Embareck avait appelé son premier roman « Sur la ligne blanche ». J'ai tout de suite pensé à la cocaïne mais je me suis aperçue qu'il utilisait souvent le mot blanche dans son texte. Il parle tout d'abord des heures blanches de la nuit dans les grandes villes (et ce à plusieurs reprises). Et puis il y a aussi la place Blanche à Paris et encore la ligne blanche virtuel qui sépare deux corps côte à côte et qui ne se touchent pas. Enfin on pense forcément à la ligne à ne pas franchir et évidemment, cette définition est adaptée à ce polar ou la violence des trafiquants d'armes et autres mafias font échos au milieu pourri du show-business qui dépasse l'acceptable.

Je n'ai pas toujours compris les soliloques du narrateur suisse qui part parfois dans des délires et j'ai trouvé l'enquête embrouillée mais la fin est très bien. C'est donc un livre très rock & roll parce qu'il dérange mais qui reste un peu décevant.



Ce livre m'a été offert par les éditions Archipoche dans le cadre d'une opération masse critique et je les en remercie.



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Sur la ligne blanche

Ma chronique ne va pas être bien longue, ça ne sert à rien de remuer le couteau dans la plaie pendant 1h parce que j’aurais l’impression de m’acharner, mais je n’ai pas réussi à rentrer dans ce livre et je l’ai terminé en survolant le dernier tiers… Je me suis toujours promis d’être le plus honnête possible dans mes chroniques, même quand ça fait mal, et là ça fait mal.





Pourtant, il avait tout pour me plaire, la couverture promettait un vrai thriller, et « vraiment rock ». Forcément, ça a résonné dans ma petite tête de métalleuse et j’me suis dit en le commençant jeudi soir « celui-là, il va pas passer la soirée ! « … Sauf que samedi matin, j’étais toujours à la page 25…



J’ai été littéralement noyée dans le style d’écriture de Michel Embareck, bourré de métaphores que je ne comprenais pas, tellement imagé que je n’ai pas saisi la moitié de l’histoire correctement, où l’argotique est la norme de langage des personnages, noyée aussi par les multiples références très approfondies de rock (et pourtant, j’en connais un rayon ! ), que je n’ai jamais réussi à rentrer dans ce bouquin.



Je ne rechigne pas contre les écritures moins conventionnelles, je vous pousse d’ailleurs régulièrement à sortir de votre zone de confort, mais là,

J’ai erré dans ce texte, dans ces boîtes sordides où la bonne zik côtoie les dérives de ce petit microcosme qui constitue le monde du rock. Finalement ce qui a fait défaut ici, ce n’est pas l’histoire, ni le milieu dans lequel évolue les personnages, c’est vraiment le style d’écriture auquel je n’ai pas adhéré.



Je ne doute pas que ce bouquin pourrait plaire à certains lecteurs ou auteurs que je connais, j’en ai d’ailleurs quelques-uns en tête, mais pour moi vous l’aurez compris, ça ne l’a pas fait !
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Sur la ligne blanche

Qui aime bien châtie bien, parait-il, et puis on ne peut pas me soupçonner de déloyauté envers Babélio, je suis son plus fidèle soutient, c'est bien simple Babélio est ma seconde patrie. Mais quand même ; mettre dans l'onglet « Auteurs proches de Michel Embareck » : Agatha Christie, c'est un peu fort. L'Intelligence-Artificielle-Big-Dataesque s'est plantée (encore une fois), que tout le monde en prenne de la graine.

Mais revenons zà nos moutons, j'ai choisi ce bouquin lors de la dernière Masse Critique parce que l'auteur évoquait en moi un lointain souvenir, en effet le gars Embareck écrivait, il y a longtemps maintenant, c-à-d au début des années 80 de l'autre siècle, dans un magazine de rock intitulé Best (genre Rock&Folk en moins folk), que je lisais adolescent. Alors de quoi que ça cause ? Et bien, c'est un polar à la française teinté de Rock d'Ici et d'ailleurs, et qui se déroule dans le milieu susdit de l'époque (de toute façon après cette période là se fut terminé pour le rock (Hé t'arrête de faire le vieux ronchon !)), donc les rock-critiques, les boites à la mode, les organisateurs de concerts et autres managers, la dope, le show-bises, ses compromis et ses choses dues ... Et le début du rock à la téloche, sur l'A2 (avant l'avènement de Canal p'luche) etc.

Le risque, avec le polar, c'est la caricature, et là l'Embareck est tombé dans le piège ; un exemple : le journaleux-enquêteur se déplace en Cadillac Machin-Chose de 1957 ! Faut pas se moquer, des comme ça ils y en avaient que 3 en France, et à l'époque elles étaient déjà au musée - D'aucuns diront que je suis jaloux parce que, moi, je roule en Dacia-J'vous-enmerde-Logan, d'accord, ceux-là n'ont pas complètement tort - de toute façon un gars qui aime The Cramps, est forcement un type qui force le trait, un mec qui parodie.

Mais je dois avouer quand même qu'il y a dans son écriture de chouettes envolées, de la verve, de la drôlerie et de l'autodérision. Et puis on se retrouve sur la bande-son ♫, Springsteen, Willy DeVille, Les Bijou, ceux de « Betty Jane Rose »♪, Les Clash, Ramones, Pretenders et autres ♫ ... le blues aussi. Et arrive la page 112, je cite : « - Bon Dieu ! Les Dogs, c'est bien le plus grand groupe du monde (...) ; Je m'demande pourquoi les gens cherchent la lune quand elle éclaire leur porte ? » ... La nostalgie camarade ♪, la nostalgie c'est comme un chewing-gum collé sous la semelle d'une basket, c'est chiant, c'est pénible et on n'peut pas s'en débarrasser (c'est joli comme métaphore, non ?). Allez, 2* pour la nostalgie, plus 2 autres pour le rock'n'roll, salut ****.

N.B. : Les Dogs (de Rouen but in english dans le texte) furent certainement le meilleur groupe de rock'n'roll du monde et de tous les temps en 1982 (!), année de sortie de leur album « Too much class for the neighbourhood », et c'est rien de le dire (même si la pochette était très moche).

P.S. : J'ajoute un grand merci à l'équipe de Babélio et sa Masse Critique ainsi qu'aux Editions de l'Archipel.
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Sur la ligne blanche

"Sur la ligne blanche", cela suggère flirter avec le danger, l'interdit, l'abîme. Cela peut aussi suggérer une certaine dépendance à la cocaïne... bref, tout ceci était un peu le quotidien de Langlet, fameux critique rock, dont on vient d'annoncer le décès dans une prison des States. Du sulfureux, donc... l'occasion pour le narrateur, journaliste exilé en Suisse, de partir sur les traces de Langlet, afin de reconstituer les derniers mois avant sa mort...



Voilà un polar bien imprégné de rock, qui suinte bon la clope, le blouson en cuir, le gros son électrique, la coke et les excès en tout genre. Qui évoque aussi les liens entre le showbiz et le milieu mafieux... mais un polar qui date aussi un peu, y compris dans ses références, puisqu'il a été initialement publié en 1984. Cela a été une surprise pour moi de le découvrir, pas mauvaise non, plus un motif d'étonnement (je n'avais pas tilté qu'il s'agissait d'une réédition du premier roman de Michel Embareck)...



Une histoire au final plutôt pas mal foutue, avec un beau rebondissement final, et écrite par quelqu'un dont on sent qu'il maîtrise le milieu du rock et ses codes...



Merci en tout cas à Babelio et aux éditions Archipoche pour cette découverte.
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Sur la ligne blanche

En commençant « Sur la ligne blanche » de Michel Embareck, on met une pièce dans le jukebox. Il se murmure alors des notes des années 80, le tout emballé dans des formules qui tapent fort.



« Pourquoi, comme Keith Richard quelques années plus tôt, ne pas se refaire une santé là-bas? »

Cette ligne blanche, quelle est-elle? Un jeu dangereux car intrigue d’un polar très puissant? Ou peut-être cette ligne à la couleur de la dope? La signature des autoroutes sans fin?

Justement, la route, Michel Embareck nous la fait prendre avec une Cadillac 57.



« - Cadillac Eldorado 57. T’es content?

Il l’était. Bottes posées contre le pare-brise, tête inclinée à murmurer Unchained Melody. La voiture chuintait entre les banlieues éteintes. J’aimais rouler fenêtre ouverte, à écouter le baiser ventouse de la gomme au bitume. »



Le tout n’est pas qu’un polar mais une ballade dans la musique. L'auteur fait part de judicieuses réflexions sur le milieu du show-biz et du rock. Ce livre datant des années 80 me semble assez visionnaire quant au commerce d’un milieu qui fait toujours rêver.

Avec sa poésie punk-rock, Michel Embareck est sans doute prémonitoire d’une médiocrité artistique.



« L´overdose s’insinua sournoisement. Gangrène cervicale. Les comptes rendus de concerts m’emmerdaient. Les interviews m’emmerdaient. Les gens m’emmerdaient. Le rock m’emmerdait. Blasé. Écœurée. Relaps. Les groupes punks splittaient les uns après les autres. L'héroïne revenait à toute seringue. Baiser de la mort. On jouait les arrêts de jeu. Restait à gérer un petit commerce, à servir la soupe à l’industrie du disque. »



Ses touches érotiques et sensuelles n’ont pas de pitié pour les connards et les lieux. Ainsi l’un des personnages ne se retrouve plus dans des endroits qui auparavant brillaient de culture rock. Une certaine tristesse se dégage de ce constat et donne de la densité à l'histoire.



A la fin de ce roman que j’ai beaucoup aimé, j’ai eu l’impression que l’auteur réfléchissait à l’existence.



« Au spectacle, je préférerais toujours le premier rang à la scène. A l’instant où cette nostalgie de quatre sous commençait à m’amuser, un obus frappa la porte. »



Pour ma part, la porte s’est refermée un peu trop tôt sur ces personnages passionnants. Donc un conseil; embarquez à bord de cette superbe Cadillac Eldorado 57...
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Bob Dylan et le rôdeur de minuit

Un roman mêlant différents genres : épistolaire, histoire romancé et un peu de documentaire.



Michel Embareck alias le rôdeur de minuit , animateur de radio, nous narrent l'histoire de l'amitié de Bob Dylan et Johnny Cash. Le roman n'est pas un documentaire car comme le dit l'auteur : il n'a pas relu les biographies des deux hommes avant d'écrire ce roman. Il s'est servi de ses souvenirs.



La narration se compose de lettres échangées entre Bob Dylan et Johnny Cash. Elles sont entrecoupées de moments de vie, de réflexions, de l'animateur radio. On a aussi une alternance passé/présent .



A travers le récit de l'amitié de Bob Dylan et Johnny Cash, l'auteur nous décrit la carrière des deux hommes et aussi toute le contexte musicale de l'époque ainsi que le contexte politique : assassinat de JFK, Martin Luther King, la guerre du Viêt-Nam ...



Un roman riche par son contexte intimiste autour des deux personnages principaux mais aussi par la description de contexte musicale et politique de l'époque. Le tout entrecoupé de réflexion de l'auteur sur notre époque.
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Sur la ligne blanche

Lorsque Frantz, journaliste dans un journal suisse, sur la touche, apprend la mort de Langlet, critique de rock, animateur emblématique d'émissions musicales qui font ou détruisent des carrières, il flaire le bon article et se lance sur l'enquête. Langlet a été arrêté par la police étasunienne et assassiné en détention. Mais pourquoi et comment ce buveur, noceur, dragueur, tout puissant a-t-il pu tomber ?



Michel Embarek a été critique rock au magasine Best pendant dix ans avant de se lancer dans l'écriture de polars. Sur la ligne blanche est son premier roman, réédité cette année par Archipoche. Le romancier connaît donc très bien le milieu dans lequel il place son histoire et les plus anciens des lecteurs croiront -sans doute à raison- reconnaître dans ses personnages des gens connus tels Philippe Manoeuvre et Antoine de Caunes, 1984 c'est la grande période de l'émission Les enfants du rock. J'avoue être passé à côté de cette émission diffusée entre 1982 et 1988, ce sont des années où je regardais très peu la télévision, préférant au moins pour les dernières années concernées les sorties avec les copains.



J'ai eu beaucoup de mal a entrer dans l'histoire de M. Embarek, la construction du roman avec des allers-retours temporels, mais aussi des changements de narrateurs, une langue très argotique et imagée que je ne comprends pas totalement, devinant plutôt certaines phrases, des références musicales que je n'ai pas -mais ça, ce n'est pas rédhibitoire- tout cela a fait que je ne me suis pas vraiment passionné pour l'histoire ni pour les personnages. J'ai bien senti qu'il y avait une ambiance rock, un truc bien barré, mais je n'ai pas accroché -malgré un titre emprunté à Alain Bashung. Trop obscur, un peu abscons, j'avoue n'avoir pas tout entravé, même si la fin est un peu plus explicite, plus claire.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Bob Dylan et le rôdeur de minuit

Les vieux, c’est comme les nourrissons, il faut préciser les mois en rabiot. A quatre-vingt cinq ans et huit mois, Walker Simmons, dit le Rôdeur de minuit, revient sur sa longue carrière d’animateur de radio de nuit. Trois soirs par semaine, six heures de rang à passer les disques (et pas n’importe lesquels), à recevoir les appels téléphoniques et converser avec les auditeurs, sans oublier de balancer les réclames gagne-pain de la station KCIJ/1050, la radio de Shreveport (Louisiane) qui drainait jusqu’à plus de deux cents milles à la ronde. Comme cela ne lui suffisait pas pour remplir sa gamelle, il était également taxi le jour. Mais la radio, c’était sa passion :

La radio, les radios, je pourrais en parler des heures, même si aujourd’hui tout le monde s’en tamponne le coquillard avec une patte d’alligator femelle. La radio nécessite concentration et imagination. La radio parle à l’oreille. La télé, elle, te gave par les yeux. Pas étonnant que tant de gamins deviennent obèses.



Walker Simmons en a connu des chanteurs, il les revoie même en rêve, de ceux qui ont fait les beaux jours du blues, de la country, du jazz, de la musique, de la vraie. Et quand la musique est bonne… Il se demande pourquoi il ressasse toutes ces vieilleries. Notamment Johnny Cash, qu’il a bien connu. Johnny Cash, le roi de la country, le chanteur adulé, après Hank Williams. Johnny Cash qui se souvient en permanence de son frère Jack, scié, non pas par le succès de son cadet, mais en débitant du bois.

Et c’est bien parce qu’il trouve en Bob Dylan, Robert Zimmerman de son vrai nom, une ressemblance avec Jack, qu’il va encourager, protéger, conseiller et aider le jeune chanteur qui va à contre-courant de la mode musicale. La folk musique n’est plus à l’ordre jour. L’imposant même malgré les réticences du directeur financier de la maison de disques. Exerçant une sorte de chantage.

Si la Columbia le vire, je reprendrai Talkin’ New York à ma façon, j’en ferai un numéro un et tout le Brill Building rigolera de la boîte. Ça leur apprendra à préférer les comptables aux saltimbanques.



Si le titre du livre met en avant Bob Dylan, le corps du roman-récit est consacré à Johnny Cash, l’ombre gigantesque et tutélaire du petit gars du Minnesota qui a découvert le folk grâce à Pete Seeger.

Et à travers ce récit, en suivant le parcours souvent chaotique de Johnny Cash et de Bob Dylan, familial, un peu, et professionnel, beaucoup, nous parcourons le temps de 1961 jusqu’à nos jours, et visitons les Etats-Unis d’Amérique dans ses travers politiques et scandaleux.

La robe de Marylin Monroe qui a tendance à péter des coutures, les assassinats de J.F.K. et de Martin Luther King, les implications dans des guerres asiatiques qui ne concernaient nullement les USA, sauf pour l’anticommunisme primaire qui agitait les esclavagistes et suprématistes, mais ils n’étaient pas les seuls, le racisme qui se lézardait en façade mais tenait bon, des événements qui se répercutaient sur l’Europe, car bien entendu tout se qui se passe Outre-Atlantique concerne aussi le Vieux Monde, puisque les migrants en furent originaires avant de s’imposer sur la terre natale des Indiens et d’exploiter les Noirs et les Chinois.

Mais à côté de ces épisodes pas toujours glorieux, les parcours des deux amis en compagnie d’autres personnages qui sont restés dans la mémoire de ceux qui ont connu cette époque, Merle Kilgore par exemple ou encore Kriss Kristofferson, leurs embrouilles maritales, le concert de Bob Dylan à Newport en 1965, une catastrophe évitée de jutesse, celui de Johnny Cash à la prison de Folsom en 1968, ou la virée chez les Moonshiners, les fabricants clandestin de whisky de contrebande, et bien d’autres péripéties. Comme la rencontre en 1982 de Bob Dylan en France, à Tours, avec Norbert d’Azay, de son véritable patronyme Norbert Pagé, plasticien reconnu, le chanteur s’adonnant lui-aussi à la peinture.



Voir la suite ci-dessous :
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Bob Dylan et le rôdeur de minuit

Après Jim Morrison et le diable boiteux, Michel Embareck reprend dans Bob Dylan et le rôdeur de minuit à la fois son personnage du Midnight Rambler, animateur radio vétéran des grandes heures du rock, et son exploration des coulisses de cette musique. Après Gene Vincent et Jim Morrison, place donc à Bob Dylan et Johnny Cash dans un roman épistolaire entrecoupé des réflexions du Midnight Rambler et de sa propre histoire.

Ainsi donc Michel Embareck déroule le fil d’une amitié fondée, au-delà des différences, par le respect mutuel qu’éprouvent Dylan et Cash et qui se traduit par cette correspondance que réinvente l’auteur et qui court de 1961 à la mort de Johnny Cash en 2003. Comme le dit en guise de citation liminaire Victor Boudreaux, héros de quelques romans d’Embareck, « Quand la véritable histoire tient en une poignée de lignes, ne reste qu’à en inventer le roman ». C’est donc de quelques éléments aussi cultes que véridiques et finalement assez peu renseignés – le début de la correspondance entre les deux hommes, leur rencontre au festival de Newport en 1964, leur enregistrement commun de 1969 – que Michel Embareck, mêlant érudition et imagination tisse le récit de cette relation et, derrière cela, peint une sorte d’histoire alternative du rock – et de la country – et de l’Amérique des années 1960-1970. Et de convoquer aussi bien Martin Luther King, qu’un Nixon empêtré dans une vaine tentative de récupération de Cash, un Elvis réduit au rôle de pathétique marionnette du colonel Parker, quelques distillateurs clandestins, Townes Van Zandt ou le mythique enregistrement du concert de Johnny Cash à la prison de Folsom.

Il y a donc ça, dans Bob Dylan et le rôdeur de minuit : cette plongée dans l’intime de deux génies de la musique folk qui font une partie de l’Histoire de l’Amérique et dont les blancs de leur propre histoire telle qu’on peut la connaître aujourd’hui, laissent place à l’imagination et à une sorte de reconstruction du mythe. Seul bémol, peut-être, qui pose aussi la question de la façon dont on peut discerner l’homme de l’œuvre, j’ai trouvé, pour fréquenter régulièrement l’auteur sur un célèbre réseau social, que c’était parfois un peu trop sa voix que j’entendais dans les lettres de Cash.

Mais il y aussi (surtout ?) dans ce roman de Michel Embareck, à travers l’histoire des deux musiciens et du Midnight Rambler, une réflexion douce-amère sur le temps qui passe, sur les occasions manquées, sur la manière dont le bonheur réside peut-être moins dans le fait de le trouver que dans la manière dont on court plus ou moins consciemment après… sur l’angoissante inexorabilité de la mort, tout simplement. Privilège du lecteur, qui choisit de voir ce qu’il veut, c’est surtout cela que j’ai retenu, autant dans l’impossible quête de normalité d’un Dylan devenu une idole et qui échappe donc même à lui-même, que dans la belle et tragique histoire de Johnny Cash et June Carter ou dans la façon dont le Midnight Rambler traîne ses regrets.

Autant dire que Michel Embareck livre là un roman qui allie avec bonheur et finesse sa manière de raconter et d’enjoliver quelques anecdotes de derrière les fagots, une vraie connaissance de l’histoire du rock et une manière pudique et touchante de se frotter à l’intime, de ses héros, de lui-même et, en fin de compte du lecteur aussi.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Sur la ligne blanche

Philippe manœuvre bien ou mal ? C’est ce que ce demande Gilles Frantz, journaliste à la Tribune de Genève en prenant connaissance d’un court article paru dans un journal américain.



Atlantic City : Mort d’un détenu français. Philippe Langlet, ex-présentateur vedette de la télévision française, a été poignardé dans les douches du pénitencier de Maha (New-Jersey). Sa mort semble liée à une querelle d’homosexuels.



Dubitatif, le journaliste. Pas dans les mœurs de Langlet. Au contraire, lorsqu’il était à Paris, le présentateur télé de Rock Parade et rédacteur du magazine papier Rock Scène, était toujours entouré de jolies filles qui ne demandaient qu’à coucher avec lui. Et il ne s’en privait pas, tout comme il ne se privait pas de démolir les groupes musicaux, rock, punk, et autres, qui n’étaient pas à son goût. Il n’aimait que le rock hard, Led Zeppelin, Deep Purple, Status Quo…



Que Langlet soit mort ne présentait aucun intérêt. Comment ? Pourquoi ? Oui, ça, j’avais sacrément envie de le découvrir.



Et Gilles Frantz, à bord de sa Cadillac Eldorado Brougham de 57, monte sur Paris, prenant deux mois de congés sans solde, son rédacteur en chef ne voyant pas l’opportunité de le payer pour enquêter et écrire un papier sur un sujet qu’il juge peu digne d’importance.



Paris, Marseille, Le Havre, le narrateur Gilles Frantz va accumuler les kilomètres, et les verres de boissons fortement alcoolisées, questionner ici et là et même ailleurs.



Parallèlement à son récit, le lecteur suit le parcours de Langlet, en déclinant le temps, sept mois auparavant, six mois, cinq mois…, le suivant dans ses tribulations de bars en clubs, de rencontres féminines toutes plus intéressantes les unes que les autres, toutes plus belles les unes que les autres. Mais le plaisir secret de Langlet, c’est d’éreinter les petits jeunes qui veulent se lancer à l’assaut des projecteurs. C’est son fond de commerce. Et son émission musicale attire les téléspectateurs sur Canal 4. Sa dernière conquête en date, mais est-ce lui qui a conquis ou n’est-ce pas plutôt le contraire, est une belle blonde, mannequin, prénommée Virginia.



Il est célèbre, riche, poivrot et drogué. Un cocktail explosif qui lui pètera à la gueule en arrivant à New-York où il doit rencontrer une vedette célèbre.





La quête de Gilles Frantz est le fil rouge d’un récit musical rock trépidant, avec la sono à fond, enchaînant les interprètes comme une bande son de radio libre sans interruption. Et comme un chanteur en entraîne un autre, on découvre que les maîtres-chanteurs ont eux aussi leur partition en duo à jouer. Sans faire dans la dentelle. Dans le rugissement de deux roues sur-vitaminées.



Michel Embareck a été critique musical, de 1974 à 1983, à Best, le concurrent sérieux de Rock et Folk, deux magazines qui étaient à l’image des Beatles et des Rolling Stones. On aimait l’un ou l’autre, rarement les deux.



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Dans la seringue

Franck photographe de terrain à roulé sa bosse à l'étranger,

flashé les concerts des Rolling Stones, les scènes punk à Londres et les théâtres d'opérations en Afrique.

20 ans après, de retour en France

embauché comme photographe au journal La Dépêche

le blues du train train quotidien lui colle à la peau.

Jusqu'à ce qu'il flashe sur une femme à la sortie du Palais de Justice

qui se révèle être la procureure.

Ils ont un passé en commun :

elle a connu les Clash à Londres

et les Clichés de Franck Innocence, ses diagonales en flash

ses portait de Johnny Rotten et Patti Smith.

Ca colle vite entre eux deux

au point que Franck va la suivre à ses risques et périls dans une enquête mal barrée.



Autant j'ai été emballé par la description de la scène musicale punk de Londres,

et les rapports croustillants entre une ancienne provoc' qui devient proc' et un ancien baroudeur blasé qui retrouve de la vigueur

autant l'enquête sur un réseau d'anabolisants m'a gonflé...



Dans la seringue ...pas un grand flash mais de belles scènes qui valent le détour.

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Jim Morrison et le diable boîteux

Michel Embareck ancien critique de rock très calé

livre de manière bien torchée

sa version romancée

de la rencontre détonante entre deux grandes deux figures du rock

Jim Morisson une gueule d'ange à la dérive qui décroche des Doors

et rêve de cinoche nouvelle vague

de filmer un portrait en couleur de son idole

le chanteur de Be Bop A Lula

le premier à porter un futal en cuir.

Gène Vincent le maudit, Gène l'éclopé

qui a un pied dans l'oubli, l'autre dans la douleur

Gene le sauvage, Gene génie

Une main gantée de noir qui tient un pétard

l'autre qui gratte un accord de guitare.

Pendant plus de trois ans

une virée de bitures, d'errances, de dopes et de blues

de la Californie à Paris..



En bon connaisseur

l'auteur revisite le répertoire des Doors,

le groupe phare de la révolte d'une génération,

des chansons cultes comme Unknow Soldier,

chanson d'opposition à la guerre du Vietnam

passe en revue les années hippies, flower power, Woodstock

et la déconfiture du rock qui perd ses grandes figures

Brian Jones, Janis Joplin, Jimmy Hendrix...

claque une belle tirade sur le blues

narre un moment de folie dans un motel perdu du Nevada

et livre sa propre version de la mort du chanteur des Doors...



J'ai pas décroché d'une ligne

c'est bien écrit , bien balancé

le duo rock bien barré en accord



Jim Morisson et le diable boiteux, un putain de bon road movie d'anthologie qui vous ouvre les portes...du rock'n'roll

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Brigadistes !

A l'occasion du 80ème anniversaire de la création des Brigades Internationales, les Editions du Caïman s'associent aux Amis des Combattants en Espagne Républicaine (ACER) pour nous offrir un recueil de nouvelles noires, Brigadistes! préfacé par Cécile Rol-Tanguy. Le cahier des charges est le suivant: « L'angle des nouvelles est libre : univers violent de la Guerre d'Espagne, regard tragique et pessimiste, aspect politique, complexité, mais aussi solidarité Internationale, histoires d'amour, collectivisme, vie artistique... tout cela en lien avec les Brigades Internationales ». Les 20 collaborateurs, auteurs comme Patrick Bard, Didier Daeninckx, Michel Embarek, dessinateurs comme Bruno Loth, musiciens comme Cali, nous livrent des histoires personnelles ou non sur ces volontaires venus du monde entier se battre aux côtés des Républicains espagnols.

Brigadistes est un recueil homogène, riche de souvenirs de famille, de rencontres, d'amitiés, de lectures, qui fait revivre pour le lecteur le Bataillon Commune de Paris, le Winnipeg, la compagnie France Navigation, la Retirada…

Brigadistes!, en vingt nouvelles de qualité, rend un bel hommage aux 35.000 volontaires de 53 nationalités, dont beaucoup payèrent au prix fort leur engagement. Elles nous permettent aussi de faire connaissance avec des auteurs moins connus dont on a hâte de lire les ouvrages, je pense à Patrick Fort dont la nouvelle intitulée "Els ombres del coll dels Belistres" m'aura beaucoup touchée. On espère que cette belle initiative trouvera l'écho qu'elle mérite.

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Jim Morrison et le diable boîteux

Moi qui ai toujours aimé les Doors, si l’on me propose un livre avec Jim Morrison, je ne peux que dire oui ☺ De plus, j’avais déjà entendu parler de l’auteur, j’étais donc ravie de pouvoir le découvrir.



Dans ce livre, l’auteur mélange réalité et fiction. Où est la réalité, où est la fiction, je pense que seuls les vrais connaisseurs de Jim Morrison pourront réellement répondre, mais pour ma part, même si je n’ai su repéré tout ce qui fait partie du réel, j’ai franchement apprécié ma lecture. D’après moi, il ne faut surtout pas se prendre la tête à tenter de repérer le vrai de la fiction, nous passerions à côté de l’histoire écrite.



Les chapitres sont assez courts, ce qui donne de la vitesse à notre lecture. Les dialogues sont bien pesés et dosés, chaque mot faisant partie du livre est à sa place exacte tel un puzzle géant dont les pièces s’imbriquent au fil des pages.



Non seulement j’ai pris plaisir à voyager au temps de Jim Morrison, mais j’ai trouvé une certaine magie dans ce livre, celle de rencontrer une de ses idoles même si tout n’est pas tout à fait réel.



Un livre que je ne peux que vous recommander.
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Brigadistes !

Brigadistes! Un magnifique recueil de nouvelles qui ont toutes un même objectif: rendre hommage à ces membres des Brigades Internationales qui voulaient, en dépit de leurs différences idéologiques, lutter contre le fascisme durant la Guerre D'Espagne. De très beaux textes et de belles pépites à découvrir aux Editions du Caïman!
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Jim Morrison et le diable boîteux

A travers les souvenirs d'un vieil animateur radio,Walker Simmons, Michel Embareck nous plonge dans l'intimité et l'amitié liant Jim Morrison et Gene Vincent.

Mélangeant fiction et faits réels on suit,jusqu'au bout de leurs routes, les déambulations imbibées de ces 2 géants du rock.L'un n'aura jamais accepté la tournure de sa carrière, se préférant poète ou cinéaste plutôt que chanteur, et l'autre ne se remettant jamais,tant sur le plan physique que psychologique, d'un grave accident de moto.L'un sera parti avant de devenir un mythe,la "marque" Doors devant très lucrative avec sa disparition, et l'autre l'aura connu très (trop?) tôt avec Bep Bop a Lula sans savoir que son sommet était déjà derrière lui.

Un roman habité,des dialogues savoureux et des questions en suspens sur la mort de Jim.

Un régal qui réalise un vœu,un fantasme: les connaitre de leur vivant









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Jim Morrison et le diable boîteux

Michel Embareck fait revivre deux grandes figures du rock.
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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Jim Morrison et le diable boîteux

« Entre la vérité et le mensonge existe une zone libre appelée roman »



Période 1968-1971. Jim Morrison adule Gene Vincent (le diable boiteux du titre). Il veut faire un film documentaire sur ce dernier. Au-delà d’une certaine idée de la musique, ces deux stars partagent une même idée de l’alcool, des filles et de la vie en règle générale.



Mon Dieu, que dire de ce livre… en dehors de choses dithyrambiques ? Au risque de faire passer ce billet pour un billet de complaisance ? Tant pis.



Un petit mot d’abord sur la structure narrative du livre : la majeure partie du récit se concentre sur les quatre années couvertes par l’histoire. De 1968, Michel Embareck parle du concert d’Elvis donné en forme de revival qui donne le la d’un retour à la nostalgie comme moteur de la musique produite aux Etats-Unis. De 1969, il en fait le marqueur de la fin d’un rêve marqué par les crimes de la bande à Manson : c’est la lente descente aux enfers de l’héritage de Woodstock définitivement enterré à Altamont au cours du concert des Rolling Stones dont la sécurité était assurée par des Hells Angels et où un spectateur a trouvé la mort. De 1970, il note la petite mort musicale et psychologique de ses deux protagonistes, emportés par des retours avortés, des espoirs envolés, des promesses inachevées. Enfin, de 1971, il ne fait rien parce qu’il s’agit de l’année de la mort de Gene Vincent et de Jim Morrison.



Le tour de force de Michel Embareck (en dehors du fait d’avoir mis en incipit une phrase de son héros récurrent de polars et que je cite en titre de ce billet !) est de donner l’impression au lecteur d’être avec ses personnages tout au long d’un récit qui, s’il est chronologique, n’en est pas pour autant linéaire. Michel Embareck a eu la présence d’esprit d’intercaler un personnage pas si secondaire que cela : le Midnight Rambler, un fondu de musique dont la carrière s’est « résumée » à tenir l’antenne d’une radio de minuit à six heures du matin, toutes les nuits, pour parler musique et diffuser les nouveautés. Sa carrière et son talent lui ont permis d’accumuler nombre d’anecdotes et une connaissance de ce milieu encyclopédique. Datées de 2015-2016, ces interludes contemporains donnent le sens du vent, la direction que doit prendre le récit des années 1968-1971.



Michel Embareck distille également au fur et à mesure de son récit quelques réflexions sur la musique, sur les liens indéniables entre musique et histoire, sur les ruptures à la fin de chaque cycle musical, l’afflux soudain et le regain de nostalgie d’une période marquant systématiquement la fin d’un cycle et l’arrivée d’un nouveau.



L’aspect vivant du récit de Michel Embareck fait qu’on ne sait jamais si on est dans la fiction ou dans la réalité : on a envie de croire à tout ce qu’il raconte, invention ou pas, fantasme ou pas. On a envie que tout se soit déroulé tel que cela nous est raconté. Et tant pis pour la vérité historique !



Et pourtant on y croise tellement de noms ultra-connus qui ont fait l’imaginaire d’un quarantenaire comme moi, trop petit à l’époque pour connaître tout cela. C’est peut-être pour cela que cela sonne si vrai : parce que je n’ai pas connu cette période, parce que je n’en connais que certains héritages musicaux. J’ose quand même croire qu’un connaisseur prendrait autant de plaisirs que moi, différents peut-être, parce qu’il chercherait à déceler le vrai du faux, à dénicher les élucubrations de l’auteur autant qu’a se rappeler sa propre jeunesse. Et on retombe donc sur la nostalgie… d’ailleurs, celle-ci est-elle celle de Michel Embareck ou celle de toute une génération ?



Et tout semble couler de soi-même, tout est fluide dans le récit de Michel Embareck et on suit ce road movie fatal avec une délectation non feinte, un plaisir jamais démenti au cours de ces 215 pages menées tambour battant, sans repos. Mais après tout, ni Morrison ni Vincent ne prenaient le temps de faire de pauses dans leur course folle vers la mort, il est logique que le lecteur ne bénéficie d’aucun répit.



Un petit mot aussi sur ce qui ne m’a pas échappé au moment de la lecture mais au moment où je rédigeais ce billet : Michel Embareck propose une analyse personnelle de ce qui a conduit à la disparition pratiquement simultanée de Gene Vincent et de Jim Morrison et le rapport qu’ils ont eu à leur propre légende, à leur propre mythe. Ces eux personnages haut en couleur ont littéralement subi leur caractère légendaire de leur existence même dans la chanson, l’un n’ayant pratiquement été l’homme que d’une chanson et l’autre ayant toujours regretté de n’être qu’un scribouillard poussant la chansonnette et de ne pas être un musicien à part entière dans le groupe des Doors.



Je terminerai ce billet en décernant à Michel Embareck deux prix : ceux des pages 100-101 et 178. Je vous les livre telles qu’en elles mêmes… magiques :



Pages 100-101

Auprès de lui, Yoko Ono se dandine telle une morve souriante, tape mécaniquement dans ses mains – pas forcément en rythme –, puis se lance dans des glougloutements de dindon neurasthénique. Gene et Jim se dévisagent, estomaqués par l’insupportable larsen vocal. Un murmure d’incompréhension parcourt le public jusqu’alors enthousiaste. Un silence accablé accompagne les premières minutes de l’interminable chanson suivante, sorte de psalmodie sioux, comme si Yoko jouissait en avalant un ukulélé désaccordé. Ou accouchait. Quelques huées montent des gradins, une ou deux canettes voltigent mais la plupart des spectateurs demeurent interdits, à se creuser la tête à la recherche d’un lien entre le rock and roll et cet hululement névralgique.



Page 178

- Tu vas te marrer, bro’, t’à’l’heure j’ai feuilleté un journal d’ici, Rock&Folk. D’vine un peu qui qu’est en couverture ?

- Toi ?

- Meuh non, Lennon et sa bridée de Toronto.

- Celle qui quand elle chante on dirait qu’elle a avalé une cornemuse, un banjo et la pédale de distorsion avec ?


Lien : http://wp.me/p2X8E2-Hi
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Jim Morrison et le diable boîteux

Dans « Jim Morrison et le diable boiteux » Michel Embareck nous propose un voyage en compagnie de Jim Morrison et de Gene Vincent. La fiction et la réalité se mélangent dans des volutes de fumées et nous enflamment l’imagination. Nous croisons des personnages des années 1950 à 1970, une époque durant laquelle le rock se transforme et changent les idéaux.



Comment redescendre dignement sur terre quand on est monté si haut dans les sphères de la célébrité ?



L’auteur, sans nous donner de réponse à cette question, tourne délicieusement autour de cette problématique tout au long de son roman.



Qui mieux que Jim Morrison incarne le mythe du rock des années 1960 ?



Cette histoire est jalonnée d’anecdotes vraies ou moins vraies car il ne faut pas oublier que « Jim Morrison et le diable boiteux » n’est pas une biographie mais une fiction superbement orchestrée.



Aussi, nous ne savons pas toujours la vérité sur certains événements. Mais les protagonistes la connaissent-ils vraiment ? Dans les vapeurs de l’alcool et de la drogue les légendes du Rock'n Roll ne possèdent peut-être pas davantage les clefs des énigmes.



Grâce au sens de la formule lapidaire, Michel Embareck nous fait apprécier des êtres pas toujours recommandables. On finit ainsi par compatir et comprendre les douleurs et la déchéance de ces deux idoles. On se dit que parfois il vaut mieux mourir jeune pour survivre dans ce monde de la musique.

« Entre le passé et l’avenir, il choisit le présent. On l’aperçoit au bar Alexandre de l’hôtel George-V ou aux abords de la Samaritaine, hilare devant le spectacle tonitruant des camelots casseurs de vaisselle. »



Des personnages savoureux croisent le destin de nos deux légendes. Parfois des anonymes montrent une certaine réalité derrière le rêve américain. Ainsi ce livre présente une dimension sociale.



« Le blues, à l’en croire, n’est pas une musique. Ni une lamentation. Encore moins un spectacle. Le blues, c’est le coton. Le coton en hiver. Et le coton, c’est pas seulement se casser le dos, s’esquinter les doigts sur les graines piquantes pour en fourrer trente livres dans de pesants sacs de toile à fond goudronné. […] le bleus, c’est ton cousin lynché pour avoir regardé une fille blanche dans les yeux. »



« Jim Morrison et le diable boiteux » est un roman inclassable et nous laisse un peu triste de voir partir Jim et Gene… On aurait aimé faire encore un bout de route avec eux, tracer le bitume dans l’orage avec mister Mojo.



Après avoir lu ce livre, une impulsion nous submerge : connectez-vous sur You Tube afin d’écouter une nouvelle fois ces géants du rock!



Succombez aux charmes de Be-Bop-a-Lula ou de LA Woman ? A vous de voir ou de vibrer!



En tout cas, ce roman de Michel Embareck est un pas vers l’extase de ces années mythiques. Un bon livre a un but : celui-ci nous mène vers des réflexions sur la célébrité et la musique. C'est plutôt réussi dans l'ensemble.


Lien : http://delphlabibliovore.blo..
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Jim Morrison et le diable boîteux

À Shreveport, Louisiane, en 2015, le Midnight Rambler, animateur de radio blanchi sous le harnais, se souvient de la fin des années 1960 et de deux hommes qu’il a eu l’occasion de croiser à l’époque. Jim Morrison surfait alors encore sur le succès des premiers albums des Doors et sa réputation sulfureuse tandis que Gene Vincent, le diable boiteux du titre, tentait vainement de renouer avec le succès.

Le pivot de cette histoire, en fait, c’est Elvis. Le King qui débarque sur NBC pour son « comeback show » attifé de cuir comme Gene Vincent, sorte de baroud d’honneur pour résister à la montée en puissance de la pop qui semble finir d’enterrer le bon vieux rock. Pour Morrison, ce spectacle tient de l’escroquerie, de la contrefaçon, de la basse imitation de Gene Vincent. Vincent, de son côté, qui peine à garder la tête hors de l’eau et voit mourir le rock, admire la combativité d’Elvis, l’icône rock, celui qui est à l’origine de tout et qui continue de s’accrocher. Mais ce 3 décembre 1968, Jim Morrison à Miami et Gene Vincent à Los Angeles, chacun en train de téter une bouteille chez leur mère devant la télé, sont d’accord au moins sur un point : c’est quand il joue du blues qu’Elvis est dans le vrai, parce que ça n’est pas une mode, parce que c’est immortel. Eux ne le sont pas, et leur rencontre qui ne va pas tarder sera d’une certaine manière une tentative pour chacun d’accéder à une forme d’immortalité à travers le projet de film sur Gene Vincent que murit Jim Morrison.

« Entre la vérité et le mensonge existe une zone libre appelée roman. » dit en exergue Victor Boudreaux, le détective d’Embareck. Et c’est là que se réfugie l’auteur pour broder autour de la rencontre véridique entre Gene Vincent et Jim Morrison au moment où meurent les années 1960. Car, à travers les deux personnages, Michel Embareck dresse le portrait d’une époque charnière. Celle de la fin d’une innocence qui n’a d’ailleurs – et le personnage de Gene Vincent le montre bien – jamais vraiment existé et que viennent définitivement enterrer l’embourbement américain au Vietnam, Charles Manson ou Altamont.

À travers le Midnight Rambler, c’est l’érudition du Michel Embareck journaliste rock que l’on entend et à travers Morrison et Vincent, c’est le Michel Embareck romancier dont on reconnaît l’ironie mais qui a par ailleurs changé de ton. Il abandonne ici la gouaille de Boudreaux et, mis à part les chapitres du Midnight Rambler, sa faconde de raconteur d’anecdotes musicales, pour offrir à Jim Morrison et à Gene Vincent des voix bien particulières dont il a finement travaillé l’écriture. Dans cette zone entre vérité et mensonge, entre réalité et imagination, Embareck offre un roman particulièrement abouti, foisonnant tout en étant doté d’une certaine épure. Un beau voyage.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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