Citations de Michel Melot (188)
"Lequel est le plus nécessaire à l'homme, de son nom ou de son image ?" demandait Léonard de Vinci. Dans cette alternative essentielle, la sagesse conseille de ne pas choisir mais de les conjuguer et si possible les confondre.
On comprend qu'avec ces différents plaisirs, de voir, de peindre, de laisser entrevoir, de trouver l'évocation la plus vraie, de la dresser de couleurs, Guiramand est un peintre qui suggère généralement le bonheur, à peine la nostalgie.
C'est avec le soleil que les jeunes filles peintes par Guiramand jouent de leurs nudités. Comme si celles-là en étaient l'égal. Comme s'il n'était pas imaginale qu'elles se déploient sur d'autres auspices. Comme si ce que ces nudités promettaient demandaient qu'il fût là pour leur grâce aussi bien que pour leur essor.
Si tel était le cas, cette peinture se suffirait à elle-même.
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Moyennant que nous consentions qu'aucune peinture n'est réductible à rien qu'on en dira. Réductible à rien d'autre qu'elle-même.
Mary Cassatt fut bien cette artiste entre deux mondes, significative de ce croisement culturel entre les deux continents à l'époque ou l'un et l'autre prennent, à des rythmes et avec un passé différent, un nouvel essor industriel.
Les impressionnistes après avoir déstructuré le monde compact aux volumes fermes, aux perspectives immuables de l'art classique, ont inventé cette nouvelle représentation d'un monde instable et singulier qui fondera leur succès mondial actuel.
Peinture, dessin, et gravure se mêlent dans tous leurs procédés jusqu'à l'extrême: les variations d'encrage d'une épreuve à l'autre, la multiplication des états, l'estampe rehaussée de pastel ou le monotype que Degas, Pissaro et Cassatt pratiquèrent les premiers.
La nouveauté de l'estampe impressionniste, c'est que tout l'arsenal encore largement tourné vers la reproduction, fut mise au service de l'invention.
Contrairement à l'usage qui était de respecter les règles d'une sortie d'écriture laborieuse de la gravure par un réseau de traits plus ou moins réguliers, elle travaille ses planches comme des tableaux en apportant des teintes, des glacis, des transparences et des opacités, des effets de texture et de matière que l'eau forte n'avait jamais connus.
Au fil du temps le personnage et l'œuvre de Mary Cassatt s'affirment dans l'histoire de l'impressionnisme. les raisons pour lesquelles elle apparaît de plus en plus comme une figure emblématique de cette période de l'art sont celles, qui au début de sa carrière, auraient pu la condamner: c'était une étrangère, une femme, et elle consacrait à l'estampe, art frivole et populaire, l'énergie et le temps et le talent qu'on aurait pu lui reprocher de volet à la peinture.
L'œuvre gravé de Mary Cassatt participe pleinement au renouveau de la pratique de la gravure initiée par les impressionnistes: exploration de toutes les techniques (eau forte, monotype, pointe sèche, aquatinte), gout pour les différents états de l'œuvre et les tâtonnement du processus créateur, fascination pour la gravure japonaise.
A la figure du savant fou s'oppose celle du sage bibliothécaire. Pourquoi serait-il sage, le bibliothécaire?
Livre et liberté sont indissociables, à condition de "lire au coeur" comme on disait au Moyen Age, c'est-à-dire de façon réfléchie, critique, distincte de la "rumination" qu'on impose aux catéchumènes et encore trop souvent, aux élèves.
Pour citer Cristina Ion, "le passage du citoyen à l'usager et, pire encore, au consommateur, est vécu comme une perte". Résistances involontaires et vieux atavismes resurgissent, au moment où, devant de tels changements, le pire serait de ne pas changer, quelles que soient les valeurs que l'on veuille préserver.
La puissance des nouveaux outils informatiques, ainsi qu'Internet qui pointe le bout de son nez, déplacent les pratiques d'excellence professionnelle vers l'aide personnalisée à la recherche, dans un univers informationnel foisonnant et de moins en moins organisé. Ce constat d'une montée en puissance des services dans les bibliothèques correspond à l'émergence du concept de bibliothèque numérique, traduction française ambigüe de digital library.
L'enquête du CREDOC montre que la fréquentation des bibliothèques publiques progresse jusqu'à des collections avoisinant les 250 000 documents avant de régresser. Elle atteint son maximum dans les bibliothèques possédant entre 80 000 et 200 000 livres, de plus petits établissements incarnant un compromis efficace entre une offre suffisamment riche et une convivialité de l'accueil. (...) La trop grande variété des choix dans un même genre est un facteur d'éloignement des publics de petits lecteurs.
La bibliothèque est ce lieu indispensable de vie où le savoir décante.
L'accès libre aux bibliothèques et autres centres de ressources est certainement un des remèdes à ce qu'il est convenu d'appeler - la crise de l'enseignement -
L grande vertu de la bibliothèque est de laisser le lecteur à son libre choix et à son libre arbitre.
Sorti de la classe, le lecteur vient à la bibliothèque non plus comme écolier mais comme citoyen.
Constatez-le vous même : les hommes célèbres qui furent bibliothécaires ne sont pas devenu célèbres parce qu'ils furent bibliothécaires et, réciproquement, les grands bibliothécaires ne sont jamais devenu célèbres.
Il est rassurant comme un ange gardien : il veille sur notre patrimoine, prend soin de nos bagage intellectuels.