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Citations de Michel Onfray (2315)


Il arrivait en cours comme s’il était poursuivi par le feu. Il franchissait la porte et, en trois ou quatre enjambées du Gargantua maigre qu’il était, il arrivait sur l’estrade, posait son cartable sur la table, mettait sa montre à gousset sur le bureau, sortait de sa besace philosophique un Budé de Lucrèce constellé de notes, l’ouvrait et partait pour un long voyage dont on sortait deux heures plus tard, couvert de la poussière romaine. Il y avait de l’humour, de la drôlerie, de l’ironie, des jeux de mots, des saillies, des éclairs, de l’orage, de l’érudition.
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Nietzsche a lui-même théorisé ces trois métamorphoses dans Ainsi parlait Zarathoustra, livre allégorique s’il en est un, un « cinquième évangile », comme il disait.
Le surhumain, en fait plutôt le surhomme, plus qu’un autre concept, est sujet à caution !
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Le printemps, c’est la montée de la sève, le retour de la vie après l’engourdissement de l’hiver, c’est la promesse des fleurs, puis des fruits qui nourrissent et réjouissent les hommes.
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Le péché, pour un enfant, ne pouvait être que broutilles, un doigt dans le pot de confiture, mais c’était avec ces broutilles que le prêtre jouait de terreur pour contraindre plus qu’inviter au bien assimilé à la sainteté.
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Le mal était consigné sur des fiches cartonnées entassées sur des bancs, près des fonts baptismaux où j’ai été porté après avoir été ondoyé à la maternité. On les lisait et relisait avant de se confesser afin de faire le bilan de sa vie morale. Sales, noirs, graisseux à force d’avoir été tripotés par des ouailles de tous les âges, ces cartons listaient les péchés : mentir, voler, jurer, désirer le plaisir des sens, c’était se retrouver à la porte des enfers où l’on grillait éternellement en y expérimentant les tourments les plus extravagants ! Manger plus que de raison, boire autre chose que de l’eau, trouver plaisir à un bon repas arrosé, c’était péché de gourmandise. Désirer une jeune fille de sa classe, se caresser, se masturber en pensant à elle, avoir des pensées lubriques, c’était péché de luxure. Avoir une haute estime de soi, être arrogant, suffisant, prétentieux, orgueilleux, c’était pécher contre la vertu d’humilité. Le vol, la violence, l’adultère, le crime, une fois commis avec la conscience qu’il s’agissait de fautes, constituaient des péchés mortels.
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Pratiquer une langue est une chose, lire le latin comme son journal, c’était l’expression de mon vieux maître, Lucien Jerphagnon, en est une autre. C’est un métier à part entière, et il exige l’ascèse d’une longue fréquentation ! J’ai fait mon deuil de ce plaisir-là.
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La générosité ostentatoire n’est plus générosité, mais seulement ostentation.
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Jamais personne n'obéit parce que la loi est loi, mais parce que dans l'obéissance on obtient plus de satisfaction que d'insatisfaction.
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On ne converse pas impunément avec Claire de Montfaucon, devenue sainte par la grâce de l'Église catholique pour un certain nombre de vertus, certes, mais aussi probablement pour celle qui consista à donner le nom de Bentivenga de Gubbio à l'Inquisition italienne qui en fit le meilleur usage puisque l'été 1307, il entre en prison à Florence pour y passer le restant de ses jours, flanqué de six compagnons d'infortune.

L'homme du Libre- Esprit la tenait pour simpliste, stupide, absolument ignorante en tout, il n'aurait pas dû croire qu'elle pût manifester un gramme d'intelligence et de charité chrétienne .
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Si le royaume des cieux appartient aux pauvres, nul doute qu'au Vatican se compte un nombre considérable de damnés.
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Le dimanche des Rameaux, les chrétiens fêtent l’entrée de Jésus à Jérusalem sous les acclamations de la foule qui agite des rameaux de palme ; ils commémorent en même temps la mort et la passion du christ .

Cette fête est aussi dite « Pâques fleuries » ou « Dimanche des palmes » .

Lorsque Matthieu et Marc racontent l’histoire de Jésus, ils recyclent l’antique coutume païenne de célébrer le renouveau de la végétation et la fécondité qui accompagne ce processus .

Plutarque racontait cette procession païenne faite lors des Pyanepsies, la fête de la récolte des fruits au cours de laquelle étaient offerts des fruits, bien sûr, mais aussi d’autres présents : pain, figues, miel, huile, vin, herbes et… des gâteaux ronds – comme le soleil .

Ovide rapporte qu’aux calendes de mars l’habitude consistait à changer les rameaux de laurier accrochés dans les maisons des
officiants du culte .

Les rameaux annoncent donc également Pâques, la Passion, la mort et la crucifixion du Christ, puis sa résurrection .

Jésus meurt, comme se flétrissent et fanent les fleurs et les plantes ; mais, dixit la mythologie chrétienne, il renaît, revient de la mort et montre que, comme le sapin (de Noël), le buis (des Rameaux), les œufs (de Pâques), les fèves (de l’Épiphanie), les crêpes et les galettes (de la Chandeleur et des Rois), il incarne la permanence de la vie, la puissance du vivant, la vitalité à l’œuvre dans la fonction chlorophyllienne, la force indéfectible de l’énergie solaire .

Jésus est le nom imposé par Constantin et ses suivants chrétiens pendant des siècles au soleil invaincu .
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De matines à complies, la journée chrétienne est solaire ; de lundi à dimanche, la semaine chrétienne est solaire ; de Noël à l’Avent, l’année chrétienne est également solaire . 

Les grandes fêtes chrétiennes sont en effet indexées elles aussi sur le mouvement des planètes : l’Annonciation, Noël, l’Épiphanie, la Chandeleur, Pâques, la Saint-Jean, la Saint-Michel constituent autant de fêtes religieuses chrétiennes qui entretiennent une relation païenne et solaire avec le jeu des équinoxes et des solstices  .

Ainsi Noël : pendant très longtemps, la date de naissance du Christ reste imprécise . 

Et pour cause : une fiction, une légende, un mythe, une construction conceptuelle comme le Christ n’a pas une date de naissance précise, arrêtée sur une journée, car elle s’intègre comme nombre d’autres informations prétendument historiques et biographiques dans un récit qui suppose une longue forgerie exercée sur un long temps .

Avant d’être fixé le 25 décembre, Noël a été fêté le 6 janvier. Mais les païens commémoraient en nombre la fête solaire du 25 décembre qui correspondait au solstice du calendrier julien, à savoir, à la naissance du dieu Mithra, Sol Invictus – le soleil invaincu ! 

Qu’à cela ne tienne, comme avec le dimanche, l’Église garde la fête, la vide de son contenu solaire pour y mettre la date de naissance de sa fiction . 

La bûche allumée pour aider le soleil à reprendre de la force afin qu’il inverse son cours vers plus de lumière, l’offrande provençale de grains dans des soucoupes pour fêter la germination comme le
faisaient les disciples d’Adonis, l’ajout tardif du sapin comme arbre au feuillage perpétuel, tout cela montre un culte syncrétique chrétien qui fait la part belle au paganisme.
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La journée se trouve ainsi découpée selon l’ordre des raisons solaires .

Il en va de même avec la semaine, chaque jour signifiant une planète .

Dans le système géocentrique qui place la terre au centre et le soleil au plus loin, on nomme les jours en fonction de leur plus grande proximité avec la terre .

Ce qui donne : au plus proche de la terre, lundi la Lune, puis mardi Mars, mercredi Mercure, jeudi Jupiter, vendredi Vénus, samedi Saturne, enfin, au plus loin de la terre, Dimanche, le jour du Soleil, dies solis, qui devient jour du Seigneur parce que Constantin le décide le 3 juillet 321 .

Pour éviter de supprimer le jour dédié au culte solaire, l’empereur garde la fête, mais la vide de son contenu païen, puis la remplit d’une charge chrétienne : la fête continue, mais sans le soleil, du moins avec un soleil qui se nomme le Christ .
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Le Christ est soleil parce qu’il est le seigneur du temps, il en règle la
marche ; il rythme et cadence le cycle diurne : le Christ est le jour, les douze apôtres, les douze heures du jour ; il meurt à la neuvième heure, le soir ; il descend aux enfers et revient par l’est matinal, via les chemins cachés du nord .

Voilà pourquoi les heures de l’office dans la vie religieuse sont scandées par la marche du soleil : les matines disent l’arrivée de la lumière et la disparition des ténèbres ; les laudes expriment la fin du moment où le soleil apparaît au chevet oriental de l’église ; la tierce signifie le feu solaire qui monte ; la sexte coïncide avec l’arrivée du soleil à son zénith, il embrase alors le monde ; à none, l’heure de la mort du Christ, heure où s’assombrit le monde, la lumière décline ; à vêpres on dit l’office du soir ; à complies on exprime la nostalgie de la lumière une fois la nuit tombée .

Matines reviendra le lendemain matin, résurrection du Christ mort à none.
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Tout le monde sait que, lorsque le journalisme se confond avec l'organisation du mensonge, il constitue un crime. Mais on croit que c'est un crime impunissable. Qu'est-ce qui peut bien empêcher de punir une activité une fois qu'elle a été reconnue comme criminelle ? D'où peut bien venir cette étrange conception de crimes non punissables ? C'est une des plus monstrueuses déformations de l'esprit juridique.
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Il a fallu attendre trente ans après le premier pas de l'homme sur la Lune pour que le pape Jean-Paul 2 reconnaisse que Gualilée avait eu raison, trois siècles auparavant, de dire que le Soleil et non la Terre occupait le point central dans notre système.
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La passion du pouvoir corrompt. L'art de gouverner est celui de tromper les hommes. L'art d'être gouverné est celui d' apprendre la soumission, laquelle va de l'obéissance forcée à l'enchantement de la servitude volontaire. Personne n'ignore ces banalités, et pourtant elles n'en existent pas moins.
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L'article 21 de la constitution stipule : lorsque " le gouvernement viole les libertés et les droits garantis par la Constitution, la résistance sous toutes ses formes est le plus sacré de tous les droits et le plus impérieux des devoirs ".
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Nous sommes dans une crise généralisée de tous les milieux d'enfermement, prison, hôpital, usine, école, famille. (...) Les ministres compétents n'ont cessé d'annoncer des réformes supposées nécessaires. Réformer l'école, réformer l'industrie, l'hôpital, l'armée, la prison ; mais chacun sait que ces institutions sont finies, à plus ou moins longue échéance. Il s'agit seulement de gérer leur agonie et d'occuper les gens, jusqu'à l'installation de nouvelles forces qui frappent à la porte. Ce sont les société de contrôle qui sont en train de remplacer les sociétés disciplinaire.
Gilles Deleuze.
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Jésus est une fiction, le Christ la fiction sublimée de cette fiction .

Des épisodes de la vie merveilleuse du Christ existent à foison dans la littérature antique qui précède cette fiction :

l’Annonciation concerne également Pythagore ou Platon ; l’Incarnation des dieux dans un corps concret existe déjà chez les Égyptiens, Plutarque nous en donne les détails, chez les Chinois, chez les Grecs, lire ou relire Homère, chez les Romains, voir Ovide ; la grotte de Bethléem dans laquelle serait né Jésus est un sanctuaire où l’on célèbre Adonis ; les mages guidés par une étoile ont leur pendant dans des histoires semblables en Iran, en Syrie ; le Massacre des innocents, la Fuite de la Sainte-Famille sont des épisodes déjà présents chez les Égyptiens ; l’enfant donnant une leçon aux docteurs du Temple concerne également Pythagore, Zoroastre, Bouddha, qui, très jeunes, confondent des maîtres de sagesse bien plus âgés qu’eux ; la tentation dans le désert existe aussi pour Bouddha, Zoroastre, ce dont témoigne la littérature avestique ; aimer son prochain se trouve déjà chez Cicéron, ne pas faire à autrui ce qu’on ne voudrait pas qu’il nous fasse, chez Confucius, pardonner les offenses et rendre de l’amour pour la haine se trouve dans les livres de sagesse pharaonique ; le sauveur eschatologique existe dans la Perse ; le nom de Seigneur existe chez les Syriens ; les miracles sont légion dans toute la littérature antique – parmi une multitude d’exemples, Asclépios, guérisseur et thaumaturge réputé, Apollonios de Tyane ressuscite une jeune fille, Empédocle une morte depuis trente jours ; Jésus marche sur les eaux, mais Dionysos également, ainsi que les jumeaux indiens les Açvins, dixit le Rig-Veda ; la mort suivie de résurrection est un lieu commun des divinités, voir Osiris l’Égyptien, Tammouz le Babylonien, Enlil le Sumérien, Aliyan Baal le Phénicien, Attis l’Asiatique, Dionysos le Grec ; le phénomène astronomique de l’éclipse de soleil lors de la mort du Christ renvoie au tremblement de terre lors de l’entrée de Bouddha dans le nirvana, le même phénomène et l’ouragan lors de l’enlèvement au ciel de Romulus, ou bien aux prodiges associés à la mort de César rapportés par Virgile dans les Géorgiques ; le sang comme vecteur de la rédemption existe dans le culte de Cybèle et d’Attis, dans celui de Mithra, dans l’orphisme ; l’Ascension est assimilable aux vols magiques, Bouddha, Adapa, Ganymède et beaucoup d’autres furent des adeptes de ce moyen de transport .

Cessons là, mais sachons que cette énumération est une goutte d’eau dans un océan de références qui témoignent en ce sens .
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