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Citations de Michel Tremblay (481)


J’avais été transporté pendant trois jours par un condor ! Sous l’émotion, je fermai brusquement le livre que je me mis à bercer. J’essayai de revivre ces trois jours, de revoir, suspendu dans les airs, la Cordillère des Andes glisser sous moi
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Rêvez-vous comme moi dans le style de l’auteur que vous lisez avant de vous endormir ?
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Aurais-je eu une mère avec un accent anglais sans m’en rendre compte ? Peut-on passer les vingt premières années de sa vie en compagnie de quelqu’un qui a un accent étranger sans le savoir ?
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Donne ta place à grand-moman, cher. Mais c’est toé qui lis, là hein, c’est pas comme quand t’étais petit. Là, c’est toé qui lis, pis c’est moé qui écoute ! […] Qui n’a jamais lu une histoire à sa grand-mère le jour de ses neuf ans ne connaît rien du bonheur !
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Page neuf, après quelques courts dialogues entre guillemets que je compris bien, la comtesse de Ségur écrivait ceci :
"L'ENFANT. - Moi, ça ne fait rien ; je suis grand, je suis fort ; mais lui, il est petit ; il pleure quand il a froid, quand il a faim."
L'HOMME. - Pourquoi êtes-vous ici tous les deux ?

Qu'est-ce que le mot "homme " et le mot "enfant" faisaient là, suivis d'un point et d'un tiret ? Est-ce que ça voulait dire qu'ils parlaient ?" - ben oui mon drôle, la Comtesse faisait représenter ses livres par les enfants qui l'entouraient. A six ans, j'ai lu Les malheurs de Sophie. Nos parents nous privaient de portables et nous ne pouvions que lire. Nous étions des enfants martyrs. "Est-ce qu'il fallait dire les noms des personnages à voix haute dans sa tête avant de lire le reste ? Si oui, ça me dérangeait parce que je n'aimais pas m'entendre dire "L'enfant" avant de lire ce que 'enfant avait à dire ! C'était donc bien niaiseux ! Je n'avais pas besoin de ça pour comprendre, je n'étais pas un épais, alors pourquoi l'avoir mis là ? Y avait-il une raison que je ne saisissais pas ? Pourtant futur auteur de théâtre, cette façon de transcrire les dialogues me rebuta tellement qu'après avoir recommencé une dizaine de fois la page neuf sans avoir trouvé de réponse à ma question, je me mis à pleurer dans mon livre. Si je ne comprenais pas au bout de trois pages, qu'est-ce que ce serait sur cent quatre-vingt-dix ? Une grosse peine d'enfant qui sait pourquoi il pleure mais qui n'a personne pour lui donner la solution à son problème me chavirait le cœur. Je n'étais pas loin de penser que j'étais déjà puni de ma mauvaise action. Je refermai le livre en me disant que, le matin de Noël, quelqu'un de ma famille m'expliquerait tout ça et que je pourrais enfin lire L'Auberge de l'Ange-Gardien. Ça ne me soulageait qu'à moitié, cependant, parce que, déjà trop orgueilleux, j'aurais voulu comprendre tout seul. Je me mouchai tant bien que mal dans la manche de mon chandail de laine", suivant les consignes de Mme Bachelot, "et remis le livre à sa place.


Mais, au risque de me faire surprendre, je revins presque chaque jour ouvrir le livre pour essayer de saisir pourquoi Comtesse - on aurait vraiment dit un prénom de chien ! - de Ségur avait écrit ses dialogues de cette façon-là. Je feuilletais les pages, je me rendais compte que ce genre de dialogues se retrouvait partout dans le livre, je le refermais brusquement en me disant que je n'arriverais jamais au bout de l'histoire parce que ça m'énervait trop de voir les noms des personnages en lettres majuscules à tout bout de champ... Je faisais une véritable fixation sur les dialogues de L'Auberge de l'Ange-Gardien et je me mis à haïr le livre avant même d'avoir dépassé la page neuf.

Les Fêtes approchaient et un bon matin je trouvai mon livre emballé dans un grand portrait de père Noël hilare" - mais comment fait-il donc, cet adulte, pour aller jusqu'à se souvenir du papier l'emballage de son cadeau ? Qu'est-ce que je suis nul !

Puis, une nuit, une question me frappa qui me cloua sur place, incapable de bouger et le cœur dans un étau : est-ce que tous les livres étaient écrits de cette façon-là ? Et est-ce que ça voulait dire que je n'aimerais jamais lire ?
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J'ai suivi mon rituel habituel : je me suis assis au bord du sofa basculant qui me sert de lit, j'ai serré le volume sur ma poitrine après m'être bien imprégné de son odeur, j'ai fait une courte prière non pas à Dieu mis à la joie de lire, si forte, si puissante, que j'ai tellement peur de perdre en vieillissant.
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J'aime les livres, je I' ai assez dit jusqu'ici, j'aime les palper,les feuilleter,les humer; j'aime les presser contre moi et les mordre; j'aime les malmener, les sentir vieillir entre mes doigts, les tacher de café- sans toutefois faire exprès-, y écraser de petits insectes, l'été, et les dépose n 'importe où ils risquent de se salir, mais quand je vois pour la première fois un de mes livres à moi, un enfant que j'ai pensé,pondu, livré, l'émotion est tellement plus forte, la joie tellement plus vive, que le monde s 'arrête littéralement de tourner. Je ressens une petite secousse comme lorsqu'un ascenseur s'arrête, mes genoux se dérobent, mon coeur tape du pied comme ma grand-mère Tremblay sur le balcon de la rue Fabre quand j 'étais enfant, et chaque fois – ce livre-ci sera le quarantième -, je pense à maman qui n'a jamais su que j 'écrivais, qui est partie doublement trop tôt: parce que je I'aimais et parce que je n'ai jamais pu lui confier les deux secrets de ma vie, mon orientation sexuelle et... Qu'aurait-elle dit en ouvrant le premier livre de son fils qui I'avait si souvent exaspérée?
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Horreur ! Une masse compacte et molle en même temps se penche au-dessus de moi, un parfum qui a peut-être tourné m’envahit les narines, un bec mouillé et gras me barbouille la joue. Je ne peux pas lever la main pour m’essuyer, je dois rester parfaitement immobile, ma mère le sait très bien et je la sens qui ricane intérieurement. Je pourrais faire semblant de me réveiller, sourire à ma tante, me tourner vers le mur en remontant la couverture, mais je décide de jouer le jeu jusqu’au bout et je reste parfaitement inerte, comme un poids mort dans mon lit. Elle ne gagnera pas, elle ne me fera pas jouer une scène que je ne suis pas sûr de réussir, elle ne saura jamais si je dormais vraiment ou non.
- You were lucky with your last child, Rhéuna. He looks like an angel!
- Ouan. Un ange cornu. Avec des ailes de tôle !
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He’s already sleeping… With a book on his chest… Isn’t that cute…
- Ouan… Y va finir par s’arracher les yeux avec ses folleries…

Le ton de ma mère est sans équivoque : elle sait très bien que je ne dors pas et elle veut que je sache qu’elle n’est pas dupe de mon petit jeu. - You can’t say he reads too much… C’est toé qui l’encourage à lire...
- J’y dis de pas se casser le cou quand y lit, de pas lire couché, de lire assis, le corps droit, de faire attention qu’y’aye assez de lumière, que la lumière vienne de la gauche, de l’éteindre avant de s’endormir… Y’écoute pas, y’écoute pus, y’écoute jamais…
- Don’t say that, he looks so sweet…
- Ben oui, he looks so sweet quand y’a du monde, mais y’es pas du monde quand chua tu-seule avec lui!
- Chus sûre que t’exagères…
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Mais tout ça, Claude, se fait dans le silence. C'est ça ma force. Ça a toujours été ça. Le silence. J'connais rien au théâtre mais chus sûre que ça serait pas mal difficile de faire ça, une tempête dans une tête.

J'ai toujours tout enduré en silence parce que j'ai toujours su qu'au bout du compte ça payerait plus.

Ta femme, là, dans la pièce, là, qui porte mon nom pis qui est habillée comme moi, que c'est qu'a va faire, le lendemain matin ? Hein ? Après avoir joué l'héroïne ? On sait ben, ça t'intéresse pas, toi ! Quand a'l'ouvre la porte pis qu'a sort d'la scène, a' l'arrête d'exister pour toi pis tu t'en sacres, d'abord que t'as écrit des belles scènes !

Mais moi faut que je vive demain, pis après-demain, pis les autres jours !


Si t'as jamais entendu le vacarme que fait mon silence, Claude, t'es pas un vrai écrivain !
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Tu te promènes toujours avec ta petite serviette d'intellectuel
pour aller travailler ? Que c'est que tu mets, dedans ? Ton
lunch ? Ton lunch pis tes manuscrits... Quand est-ce qu'on va
avoir droit à ça, la grande révélation ? Hein?
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CLAUDE. Tu l’as lu ?

MADELEINE I. Oui. (Silence.) Comment t’as pu faire une chose pareille… ? J’ai eu tellement honte en lisant ça, Claude… J’me suis sentie tellement… laide.

CLAUDE. Laide ?

MADELEINE I. (brusquement) C’est pas moi, ça ! C’est pas comme ça que chus ! C’te femme-là, même si a’porte mon nom, a’me ressemble pas ! J’veux pas ! Comment as-tu osé y donner mon nom, Claude !

CLAUDE. Mais moman, c’t’un personnage de théâtre… Y’es pas dit nulle part que c’est exactement toi…

MADELEINE I. Claude ! Viens pas me rire en pleine face par-dessus le marché ! Tu décris notre salon dans ses moindres détails ! Les meubles, les draperies, le tapis usé devant la porte, la télévision Admiral… Ça se passe ici, dans notre maison, comment tu veux que j’pense pas que t’as voulu nous décrire nous autres dans les personnages ! J’ai reconnu ma robe, Claude, j’ai reconnu ma coiffure mais j’me suis pas reconnue, moi !

On entend le début du troisième mouvement de la cinquième symphonie de Mendelsohn.
Entre Madeleine II qui semble inquiète.
Elle est habillée comme Madeleine I.
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CLAUDE. Tu l’as lu ?

MADELEINE I. Oui. (Silence.) Comment t’as pu faire une chose pareille… ? J’ai eu tellement honte en lisant ça, Claude… J’me suis sentie tellement… laide.

CLAUDE. Laide ?

MADELEINE I. (brusquement) C’est pas moi, ça ! C’est pas comme ça que chus ! C’te femme-là, même si a’porte mon nom, a’me ressemble pas ! J’veux pas ! Comment as-tu osé y donner mon nom, Claude !

CLAUDE. Mais moman, c’t’un personnage de théâtre… Y’es pas dit nulle part que c’est exactement toi…

MADELEINE I. Claude ! Viens pas me rire en pleine face par-dessus le marché ! Tu décris notre salon dans ses moindres détails ! Les meubles, les draperies, le tapis usé devant la porte, la télévision Admiral… Ça se passe ici, dans notre maison, comment tu veux que j’pense pas que t’as voulu nous décrire nous autres dans les personnages ! J’ai reconnu ma robe, Claude, j’ai reconnu ma coiffure mais j’me suis pas reconnue, moi !

On entend le début du troisième mouvement de la cinquième symphonie de Mendelsohn.
Entre Madeleine II qui semble inquiète.
Elle est habillée comme Madeleine I.
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CLAUDE : Même si chus de bonne foi? / MADELEINE 1 : Tu peux pas être de bonne foi. Parce que t'es pas nous autres… / CLAUDE : C'est là que tu te trompes, maman… Écoute… Veux-tu m'écouter juste un peu? ( Madeleine 1 s'asseoit à côté de Claude.) J'ai toujours eu une grande facilité… à me glisser à l'intérieur des autres. À les sentir. J'fais ça depuis toujours. Vous autres, vous appelez ça de l'espionnage… Moi, j'appelle ça vivre. (…)
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Mercedes avait rencontré Béatrice dans le tramway 52 qui partait du petit terminus au coin de Mont-Royal et Fullum pour descendre jusqu’à Atwater et Sainte-Catherine, en passant par la rue Saint-Laurent. C’était la plus longue ride en ville et les ménagères du Plateau Mont-Royal en profitaient largement… Tant que le tramway longeait la rue Mont-Royal, elles étaient chez elles. Mais quand le tramway tournait la rue Saint-Laurent vers le sud, elles se calmaient d’un coup et se renfonçaient dans leur banc de paille tressée : toutes, sans exception, elles devaient de l’argent aux Juifs de la rue Saint-Laurent.
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Édouard et Thérèse s’étaient levés en même temps. Leurs chambres se faisaient face, aussi étaient-ils tombés nez-à-nez en ouvrant leur porte. «Vous vous levez ben de bonne heure, à matin, mon oncle Édouard ? C’est pourtant samedi !» «Les envies de pipi ont pas de jours, ma p’tite fille !» Ils avaient tous deux couru jusqu’à la salle de bains qui se trouvaient tout à fait à l’arrière de la maison, après la salle à manger et la cuisine. Thérèse était arrivée la première mais elle avait cédé la place au frère de sa mère. Marcel, le frère de Thérèse, tellement petit pour ses quatre ans qu’on lui en donnait à peine deux ans et demi ou trois, avait entendu la course et lorsque Thérèse et Édouard étaient passés près de lui il avait zézayé un timide bonjour mais les deux coureurs ne l’avaient pas entendu. Marcel couchait dans la salle à manger dans un lit qu’on déguisait le jour en sofa, beaucoup trop grand pour lui et qu’il détestait. Il était donc témoin de toutes les allées et venues de la maison et Dieu sait s’il y en avait. Quand son oncle Gabriel, qui travaillait le soir, arrivait vers les deux heures du matin, Marcel lui envoyait la main. Mais Gabriel, absorbé, fatigué, la tête basse, regardait rarement dans la direction de l’enfant. Il entrait en hâte dans sa chambre qui donnait sur la salle à manger, où l’attendait la grosse femme enceinte, sa femme. Quand Albertine, la mère de Marcel et de Thérèse, se levait la nuit pour se faire un thé pour calmer ses nerfs, Marcel se glissait hors de son lit et la suivait à la cuisine. Elle le prenait dans ses bras en attendant que l’eau bouille et Marcel, immanquablement, s’endormait, la tête appuyée contre l’épaule grasse de sa mère. Albertine berçait son petit dernier en fixant le canard d’eau chaude. Parfois elle s’endormait debout, appuyée contre le poêle…
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ce petit bout d'homme à qui il pouvait parler, qui l'écoutait calmement et qui, ô miracle, lui répondait dans sa propre langue de chat errant.
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MARIE-LOUISE: Tu m'as faite tellement mal! J'arais voulu hurler, mais ma mère m'avait dit de serrer les dents! […] Si c'est ça, le sexe, que j'me disais, pus jamais! Jamais! Jamais!
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Qui a dit que les pressentiments n'existent pas ? Celui-là avait tort. Ils existent. À cette minute-là, alors que j'allais porter le verre de vin à ma bouche, quelque chose se passa en moi que je ne pourrais décrire de façon précise... C'était comme un avertissement. Quelque chose dans ma poitrine, comme un serrement de cœur, me portait à éloigner le verre de ma bouche... Je regardai Gerblicht. Ses yeux étaient rivés sur moi. Son regard était braqué sur ma bouche et sa bouche à lui était entrouverte comme s'il avait eu envie de boire lui-même ou de me pousser à boire...
Je savais que je ne devais pas boire de ce vin.
Mais j'en bus quand même.
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La religion catholique, en un mot, niait la beauté de l'enfantement et condamnait les femmes à n'être jamais dignes puisque la mère de leur Dieu, l'image consacrée de la Maternité, n'avait été qu'un entrepôt temporaire d'où l'Enfant n'était ni entré ni sorti.
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