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Critiques de Miguel Bonnefoy (755)
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Héritage

J'ai aimé ce roman que j ai pu lire d'une traite

Regardez le étiquettes tout est dit

Sur fond historique (très bien documenté) nous vivons l'histoire d'une famille franco chilienne

Ce roman nous fait vivre la vie d'une famille d'émigrés français en Amérique du Sud où l'amour de la famille est très présent.

La dureté de certaines situations est atténuée par l'évocation du monde des oiseaux (passion du couple)

A noter aussi la volonté de la fille qui reve de devenir pilote (début des femmes dans l'aviation.



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Héritage

Alors qu'en 1871, la France se relève à peine des événements sanglants de la Commune, dans les campagnes, le phylloxera décime les vignobles, anéantissant des années de dur labeur, et ruinant des familles entières.

Dans ce contexte de désastre, un jeune jurassien quitte alors sa terre natale avec un seul cep de vigne en poche et quelques francs, et embarque pour l'Amérique. Il voudrait s'installer en Californie, mais le destin l'obligera à débarquer plus tôt que prévu à Valparaiso. Rebaptisé "Lonsonier" au moment de son enregistrement administratif par le service de l'émigration, le patriarche s'établit dans ce pays paradisiaque et y plante son cep de vigne... Il se marie alors avec Delphine, fait prospérer ses vignobles et s'installe dans la maison qui va devenir la maison familiale et presque le lieu de toute l'histoire, car elle va passer de génération en génération.

Mais la Première Guerre Mondiale se profile à l'horizon, et leurs trois fils embarquent pour la France, fiers de leurs origines, se sentant solidaires du destin des autres soldats français. Seul Lazare en reviendra...meurtri, un poumon en moins, et culpabilisé de n'avoir pas pu sauver ni ses frères, ni un voisin chilien d'origine allemande parti se battre lui-aussi, mais pour le camp ennemi.

A son retour, amaigri et malade, Lazare quitte un temps le giron familial et sa mère dépressive, pour tenter de se retrouver.

C'est au fin fond du pays Mapuche, qu'il rencontrera celle qui deviendra sa femme, Thérèse. Passionnée par les oiseaux depuis toujours, Lazare fera installer une volière dans le jardin de la maison familiale, où Margot, leur fille, verra le jour entourée de ces charmants volatiles.

Est-ce à cause de sa naissance particulière, de la passion de sa mère pour les oiseaux ou parce que le vieux chaman lui fera vivre une expérience de lévitation qu'elle vouera une passion sans borne à l'aviation et y consacrera une partie de sa vie ? Elle partira se battre aux côtés des alliés pendant la Seconde Guerre Mondiale et devra faire ses preuves contre le machisme ambiant, pour réaliser son rêve et devenir enfin aviatrice.

A son tour, son fils Ilario Da, qui sera conçu dans des conditions que je ne vous dévoilerai pas pour vous laisser découvrir toute la magie de ce roman qui mêle aussi à la réalité, le mystère et les légendes du Chili, poursuivra le destin extraordinaire de cette famille pas comme les autres. Il grandira au sein de l'entreprise familiale de son grand-père mais se révoltera, intègrera le MIR (Mouvement de Gauche Révolutionnaire) et s'opposera à la dictature de Pinochet. Il sera emprisonné et torturé. Ce sont des pages douloureuses et bouleversantes que le lecteur découvre à la fin du livre et d'autant plus qu'il s'agit du récit des tortures et de la vie quotidienne du propre père de l'auteur.

Mais l'histoire de la famille ne s'arrêtera pas là !



Voilà un roman captivant qui m'a transporté pour un voyage formidable entre le Chili et l'Europe, en à peine 208 pages. L'auteur nous brosse le portrait d'un siècle de vie quotidienne d'une famille (sa famille) déracinée au Chili mais qui se sent toujours redevable envers son pays d'origine.

Les chapitres sont courts et nous présentent chacun un personnage différent. J'ai aimé la façon dont l'auteur nous décrit les membres de la famille, les hommes plutôt timides et maladroits mais aussi fiers de leurs origines, les femmes, indépendantes et prêtes à mener à bien leurs projets. Les personnages sont décrits avec réalisme, mais semblent pourtant tous être sortis d'une fable ou d'un conte.

Aux côtés des membres de la famille, l'auteur nous décrit toute une galerie de personnages hauts en couleur, comme El Maestro, le père de Thérèse, originaire de Sète, qui n'hésite pas à créer un orchestre symphonique en plein pays Mapuche ou Aukan, le chamane guérisseur qui va sauver Lazare pour revenir des années après aider Margot à trouver sa voie. Il suit la famille durant toutes les générations et sait guérir les plaies physiques mais aussi les plaies de l'âme. Il y a aussi la famille Danovsky, tous rabbins de génération en génération sauf le fils, Ilario, qui se comportera en héros au péril de sa vie. Enfin, dans l'usine d'hosties, le discret Hector Bracamonte qui n'hésitera pas à se dénoncer par respect pour la famille qui dans le passé lui a offert un travail et à manger.

Et tout au long de l'histoire, la famille se raccroche à la seule bribe de mémoire familiale que le patriarche a bien voulu leur raconter de leur passé, l'existence d'un mystérieux oncle français, Michel René...

Tous ces personnages réels ou imaginaires, ont une histoire fabuleuse qui pourrait à elle seule être le sujet d'un roman. Ils sont terriblement humains, fantasques mais déterminés et à la fois, tellement fragiles qu'ils en sont touchants.

En peu de mots, l'auteur les rend vivants et nous fait partager leur quotidien, leurs désirs, leurs drames. Mais à ces drames tellement réalistes, chacun d'eux étant concernés par la grande Histoire, se mêlent beaucoup de fantaisie et d'humour, les légendes du Chili, des personnages mystérieux. Mais chut, je ne peux vous en dire davantage, sans dévoiler l'histoire.

Ce décalage donne beaucoup de plaisir à la lecture. Le lecteur a envie de connaître la suite et aimerait même s'attarder, en apprendre davantage sur chacun. Il est presque frustré de ne pas rester un peu plus longtemps auprès d'eux...et les quitte à regret.

Que va devenir la génération suivante se demande-t-on en terminant le roman ?

Et derrière cette saga familiale... c'est tout le devenir des immigrés français que le lecteur découvre. On oublie souvent que des français aussi sont devenus des déracinés, obligés de tout reconstruire ailleurs et de connaître les souffrances de l'exil.



Un beau roman autobiographique que j'ai eu beaucoup de plaisir à découvrir et qui mérite à mes yeux d'obtenir un prix littéraire...


Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Héritage

Héritage des origines, héritage des combats, héritage de l’abnégation, le roman de quatre générations de migrants français au chili. Miguel Bonnefoy nous raconte un siècle d’histoire d’une famille, peut être un peu la sienne.

Fin du 19eme siècle le phylloxera détruit les vignes dans le Jura, alors un vigneron Déracine un pied de vigne et quitte lons-le-saunier embarquant pour la Californie, atteint de la fièvre typhoïde il est

débarqué au chili où il va s’établir. Ses trois enfants dont les origines françaises de leur père sont profondément marquées, reviennent combattre l’envahisseur allemand lors de la première guerre mondiale, Lazare sera le seul à rentrer. Pourtant, lors de la seconde guerre, sa fille Margot passionnée d’aviation et pilote émérite, part pour l’Europe avec l’intention de combattre. Enfin son fils ILARIO DA, révolutionnaire partisan de Salvatore Allende, fuira la torture et les geôles de Pinochet pour se réfugier en France.

Quelle belle saga familiale dans laquelle nous plonge Miguel BONNEFOY qui écrit en français alors que ce n’est pas sa langue maternelle. La construction de ce beau roman entraîne le lecteur dans la magie d’une aventure extraordinaire aux parfums citronnés du Chili. Les femmes fortes y ont une place d’importance. Nombreux sont les personnages de ce roman qui nous emporte avec passion et ne nous perd jamais.

Miguel Bonnefoy vient d’être récompensé par le prix des libraires 2021, tellement mérité.
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Héritage

*** Lecture mitigée ***



Malgré les avis très positifs de ce roman, j'en ressort très mitigée.

Je suis partie dans ma lecture avec un a priori : comment faire une saga familiale sur trois générations et sur 250 pages ... forcément ce sera du "vite vue", et je ne me suis pas trompée.

Tellement vite passé en revue que je ne me suis absolument pas attachée aux personnages ... à aucun en fait !





Grand-père Lonsonnier quitte la France avec trente francs en poche et un pied de vigne pour rejoindre l'Amérique, mais c'est à Valparaiso que s'arrêtera son voyage à cause de la fièvre typhoïde. Ainsi, l'auteur relate trois générations, toutes les trois malmenées par la vie : première guerre mondiale en France où son fils revient avec un poumon en moins et hanté par un fantôme Allemand, sa petite fille passionnée d'aviation, premier vol de l'aéropostal, deuxième guerre mondiale ... Puis, ce que j'ai franchement trouvé ridicule et complètement hors contexte : cette dernière qui attend un enfant de ce fameux fantôme Allemand ! c'est à ce moment que j'ai décroché de l'histoire ayant dû mal à finir la lecture qui n'a plus eu d'intérêt ...





Comment relater une épopée si riche historiquement parlant en 250 pages ? J'en suis sortie complètement frustrée et sur ma faim ...

L'auteur, ne m'a pas fait voyager ni aimer sa famille ... puisque il est la quatrième génération ...



Ce roman est le "best-seller" de la rentrée Littéraire 2020 ... m'ouais .. pas pour moi ... j'ai dû faire bataille pour le finir.
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Si j'ai (relativement) apprécié la moitié du livre, je suis resté dubitative quant à la suite.

L'auteur nous conte chronologiquement l'histoire d'une famille de Français exilés au Chili.

Les personnages, ont tous une passion (pour leur métier,les oiseaux, l'aviation et la révolution) qui les conduit parfois jusqu'à la folie. Une chaîne les relie entre eux, de l'Europe à l'Amérique Latine et vice versa. Leurs caractères gagneraient à être approfondis, si le roman avait été plus long.

Dans la deuxième partie de ce récit un élément fantastique intervient qui imite le style des grands auteurs sud-américains sans y parvenir tout-à-fait, à mon humble avis.

Mais je crains d'être un peu injuste avec cet auteur qui évoque ici l'histoire de sa famille et fait le lien à la fin avec un roman de lui que j'ai lu auparavant (Le voyage d'Octavio Paz).

Sans doute attendais-je trop de ce livre concernant un pays qui m'intéresse...

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Héritage

Miguel Bonnefoy

roman

2018, 207 p, Rivages





C'est un court roman ; on le déguste comme un café serré dont l'arôme est puissant et qui donne une impression d'intensité dans la tasse.

Miguel Bonnefoy est un raconteur d'histoires, un conteur, et répond à la première aspiration des lecteurs : le plaisir de se faire raconter des histoires, et quelles histoires, de celles qui nous emmènent ailleurs, de par leur contenu et la langue avec laquelle elles sont contées. L'auteur, franco-vénézuélien et de père chilien, établit un pont entre l'Europe et l'Amérique du Sud, et Garcia Marquez doit l'écouter et exhaler des souffles odoriférants de réalisme magique.

L'intérêt ne faiblit jamais. L'imagination est riche. D'un style hyper nerveux, avec des comparaisons exotiques, le narrateur construit une histoire sur quatre générations, avec des personnages au tempérament fort, et qu'on ne manque pas de remarquer.

Le premier des personnages vient du Jura, d'où son nom de Lonsonier, avec un pied de vigne et débarque par hasard à Valparaíso à la fin du XIX°. Son fils aîné part en France la fleur au fusil avec ses deux frères à la guerre. Il en revient sans eux et un poumon en moins. Et surtout avec une énorme culpabité, celle d'avoir causé la mort d'un jeune Allemand qui l'avait informé d'une offensive contre la tranchée française. De retour au Chili, il trouve remède à ses souffrances en rencontrant une jeune fauconnière, fille d'un marchand de parapluies bordelais. Ils font une immense volière et une fille qui naîtra dans cette volière et servira son pays d'origine en étant aviatrice. Elle perdra dans un combat son ami le plus cher. Elle revient brisée. Une nuit le fantôme du soldat allemand apparaît, à qui elle s'unit. Le fruit de cette étrange union sera un révolutionnaire torturé par les sbires de Pinochet. Il partira en France avec, comme le patriarche, un pied de vigne dans la poche et un cahier dans lequel il raconte ses tortures.

C'est une histoire de déracinés, qui n'appartiennent pas vraiment à un seul pays, qui font l'aller-retour entre deux continents.

Mais l'histoire cède le pas à la manière de la raconter. Les phrases sont rondes, charnues, et courent avec légèreté vers une suite. Les personnages secondaires sont tous intéressants. de plus, le narrateur s'appuie sur l'omniscience et la récurrence ; il informe brièvement le lecteur d'un avenir plus ou moins proche, et crée un effet d'attente.Le narrateur éprouve du plaisir à faire entendre des mots d'espagnol, termes culinaires ou phrases faciles à comprendre par tous, mais on trouve aussi quelques paroles en yiddish. Mais surtout le lecteur subit le charme à la fois du lieu, des savoirs occultes, de potions magiques, du pouvoir des plantes, de la poésie qui imprègne descriptions -le crépuscule avait la couleur des gencives de pumas-, portraits, actes de soins exotiques et sorciers. Tout est vivant, et tout participe au bruissement du monde. le lieu est plus qu'habité, et comme la colline, inspiré. On est plongé dans un merveilleux et on se laisse captiver. de toute manière, il n'y a pas moyen de résister.

Si j'étais restée un peu sur ma faim avec Sucre noir, je suis conquise par Héritage. La dédicace de ce livre m'intrigue. Est-ce qu'une suite du roman est annoncée, ou la suite, c'est Bonnefoy lui-même, partagé aussi entre deux continents?
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Héritage

Quelle splendide fresque romanesque ! Ce livre nous mène à la rencontre de personnages aux destins extraordinaires, tragiques, avec une poésie à couper le souffle.

J’ai lu d’une traite ces deux cents pages, sans mérite car je suis en vacances ; une fois commencé, impossible de le lâcher.

Ma seule crainte : j’avais lu qu’il s’agissait d’une saga familiale, et, condensée en un court roman, la personnalité des protagonistes risquait d’être esquissée et manquer de profondeur…que nenni ! Miguel Bonnefoy a un don : en quelques phrases, le lecteur se prend d’affection pour les principaux personnages.

Le lecteur fait des allers-retours entre la France et le Chili, entre le XIXe siècle et la fin du XXe. Lazare, Denise, Thérèse, Ilario Da, Hector, Margot etc. intègrent avec une fluide intensité la grande Histoire ; et une nouvelle fois, rien n’autorise le lecteur à dire que l’entreprise est trop vaste pour tenir la route en si peu de pages.

C’est juste parfait !

Et mon seul regret : quitter cette lecture après quelques heures seulement, le goût de trop peu tenant à la splendide plume de Miguel Bonnefoy, sensible, enlevée, colorée, poétique.

Pas de souci n’empêche, car je vais pouvoir la retrouver dans d’autres romans, et ce sera très bientôt.

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Héritage

J’ai découvert cet auteur lors de la rentrée littéraire 2022 avec « L’inventeur » que j’avais adoré ! J’ai beaucoup aimé retrouver la plume de l’auteur. J’adore sa façon de raconter les histoires, il les parsème d’humour plus ou moins grinçant !



En revanche, j’ai moins accroché au thème de ce livre. Il m’a moins intéressée que « L’inventeur ». Et comme il s’agissait d’un livre audio, cela me demandait davantage de concentration.



A noter que la voix de Dominique Pinon pour Audiolib était parfaite pour le style d’écriture de l'auteur !
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Héritage

Jeune écrivain franco-vénézuélien, Miguel Bonnefoy a une façon d'écrire - en français - soignée et riche ; c'est un véritable conteur, il sait nous dire une histoire à la fois réelle et embellie, ici celle de plusieurs générations issues d'un homme né à Lons-le-Saunier, qui est parti de France au moment où ses vignes mouraient du Phylloxera, avec juste 30 francs en poche et le seul pied de vigne sain qui lui restait, bien avant la première guerre mondiale...



Arrivé au Chili un peu par hasard, l'émigré français s'y installe et fonde sa famille : avec Delphine, ils eurent trois garçons Lazare, Robert et Charles qui des années plus tard, en 1914, décidèrent de partir pour défendre la France - pays qu'ils n'avaient jamais vu mais pays de leurs ancêtres ; seul Lazare revint des champs de bataille et poursuivit la lignée des Lonsonier.

Dans cette famille, il y a eu des légendes, comme dans toutes les familles : 30 francs et un pied de vigne, une grande baignoire où se reposent des corps abimés, un étrange oncle Michel René dont l'identité ne sera révélée qu'en fin de livre, une volière pleine d'oiseaux magnifiques, un guérisseur mapuche appelé Aukan, El Maestro et ses instruments de musique...

Lazare et sa femme Thérèse eurent une fille, Margot, aviatrice et femme de tête qui eut elle-même un fils - dans des circonstances plutôt extraordinaires au sens propre du terme, fils qui devra affronter la junte militaire qui prit le Chili en 1973.



La force de ce livre réside dans le choix qui est fait par l'auteur des épisodes racontés, des détails privilégiés, et des mouvements de ces quatre générations entre France et Amérique du Sud ; sont en jeu ici le sentiment d'appartenance à un pays mais aussi le désir de ne pas trahir la nouvelle patrie, l'importance de la famille, de la transmission, de la fidelité à ses idées.

Les personnages ont de l'épaisseur, une originalité et un tempérament hors du commun ; on ne raconte jamais mieux une histoire que lorsque c'est la sienne, celle de ses parents, grands-parents et arrière-grands-parents...



Premières phrases : " Lazare Lonsonier lisait dans son bain quand la nouvelle de la Première Guerre mondiale arriva jusqu'au Chili. À cette époque, il avait pris l'habitude de feuilleter le journal français à douze mille kilomètres de distance, dans une eau parfumée d'écorces de citron, et plus tard, lorsqu'il revint du front avec une moitié de poumon, ayant perdu deux frères dans les tranchées de la Marne, il ne put jamais réellement séparer l'odeur des agrumes de celle des obus."
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Héritage de Miguel Bonnefoy



Après Sucre noir en 2019, Miguel Bonnefoy nous entraîne dans une Amérique du Sud romanesque et fantasque à la suite de son personnage, viticulteur jurassien, parti pour la Californie, lâché par hasard sur les cotes du Chili et reconstruisant sa vie dans ce pays dont il ignore la langue, au point de donner son lieu de naissance lorsqu’on lui demande d’où il vient.

Il change alors d’identité et c’est la saga de la famille Lonsonier que l’auteur nous conte sur un siècle d’aventures, de retournements et de drames. Les personnages sont magnifiques, le fils Lazare, son épouse, Thérèse, passionnée par les oiseaux et Margot leur fille, qui volera un jour, elle en est sûre. Sans oublier le vieux Lonsonier, viticulteur malgré tout, et Hector Bracamonte, petit voleur des rues devenu bras droit, puis héritier de Lazare, totalement dévoué à la famille, jusqu’à la mort.

Le roman s’achève sur le saccage du rêve chilien, en 1973, avec l’assassinat de Salvador Allende, et le coup d’état du tristement célèbre général Pinochet.

Comme dans certains grands romans sud-américains, l’histoire avec un grand H tutoie le mythe, le conte, la folie...



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Héritage

Un Franc-Comtois victime du phylloxéra quitte la France dans les années 1870 et s'installe par les hasards de l'exil au Chili où il fonde une dynastie. le lien avec la métropole est tenu mais ferme puisque plusieurs des membres de la famille vont combattre pendant les deux guerres et deux y laisser la vie.

De Napoléon III à Pinochet, ce livre au travers de ses héros et héroïnes parfois étranges nous fait découvrir un siècle de l'histoire du Chili.
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L'auteur a puisé dans ses origines pour écrire tambour battant (200 pages) cette épopée familiale sur 3 générations.

Miguel Bonnefoy est né en France d'une mère vénézuélienne et d'un père chilien.

En 1870, ruiné par le phylloxéra, un paysan du Jura, avec un plan de vigne en poche, s'exile au Chili. Les affaires prospèrent et Lazare Lonsonier fonde une famille. Les descendants traverseront des périodes sombres comme la 1ère et 2eme guerre mondiale puis le coup d'État de Pinochet en 1973.

Sur fond d'histoire (100 ans environ), nous suivons des destins hauts en couleurs et parfois loufoques d'une famille franco-chilienne. Les femmes sont passionnées et courageuses.

Une belle plume teintée de réalisme magique pour le plus grand bonheur du lecteur.

À lire sans modération.
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Le destin tient parfois du hasard. En 1873, un viticulteur jurassien ruiné à cause du phylloxera fuit la France pour refaire sa vie en Californie, emportant au fond d’un chapeau un pied de vigne avec un peu de terre. Mais il sera débarqué au Chili, rebaptisé Lonsonier, et cette terre deviendra le point d’ancrage de sa famille, quatre générations durant. La lignée des Lonsonier verra ses fils et sa petite fille s’engager dans deux guerres mondiales et connaîtra le Chili sous le joug de la dictature de Pinochet.



Le portrait de cette famille installée à Santiago du Chili pendant près d’un siècle est riche en péripéties. Il y a là des personnages hauts en couleur, fantasques. Des hommes qui mènent leurs affaires, des hommes qui partent à la guerre sans toujours en revenir et des femmes de caractère. De beaux portraits de femmes audacieuses émergent. Thérèse, l’épouse du fils, Lazare, la femme aux oiseaux, libre et indépendante, leur fille Margot, née dans une volière, aventurière, pionnière de l’aviation, pilote aux côtés des Alliés. On y croise aussi une fanfare atypique et passionnée qui joue du Bellini. Un chamane mapuche, Aukan, qui distille sa magie. Le récit oscille alors entre réalité et onirisme, la mort s’invite avec des apparitions fantomatiques. Puis Ilario Da, arrière-petit-fils du patriarche, fils de Margot, survient comme par miracle. Avec lui, le récit prend de l’ampleur et de la gravité. Militant d’extrême gauche dans un pays où la junte militaire a pris le pouvoir, il subira la terreur, les horreurs de la prison, la torture…



Avec son immense talent de conteur, Miguel Bonnefoy dépeint une magnifique fresque familiale traversée par les heures sombres de l’Histoire. Il tisse des liens entre la France et l’Amérique du Sud, mêle les cultures avec une profusion de détails. Il fait de la frontière entre le réel et l’imaginaire un espace mouvant dans un récit où les oiseaux habitent les jardins, les espoirs côtoient les rêves, le tragique s’insinue dans les vies. D’un continent à l’autre, il évoque l’exil, le déracinement, la quête d’identité, la mémoire familiale dans un roman où l’Histoire façonne les destins et rend le désir de liberté toujours plus fort.



Miguel Bonnefoy déploie avec vitalité et virtuosité un récit qui tient à la fois de la fable, du conte et qui se révèle passionnant. L’écriture est inventive, poétique, tourbillonnante. La musicalité des mots envoûtante. En filigrane on perçoit l’hommage à sa propre histoire familiale, à son père qui fut enfermé dans les prisons chiliennes avant de trouver refuge en France. Auteur talentueux, il s’inscrit dans la lignée de Garcia Marquez, l’âme du réalisme magique latino-américain et signe un magnifique roman.



C’est le second roman sélectionné pour la deuxième édition du Prix du Lac dont le thème est la mémoire.

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J’ai pris ce livre totalement par hasard.

Et il faut croire que le hasard fait bien les choses.



J’ai beaucoup aimé l’écriture, plein de poésie et de tendresse. Au fil des chapitres, nous suivons différents protagonistes qui permettent de retracer l’histoire d’une famille. On traverse l’Atlantique pour passer tantôt en France, tantôt au Chili.



J’ai beaucoup aimé découvrir l’histoire de cette famille où la grande Histoire se mêle. C’est notamment les échos que se font les différentes histoire qui rend la lecture intéressante. Comment la vie d’un Homme peut avoir des résonances sur les générations futures.



Un livre pour voyager et s’évader.
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Voilà un livre que j'ai adoré en début de lecture, refermé en l'aimant beaucoup et qui, le temps passant, je l'ai lu il y a quelques semaines, s'efface assez rapidement de ma mémoire pour n'en conserver que quelques éclairs d'un style "diamant brut" et quelques très belles impressions poétiques qui sont assez l'apanage des auteurs latino américains (le fameux "réalisme magique"). Ce qui m'a un peu dérangée à la lecture de ce bouquin est que l'auteur me donnait l'impression d'établir une certaine distance entre lui-même et ses personnages. L'histoire de l'émigration vers le Chili et le récit de ce qui s'est passé sous la dictature qui a amené pratiquement tous les cinquantenaires qui ont étudié à l'Université à connaître de jeunes chiliens réfugiés en Europe après la chute d'Allende sont passionnants et l'auteur rend bien les choses. L'histoire d'amour entre l'une des héroïnes, d 'ascendance française, et le fantôme d'un jeune chilien d'ascendance allemande dont le grand-père de la jeune fille a occasionné la perte durant la grande guerre alors que le premier lui sauvait la vie, est charmante et mystérieuse car de cette histoire naîtra un enfant et l'auteur parvient à nous faire avaler cette fable complètement invraisemblable comme s'il s'agissait d'un fait banal de la vie. Le découpage des chapitres est habile : un personnage secondaire d'un chapitre devient le personnage principal du suivant et ainsi de suite. Mais il demeure que cette distance que j'ai ressentie par rapport aux personnages, une forme de respect poétique peut-être (?), ne m'a pas transportée, une fois passés les éblouissements apportés par un style vraiment magnifique...
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J'ai lu ce livre parce qu'il a remporté le Prix des Libraires et que la cote de Babelio était élevée, en même temps que le sujet qui semblait intéressant. Je ne connaissais pas l'auteur. Eh bien j'ai été impressionné. À cause de la qualité de l'écriture qui coule de source, c'est tellement bien écrit, quel talent ! À cause de l'histoire qui multiplie les personnages qui se croisent et se recroisent sur des dizaines d'années, le tout s'imbrique très bien d'un chapitre à l'autre et finalement il devient impossible de lâcher l'histoire, ça c'est bon signe. Sans oublier qu'on en apprend sur l'histoire du Chili, la dictature et ses conséquences et ses victimes qui ont subi des souffrances terribles.

Chapeau M. Bonnefoy. Amis(es) lecteurs et lectrices, ne boudez pas votre plaisir !
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Formidable épopée d’une lignée d’origine française, ayant fait souche au Chili à la fin du 19e siècle. Trois générations devenues chiliennes de fait, tout en gardant un attachement viscéral avec le vieux continent au point de participer aux deux guerres mondiales.

Il faudra cent ans aux Lonsonier pour boucler un aller-retour entre les deux pays, pour cause de dictature.



Me voici réconciliée avec l’auteur car je m’étais lassée de l’onirisme dans un précédent livre, Sucre noir.



On n’y échappe pas tout à fait encore dans celui-ci mais le contexte historique étant plus connu, les libertés que l’auteur prend avec le surnaturel se glissent avec aisance dans le récit.

Puisant dans ses origines familiales, Il produit ici une saga haute en couleurs et aux parfums d’Amérique du Sud, magistralement racontée, imagée par une plume de conteur. On y retrouve d’ailleurs la faconde de la littérature du continent sud-américain, passionnée et exubérante. Son histoire se déroule à toute allure sans qu’on en perde le fil et les personnages. Ceux-ci sont fantasques, fiers et attachants, souvent décalés et s’intègrent parfaitement avec le décor du Chili, en histoire et géographie.



Une belle réussite pour un auteur discret et charmant, avec qui il faudra compter.

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Voilà un livre qui vous fera voyager en Amérique du Sud mais avec des instants pas toujours agréable. Certaines scènes sont particulièrement difficiles. Mais il y règne une senteur d’espoir qui ne peut que nous fortifier dans notre quête identitaire. Malheureusement, je n’ai pas réussi à rentrer dans cette aventure. Pourtant l’écriture est remarquable. Le récit un peu lent à mon goût mais sans doute étais je trop fatigué pour apprécier cet ouvrage. N’hésitez donc pas néanmoins à entrer dans cette saga courte mais intense.
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L'histoire : à la fin du XIXème siècle, le père Lonsonier est arrivé de France ruiné, et s'est installé au Chili sans rien qu'un pied de vigne dans la poche. Plus tard, son fils Lazare reviendra en France pour défendre ce pays qu'il découvre ainsi, pendant la guerre de 14, puis reviendra au Chili. Il y épousera Thérèse, dont l'origine est racontée aussi, et ils auront beaucoup d'oiseaux. Et puis Margot, leur fille, qui prendra son envol. Et puis son fils ensuite, en pleine jeunesse quand arrivera Pinochet...







Mon avis : j'ai eu du mal avec la première partie, au style parfait, mais à l'histoire un peu Genèse sur les bords : Machin fils de Truc, Bidule fils de Machin, etc. (même si, pour être honnête, c'était largement plus intéressant à lire que la Genèse !), chaque récit individuel était passionnant, mais je m'y perdais dans tous ces personnages, leur histoire et leur descendance. Puis soudain, ça s'est débloqué, emballé, un peu perché aussi en y mêlant les croyances chiliennes, en plongeant radicalement dans la double culture, et l'ensemble a pris un tour plus passionnel, façon grande épopée semi-tragique semi-héroïque. Et là j'y ai vraiment pris un très grand plaisir. Avoir lu le début était indispensable, car on comprend mieux ces déracinés, leur perpétuelle déchirure, leurs hésitations incessantes entre un pays et l'autre, une culture et l'autre, une loyauté et l'autre, et les raisons de leurs choix et de leurs dérives. Un livre très littéraire, qui semble posé mais est quelque part comme un long cri, un tourbillon quasiment immobile, grippé. Qui laisse un peu essoufflé au sortir de sa lecture, un peu sur sa faim aussi parce qu'on avait fini par s'attacher à tous ces personnages.



Un roman qui m'a donné envie de voir ce qu'a écrit d'autre cet auteur.
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Héritage

Un livre-comète qui fait s’écouler une centaine d’années comme les grains de sable au creux des doigts, dans un récit picaresque, émouvant et léger comme une bulle de rêve. Tout est fait au long des pages pour que la magie opère, dans un monde réel où le merveilleux s’impose par les personnages et les situations. Il y a là une filiation de l’écriture avec les grands écrivains latino-américains, et l’on retrouve chez Thérèse et Margot, une folie obstinée qui fait penser aux femmes de « Cent ans de solitude » dans ce temps étiré lui aussi, sans fin. Un temps que peuvent traverser : un chamane visionnaire, un musicien passionné tel un improbable Fitzcarraldo débarqué de France, un temps habité par l’odeur des citrons et peuplé d’oiseaux et d’avions légers qui leur ressemblent. Terre d’accueil que ce Chili de contrastes, de neige et de feu, de lièvres et de pumas, où le mapuche et l’espagnol coexistent, il y a donc une place pour tous ceux qui viennent s’y échouer, qu’ils soient rabbins chassés de leur shetel ou paysans brisés par le phylloxera. On pourrait croire ce Chili du bout du monde, étiré au pied des Andes, à jamais à l’abri des tempêtes du siècle et il faut l’attachement des Lonsonier à leurs racines pour voir partir Lazare puis Margot vers le feu des guerres. La chute est donc rude en 1970, quand le rideau tombe sur le coup d’état sanglant de Pinochet et la répression terrible qui suit.

Les deux derniers chapitres du livre, mettent en scène les atrocités commises par la junte militaire et le rêve chilien est noyé dans le sang des oiseaux de la volière. Mais les milliers d’assassinats comme celui d’Hector Bracamonte ne désarment pas ceux qui tombent sous la torture, même s’il ne leur reste que le chant, comme ce « Volver » qui s’élève des geôles de la Villa Grimaldi alors que de nouveaux coups sont promis à Illario Da. Cet arrière-petit-fils du premier Lonsonier débarqué au Chili, réussira à résister aux coups, et sa double nationalité lui permettra d’échapper à ses bourreaux grâce aux efforts de Margot sa mère. Force doit pourtant rester aux rêves, l’auteur leur fait honneur dans l’épilogue du roman, pas seulement par ce voyage improbable vers la liberté, mais aussi par les liens qu’il permet de renouer à travers l’arrivée d’Illario Da en France, entre tous les rêves de justice que peuvent porter les deux pays. Illario Da militant du Mir continuera à les porter, d’autant qu’il donnera en arrivant en France un nom soufflé par son arrière-grand-père, un nom énigmatique qui porte un peu le parfum des cerises de mai, celles que Louise Michel n’a jamais pu cueillir en 1871 à Paris.

Ce puissant trait d’union franco-chilien dans lequel Miguel Bonnefoy puise ses propres racines, est aussi un hommage vibrant aux idéaux de liberté et d’égalité, qui font rêver, résister, lutter.

Un superbe roman.

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