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Critiques de Miguel de Unamuno (23)
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Le Roman de Don Sandalio, joueur d'échecs

"...solitaire je suis. Et tout solitaire....est un prisonnier, un détenu si libre soit-il",

écrit notre protagoniste dans ses lettres à un certain Felipe. Antropophobe, il s'est réfugié dans une ville dans la montagne, pour fuir La Bêtise Humaine. Mais voilà qu'il fait la rencontre de Don Sandolio, joueur d'échec, personnage qui l'attire comme un aimant et va bouleverser tous les plans de sa solitude. Il va en faire un personnage de fiction dont la Vie et les problèmes se résument à ceux du jeu d'échec ( jeu de la Vie ?), quand au vrai Don Sandalio, quelle importance 😊!

En faites ce récit , à travers le protagoniste, c'est une rencontre avec le romancier même, un des plus grands auteurs espagnols de son époque ( 1864-1936), qui nous confesse d'ailleurs dans son épilogue :"...toute biographie historique ou romanesque -c'est pareil en ce cas-est autobiographique, que tout auteur supposé parler d'un autre ne parle en réalité que de lui-même, et de lui tel qu'il se croit être, aussi différent que lui-même soit de lui à proprement parler."

Bijou littéraire, que 94 pages.....si vous voulez connaître la définition d'un bon lecteur,

c'est la dernière phrase du livre 😊!



"Tout poète, tout créateur, tout romancier - romancer c'est créer -, à créer des personnages, se crée lui-même, et, s'ils naissent morts, c'est que lui-même vit mort."
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Brouillard

Ce livre a eu du succès dans les années 20, si l'on veut bien en croire l'éditeur, mais force est de constater qu'il a pas mal vieilli. Selon les chapitres, j'ai oscillé entre "charme suranné" et "quand même très chiant". Mais cela valait la peine de s'y coller puisqu'on trouve à la toute fin de ce roman une métalepse narrative ontologique particulièrement chiadée. Pour ceux qui ne lisent pas le Genette dans le texte (moi, j'ai triché, je suis allée sur Google traduction), voilà-t-y pas que notre héros très peu héros, largué à la fois par une mère décédée, une fiancée volage, une ex-future-maîtresse fatiguée d'attendre et un best friend forever beaucoup moins disponible depuis qu'il découvre les joies de la paternité, décide devant ce désastre d'en finir avec l'existence. Encore un peu hésitant, il vient demander conseil au plus grand auteur espagnol contemporain, qui n'est autre, évidemment, que celui-là même qui écrit le roman dont il est le principal personnage.

Ah ben dites-donc. Notre héros si peu héros est donc bien un héros de roman.

Dès lors, Augusto Pérez peut-il se suicider ? Ou sa mort ne sera-t-elle que le meurtre voulu et opéré par son créateur? Mais d'ailleurs peut-il mourir s'il est une idée (car les idées ne meurent pas, c'est bien connu)? Et était-ce un si bon choix que d'appeler son chien Orphée (Orphée qui, rappelons-le, n'a pas été fichu de ressusciter Eurydice)?

Être ou ne pas être, that is the question.

Inutile de rigoler. Avant de tirer sa révérence, Augusto nous maudit, genre le grand maître Jacques de Molay droit dans ses bottes sur son bûcher: tous les lecteurs qui se repaissent de ses souffrances, oui tous, mourront eux aussi. Et Miguel de Unamuno aussi, comme de juste.

"Le plus troublant de la métalepse est bien dans cette hypothèse inacceptable et insistante, que l’extradiégétique est peut-être toujours déjà diégétique, et que le narrateur et ses narrataires, c’est-à-dire vous et moi, appartenons peut-être encore à quelque récit. ", qu'y disait Genette.

Traduction: Unamuno est mort, pas mal de ses lecteurs aussi, et moi-même je ne me sens pas très bien (j'aurais peut-être pas dû me laisser refiler de l'Astrazeneca). Alors, chers amis babeliotes, écoutez-moi pour ce qui sera peut-être mon dernier billet: NE lisez PAS ce roman.

Ou alors, hein, d'accord, mais je vous aurai prévenus.

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Brouillard

Une chose est sûre dans cette oeuvre au charme formel assez incertain, le titre Brouillard va à ce livre comme un gant. J'ai même trouvé ce fog existentialiste et métaphysique parfois très londonien, qu'Unamuno classait dans les romans nivolas, écrits spontanément (ou presque car c'est réellement très travaillé).



Le protagoniste de Brouillard, anti-héros solitaire, riche et tourmenté par l'existence, oscillant entre angoisse et ridicule, perd sa mère, puis son amante juste avant le mariage, et entre dans une phase de questionnement métaphysique : suis-je réel ou fictionnel ?

Angoissé par l'absence de réponse, il songe à mettre fin à son existence et , de manière très pirandellienne, entre en contact avec l'auteur de ce livre, Unamuno, qui a écrit un essai sur le suicide. Unanumo lui annonce qu'en tant qu'auteur il a pouvoir de vie et de mort sur les protagonistes qu'il crée dans ses romans.



Original d'un point de vue formel, ce livre interroge, par delà l'artifice du personnage qui interpelle l'écrivain, le degré de réalité des êtres de fiction. Comme Pirandello et ses Six personnages en quête d'auteur, Miguel de Unamuno dépasse la question de la réalité ou non des personnages de fiction pour s'interroger sur sa propre réalité d'auteur : quel est le degré de réalité d'un écrivain qui doit son statut aux romans qu'il écrit, donc la réalité du créateur qui crée en créant ? Le roman aurait donc autant de pouvoir sur l'auteur que l'auteur en a sur le livre et ses personnages : leur réalité ou leur fiction à chacun est interdépendante.






Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Au mirador de Bilbao

Voici un bon petit livre pour aborder cet auteur à cheval sur le 19e siècle et le 20e. L'éditeur a eu la gentillesse d'agrémenter les différentes nouvelles d'explications en bas de page sur la spécificité du vocabulaire utilisé, mais pas trop, rassurez-vous, et, surtout, de nous réexpliquer les particularités de l'Espagne de l'époque. Si l'on connaît un peu la guerre civile d'Espagne des années trente, les guerres carlistes de la fin du 19e siècle ne figure pas dans les manuels d'histoire de par chez nous. Pour la substance, voici une série de nouvelles, quelques-unes tirant sur le fantastique, qui sont franchement plaisantes à lire. J'ai peut-être eu un peu plus de mal avec la dernière, qui est la plus longue, il faut le dire.
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Comment se fait un roman

Ne vous trompez pas sur le contenu de ce livre. Vous n'y apprendrez pas comment Miguel de Unamuno construisait une histoire. Vous connaîtrez en revanche toutes ses impressions et réactions à son exil forcé en 1924 aux îles Canaries à Fuenteventura, puis à Hendaye en France, suite à des articles critiques contre la monarchie régnant alors en Espagne.



Le livre débute par le commentaire de ses oeuvres d'un dénommé Cassou et la réponse de Unamuno, où celui-ci apparaît particulièrement vaniteux.



Vient ensuite quelques textes dont celui qui donne le titre à l'ouvrage, suivi d'autres, parmi lesquels un court passage intitulé "Fascisme commençant ?", qui est intéressant lorsque l'on sait que l'auteur a accueilli favorablement la victoire de Franco, même s'il mourra assigné à résidence.



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Des yeux pour voir : Et autres contes

Petit tour en littérature espagnole, totalement inconnue pour moi, et ce sans réelle explication. Mis à part Don Quichotte, je suis tout à fait incapable de citer un roman espagnol ! Avec ce recueil de nouvelles, voici l’occasion pour moi de lever le voile sur cette grande inconnue.



Comment guérir de la mélancolie ? Quoi de plus noble que l’amitié entre hommes ? Comment soigner un lecteur boulimique ? Autant de questions auxquelles l’auteur tente de répondre …



Globalement je suis restée sur ma faim : les nouvelles débutent souvent de façon très prometteuse, et une fois que la curiosité est titillée, l’auteur bâcle l’histoire et laisse le lecteur avec un sentiment de frustration. D’aucuns apprécieront cette façon de se retirer sans réellement conclure, laissant le lecteur imaginer la fin. Pour ma part, j’en ressors avec une profonde frustration.



La seule nouvelle qui fait exception, « la folie du docteur Montarco », qui raconte le combat d’un homme, à la fois médecin ET romancier, contre une société espagnole ultra-normative et rigide, espèce de Don Quichotte moderne, est la plus longue du recueil.



Peut-être que tout simplement les formes courtes ne me conviennent-elles pas ?

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Le chevalier à la triste figure

C'est en fait un article que Miguel De Unanumo a écrit sur la physionomie du Quichotte. Ce n'est pas une lecture indispensable, mais elle intéressera tous les amoureux du héros de Cervantès, d'autant que l'écrit émane d'un des écrivains les plus renommés de la littérature espagnole classique.



Dommage pour une édition récente qu'elle soit à ce point émaillée d'erreurs de typographie.
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Le sentiment tragique de la vie

Lu à vingt ans, ce livre au titre évocateur ne m'a jamais quittée. Je le feuillette parfois pour retrouver les extraits qui m'avaient particulièrement interpellée.
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Devant le Christ de Velasquez

à venir…

… et à venu



Une personne humaine, il y a 2000 ans réenchante la spiritualité d’un temps devenant calculateur. Il meurt et provoque l’apparition d’un lumière que l’on n’a pas finis d’explorer.



Une personne humaine, au 17ème siècle peint l’instant ou la première personne humaine délivre sa lumière. Cette représentation invente une nouvelle lumière un nouveau regard sur le premier.



Une personne humaine en Espagne, au 20ème siècle, un homme regarde ce tableau et plonge dans les mots pour nous l’offrir en poème. Et nous avons toutes les dimensions et reviennent toutes les questions.



Nous, personnes humaines qui recevons, nous faisons nos choix et là question nous est posée : Qu’avez-vous fait de toute cette lumière ?



Nous sommes alors bien loin de la fade littérature proposé en 2019 sur le Christ. Quelque chose nous est offert, libre a nous de l’accepter !
Lien : https://tsuvadra.blog/2020/0..
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Le Roman de Don Sandalio, joueur d'échecs

Ce court roman est une épure : pas d'enjolivures, pas de psychologie, une trame toute simple dont il est possible de tirer mille fils de réflexion ou de rêverie : est-ce que les êtres se rencontrent vraiment ou rebondissent-ils les uns contre les autre comme des bulles de savon ? dans quel monde vivons-nous ? ne rêvons-nous pas notre propre existence et celle d'autrui ? l'amitié existe-t-elle ? Peut-on sortir de la solitude ? Voyons-nous en ceux que nous rencontrons autre chose que la part de nous-même que nous y projetons ; refusant pour cela, comme le narrateur du récit, de connaître la vie de son adversaire aux échecs, de peur de perdre son propre contour dans l'irruption de l'étranger en l'autre ? Terrible indifférence ou mode incontournable de notre façon d'être au monde : se voir en tout et tout voir en soi ?

Miguel de Unamuno nous offre une clé de son étrange et envoûtant texte dans l'épilogue : tout écrit, qu'il soit roman, biographie, poésie, chronique historique, est en fait roman, ou plus exactement autobiographie de son auteur. Tous les écrivains se créent eux-mêmes dans tous leurs personnages, et peu importe l'argument. Ainsi le "Roman de Don Sandalio" n'est-il pas l'histoire de la vie de Don Sandalio vue par son compagnon de cercle, mais bien le roman de l'auteur du roman. Le "roman du roman" selon Unamuno. Tant il est vrai que " tout auteur supposé parler d'un autre ne parle en réalité que de lui-même."
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Contes

Fragments de la vie dans ses paradoxes, ses vides et ses déchirures. Ces soixante-deux contes de Miguel de Unamuno transporte le lecteur dans une Espagne villageoise, folklorique à l'occasion, mais surtout dans des débats et autres récits de ce que les personnages auraient pu devenir. Parfois fantastiques, souvent ironiques, ces récits charment par leur légèreté métaphysique où se déploie, risible ou tragique, toute notre inquiétude d'être au monde.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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La tante Tula

Plongée de Unamuno dans le coeur féminin : amour sororal, amour maternel, amour marital, amour passion combattu par la peur de l'homme.

Âpreté des sentiments et douceur tout ensemble.

Une découverte.



(A noter une petite faiblesse dans la partie dialoguée finale, comme si elle n'était qu'un esquisse.)
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Trois nouvelles exemplaires et un prologue

L'envoûtement amoureux menant à la folie et à la mort : trois textes splendides, parmi les plus beaux qu'il m'ait jamais été donné de lire.

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La Vie de Don Quichotte et de Sancho Pança : ..

Où l'on a la preuve que lorsque l'Espagne recherche son identité, elle s'identifie totalement non pas dans le roi ni même dans le catholicisme, mais bien dans le personnage fondateur de Don Quichotte...

Unamuno, que je considère comme l'un des philosophes majeurs du XXe siècle, en tout cas comme l'un des plus tourmentés, incarne là cette quête du début du siècle.

Après que tant d'années se sont écoulées depuis cette lecture, j'ai encore le souvenir poignant d'une page: la conversation de Don Quichotte, qui explique sa "démarche existentielle" à des bergers qui n'en comprennent rien du tout. Sancho ricane; et les bergers, après un long silence, lui répondent... par leurs chants...

Un hymne à la condition humaine et à son vain effort de communication...
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Niebla

Un bouquin en marge de ce qu’on trouvait à l’époque, bien ancré dans la Generación del 98 espagnole avec une structure littéraire et un style d’écriture très intéressants. Une approche surprenante, des choix narratifs judicieux, une rencontre entre l’auteur et le personnage qui mêle grotesque et réalisme. Une lecture qui pousse le lecteur à se triturer l’esprit avec des questions métaphysiques une fois le livre terminé. Un vrai régal, plutôt facile à lire, même en espagnol (et je vous conseille de le lire en espagnol, pour ceux qui peuvent, car c’est vraiment un délice). Des petites longueurs sur la partie « péripéties du personnage », mais à découvrir pour ceux qui aiment les romans étranges comme celui-là.
Lien : https://chrobookscoffee.word..
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Contes

Courtes nouvelles sobres et efficaces portant sur les mêmes thèmes que les romans du même auteur (amour, foi, maternité)
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Abel Sanchez

Après l'envoûtement amoureux (Trois nouvelles exemplaires et un prologue), l'amour maternel, marital et sororal (la tante Tula), voici le thème de la fraternité rivale traitée sous la parabole de Caïn le mal-aimé et d'Abel, le préféré du Dieu.

Joaquin se sent mal aimé, incompris et en vient à haïr son ami Abel, personnage lumineux à qui tout réussit (selon la conviction de l'ami, mais est-ce la réalité vécue par Abel lui-même ? des détails permettent d'en douter).

Car le drame de Joaquin prend racine dans une fêlure profonde de son être, fêlure que rien ne peut combler et qui a pour nom envie et haine : son obsession se fixe sur le personnage d'Abel dont nous ne savons rien que ce qui nous est dit par son contempteur lui-même, son ami/ennemi Joaquin, nouveau Caïn perclus d'admiration et de jalousie et sculptant sans cesse une nouvelle image d'Abel au gré de sa progression dans la nuit morale où il se débat.

Manifestement Unamuno est très attaché au personnage de Caïn véritable centre du motif de cette oeuvre humaine et métaphysique.
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Brouillard

On retrouve dans ce livre l'ambiance particulière que donnent les auteurs des romans hispanophones. J'aime beaucoup, et je trouve que c'est plus accessible que Borges par exemple.
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Au mirador de Bilbao

Une lecture agréable avec une belle édition. Ce petit ouvrage s'emporte partout et les nouvelles se lisent facilement. Il faudra être un petit peu curieux et faire quelques recherches sur le contexte (philosophie de l'auteur, guerre d'Espagne...). Une petite parenthèse dépaysante avec un final qui file une mélancolie de la vie espagnole/basque à Bilbao avant 1900 !
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La Vie de Don Quichotte et de Sancho Pança : ..

Las peleas de un hombre contra los sueños se hacen demasiado invasivas.

Desilusionadas expectativas y esperanzas demasiado largas fantasmas de la vida.

Bastante cuento de hadas de una locura simple que se hace dulce y amarga a los años que huyen.

Calvalcades y torneos a seguir y ver con la franqueza de la infancia.



Combats d'un homme contre des rêves se faisant par trop envahissants.

Désillusions d'attentes et d'espoirs trop longtemps fantômes de vie.

Joli conte d'une simple folie se faisant douce et amère aux années s’enfuyant.

Cavalcades et tournois à suivre et regarder avec la candeur de l'enfance.
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