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Critiques de Milorad Pavic (18)
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Le dictionnaire khazar

Que vous puissiez tenir ce livre entre vos mains tient presque du miracle. D'où vient-il ? Pourquoi a-t-il été écrit ? Ça n'est qu'en le lisant que vous trouverez des indices qui vous permettront de répondre à ces questions et comprendre peut-être un peu mieux le mystérieux peuple khazar.



Car ce livre est une énigme. Il vient du fond des âges. On dit qu'il a été dicté par des perroquets, qu'il est passé entre les mains de cent mages et autant d'érudits, qu'il a des dizaines d'auteurs et change même parfois de sexe.



Mais oubliez vos préjugés et plongez dans la lecture merveilleusement poétique de cet inventaire de légendes, dans ce labyrinthe duquel on n'aurait jamais envie de sortir.
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La boîte à écriture

Quel magnifique objet-livre que cette boîte à écriture ! D'abord dans la forme : c'est un bijou d'édition avec son travail sur les matières, les couleurs, les typos et la mise en page qui sont non seulement somptueuses mais servent et illustrent le propos. Et donc, le récit en lui-même : emboîté, comme le titre le suggère en une multitude de textes plus ou moins longs qui circonviennent une très belle histoire d'amour par touches successives. On voyage entre Salonique, Kotor et Paris, gardant toujours les Balkans en ligne de mire car comme le rappelle l'auteur : "Chaque fois que l'Europe tombe malade, elle cherche à soigner les Balkans". C'est ludique, mystique, poétique, grave et drôle à la fois, à l'image du reste de l'oeuvre de Milorad Pavić.
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La boîte à écriture

Voici une nouvelle étrangeté littéraire qui représente une boîte à écriture, du moins une boîte marine découverte par le narrateur et contenant nombre trésors qu'il va s'empresser de nous transmettre.



Ainsi, le récit se morcelle au fil des découvertes de la boîte, du niveau supérieur au niveau inférieur de celle-ci, recélant de tiroirs, parfois cachés, contenant des lettres, des pages déchirées d'un livre, un manuscrit, une photographie, des objets... qui finissent par faire sens et par nous révéler l'histoire d'un homme - le possesseur de la boîte ? -.



Mais la particularité de cette histoire, c'est qu'elle traverse le temps, les époques, les lieux... sans véritable logique, avec cependant comme fils rouges l'amour, celui d'une femme, qui évolue, elle aussi, au fil des découvertes de la boîte, et, de plus en plus, la situation en ex-Yougoslavie qui s'invite dans le récit alors que notre homme devient soldat malgré lui.



Un peu déroutant de prime abord, mais finalement passionnant : il y a quelque chose de profondément baroque dans ce roman inventif, qui oblige le lecteur à sortir de ses habitudes et de ses attendus.
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La boîte à écriture

« Chaque fois que l’Europe tombe malade, elle cherche à soigner les Balkans. » « La boîte à écriture » est un objet-livre magistral. Un phénomène éditorial, une chance inouïe. L’ouvrir délicatement, l’heure est certifiée. C’est une boîte parabolique, essentialiste, si, si. « Tout porte à croire qu’elle avait servi à la famille Dabinovic de Dobrota de petite boîte marine avant de se retrouver dans un vieux palais de Kotor… -Car, si tu découvres le secret, tu deviens partie de ce secret. » « La boîte à écriture » est en plusieurs parties. Les tiroirs s’ouvrent sur des récits, beaux à couper le souffle. « Le couvercle avec le soleil en laiton, Les 48 cartes postales, Le niveau médian, etc. » Milorad Pavić donne la main au narrateur. Ecoutez cette voix onirique entre Paris et Kodor. La mer adriatique révèle ce qui s’est passé. Attendez juste un peu, j’ouvre « Le manuscrit de Paris enveloppé dans une bande dessinée anglaise ». « Qui es-tu ? me demanda-t-elle brusquement ? -Trouve la réponse toi-même. Un vieux secret permet à chacun de se voir, soi-même, ou l’autre, comme dans un miroir si son regard est celui d’un miroir. » Ce texte est un aimant. Comment décrire ce révélé qui frémit ? Entre le mystique, le conte, la quintessence. Cette gravité d’une trame qui sera le marqueur pour demain encore. « Elle ouvrait la porte endormie, avec un regard à briser les miroirs. » « La boîte à écriture » est Babel, le chant des langues, le soldat serbe qui veut oublier sa langue maternelle. L’écriture est macrocosme. Chaque tiroir dûment décrit laisse les histoires s’envoler. Ouvrez vos mains ailes de papillons, prenez les chemins labyrinthiques, cette boîte est de loin le plus grand mystère intérieur qui se dévoile subrepticement. Relisez plusieurs fois ce grand livre d’un auteur que j’aurai aimé rencontrer en vérité. Sa voix est là, encense les découvertes dans cette boîte qui palpite et dont l’écho est là encore à l’heure où j’écris. « Sur la terre, le livre saint du ciel est divulgué et interprété par les Tsiganes qui lisent dans les cartes du Tarot que l’on ne comprendra jamais si on ignore que chacune d’elles est un ensemble d’étoiles sur la carte d’Hermès. » « Le compartiment 10 pour les objets précieux » est le cœur de la boîte. Laissez venir à vous ce tragique, cette beauté d’un texte qui délivre la forêt de ses pièges. Qui apporte cette grâce d’une rédemption à la douleur infinie. « Comment oublier rapidement et facilement la langue seule. » Litanie, prière épiphanie, l’épars égaré dans les limbes. J’en tremble encore tant elle m’a initiée. « Je ne sais pas si tu sais que les forêts déménagent. Quand elles se mettent en route, elles voyagent lentement et longtemps à la recherche d’un meilleur endroit. Elles partent le plus souvent en automne. Comme les oiseaux. Ou comme les hommes. » « La boîte à écriture » est sceau. « Ici, il suffit de tendre la main pour que la nuit tombe sur ta paume dit-il. » Milorad Pavić (1928-2009) dont « Le dictionnaire Khazar » a été traduit en 26 langues, nous guide ici entre le réel, l’imaginaire, le mystique, le rêve, l’étrange, l’homme vrai, celui qui ne sait plus, ne veut plus être le soldat serbe. Le mot de passe enfouit dans la boîte marine, invisible, fantôme universel est la magnificence de cette boîte que je vous invite tous à étreindre. Traduit du serbe par Maria Bejanovska, Les majeures Éditions Le Nouvel Attila viennent de publier le plus bel objet-livre du monde et c’est peu dire.
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Le dictionnaire khazar

Le dictionnaire khazar n'est pas un livre, il est pluriel, multiple, voire infini. Il s'agit tout d'abord d'un dictionnaire qui peut se lire comme un roman (de A à Z), autant qu'un roman qui peut se lire comme un dictionnaire (en suivant le fil des articles qui intéressent le lecteur). Véritable roman hypertexte écrit avant l'ère internet, le thème central en est la conversion au judaïsme du peuple Khazar (peuple situé entre la Mer Caspienne et la Mer Noire) au IXème siècle. Mais l'auteur s'amuse dans un style particulièrement inventif et drôle à mélanger savoureusement histoire authentique et légendes. On croisera ainsi des histoires de vampires, des biographies de Saints chrétiens, des chasseurs de rêves, des philosophes musulmans, des légendes cabalistiques…



Multiple par son contenu, le livre l'est aussi dans sa forme. Ainsi, à l'origine, le livre était paru en deux éditions : une masculine, l'autre féminine. Les deux éditions différaient de façon subtile sur l'un des articles. Economies obligent, la réédition de 2002 fut dite “androgyne”, et l'auteur y explique en avant-propos quelle était la (subtile) différence entre les 2 éditions.
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La boîte à écriture

Un puzzle ténu et magnifique, en trois dimensions et en plusieurs trames narratives à reconstituer le cas échéant, contenu dans une simple boîte à écriture de marine, entre France, Bosnie et Monténégro. Un chef-d’œuvre.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/08/18/note-de-lecture-la-boite-a-ecriture-milorad-pavic/



À côté de l’immense « Dictionnaire khazar », foncièrement machiavélique et si curieusement poétique, de Milorad Pavić, il faudra désormais, grâce à l’infatigable Maria Béjanovska dont le talent de lectrice et de traductrice s’évertue à nous faire connaître les œuvres non encore disponibles en français de ce grand magicien de la littérature mondiale en général, et de la littérature de l’ex-Yougoslavie en particulier, compter avec « La boîte à écriture », livre-objet tout droit sorti d’un univers parallèle merveilleux, que l’imagination technique et maquettiste des éditions Le Nouvel Attila a su rendre à la perfection, en s’arrêtant juste avant de nous fournir, pour de bon, une véritable boîte à écriture de marine, en acajou, avec ses accessoires. Publiée en 1999, traduite en français en janvier 2021, cette authentique boîte noire de quelque naufrage passé, réel et métaphorique, ne demande maintenant qu’à livrer ses mystères récitatifs et poétiques, même si certains d’entre eux se révéleront bien dissimulés ou habilement récalcitrants.



En parcourant et débusquant les pièces de puzzles multiples qu’offrent successivement le couvercle avec un soleil en laiton, les quarante-huit cartes postales, les petits compartiments noirs et blancs, le tiroir en bois de rose, le tiroir en noyer, le manuscrit de Paris enveloppé dans une bande dessinée anglaise, le compartiment en soie verte, le compartiment tapissé d’étoffe, le compartiment à l’odeur de bois de santal, le compartiment pour les objets précieux, le compartiment pour les ducats et les bagues, le tiroir extérieur et la photographie, la lectrice ou le lecteur auront le plaisir d’une tentative de facto de reconstitution d’une trame de destins croisés, incertains, peut-être fallacieux ou fantastiques, sous le signe de vies étudiantes pas tout à fait ordinaires et d’essayages de manteaux de fourrure multi-destinataires, à Paris, de la terrible guerre de Bosnie et de ses prolongements empoisonnés (on aura certainement une pensée pour le si spécial « Sous pression » de Faruk Šehić), tentaculaires jusque dans les havres cosmopolites (que rappelait il n’y pas si longtemps le beau « Le phare, voyage immobile » de Paolo Rumiz) de Kotor ou de Perast, de navigations terriblement incertaines (et là, le « Attente sur la mer » de Francesco Biamonti n’est pas si loin), de parfums de luxe et de faux-semblants, toujours et partout. Jusque dans le très contemporain (en 1999, la phrase terrible puissamment jetée en exergue du roman-puzzle, « Chaque fois que l’Europe tombe malade, elle cherche à soigner les Balkans », prend un sens encore différent alors que pour la première fois depuis 1945 les bombes américaines, anglaises et françaises s’abattent « chirurgicalement » sur les ponts, les entrepôts, les raffineries et les usines d’un pays européen, même aux dirigeants alors si dévoyés), Milorad Pavić exprime dans chaque détail son sens tout borgésien de la mystification, sa familiarité post-oulipienne avec la dissimulation des contraintes d’écriture et son sens synesthésique de la beauté humaine – même lorsque la politique et la guerre se sont mêlées pour écrabouiller les êtres.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Le dictionnaire khazar

Lexique, roman historique, policier, recueil de nouvelles, ouvrage ésotérique ou récit fantastique? Je suis bien en peine de définir le genre de cet étrange ouvrage impossible à résumer. Le Dictionnaire Khazar rassemble les carnets des chasseurs de rêves, une secte religieuse puissante chez les Khazars. C'est une sorte de Livre Saint, de Bible. Fait de biographies d'hommes et de femmes célèbres, il constitue le portrait-mosaïque d'un seul être - l'entité primordiale : l'Adam. Et les Khazars? Il s'agit d'un peuple disparu qui appartenait au V° siècle et dont l'empire s'étendait au-delà du Caucase, sur un territoire situé entre la mer Caspienne et la mer Noire.
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Le Dictionnaire Khazar - exemplaire masculin

La réédition du Dictionnaire Khazar au Nouvel Attila est un événement. Cet ouvrage est un véritable chef d'oeuvre de la littérature du XXème siècle. Par son érudition et sa dimension ésotérique profonde, par l'ampleur de son succès international, par la portée philosophique et poétique de son propos, il rejoint les plus grands classiques du genre. Pionnier de l'hypertextualité avant l'ère d'internet, ce roman-lexique a eu l'idée géniale de fonctionner sous forme d'entrées alphabétiques (comprenez par là que le même ouvrage, traduit dans d'autres langues, ne commencera ni ne terminera pas par les mêmes articles). Et pourtant, le génie du texte fait que cela fonctionne ; on navigue dans les époques, dans les rêves, dans les points de vue, dans les légendes et on s'immerge, on s'enveloppe d'un récit...

Mais tout cela on l'a déjà dit à propos de l'édition originale. Ici, l'éditeur a vu les choses en grand pour magnifier la réédition. La maquette est sublime, le travail sur les typos, les couleurs, l'agencement des articles croisés et des symboles des trois grandes parties, tout cela renouvelle complètement le culte que l'on pouvait déjà porter à cet objet livre.
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Le dictionnaire khazar

Un roman-univers abyssal au carrefour des religions et des rêves.



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/10/11/note-de-lecture-le-dictionnaire-khazar-milorad-pavic/


Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Le dictionnaire khazar

Je retrouve ce livre en rangeant ma bibliothèque. Je l’ai acheté en version masculine mais il existait une version féminine. La différence tenait en quelques pages. Reste que je trouve étrange l’anonymat de ce livre. En parlant de ce peuple un peu mythologique il mêle histoire et ésotérisme. C’est une fantaisie érudite qui hisse Pavic au niveau de Calvino et même dans une moindre mesure Borges.

Un livre étonnant
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Le Dictionnaire Khazar - exemplaire masculin

"Le dictionnaire khazar" est un texte mortel. Au sens propre du terme. Mais l’auteur nous rassure, très sérieusement, d’emblée : le lecteur d’aujourd’hui ne sera pas condamné à mourir, comme ce fut le cas de ses prédécesseurs qui en 1691, eurent en main sa première édition empoisonnée.

Ça commence bien, hein ? On se croirait dans "Le Nom de la rose"…



Comme son nom l’indique, l’ouvrage n’est d’ailleurs pas vraiment un roman -bien qu’il soit éminemment romanesque- mais plutôt un "Lexique en 100 000 mots", comme le précise son sous-titre. Un lexique qui a pour sujet l’étude d’un événement aussi fameux que mystérieux qui eut lieu au VIIIe ou IVe siècle : la polémique khazare. Peuple guerrier et nomade venu d’Orient, les khazars, portés par des vents mâles -ceux qui n’amènent jamais la pluie- s’installèrent du 7e au 10e siècle sur un territoire situé entre la mer Caspienne et la mer Noire, où ils représentèrent une ethnie puissante et indépendante.



Mais ce n'est pas tant des Khazars qu'il est ici question que de ceux qui firent de ce peuple un objet d'étude et de recherche souvent obsessionnel, notamment autour de la polémique évoquée ci-dessus, suite à laquelle ce peuple et leur Royaume disparurent de la scène historique. Car elle fut à l’origine de l’abandon de leur antique religion au profit de l’une (on ignore laquelle) des trois pratiquées alors comme aujourd’hui : le judaïsme, l’islam, ou le christianisme. L’ignorance quant au choix de celle qui fut adoptée par les khazars donne encore lieu de nos jours à de nombreux débats.



Le dictionnaire réunit les informations collectées au cours de cette quête sur les matériaux les plus divers, parfois même immatériels : noms inscrits sur des bagues anciennes, motifs gravés sur des jarres de sel, correspondances diplomatiques, rapports d'espions, testaments, voix des perroquets des bords de la mer Noire dont on croyait qu'il parlait la langue khazare, peau humaine tatouée... Il est subdivisé en trois sources matérialisées par trois "livres" successifs (le rouge, le vert et le jaune) : chrétienne, hébraïque, et islamique, qui évoquent la conversion des khazars vers la religion de chacune d’entre elle. Les multiples entrées que ces sources contiennent se croisent, se répondent, parfois se contredisent ou se complètent. Les noms et notions qui se retrouvent dans les trois livres font l’objet d’entrées distinctes, où leurs trois "définitions" sont présentées simultanément.



Proposant diverses possibilités de lecture, ce roman-énigme censé venir de la fin des âges constitue un formidable cadeau pour le lecteur, qui peut le lire d’une traite ou comme un dictionnaire, en cherchant un nom puis se laissant guider au fil des renvois signalés par des astérisques en forme d’étoile, de lune ou de croix. Il peut aussi, précise l’auteur, le lire comme il traverserait une forêt, ou comme il mange, "en se servant de son œil droit comme d'une fourchette et de son œil gauche comme d'un couteau et en jetant les os par-dessus l'épaule". Et peu importe, car la promesse reste la même : celle de délicieusement s'égarer, de devoir défricher son propre chemin, créant ainsi son propre livre comme "dans une partie de dominos ou de cartes, recevant de ce dictionnaire (…) autant qu'il y investira car on ne peut recevoir de la vérité plus qu'on y a mis".



On y pénètre un monde qui n’est pas sans évoquer les Mille et une nuits, épique et légendaire, imprégné de surnaturel. On y chemine aux côtes d’une secte de chasseurs de rêves capables de lire ceux d'autrui y d’élire domicile, d’une princesse khazare incapable de mourir et qui aurait possédé sept visages, d'un mercenaire ayant créé l’un de ses fils à partir de boue à laquelle il a insufflé la vie. On y croise le Diable, qui travaille comme calligraphe dans un monastère, des jeunes filles dont l'ombre sent la cannelle, des vampires ou des biographies de Saints chrétiens, des philosophes musulmans… On traverse les siècles au fil d’épisodes historiques ou anecdotiques, parfois sanglants, parfois sensuels, marqués de miracles autant que de malédictions. Les oracles y foisonnent, et les mythes religieux se mêlent aux légendes païennes dans ce texte protéiforme qui prend par moments des allures de traité philosophique.



C’est un récit mouvant qui se réinvente à chaque version, comme cherchant, à travers de multiples vérités, l’inatteignable vérité.



Une expérience singulière, fascinante et surtout extraordinairement divertissante.


Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Exemplaire unique

Roman policier onirique, vertige métaphysique des chemins qui bifurquent là où l’on ne s’y attend pas forcément, récit diaboliquement ouvert : un nouveau tour de force joueur et insidieux de l’auteur du « Dictionnaire khazar ».





Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/05/21/note-de-lecture-exemplaire-unique-milorad-pavic/



Alexandre / Sandra Klozevitz, subtil androgyne aux personnalités chatoyantes ou discrètes, à volonté, est un commerçant d’un genre un peu particulier, puisqu’il vend à ses clients des fragments de rêves futurs. Convoqué plutôt brutalement par Sir Winston, énorme magnat friand de cigares Partagas sous tube de verre et maître occulte d’une bonne partie des trafics illicites de la ville, il / elle doit accepter un double contrat pour payer ses dettes imposantes : deux personnes, un homme et une femme, à liquider, quoi qu’il en coûte. Au cours des reconnaissances indispensables de ses cibles, il repère Isaïe Kruz, le directeur du casino, mais aussi le célèbre chanteur d’opéra Mateus Disteli, ainsi que son ardente maîtresse, Markezina Androsovitch Lempicka, puis les importants banquiers Maurice Erlangen et Livia Heht. Les choses se corsent lorsque, du fait d’un cambriolage surpris en flagrant délit, un deal s’opère, autour d’un fragment de rêve à venir. Que ce rêve implique le grand poète et dramaturge Pouchkine, mais aussi un service de cancérologie, ne complique peut-être qu’à la marge le déroulé de cette quête risquée, mais lorsque les cadavres surprenants commencent à apparaître pour de bon, dûs à des morts naturelles ou non, l’affaire devient officielle, et le fin limier qu’est l’inspecteur supérieur Eugène Stross entreprend de passer au crible les tenants et les aboutissants de ces étranges circonstances intriquées. Tandis qu’il en apprend bien davantage sur le commerce des rêves – et que Markezina Lempicka semble devoir mener sa propre enquête, les choses se précipitent, un coupable se révèle de manière inattendue, un procès doit maintenant avoir lieu (dans lequel on compte parmi les pièces à conviction, justement, deux rêves presque complets, l’un sur la mort de Pouchkine et l’autre sur les pas dans un placard d’enfance) ; hélas – ou pour notre plus grand bonheur -, l’extrême fin de ce roman policier si surprenant se dérobe : pour le mener à son terme, il faudra peut-être bien choisir parmi les cent feuillets mobiles du « Cahier bleu », coffret à l’intérieur du coffret, mis à notre disposition par l’auteur.



Publié en 2004, traduit du serbe en français en octobre 2021 par la merveilleuse et infatigable découvreuse Maria Béjanovska, pour le compte des jeunes et audacieuses éditions des Monts Métallifères, « Exemplaire unique », malgré l’insistance éditoriale amusée sur ce point, est loin de se réduire à un tour de force de conception d’objet-livre à tiroirs, aussi impressionnant – voire miraculeux – soit-il.



En résonance naturelle avec le « Marelle » (1963) de Julio Cortazar ou avec « Les malchanceux » (1969) de B.S. Johnson, mais également de manière plus transversale avec son propre « Dictionnaire khazar » de 1984, et davantage encore avec son formidable puzzle à disséquer et assembler, « La boîte à écriture » (1999), Milorad Pavić nous offre l’une des plus belles et des plus machiavéliques démonstrations de récit ouvert qui soient. Pour s’en convaincre, il faudra toutefois refuser sans doute le pari joueur d’unicité proposé par l’éditeur, et parcourir chacune des cent « fins alternatives » proposées, pour pénétrer le dense tissu spéculatif qu’elles forment toutes ensemble : « votre rêve est un exemplaire unique », dira Mademoiselle Sandra à la page 49, pas nécessairement votre objet-livre lui-même.



Témoignage aussi féroce qu’enjoué du réalisme magique inscrit au cœur de la littérature slave contemporaine (même le précurseur Mikhaïl Boulgakov et son « Maître et Marguerite » n’auront ici qu’à bien se tenir), contaminé de notations synesthésiques passées en partie du côté du spectaculaire marchand (les marques de mode, omniprésentes dans certains contextes à l’intérieur du roman, comme les parfums traquant peut-être quelque émule de Patrick Süskind, ou encore l’électro-tango de Gotan Project et la célèbre compilation ambient du « Chemin khazar »), « Exemplaire unique » évolue avec une grâce résolument folle entre l’oniromancie chère à Antoine Brea (« Roman dormant », 2014) et le rêve éveillé d’un Goran Petrović (« Atlas des reflets célestes », 1993), pour nous offrir l’un de ces grands moments de littérature inattendue qui ne sont pas si fréquents.


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Le dictionnaire khazar

C'est un livre que j'achèterais jamais pour moi meme, mais comme je le reçu pour mon anniversaire j'ai décidé de le lire.



Comme le écrivain a dit, il y a plusieurs façons de le lire.

J'ai essayé de lire comme un roman, je n'arrivais pas. Alors j'ai lu que les parties historiques de Khazars, le reste avec les personnages pour moi n'etait pas intéressant. Mais le concept du livre est sympa.
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Le dictionnaire khazar

Dommage qu'il n'y ait pas une sixième étoile

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Chapeau en peau de poisson

Le conte se situe aux environ du 268 ap. J.-C., entre l’empereur Galien et Trajan. Il emprunte des base de la mythologie grecque, notamment le Labyrinthe de Crète ou leurs dieux, mais aussi celui de l’Atlantide et de l’Empuse (démone).

Je l’ai lu en traduction française. Il se peut qu’en serbe, ce conte soit empreint de poésie. En français, on le sent peu. Se lit assez rapidement car il n’a que 68 pages environ.
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Le Dictionnaire Khazar - exemplaire masculin

Ouvrage inclassable, fait pour être consulté comme un dictionnaire, pas véritablement lu donc, qui brode sur diverses légendes (inventées par l'auteur) sur un peuple du Caucase (réel), les Khazars, dont on ne sait pas grand chose. Ceux qui cherchent un récit linéaire ou une histoire au sens conventionnel en seront pour leurs frais. Ceux qui goûteront la maestria d'un auteur capable de concevoir un récit qui peut s'aborder en commençant par à peu près n'importe quelle page seront ravis. On ne peut pas dire qu'on l'a "lu", on n'est jamais qu'en "cours de lecture".
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Dernier amour à Constantinople : Manuel de di..

Une histoire dans une histoire dans une histoire, avec l’idée que c’est dans la digression que se niche le spirituel. Une approche inspirée de chef-d'œuvres comme Le Manuscrit trouvé à Saragosse du polonais francophone Jan Potocki.
Lien : https://actualitte.com/artic..
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Le dictionnaire khazar

L'histoire d'un chasseur de rêves, avec une édition masculine et une féminine...
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