Que vous puissiez tenir ce livre entre vos mains tient presque du miracle. D'où vient-il ? Pourquoi a-t-il été écrit ? Ça n'est qu'en le lisant que vous trouverez des indices qui vous permettront de répondre à ces questions et comprendre peut-être un peu mieux le mystérieux peuple khazar.
Car ce livre est une énigme. Il vient du fond des âges. On dit qu'il a été dicté par des perroquets, qu'il est passé entre les mains de cent mages et autant d'érudits, qu'il a des dizaines d'auteurs et change même parfois de sexe.
Mais oubliez vos préjugés et plongez dans la lecture merveilleusement poétique de cet inventaire de légendes, dans ce labyrinthe duquel on n'aurait jamais envie de sortir.
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C'est un livre que j'achèterais jamais pour moi meme, mais comme je le reçu pour mon anniversaire j'ai décidé de le lire.
Comme le écrivain a dit, il y a plusieurs façons de le lire.
J'ai essayé de lire comme un roman, je n'arrivais pas. Alors j'ai lu que les parties historiques de Khazars, le reste avec les personnages pour moi n'etait pas intéressant. Mais le concept du livre est sympa.
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VASE KHAZAR
Un lecteur de rêves khazar, encore élève dans un monastère, reçut en cadeau un vase qu’il rangea dans sa cellule. Le soir il y déposa sa bague. Mais lorsqu’il voulut la reprendre le lendemain matin, elle n’y était plus. Vainement il enfonçait son bras dans le vase, il n’arrivait pas à en toucher le fond. Cela le surprit car le récipient semblait moins haut que son bras n’était long. Il le souleva mais, dessous, le sol était plat, et il n’y avait aucune ouverture dans le vase, pas plus que dans n’importe quel autre. Il prit un bâton et essaya d’atteindre le fond, mais toujours sans succès ; le fond du vase semblait se dérober. Il se dit : « Là où je suis, là est ma limite » et il s’adressa à son maître Mokadasa Al Safer, lui demandant d’expliquer ce que signifiait un tel phénomène. Le maître prit un caillou, le jeta dans le vase, et compta. Lorsqu’il arriva à 70, on entendit à l’intérieur du récipient un bruit de plongeon, comme si un objet était tombé dans l’eau et le maître dit :
– Je pourrais t’expliquer ce que représente ton vase, mais demande-toi d’abord si c’est bien utile. Dès que je t’aurai dit ce qu’il en est, le vase prendra, pour toi et les autres, une valeur inférieure à celle qu’il a maintenant. En effet, quelle que soit sa valeur, elle ne peut être supérieure à celle du tout. Et dès que je t’aurai dit ce qu’il est, il ne sera plus tout ce qu’il n’est pas, et donc plus ce qu’il est encore maintenant.
L’élève fut d’accord avec son maître. Mais ce dernier prit un bâton et cassa le vase. Stupéfait, le jeune homme lui demanda le motif de ce dommage et le maître répliqua :
– Le dommage aurait consisté à te dire à quoi servait ce vase avant de le casser. Mais puisque tu ne connais pas son usage, le dommage n’existe pas, car le vase te servira toujours, comme s’il n’était pas cassé…
En effet le vase khazar sert encore, bien qu’il n’existe plus depuis longtemps.
Au cours des siècles, la polémique khazare a donné lieu à d’innombrables débats dans les milieux hébraïques, chrétiens et islamiques, et cela dure encore de nos jours, bien que les Khazars aient disparu depuis longtemps. L’intérêt pour la question khazare se renouvela soudainement au XVIIe siècle, puisque d’abondantes informations la concernant furent rassemblées et publiées en Prusse en 1691. On étudia des spécimens de monnaies tricornes, les noms inscrits sur des bagues anciennes, les motifs gravés sur des jarres de sel, la correspondance diplomatique, des portraits d’écrivains avec, à l’arrière-plan, des livres dont les titres furent examinés à l’aide d’une loupe, on étudia les rapports des espions, les testaments, les voix des perroquets de la mer Noire dont on croyait qu’ils parlaient la langue khazare disparue, des peintures à thèmes musicaux où l’on déchiffra les notes inscrites sur les partitions, et même une peau humaine tatouée, sans compter les archives d’origine byzantine, juive ou arabe. En un mot, on utilisa tout ce que l’imagination d’un homme du XVIIe siècle pouvait apprivoiser et mettre à son service. Et tout cela se trouva réuni sous la couverture d’un dictionnaire. L’explication de ce regain d’intérêt pour la polémique khazare, mille ans après l’événement, est donnée par un chroniqueur, en quelques phrases énigmatiques : « Chacun de nous promène sa pensée devant lui, comme on promène un singe en laisse. Lorsque tu lis, tu as toujours deux singes devant toi : le tien et celui d’un autre. Ou, pis encore, un singe et une hyène. Arrange-toi alors pour nourrir l’un et l’autre. Car la hyène ne mange pas la même chose que le singe… »
L’auteur actuel de ce livre assure le lecteur qu’il ne sera pas condamné à mourir après l’avoir lu, comme ce fut le sort de ses prédécesseurs, en 1691, quand Le Dictionnaire Khazar en était encore à sa première édition et avait encore son premier auteur. À propos de cette première édition, il est nécessaire de donner quelques explications mais, afin de ne pas s’étendre inutilement, le lexicographe propose un contrat au lecteur : le lexicographe écrira ses observations avant le dîner, et le lecteur les lira après le repas. Ainsi la faim poussera le lexicographe à être bref et le lecteur, rassasié, lui, ne trouvera pas l’introduction trop longue.
A mon sentiment, les arts peuvent être classés en arts "réversibles" et arts "non-réversibles". En effet, il existe des arts qui permettent au sujet - le récipiendaire - d'approcher une œuvre sous des angles différents, de tourner autour et même de l'observer en changeant à volonté l'angle d'observation./, comme c'est le cas en architecture, en sculpture et en peinture qui sont des arts "réversibles". Mais il existe également d'autres arts, las arts "non-réversibles", comme la musique ou la littérature, qui ressemblent à des rues à sens unique, des voies où tout se meut de son commencement vers sa fin, de sa naissance vers sa mort. Depuis longtemps, j'ai voulu faire de la littérature - art "non-réversible" - un art "réversible". C'est pourquoi mes romans n'ont ni début ni fin au sens classique de ces mots. Ils sont créés dans une écriture non-linéaire.
Quand il me donna le rouleau de feuilles, son pouce effleura le mien, et je frémis à ce contact. J'eus le sentiment que nos passés et nos avenirs se trouvaient dans nos doigts et qu'ils s'étaient rencontrés. C'est pourquoi, lorsque je me mis à parcourir le texte, en quelques instants je perdais le fil de ma lecture, le mêlant avec mes sentiments
Le vendredi 13 juillet 2018, la librairie Charybde (129 rue de Charenton 75012 Paris - www.charybde.fr ) avait la joie de recevoir Emmanuel Ruben pour évoquer les récentes publications de "Le coeur de l'Europe" (éditions La Contre Allée) et de "Terminus Schengen" (éditions le Réalgar), et pour effectuer un parcours au sein de la littérature d'ex-Yougoslavie. Il évoquait Milos Crnjanski, Ivo Andric, Aleksandar Tisma, Danilo Kis, Milorad Pavic et David Albahari, tandis que le librairie Charybde 2 évoquait Faruk Sehic, Miljenko Jergovic et Goran Petrovic.
Ceci est l'enregistrement de la première heure de la rencontre.
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