Mireille Huchon, professeur à l'université Paris-Sorbonne nous présente l'oeuvre
Gargantua de
François Rabelais. Les sens et les références dans
Gargantua
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[Le lettré et sa lampe, Rabelais et ses lanternes]
Le livre d'Aulu-Gelle ("Nuits attiques") lui fournissait en tous cas, comme à tous les humanistes de la Renaissance, outre la forme prolifique des "miscellanées" érudites ("sequimur Gellium", écrit Politien), un modèle de variae lectiones présentées comme écrites la nuit, à la lumière de la lampe, de la "lucerna", du "lykhnos". Cette oeuvre est exemplaire de l'alliance, vieille comme la lumière artificielle, qui unit la lampe (alors à huile) et le savant, la lanterne et "l'horrible travailleur" qui demande à chaque nuit un peu de répit pour finir sa besogne. Rabelais fut de ceux-là, lettrés, philologues, gens "d'estude" malgré, - grâce à - la lampe. Papillons de nuit voletant περὶ λύχνων ἁφὰς "quand les lumières s'allument" selon l'expression concise d'Hérodote (VII-15), aux flambeaux et à leur contact, dans la proximité secrète d'un modeste embrasement nocturne. Chez Juvénal, le mot "lucerna" a déjà le sens figuré de "travail de nuit". La littérature emblématique du XVI°s n'assigne pas d'autre rôle à la lampe. C'est dans cette nuit d'encre que nous proposons de pénétrer, "garny de bonne lanterne".
p. 203
La question qu'il nous fallait résoudre était celle-ci : comment réaliser la bibliographie inépuisable d'un auteur inextinguible ?
Pour relever le défi, nous avons, à deux, consacré sept ans de travail. Etudier Rabelais, oeuvrer à le faire connaître, c'est, en effet, se plonger inévitablement dans une atmosphère "thélémique", tonifiante, allègre et cependant studieuse.
(Guy Demerson, Myriam Marrache-Gouraud)
p. 122
(Philippe Bordas) Aujourd'hui en littérature, il y a trois tabous supérieurs. Il est tacitement interdit de faire l'apologie de trois grandeurs - celle du peuple, celle de l'aristocratisme*, celle de la langue française. Une fois que l'on a conscience que ce sont les trois péchés absolus du moment crépusculaire contemporain, il s'agit d'être très prudent : si l'on traite l'un de ces sujets, ou deux, ou trois, la sentence est prête d'avance. Ce sont trois points quasi-religieux - les trois leviers qui pourraient laisser entendre que la langue est sacrée et le verbe français divin à toutes ses extrémités.
p. 766
Note du lecteur : voir la plaque à l'honneur d'Arnaud Beltrame, "victime de son héroïsme" (sic).
Les envahisseurs francs du V°s (qui occupent le nord de la Gaule, alors que les Wisigoths et les Burgondes l'Est) n'arrivent pas, contrairement aux Romains lors de l'invasion de la Gaule, à imposer leur langue et assimilent un grand nombre de valeurs de la culture gallo-romaine (le baptême du Barbare Clovis, roi des Francs, en 496, par saint Rémi est à cet égard symbolique). La langue gallo-romaine et le germanique coexistent du V°s au X°s ; les Mérovingiens, puis les Carolingiens sont bilingues et Hugues Capet, de langue maternelle romane, semble avoir été le premier de ces souverains à avoir eu besoin d'un interprète pour comprendre le germanique.
p. 49