Clara est attachée de presse dans une maison d'édition et elle s'investit beaucoup dans son travail. Elle écrit aussi un livre, qu'elle a du mal à terminer, et ses amis la sollicitent beaucoup pour des sorties. Pourtant, la jeune femme vit repliée sur elle-même et elle a du mal à s'extraire de la dépression dans laquelle elle s'est enfoncée depuis des années. Cette BD qui aborde le thème de la dépression, est sensible et juste. On voit à quel point il est difficile pour les personnes souffrant de ce mal de parler à leurs proches, et de leur confier leur souffrance. Un sentiment de honte ou de pudeur pousse le dépressif à masquer ou minimiser sa douleur ce qui ne fait que l'exclure davantage de ses pairs. J'ai aimé le dessin en noir et blanc et le trait de Mirion Malle qui souligne bien le propos. Certaines planches sont parfois peut-être un peu chargées mais l'ensemble reste agréable à lire. L'histoire se déroulant au Québec, on peut être aussi dérouté par certaines tournures de phrases, mais cela ajoute un certai charme à cette BD.
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Ce que pèsent les mots est un ouvrage de linguistique à destination d'un jeune public.
Il est rare d'avoir des documentaires linguistiques pour les ado et en ce sens, c'est une excellente initiative. L'auteur est linguistique et agrégée de lettres, c'est super d'avoir quelqu'un de qualifié pour aborder un thème si peu exploré. Les textes sont courts et parsemés d'illustrations sommaires. Quelques thématiques abordées : surnommer, les insultes, les variations diaphasiques (les niveaux de langue), les accents.
J'ai par contre été très surprise de la manière dont sont abordées certaines questions : l'auteur juge constamment ; la première attitude du linguiste c'est l'observation, jamais le jugement et là malheureusement, c'est constant.
Des prises de positions politiques et discutables, des opinions et des généralités toute tranchées et finalement peu de place aux questionnements. On défend des opinions sous couvert d'expliquer la linguistique.
Quelques exemples : "ce sont des personnes blanches qui produisent des agressions racistes contre des personnes non-blanches", vérité générale, tous les Blancs sont des racistes agressifs. La question du racisme est abordée très brièvement, alors que dans la réalité, on parle de plusieurs définitions du racisme et c'est un mot qui fait couler beaucoup d'encre.
Ou encore "si on dit "Black", c'est qu'on a un souci avec la question raciale, c'est qu'on est mal à l'aise". Donc une personne à la peau noire qui se définit elle-même comme "Black" c'est quoi ? De l'autodiscrimination ? De l'autoracisme ?
Un très gros paragraphe sur le "il/elle" relatif aux transgenres, sous-entendu, les femmes qui se considèrent comme des "elles" et les hommes comme des "ils" ne sont pas normaux car tout le monde doit être en quête d'une identité nouvelle. Évidemment le livre est rédigé en écriture inclusive, d’ailleurs une citation en est extraite afin de servir le propos "l'écriture exclusive c'est moche", sous entendu, ceux qui sont d'accord avec cette affirmation sont forcement partisans d'une société patriarcale. Je pense que la question de l'acceptation de l'écriture inclusive est plus complexe : on demande de changer graphiquement des mots, ce qui va à l'encontre des règles grammaticales établies depuis le plus jeune âge et on juge ceux qui refusent de le faire.
Quant au chapitre sur "une langue une nation" l'auteur prend l'exemple de la Suisse qui partage plusieurs langues en omettant de stipuler tous les problèmes que cela pose. D'ailleurs, elle parle également des langues régionales mais ne fait que de brèves allusions au picard/ch'ti qui est la langue régionale la plus discriminante du territoire puisque toujours perçue négativement. Bizarrement, pas d'insistance dessus. J'ai particulièrement "aimé" l'exemple de l'instituteur qui dit à Ahmed qu'il s’appellera désormais "Amed" sans le "h", décidément, ces enseignants ne sont bons à rien, d'abord ils enseignent une grammaire rétrograde mais en plus ils sont racistes et franchement malveillants. Évidemment, pas de mention d'enseignants qui travailleraient sur l'égalité homme/femme à travers les mots et les œuvres, nan ici on retiendra uniquement le négatif (d'ailleurs l'instituteur m'a tout l'air d'être un "il", symbole d'un patriarcat vieillissant, surtout quand seulement 15% des enseignants du 1er degré sont des hommes ). Étrangement encore, pas d'exemple sur les méthodes d'enseignement au Maghreb ni dans d'autres pays du monde. On prend les exemples qui servent uniquement son propos, très scientifique tout ça !
Le passage concernant l'évolution (ou la non-évolution) de la langue est intéressant puisqu'il présente enfin deux avis.
L'auteur parle également de N. Musenga, la jeune femme décédée en 2018 faute d'intervention du SAMU en en faisant une interprétation personnelle : ça serait en raison de son accent, pas du tout à cause du fait que le SAMU reçoit des tonnes d'appels ne nécessitant pas l'intervention d'un médecin et que son personnel est épuisé. Pourquoi voir de la linguistique là où la raison est multifactorielles ? Très réducteur tout ça.
Et un petit dernier pour la route, concernant le langage SMS "les personnes qui pratiquent ce "langage" ne sont pas plus fainéantes que les autres... elles sont parfois même plus créatives". Je ne vois pas comment on peut écrire ça, sincèrement. Les gens qui écrivent en langage SMS le font pour aller plus vite (donc par flemme) et/ou parce qu'ils ne maitrisent pas les règles de la langue. Pourquoi chercher des excuses et parler de créativité ?
Quelques points linguistiques bien abordés mais le reste est truffé d'opinions personnelles et/ou politiques et ça gâche vraiment l'ouvrage. Et surtout, ce qui m'embête, ce sont les jeunes qui vont lire ça et prendre ces propos pour argent comptant alors que ce ne sont que des points de vue. Dommage, dommage, davantage d'objectivité aurait fortement amélioré la qualité de l'ouvrage.
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Gros coup de cœur pour ce livre de Lucy Michel, illustré par Mirion Malle et publié aux éditions @lavillebrule. Destiné aux adolescent•e•s, "Ce que pèsent les mots" soulève des questions liées au poids du langage. J'aurais adoré lire ce livre ado, moi qui me suis toujours demandé pourquoi "le masculin l'emporte sur le féminin". De manière claire, concise et structurée, le livre discute non seulement du genre, grammatical ou non, mais aussi des insultes racistes, sexistes, homophobes, putophobes etc. et de la manière dont parlent les jeunes (notamment du langage sms et des emojis). Je le conseillerais à partir de 13 ans si bien accompagné•e. Je suis convaincue que ce livre a une grande portée éducative et peut générer des discussions intéressantes !
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Un petit bouquin passionnant, qui remet à plat tout ce que notre langue peut renvoyer en matière de stéréotypes et de pensées communément admises. Lucy Michel montre bien à quelle point nos mots peuvent être vecteurs de discriminations, même sans en avoir conscience. Les illustrations de Mirion Malle sont excellentes, pleines d’humour. En bref, un chouette texte engagé qui s’intéresse à ce que les mots disent de notre société !
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Gros gros coup de cœur, je l’ai acheté car c’était Mirion Malle sans trop savoir où j’allais et je n’ai pas été déçue même si je ne m’attendais pas à cette forme.
Beaucoup de choses m’ont parlé que ce soir sur les classes sociales, les féminisations bref tout était là et je lutte pour ne pas dévoiler des choses dans cette chronique.
On comprend le pouvoir des mots et comme le titre l’indique leur poids. Un retour historique permet souvent de remettre en contexte, et aussi de remettre en cause ses croyances et parfois on ne se rend pas compte de codes qu’on utilise sans être d’accord avec mais par habitude et ça ne fait pas plaisir mais c’est nécessaire.
Je recommande vivement.
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Mirion Malle revient avec une dernière BD qui clot le tryptique qu’avait commencé « C’est comme ça que je disparais » et « Adieu triste amour » !
Clémence en colère parle d’une femme en colère (No way !!) mais pas que. On s’interroge sur cette colère, qui est-elle, que veut elle, a quoi sert-elle mais surtout est-elle si mauvaise ? C’est la réponse que va chercher Clémence au sein d’un groupe de parole entre femme qui ont subie des violences sexuels. Dans ce cadre safe, sa parole va pouvoir se libérer pour avancer sur le chemin de la guérison.
J’aime beaucoup les BD de Mirion Malle parce qu’elle ont toutes ce côté « Ça va aller » sans jamais tomber dans la sur-positivé où tout est parfait et tout va parfaitement bien. Clémence en colère est probablement ma BD préférée des trois !
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Chaque BD de Mirion Malle que je lis me met dans un état bizarre, comme si j'avais écrit/dit chacune de ces phrases ou presque. Mais quel plaisir de voir Clémence si bien entourée par ses ami.es queers, par les femmes du groupe, par son amoureuse... C'était génial, comme toujours !
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Un bilan mitigé pour cette lecture. Quelques remarques intéressantes sur le cinéma et les séries, mais j'ai trouvé que le dessin n'apportait pas grand chose: il n'est ni spécialement beau, ni spécialement drôle.
En outre, certaines réflexions sont plus guidée par un goût de l'autrice que par une réelle objectivité: ainsi, elle tient absolument à trouver du positif et du safe dans une série comme Games Of Throne, malgré le fait que le viol ne soit utilisé que comme un ressort scénaristique rarement adéquat.
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Une bonne petite bande-dessinée qui traite de nombreux sujets encore actuels : féminisme, lutte des classes, racisme, politique, représentation médiatique, etc. Cependant, certains passages sont liés étroitement à la date de sortie de l'ouvrage et résonnent peut-être moins bien aujourd'hui selon moi. Néanmoins, je la recommande à qui voudrait s'instruire ou approfondir ces sujets et l'ai même offert à quelques amies.
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BD féministe très intéressante qui décrypte les mythes sexistes dans les séries télé. La lecture n'est pas toujours facile et les dessins m'ont un peu gênée; de plus je ne connaissais pas toutes les séries. Mais le message donné est nécessaire.
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Intéressant mais je déteste les dessins : c'est brouillon, moche, bizarre, les couleurs sont horribles et l'écriture est parfois presque illisible : tout tremblant, pas écrit droit, irrégulier… Tout ce qui est de l'ordre du design ça ne passe pas.
Par contre les messages, les textes, sont plutôt bien. Il y a parfois des morceaux de texte en anglais non traduits.
J'ai plutôt apprécié le contenu et détesté le contenant.
Préface de Mar_Lard
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