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Critiques de Monique Wittig (55)
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Les Guérillères

Un texte assez beau sur le plan poétique avec une écriture originale dans la forme. Les guérillères est je pense volontairement flou, mais s'en dégage une épopée féministe qui appelle à la révolte et à l'anéantissement complet de la culture patriarcale existante pour reconstruire un culture matriarcale. Je n'ai malheureusement pas été emportée par la forme (et pourtant en général j'aime bien les trucs perchés), et je n'ai pas non plus été convaincue par le fonds. J'ai été déçue par la violence extrême. Même si au milieu il y a des fleurs, les guerillères recréent finalement une société avec les mêmes traits masculins: force, puissance, glorification du sexe. Pour moi le féminisme ce n'est pas seulement avoir des femmes fortes, c'est surtout donner une place, une reconnaissance, et du pouvoir à celles qui ne le sont pas: à la mère qui élève ses enfants, à l'aide-soignante, à la femme de ménage. Le passage par la révolte collective est peut-être nécessaire, mais si par là on laisse tomber les valeurs de dévouement, d'altruisme, d'aide, qui sont traditionnellement des valeurs féminines, on n'aura rien gagné. Car une société où les femmes auraient le pouvoir mais l'exerceraient de la même manière que les hommes ne serait pas différente des sociétés qui l'ont précédée. Celà dit les Guérillères comportent quelques pages d'envolée épiques qui valent le coup, mais je ne suis pas sûre qu'il faille chercher là un pamphlet féministe.
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Les Guérillères

Dans ce deuxième roman, Wittig nous invite à découvrir une communauté étonnante au travers de petites scènes a priori disparates. Sa plume est belle, les récits interpellent. L'incompréhension qu'on ressent au début cède la place à la curiosité tandis qu'on découvre des idées inhabituelles. C'est ce qui marque en le lisant : la nouveauté du sujet, la liberté de pensée de l'auteure.
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Les Guérillères

Je n'ai pas du tout accroché avec ce roman. Pourtant il avait tout pour me plaire, un engagement féministe et une belle plume mais ça ne l'a pas fait. Je n'ai vraiment pas apprécié le format de l'œuvre. On se retrouve avec de petites bribes d'histoires dont j'ai eu du mal à trouvé un sens au début. Certes, il faut savoir se détacher de ses habitudes de temps en temps mais là je n'ai pas été convaincue. Il y avait pourtant de bonnes idées, de belles références et de belles phrases, très poétiques, mais le format est rédhibitoire.
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Les Guérillères

Les premières pages de ce livre m'ont un peu déconcertée: mise en page s'éloignant du canon du genre, manque de mise en place du récit, et puis les vilaines habitudes dans lesquelles on peut s'enkyster en tant que lecteur, à avoir l'habitude que l'auteur nous serve tout tout cru dans le bec!

Ceci passé, je suis devenue totalement fascinée par Les Guérillères, mélange de chant et de poésie épique, d'appel antique et de complaintes saphiques, de chants guerriers et d'ode à la construction d'un monde meilleur. C'est fort difficile, voire impossible à résumer, c'est un récit entremêlé de révolte et de cris de rage, et aussi de la beauté féroce du féminin qui se serait enfin libéré de millénaires de patriarcat. Peu à peu, à partir d'un premier noyau, les femmes se révoltent et partent en guerre, rejointes par de plus en plus de femmes et par quelques hommes jeunes, et elles en viennent à créer une société différente.

Un très beau texte que je recommande, mais que j'avoue déconcertant au premier abord. Sûrement un de ces textes que je relirais!

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Les Guérillères

🐚Chronique🐚



Elles me disent

Les couleurs du jour et de la nuit

Les nuances de femmes, leurs auréoles

Les senteurs, les saveurs, Les Échos

Les ombres, les vibrations, les tremblements



Elles me disent

Les silences, le O, le zéro, le cercle

La phrase, la poésie, les féminaires

Le chant, la voix, la répétition

La lune, les fleurs, les tambours



Elles me disent

L’histoire, les oppresseurs, le combat

Les efforts, la détermination, la vaillance

La colère, la rage, la prison, le piège

Les loups, les armes le chaos et la fureur



Elles me disent

Leurs prénoms de femmes

Précieux comme des talismans

Elles portent le mien, celui de ma fille

De ma cousine, de ma voisine, de mon amie

De toutes les Soeurs que je serai amenée

À connaître, à aimer, à invoquer, à aider

Dans le cercle émancipateur de la Sororité

Qu’elles imaginent, forgent, protègent

Défendent, espèrent, construisent…



Elles me disent

Et j’écoute avec attention

Les Guérillèrres, ces déesses

La violence qu’elles revendiquent

La poésie qu’elles soutiennent

La liberté qu’elles portent aux nues

La justice qu’elles conditionnent

Le féminin qu’elles incarnent

La force qu’elles possèdent

Les lendemains qu’elles travaillent

Le nouveau point zéro qui commence



Et mon cœur vibre, palpite, tambourine

S’éprend de tous leurs mots, leurs beautés

Leurs puissances, leurs possibles, leurs Chaleurs, leurs jouissances, leurs volontés

Et de tout cœur et âme, je chante avec Elles!


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Les Guérillères

Une communauté de femmes vit libre, autonome, heureuse. Leur sexualité est puissante, joyeuse et confiante. Utérus, vagin, vulve, nymphe et clitoris sont fêtés comme les merveilles qu'elles sont. « Elles disent qu'elles exposent leurs sexes afin que le soleil s'y réfléchisse comme dans un miroir. Elles disent qu'elles retiennent son éclat. » (p. 24) Ces femmes s'instruisent en lisant des féminaires et en se racontant de mythiques histoires de résistance et de libération. « Elles parlent ensemble du danger qu'elles ont été pour ce pouvoir, elles racontent comment on les a brûlées sur des bûchers pour les empêcher à l'avenir de s'assembler. » (p. 123) Hélas, une fois encore, elles doivent s'armer pour se défendre des hommes qui voudraient les asservir, les dominer, les contenir et les soumettre à leurs désirs et leurs règles.



Dans cette utopie où les femmes sont des amazones d'un nouveau temps, Monique Wittig en appelle à la sororité et à l'alliance des femmes dans un monde où jamais leurs droits et leur liberté ne sont définitivement acquis. Ce texte est un incontournable de la pensée féministe et il était temps que je le lise. L'amie qui me l'a offert y a ajouté un très beau message. À mon tour, je veux le faire circuler et ne jamais cesser de dire haut et fort les noms des femmes, qu'elles soient illustres ou anonymes.
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Les Guérillères

Toute la lutte féministe ici écrite, poetisé : des guérillères, "ELLES", qui veulent écrire LEUR histoire, une histoire du point de vue des femmes, longtemps oubliée, effacée, écrire leurs rites et religions loin du patriarcat, pour s'approprier leur corps, leur nature sauvage et libre, s'extraire de la possession. Se défendre des attaques. Et accueillir avec amour les hommes qui veulent rejoindre la lutte...
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Les Guérillères

"Les Guérillères" de Monique Wittig est un roman unique en son genre. Publié en 1969, il s'agit d'une épopée féministe qui raconte l'histoire d'un groupe de femmes en guerre contre un système patriarcal oppressif.



Le roman est écrit dans un style poétique et incantatoire. Wittig utilise un langage subversif et invente un pronom neutre, "elles", pour désigner les femmes. Ce choix linguistique radical vise à déconstruire les structures patriarcales du langage et à créer un nouvel espace de liberté pour les femmes.



L'histoire se déroule dans un univers symbolique et onirique. Le camp des guerrières est une oasis de liberté et de sororité, où les femmes vivent en harmonie avec la nature. Elles s'entraînent au combat, chantent des poèmes et célèbrent leur puissance collective.



"Les Guérillères" est un livre révolutionnaire qui a marqué l'histoire du féminisme. Il propose une vision radicale de la libération des femmes et appelle à la destruction du système patriarcal.



En conclusion, "Les Guérillères" est un livre important et audacieux qui continue d'inspirer les féministes aujourd'hui. Il est un classique de la littérature française et un incontournable pour quiconque s'intéresse aux questions de genre et de pouvoir.
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Les Guérillères

Le grand Féminaire. Ce n'est pas un conte mais l' Épopée universelle. Lire Monique Wittig c'est toujours une expérience qui vous traverse. Incontournable !



Astrid Shriqui Garain

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Les Guérillères

Des femmes ont ensemble monté une communauté, sans hommes, un « féminaire » comme l’écrit la narratrice. Elles ont décidé de se passer de celui qu’elles nomment l’oppresseur. Plaisirs lesbiens, longues descriptions du sexe féminin. Évocations multiples de déesses, de nymphes, nombreuses allusions à l’antiquité. Parallèlement, préparation à la guerre contre le mâle agresseur, dominant, maniant le sexisme comme il a manié le racisme, son éradication est en vue, l’armée souveraine des femmes est prête et ne fera pas de quartiers.



Au cœur de ce texte très exigeant et de structure complexe, quelques cercles pleine page, ils peuvent à la fois représenter le zéro, mais aussi un périmètre dans lequel les hommes seront faits prisonniers. Il peut être vu également comme la lettre O, la première constituant les différents noms de troupes féminines combattantes. Toutes les cinq pages, des listes de noms de femmes tombées dans l’antiquité, comme un métronome incessant, un robinet qui goutte du sang.



Le combat contre l’homme dominateur et possessif va s’avérer violent, sans merci. La torture, la lutte, la guerre, la revanche tant attendue. Mais Monique WITTIG ne plaide pas pour le sanguinolent à tout crin, son texte est enrobé d’une poésie certes violente mais emplie d’allégories, de références, de beauté. Des micro-poèmes intégrés dans l’œuvre peuvent représenter ce boomerang que le mâle prend en pleine tronche après des millénaires d’abus. Minutieusement mais avec hargne, l’auteure justifie l’acte à venir :



« Elles disent, ils t’ont décrite comme ils ont décrit les races qu’ils ont appelées inférieures. Elles disent, oui, ce sont les mêmes oppresseurs dominateurs, les mêmes maîtres qui ont dit que les nègres et les femelles n’ont pas le cœur la rate le foie à la même place qu’eux, que la différence de sexe, la différence de couleur signifient l’infériorité, droit pour eux à la domination et à l’appropriation. Elles disent, oui, ce sont les mêmes oppresseurs dominateurs qui ont écrit des nègres et des femelles qu’ils sont universellement fourbes hypocrites rusés menteurs superficiels gourmands pusillanimes, que leur pensée est intuitive et sans logique, que chez eux la nature est ce qui parle le plus fort et cætera ».



Il faut bien s’accrocher pour lire ce récit. Un roman ? Peut-être, mais j’y vois surtout un manifeste féministe très acéré et sans concessions, sorte de manuel de lutte armée contre le « mec ». En fin de volume, les références utilisées dans l’ouvrage sont listées, elles sont nombreuses, variées, il est difficile de les percevoir dans la lecture. Récit utopiste en même temps que combatif, il est lucide et plein d’à propos.



Ce texte écrit en 1969 fit du bruit à sa sortie aux éditions de Minuit. Puis il fut étudié, encensé. Devant les féminicides toujours plus nombreux, il est plus que jamais d’actualité pour que l’homme cesse de tout se permettre au nom de la virilité, de la pseudo-supériorité, du défilé de testostérones, de longueur de quéquette et d’épaisseur de muscles. « Les guérillères » (quel titre sublime !) vient d’être réédité en poche en septembre 2019, tout juste 50 ans après sa sortie, toujours aux éditions de Minuit, comme en guise de nouvel avertissement au machisme, à la misogynie. Le propos signifie que s’il faut employer la violence contre la violence, alors elles ne s’en priveront pas. Il faudra frapper droit au coeur, c’est-à-dire entre les jambes, pour bien faire remonter les burnes jusqu’à la gorge et les voir jaillir de la bouche, dégueulées comme le comportement masculin peut être dégueulasse. Ce livre ô combien percutant devrait à nouveau laisser des traces.



https://deslivresrances.blogspot.fr


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Les Guérillères

Objet d'accès un peu difficile pour le commun des mortels (moi) mais avec un peu de patience j'y ai trouvé une sorte d'impression étrange d'avoir été témoin de quelque chose d'important, sans vraiment trop savoir quoi ... à méditer, voire lire plusieurs fois.
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Les Guérillères

Dans les phrases bienveillantes qu’on me glisse à des fins purement altruistes, je retiens le plus souvent « pourquoi t’irais pas vivre ailleurs ? », « mange ptn » et « tu veux pas faire un truc pour tes insomnies ? ».



Si les deux premières m’évitent de faire à la fois l’éloge de ma fuite alors que l’autre façonne mon autogrossophobie, je choisis souvent de mettre l’insomnie à profit.



Car excepté une fatigue évidente, elle permet de lire avec avidité, et plus la fatigue se fait sentir plus ce qui paraît utopique aux premiers abords semble creuser quelque part dans mon imaginaire une certaine idée que, quelque chose d’autre pourrait - non pas être meilleur, mais en tous cas être différent.



Pour un renouveau de la communauté, comme pour soi-même.



A une échelle honteusement égoïste et masculine donc, je me suis réfugié dans les mots de Monique Wittig - grâce à Wendy Delorme qui lui rend hommage dans Viendra le temps du feu.



Il n’y a pas de grandes solutions appliquables proposées dans ce texte mais les phrases agissent en tant que réconfort cognitif. On se prête à imaginer ce que pourrait devenir une communauté où tous les codes sont chamboulés ; des prénoms accolés et mixtes aux pronoms pluriElles, des contes de fées comme La Belle aux bois dormant à la religion et son jardin d’Eden, du symbole O qui est à la base de tout parce qu’il rappelle sensiblement une vulve à l’instar de la rigidité du sexe masculin qui s’érige et s’impose en tant que dominant (et qu’il dégueulasse beaucoup de choses à beaucoup de choses près).



Publié en 1964, Les Guerillères n’est pas un texte facile ni accessible. La lecture de la dystopie de Wendy Delorme m’a beaucoup aidé à lui donner des décors, des visages, une ambiance et à en comprendre certaines parties. Je suis donc ravi d’avoir lu ces deux œuvres complémentaires et dans cet ordre.



Ce sont de courts paragraphes cisaillés par des noms propres en lettres majuscules qui décrivent une société matriarcale post chaos patriarcal.



Et selon ma petite pomme, je pense qu’on s’en carre complet de ne pas tout biter à ce texte, d’en attraper uniquement des bribes, parce que oui en cas de grosse insomnie Les Guérillères et leur société féminaire définissent quelque part autre chose de sacrément possible, à condition de voir une certaine idée du pouvoir actuel, prendre enfin sa fin quand viendra le temps du feu.
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Les Guérillères

J'ai l'impression d'avoir lu une pensée, d'être comme une déesse qui observe la force et la combativité d'un groupe de femmes, elle nous met dans cette situation je trouve. Elle nous fait les respecter et les admirer, les comprendre, même si elles ne sont pas parfaites.

C'est beau, vraiment.

En revanche ça part en vrille a un moment, on sent bien que c'est une militante féministe lesbienne qui a vraiment pris part aux combats, elle est pas tendre.

Mais ça marche, parce qu'elle a une écriture hyper poétique.

Bref, pas simple à lire mais je le recommande chaudement quand même.
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Paris-la-politique et autres contes

"Paris-la-politique et autres contes" est un ensemble de textes expérimentaux relativement austères, dont le principal, et je n'aborderai que celui-ci, concerne l'organisation d'une ville où se déroule un carnaval permanent. On devine, bien entendu, étant donné le titre du recueil, que cette ville n'est autre que Paris.



On entre dans un univers distancié et extrêmement déconcertant. Les raisons en tiennent au style d'abord.



Dans une subversion des usages et des règles grammaticales, est systématiquement utilisé le substantif féminin ou pronom "elle" en lieu et place du substantif masculin ou pronom "il" habituellement utilisé pour désigner un ensemble de personnes de genres non déterminés.



Ainsi on peut lire : "C'est une drôle de ville où si quelqu'une remarque qu'il est nécessaire de balayer les rues, il s'en trouve tout de suite une autre pour dire qu'il n'y a pas assez de poussière. (...) Celles qui viennent d'arriver essaient de concilier les débatteuses".

L'auteure renverse ainsi l'universel cul par dessus tête : de masculin, il devient féminin, et ne sont attachés au genre masculin que les substantifs grammaticalement masculins. Par exemple on peut lire : "Le vent est en train de pousser des tombereaux de poussière. ILS arrivent comme d'épais nuages rouges."



J'ai d'abord été désarçonnée par cette contrainte stylistique, mais (est-ce parce que je suis une femme ?) m'y suis vite habituée, avec un relatif confort de lecture, comme si l'effort à fournir pour adhérer au texte était moindre.



Je doute fort en revanche que les lecteurs hommes y trouvent leur compte : la place du féminin dans notre vie mentale, façonnée qu'elle est par notre langue d'origine latine, est en effet minorée du fait que même s'il est un sous-ensemble de l'ensemble/universel au même titre que le masculin, cet universel se désigne au masculin. Ce qui produit une confusion entre le sous-ensemble masculin et l'ensemble/universel, le premier tendant à se substituer au second dans notre compréhension du monde et à tirer, si j'ose dire, la couverture à lui.



Et voilà pourquoi Dieu porte une barbe et pourquoi votre fille est muette.



Venons-en maintenant au fond : la ville que nous décrit Monique Wittig est observée avec un regard extérieur proche de celui de Gulliver dans ses voyages. Cette ville offre un aspect étrange, décalé, cruel : son étendue se confond avec celle d'une immense fête foraine où des corps en transe s'entassent autour de ballons de baudruche avec un engouement sinistre ; un peu plus loin résonnent des appels à la folie auxquels on est supposé obéir : tout être raisonnable et persistant à l'être se verra incessamment placé dans une institution spécialisée ; une mode sévit en ville, consistant à marcher plié en deux, la tête entre les genoux, et l'auteure de se moquer : "ah c'est un beau spectacle que ces petits et ces grands culs qui se présentent en l'air tandis que (...) les cheveux tombent" ; partout sévissent les pires désordres et confusions : la parole est confisquée par un petit nombre, la moindre tentative de prise décision est bloquée par des oppositions systématiques et absurdes ; il est impossible de s'aventurer dans les rues à la nuit tombée sans se faire rouer de coups, et gare à qui se plaint, il sera aussitôt désigné comme responsable de la violence qui lui a été faite ; la justice est une pétaudière, tout argument que vous croirez en votre faveur sera retourné contre vous par de redoutables sophistes ; sans parler des abominables jeux du cirque ou de pauvres affamées devront se disputer devant une foule en délire les morceaux de viande qu'on a bien voulu leur jeter en pâture.



L'auteure se livre là, avec une jubilation féroce, à l'évocation haute en couleurs d'une démocratie corrompue, où sont bafouées toutes les règles du bon sens et de l'équité. Ce texte, écrit en 1985 a gardé toute son actualité, mais l'exercice parodique demeure assez classique.



Monique Wittig, féministe straight* a beaucoup contribué à la diffusion en France des études de genre et a adapté sa réflexion à la structure de la langue.



* le féminisme straight est un féminisme matérialiste selon lequel la division en genres joue le même rôle dans l'organisation économique et politique que la division en classes sociales dans la pensée marxiste.
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Virgile, non

Ce livre est un petit bonheur à lire.

Wittig nous offre un voyage épique dans un style de science-fiction. Elle nous présente sa vision lesbienne et féministe de l'oppression des femmes et de leurs situations en traversant tour à tour les cercles de l'enfer, les limbes, puis finalement le paradis, le tout sur fond de San Francisco et de désert balayé par le vent. N'hésitez pas : il est vite lu et vous aurez de quoi réfléchir, quelles que soient vos réactions !
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