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Critiques de Monique Wittig (54)
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Dans l'arène ennemie

Un recueil de textes et d’entretiens au plus près de l’écrivaine et militante féministe.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Dans l'arène ennemie

Le recueil Dans l'arène ennemie rassemble les entretiens de Monique Wittig devenus introuvables et des textes inédits, rappelant la récente histoire du féminisme politique et dissident.
Lien : https://www.lesinrocks.com/l..
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L'opoponax

« On dit, je suis l'Opoponax. »

Et on ne sait pas ce qu'est un Opoponax. On se lance dans cette lecture à l'aveugle, sans savoir, et on se prend une claque. Des vagues d'enfance, qui ne sont pas la nôtre, viennent s'écraser dans nos souvenirs. Des souvenirs d'une petite fille qui n'est pas nous, à une époque que l'on a pas connue, mais des souvenirs qui sont ceux de toutes les petites filles, de tous les petits garçons, à l'âge où l'on n'est même pas encore vraiment ni une petite fille ni un petit garçon.

On découvre une écriture d'une furieuse modernité, un exercice littéraire phénoménal et on s'étonne de ne le découvrir qu'aujourd'hui.

On parvient à avancer dans le récit initialement décousu, sans que ne soient utilisés les outils de la temporalité, on revit les sentiments exacts de l'enfance, exacts parce qu'ils sont amenés tels qu'ils ont été vécus, lorsqu'on ne savait ni les identifier ni les nommer. Lorsque les choses se présentaient telles quelles et que l'on n'avait pas d'autre choix que de les décrire de la manière la plus purement objective.

On revoit les petites choses, les bonshommes en mie de pain, les trajets sur la route de l'école, ces flashs qui nous reviennent parfois sans raison, une leçon de l'école élémentaire, une petite soeur qui ramasse des cailloux, les nattes d'une camarade, les jeux dans la cour. Les rires, la cruauté, l'insouciance sont vécus de plein fouet mais ne sont pas encore identifiés comme tels. La saveur des fleurs de sureau aspirées dans un rayon de soleil est décrite avec la même objectivité que le décès d'un camarade d'école, pourtant on sent le malaise ressenti, on sent cette terrible gêne de l'enfance qui ne parvient pas encore à verbaliser la tristesse. On sent ce malaise, qui imprègne certains souvenirs. On sent l'opoponax.

On finit par penser que « on », c'est la restitution parfaite de l'enfance, qu'il n'y a que « on » pour faire ressentir à des adultes les sentiments que toutes les petites filles, tous les petits garçons, n'ont jamais été en mesure d'exprimer. Cette manière absolue, objective et directe de vivre les choses. Cet indéfini propre à chacun de nous.

« On », c'est Catherine Legrand, c'est Valérie Borge, c'est Mademoiselle et c'est Reine Dieu, c'est Vincent Parme, Véronique Legrand et Pascale Fromentin.

Et puis soudain, on se rend-compte que le récit avance, sans qu'on en soit prévenus, mais soudain, on apprend le latin, les jeux dans la cour ne sont plus les mêmes. On découvre la poésie, on aime Baudelaire. "On dit tellement je l'aimais qu'en elle encor je vis." Les phrases se font plus longues, on perçoit la présence d'un malaise sournois. On pressent toujours l'opoponax, mais on ignore toujours ce qu'est un opoponax. On surprend la lumière du duvet blond sur la nuque de la fille assise devant nous, la beauté d'une chevelure en mouvement. On découvre la grâce. On est l'opoponax.

L'opoponax, c'est l'enfance la plus absolue, qui passe sans qu'on le remarque. L'opoponax, c'est la meilleure restitution de ce monde jamais opérée en littérature. Et puis l'opoponax, ce sont ces 1000 petites choses naïves qui font la beauté de l'enfance, jusqu'à la découverte de la beauté elle-même. L'opoponax, c'est lorsque l'on est pas préparé à avoir le souffle coupé par le ravissement.

L'opoponax, c'est une sublime claque de délicatesse.

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L'opoponax

Une lecture éprouvante! Dans ce texte, la narratrice décrit tout à la troisième personne du singulier: on fait ceci, on fait cela, Catherine Legrand fait ci et ça; c'est assez insupportable. On peut dire qu'en effet c'est un tour de force d'écrire tout un livre avec ce style mais tout de même pourquoi infliger ça au lecteur?! Sur 50, 100 pages d'accord mais là sur 250 pages c'est extrêmement pénible. Ce style descriptif, objectif, annihile toute émotion. La succession de phrases courtes construites de la même façon donne l'impression de ne pas pouvoir reprendre son souffle. L'auteur retranscrit bien l'enfance, ses jeux et ses cruautés mais cela aurait été tellement mieux avec une narration "normale" et moins répétitive. J'ai vraiment eu beaucoup de mal à aller jusqu'au bout... Dire que ce texte a reçu le prix Medicis me dépasse d'autant qu'on rapproche souvent Monique Wittig de Violette Leduc qui elle n'a jamais reçu aucun prix et à part leur homosexualité il n'y a absolument aucun point commun en terme d'écriture. Bref, je n'adhère pas!
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L'opoponax

Le plus beau livre sur l'enfance ! Le style exigeant de Monique Wittig sert magnifiquement son récit.
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L'Opoponax

Comment est-il possible que L'Opoponax de Monique Wittig, pourtant couronné du prix Médicis en 1964, soit ensuite passé totalement sous les radars de la littérature française ? Comment est-il possible qu'aucun extrait, aucune mention de ce titre n'ait jamais croisé mon chemin d'ex-étudiante de Lettres et future ex-prof de français, alors même que le nom de son auteure ne nous est, par ailleurs, et ce n'est que justice, pas inconnu – seulement depuis une période récente, certes –, alors que Marguerite Duras, l'idole de nos vingt ans, l'avait finement postfacé ? Lesbienne féministe, devancière et radicale, Wittig a subi l'anathème pour ses idées, et, par ricochet, ce magnifique récit, universel et poétique, connut le purgatoire (l'édition brochée est épuisée !).

Sortez ce texte de l'oubli aujourd'hui : gageons qu'il va vous ramener à votre enfance mieux qu'une madeleine, qu'il deviendra, pour certains, votre livre culte, votre livre de chevet. Pour peu que vous ayez passé la première page et compris le principe – on passe sans transition ni contextualisation d'une scène à une autre – vous deviendrez le corps-même de l'écriture, physiquement revenu à votre hauteur d'enfant, projeté derrière le pupitre à encrier que vous n'avez peut-être pourtant jamais connu. La magie de cette écriture de soi, écriture de l'intime qui ne dit jamais « je », c'est qu'elle restitue cette atemporalité de l'enfance, qu'elle fût vécue dans les années 40, 80 ou 2000, qu'elle se passât en Alsace, en Haute-Marne ou à Paris : la campagne, le village, sont ceux d'avant la ville, d'avant l'âge adulte. Peut-être ceux de votre mère, ou ceux de votre fils. On est Catherine Legrand. On est Catherine Legrand et Véronique Legrand, la petite soeur, qui elle aussi devient mythique. On est les enfants de l'école de campagne. Les filles de l'école de filles. Dans cet âge d'or de l'enfance, on est sauvage, comme les animaux qu'on recueille, on se bat avec la rage de tout son corps contre les garçons. On apprend la mort. On apprend aussi que les enfants d'aujourd'hui ne sont pas plus durs que ceux d'hier.

Le style de L'Opoponax nous habite. Cette déferlante d'évocations, aussi rudes que méticuleuses, sa mélodie vous reviendra le soir avant de dormir. Nous sommes les yeux de l'enfant qui ne sait pas tout nommer et utilise des périphrases objectives, nous sommes dans le pronom « on » de cette marmaille encore ni fille, ni garçon – à nous d'en échafauder notre interprétation. On se dit : Oui, c'est vrai, j'ai fait ça. Et puis, une description de ciels, une énumération de noms de fleurs des champs, décrochent le lecteur du temps révolu pour le transporter dans le monde poétique de la beauté. Cela pourrait sembler répétitif et circulaire, cependant le récit évolue. On est au collège, peut-être. La littérature apparaît. Elle est sondée, incantatoire. Et, ressort de ce récit sans schéma narratif, l'opoponax du titre surgit avant la fin, conviant le lyrisme sous les traits facétieux de l'élément perturbateur, pour éclore enfin dans la beauté de l'expression du sentiment amoureux des premières fois.
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L'Opoponax

L'auteure nous relate son enfance en Alsace à Damepierre.

On ne sait pas trop où ça va le style est assez fort, peu de ponctuation, beaucoup de descriptions.

Et en même temps elle arrive à retrouver un regard d'enfant ou plus ou moins.

Ca n'est pas passionnant mais on reste pris dans cette vie rurale, ces ballades à travers champs ces joies et ces souffrances à hauteur d'hommes.
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L'Opoponax

C'est si loin, étrange ! J'ai tout oublié et pourtant JE SAIS que ce livre a été à peu près à cette époque important pour moi.

Certainement il doit continuer à agir par des canaux mystérieux !
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L'opoponax

Comment est-il possible que L’Opoponax de Monique Wittig, pourtant couronné du prix Médicis en 1964, soit ensuite passé totalement sous les radars de la littérature française ? Comment est-il possible qu’aucun extrait, aucune mention de ce titre n’ait jamais croisé mon chemin d’ex-étudiante de Lettres et future ex-prof de français, alors même que le nom de son auteure ne nous est, par ailleurs, et ce n’est que justice, pas inconnu – seulement depuis une période récente, certes –, alors que Marguerite Duras, l’idole de nos vingt ans, l’avait finement postfacé ? Lesbienne féministe, devancière et radicale, Wittig a subi l’anathème pour ses idées, et, par ricochet, ce magnifique récit, universel et poétique, connut le purgatoire (l’édition brochée est épuisée !).

Sortez ce texte de l’oubli aujourd’hui : gageons qu’il va vous ramener à votre enfance mieux qu’une madeleine, qu’il deviendra, pour certains, votre livre culte, votre livre de chevet. Pour peu que vous ayez passé la première page et compris le principe – on passe sans transition ni contextualisation d’une scène à une autre – vous deviendrez le corps-même de l’écriture, physiquement revenu à votre hauteur d’enfant, projeté derrière le pupitre à encrier que vous n’avez peut-être pourtant jamais connu. La magie de cette écriture de soi, écriture de l’intime qui ne dit jamais « je », c’est qu’elle restitue cette atemporalité de l’enfance, qu’elle fût vécue dans les années 40, 80 ou 2000, qu’elle se passât en Alsace, en Haute-Marne ou à Paris : la campagne, le village, sont ceux d’avant la ville, d’avant l’âge adulte. Peut-être ceux de votre mère, ou ceux de votre fils. On est Catherine Legrand. On est Catherine Legrand et Véronique Legrand, la petite sœur, qui elle aussi devient mythique. On est les enfants de l’école de campagne. Les filles de l’école de filles. Dans cet âge d’or de l’enfance, on est sauvage, comme les animaux qu’on recueille, on se bat avec la rage de tout son corps contre les garçons. On apprend la mort. On apprend aussi que les enfants d’aujourd’hui ne sont pas plus durs que ceux d’hier.

Le style de L’Opoponax nous habite. Cette déferlante d’évocations, aussi rudes que méticuleuses, sa mélodie vous reviendra le soir avant de dormir. Nous sommes les yeux de l’enfant qui ne sait pas tout nommer et utilise des périphrases objectives, nous sommes dans le pronom « on » de cette marmaille encore ni fille, ni garçon – à nous d’en échafauder notre interprétation. On se dit : Oui, c’est vrai, j’ai fait ça. Et puis, une description de ciels, une énumération de noms de fleurs des champs, décrochent le lecteur du temps révolu pour le transporter dans le monde poétique de la beauté. Cela pourrait sembler répétitif et circulaire, cependant le récit évolue. On est au collège, peut-être. La littérature apparaît. Elle est sondée, incantatoire. Et, ressort de ce récit sans schéma narratif, l’opoponax du titre surgit avant la fin, conviant le lyrisme sous les traits facétieux de l’élément perturbateur, pour éclore enfin dans la beauté de l’expression du sentiment amoureux des premières fois.
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L'opoponax

Il est fort évident que les choix d’écriture de Monique Wittig ne plairont pas à tout le monde.

Pas d’intrigue ni de fil narratif mais des flashs d’instants ou de scènes de vie de la petite enfance à l’adolescence, rapportées sur le plan uniquement descriptif (qui, en plus, s’enchaînent sans rupture de paragraphe, mais se répartissent en quelques chapitres tout de même – comme le flot des souvenirs). Ainsi on éprouvera les sensations mais on ne fera que deviner ou supputer les pensées, les intentions, les désirs, les émotions. Déstabilisant, certes, mais très immersif. Pour ma part, j’ai oscillé entre les souvenirs personnels et le monde de mes parents, la campagne autour des années 1950, et j’ai trouvé ça plutôt agréable. C’est assez régressif en fait ! D’un autre côté, c’est loin du page-turner, et il faut s’accrocher un minimum pour avancer et terminer.

J’ai beaucoup aimé m’immerger dans les jeux et les interactions de ces bandes de copains-copines, où les adultes se font très rares, en dehors des enseignantes. J’ai trouvé ces filles (très largement majoritaires dans l’oeuvre, scolarité non mixte oblige) pleines de vie, d’esprit, de curiosité, d’appétit, d’humour, les personnalités se dessinant à mesure qu’elles grandissent.

Cet ouvrage regorge d’excellents exemples des occupations des enfants avant la technologie ! Cela ne ferait sans doute pas de mal à la génération Z d’en lire quelques extraits ! ;-)
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L'Opoponax

J'ai lu Les Guérillères il y a plusieurs années déjà et j'avais trouvé L'opoponax en bouquinerie avec beaucoup de joie avant de le poser dans ma PAL où il s'est noyé depuis. Je me suis enfin décidée à me lancer dans cette lecture après avoir entendu la série radio consacrée à Monique Wittig sur France Culture cet été. Le moins qu'on puisse dire c'est que j'ai moins accroché qu'avec Les Guérillères, et sans doute j'aurais eu encore plus de difficulté à entrer dans cette lecture si je n'avais pas eu en tête les analyses entendues tout récemment.

Comme souvent avec les partis pris expérimentaux, le principe me séduit mais l'œuvre en elle-même a du mal à garder mon attention pendant plus d'une vingtaine de pages. C'est un texte écrit à hauteur d'enfant, dans une langue purement descriptive. On saute d'une scène à l'autre sans transition. C'est un peu comme écouter un enfant qu'on est venu·e chercher à l'école et qui nous raconte sa journée sur le chemin du retour - et oui, c'est charmant et doux. L'autre aspect qui a été abondamment commenté et qui reste troublant à la lecture c'est l'usage du pronom "on" dans lequel se mélangent la narratrice, ses camarades, dans un flou sans genre et sans nombre qui colle bien au monde de l'enfance.

Outre le côté expérimental ça reste un texte très beau. Les aventures des enfants dans la campagne, leurs bagarres et les noms de fleurs et d'arbres qui parsèment le récit m'ont beaucoup touchée. Sans avoir grandi exactement dans les mêmes conditions, c'est un roman qui m'a rendue nostalgique de l'enfance. Il m'a aussi fait penser à mes grands-parents, dont l'expérience est probablement plus proche de celle de l'autrice.

La reconnaissance attribuée à ce texte est totalement justifiée et j'aurais adoré travailler dessus pendant mes études. Je n'ai toutefois pas trop culpabilisé en sautant des passages entiers, dans la mesure où une fois que le concept est compris, une bonne part du roman m'a paru répétitive. Si je devais le relire autrement, je pense que je le lirais davantage comme je lis des poèmes que comme un roman : quelques pages avant de dormir, sans essayer de le lire d'une traite et d'y chercher du sens.

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L'Opoponax

"L'Opoponax" est le premier roman de Monique Wittig, écrivaine et militante féministe qui a obtenu le prix Médicis en 1964. Mais c'est surtout pour la postface de Marguerite Duras ajouté à partir de l'édition de 1983 que j'ai voulu le lire. Duras considère ce livre comme un chef d'oeuvre et c'est une référence pour moi.

Et effectivement, je comprends pourquoi elle dit que «c'est le premier livre moderne qui ait été fait sur l'enfance».

Monique Wittig raconte l'histoire d'une petite fille au sein d'une école religieuse à la campagne. Catherine Legrand n'a pas vraiment d'aventure exceptionnelle, elle vit comme tous les enfants, entre ses maîtresses et ses camarades, au gré des préoccupations des jeux de récréation.

À l'instar de l'opoponax, une plante ombellifère, on se laisse envahir par l'écriture qui nous propulse dans le monde de l'enfance. Car ce nom bizarre sert de signature à de mystérieuses lettres anonymes indiquant « Je suis l'Opoponax » pour faire peur, comme le loup.

Parce que Monique Wittig se met à auteur des enfants appelés par leurs prénoms et leurs noms (par exemple Anne-Marie Losserand, nom très durassien), en décrivant tout ce qui se passe y compris la cruauté des jeux mais sans jamais juger ou commenter. Ce n'est que du factuel et c'est peut-être pour cela que c'est innovant mais malheureusement un peu trop long à mon goût.





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L'Opoponax

C'est un vrai roman moderne : un point de vue novateur sur des événements connus (l'enfance d'une française de la campagne), qui lui a valu un prix prestigieux. Le style force à la réflexion. Néanmoins, la première moitié est vite ennuyeuse et la seconde, même si elle est bien meilleure, est intéressante, sans plus.

N'hésitez pas à sauter des pages, vous ne manquerez rien, ou aller plutôt lire "Les guérillères" car Wittig y applique les mêmes principes stylistiques mais avec un récit bien plus intéressant.
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L'Opoponax

Présenté comme un chef d’œuvre par Marguerite Duras, ce livre au style résolument "moderne" est d' un ennui rare.

Une longue litanie de descriptions, de nom et de prénoms sans aucun dialogue est déroutant, et pour le coup je l'ai été.

Seul quelques réminiscences de ma vie personnelle dans cette lecture m 'ont apportées quelques satisfactions et m'ont permis de finir le livre.
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La Pensée straight

Vraiment pas facile d’accès. Heureusement que le livre est découpé en chapitres / thèmes courts . Je pense qu’il faut être familier avec l’écriture de Monique Wittig avant de se lancer dans cet essai qui développe des concepts intellectuels assez compliqués.
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La Pensée straight

Monique Wittig compare constamment la situation des femmes à celle des serfs, des peuples colonisés et des personnes esclavagisées. Il y a également une comparaison qui est faite avec la Shoah. Elle parle de la bourgeoisie comme s’il n’y avait pas de bourgeoises, des hommes blancs comme s’il n’y avait pas de femmes blanches. Elle ignore complètement en quoi la fabrique du féminin est aussi une fabrique coloniale. La « femme », ce mythe qu’elle dénonce avec ardeur, est aussi une entreprise coloniale réussie et de laquelle elle tire un profit en tant que femme blanche, qu’elle le veuille ou non.



Elle s’oppose à la domination des hommes, mais désire l’universel comme seuls le revendiquent ces mêmes hommes qu’elle condamne, incapable de se situer elle-même sur l’axe des privilèges et des dominants. Elle parle des lesbiennes comme de personne s’élevant au-dessus des catégories sexuelles, car elles n’appartiendraient aux hommes sur aucun plan (que ce soit économiquement, politiquement ou idéologiquement). Or, les lesbiennes ont aussi des pères et des patrons, ce qui rend cette idée pour le moins curieuse. Je sais fort bien que la phrase « Les lesbiennes ne sont pas des femmes » est tout sauf une insulte. Je le comprends parfaitement et l’intention de Wittig en disant cela est limpide... C’est simplement que, pour que ce soit absolument vrai, il faudrait que les femmes vivent en dehors du capitalisme et du patriarcat, ce qui n’a aucun sens. De plus, lorsqu’elle déclare que « le régime politique de l’hétérosexualité représente toutes les cultures et toutes les politiques », elle ne prend pas conscience de l’importance des sociétés précoloniales qui ne connaissaient pas ou alors très peu les violences sexistes et sexuelles.



Enfin, elle parle de l’écriture féminine en ignorant le fait que le français a subi un processus de masculinisation et que ce qu’elle perçoit comme la féminisation condamnable de la langue française n’est en fait que la dé-masculinisation de celle-ci…



N.B. La préface de Louise Turcotte parle en termes désuets et peu renseignés des personnes trans et de leurs activismes (ça ne dure qu’une demi-page, mais ça peut tout de même être blessant à lire).
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La Pensée straight

Ces essais de Monique Wittig, écrits entre 1978 et 1988, constituent une source d'inspiration et d'outils théoriques permanente. La radicalité des analyses de celle qui fut des premières actions du Mouvement pour la Libération des Femmes n'a d'égal que leur limpidité. Les conclusions essentielles de ces textes sont que l'hétérosexualité, et les catégories "hommes" et "femmes" ne sont pas des données naturelles, mais bien un régime politique. Monique Wittig appuie sa démonstration sur la notion de classe, sur la critique de la notion d'"universel", et en passant par des parallèles entre les systèmes patriarcal, capitaliste et raciste. Dans les détails, on retiendra notamment la mise en évidence de l'oppression réelle, matérielle que peuvent exercer des discours (scientifiques, ou de communication de masse), sa mise en garde contre le "principe illogique de l'égalité dans la différence", et sa proposition de revendiquer l'abolition de la déclaration de sexe, puisque c'est une discrimination. Sa définition précise et combative du mot "féministe" donne bien le ton de cet ouvrage : "quelqu'un qui lutte pour les femmes en tant que classe et pour la disparition de cette classe".
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La Pensée straight

Lu il y a quelques années, relu récemment. Ma bible !

Les échos de Monique Wittig me suivent et me stimulent encore aujourd'hui. C'est à ça que je reconnais mes piliers personnels. Lecture coup-de-poing pour les non avertis !

J'ai besoin d'une 3ème lecture pour en faire une chronique digne du nom. C'est dire à quel point cet essai est dense et important pour moi !


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La Pensée straight

“Les lesbiennes ne sont pas des femmes”. C’est par cette phrase que Monique Wittig conclut en 1978 sa conférence intitulée “La pensée straight”. Une phrase-choc, qui dit bien toute la radicalité du propos de cette théoricienne mais qui ne peut se comprendre que dans le cadre plus large de sa pensée sur nos sociétés hétéronormées : si les lesbiennes ne sont pas des femmes au sens communément admis, c’est parce que leur sexualité constitue une rupture avec le contrat social hétérosexuel, dans lequel une femme ne se définit que par son appartenance aux hommes.



S'il s'avère d'un abord difficile, Le recueil La Pensée Straight permet cependant une première approche de cette pensée pionnière, qui postule que l’hétérosexualité est une idéologie destinée à maintenir l’emprise des hommes sur les femmes. A l’avant-garde des discours sur le genre, les œuvres de Monique Wittig continuent aujourd'hui d'ébranler l'ordre établi et de questionner nos certitudes.
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La Pensée straight

Monique Wittig (1935-2003), française, auteure, une des fondatrices du MLF. Elle fit partie de celles qui, en 1970, déposèrent une gerbe de fleurs à la femme du soldat inconnu, qui signa le Manifeste des 343. Elle quitta le MLF et la France en 1976, parce que les féministes lesbiennes sont systématiquement écartées par les «hétéroféministes». Elle trouve refuge aux USA, elle donne des conférences et deviendra professeur dans le domaine des Women’s studies à l’université d’Arizona, à Tucson.

‘La Pensée straight’ est d'abord paru en anglais ‘The Straight Mind’, en 1979.

Sa théorie est qu’il faut dépasser, détruire politiquement, philosophiquement et symboliquement les catégories d’«homme» et de «femme». ‘La Pensée straight’ (qu’on pourrait traduire par ‘Pensée hétéronormative’), explique que l’hétérosexualité est une pensée qui a été construite au cours des siècles, mais n’est en rien un donné naturel comme elle le fait croire. Wittig considère l’hétérosexualité non pas seulement comme une sexualité, mais comme un régime politique.

Le féminisme analysait le patriarcat comme un système fondé sur la domination des femmes par les hommes. Wittig va plus loin, elle se questionne sur la définition des catégories «homme» et «femme». Si ces deux catégories ne peuvent exister l’une sans l’autre, les lesbiennes, elles, n’existent que par et pour les femmes: où donc se situent-elles?

Si ce qui fait une femme, c’est une relation sociale particulière à un homme, relation historiquement de servage, qui implique des obligations personnelles, physiques, économiques alors, la conclusion choc de Monique Wittig est: «Les lesbiennes ne sont pas des femmes.»


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