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Citations de Muriel Salmona (103)


La subversion de la psychanalyse, qui s'est opéré avec la révélation de l'importance de l'inconscient et donc de la remise en question de l'illusion de maîtrise de l'homme sur sa psyché et ses désirs, n'est pas allée jusqu'à la remise en question des rapports de force sociaux, des inégalités et de la discrimination subie par les femmes.
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Cette confusion entre violence et sexualité participe aussi au maintien de l'inégalité entre les sexes, mais elle prive une majorité d'hommes et de femmes d'un accès à leur sexualité et à une véritable rencontre amoureuse faite de respect, d'échanges et de découverte de l'autre.
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Ils [les auteurs de violence] font souvent appel à leur liberté pour revendiquer leurs droits à commettre des violences. Cette liberté serait une valeur supérieure, la liberté de faire ce que bon leur semble dans leur famille, leur couple, liberté sexuelle. Et limiter cette liberté serait alors une oppression ou un retour à des valeurs réactionnaires. Avec ce raisonnement, ils se permettent de taxer de personnes moralisatrices, rétrogrades, voire fascisantes, toutes celles qui s'élèvent pour dénoncer ces violences.
Or la liberté de chacun est soumise à des limites, elle s'arrête là où commencent la liberté et les droits d'autrui. Le droit prévoit des restrictions de droits et surtout de libertés. Il en est ainsi de la Convention européenne des Droits de l'Homme. La liberté n'a de sens que dans un monde juste où l'égalité de droits de chacun est respectée. La liberté suppose le respect de la loi et elle doit être la liberté de tous, des forts aussi bien que des faibles : liberté, loi et égalité sont indissociablement liées. Si tel n'est pas le cas on aboutit comme le fait remarquer Karl Marx à « la liberté du renard libre dans le poulailler libre... ». Et nous pouvons reprendre la phrase célèbre de Lacordaire : « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit. »
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La victime n'est pas responsable de la violence exercée contre elle. Rien de sa personne ni de ses actes ne justifie la violence. La victime est toujours innocente d'une violence préméditée qui s'abat sur elle. Ce n'est pas à elle, contrairement à ce qui est si souvent dit, de faire en sorte que la violence n'explose pas. Ce n'est pas à elle de dire non, c'est à l'agresseur potentiel de se contrôler et de se gérer, de se préoccuper du consentement de l'autre, en sachant que céder n'est pas consentir et encore moins désirer. Une absence de non, un oui ne dédouane pas pour autant, encore faut-il s'assurer que ce oui est libre de toute contrainte.
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Muriel Salmona
Des évènements traumatiques majeurs peuvent avoir un un effet de sidération du psychisme qui paralyse la victime, l’empêche de réagir de façon adaptée, et empêche son cortex cérébral de contrôler l'intensité de la réaction de stress et sa production d'adrénaline et de cortisol. Un stress extrême, véritable tempête émotionnelle, envahit alors son organisme et - parce qu'il représente un risque vital (pour le cœur et le cerveau par l’excès d’adrénaline et de cortisol) (Yehuda, 2007) - déclenche des mécanismes neurobiologiques de sauvegarde qui ont pour effet de faire disjoncter le circuit émotionnel, et d'entraîner une anesthésie émotionnelle et physique en produisant des drogues dures morphine et kétamine-like (Lanius, 2010).

Ce mécanisme fait disjoncter les circuits émotionnels et ceux de la mémoire, et entraîne des troubles dissociatifs et de la mémoire, responsable d’amnésie traumatique et d’une mémoire traumatique.
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Muriel Salmona
Les troubles psychotraumatiques sont des conséquences normales et universelles des violences qui s’expliquent par la mise en place de mécanismes neuro-biologiques et psychiques de survie face à un stress extrême.
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Par le biais de la mémoire traumatique, les agresseurs restent éternellement présents à imposer aux victimes les mêmes actes atroces, les mêmes phrases assassines, la même souffrance délibérément induite, la même jouissance perverse à les détruire et à imposer leurs mises en scènes mystificatrices.
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Les femmes qui subissent des violences sexuelles ont beaucoup plus recours à des consultations médicales, à des soins en urgence, à des hospitalisations en médecine et en psychiatrie, et à des arrêts de travail.
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Pour que chaque victime puisse retrouver comme me le disait une patiente "le droit à vivre, à exister, à être enfin soi-même."
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De plus, face aux nombreuses situations d'incestes auxquelles je me trouvais confrontée, la référence au complexe d'Oedipe devenait non seulement inopérante mais injuste et insupportable!
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En 20 questions-réponses précédées par un état des lieux en 12 points, il s’agit de donner des informations fiables et précises sur la réalité de ces violences, sur les droits des enfants, sur l’état des connaissances scientifiques sur l’impact de ces violences sur les comportements des enfants et leur santé physique et mentale, et enfin de déconstruire tout ce qui fait le lit de cette culture de la violence sous couvert d’éducation.
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Les viols, qui sont des violences exercées dans le cadre de la sexualité, ne sont pas assimilables à une forme de sexualité, ce sont des crimes
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Muriel Salmona
Je pense qu’il faut en finir avec la vision pornographique de la sexualité que nous imposent la société et l’industrie du porno. Nous sommes contaminés par une vision instrumentalisant les femmes, censées aimer des actes sexuels violents ou humiliants. Le porno érige en norme le fait que les femmes soient des corps à la disposition des hommes. Il est aussi globalement considéré « normal » que la sexualité masculine soit irrépressible et violente, ce qui aurait pour conséquence également « normale » que ce sont les femmes qui doivent la contrôler en faisant attention à leur comportement !
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Toutes ces prises en charges font l’impasse totale sur les violences à l’origine des troubles et n’identifient pas les symptômes comme des conséquences psychotraumatiques, les troubles psychiques étant considérés comme endogènes
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Le monstre inhumain est un monstre de pacotille tout simplement humain
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j’ai pu élaborer une synthèse entre clinique psychiatrique et recherche neurobiologique et établir un modèle théorique permettant de mieux comprendre ce qui est à l’origine de toutes les conséquences psychotraumatiques les plus graves : la mémoire traumatique
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Les victimes sont trop peu informées de leurs droits. Elles ne savent pas qu'elles peuvent porter plainte dans n'importe quel commissariat ou gendarmerie, et qu'en dehors d'une situation d'urgence (nécessité de protection immédiate ou recueil de preuves) elles peuvent prendre rendez-vous pour être reçues par un policier ou un gendarme référent formé spécifiquement, ou bien porter plainte directement auprès du procureur de la république, avec une simple lettre accompagnée ou non de témoignages et d'un certificat médical.
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Plus les violences ont lieu tôt dans la vie des victimes, plus elles ont été obligées de se construire avec ces émotions et ces sensation de terreur, avec ces actes et ces propos pervers, à devoir lutter contre eux sans les comprendre et sans ne plus savoir où se trouve la ligne de démarcation entre elles et cette mémoire traumatique. La mémoire traumatique les hante, les exproprie et les empêche d'être elles-mêmes, pire, elle leur fait croire qu'elle sont doubles, Docteur Jekyll et M. Hyde, voire triple : une personne normale (ce qu'elles sont), une moins que rien et une coupable dont elles ont honte et qui mérite la mort (ce que l'agresseur a mis en scène et qu'elles finissent par intégrer puisque cela tourne en boucle dans leur tête), une personne enfin qui pourrait devenir violente et perverse et qu'il faut sans cesse contrôler, censurer (ce même agresseur tellement violent et envahissant à l'intérieur d'elles-mêmes qu'elles finissent par le confondre avec elles-mêmes).
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Nous avons vu que malgré tous leurs efforts pour survivre, c'est à elles [aux victimes] qu'on va demander des comptes et non aux agresseurs. On leur reproche les stratégies de survie qu'elles mettent en place. Leur stratégie d'évitement sera mal vue, on leur reprochera leur "timidité", leur manque d'entrain, leur incapacité à aller de l'avant, à "affronter" la vie, à se "battre" (alors qu'elles ne font que cela), on leur reprochera leur manque d'initiative, ce courage, leurs échecs, on ne supportera pas qu'elles s'isolent, qu'elles refusent le contact, qu'elles soient plongées dans leurs rêves ou dans des activités (sauf si ces activités ont une haute valeur sociale comme les études, la musique, le sport), qu'elles ne soient pas attentives et concentrées.
Quant à leurs stratégies dissociantes, elles seront l'objet de jugement très négatifs quand il s'agit de conduites addictives comme la consommation d'alcool ou de drogues ; les conduites à risque leur seront amèrement reprochées et feront l'objet d'une grande incompréhension. On leur reprochera leurs symptômes psychotraumatiques : aux enfants, l'agitation, l'irritabilité, l'agressivité, l'inadaptation aux règles de la vie en collectivité, les troubles de l'alimentation et du sommeil, les difficultés scolaires, les troubles de l'attention ; aux adultes, d'être continuellement tristes, dépressives, n'ayant jamais envie de rien, ayant peur de tout, anxieuses, phobiques, insomniaques, toujours éternellement fatiguées et se plaignant de douleurs, toujours malades, irritables, désagréables, frigides, d'être des éternelles victimes. On leur renvoie ainsi qu'elles ne comprennent rien à la vie, qu'elles sont incapables de se bouger ou de se contrôler qu'elles n'ont aucune volonté.
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La sexualité est un domaine de l'activité humaine saturé de violence. Les stéréotypes sexistes, la domination masculine et les idées fausses concernant la sexualité masculine permettent une équivalence entre sexualité et conduite dissociante agressive « légale », et amènent à tolérer la prostitution, la pornographie et les conduites sexuelles violentes entre adultes dits « consentants ». Cette confusion entre sexualité et violence est entretenue par l'utilisation d'un vocabulaire et d'un discours dégradant sur la sexualité : la majorité des injures sont à connotation sexuelle, les blagues, les sous-entendus, les remarques « graveleuses » abondent, tandis que le champ lexical de la sexualité est souvent guerrier et criminel ou bien faisant référence à la chasse (Baldeck, 2010). Cette confusion entre sexualité et violence permet de véhiculer une image dégradée de la femme, réduite et morcelée en tant qu'objet sexuel, omniprésente dans les médias, la publicité, le cinéma et une bonne partie de la presse. Elle crée aussi une vision prédatrice et pulsionnelle de la sexualité masculine, avec des rôles caricaturaux distribués aux hommes et aux femmes.
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