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Citations de Nadejda Mandelstam (73)


Akhmatova entretenait des relations profondément personnelles avec une quantité inouie de gens (quand on a eu cessé de risquer la prison pour être ami avec elle), et elle se regardait en eux comme dans un miroir, on aurait dit qu'elle cherchait son reflet dans leurs pupilles. Ce n'est pas du tout de l'égocentrisme mais, là aussi, un don supérieur de l'âme, car elle s'offrait elle-même à chacun de ses amis en toute générosité, elle vivait en eux comme dans des miroirs, elle cherchait en eux l'écho de ses pensées et de ses sentiments. C'est pourquoi, au fond, peu importe à qui sont adresses ses vers, ce qui compte, c'est elle-même, qui reste toujours immuable, se déployant toujours selon ses propres lois intérieures.

p. 89.
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De tout ce que nous avons connu, le plus fondateur et le plus fort, c'est la peur et son dérivé
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Il est difficile d'être poète, il est difficile d'être femme de poète, mais il est absolument impossible d'être à la fois femme et poète. A.A.a trouvé en elle- même la force d'être à la fois l'une et l'autre, mais pour l'une comme pour l'autre, le prix à payer a été élevé. (p.96)
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Le seul fait d'écrire suscite une attirance pour les hommes et renforce le lien avec eux.Le flux poétique vient des hommes
( les vivants et les morts) et va vers eux.Il est fait pour les hommes.Chaque personne est un vase d'élection si elle n'a pas renoncé à son humanité, si elle ne se prend pas pour une raison supérieure ayant le droit de disposer des destins du menu fretin humain.(p.79)
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Avant-propos de la traductrice, Sophie Benech

Or sa poésie a profondément évolué depuis les années 20, l'histoire s'y est engouffrée avec son cortège de malheurs- morts, persécutions, arrestations, exécutions, guerre- donnant à sa voix une ampleur qui n'a fait que croître. " La voix du renoncement se fait toujours plus forte dans les vers d'Akhmatova, avait déjà remarqué Ossip Mandelstam.Et aujourd'hui, sa poésie tend à devenir un des symboles de la grandeur de la Russie."De fait, les tragédies qu'elle a connues se fondent si bien dans celles de son peuple et de son pays que sa poésie, profondément lyrique et personnelle, a acquis depuis longtemps une dimension universelle et même épique. " ( p.23)
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( *A propos de l'enterrement d'Anna Akhmatova)

Le directeur du cimetière de Komarovo avait fini par céder à condition qu'aucun service religieux ne soit célébré sur la tombe.Si vivre, chez nous est difficile et presque impossible, mourir n'est pas facile non plus. Même ce dernier chemin est compliqué par les milliers d'ordres et de décrets, sans parler du fait qu'un cercueil est presque une denrée déficitaire. ( p.50)
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Comment se fait-il que trois têtes en l'air pleines de courants d'air qui n'en faisaient qu'à leur guise, trois personnes incroyablement écervelées- A.A, O.M. et moi-aient su préserver, sauvegarder et conserver toute leur vie cette triple union, cette amitié indestructible ? Nous étions tous tentés par autre chose- faire la roue, trouver une flûte pour charmer les rats "danser devant l'Arche sainte..." ***nous nous faisions enrager les uns et les autres, nous nous efforçons de nous remettre mutuellement les idées en place, mais notre amitié et notre union étaient inébranlables.

***citation du - Poème sans héros- d'Akhmatova

( p.74)
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L'opinion des autres est contagieuse. C'est une infection aigüe. Mais pourquoi parler des altérations qui déforment l'image qu'on se fait d'une personne ? Tous les événements historiques nous parviennent modifiés par les déformations particulières avec lesquelles ils se sont reflétés dans la conscience des contemporains.Les faits sont façonnés par les notions ( les conventions) qui prédominent dans une société, ils s'adaptent aux idées communes qui rendent les gens sourds.( p.63)
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Je n'ai toujours pas décidé de ce qui est le plus à plaindre, des hommes ou des choses.Quand on détruit un homme, il reste des cendres, et son souvenir disparaît peu à peu.On s's'en souvient, on s'en souvient, et puis un beau jour, on l'oublie, la vie continue...la destruction d'un monument d'architecture ou d'une œuvre d'art reste bien plus longtemps dans les mémoires : la cathédrale de Reims, les églises de Moscou ou, de façon générale, les petites églises russes...J'éprouve une peine insupportable pour les gens, j'ai tellement pitié d'eux que je suis prête à donner tous les monuments du monde en échange de leur vie...Mais je regrette tant les poèmes perdus, mon cœur me fait si mal quand je pense aux icônes anciennes que l'on a débitées à la hache, aux merveilleuses petites églises que l'on a démantelées brique par brique, que je suis prête à donner ma vie ( la mienne, bien sûr, pas celle des autres) pour les sauver du vandalisme. Je n'arrive toujours pas aujourd'hui à décider laquelle de ces pertes est la plus terrible.
" Je sais pourquoi on ne pouvait pas laisser les gens sortir de Leningrad, m'a dit A.A. (*** Anna Akhmatova )peu après la levée du blocus.Il fallait qu'ils sauvent la ville." Oui, ils ont sauvé cette merveille d'architecture qu'est Leningrad, mais combien d'entre eux ont péri, rendus fous par la faim et les souffrances? Les choses ou les gens ? Qu'est-ce qui fait le plus de peine ? ( p.66)
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Avant-propos de la traductrice, Sophie Benech

- "Le Requiem", magnifique cycle de poèmes donnant la parole à tout un peuple, n'a été publié en Russie qu'en 1987, et un grand nombre de ses vers écrits depuis les années 30 ne sont parus dans son pays que dans les années 90.
Mais jusqu'à la fin des années 80, jusqu'à la perestroïka, l'oeuvre d'Anna Akhmatova a toujours continué à vivre et à circuler clandestinement à travers l'URSS.(p.25)
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Avant-propos de la traductrice, Sophie Benech

Ce que dit Joseph Brodsky à propos d'Akhmatova pourrait en partie s'appliquer aussi aux trois poètes (*Boris Pasternak, Ossip Mandelstam, et Marina Tsvétaïeva): pendant soixante-dix ans, leurs vers ont été un refuge et un soutien pour des centaines de milliers de personnes.Après sa libération, Chalamov écrivait à Pasternak : " Vos vers, on les récitait comme des prières. (...) Vos poèmes possèdent une vie, une force auxquelles, je le répète, des gens sont restés des êtres humains. "
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Lorsque tous les peuples s'engageront sur la même voie que nous, ils apprendront que la liberté, c'est la conscience de la nécessité.
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Mais chez le poète en disgrâce,
La Muse et la Peur veillent tour à tour,
Et s'avance une nuit
Qui ne connaît pas d'aube.

Anna Akhmatova à Ossip Mandelstam, 1936.

(page 217).
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Varia nous montrait le livre où, sur l'ordre de l'institutrice, les portraits des dirigeants étaient recouverts l'un après l'autre d'une épaisse feuille de papier, au fur et à mesure qu'ils tombaient en disgrâce.

A chaque nouvelle arrestation, les gens passaient au crible leur bibliothèque et jetaient au feu les oeuvres et autre " littérature subversive ".
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Pour plonger le pays tout entier dans un état de peur chronique, il faut que le nombre de victimes atteigne un chiffre astronomique, et il faut balayer plusieurs appartements dans chaque immeuble.

Les rescapés où est passé le balai resteront jusqu'à la fin de leur vie des citoyens modèles.

Mais il ne faut pas oublier les générations montantes et renouveler l'opération à intervalles réguliers.
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" La poésie, c'est le pouvoir " dit, un jour, Mandelstam.

Il n'en démordait pas : si on tuait des gens à cause de la poésie, c'est qu'on la respectait et qu'on l'honorait, qu'on la craignait, et qu'elle représentait une force...
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Nous avions tous adopté la solution de facilité :

Nous nous taisions, espérant que ce serait le voisin qui serait tué, et pas nous.

Nous ne savons même pas lequel d'entre nous, par son silence, participait aux crimes, et lequel simplement sauvait sa peau.
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Outre les gens contraints à " collaborer", les volontaires étaient légion.
Toutes les administrations regorgeaient de dénonciations.

J'ai entendu un inspecteur du ministère de l'Instruction publique demander aux enseignants de ne plus envoyer de dénonciations, et les prévenir que les lettres anonymes ne seraient même plus lues.
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" A présent tout est clair : on vous met sur la tête un bonnet de fourrure et on vous expédie illico presto dans la taïga." De là sont nés les vers :

Là-bas, derrière les barbelés,
Au coeur de la taïga profonde,
On mène mon ombre à l'interrogatoire.
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Il était hallucinant de voir à quel point les spécialistes étrangers de littérature ne comprenaient rien à notre vie, ils ne se doutaient même pas que chez nous, l'absence de publication ne signifiait pas du tout l'interruption du travail poétique.
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