Citations de Nathalie Hug (153)
Déchirée entre ce qu'elle pourrait être et ce qu'elle avait été. L'âme d'une femme incendiée par la vie, perdue entre deux rives.
Naquit alors un nouveau silence dans le silence ; le silence hostile de l'homme méfiant se mua en tendre attention.
On dit souvent que les gens qui s'aiment sont seuls au monde et qu'ils n'ont pas d'histoire à raconter. Non parce qu'ils n'ont rien à dire, mais parce que rares sont ceux qui les comprennent.
P319
- Quelle est votre histoire favorite ?
- Elle est en train de s'écrire à l'instant où nous parlons.
P108
Je fis le vœu secret de vendre mon âme au diable, pour que dure à jamais notre histoire. Et le diable, perfide. me chuchota qu'Edward ne m'appartiendrait jamais, car il était déjà le sien.
L'histoire de notre profession est absurde, m'avait confié Anne. Au début du siècle dernier, aucun médecin sortant de la faculté n'était formé à l'obstétrique. Ceux qui désiraient apprendre l'art de l'accouchement et de la chirurgie gynécologique étaient instruits par une sage-femme.Cent ans plus tard, ces mêmes médecins nous interdisent l'usage des forceps ou de la césarienne, sous peine d'être emprisonnées, au prétexte inavoué que nous sommes des femmes, donc inaptes et ignorantes.
- Dieu me punit tout le temps, murmurai-je, il ne peut pas s'en empêcher.
- Dieu n'a rien à voir là-dedans, affirma la sage-femme. Crois-moi. Les hommes sont assez stupides pour s'entre-tuer et martyriser les femmes. Et après, on comptera les morts sur le front en oubliant toutes celles qu'on a assassinées autrement.
À l’approche de l’archipel des Hébrides, le grondement de l’océan céda la place au silence. Une brume teintée de crépuscule enveloppa le petit chalutier dont j’étais l’unique passagère, de la passerelle au sommet du portique et de la poupe à la proue dont je ne distinguais plus le bastingage. Elle avala le ciel, noya les casiers sous ses nuances pourpre et or et rampa sur le pont détrempé.
Ne subsista qu’un léger clapotis, aussi espiègle que le rire de Logan, son capitaine, quand il menait un étranger dans ces contrées battues par les tempêtes : et hop ! son pas décidé sur le ponton et hop ! l’embarquement d’un bond agile et hop ! les amarres larguées en un tournemain tout en annonçant le départ.
Avec un tel maître à bord, il suffisait de se laisser guider. Le gilet de sauvetage qu’on ne savait par quel bout prendre paraissait simple à enfiler et les consignes de sécurité aisées à retenir.
À travers les embruns, j’observai sa barbe en broussaille, ses dents serrées sur le bec de sa pipe, ses lèvres arrondies sur le tuyau, son pouce et son index sur le bol en écume, un œil rêveur posé sur les braises rougeoyantes qu’il attisait, l’autre acéré, rivé sur la carte et le compas.
Le vieil homme et la mer.
Son baiser avait le goût des pages qui se tournent, et c'était bon.
Ici, en Écosse, chaque jour valait une vie entière.
Mon grand-père prétendait que dans les familles heureuses, l'amour se démultiplie, qu'il y en a toujours pour chacun: les petits, les grands, ceux qui sont encore à la maison, ceux qui sont partis, ceux qui sont morts et meme ceux qui ne sont jamais nés, et que c'est à travers cet amour-là qu'on est parent.
Lorsque j'étais avec Edward, peu m'importait les murmures du monde.
Edward est de ces êtres qui se cachent pour souffrir, loin du regard de ceux qu'il aime.
Nul ne craint plus les revenants que celui qui croit aux esprits.
Ce sont les gens, qui font les maisons et non l'inverse.
Il disait que les cauchemars ne sont pas destinés à réveiller les peurs, mais à aider le rêveur à les vaincre.
Se contenter d'un mensonge est parfois la plus belle preuve d'empathie qui soit.
Qu'il tarde à m'emporter ou m'abandonne au milieu de la nuit, je ne courrais jamais après le sommeil. Tel un amant volage, il était de ceux qu'il valait mieux ignorer que désirer, pour espérer que peut-être, il vous enlève.
Quel autre chagrin que le deuil chercherait-on à fuir si loin de chez soi ?
Vivre au sein des falaises offrait la plus belle vue du monde, à condition qu'on accepte de partager avec la pierre la froidure, l'humidité et l'odeur des embruns.