Citations de Nathalie Kuperman (229)
L’ennui nous habitait tous les trois et nous étions incapables de prendre une décision pour y remédier. Ce qui tentait les uns ne tentait pas les autres. Nous étions des épaves sur un radeau.
La peine a fait place à la haine et j'ai sifflé entre mes dents : Tu nages, tu coules, tu nages, tu coules, tu coules, tu coules, et tu ne reviens jamais.
J'ai eu mal au cœur. J'ai grimpé les marches quatre à quatre pour rejoindre le pont et me suis penchée. J'ai vomi le clafoutis, j'ai vomi la journée, j'ai vomi Maurice et ma mère, leur mariage en carton-pâte, j'ai vomi les circonstances.
J’étais, à ce moment précis, sans émotion. Et, si j’essaie de retrouver la trace d’un sentiment, je crois que j’étais fière d’appartenir à la race des poissons. C’était l’un des derniers cadeaux que m’offrait ma mère en me hissant jusqu’à elle avant qu’elle ne me lâche et que je ne m’enfonce dans des eaux vertigineusement profondes.
En dépit de toutes les résolutions que j'avais prises de ne plus l'aimer, puis finalement de l'aimer quand même, ne sachant plus que faire de l'embarrassante mère qui était la mienne, une reine, une folle, une sauvage, je me suis retrouvée dans un état d'abandon tel que j'ai lâché ma serviette pour lui offrir mon corps. Je voulais l'attendrir, la provoquer, la faire réagir. Je ne sais pas.
Je ne t'ai pas vraiment regardée, mais dès que l'on t'a détachée de moi, tu m'as manqué. Je me souviens même de m'être demandé pourquoi je t'aimais à ce point. Je ne trouvais pas tout ça très normal. Mais c'était là, l'amour. Comme une chose qui m'exaltait et me pesait à la fois.
« Si tu trouves ce que c’est, tu auras droit à un petit rien du tout couleur du temps. C’était l’expression de ma mère pour m’adresser une intention de cadeau qui ne se matérialisait pas. J’ai reçu plein de petits riens couleur du temps et les ai gardés précieusement comme on garde en mémoire des rires et des complicités.
Je suis le genre de fille très hypocondriaque. Rien qu'à le dire, je ressens une douleur intercostale qui m'évoque immédiatement le cancer du poumon. Oui, le dire - je suis hypocondriaque - m'effraie. Aussitôt, je me glisse dans la peau de celle qui pensait être hypocondriaque alors qu'elle était réellement malade, sans le savoir. J'ai beaucoup de difficulté à plaisanter à propos de mes maladies imaginaires, craignant qu'une grave maladie bien réelle ne se venge parce que je ne l'ai pas prise au sérieux.
Je ne supporte pas qu'on me pose la question "Et les amours?" avec le point d'interrogation qui n'en finit pas de se tortiller en un petit sourire malveillant.
L'homme de ma vie est mon présent de chaque instant. C'est la jouissance de ce vide qui existe en moi et qui agit comme une enveloppe quand les grands froids menacent
J'ai marché tout doucement pour savourer chaque pas que je faisais en direction de Gaëtan. J'ordonnais à mon cœur de battre moins vite. Mais essayez de parlez à votre cœur quand vous êtes amoureux: il ne vous écoute pas !
J'ai foncé comme une dingue vers là sortie du square. Sur le chemin qui me ramenait à la maison, j'ai continué à courir. J'avais sacrément besoin de dépenser mon énergie. Je suis arrivée devant chez moi hors d'haleine et j'ai dû m'arrêter pour reprendre mon souffle (et mes esprits).
En tournant la clef pour ouvrir la porte, j'ai su que je n'était plus toute à fait la même fille.
Là (est-ce que c'est utile de préciser que mon cœur battait à la chamade ?), je me suis sentie à la fois la plus heureuse du monde et la plus mal à l'aise.
En me remémorant des situations qui, sur le moment, ne m'ont pas plus émue que ça, j'éprouve des émotions qui aujourd'hui me submergent.
Non, je suis destinée à attendre. J'aimerais devenir la personne en retard, être celle qui fait patienter l'autre, avoir ce courage, cette liberté. Je m'en sens incapable.
Les gens qui ne doutent pas me font peur, et pourtant je les admire. Je n'aimerais pas être comme eux, et pourtant je les envie.
Peut-être est-ce aussi la phrase du titre qui m'a tant bouleversée. Nous ne vieillirons pas ensemble quand tant d'hommes vous disent: Je voudrais vieillir avec toi, et que jamais vous ne les croyez, parce qu'il est impossible pour un homme d'avoir vraiment envie de vieillir à côté d'une femme. Ou si peu d'hommes.
Ma fille a enfin disparu dans sa chambre et je ne peux m'empêcher de poser une dernière question à Siri homme "Qu'est-ce que je vais faire de la vie ? " Le lâche me renvoie sur le Web intitulé "Qu'est-ce que je vais faire de la vie ? "et je me retrouve à lire les commentaires des suicidaires qui proposent des solutions pour que le grand saut soit sans retour possible.
D'abord, le plaisir de donner à voir combien la vie est intéressante, à supposer que celui qui écoute l'ait oublié, qu'il ne voyage pas ou qu'il n'ait pas de famille...., bref, elle poursuit son voyage culturel à travers nous, qui l'écoutons avec un intérêt certain.
- Emi veut savoir si cette fille est plus jolie qu'elle !
Emi est furieuse. Elle serre les poings, mais pour rien au monde elle ne s'abaisserait à avouer que c'est la véritable raison.