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Critiques de Nathan Hill (177)
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Les fantômes du vieux pays

En cette rentrée littéraire 2017, les éditions Gallimard nous présentent le premier roman d'un auteur prometteur mais inconnu, Nathan Hill. Ce pavé, "The Nix", a fait sensation aux Etats-Unis avant de s'exporter sur le vieux continent sous le titre "Les fantômes du vieux pays".

Le synopsis est prometteur, une femme s'attaque gentiment à un candidat à la présidence américaine en lui lançant des graviers au visage. Réputée activiste de gauche, elle est menacée de lourdes sanctions pour s'être attaqué à un extrémiste de droite. Pour la sauver, il faut recueillir des témoignages pour souligner son caractère dépolitisé et inoffensif, et qui de mieux que son fils, écrivain de son état, pour assurer se défense. Là où le bât blesse, c'est que ce même écrivain a été abandonné par cette femme à l'âge de onze ans. Sentiments contradictoires, oedipes, retrouvailles, coeurs brisés, gros câlins, sortez les violons...on sent déjà le mélodrame sirupeux dégouliner.



On a tout de même envie de se plonger dedans car s'invite à ce traquenard une intrigue terroriste (terroriste oui, bien qu'il ne s'agisse que d'une poignée de cailloux jetée au visage d'un gouverneur) qui fait penser à la trajectoire d'une "American Pastoral" de Philip Roth. Sur le papier, la même formule, une activiste soixante-huitarde et militante anti Vietnam passant à l'action, sous le regard incrédule de sa famille. Il y a une peu de ça, mais non finalement. On passe les pages et on s'engouffre dans le passé de cette hippie, des années soixante à 2010, évoquant bien entendu un roman choral à la Ken Follet. Pas vraiment non plus, juste un zest.



En vérité, la structure du roman est inédite. Par technique de flash back, l'auteur revient sur la jeunesse de cette mère indigne, sur son présent aussi. S'y incruste aussi le passé de son fils, et son présent bien entendu. Somme toute, Nathan Hill balaie toutes les décennies américaines des 60's, à 2010, sous le regard de protagonistes différents.



Il s'agit en vérité d'un roman historique, ultra critique de la politique américaine contemporaine, dénonçant six décennies d'erreurs sociales et sociétales. De la guerre du Vietnam aux extrémistes radicaux, de l'Irak aux scandales pédophiles, de l'ultra consumérisme à la digitalisation excessive etc. Le rapport « mère fils » ici, ainsi que l'élément provocateur de leurs retrouvailles, ne sont que des circonstances pour dénoncer ce passé.



Pour faire corps et donner plus d'impact, l'auteur ne tombe pas dans la facilité en tenant à jour son inventaire de erreurs de l'Amérique moderne. Non, pas du tout, il digresse. En effet, de digressions en digressions, l'auteur fait intervenir des personnages sans aucun rapport ni avec l'intrigue, ni avec les principaux protagonistes. Ils n'ont strictement aucun lien avec la construction de l'intrigue mais ont leur rôle à jouer dans le message que Nathan Hill veut transmettre. Ainsi, il entrera dans la peau d'une étudiante vulgaire et stupide pour dénoncer le système universitaire américain, il prendra les traits d'un joueur de jeux vidéos abruti et obèse pour mettre en garde contre les dangers de l'internet. Il s'imaginera encore responsable marketing d'une société de plats surgelés pour critiquer le consumérisme outrancier etc...



ça peut paraitre bizarre d'impliquer des rôles sans intérêt ni rapport, si ce n'est que l'auteur les rend chaleureux et terriblement drôles. Avec un humour caustique, voire sadique, il relate leur quotidien, non pas faire avancer le récit, mais pour vomir sa haine de cette forme de modernité. Que c'est drôle, vraiment. Et rafraichissant aussi.

Pour donner encore plus de corps à ce récit accusateur, Nathan Hill change de rythme et de style d'écriture en passant d'un chapitre à un autre. On commence à rentrer dans le roman choral là, mais non pas pour que les protagonistes servent à l'intrigue ou l'histoire, mais pour que chaque protagoniste lui serve à dénoncer les facettes de la société qu'il entend accuser. Inédit je vous dis.



L'écriture fluide et facile et l'excellente traduction servent le roman, restituant un comique efficace. On rit beaucoup, on s'insurge autant, et on dévore les pages sans les mâcher.



C'est un succès, et l'auteur le sait, il tombe malheureusement dans la facilité. Nathan Hill maitrise si bien son style, son oeuvre est si patiemment travaillée (presque dix ans), qu'il en oublie de se freiner par moments. Les chapitres sont parfois inégaux, absence totale de descriptions et de longues pages de discussions pour certains, absence totale d'échange et description complète de paysages pour d'autres, inventaire de mots et utilisation excessive de synonymes....On sent le génie qui surfe si facilement sur ses pages qu'il se laisse aller.



Autre point faible, mais l'auteur ne peut réunir toutes les qualités, les scènes d'actions. Elles demeurent lentes et peu maitrisées, trainant en longueur et manquant de clarté. Ces quelques inconvénients alourdissent le récit sur la fin, manquant de conclure cette oeuvre par un feu d'artifice. Nous sommes heureux qu'elle prenne fin, sans oublier le plaisir que l'on a pris à la parcourir pendant plusieurs jours.



Nathan Hill et son premier roman demeurent des incontournables de la rentrée littéraire. Ce style inédit, cet humour féroce, cette critique acerbe sont autant d'arguments pour vous laisser manger par ce pavé. Et s'il continue comme ça, l'auteur deviendra vite un des grands auteurs américains de la décennie. Il y a des chances pour que "les fantômes du vieux pays" deviennent un incontournable dans quelques années.



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Les fantômes du vieux pays

Samuel est professeur d'université, écrivain raté et joueur compulsif sur une plateforme en ligne. Son éditeur menace de le poursuivre pour non remise de manuscrit, mais Samuel lui propose une nouvelle idée : un livre à charge contre sa propre mère. Faye Andresen-Anderson a en effet agressé le gouverneur républicain Sheldon Packer, passant en un jet de cailloux d'une parfaite inconnue à une pasionaria pacifiste, ou à une terroriste au passé trouble, selon les points de vue. Plus que tout autre, Samuel a des reproches à adresser à cette mère qui l'a abandonné quand il était enfant. « Un assassinat de papier, intimité, vie publique, tout y passe. [...] En fait, c'est comme si deux longues décennies de ressentiment et de douleur avaient enfin trouvé, pour la première fois, un exutoire. » (p. 83) Mais à mesure que Samuel creuse dans le passé de Faye pour comprendre qui est cette femme arrêtée pour prostitution et émeute en 1968 à Chicago, il découvre une personne complexe et fragile, victime impuissante d'injustices et de malentendus. « Il y a des choses que peut-être tu préférerais ne pas savoir. Les enfants ne sont pas obligés de tout savoir sur leurs parents. » (p. 251)



La construction de ce premier roman est magistrale. Les parties alternent entre l'été 1968 avec la jeunesse de Faye et son entrée à l'université, l'été 2011 durant lequel se déroule l'intrigue principale et l'année 1988 qui a vu l'abandon de Samuel par sa mère. En parallèle de l'histoire centrale se tendent deux intrigues qui se relâcheront au moment idoine : le désaccord profond entre Samuel et Laura, une étudiante menteuse et tricheuse, et l'amitié étrange entre Samuel et Pwnage, joueur en ligne complètement accro. La mécanique mise en place par l'auteur est digne du drame antique : tout concourt au final, sans que les personnages aient une chance d'échapper à l'enchaînement des événements. Les fils de la trame se rejoignent de manière un peu forcée à mon goût à la fin du roman, mais cela donne au texte l'ampleur des romans rocambolesques du 19e siècle. Et il ne faut pas oublier l'humour féroce que l'auteur distille dans ses pages : sa critique du capitalisme en la personne de l'éditeur de Samuel est savoureuse !



Le vieux pays est la Norvège d'où est originaire le père de Faye. Cet homme mutique au regard souvent perdu dans le lointain a pris avec lui des mythes et des histoires qu'il a presque rendus réels pour sa fille. Et il faut des décennies à celle-ci pour se libérer des fantômes qui pèsent sur son existence, tout comme il faut longtemps à Samuel pour comprendre les décisions de sa mère. « Si le temps guérit tant de choses, c'est qu'il nous dévie en des lieux où le passé semble impossible. » (p. 232) Ce roman parle du pardon que l'on peut accorder aux siens, mais aussi de résilience. La vie n'étant pas une histoire dont vous êtes le héros, il est impossible de revenir en arrière pour changer ses choix. En revanche, il appartient à chacun de tirer le meilleur de chaque situation. « Tu n'es pas le héros de cette histoire, c'est l'histoire qui décide pour toi. [...] Tu n'as jamais décidé que ta vie ressemblerait à cela – elle est juste devenue ainsi. Ce qui t'est arrivé t'a forgé. Tout comme le canyon ne choisit pas comment la rivière le sculpte. Il laisse l'eau dessiner ses contours. » (p. 365)



Cet énorme premier roman (700 pages !) de Nathan Hill est une plongée fabuleuse dans l'histoire des États-Unis, entre immigration et émeutes, industrialisation meurtrière et guerre sanglante, rêve américain et déception. Une grande lecture !!!
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Les fantômes du vieux pays

L’histoire démarre sur des graviers lancés sur un gouverneur conservateur, candidat à l’élection présidentielle. Bon exemple de la théorie des dominos : ces quelques graviers vont conduire à un fils qui retrouve sa mère et découvre des secrets bien cachés, à cette même mère de connaître enfin la vérité sur les fantômes que son père, d’origine norvégienne, avait emmenés avec lui lorsqu’il a émigré aux Etats-Unis.



C’est le genre de roman qui entremêle différents destins : celui de Samuel, professeur dans une université de seconde zone et écrivain raté, Faye dont la vie semble n’avoir été faite que de frustrations, Béthany, violoniste de renom mais qui souffre de la mort de son frère jumeau, Bishop, le frère de Bethany, qui semble ne s’être jamais remis d’un traumatisme durant l’enfance… J’ai employé le mot « destin » et non « vie », comme si chacun de ses personnages avait une destinée et que, quels que soient les choix qu’il fait, il se retrouve toujours renvoyé à elle. L’auteur fait d’ailleurs un parallèle entre la vraie vie et celle imaginaire dont on fait l’expérience dans les jeux vidéo ou les petits livres « histoires dont vous êtes le héros ». A certains croisements de votre vie, vous devez faire des choix et, seulement après, vous savez si c’est le bon choix ou pas. Pour certains, ils font systématiquement le mauvais choix et leur vie aurait pu être tout à fait autre si ils avaient fait des choix différents.



Le roman nous plonge également dans les émeutes de Chicago en 1968. Il nous raconte la vie des étudiants sur le campus, les aspirations de chacun, les réunions de groupe. Il nous ramène à une époque où l’on enseignait encore aux jeunes filles à être de bonnes épouses, ce qui devait être le seul but de leur vie. Pourquoi vouloir aller à l’université ? L’ancienne génération ne comprend pas ces jeunes aux cheveux longs qui se droguent et prônent l’amour libre. Nous subissons de plein fouet les violences policières.



J’aurais en revanche bien aimé en savoir plus sur la vie de Faye. C’est pour moi le personnage principal du roman. Nous apprenons petit à petit qu’elle est allée à l’université, pourquoi elle est rentrée épouser Henry pour finalement quitter sa famille quelques années après et comment tout cela a pu l’amener à, un jour, jeter de petits graviers. Mais j’aurais aimé savoir ce qu’elle a fait de sa vie, ce qu’elle a vécu. Il y a une grand blanc d’une vingtaine d’années qui j’aurais bien aimé voir comblé. C’est probablement ce que je reprocherais à ce roman.



Je crois savoir que c’est le premier roman de cet auteur qui me semble très prometteur.

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Les fantômes du vieux pays

Mon livre de l’année.

A travers l’histoire de Samuel, attachant et maladroit trentenaire dont l’enfance et la vie d’adulte sont déjà des romans à part entière, nous embarquons dans une machine à voyager dans le temps épique, soutenue par une écriture vive et intelligente. A partir d’une trame principale assez originale (dont une mère absente depuis 20 ans qui se retrouve à faire les gros titres pour avoir agressé un candidat républicain à la présidentielle), l’auteur nous balade avec son regard fin et piquant autour de sujets passionnants (et toujours d’actualité) comme les combats étudiants en 1968, la société de consommation, les clivages ville/campagne, ou le système politico-médiatique.

C’est captivant, c'est rocambolesque, avec ce qu’il faut d’ironie et d’humour. Et surtout, c’est très documenté : on sent les années de recherche et d’écriture (10 ans), le soin apporté à la contextualisation, et la justesse des multiples sous-histoires qui s’imbriquent et rythment le roman.

On ferme le livre avec le sentiment d’avoir vécu une grande histoire, qui captive autant qu’elle fait rire, qui interroge autant qu’elle instruit.

Vite, une adaptation en série !
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Les fantômes du vieux pays

Attention, ce roman de plus de 700 pages est un monstre au sens de démesuré voire d'excessif. Mais il tellement bluffant qu'il imprime longtemps l'esprit. L'auteur, qui signe là son premier roman, avoue y avoir travaillé pendant dix ans.

Chicago en 2011. Une femme d'une soixantaine d'années prénommée Faye lance des cailloux sur le gouverneur Packer, clone de Trump, alors en campagne pour l'élection présidentielle. Les médias s'emparent de cet incident qui aurait pu rester à l'état de fait divers si la « victime » n'avait pas été aussi célèbre. Ils fouillent dans le passé de la criminelle et découvrent qu'elle fut dans sa jeunesse une hippie extrémiste accusée de prostitution.

L'éditeur de Samuel, le fils de Faye, exige de son protégé qu'il écrive un livre sur sa mère. Cela fait des années que le jeune homme, professeur d'introduction à la littérature, doit livrer un roman pour lequel il avait reçu un confortable à-valoir. Au lieu d'écrire, Samuel consacre plus de quarante heures par semaine à « Elfscape », un jeu en ligne. Pour oublier que sa mère l'a abandonné ainsi que son père alors qu'il n'était qu'un enfant, du genre pleurnichard ?

Pour comprendre le geste de sa mère, il se plonge dans le passé de cette dernière. Et nous voilà embarqués en 1968, toujours à Chicago. Martin Luther King a été assassiné le 4 avril. Aux émeutes des ghettos afro-américains succèdent des manifestations étudiantes sévèrement réprimées par la police.

Aux deux personnages principaux, Faye et Samuel, se greffe une multitude de portraits croqués souvent avec humour  : Laura, l'étudiante superficielle et d'une bêtise crasse qui ne comprend pas pourquoi on lui demande d'analyser l’œuvre de Shakespeare sous prétexte que ce ne serait pas utile pour sa future carrière de marketeuse ; Pwnage, le geek, qui ne trouve de raisons de vivre que dans les jeux vidéo dont on apprend avec effroi les effets néfastes sur la santé ; le juge Charlie Brown à la vengeance chevillée au corps ; la gracieuse Bethany, violoniste accomplie, dont Samuel est fou amoureux ; Bishop, le jumeau de Bethany, qui paiera tout sa vie une blessure d'enfance ; le grand-père norvégien de Samuel qui vit dans la nostalgie de son pays ; Sebastian, un individu essentiel à la compréhension du roman... On rencontre même Allen Ginsberg, l'un des fondateurs de la Beat Generation, dont les positions pacifistes alimentent les discours des années 1960.

Bref, « Les fantômes du vieux pays » est une vaste fresque romanesque qui reconstitue la vie de ses personnages à la manière d'un puzzle en leur faisant endosser les travers de la société américaine : le cynisme et l'appât du gain du milieu de l'édition dont l'un des représentants se définit comme un « créateur de valeur » ; le sensationnalisme des médias qui déforment la réalité en toute impunité ; l'idéalisme béat dont celui d'Occupy Wall Street dont l'auteur dit qu'ils se révoltent contre des choses, en l'occurrence le capitalisme financier, qu'ils ne comprennent pas comme si les ancêtres hominidés avaient manifesté contre la sécheresse ; la malbouffe ; le puritanisme hypocrite...

Tout le monde en prend pour son grade !

Ce roman est aussi et surtout l'histoire d'une relation entre une mère et son fils qui pose la question suivante : peut-on faite table rase du passé et recommencer une autre vie en lui donnant un autre sens, une autre direction ?

C'est brillant, intelligent. Un vrai coup de cœur.

EXTRAITS

- Voilà comment sa mère les avait quittés, décida Samuel. Voilà de quelle manière elle était partie – imperceptiblement, lentement, bribe par bribe.

- Cette fois, c'est presque trop. Comment peut-on condenser autant de détails hallucinants dans un seul gros titre ? UNE HIPPIE EXTREMISTE, PROSTITUEE ET ENSEIGNANTE CREVE LES YEUX DU GOUVERNEUR PACKER LORS D'UNE VIOLENTE AGRESSION !

- Le livre, c'est juste l'emballage, le contenant.

- Romancier, décida-t-il, il serait aimé.

- Les choses que tu aimes le plus sont celles qui un jour te feront le plus de mal.

- Qu'est-ce qui est vérité ? Qu'est-ce qui est mensonge ? Au cas où tu n'aurais pas remarqué, le monde a à peu près abandonné le concept des Lumières selon lequel la vérité se construit sur l'observation du réel. La réalité est trop complexe et trop effrayante pour ça. C'est beaucoup plus facile d'ignorer tous les faits qui ne vont pas dans le sens de nos idées préconçues et de ne voir que ceux qui les confirment.

- L'idéalisme est le pire des fardeaux. Tout ce que tu feras après te semblera toujours fade. Tu seras toujours hanté, tu deviendras inévitablement l'être cynique que tout le monde veut que tu sois. Laisse tomber maintenant, les grandes idées, les bonnes décisions. Ainsi, tu n'auras rien à regretter plus tard.

- A la fin, il faut toujours payer ses dettes.
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Les fantômes du vieux pays

C'est un roman de premier de la classe, tant il est bien maîtrisé tout au long de ses 950 pages, mais avec une âme mélancolique.

Un professeur de littérature se voit contraint d'écrire la biographie de sa mère, qui l'a abandonné plus de 20 ans auparavant, et qui vient de devenir célèbre dans les Etats-Unis post-11 Septembre en jetant des cailloux sur un candidat républicain.

C'est l'occasion pour Nathan Hill d'écrire trois histoires en une, et surtout de proposer une féroce (mais sans doute juste) analyse de la société américaine actuelle et de celle de la fin des 60's. J'ai d'ailleurs découvert avec stupeur les émeutes de Chicago d'Août 68, dont j'ignorais tout.

Le style est agréable, l'intrigue est drôlement bien ficelée, les rebondissements sont inattendus, et les personnages sont attachants. Mais... il y manque un petit vent de liberté, un petit grain de folie, comme si l'auteur avait trop bridé son écriture. Ca reste toutefois un très bon roman, qu'il ne faut pas hésiter à lire.
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Les fantômes du vieux pays

« Quand Samuel était enfant et lisait une Histoire dont vous êtes le héros, il plaçait toujours un marque-page à l’endroit où il devait prendre une décision très difficile, de sorte que, si l’histoire tournait mal, il pouvait revenir en arrière et recommencer autrement. »



Malheureusement la vraie vie n’est pas ainsi faite. Pourtant, Samuel sait parfaitement où se trouvent les carrefours importants de sa vie : ce moment où sa mère a quitté le foyer, cet instant où il a perdu Bethany, la femme de sa vie, ce présent où il fuit une carrière de professeur désabusé pour se cacher dans le monde virtuel d’un jeu en ligne.



Jusqu’à ce qu’un avocat l’appelle au sujet de sa mère, Faye Andresen qu’il n’a pas vue depuis vingt cinq ans et qui est aujourd’hui accusée d’agression contre un candidat à la Présidentielle.

Voilà de quoi retourner dans le passé pour comprendre pourquoi sa mère en est arrivée là et surtout pourquoi elle l’a abandonné quand il était enfant.



Faye est la fille d’un norvégien qui a fui son pays pour des raisons mystérieuses mais en a gardé beaucoup de nostalgie et surtout la mémoire des légendes et fantômes de ce pays nordique. Une histoire de « nisse » et de porridge provoque chez la jeune Faye une première crise d’un mal qui ne la quittera plus.

« Il y a ce genre de moment dans toute une vie, un traumatisme qui vous fait voler en éclats, et vous transforme à jamais. »

Alors qu’elle devrait épouser Henry, le fils d’un fermier voisin, romantique et un peu niais, Faye part au Cercle, une université de Chicago. Chicago, une ville qui fait peur et qui va connaître à cette époque (1968) de graves émeutes dans lesquelles Faye se retrouvent embarquée.

Petit à petit, nous découvrons cette partie cachée de la vie de Faye.

Et en parallèle, nous suivons aussi le passé de Samuel. Sa rencontre avec Bethany et son frère Bishop.

Autant de personnages dont nous n’avons au départ qu’une parcelle d’identité, puis que nous saisissons au fur et à mesure dans leur ensemble.

« il n’y a pas une identité vraie cachée parmi de fausses identités. Mais plutôt une identité vraie cachée parmi de nombreuses autres identités vraies. »



Cette histoire romanesque des liens familiaux et amicaux prend forme dans une peinture assez caustique de l’Amérique des années 60 et de nos jours. D’un côté une révolte du milieu universitaire et hippie contre la guerre au Vietnam et de l’autre une jeunesse plongée dans le monde virtuel pour échapper aux routines du quotidien. Avec quelle que soit l’époque, la manipulation par les médias et politiques.

« Le danger de la télévision, c’est que les gens commencent à voir le monde à travers cette unique goutte d’eau. »







Les fantômes du vieux pays est un roman qui allie une histoire romanesque, une excellente analyse des rapports humains et une vision satirique du monde moderne. C’est un pavé qui ne prend toute sa puissance que dans son entièreté. Il faut donc s’accrocher sur les premières centaines de pages, passer au-delà des détails des vies et passions de chaque personnage pour extraire la substantifique moelle. Personnellement, si les personnages de Pwnage, geek très attachant, et de Laura, étudiante détestable, sont intéressants, leurs émois m’ont moins intéressée et éloignée de l’intrigue principale.

Même avec quelques longueurs, il faut tout de même reconnaître que ce premier roman est fort bien maîtrisé.
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Les fantômes du vieux pays

Quelle difficulté j’ai eu à entrer dans ce roman. Plus d’un mois pour passer un bon tiers du roman, et finalement… je ne regrette pas d’avoir persévéré ! J’ai lu en seulement trois jours les pages restantes. J’ai particulièrement apprécié l’histoire de Faye, la mère, en 1968 et l’épisode de la fameuse manifestation de Chicago. L’auteur y accélère le rythme en lien avec les événements décrits, avec des chapitres de plus en plus courts, de seulement quelques pages, qui donnent une bonne dynamique au roman. Ayant vu il y a peu de temps l’excellent film “Les sept de Chicago”, ce livre offre un beau point de vue complémentaire sur cet événement marquant.

C’est un bon roman pour qui aime la littérature américaine, même si le début est difficile à passer.
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Les fantômes du vieux pays

Nathan Hill, né en 1979 à Cedar Rapids dans l'Iowa, est un écrivain américain. Après un diplôme de journalisme à l'université de l'Iowa il obtient une maîtrise en écriture créative de l'université du Massachusetts. Il travaille un temps comme journaliste, avant d'enseigner à l'université en Floride et au Minnesota avant de publier quelques nouvelles dans diverses revues. Son premier roman qui paraît en 2016, Les Fantômes du vieux pays, vient d’être réédité en poche.

Le gouverneur Packer, candidat à la présidentielle américaine, est agressé en public par une femme d'âge mûr, Faye Andresen-Anderson, vite surnommée par les médias Calamity Packer. C’est la mère de Samuel Anderson, un professeur d’anglais à l’Université de Chicago, qu’elle a abandonné quand il n’était qu’un enfant, fuyant son foyer sans explication. Samuel est bientôt contacté par son éditeur - lequel lui avait versé une avance rondelette pour un roman qu’il n’a jamais écrit – qui menace de le poursuivre en justice. Acculé, le jeune homme lui propose un nouveau projet, un livre révélation sur sa mère, sensé la détruire. A ce stade, Samuel ne sait presque rien d’elle, si ce n’est qu’elle est d’origine Norvégienne (le vieux pays) et se lance dans la reconstitution minutieuse de sa vie. Une entreprise qui s’avèrera pleine de surprises…

On peut avoir des préjugés à condition de reconnaître qu’on a tort quand c’est le cas. Je déteste les gros livres, toujours trop longs à mon goût et je l’ai rabâché cent fois déjà ici, or je l’admets, ce roman de presque mille pages est excellent. Une exception qui confirme ma règle ?

Le bouquin se partage entre le présent (2011) et le passé (1968). De l’agression de Packer à la mystérieuse et secrète période de la vie de Faye au cours de l’été de tous les dangers à Chicago en 1968. Une année chaude pour Windy City, entrée dans l’histoire pour ses émeutes. Petit rappel des faits : Les émeutes de 1968 à Chicago commencèrent après l'assassinat de Martin Luther King le 4 avril 1968, tandis qu’en août de la même année, la ville fut le théâtre de nouvelles émeutes lors de la convention démocrate qui écarta le candidat anti-guerre Eugene McCarthy au profit d'Hubert Humphrey. L’enquête menée par Samuel va lui apprendre, à sa plus grande surprise, que sa mère était au cœur de ces évènements durant cet été et qu’ils la poursuivent jusqu’à ce jour.

Il faut saluer la prouesse de Nathan Hill qui va marier faits historiques et roman dans une intrigue carrément acrobatique mais qui a le mérite d’être crédible. Avec mille pages on a la place pour en raconter et l’écrivain ne s’en prive pas pour peindre une grande fresque sur l’Amérique vue par le petit bout de la lorgnette (bal de promo, abri antiatomique…) et donc très proche de l’Américain moyen. Tout ce qui fait notre époque est dans ce livre : les centres commerciaux et le capitalisme (« Il n’y a rien que le capitalisme ne puisse engloutir. Le non-sens, c’est sa langue d’origine. »), les réseaux sociaux, les régimes pour maigrir, les jeux de rôles, les mouvements féministes et contestataires des 60’… Il y est aussi question de la sexualité de l’époque, les rapports entre filles et garçons mais aussi de la guerre du Vietnam puis de celle en Irak. Vous croiserez Allen Ginsberg, Socrate et Platon qui s’invitent au banquet ( !). Voilà un échantillon de la toile de fond.

Quant à l’intrigue proprement dite elle est menée de main de maître, avec finalement peu de personnages, cinq ou six à peu près. Je n’en dis pas plus sur eux car entre 1968 et 2011, les destins des uns et des autres évolueront, se sépareront avant de tous se retrouver et ce, sans manquer d’étonner le lecteur qui n’en revient pas devant tant de virtuosité.

Le roman file à un rythme soutenu, la lecture n’en étant que plus aisée et les passages souriants sont nombreux. J’ai adoré les longues pages avec Laura Pottsdam, une étudiante de Samuel et personnage secondaire, avec sa logique crétine, à hurler de rire (perso, j’ai cru y voir Nabilla « Allô, non mais quoi ? »).

Pour le fond, le livre traite de nos personnalités multiples, celles que l’on montre volontiers aux autres et celles que l’on cache ; ainsi que des choix que l’on doit faire dans la vie, tout l’art résidant dans le moment où les faire.

Un roman que je vous recommande fortement.

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Les fantômes du vieux pays

Une autre très belle découverte avec "Les fantômes du vieux pays" ( dont le titre original est "The nix" le fantôme en norvégien)

Je suis pas le seul à le lire, mardi dans un train quasi vide on a éclaté de rire avec mon voisin de banquette en constatant qu'on lisait la même chose.



Ceci étant, il faut avouer que c'est un excellent roman, un redoutable page turner de près de 1000 pages (sans serial killer). C'est un bel exercice de style aussi, avec au moins 4 ou 5 styles enchevêtrés, la parodie de "Ce livre dont vous êtes le héros" au milieu du roman est un petit bijou. On fréquente les facs americaines de 68 et de 2011, l'univers des joueurs en ligne et quelques autres. Il y a par moment du Houellebecq sauce americaine, un tout petit peu malheureusement de Douglas Kennedy mais nul n'est parfait.

Un excellent roman qui se lit avec appétit
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Les fantômes du vieux pays

Le livre d'un écrivain doué, mais qui se regarde écrire. Où se trouve la nécessité de raconter cette histoire ? Nous trouvons plutôt le savoir-faire du bon élève qui sait y faire. Ça ne suffit pas.
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Les fantômes du vieux pays

Une bonne surprise que ce roman qui décrit avec férocité les dérives de nos sociétés obsessionnelles et individualistes, je le conseille vivement.
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Les fantômes du vieux pays

Fabuleux ! Voilà un riche et puissant roman américain comme je les aime, qui immerge profondément dans une fiction crédible, prend le temps de développer son propos et ses personnages tout en questionnant finement l'Amérique dans son époque et dans son histoire récente.



L'histoire en l'occurrence, c'est l'époque lourde de promesses et de violence de la fin des années 60 et d'un mouvement hippie que la génération actuelle n'a pas fini semble-t-il de revisiter en interrogeant les désillusions qu'il a engendrées.

Désillusions que l'on retrouve en ce début de 21ème siècle à travers une galerie de personnages plus ou moins largués, qui tentent chacun à sa manière de rester sur leurs jambes dans un monde désenchanté, d'une brutalité moins tangible mais tout aussi dangereuse. Au premier rang desquels Samuel, écrivain trentenaire en devenir pas encore ancré dans sa vie, qu'un avocat contacte pour aider Faye, sa mère disparue depuis vingt ans et accusée d'acte terroriste contre un présidentiable républicain ultra.

A partir de ce pitch improbable, Nathan Hill réussit un tour de force en assemblant patiemment, par une suite de longues scènes très travaillées, certaines sublimes, les pièces d'un tableau allant du fils à la mère, l'enfance abandonnée de l'un, l'adolescence frustrante de l'autre dans l'Iowa des années 60, la vie universitaire délétère de Samuel et sa fuite dans le virtuel du jeu en ligne, leurs retrouvailles, la brève et forte aventure de la mère dans le Chicago en ébullition de 1968.

J'ai particulièrement aimé le soin apporté aux personnages secondaires qui viennent amener dans le tableau des touches d'éclairage et de liant : le père de Faye, immigré norvégien échoué dans une maison de retraite aseptisée jusqu'à l'écoeurement, l'esprit toujours dans le village marin de son enfance ; l'ami d'enfance de Samuel, revêche et révolté qui ira jusqu'en Irak exorciser les démons de son enfance abusée ; le geek drogué de jeux, surpuissant par son avatar, aux limites du suicide ‘in real life' ; la nymphette qui veut y arriver, qui croit tenir en main les clés du monde par ses mensonges, sa self assurance imposée par sa mère et sa popularité sur les réseaux sociaux…

Et le roman prend de l'ampleur à mesure que toute cette construction hétéroclite peu à peu fait sens, éclaire les deux époques d'une lumière crue, les intentions avortées des uns, les influences des autres.

La plume est incisive, juste, immersive, c'est incroyable de mettre autant de talent dans un premier roman et d'y dépeindre avec autant de justesse l'âme profonde d'un pays.



Gros, long et durable coup de coeur, dont les images fortes restent collées à la rétine. Merci aux éditions Gallimard et à Babelio pour cette découverte.

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Les fantômes du vieux pays

Très longtemps que je n’avais pas lu un si gros pavé ! que j’ai dévoré.

Pourtant, ça n’était pas gagné dès le début, un style assez banal, de très longues tirades sur des sujets qui semblent annexes (la discussion prof/élève, le description minutieuse d’un jeu en ligne…).

Pourtant assez vite tout se met en place, on passe d’une époque à l’autre, d’un personnage à l’autre, et l’ouvrage se révèle finalement être un immense puzzle qui s’assemble petit à petit pour ne former qu’une seule et même histoire.

En filigrane une réflexion sur l’importance des choix que nous faisons à certains moments et influencent le reste de notre vie (doit-on céder à la passion ou à la raison ?).

Un seul petit bémol : j’ai trouvé la description de la manif de 68 très longue.

Au final, un livre très attachant par l’intelligence de sa construction, au style qui se laisse oublier.
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Les fantômes du vieux pays

Breaking news ! Le gouverneur Packer, politicien américain conservateur à la mèche rebelle (toute ressemblance avec une personne existant ou ayant existé serait purement fortuite) vient de se faire agresser à Chicago ! L’agresseur(e) se nomme Faye Anderson, une femme de soixante ans, surnommée désormais par la presse « Calamity Packer ».



Tout le pays a les yeux rivés sur Chicago. Tout le pays sauf une personne : Samuel Anderson. Samuel est un professeur de lettres à l’université qui a raté sa carrière d’écrivain. Et pour oublier qu’il a raté sa carrière, Samuel passe son temps libre à jouer en ligne.



Quelle surprise lorsqu’il découvre « Calamity Packer » à la télévision pour la première fois, et quelle plus grande surprise encore lorsqu’il découvre que « Calamity Packer » n’est autre que sa mère qui l’a abandonné à l’âge de onze ans !



D’ailleurs, ce fait divers tombe à pic puisque la maison d’édition de Samuel le menace de poursuites judiciaires s’il ne rend pas immédiatement un projet de roman. Samuel décide alors de partir sur les traces de sa mère et de comprendre son geste. Il ne sait pas encore qu’il va ouvrir la boite de Pandore…



Difficile de résumer sa pensée en quelques lignes après une lecture de 950 pages !



En tous cas, je remercie les éditions Folio-Gallimard pour ce voyage aux Etats-Unis des années 1960 à 2000. Au programme à l’aller : j’ai manifesté contre la guerre au Vietnam, j’ai fumé des joints tout en écoutant Janis Joplin et j’ai découvert l’amour libre. Le retour m’a paru beaucoup plus terre à terre puisque j’y ai découvert les travers d’une époque à travers les réseaux sociaux, avec une escale par les jeux en ligne, pour finir avec les médias.



J’ai trouvé son approche du monde moderne d’une grande lucidité. Pour preuve cette citation :



"Nous sommes plus fanatiques que jamais dans le domaine de la politique, plus extrêmes que jamais dans le domaine de la religion, plus rigides que jamais dans nos raisonnements, de moins en moins capable de compassion. Nous ne voyons plus le monde que sous un angle totalitaire et inflexible. Nous passons globalement à côté des problèmes que la diversité et la communication globale engendrent. Plus personne donc ne s’occupent de principes éculés comme la vérité et le mensonge.



Sur fond de grande Histoire, l’auteur raconte également des petites histoires de la famille et des amis de Samuel. Il y a énormément de personnages et on sent que la psychologie de chacun d’entre eux a été travaillée, chaque ligne étudiée, chaque mot pesé. Le personnage de Bishop m’a personnellement beaucoup marqué.



« Les fantômes du vieux pays » est une lecture dense, volumineuse. On en prend pleins les yeux et plein les lignes. Pour moi, l’auteur aurait presque pu le séparer en plusieurs volumes. Je n’ai pas toujours été fan des romans fleuve car j’ai toujours trouvé certaines parties moins intéressantes que le reste (c’est le cas ici pour le personnage de Pwnage). Mais je vous encourage tout de même à aller au bout car cela en veut vraiment la peine.



J’ai lu que l’auteur avait mis dix ans à écrire ce roman. Le projet est ambitieux, le résultat admirable. Nathan Hill est un auteur sur qui je parie pour l’avenir !


Lien : http://mademoisellechristell..
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Les fantômes du vieux pays

Au sein de ce roman, nous sentons d'abord tout ce désenchantement qui affecte cette génération qui passe plus de temps à jouer sur Internet et sur leur téléphone cellulaire qu'à vivre leur propre vie.

Et voilà le hic…

Les passages décrivant cet état sont d'un ennui monumental ! C'est comme si l'auteur avait voulu raconter l'histoire de plusieurs personnages pour en arriver à un point où tout converge, mais que les détails trop nombreux et inutiles nous aspirent vers… le vide… vers le « bof, c'est ça…»



C'est vraiment dommage, il y a des chapitres très intéressants : ceux concernant l'enfance du personnage principal et de son amitié avec les jumeaux, ceux dévoilant l'histoire, justement, des jumeaux, de leur vie, de leur évolution. Mais, toutes ces parties intéressantes sont avalées par tous les sujets que l'auteur veut aborder : les manifestations de Chicago, le mouvement hippie, la contre-culture avec Ginsberg en tête, le Vietnam, les républicains versus les démocrates, les vieilles divisions sectaires, les récriminations étudiantes, la liberté sexuelle, la peur de certains face à la «grande» ville, le confort rassurant des petits villages et leurs médisances…

Je me demande si ce n'est pas l'erreur de l'auteur, de ce premier roman : avoir voulu «tirer» dans toutes les directions en voulant créer un roman chorale et d'avoir échappé l'essentiel : l'histoire d'une mère et de ses choix, de son fils, des amitiés qui se nouent et se défont.

Il y a au moins 300 pages de trop à ce récit… En voulant parler de tout, l'auteur n'a parlé de rien, de presque rien…

Je suis triste. Par contre, je tiens à dire que je ne bouderai pas un second roman de cet auteur… Parce qu'il y a une voix littéraire profonde qui existe dans toutes ces pages… Un deuxième roman nous prouvera, certainement, que Nathan Hill aura choisi sa voix en faisant fi de toutes les voies. J'y crois sincèrement.

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Les fantômes du vieux pays

Roman d’apprentissage et fresque américaine, « Les Fantômes du vieux pays » révèlent un jeune écrivain à l’éblouissante maîtrise et au comique féroce, Nathan Hill.
Lien : https://www.la-croix.com/Cul..
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Les fantômes du vieux pays

Été 2011. Samuel Anderson entend parler de sa mère pour la première fois depuis plus de vingt ans. Depuis que Faye a quitté Henry, son époux, en laissant derrière elle un petit garçon de onze ans, tout à fait inconsolable. Et ce ne sont pas forcément des conditions de retrouvailles idéales, puisqu’elle est inculpée pour agression d’un politicien, à coup de gravillons …

Professeur d’anglais à Chicago, écrivain avorté et individu hyper sensible depuis toujours, souffrant d’une addiction pour les jeux vidéo, Samuel va tenter de dépasser la rancune, voire la haine éprouvée pour cette mère dénaturée. Réussira-t-il à lui soutirer des confidences afin d’écrire un best-seller qui lui permettrait de payer ses dettes ? (Son éditeur lui avait accordé une avance pour un roman jamais écrit …)

Nathan Hill a écrit son (sublime !) premier roman à l’âge de quarante ans. Doté d’un brillant talent littéraire et une finesse psychologique déconcertante, ce surdoué de l’écriture nous conte l’histoire d’une famille venue du “vieux pays” (non ce n’est pas l’Amérique …) Une famille qui aura fait face à bien des déconvenues. Du printemps 1968, en passant par les étés 1988 et 2011, son héros tentera de replacer les pièces d’un puzzle relativement complexe (mais ô combien passionnant !) Pièces qui lui permettront enfin de mettre en lumière les secrets du grand-père norvégien et ceux de sa mère qui a brisé ses rêves de jeunesse à cause d’un terrible malentendu …

Aucun personnage de cette intrigue n’est superflu, et surtout pas son ami d’enfance, Bishop ou sa soeur jumelle Bethany dont il est encore amoureux … Pas plus que Laura Pottsdam, l’étudiante tricheuse à l’avenir tout tracé …

Un énorme coup de coeur pour ce pavé lu en quatre jours ! Une admiration sans borne pour son auteur encore si jeune !
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Les fantômes du vieux pays

Après "Beach Music" de Pat Conroy, je reste dans les relations familiales compliquées.



"The Nix" (son titre en V.O.) m'a tout d'abord attirée car c'est un roman recommandé par John Irving, un auteur que j'apprécie particulièrement. Et je compte bien suivre toutes les recommandations de Mr Irving à l'avenir, car j'ai vraiment adoré cette lecture.



Nous y faisons connaissance avec Samuel Andresen-Anderson, un écrivain (un peu raté) devenu professeur d'université et adepte des jeux vidéos en ligne. Samuel a été très marqué par un événement ayant eu lieu dans son enfance : sa mère, Faye, a quitté le domicile conjugal lorsqu'il avait 10 ans.



Au début du roman, j'avoue avoir eu du mal avec le personnage de Faye. Puisque les premières pages de l'histoire sont surtout centrées sur l'histoire de Samuel, on a tendance à rapidement juger Faye comme étant une "mauvaise mère".

Mais certains événements vont lancer Samuel sur les traces du passé de sa mère et nous permettre d'en apprendre plus sur la jeunesse de Faye. Les détails sur sa vie chez ses parents et sur sa scolarité dans un petit lycée du Midwest, prouvent à quel point être une jeune fille dans les années 60 était compliqué. Cette jeunesse dans une société qui ne permettait pas encore aux femmes de s'affirmer hors du mariage et de la maternité a, bien entendu, eu des conséquences sur le caractère de Faye, tout comme le caractère taciturne de son père.



Au fil des pages, donc, on comprend mieux les motivations de cette jeune femme qui a quitté son mari et son fils pour tenter de se trouver elle-même.



J'ai particulièrement apprécié la fin du roman. Tout n'est pas bien qui finit bien et on est loin du conte de fées, puisque les personnages de Nathan Hill sont profondément humains et qu'ils ont donc, comme nous tous, des défauts et des faiblesses. Mais chacun semble avoir envie d'avancer et de s'ouvrir aux autres. Une belle leçon d'optimisme !
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Les fantômes du vieux pays

Ce pavé de plus de 700 pages est typique de ces romans américains qui partent d'un point A pour arriver à un point B en passant par des points dont on n'imaginait même pas qu'ils pouvaient être aussi nombreux. A la fois roman avec une intrigue, voire même du suspense concernant le passé de l'ascendance de Samuel, réflexion sur divers sujets comme la pornographie ou les promesses à respecter ou pas, avec des variations dans la forme et le style, ce n'est pas un roman que nous avons en main, mais plusieurs. C'est souvent brillant, parfois un peu longuet, mais cela reste, dans l'ensemble, un très bon roman. J'ai beaucoup aimé les passages portant sur l'enfance de Samuel et notamment ses liens avec les jumeaux, mais aussi la partie se déroulant en Irak. Sans faire de la psychologie de bas étage, il m'a semblé que le passage sur cet enfant victime devenu bourreau était particulièrement réussi. D'ailleurs Nathan Hill a un don particulier pour croquer les personnages, surtout me semble-t-il, les personnages secondaires: Laura l'étudiante, m'a rappelé quelques petites garces croisées ici ou là. Alice, l'amie de la mère de Samuel, auteure de la phrase que je cite en ouverture de ce billet et Bishop, le jumeau, sont des personnages qui m'ont passionnée et touchée. L'ensemble varie dans une gamme allant du drôle à la gravité, parfois dans la même scène, comme par exemple dans la scène du chameau. Et puis, il y a ces caricatures (en fait, non, ce ne sont pas des caricatures, c'est souvent la réalité) de notre société:

Il lui suffisait de sélectionner une émotion parmi les cinquante émotions standard, de l'associer à une photo, un petit mot ou les deux, et de guetter l'afflux de messages de soutien.

Mais voilà que pour la première fois, les cinquante émotions standard lui semblaient limitées.
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