Citations de Nelly Kaprièlian (46)
Les humains sont attirés par les sorcières, mais quand elles deviennent trop puissantes, ils échafaudent un grand bûcher pour les brûler encore vivantes.
C’est inouï ce que Hollywood peut tirer d’un simple zéro. Une petite serveuse d’auberge, condamnée à repasser les fringues d’un routier, devient une flamboyante reine du glamour ; un fils à papa coincé, condamné à aller au travail avec son goûter dans son cartable, devient un héros viril aux yeux brillants et au sourire ravageur.
Elle était devenue une star grâce à ces vagues qui déferlaient sur son visage, un rideau ondoyant dissimulant son œil droit : une femme cyclope que le monde entier célébrait. « Une moitié de femme, son autre part dévorée par l’ombre, c’est toujours ce qu’ils veulent : pas trop de vérité, juste la moitié de la vérité, juste sa part supportable. Et c’est ce qu’ils célébraient à travers mon visage à moitié mort. » Elle leur faisait croire qu’elle était une vraie blonde, alors que sa mère lui versait chaque semaine de l’acide sur la tête pour obtenir ce blond doré. Elle avait longtemps hésité entre Blond glacier, Blond platine, Blond miel, Blond cendré, Blond vénitien, Blond cuivré, Blond champ de blé, et puis elle avait opté pour de l’acide pour éclaircir le châtain de sa fille, même si celle-ci se plaignait d’avoir le cuir chevelu brûlé.
Je suis devenue, par les vêtements, le produit de synthèse des désirs de tous les hommes que j'ai aimés.
L'époque avait engendré trois phénomènes qui fonctionnaient ensemble : le clonage, la mode à échelle industrielle, le spectacle qui envahit tout.
La où je suis définie, c'est dans les films, là où je ne suis pas définie, c'est dans la vie. Alors dès qu'il s'agit de l'être, c'est plutôt source d'interrogation que de satisfaction.
Alors, elle avait amassé des robes, et encore plus de robes, et des manteaux, des tailleurs, des souliers dans toutes les teintes, tous les camaïeux, pour ne pas se retrouver démunie selon le moment, l'heure et le jour, selon les aléas du scénario qu'allait lui imposer le réel.
Garbo s'était murée dans une citadelle imprenable, une citadelle de vêtements.
Mais elle continuera à se dupliquer dans sa propre vie, à travers ses deux garde-robes, celle pour tous les jours, et celle qu'elle cachait dans ses vastes armoires.
Ce linge de coton blanc comme un linceul de son passé de star, qui servait de nappe à maquillage.
Qu'est-ce qu'un style vestimentaire sinon l'identité même d'un être, celle qu'il s'est choisie, pour jouer le rôle qu'il s'est imparti?
Le vrai luxe selon Garbo, c'était la simplicité, une fidélité à un style qui avait traversé les décennies, une élégance intemporelle.
Elle avait été aimée et serait toujours aimée pour Garbo, le masque, l'image idéale projetée sur grand écran et dans les rêves des hommes, car les êtres ne tombent jamais amoureux que d'un rêve. La vérité, l'authenticité, qui voulait la voir? La vérité d'un être, un tas de petits secrets, de lâchetés et de rancunes, de petitesses, de frayeurs, et toujours, les pleurs d'un enfant qu'on abandonne dans la nuit.
Un homme cherche toujours à changer une femme, à la faire ressembler à son désir.
Mais les 14 et 15 décembre 2012, lentement dépecée, Greta Garbo est morte une deuxième fois.
Huit cent pièces. Autant d'indices qui révèlent une facette de l'icône, pièces d'un puzzle à travers lequel elle signe sans s'en douter son autoportrait. La garde-robe d'une femme morte serait comme le testament de ce qu'elle fut intimement, puisqu'elle témoigne de son goût, et qu'il n'y a peut-être rien de plus révélateur d'une vie intérieure.
« Ma chérie, la vie, c’est une longue aventure vestimentaire ! »
Elle voulait que sa vie privée reste cela, « privée ». Pourtant, vint-deux ana après sa mort, l’intimité de la star la plus secrète du cinéma se retrouve exhibée pendant trois jours puis vendue aux enchères chez Julien’s à Berverly Hills.
Dans le rapport de forces qu'il établit implicitement entre la femme et le vêtement, Capote se range du côté de la femme : c'est elle qui sera visible, non la robe ; la robe ne sera qu'un outil pour la mettre en valeur, non l'inverse ; la robe sera forcément éclipsée par la femme.
Elle s'était condamnée à faire de sa vie une cage de mots pour mieux embaumer son amour mort.