Des gens meurent de faim dans la rue. La plupart de mes amis d'enfance sont morts. La mère de mon meilleur ami m'offre un demi bol de riz, puis m'avoue que cela fait trois mois qu'elle met de côté cette richesse inouïe, grain par grain.
En effet, la momie, après des années d’immobilité, se met soudain en mouvement, elle se redresse en prenant appui sur ses bras, comme un malade qui se relève dans son lit d’hôpital, se frotte les yeux, tourne la tête. Alex sent les poils se dresser sur ses avant-bras. C’est de la magie ! Personne ne s’est approché de la vitrine, personne n’est même entré dans la pièce. Maya avait raison, on dirait que la momie s’est tout simplement réveillée.
Quand il s’agit de s’instruire ou de faire découvrir des nouvelles choses à ses petits-enfants, Mamie Mado est toujours partante. Le Louvre, elle s’y rend pour un oui ou un non, sur un coup de tête, sur un coup de cafard, pour se remonter le moral ou pour se reposer en fin d’après-midi quand il fait trop chaud à Paris. Elle est membre des amis du musée depuis des années.
La tombe d’Osiris ? Bien entendu, elle voit très bien de quoi il s’agit. Dans l’aile Sully, la salle tout au fond. C’est tout simplement ma-gni-fi-que !
La traversée de Paris en métro amuse toujours autant Alex et Maya.
- C’est bon, la lumière vient de s’éteindre. Il lui faut combien de temps pour s’endormir, à ton avis ?
Maya rayonne, elle replie son plan de robot, se lève et répond avec enthousiasme :
- Avec le somnifère que j’ai glissé dans son verre de jus de goyave, elle s’est sans doute endormie avant d’avoir éteint la lampe de chevet.
Alex ouvre de grands yeux. Il tombe des nues.
- Tu viens aussi ?
- Il n’est pas question que je monte la garde pendant que tu cours les rues de Paris. On y va tous les deux, ou bien personne n’y va !
- Je t’adore, sœurette, s’écrie Alex en collant un bisou sur le front de Maya.
- Chut, reprend celle-ci en repoussant le bisou de son frère d’un large geste du coude, ce n’est pas le moment de réveiller Mamie !
Avec mille précautions, les deux enfants s’équipent pour leur sortie de nuit. Vêtements sombres, sac à dos dans lequel ils glissent l’ordinateur, une paire de jumelles, un appareil photo et des câbles en pagaille. Puis ils enfilent chacun leur casque car, ce soir, c’est à vélo que les deux explorateurs partent à l’aventure.
_ Dans la vie c'est un peu comme ça : on a beau ne pas l'accepter, ce sont toujours les gens qu'on voudrait détester qui font tout pour qu'on tombe à leurs pieds.
Fallait-il que je lise les romans écrits par mes prédécesseurs, que je les décortique et les ausculte jusqu'aux derniers replis de leur nombril pour découvrir mon propre tempérament d'auteur ?
"Moi, je dis qu'il y a une justice. Mais ceux qui la rendent, ce ne sont ni les juges, ni les hommes, ni les lois ; ce sont les circonstances."
Il n'y a rien de plus beau que les histoires qu'on se raconte et qui font pétiller la vie.
Nous n'avions plus beaucoup de temps devant nous, les minutes étaient comptées mais nous avions l'éternité. Car l'éternité est contenue dans chaque instant dont on profite, pas dans le temps qui file et qu'on ne saisit pas.
Je me suis assis sur le sol, j’ai retourné le sac de fric. Ça a roulé de tous les côtés sur la carpette. Je me suis attaqué aux billets, c’était le plus gai. Il y en avait de toutes les couleurs. Y a pas à dire, ils font bien leur boulot à la banque nationale. Il y en avait des marrons, des rouges, des bleus et des verts.
Avant de franchir la porte de ma chambre, je me retourne vers Franca. Elle est beaucoup plus près que je ne l’imaginais, mon nez touche presque sa joue. J’ai l’impression que mes grosses mains avec leurs gros doigts sont comme des ballons de foot qui pendent au bout de mes bras.