Londres 1820, un soir au king's Théâtre où tout le gratin local s'est déplacé pour assister à la première représentation de Tancredi de Gioachino Rossini, le monde occidental s’apprête à être frappé douloureusement par un attentat de grande ampleur perpétré par une nouvelle forme de terroristes.
La cible principale n'est autre que le premier lord mais bien que les morts s'accumulent en plein récital et ce dans la confusion la plus totale, l'assassin est finalement appréhendé in extremis.
Il s'agit en l’occurrence d'un jeune homme d'origine slave disposant d'une faculté incroyable, celle de créer des illusions dynamiques réalistes, et ce par sa seule volonté.
Face à l'incapacité des enquêteurs a élucider ce mystère et leur impuissance à faire parler cet homme ne s'exprimant qu'en russe, on fait convoquer d'urgence le brillant homme de science Jeremy Bentham.
Après avoir réussi à obtenir du jeune Bogdan la confirmation qu'il n'est bien qu'un pion manipulé à distance par un certain "abbé", qui orchestrerait ses actions depuis le royaume de Galicie en Autriche. Bentham est chargé par la couronne de partir enquêter sur place afin de dénouer les fils du mystère qui entoure cette organisation criminelle, faction dont les motivations restent obscures qui endoctrine des jeunes aux facultés surnaturelles tout en leur effaçant toutes traces de leur passé, et c'est ainsi que commence un long voyage pour le vieil homme sorti de sa retraite.
Sa première étape le mènera donc à Limberg en Galicie (Autriche) là où les premières pièces du puzzle semblent s'assembler, mais ce qu'il ne sait pas c'est qu'il est déjà attendu.
Et c'est ainsi que notre enquêteur/ philosophe se verra successivement opposé au cours de son voyage d'investigation, à de nouveaux assassins aux facultés exceptionnelles.
Panopticon est un livre d'un peu plus de 300 pages découpés en 59 chapitres assez courts mais qui donne finalement un petit côté cinématographique à cette histoire mené à rythme soutenu. Non pas qu'il y est beaucoup d'actions, mais les événements s’enchaînent vite sans trop de temps mort et l'intrigue à rebondissements est assez dense pour nous maintenir concerné.
Au premier abord, j'ai été séduit par ce concept d'organisation criminelle dirigée par un mystérieux "abbé", commanditant à distance des actions terroristes menées par ses agents aux super facultés "super-vilains" mais assez vite l’intérêt diminue quand on comprend que jusqu'à la fin, le livre se déroulera toujours sous le même principe.
Après un voyage d'un point A point vers un point B puis confrontation avec un "super-vilain" qui après avoir été convaincu des bonnes intentions de notre héros finit par se joindre à lui tout en lui faisant part des bribes "modifié/transformé" d'un passé personnel à forte connotation onirique (marques de l'emprise psychologique de l'abbé sur ses sbires).
Toutefois chaque rencontre apporte avec elle de nouveaux indices et petit à petit les pièces du puzzle s'assemblent pour dévoiler l'identité de l'homme derrière tout çà et ses motivations.
L'histoire suit ce même principe tout du long jusqu'à ce qu'une équipe se constitue autour de Bentham et se décide à devenir les chasseurs plutôt que les chassés.
C'est ainsi que le récit s'enrichit de nouveaux protagonistes finalement plus intéressants et l'on apprend à connaitre Serafim au pouvoir de suggestion, Pavlina la femme "bête", Iepestimia ayant la faculté de se rappeler d'absolument tout etc., et l'on savoure leurs interactions entre eux ne manquant pas de piquant.
Le livre est bien écrit avec un style qui colle plutôt bien à l’époque (naissance de la société industrielle à la veille de l'âge d'or de l’époque victorienne), mais tout est un peu trop lisse, trop facile et trop propre à mon gout. La structure même du récit ne laisse pas assez la place à la surprise, l'histoire suit une trajectoire rapidement identifiable, l’intérêt se limitant finalement à découvrir les mystères sur les réelles origines des jeunes surdoués et sur l'identité de l’énigmatique "abbé".
Qu'on ne se trompe pas il ne s'agit pas d'un récit Steampunk, ou d'un X-men version XIX ème siècle, c'est comme l'indique la quatrième de couverture une enquête historique menée par actes où l'auteur prend le parti d'aller à l'essentiel sans trop de tirage à la ligne.
J'ai trouvé le rebondissement final pas assez spectaculaire mais surtout un peu trop prévisible, et ce dans la mesure où le titre du roman et la première de couverture révèlent clairement l’élément principal de l'intrigue alors qu'il n’apparaît que dans le final et explique bien des choses.
D'ailleurs pour en revenir aux sources de ce roman, Jeremy Bentham est un personnage historique bien réel avec une grande et belle notoriété sur les 18 et 19e siècle et ce pour avoir été un grand philosophe et réformateur britannique.
Il est connu notamment comme étant le père de l'utilitarisme, une doctrine qui prescrit d'agir en fonction de la capacité à générer du bien-être à un maximum de personnes dans l'idée même qu'une action doit être évaluée uniquement en fonction de son potentiel de conséquences positives, et non pas en fonction de son caractère moral à la base.
Le panoptique est également une de ces inventions et consistait à l’établissement d'une prison-modèle où un gardien pouvait bénéficier d'un seul point d’observation une vision totale permanente des faits et gestes des détenus sans que ceux-ci ne puissent savoir à quel moment ils sont sous observation ou pas.
Panopticon est donc un livre bien écrit mais assez redondant dans le fond, il peut également ne pas tenir toutes ses promesses si d'aventure on s'attend à autre chose qu'une enquête bien menée; par exemple " un x-men façon 19e siècle quoi (j’espérai lol)".
Le format court du récit permet de garder l'attention du lecteur jusqu'à la fin, pas sur qu'avec 100 ou 200 pages de plus je serai allé jusqu'à la fin.
Grosse déception sur le final qui clôt le roman sans développer des réponses satisfaisantes à toutes les interrogations. Pas le meilleur roman de son auteur pour le fond, sur le forme Nicolas Bouchard est un bon auteur français mais que je préfère dans un autre registre.
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