Nicolás Gómez Dávila

Plaignons l’égalitariste. Quelle tristesse d’ignorer qu’il y a des degrés et des degrés bien au-dessus de notre médiocrité.

Nécessité et liberté ne sont pas des concepts symétriques : en effet, si j'affirme la nécessité, je nie toute liberté, mais si j'affirme la liberté, je ne nie pas toute nécessité.

N’admirer que les œuvres réellement admirables est signe d’un goût douteux.
La véritable sensibilité littéraire et l’authentique goût apprécient le charme du poète mineur et la délicatesse des proses subalternes.

Le communiste hait le capitalisme par complexe d'Œdipe. Le réactionnaire le considère simplement avec xénophobie.

Les Évangiles et le Manifeste communiste pâlissent ; le futur du monde est aux mains du coca-cola et de la pornographie.

L’intelligence philosophique nous élève vers une zone limpide d'idées, l'intelligence littéraire nous plonge dans une pulpe d'évidences.

Ne jamais généraliser sans un sourire défiant.

Aimer, c'est tourner sans trêve autour de l'impénétrabilité d'un être.

La phrase doit avoir la dureté de la pierre et le frémissement de la feuille.

La prolifération des parasites est appelée croissance du secteur tertiaire de l'économie.

Le sot, voyant que les mœurs changent, dit que la morale varie.

Les ténèbres de certaines âmes sont l’ombre portée de la lumière divine.

Peu d’idées méritent plus que de la curiosité ou du mépris.

Le pardon est la forme sublime du mépris.

Idéologie de l'homme moderne : acheter le plus d'objets possibles ; réaliser le plus de voyages possibles ; copuler le plus grand nombre de fois possible.

Les gens ne sont pas indignés par l'erreur en soi mais par l'erreur, ou la vérité, qui n'est pas à la mode.

Les générations actuelles sont particulièrement ennuyeuses : en effet, comme elles croient avoir inventé la violence et le sexe, elle copulent doctrinairement et doctrinairement massacrent.

Croire que la science suffit est la plus ingénue des superstitions.

La pensée déprave l'imbécile.

L'homme traque le désir et ne capture que la nostalgie.