Écoutons d'abord le vieux Yao Poku, chasseur d'un village au fin fond de la forêt ghanéenne...
"On se ne plaint pas. Il fait bon vivre au village. La concession de notre chef n'est pas loin et nous pouvons lui demander audience pour toutes sortes d'affaires. Il n'y a que douze familles dans le village, et nous n'avons pas d’embêtements. Sauf avec Kofi Atta."
"Nous étions à notre quelque part quand ils sont arrivés. D'abord la fille avec ses yeux qui ne voulaient pas rester en place. Hmm, puisque tu es là, laisse moi te raconter. Les ancêtres disent que la vérité est courte mais, sεbi, si l'histoire est mauvaise, alors même la vérité va s'étaler comme un crapaud écrasé par une voiture sur une de ces routes qu'ils sont en train de construire."
La fille pénètre dans la case de Kofi Atta, où elle découvre des restes peu ragoûtants.
"Elle portait une façon de jupe petit petit là. Et ça montrait toutes ses cuisses, sεbi, mais les jambes de la fille étaient comme les pattes de devant de l'enfant de l'antilope -maaaigre seulement! (C'est plus tard que j'ai appris qu’elle était la chérie d'un certain ministre. Hmm. Ce monde est très étonnant.) Son chauffeur portait kaki de haut en bas comme les colons d'en temps d'avant, et il voulait la calmer, mais la fille secouait la tête et il voulait la calmer, mais la fille secouait sa tête et elle criait seulement. Après un peu ,elle a repris force et elle a commencé à courir vers une voiture claire façon qui était au bord de la route. Et le chauffeur poursuivait son derrière comme la poussière. "
Sans cette fille et ses connaissances haut placées, les villageois auraient certainement réglé l'affaire à leur façon, mais voilà, maintenant la police doit intervenir, et faire appel à Kayo Odamtten, jeune médecin légiste fraîchement revenu d'Angleterre, qui végète un peu dans un laboratoire d'analyses, et doit être convaincu (manu militari!) de se rendre au village.
Une fois là, après une hilarante séance genre "Les Experts" dans la case de Kofi Atta, Kayo se laisse prendre au vin de palme (un peu arrangé), aux palabres dans la buvette locale autour de bons petits plats locaux et aux histoires racontées par les villageois...
Au delà de l'histoire policière dont la conclusion laisse le lecteur dans la réflexion, il faut lire ce chouette roman pour l'ambiance de la grande ville d'Accra, grouillante et quelque peu corrompue, et surtout la vie dans ce village traditionnel, où finalement il fait bon vivre traditionnellement, relié au monde par la radio seulement. Pour avoir traîné mes sandales dans ces coins là, je confirme avoir retrouvé des détails vrais. Ne serait-ce que le conseil d'aller d'abord saluer le chef du village et de ne pas brusquer la litanie des salutations...
Quant à la traduction, bravo! Une partie de la narration est visiblement en anglais plus classique, mais la saveur de la langue, surtout celle de Yao Poku, est excellemment préservée par l'utilisation du français de Côte d'Ivoire (la "go", par exemple, ces façons de traîner sur les syllabes, etc...).
Lien :
http://enlisantenvoyageant.b..