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Critiques de Nii Ayikwei Parkes (46)
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Notre quelque part

Si vous aimez les enquêtes rondement menées, les investigations scientifiques pointues, passez votre chemin car il n’y a rien de tout cela dans Notre quelque part. Il y a bien une enquête, mais elle n’est qu’un prétexte pour mettre un pied et même les deux dans la culture africaine de ce village de brousse du Ghana.



Si une jeune femme, maitresse d’un ministre, ne s’était pas égarée à Sonokrom, village perdu dans la brousse, elle n’aurait jamais fait cette découverte sinistre et puante dans la case d’un planteur de cacao. Bien sûr, la police déboule en nombre considérable sur les lieux de ce qu’on ne peut nommer crime puisqu’on ne sait à quoi on a affaire. Les moyens déployés sont à l’aune de la réputation du ministre et de l’ambition de l’inspecteur principal Donkor, corrompu jusqu’à la moelle, sinon, pourquoi se soucier d’une histoire au fin fond de la brousse parmi les habitants incultes. Et ce mystère sans corps ni coupable doit être traité comme une scène de crime. L’affaire doit se régler scientifiquement avec un coupable idéal, le tout avec un rapport savant et magistral pour les huiles du gouvernement. Et c’est à Kayo que l’on fait appel, Kayo qui a obtenu en Angleterre son diplôme de médecin légiste et qui se morfond dans un laboratoire d’analyses médicales. Bien malgré lui, il doit obéir à l’inspecteur Donkor.

« La joue de l’inspecteur principal tressauta : C’est d’accord. Mais je veux un rapport complet pour le ministre. Style…Les experts »

Et voilà notre jeune homme chargé d’une enquête sur un disparu qu’il va mener scientifiquement grâce à sa mallette magique de légiste. Mais dans ce village, on est bien loin d’Accra et de son modernisme. Ici, il faut respecter les coutumes et écouter les histoires des anciens. Voilà qu’aux méthodes scientifiques et éprouvées viennent s’ajouter l’histoire des esprits. Il y a cette malédiction dont parlent le féticheur et le chasseur, il y a cette histoire de violence familiale. Et il y a des choses étranges qui se passent dans la forêt. Abandonnant ses recherches ADN, Yoko va s’immerger dans cette culture tribale pour approcher au plus près de la vérité. Et c’est là que le récit devient intéressant car on pénètre dans l’histoire des uns et des autres, tous mêlés à l’affaire mais qui s’en remettent aux ancêtres pour régler les litiges.

Quant à l’inspecteur principal, ce qu’il veut, c’est une conclusion d’enquête qui serve ses intérêts personnels, rien d’autre !

Deux cultures, deux mondes se côtoient dans un mélange savoureux et dans la jubilation de la langue, car tout est conté avec force paraboles et proverbes par les habitants de Sonokrom tout en buvant du vin de palme et en mangeant fufu ou sauce palabre.

Après un début un peu fastidieux, on se retrouve plongé dans le chaudron bouillant des traditions orales et des coutumes d’un village tribal qui sait résoudre ses conflits avec sagesse, bien loin de la corruption et de l’arrogance de la ville.

Il faut souligner la virtuosité de la traductrice, Sika Fakambi, qui a su rendre exubérante et très colorée la langue parlée.

J’ai trouvé ce premier roman singulier, dépaysant et réjouissant.







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Notre quelque part

Dans un village au centre du Ghana, des restes humains sont retrouvés dans une case . Dans ce même village se trouve la maitresse d'un ministre . Ce dernier demande à la police de rapidement faire le jour sur cette affaire. Les habitants semblent plus habités par le vin de palme que par l'envie d'aider les policiers.



Belle découverte que ce "notre quelque part " qui envoie un message fort en faisant se rencontrer le monde la ville et ses techniques modernes avec celui de la "brousse", ses croyances et ses traditions.

Et le contraste est saisissant, plein d'humanité, de croyances, plein d'Afrique dans tous ce qu'elle a de magique pour nous occidentaux.

Il y a Accra, sa civilisation ,ses bouchons, ses quartiers riches, ses fonctionnaires corrompus et il y a le village où les habitants passent leur soirée à boire du vin de palme en mangeant du Fufu tout en s'abreuvant de croyances et de récits faisant la légende du lieu. c'est frais , écrit dans une langue qui mêle le style local et un écrit plus conventionnel. Sans que cela ne soit nullement dérangeant.



"Mais après tout, de quel droit aurait-il pu lui, Kayo, arriver dans ce village et prétendre balayer d'un geste les traditions de ces gens, les coutumes , et précipiter dans le chaos tout un monde, au nom d'une science qui, pourtant, n'était pas dénuée d'incertitudes ?"

Tout est dit...
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Notre quelque part

Après un petit tour au Mali avec Makoro de Florence Malmassari, je repars en Afrique pour une halte au Ghana pour assister à une enquête menée par un médecin légiste.

Un expert débutant se retrouve doté bien malgré lui d'un chef avide de pouvoir, corrompu et qui rêve de faire la une des journaux donc il doit concocter un rapport à la façon des experts.Le voilà partit pour un petit village où les traditions dominent la vie des habitants.C'est une enquête plutôt banale, avec un rythme lent. J'ai été décue par cette histoire, la quatrième de couverture m'avait appâtée et finalement avec Yao Poku le livre a fini par m'intéresser au bout de deux cent pages mais c'est une bien étrange histoire où les croyances et les superstitions se mêlent.

Ce n'est pas un roman désagréable à lire mais sans plus.
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Notre quelque part

Une disparition d’un homme et une étrange chose sanguinolente dans un petit village au Ghana… C’est une enquête-là même qui commence pour la police ghanéenne. Mais ça ne donne pas grand-chose ooooo ! Alors c’est Kayo Odamtten, médecin légiste « dépêché » par le général Donkor qui va essayer de percer le mystère de Sonokrom.

Le mélange entre tradition et modernité est brillant. Yao Poku raconte avec la langue du pays la vie du village. L’alternance avec Kayo, jeune homme plein de lucidité qui ne manque pas de répartie est vraiment réussie. On rit un peu jaune en découvrant les habitudes des autorités policières, ils ne cherchent pas la vérité mais le panache. La langue est savoureuse et on apprécie la critique sociale à peine voilée. L’enquête de Kayo s’entremêle avec les histoires du village, la modernité avec les mystères des contes africains…. Quel plaisir de lecture paaaa !

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Ce que je sais

Je tiens d’abord à remercier Babelio et les éditions Joca Seria pour l’envoi de ce livre dans le cadre de la dernière opération Masse critique.



J’aime beaucoup la poésie et la couverture dessinée par Alice Hameau est très belle.



C’est toujours difficile de donner un avis sur les textes poétiques. Il faut qu’ils me parlent… avec des mots, des images et des sons. Quand il s’agit de textes traduits cela peut changer les choses. L’éditeur propose en fin de recueil 6 des textes en anglais, c’est bien mais pourquoi ceux-là ?



Je ne comprends pas pourquoi le recueil n’est pas entièrement bilingue ? Il y avait toute la place pour. J’ai aussi regretté que la présentation de l’auteur ne se limite qu’à la quatrième de couverture.



Bref, je vais laisser de côté ces choix éditoriaux discutables pour en venir aux textes.



J’ai beaucoup aimé :

- L’amour ne laisse pas de mots (love leave no notes)

- Jamestown

- Troc

- Contiguïté



Mon préféré est « The Makings of you » qui au passage m’a fait découvrir Curtis Mayfield (1942-1999) :



« … en chantant en choeur avec Curtis Mayfield

the makings of you, comme si la somptueuse beauté

de cette chanson allait pouvoir t’éviter la dépression.»



Une belle découverte.

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Notre quelque part

J'ai posé mes valises au Ghana pour résoudre cette enquête plutôt atypique. On suit deux personnages : Yao Poku, un vieux chasseur qui vit dans un petit village et Kayo Odamtten qui est médecin légiste et qui se retrouve "obliger" d'enquêter sur une étrange affaire dans ce petit village.



Dans une des cases on a retrouvé des restes humains et il doit résoudre l'enquête. Mais attention, ici, le chef de la police a été clair, il ne s'agit pas pour Kayo de découvrir la vérité mais bien de rédiger un rapport qui ressemble a la série les experts et cette affaire doit avoir des ramifications en dehors des frontières du pays. J'espère honnêtement que la police n'est pas comme cela au Ghana ou alors l'auteur n'a pas une très bonne image des forces de polices de son pays. En tout cas, cela fonctionne très bien et donne un excellent roman.



L'écriture de Nii Ayikwei Parkes m'a bien plu. "Kayo quittait souvent la maison à l’aube pour aider père et équipage à tirer les filets. Il se souvenait des chants des hommes ; du soleil lent à paraître, comme s’il avait été pris à l’autre extrémité du filet que les pêcheurs tiraient, puis qui émergeait enfin, illuminant l’océan d’une étincelante nuée rose orangé. Tout le long du rivage miroitait la lumière, qui se reflétait sur les grandes bassines d’aluminium des marchandes de poisson, en pâles éclats scintillants, comme autant de clins d’œil de l’horizon. "

Il oscille entre le parlé de Kayo qui est distingué, puisqu'il a fait des études en Angleterre et vient de la ville et le parlé des villageois qui m'a sourire parfois. En lisant leur propos, je pouvais clairement les entendre. "Eï, les choses étonnantes ne cesseront jamais. Les gens disent qu'il n'y a rien d'autre que ce qu'on voit, mais il est vrai aussi qu'il n'y a rien d'autre que ce qu'on ne voit pas."

Comme dans beaucoup de récit africains, les traditions et les légendes sont très présentes pour les plus grand plaisir du lecteur. C'est un dépaysement totale. "Les ancêtres disent que la vérité est courte mais, sɛbi, si l’histoire est mauvaise, alors même la vérité va s’étaler comme un crapaud écrasé par une voiture sur une de ces routes qu’ils sont en train de construire."

C'est donc une très bonne découverte et un excellente lecture que je vous recommande chaudement.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Notre quelque part

Il y a des lectures qui sont comme des occasions manquées. Les critiques sur "Notre quelque part" du ghanéen britannique Nii Ayikwei Parkes sont élogieuses, évoquant la "langue", l'écriture "savoureuse" du livre, et la rencontre entre traditionalisme et modernité, sans oublier l'enquête policière, prétexte pour découvrir une certaine société africaine, l'ensemble mâtiné d'un zeste de "surnaturel" superstitieux Sur le papier, donc, tout pour me plaire. Mais je suis vraiment passée à côté de ce livre. J'ai mis un temps fou à terminer le premier chapitre, avec des difficultés insurmontables, enfin, insurmontées, pour comprendre le propos de Yao Poku le vieux chasseur qui explique comment "tout a commencé". Certains mots sont répétés ("Le policeman a parlé encore et il a dit, Bon, faut écoute. J'ai pas temps beaucoup beaucoup ici."), d'autres pas traduits ("Son bras s'est levé vers l'arbre tweneboa" ; "La main du gros policeman est descendue pour attraper le bâton noir dans son abomu")", pour le reste, je trouve ça compliqué et pas très charmant : "Jé si là dans mon lamaison de Accra, et on ma pélé téléfône pour dit fille là a véni voir chose ici, et ça sent gâté. Vous connais chose dans histoire là ?"

Bref, je n'ai pas été charmée par cette façon d'écrire qui revient régulièrement tout au long du livre. Quant à l'histoire, je crois bien que je n'ai pas tout compris. Il y a quelque chose qui pue dans la case de Koffi Atta dans le village d'Accra, et comme l'amie d'un ministre passe par là, il faut absolument découvrir ce qu'il en est. Le chef aux dents longues de policiers pas hyper compétents décide de faire appel à un chef de laboratoire médecin légiste pour résoudre cette affaire et se faire valoir. Il n'hésite pas à enlever et à emprisonner le médecin légiste pour le convaincre de mener l'enquête, et voilà Kayo Odamtten se rendant au village avec son sac contenant ses instruments d'analyse et beaucoup de pression pour découvrir quelque chose rapidement. En plus de l'objet suspect qui sent mauvais, il fera connaissance avec les personnalités fortes du village : le chasseur, le sorcier, etc qui lui raconteront un conte. Et là, conte et réalité se mélangent pour faire émerger une vérité quant à cette affaire.

Non, vraiment, j'ai beau y revenir, j'ai peiné à lire ce livre, je n'ai pas apprécié la prose, et je n'ai pas compris l'histoire. S'il y avait un "Notre quelque part", et bien moi, je suis restée ailleurs !

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Notre quelque part

Un roman surprenant où se superposent deux Afrique: celle des traditions et des croyances, du vin de Palme, des cases, représentée par un petit village et celle de la modernité, de la "civilisation", des bouchons, des quartiers riches représentée par la ville d Accra.

On se trouve au Ghana. Kayo a fait ses études en Angleterre et travaille dans un laboratoire d'analyses. Il est soudain sollicité, kidnappé conviendrait mieux, par la police pour résoudre une affaire où la police a besoin de la lumière des experts (comme la série des experts). La petite amie d'un ministre en pourchassant un oiseau a découvert quelque chose de bizarre dans une case. Des restes humains? du placenta?

Kayo, qui n' a pas le choix, se met à enquêter.



Certains passages sont très drôles. L'écriture propose également l'opposition entre la tradition et la modernité. C'est dépaysant comme histoire parfois déstabilisant.

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Notre quelque part

Dans un petit village au cœur de la forêt, au Ghana, le vieux Yao Poku observe une agitation inhabituelle. Une voiture passe, une jeune femme aux cuisses maigres comme celles d’une antilope pénètre dans la case de son voisin et en ressort en criant. Plus tard, des policiers viennent l’interroger au sujet de restes humains dans la case. A Accra, Kayo, un jeune diplômé qui travaille dans un laboratoire est sollicité pour enquêter dans ce village. Son patron refuse qu’il prenne un congé, mais la police ne manque pas de ressources pour obtenir la participation plus ou moins volontaire de Kayo à leurs recherches.

Voici, en bref et sans trop en dévoiler, le sujet du roman, qui brasse deux langues, celle de la ville et celle du village (bravo pour le traducteur pour les passages dans une langue émaillée d’expressions originales consacrés à Yao Poku !) qui mélange deux cultures et surtout qui fait sourire de ce décalage délicieux entre technologies modernes et de croyances séculaires.

J’ai eu un coup de cœur pour les descriptions d’Accra et son bord de mer, du village et des villageois, de la forêt équatoriale, j’ai eu beaucoup de sympathie pour les personnages, je me suis agacée de la pesanteur administrative et du fonctionnement anarchique de la police, j’ai surtout passé un très bon moment de lecture, à suivre une enquête tranquille mais qui trouvera une résolution surprenante, à me baigner dans l’écriture fluide et agréable. Cela faisait longtemps que je le guettais à la bibliothèque et je n’ai pas été déçue !
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Notre quelque part

La queue de l'oiseau bleu, tel est le titre original du premier roman du ghanéen Nii Ayikwei Parkes, devenu en France : "Notre quelque part". Que cette traduction surprenante n'indispose pas les lecteurs car, au contraire, celle-ci est tout au long du livre absolument remarquable, rendant justice à la virtuosité de l'auteur qui mélange parler académique et langue populaire d'Afrique. C'est l'un des intérêts de ce vrai faux roman policier qui passe avec aisance des cercles "modernes" d'Accra, la capitale, au Ghana profond, dans un petit village où les légendes se perpétuent et se révèlent parfois tellement proches de la réalité qu'elles peuvent permettre de résoudre une enquête sur un crime inexpliqué qui laisse perplexe le médecin légiste "made in England", lequel va retrouver aussi bien les racines de son pays que la vérité. Avec humour et truculence, Parkes nous présente ce scientifique digne d'un épisode d'une série policière virtuelle qui pourrait s'appeler "Les Experts Accra". Le vin de palme coule à flots dans ce récit picaresque mais il ne faut pas s'y tromper : la critique sociale est omniprésente. Pour évoquer la corruption généralisée aussi bien que le sort des femmes, autant désirées que maltraitées. Notre quelque part est un roman mené de main de maître, narquois, joyeux et dramatique, ancré dans un paysage africain en mutation, loin de tous les clichés qui collent à la peau du continent. Une lecture divertissante, certes, mais qui donne matière à réflexion. N'est-ce pas, euh, quelque part, la définition d'un bon livre ?
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Notre quelque part

"C'est mon grand-père Opoku, celui dont les mains n'étaient jamais vides, qui m'a appris que ce que l'homme blanc anglais nomme Histoire, c'est avant tout des mensonges écrits à l'encre fine. Mon histoire n'en est pas. Il est dit que le malicieux tisserands des toiles du monde, Ananse, ne faisait pas commerce de parole, alors moi je vais parler. Je vais te raconter cette histoire". C'est ainsi que Yao Poku, un vieux chasseur du village ghanéen de Sonokrom nous invite dans ce roman. Ce qu'il a vu : une jeune femme poursuivant un oiseau bleu, son chauffeur aux trousses jusqu'à ce que tous deux déboulent devant une case, intrigués par l'odeur répugnante qui en émane. S'ensuit un hurlement et la fuite vers la voiture. Manque de chance pour le village, la fille qui "portait une façon de jupe petit petit là" est la maitresse d'un ministre à qui elle va rapporter ce qu'elle a vu. L'événement va déclencher une enquête et un grand remue-ménage en plus haut lieu à Accra avec toutes les manigances politiciennes inévitables.

Dès le premier chapitre, qui fait entendre la voie de Yao Poku, j'ai su que ce roman allait être un coup de cœur pour moi. Le travail de la traductrice sur la langue du vieux chasseur est admirable, c'est poétique et en même temps plein d'humour. On ressent cette grande sagesse de celui qui sait, rien n'est grave, tout en dans l'ordre des choses, car les événements qui surviennent devaient survenir. Je n'en dit pas plus, le résumé de l'éditeur le fait très bien. Ce roman m'a réconcilié avec mes lectures africaines que j'avais délaissées car, bien qu'admirables, elles étaient plombantes. Ici, on plonge dans la réalité du Ghana avec ses petits villages où le mode de vie ancestral subsiste et sa capitale Accra où les traditions s'oublient dans la course à la modernité. Les travers de cette société sont pointés du doigt mais traités avec beaucoup d'humour et sans jamais tomber dans la caricature. Voilà, un coup de cœur que je recommande vivement.
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Notre quelque part

Le narrateur est un vieux chasseur amateur de vin de palme et qui adore l’ironie, Yao Poku est aussi un conteur de légendes, et j’adore son humour décalé. Cette plongée dans l’Afrique contemporaine fût pour moi un régal, j’ai l’habitude, pendant mon tour du monde littéraire, de me focaliser sur l’Histoire et peu sur ce qui se passe en ce moment, ce roman est donc tombé pile au bon moment. Le rapport sous-jacent des personnages propose au lecteur une vision complexe des rapports humains, on a le texte brut, l’intrigue policière et le sous-texte, et je dois dire que j’adore ces différents niveaux de lecture car l’auteur donne de la consistance à son roman, et il donne une conscience profonde à ses personnages.

Pour reprendre les mots de L’express, Nii Ayikwei Parkes jongle parfaitement avec les codes du polar à l’anglo-saxonne et du conte traditionnel, c’est ce que j’ai le plus apprécié, il arrive à mélanger deux genres qui ne se ressemble pas pour en faire une histoire originale. J’ai adoré l’imagination de l’auteur, la langue qu’il utilise est vivante (et la traduction au top), elle évolue au fil de l’intrigue mêlant patois local et mots modernes. On sent par cette écriture toute la richesse du Ghana, toute sa diversité et le message fort qu’envoi l’auteur qui mélange passé et présent passe à merveille.

J’ai été tout de suite transporté dans le récit, et le monde singulier que l’auteur dépeint m’a plu, c’est un roman résolument moderne et accessible, qui se lit d’une traite. Encore une très belle découverte.

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Notre quelque part

Amis cartésiens changez de livre celui-ci n'est pas pour vous par contre si l'on est prêt à accepter légendes et magie d'une autre culture ce roman est une grande réussite.



L'auteur articule "deux" Afriques, la moderne au travers de la grande ville, de la corruption et du jeune héros formé en Angleterre à la médecine légiste, l'autre faite de pagnes, de vin de palme, de proverbes, d'esprits et de palabres.



C'est au travers d'une enquête sur des restes humains dans un petit village que ces deux mondes vont se croiser pour offrir au lecteur un bien joli texte .



Pour ma part, ce texte m'a envoutée, maraboutée , j'ai tout écouté, senti, ressenti, bercée par une langue chaude et puissante et cette lecture fut un vrai moment de bonheur et de dépaysement
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Ce que je sais

Des poèmes de l'auteur de Notre quelque part ? Ah oui, je veux !

Et j'ai aimé les mots. Ils disent le lien au Ghana : une nuit moite où l'enfant découvre la brume, des atmosphères, des personnes dans la ville, un fantasme sous alcool, croquer une mangue, les mots d'une mère, les gestes d'un père. Et ils disent la solitude, l'amour perdu, ce qu'il y a parfois derrière le sourire.

Que le livre soit court ne me gène pas, j'aime pouvoir lire en un seul mouvement un recueil de poésie. Mais l'édition aurait pu mettre mieux en valeur : pourquoi une marge intérieure si étroite, une écriture si petite, sur des pages qui semblent immenses et vides ? Pourquoi les versions originelles en anglais reléguées à la fin alors que face au poème traduit, le lecteur, même peu doué en langue, peut profiter des correspondances ? Parfois, j'aurais aussi eu envie de petites notes explicatives pour ne pas devoir quitter le livre et regarder un écran (ah Sakumono est le nom d'une ville !), simplement pour mieux savourer les mots de Nii Ayikwei Parkes
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Notre quelque part

Une enquête au milieu d'un Ghana moderne, avec sa grande ville, la corruption qui empêche les rêves des jeunes, le vin de palme et la gastronomie, la faune et la flore, et puis le village traditionnel organisé autour du chef, de l'Ancien et du féticheur.

Une enquête et un conte foisonnant, de ces fables africaines qu'on s'imagine écouter à l'ombre du baobab, avec des personnages hauts en couleurs : la rationalité du scientifique occidentalisé face au vieux chasseur raconteur d'histoires.

De l'humour et de la tragédie, du grinçant et du tendre.

Et puis le délice d'une écriture qui fait entendre les voix africaines, mélange de langues (celle du colonisateur - ici l'anglais - des études, et les dialectes d'ethnies), sans expliquer tous les termes, avec un phrasé qui emmène ailleurs et donne une oralité "naturelle". Ça peut être déstabilisant mais pour moi, c'est une merveille !

Mention spéciale pour la traductrice qui fait penser que l'auteur est francophone et qui m'a donné - chose très rare - l'envie d'en apprendre plus sur elle ! Pour les curieux et curieuses, je laisse ce lien : https://www.actualitte.com/article/monde-edition/sika-fakambi-une-prouesse-de-traduction-et-un-geste-politique/49848
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Notre quelque part

Au départ c'est un peu déstabilisant de suivre le récit de Yao Poku, le chasseur d'un village, qui assiste à un crime et à l'enquête de la police. Et puis, petit à petit, dans la moiteur ghanéenne, une tension se crée. La police ne parait pas très compétente, le médecin légiste est alcoolique et il va cuver son vin avec les habitants du village. Alors la police, constituée d'étranges personnages, soit incompétents, soit corrompus, soit soumis à la vindicte des hautes autorités, se doit d'embaucher un nouveau médecin légiste, digne de ce nom, pour découvrir l'origine de la masse informe dans la case de Kofi Atta.



Et nous suivons Kayo, diplômé de médecine, vulgairement employé dans un laboratoire d'analyses médicales et traité comme un moins que rien, qui tente de démêler cette affaire tout en tentant d'ignorer les problèmes de corruption auxquels la police veut le soumettre. Et c'est avec brio que l'auteur parvient à nous emmener avec lui dans une Afrique bien loin des clichés dont le chef de la police parle, le stéréotype des enquêtes policières occidentales, comme celles des "Experts". Car ce que Kayo va découvrir, et nous avec, c'est qu'en Afrique, et en particulier dans ce petit village d'Afrique de l'Ouest, on ne peut écarter les traditions et les récits des Anciens de la Science.



Méticuleux, raisonnable, Kayo va pourtant tout essayer pour rendre cette investigation le plus rationnelle possible. Et entraîné par les récits de vieilles légendes, les récits des Anciens, il va découvrir une vérité inéluctable et ne pourra pas lutter contre le poids des traditions. Il devra choisir son camp.



J'ai adoré ce roman qui fut un véritable coup de coeur car il est à la fois magnifiquement écrit, d'une écriture subtile, poétique, empreinte des traditions orales d'Afrique, et en même temps c'est un polar rythmé et précis qu'il faut lire absolument !
Lien : http://www.unefrancaisedansl..
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Notre quelque part

Portée par le texte qui mêle avec beaucoup de poésie le français et la langue populaire d'Afrique de l'Ouest, et par les récits de Yoa Poku, j'avoue avoir un peu perdu le fil de l'intrigue ( une enquête visant à éclaircir ce qui s'est passé dans la case d'un certain Kofi Atta). C'est envoutant, étrange et très bien traduit.
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Notre quelque part

C’est la première fois que j’achète un livre juste à cause du nom du traducteur, ou en l’occurrence, de la traductrice. J’avais en effet découvert le travail de Sika Fakambi dans sa traduction de [Mais leurs yeux dardaient sur Dieu] de Zora Neale Hurston, que j’ai lu il y a environ 2 ans et la qualité de la traduction m’avait poussée à en savoir un peu plus sur le travail de cette traductrice, et j’avais acheté ce livre, lui aussi paru chez Zulma, ce qui est aussi un bon signe.

En commençant cette lecture, j’ai été un peu déroutée, d’autant que les romans policiers ne sont pas vraiment mon truc, même s’ils se passent au Ghana. Pourtant, j’ai persévéré, et bien m’en a pris. Parce que je me suis vite aperçue que c’est plutôt une parodie de roman policier. Pour simplifier, mais en empruntant à un personnage sa marotte, ce livre, c’est Les Experts au Ghana (heureusement, c’est une série dont j’ai vu quelques épisodes !). Et le « au Ghana » a toute son importance parce qu’avec cette enquête policière, Nii Ayikwei Parkes prend un malin plaisir à se moquer des travers de sa société. Notre héros, le jeune expert médecin légiste, Kayo, est envoyé de façon assez cavalière pour enquêter sur un possible meurtre dans un petit village perdu au fond de la brousse.

On trouve dans ce roman, pêle-mêle, un joli exemple de la façon dont l’administration peut fonctionner, une belle opposition entre les valeurs villageoises et l’identité ghanéenne d’un côté et l’urbanisation et la dilution dans une sorte de mondialité de l’autre. On se promène d’un village de pêcheurs au maki du coin, d’une plantation de cacao à une cellule de police sans barreaux, tout cela très naturellement au fil de l’histoire et de la plume de Nii Ayikwei Parkes. On touche du doigt les classes aisées et corrompues mais on reste principalement avec les humbles et ceux qui tout simplement cherchent à s’en sortir. Et dans ce roman au style caustique, on fait le voyage avec Kayo, ce jeune homme qui a fait ses études en Angleterre et qui est revenu au pays depuis peu pour être près de sa famille et participer à la vie de son pays. Ce jeune homme plein d’illusions qui s’est pris la réalité de plein fouet et est déjà complètement désabusé, dans une enquête où il perd d’autres de ses illusions mais se rapproche peut-être d’une autre forme de sérénité.

C’est un beau roman, divertissant (à part l’avant-dernier chapitre, qui a bien plombé l’ambiance tout de même, mais qui a le mérite de ne pas présenter une société toute rose) et qui donne vraiment l’impression d’avoir pris un aller simple pour Accra en moins polluant que l’avion, un roman, mais aussi un roman qui fait réfléchir. C’est toujours difficile d’allier les deux, mais ici c’est réussi. Il faut certes un petit peu de temps pour rentrer dans l’histoire, mais c’est déjà la sensation que j’avais eu avec le précédent livre traduit par Sika Fakambi : comme elle cherche dans la traduction à se rapprocher au mieux du langage parlé et de la forme d’anglais propre au pays auquel le livre se rattache, elle utilise la forme du français le plus proche géographiquement, ici le parlé de l’Afrique de l’Ouest donc. C’est un choix que j’imagine contestable et je veux bien croire que les partis-pris de Sika Fakambi dans l’exercice de son métier de traductrice soient contestés par certains, mais pour moi, ils sont un délice, en tout cas une fois que je me suis habituée au rythme des phrases et aux particularités du phrasé. Cette forme de traduction y est pour beaucoup dans la capacité du livre à dépayser son lecteur, et je me suis encore une fois régalée à savourer les phrases et à apprécier le contenu autant que le contenant, le propos de l’auteur en même temps que la langue traduite.
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Notre quelque part

Écoutons d'abord le vieux Yao Poku, chasseur d'un village au fin fond de la forêt ghanéenne...

"On se ne plaint pas. Il fait bon vivre au village. La concession de notre chef n'est pas loin et nous pouvons lui demander audience pour toutes sortes d'affaires. Il n'y a que douze familles dans le village, et nous n'avons pas d’embêtements. Sauf avec Kofi Atta."



"Nous étions à notre quelque part quand ils sont arrivés. D'abord la fille avec ses yeux qui ne voulaient pas rester en place. Hmm, puisque tu es là, laisse moi te raconter. Les ancêtres disent que la vérité est courte mais, sεbi, si l'histoire est mauvaise, alors même la vérité va s'étaler comme un crapaud écrasé par une voiture sur une de ces routes qu'ils sont en train de construire."



La fille pénètre dans la case de Kofi Atta, où elle découvre des restes peu ragoûtants.

"Elle portait une façon de jupe petit petit là. Et ça montrait toutes ses cuisses, sεbi, mais les jambes de la fille étaient comme les pattes de devant de l'enfant de l'antilope -maaaigre seulement! (C'est plus tard que j'ai appris qu’elle était la chérie d'un certain ministre. Hmm. Ce monde est très étonnant.) Son chauffeur portait kaki de haut en bas comme les colons d'en temps d'avant, et il voulait la calmer, mais la fille secouait la tête et il voulait la calmer, mais la fille secouait sa tête et elle criait seulement. Après un peu ,elle a repris force et elle a commencé à courir vers une voiture claire façon qui était au bord de la route. Et le chauffeur poursuivait son derrière comme la poussière. "



Sans cette fille et ses connaissances haut placées, les villageois auraient certainement réglé l'affaire à leur façon, mais voilà, maintenant la police doit intervenir, et faire appel à Kayo Odamtten, jeune médecin légiste fraîchement revenu d'Angleterre, qui végète un peu dans un laboratoire d'analyses, et doit être convaincu (manu militari!) de se rendre au village.



Une fois là, après une hilarante séance genre "Les Experts" dans la case de Kofi Atta, Kayo se laisse prendre au vin de palme (un peu arrangé), aux palabres dans la buvette locale autour de bons petits plats locaux et aux histoires racontées par les villageois...



Au delà de l'histoire policière dont la conclusion laisse le lecteur dans la réflexion, il faut lire ce chouette roman pour l'ambiance de la grande ville d'Accra, grouillante et quelque peu corrompue, et surtout la vie dans ce village traditionnel, où finalement il fait bon vivre traditionnellement, relié au monde par la radio seulement. Pour avoir traîné mes sandales dans ces coins là, je confirme avoir retrouvé des détails vrais. Ne serait-ce que le conseil d'aller d'abord saluer le chef du village et de ne pas brusquer la litanie des salutations...



Quant à la traduction, bravo! Une partie de la narration est visiblement en anglais plus classique, mais la saveur de la langue, surtout celle de Yao Poku, est excellemment préservée par l'utilisation du français de Côte d'Ivoire (la "go", par exemple, ces façons de traîner sur les syllabes, etc...).
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Notre quelque part

La présence de ce qui pourrait être des restes humains dans une case du village de Sonokrom suscite une grande émotion, tant parmi la communauté locale que chez la jeune femme à l’origine de la découverte. Celle-ci étant qui plus est la maîtresse en titre d’un ministre, l’affaire prend vite une dimension politique et la police d’Accra est chargée de l’enquête. Ce qui fait bien l’affaire de l’inspecteur principal Donkor qui se verrait bien gagner quelques galons dans l’aventure ! Sauf que certains indices dépassent les compétences de son équipe et que la présence d’un médecin légiste ayant de solides notions de police scientifique serait bien utile.

Voici donc l’histoire de Kayo, jeune et brillant légiste tout juste rentré d’Angleterre où il a étudié et collaboré avec la police des Midlands, pas tout à fait prêt à travailler avec la police ghanéenne jusqu’à ce que celle-ci l’enlève et lui fasse une proposition qu’il ne pourra pas refuser… Kayo a longtemps vécu loin du Ghana et sa connaissance du pays est plutôt limitée à la capitale. Son arrivée et son séjour à Sonokrom vont donc lui réserver quelques surprises et lui demander de grandes facultés d’adaptation. Il y rencontrera un vieux chasseur gardien de la mémoire, le guérisseur local, un malafoutier et un mystérieux musicien, et y récoltera témoignages et informations autour de quelques calebasses de vin de palme.

Notre quelque part (Tail of the Blue Bird) mêle le roman policier classique (enquête de proximité et travail scientifique) et le conte traditionnel (grâce aux histoires édifiantes de Yao Puku, le chasseur). Au-delà de l’enquête proprement dite, c’est aussi un roman d’initiation, entre cultures africaines et européennes, mœurs villageoises et urbaines, tradition et modernité. Kayo est un garçon rangé : il vit chez ses parents, est sérieux dans son travail, ne boit pas, respecte ses aînés, traite les femmes avec respect… Avec toutes ces qualités et malgré ses compétences en criminalistique, le mystère de la case de Kofi Atta n’est pas facile à résoudre et il devra bien écouter le vieux chasseur et ses histoires traditionnelles pour réussir ; il y a donc du mystère et aussi un peu de réalisme magique dans Notre quelque part. Les étiquettes traditionnelles se mélangent, comme les langues - anglais, twi, ga, pidgin… - dans le récit poétique de Parkes. Signalons à ce propos la remarquable traduction en français de Sika Fakambi, qui lui a valu le prix Laure Bataillon en 2014.

Un très grand roman donc (à l’humour souvent caustique) qui dépasse les genres littéraires, dans lequel la sagesse traditionnelle s’allie à la raison scientifique et qui n’élude pas les questions de société comme la corruption ou les violences domestiques. La fin, légèrement floue (mais peut-il en être autrement), laissera le lecteur sur quelques interrogations, mais il aura passé un excellent moment.


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