Citations de Niko Tackian (738)
Il se nourrit de ma peur, il dévore mon désespoir...
A quel point ce métier de dingue consistait à suivre des pistes menant le plus souvent à l'horreur, avec de temps en temps, la satisfaction d'y avoir mis un terme.
Depuis toujours, la lucidité artificielle des amphétamines ne faisait qu'exacerber ses inquiétudes, ses frustrations, son impuissance face à cette suite ininterrompue d'horreurs.
Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire.
Albert Einstein
Comme le cristal,chaque âme est unique, avec ses propres imperfections et ses propres éclats. Elle porte en elle une lumière, un potentiel qui ne demande qu'à être révélé. C'est ce que nous rend si spéciaux...si précieux, dit-elle d'une voix douce
Votre définition du meurtre totémique par exemple : un acte commis par un ou plusieurs membres d'un culte, c'est-à-dire un groupe portant une dévotion excessive aux idées, aux objets ou aux personnes. Culte dont les objectifs sont généralement le sexe, le pouvoir et l'argent...
Faire le vide pour ne laisser que l'essentiel et permettre à ses sens de prendre le dessus sur ses émotions et ses pensées, c'était une des clés pour la survie.
La vie de Robinson au fond des bois, c’était cela qu’il cherchait pour retrouver la volonté de se lever. Le projet de bouquin n’était venu qu’après, alors qu’il compulsait les notes couvrant ses carnets.
L’odeur âcre du formol qui flottait dans l’air lui donna envie de vomir. Le docteur Bénézech abandonna quelques secondes son travail pour lui lancer un regard amical et le gendarme vint à sa rencontre.
— Merci d’être arrivé aussi vite.
— Qu’est-ce qui se passe ?
— On les a trouvés tous les deux dans la forêt près de Lemberg.
— Ils étaient là-bas depuis longtemps ? À voir la couleur, ça ne date pas d’hier.
— Dans les cinq ou six mois, pas plus, coupa Bénézech sans lever les yeux du cadavre. Et j’ai tenu compte du fait qu’ils ont été enterrés en forêt, donc que la dégradation est plus rapide.
Quelques mètres plus loin, le sol retourné révéla deux corps enfouis sous la terre et les feuilles mortes. Deux garçons, plutôt jeunes, complètement nus, mains et pieds liés, dont l’état laissait supposer qu’ils étaient là depuis longtemps.
— Vous êtes sûr que c’est par là, chef ? lança le gendarme Vignot en remontant le col de sa veste réglementaire.
Lutz ne prit pas la peine de répondre et força le pas pour atteindre le sommet aussi rapidement que ses courtes jambes le lui permettaient. Deux heures que les techniciens du TIC et l’équipe du légiste étaient sur site et il luttait encore pour trouver l’emplacement. Dire qu’il était fatigué aurait été un euphémisme. Plus que quelques années à tirer avant la retraite et un repos bien mérité qu’il rêvait de prendre au soleil, peut-être dans le Douro portugais. En attendant, il était obligé de voir le jeune aspirant Vignot le dépasser en tête de leur expédition vers ce qui semblait être une macabre découverte.
Le sang recommença à affluer dans ses artères et il posa sa main sur une surface solide dont le contact lui brûla le bout des doigts. Il força ses paupières à se décoller et tenta de percer l’obscurité qui l’entourait. Il se trouvait nu, couché dans une baignoire remplie de pains de glace. Il ne se souvenait ni de son nom ni des événements qui l’avaient conduit à cet endroit. Tout ce qu’il savait c’est qu’il devait partir, quitter ce bain mortel dans lequel on l’avait plongé.
Le froid s’insinuait dans chacune de ses cellules. Son corps n’était plus qu’une masse compacte et inerte, mais quelque chose continuait de lutter contre l’engourdissement final. Depuis l’intérieur de son crâne, un frisson électrique raviva une bribe de pensée et son cerveau réussit à activer ses derniers mécanismes de survie. À mesure que ses sens reprenaient vie, il eut l’impression d’entendre le bruit de l’eau et un léger écho cristallin tout autour de lui.
La terreur grandissante se transforma en un jet d’adrénaline le forçant à se mettre en mouvement.
Lorsque l’agent immobilier lui avait fait visiter cette masure perdue dans la forêt, Pierre avait immédiatement signé le bail. Pas un voisin à moins de dix kilomètres, si ce n’étaient les chevreuils, les cerfs et les sangliers qui pullulaient dans le coin. La vie de Robinson au fond des bois, c’était cela qu’il cherchait pour retrouver la volonté de se lever. Le projet de bouquin n’était venu qu’après, alors qu’il compulsait les notes couvrant ses carnets. De son existence précédente, il n’avait conservé que deux choses : une vieille valise pleine de vêtements devenant progressivement trop petits pour sa taille épaissie, et une malle de livres. La plupart traitaient de sujets scientifiques : anthropologie, sociologie, histoire, psychiatrie, tous ces volumes qui l’avaient accompagné depuis ses études sur les bancs de la faculté de Bordeaux jusqu’au cabinet qu’il avait ouvert pas loin du campus. Et puis il y avait eu ses années de formation à la criminologie et son poste d’expert-conseil pour la gendarmerie nationale. Tout cela avait pris fin de manière violente lorsqu’il avait fait la rencontre d’Éloïse Vidal. Penser qu’une gamine de treize ans puisse réduire en cendres – le mot le fit sourire – l’intégralité de sa vie relevait de la pure folie et pourtant…
Pelletier se pencha vers les corps et fit signe à l’adjudant d’approcher. Malgré le peu d’envie qu’il en avait, Lutz s’accroupit à quelques centimètres des cadavres. Une odeur de chair pourrie lui emplit les narines et il coupa sa respiration.
— Là… sur l’épaule.
Entre les feuilles collées par la boue, un morceau de peau bleuâtre était recouvert d’un étrange symbole. Un triangle noir piqué de trois points. Chacun correspondant à un sommet.
— C’est quoi ? Un tatouage ?
— Ça ressemble à une brûlure plutôt… et l’autre a le même. Exactement au même endroit.
— On les aurait marqués ?
— D’après moi, au fer rouge. Mais je ne suis pas légiste.
Les murs tapissés de papier peint décrépit, les portes défoncées, les monceaux de détritus sur le sol lui donnèrent l’impression d’être dans un squat abandonné depuis longtemps. Il y avait dans un coin une desserte sur laquelle une série d’instruments chirurgicaux avaient été soigneusement alignés. Il grogna d’angoisse tout en avançant vers l’entrée. La chaleur moite qui régnait dans cette ruine lui permit de se réchauffer plus rapidement. Par une fenêtre, il aperçut une lumière tellement vive qu’il détourna le regard.
— Certaines traces suggèrent que le ou les auteurs de ce crime ont des connaissances médicales avancées. Il ne s’agit pas d’une boucherie aveugle, mais bien d’un prélèvement en règle de leurs organes.
— Vous voulez dire qu’ils étaient vivants lorsqu’on les a charcutés ? coupa Pierre en fixant le légiste.
Deux heures que les techniciens du TIC et l’équipe du légiste étaient sur site et il luttait encore pour trouver l’emplacement. Dire qu’il était fatigué aurait été un euphémisme. Plus que quelques années à tirer avant la retraite et un repos bien mérité qu’il rêvait de prendre au soleil, peut-être dans le Douro portugais. En attendant, il était obligé de voir le jeune aspirant Vignot le dépasser en tête de leur expédition vers ce qui semblait être une macabre découverte.