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Critiques de Olivier Hodasava (30)
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Une ville de papier

Dans les années trente aux Etats-Unis, en plein boom de l’industrie automobile, les compagnies pétrolières encouragent la consommation de carburant en distribuant gratuitement des cartes routières. Les cartographes se protègent alors du plagiat en introduisant des erreurs volontaires dans leurs documents, souvent par l’ajout d’une ville ou d’un lieu imaginaires. Parmi ces « villes de papier », Agloe dans l’état de New York, transposée dans ce livre en Rosamond dans le Maine, a connu un sort très particulier, puisque ce lieu fictif a fini par devenir réel, avant de retomber dans le presque néant quatre-vingts ans plus tard.





Quel étonnant et pittoresque livre que celui-ci ! Brodant autour d’un fait réel, l’imagination de l’auteur nous entraîne dans une passionnante enquête aux multiples rebondissements, qui se dévore sans jamais laisser retomber ni la curiosité ni la surprise. Entre des protagonistes anonymes aux destins peu ordinaires et souvent émouvants, mais aussi de grands noms que cette histoire exploite avec humour, entre concours de circonstances et événements parfois spectaculaires, l’on ouvre des yeux d’enfant ébahi devant ce récit aux allures de conte poétique, où réalité et irréalité échangent constamment leurs visages, au fil d’une écriture précise, limpide et magnétique.





J’ai été envoûtée sans réserve par cette lecture fascinante, où ce qui n’aurait pu être qu’une anecdote originale devient une épopée aussi captivante que poignante : une petite pépite à ne manquer sous aucun prétexte ! Coup de coeur.

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Une ville de papier

En 1931, découvrir Rosamond, ce petit coin d’Amérique situé dans le Maine, avec ce couple d’amoureux, Desmond Crothers et Rosamelia Flores, qui y célèbre leur mariage.

Puis en 1959, y retourner pour l’élection de Miss Rosamond. Election qui hélas finira mal à cause d’un terrifiant orage. Apprendre que ce fâcheux épisode a inspiré un grand nom du cinéma, Alfred Hitchcock, pour une série télévisée.

Être étonnée ensuite du désir de Walt Disney d’y construire une ville idéale, vers 1964.

Remarquer ensuite que l’un des plus célèbres des écrivains américains, Stephen King, y fut photographié dans les années 80.

Et enfin écouter la légende qui raconte que Jimmy Hendrix y serait également passé.



Quelle fabuleuse histoire que celle de cette petite ville ! Mais je me penche sur une carte géographique et je cherche en vain cette petite localité... Qu’est-ce que tout cela veut dire ? Ai-je seulement rêvé ! Après quelques recherches, j’apprends que Rosamond est en fait une ville de papier, un Copyright Trap comme on dit aux Etats-Unis. Un leurre quoi ! Une erreur volontaire pour traquer les plagiaires.



J’ai adoré cette petite histoire construite à partir d’un fait réel et y est appris l’origine de ces fameux Copyright Traps.

Un beau voyage dans le temps et dans l’imaginaire.



Et un grand merci à lucia-lilas pour cette belle découverte :0))

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Une ville de papier

Bienvenue dans le Maine du début des années 30 ! A la recherche d'une ville fantôme à l'époque des Copyright Traps, quand les cartographes rivalisaient d'astuce pour éviter les plagiats sur leur travail.



Desmond Crothers est l'un d'eux, employé dans une firme qui cartographie le territoire de l'Etat du Maine pour le compte d'une grande compagnie pétrolière en plein boom de l'industrie automobile. La ville de Rosamond est sa signature, sa ville de papier née de la moitié de son prénom et celui de sa fiancée.

Oui, mais il n'avait pas prévu que le sceau de sa vie intime allait devenir un lieu habité, que chacun va tenter de s'approprier, un endroit fait de blanc, qui a vécu et a disparu.



Un lieu où il reste des souvenirs que seuls les vestiges des stores aux peintures écaillées donnent à contempler.



Des images qui m'ont fait penser aux photos de Walker Evans dans sa recherche de capter l'ordinaire invisible, le patrimoine vernaculaire, la culture du quotidien, le plus beau et le plus touchant.



J'ai suivi à l'aveugle la folle aventure du narrateur dans cet ouvrage exceptionnel parce qu'il est touche plusieurs domaines que j'affectionne particulièrement, l'enquête journalistique, l'histoire, la cartographie avec pour ancrage la construction d'une communauté d'hommes et de femmes au hasard d'une simple borne posée le long d'une route.



Cet ouvrage, un oLni, m'a vraiment passionnée de bout en bout en me laissant une petite pointe de nostalgie envers la ville de papier.
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Une ville de papier

« Il n’y a pas de meilleure matière à rêver qu’une carte », cette citation de Robert Louis Stevenson aurait été un exergue parfait pour ce récit.

Dans les années 30 l’industrie automobile (et par la même occasion pétrolière), révolutionne la société, l’économie et la culture américaine. Desmond Crothers, jeune cartographe chez Général Drafting, travaille sur la carte routière du Maine (USA). Pour empêcher d’être copiés par des concurrents, il est à l’époque - bien avant celle du G.P.S. - courant d’ajouter un lieu inexistant sur les cartes (appelé Copyright Traps). Desmond ajoute donc à sa carte la ville de Rosamond, contraction de son prénom et de celui de sa future épouse ...

Olivier Hodasava nous emmène vers ce non-lieu ; étymologiquement cette utopie. Mais la force de l’écriture c’est peut-être de créer du réel. Alors nous allons rencontrer à Rosamond : Le propriétaire d’un Général Store, Walt Disney, Stephen King et une de ses fans bibliothécaire en Belgique. On y trouve aussi une tragique élection de miss et un épisode (fictif ?) de La 4ème Dimension, un petit clin d’œil à ce cher vieux Richard Brautigan, et John Mellencamp aurait écrit une chanson sur Rosamond ... mais le doute et le conditionnel sont souvent de mise. Il est bien sûr question d’un procès pour plagiat. L’auteur enquête, cherche des témoins, à la façon de Truman Capote ou Norman Mailer (voir p.40) car parfois la réalité dépasse la fiction. En prenant du recul sur ce texte, dans les replis de la carte, j’ai cru voir aussi une ébauche, une esquisse d’une petite histoire des États-Unis, entre 1930 et aujourd’hui.

Pourtant ne cherchez pas Rosamond (Maine, USA) sur Google Earth, elle n’y est pas ... ou n’y est plus. Raison de plus pour lire ce roman, cette enquête ou ce récit, peu importe l’étiquette le principal étant de partir en voyage par la lecture, de rêver comme aurait dit R.L. Stevenson ... Allez, salut.

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Une ville de papier

Fascinant, envoûtant, captivant, magnétique… Voici les adjectifs qui me viennent à l'esprit pour décrire le dernier roman d'Olivier Hodasava : « Une ville de papier », publié chez Inculte et cela tient, je crois, à trois éléments : le sujet, la construction et l'écriture.

Le sujet : alors là, accrochez-vous...

Nous sommes dans les années trente, aux États-Unis, en plein essor de l'industrie automobile. Pour inciter la population à parcourir les grands espaces américains, les géants du pétrole via les stations-services leur offrent des cartes routières…

Avril 1931 : le patron de la General Drafting, société spécialisée dans la cartographie, invite un de ses employés, un certain Desmond Crothers, à déjeuner dans un restaurant chic de New-York. Il veut en effet le remercier pour son travail sérieux et consciencieux. Pour ce faire, il va lui proposer d'ajouter un « Copyright Trap » de son choix sur la carte du Grand Est américain pour laquelle ils sont en train de travailler. Un « Copyright Trap » ? Quèsaco ? Ah ah, vous n'avez jamais entendu parler de cette bête-là ? Eh bien, figurez-vous que pour s'assurer de ne pas être copiés par des concurrents et donc pour protéger leurs droits d'auteurs, jusque dans les années 80/90, les concepteurs de cartes ajoutaient... une ville imaginaire. Ainsi, s'ils retrouvaient celle-ci sur la carte d'un concurrent, il leur était très simple de prouver que leur travail avait été copié. Et ça existe vraiment les « Copyright Trap » ? Mais OUI ! Aussi incroyable que cela puisse paraître : allez jeter un coup d'oeil sur l'article Wikipédia… Il y a eu des villes imaginaires (Agloe, dans l'Etat de New York), des rues imaginaires et, toujours pour éviter le plagiat, dans des encyclopédies, vous pouvez aussi trouver des entrées imaginaires, des noms propres imaginaires… Comme je vous le disais, c'est fascinant ! Voilà qui aurait beaucoup plu à Borges, tiens ! Donc, revenons à notre employé modèle : il va donc avoir l'honneur de placer sur la carte de l'Est américain une ville fantôme dont il choisira le nom…

Sur ce point, je n'en dis pas plus sinon qu'après avoir parcouru les premières lignes, vous êtes littéralement ferré, happé, captivé et vous allez jusqu'au bout du roman d'une traite ! Je crois que ce livre a un pouvoir magique… Si, si...

Bon, à présent la construction : en fait, ce roman est l'histoire même de cette ville inventée par l'employé Desmond Crothers et l'on voit la façon dont différentes personnes ( un commerçant, une ancienne miss, Walt Disney lui-même, des hippies, Stefen King en personne…) se sont emparés de ce lieu, que ce soit pour y bâtir une épicerie, un podium, une cité ou bien comme sujet d'écriture… En fait, l'ensemble est présenté comme une enquête menée par un homme fasciné par le sujet et qui va interroger différents témoins : l'effet de réel marche à fond, ce qui fait que l'on croit vraiment à tout ce qui nous est raconté. Il y a, dans ce roman, un jeu important entre la fiction et la réalité qui est vertigineux. On passe de l'un à l'autre continuellement, et les repères entre l'illusion et le réel finissent par s'estomper, se brouiller et s'annuler voire s'inverser, car finalement, cette ville qui n'existe pas finit par avoir plus de consistance, plus d'histoire et donc plus de réalité que tout autre lieu. Ici, la fiction plaque au sol le réel qui ne se relève pas. La fonction performative du langage s'en donne à coeur joie. Je nomme, tu existes : ils y vont.

Par ailleurs, ces différents « témoins » interrogés créent un effet bluffant de mise en abyme : on a l'impression que tel ou tel petit détail de leur récit pourrait très bien être approfondi et donnerait lieu à une autre histoire qui s'ouvrirait à son tour sur un autre récit.

Et pour finir l'écriture : elle participe largement de cet effet de réel : en effet, les descriptions ainsi que l'exposé des faits, les gestes des personnages sont très précis, très minutieux, donnant l'impression au lecteur qu'il est là, présent, qu'il assiste à la scène. C'est stupéfiant.

Il faut dire aussi que certains détails du récit confèrent parfois à cette ville imaginaire un pouvoir presque magique, fantastique… On perd très vite nos repères, on ne sait plus où l'on est (malgré la carte que l'on a sous les yeux.) Impressionnant…

Pourquoi n'ai-je pas entendu parler de ce roman plus tôt ? Tiens, ça aussi c'est incroyable. Décidément !

Allez, vous n'avez aucune excuse, foncez !



PS : L'auteur, Olivier Hodasava, a un blog « Dreamlands Virtual Tour » : depuis 10 ans, il publie tous les jours des photos prises à partir de Google Maps et Google Street View. Il invente des petites histoires, propose quelques commentaires poétiques ou esthétiques… Il est l'un des fondateurs de l'OuCarPo : l'Ouvroir de Cartographie Potentielle, sur le modèle de l'OuLiPo. Jetez-y un petit coup d'oeil !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Une ville de papier

C’est l’histoire d’une ville fictive inventée dans les années 30, en copyright d’une société de cartographie. Un point géographique vide inventé à dessein en propriété intellectuelle, qui devient réel par l’usage qu'en font les individus au fil du temps, et qui fascine l’auteur au point de l’entraîner dans une recherche documentaire ciblée sur la question.



S’il est très amusant d’apprendre qu’un « copyright tram» est une saisie fausse, voire erronée, introduite dans un ouvrage de référence pour détecter les atteintes au droit d'auteur, l’idée d’en faire un livre m’apparaît un peu vaine et sans fondement.



Au fil de sa quête, Olivier Hodasava cherche des témoins, fait des rencontres, décalées voire amusantes, décrit un concours de « Miss » rurales, une série télé, croise Disney et Stephen King...

Sa recherche d’indices tourne à l’obsession et l’entraîne en détective dans des digressions de plus en plus lointaines de la ville de papier, constituant un ensemble noyé dans un délayage sans grand intérêt, même si sa plume est aisée à suivre.



Pas convaincue par le fond mais me restera en souvenir la ville fantôme que Google Maps a fini par effacer en 2014. Et le but de l´auteur est atteint: que le petit fait historique d’une époque révolue reste présent en mémoire du passé.

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Une ville de papier

C'est un roman teinté d'une douce mélancolie, à l'image de cette photo de couverture aux couleurs passées sur laquelle les silhouettes tentent de résister à l'oubli, à l’effacement. C'est un roman qui interroge le réel, défie les frontières avec l'imaginaire et joue avec les ressorts de la création. C'est aussi un hommage, une stèle de papier offerte à ceux dont l'existence pourrait passer inaperçue, à moins que quelqu'un ne s'y intéresse. Dans Cora dans la spirale, Vincent Message fait dire à son héros " Je rêve d'un monde où on se raconterait les vies humaines les unes après les autres, avec assez de lenteur, d'incertitudes, et de répétitions pour qu'elles acquièrent la force des mythes" ; c'est un peu ce qu'entreprend de faire celui d'Une ville de papier, en remontant le fil du destin méconnu d'un homme qui a juste tracé un point sur une carte.



Il s'appelle Desmond Crothers et il est employé de la General Drafting, une entreprise florissante de cartographie basée à New York. Nous sommes en 1931, l'automobile est en plein essor et quelques entreprises se partagent le juteux marché des cartes routières. Pour éviter les plagiats, chaque nouvelle carte est dotée d'un Copyright Trap c'est à dire un piège, un élément fictif ajouté volontairement pour repérer les copies. Élément à haute valeur ajoutée romanesque, imaginez toutes ces villes ou rivières ou collines ou autres dont les noms figurent sur des milliers de cartes sans que personne ne s'aperçoive de rien... Mais revenons à Desmond. Le jeune homme se voit confier la mission de trouver le Copyright Trap de la prochaine carte du Grand Est américain, il lui faut imaginer le lieu, lui trouver un nom d'après une histoire personnelle et singulière qui sera gage d'authenticité. Fiancé à Rosamelia, il décide de baptiser sa ville de papier de l'union de leurs deux prénoms qui précédera de peu la leur. Rosamond est née et je vous laisse découvrir pourquoi elle est placée là où elle est. Fin de l'histoire ? Pas du tout, ce n'est que le début. Quelques décennies plus tard, un journaliste intrigué par le sujet de ces Copyright Traps s'intéresse plus particulièrement à Rosamond lorsqu'il découvre que la ville semble avoir une réelle existence. Comment ce lieu fictif s'est-il ancré dans la réalité ? Que vient faire Hitchkock dans l'histoire ? Et cette élection de Miss Rosamond ? Quant à Walt Disney...



Ce qui est passionnant, en suivant l'avancée des recherches sur l'enchaînement de faits qui ont abouti à donner une existence à Rosamond, c'est de se laisser porter par la puissance des histoires, du hasard, des petites pierres qui tracent un chemin. De s'apercevoir qu'à chaque étape, un individu peut se contenter de ce qu'il voit, ou imaginer (croire, inventer) autre chose. Desmond Crothers a-t-il connu l'évolution de sa ville de papier ? C'est ce que tente d'établir le narrateur-enquêteur et c'est ainsi qu'il fait naître l'émotion, en mettant en lumière celui dont l'imagination est à l'origine de tant d'autres idées, fantasmes, créations. Il y a quelque chose de tout simplement merveilleux dans cette histoire, comme si un héros de papier quittait son livre pour s'installer dans votre canapé, ou un acteur traversait l'écran pour prendre place dans le fauteuil jouxtant le vôtre.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Janine

Le narrateur part sur les traces de janine, membre du groupe de rock WC3, morte trop jeune suite à une pulsion qui reste 30 ans plus tard inexpliquée. C'est l'occasion d'une plongée dans le milieu de la scène rock des années 80, celui des "petits groupes" provinciaux qui cherchent à faire leur trou. Celui-ci avait attiré l'intérêt de quelques critiques, puis d'un producteur, le temps de 2 albums et de quelques concerts. Et puis le geste de Janine a signé la fin de l'aventure. Comment ? Pourquoi ? Plus qu'une reconstitution, c'est son imagination que l'auteur fait fonctionner pour redonner vie à Françoise (le vrai prénom de Janine), à ses compagnons et à une certaine époque. Et tenter de comprendre, si c'est possible. C'est bien fait mais il faut quand même s'intéresser de près au monde du rock pour apprécier ce livre à sa juste valeur. Ce n'est pas mon cas mais j'ai néanmoins apprécié la plume et la structure narrative.

Un roman qui ravira les passionnés de musique rock un peu nostalgiques des années 80, des Téléphone et autres Starshooters.
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Une ville de papier

Connaissez-vous les «copyright traps», ces éléments fictifs ajoutés dans des ouvrages encyclopédiques ou sur des cartes géographiques afin de détecter d’éventuels plagiats ? J’en ignorais quant à moi totalement l’existence. Et pourtant, quand on y songe, existe-t-il meilleur moyen de prouver une contrefaçon ?



Olivier Hodasava, passionné de cartographie, s’est inspiré de l’étonnante histoire de l’une de ces villes fictives pour écrire un court roman mettant en scène un jeune cartographe américain chargé, dans les années 1930, d’établir le plan de l’Etat du Maine. A la veille de son mariage, en guise de reconnaissance pour la qualité de son travail, son patron lui confie la tâche de choisir le nom et l’emplacement de la ville imaginaire qui sera la discrète signature de la maison.

Créer une ville de toute pièce, voilà qui n’est pas rien ! Le jeune Desmond réfléchit longuement, car son choix témoignera de l’amour qu’il porte à Rosamelia. Ce sera donc Rosamond, contraction de son propre prénom et de celui de sa promise, qui se situera à mi-chemin de leur ville d’origine respective. Lorsqu’ils feront leur voyage de noces, ils déposeront au coeur de cet espace désert une plaque que Desmond aura préalablement fait graver. Voilà de quoi commencer à donner chair à ce territoire de papier...



L’histoire ne s’arrêtera pas là. Un homme s’emparera de ce simple point sur un plan pour fonder un commerce, donnant ainsi réellement vie à Rosamond, qui connaîtra un destin tourmenté. Un destin suffisamment insolite pour qu’un journaliste choisisse de nos jours de mener l’enquête afin de percer tous les mystères de cette ville désormais disparue...



Olivier Hodasava nous livre un roman passionnant, dans lequel il brouille les frontières de la fiction, multipliant les effets de réel en convoquant par exemple Stephen King ou les cartes de Google. Malgré la brièveté de son texte, il parvient à créer un univers parfaitement cohérent et des personnages très attachants. Il nous invite à nous interroger sur la force de l'écrit, qui s'impose comme une vérité indubitable, et la puissance de l'imaginaire, capable de donner vie aux chimères. Et l’on n’a qu’une envie en le refermant, c’est d’en savoir encore un peu plus sur ce singulier et troublant phénomène des copyright traps.
Lien : https://delphine-olympe.blog..
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Une ville de papier

L’extrait donne le sujet du roman : une ville est imaginée par un jeune cartographe dans les années 30, dans l’état du Maine. Oui, mais cette ville devient réelle grâce à quelques circonstances peu ordinaires. À notre époque, un journaliste, intrigué par ce fait inhabituel, enquête pour en retrouver des traces.

C’est un bon roman, car bien écrit et très malin, sans être inoubliable toutefois. Ce qui me reste, c’est l’habile manière de rester dans le flou : s’agit-il d’une enquête journalistique ou de faits totalement imaginés ? Ce n’est pas moi qui vous le dirai, bien sûr !
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Une ville de papier





Terme technique : Copyright trap

Terme poétique : Paper town ou ville de papier



Sous ces deux appellations, une seule idée, géniale et perverse : ajouter une ville fictive sur une carte routière en cours d’élaboration pour protéger les droits d’auteur et pouvoir accuser la concurrence de plagiat en cas de nécessité. Ainsi naquit véritablement la ville d’Agloe dans l’Etat de New York, objet d’un plagiat, d’un procès et d’une enquête au bout de laquelle on réalise que la ville s’est réellement mise à exister.

Ce dont s’inspire le roman d’Olivier Hodasava.



Etats-Unis, années 30. L’industrie automobile est en pleine expansion et tout ce qui s’y rattache également. Les nouveaux modèles de voiture se vendent par millions, les compagnies pétrolières s’implantent le long des routes qui se multiplient, la cartographie routière, à la demande de ces géants pétroliers (Esso, Exxon) se développe également. Marchands de rêve de voyages et rêveurs, tout le monde y trouve son compte.



Desmond Crothers, jeune cartographe apprécié au sein de la General Drafting et futur heureux marié, se voit confier la mission de créer le “copyright trap” sur la carte de l’Etat du Maine. Ainsi naît, tout droit sorti de l’esprit énamouré de Desmond, “Rosamond”, fusion-contraction de son propre prénom et de celui de sa future épouse, Rosemalia.



20 ans plus tard, un épicier s’implante à cet endroit, ne trouve rien de mieux que d’appeler son magasin “Rosamond General Store”, donnant ainsi de la “chair” à une ville qui n’existait jusqu’alors que sur papier. La légende peut dès lors commencer et convoquer ses personnages : des miss et des hippies, Stephen King, Walt Disney, des acteurs de Twilight Zone...



Je ne vous parle pas de sa construction habile, des multiples mises en abîme, du chahut vertigineux d’informations qui s’emploie à perdre le lecteur, des bouffées de nostalgie qui proviennent d’une époque que je n’ai pas vécue, de la mélancolie qui traverse certaines pages comme d’un vieil album photo, de la manière dont ça me poursuit encore, de la difficulté que j’ai à en parler pour susciter l’envie sans trop dévoiler.



Alors en trois mots, c’est envoûtant, malin, étourdissant.

Je vous mets au défi de ne pas chercher “Rosamond” sur une carte…;-).



Ma ville de papier : Berneo, union de nos prénoms, située près de la Mer d’Aral en Asie centrale, à égale distance de la Belgique (où je vis) et de la Corée (où je suis née).















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Une ville de papier

J’ai été complètement happé par la lecture d’ « Une ville de papier » d’Olivier Hodasava, dont je ne ferai pas le résumé (la 4ème de couverture le fait très bien).



L’écriture tourbillonnante et d’une limpidité remarquable d’Olivier Hodasava vous embarque, dès la première page, dans un voyage spatio-temporel qui transcende les époques et que vous ne quittez qu’une fois le roman refermé (et encore pas tout à fait).



Ces 162 pages agissent sur le lecteur comme un film - et prennent autant de temps à être lues. L’écriture est très visuelle et la construction en fractale vous conduit sur les traces du jeune cartographe, puis du narrateur sur les traces du jeune cartographe, dans un fourmillement d’érudition amusante - séries d’anecdotes qui vous font perdre pied avec le réel. La frontière entre fiction et réalité est en effet délicieusement floue, et attise la curiosité et l’imagination.
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Eclats d'Amérique : Chronique d'un voyage vir..

« Éclats d'Amérique », c'est le récit d'une traversée des États-Unis. Mais pas n'importe quelle traversée : une traversée virtuelle, immobile, onirique...

Car à l'heure de la Toile, des réseaux, des GPS et des caméras embarquées, il n'est pas forcément nécessaire de prendre l'avion pour voir ce qui se passe de l'autre côté de la Terre : il suffit d'un écran, d'une connexion... et d'un brin d'imagination...

Tel un Christophe Colomb des temps modernes, Olivier Hodasava (ou plutôt O., le narrateur), nous fait découvrir son Amérique, via ses captures d'écran réalisées sur Google Street View.

De l'Alabama au Wyoming (puisqu'un clic suffit à parcourir les 1120 miles qui séparent le Minnesota du Mississippi ou les 1900 miles entre l'Oklahoma et l'Oregon), le lecteur est amené à porter un autre regard sur le nouveau monde.

Loin des clichés habituels, les photos du narrateur sont constituées de détails jusqu'alors insignifiants, de lumières et de couleurs que l'on n'aurait pas remarquées, de banalités atypiques et d'originalités émouvantes. Et d'après ces extraordinaires photos, le narrateur raconte son périple, ses rencontres, les confidences qui lui ont été faites, ses mésaventures, ses doutes, son attente... Bref, son voyage immobile, rêvé.

Avec beaucoup de douceur et de poésie, l'auteur nous emmène dans un road-trip imaginaire mais crédible, une virée idéale, un périple parfait.

« Éclats d'Amérique » est à conseiller à tous les amoureux des USA, les nostalgiques, les admirateurs, mais aussi les détracteurs. Tous se rappelleront alors qu'il y a toujours plus d'une façon de voir une même chose, et que l'on peut trouver du beau dans la banalité, en regardant autrement et en prenant le temps de flâner.

A savourer avec, à côté du livre, sa tablette connectée à la page http://eclatsdamerique.blogspot.fr où sont présentées toutes les photos.
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Eclats d'Amérique : Chronique d'un voyage vir..

Depuis le début du confinement, à raison de un ou deux Etats par jour, j’ai joué le jeu du voyage virtuel que Olivier Hodasava propose via les captures d’écran qu’il glane sur Google street view. Chaque image (visible sur le blog de l’auteur “dreamlands virtual tour ») devient un terrain/atelier d’écriture d’où émergent des histoires, drôles, cocasses, fantasmées, nostalgiques, des instantanés aussi éphémères que les clics de nos arpentages virtuels.



Ces captures de bords de routes, d’enseignes, de monuments, de friches, de bouts de terrains, une fois extraits de leur contexte deviennent le théâtre d’un nouvel enjeu textuel.



J’ai adoré ce voyage ludique et confiné, visiter les Etats d’Amérique, dans leur ordre alphabétique (remember this song?) à coups de vrais clichés.



Il est possible de le trouver en version numérique sur le site des éditions puisque la version papier est épuisée. Et si ce n’est déjà fait rattrapez vous sur « Une ville de papier » du même auteur et dans la même maison.

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Janine

Nous sommes dans les années 80, ces années où l'on ose tout , où chacun peut croire à sa chance et où la musique se déploie sous toutes ses formes. Au milieu des charts, des courants populaires, d'autres s'imposent, se révèlent. Parmi eux, un petit groupe de rock punk au nom aussi provocateur que ses membres : "WC3" ou plus précisément "A 3 dans les WC".

Vous ne les connaissez pas ? Moi non plus. Mais voilà, j'ai croisé ce livre. J'ai aimé sa couverture parce que ce visage...Si grave, si sérieux ...Et ce regard qui semble vous scruter, chercher au fond de vous une vérité , paradoxalement encore plus quand tout à coup ce regard fuit pour se fermer...

Alors je suis partie à la rencontre de Janine, guidée par les souvenirs d'Olivier Hodasava , bercée par les anecdotes de cette époque et un peu par la légende autour de ce petit groupe qui y croyait fort . Les WC3, c'est l'histoire d'une amitié , de rêve et d'audace. C'est le parcours de jeunes garçons avec une fille au milieu. Cette fille, c'est une virtuose du clavier. C'est aussi un élément essentiel du groupe. Même si elle est secrète, même si elle a parfois un sale caractère, c'est leur petite lumière. Le public ne s'y trompe pas. Sans elle, WC3 n'existerait pas. Sans elle, WC3 n'existera plus.

Dans ce "biopic", Olivier Hodasara nous retrace l'histoire d'un succès éphémère, celui d'une étoile filante. Celui d'une fille qui s'appelait Françoise mais que tout le monde appelait Janine. Une fille qui un jour, après un concert, a décidé d'éteindre pour toujours la lumière derrière ses paupières.

Une jolie découverte.

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Une ville de papier

Le propos du livre m'a attirée. Je ne m'étais pas vraiment interrogée sur la naissance de la cartographie des territoires et encore moins du territoire américain et je n'avais jamais non plus entendu parlé des villes de papier. C'est donc avec un grand intérêt que je commençais ce roman. Si la découverte de l'intrigue est assez prenante, la suite du roman sous la forme d'une enquête traîne parfois un peu en longueur. Ce livre, finalement plus proche d'un récit documentaire que d'un roman ne manque du coup pas d'intérêt mais pour ma part d'un peu d'émotions...
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Eclats d'Amérique : Chronique d'un voyage vir..

Récit de voyage? Roman? Mensonges? Duperie?

Qui a dit que le voyage n'avait qu'une forme? Qu'une façon de se vivre et de se raconter? Certainement pas Olivier Hodasava!

Le "voyageur immobile" se lance dans un long périple: la visite des 50 états qui forment la première puissance mondiale. Sacré challenge! Là où ça se complique ( ou se simplifie, c'est selon....), c'est qu'il n'a pas prévu de bouger de son canapé.

Autant l'assumer tout de suite, je me suis fait avoir. Ayant seulement survoler la quatrième de couverture avant de plonger la tête la première, je me suis enthousiasmé pour sa façon de voyager. Les chroniques de ces petits rien qui peuplent un voyage (deux barquettes de viande vide à 500 m l'un de l'autre?) , des amours sans lendemains, des rencontres sans suite au bord des rails. Un voyage loin des monument, plus proche du quotidien, le voyage que je rêverai de faire en somme. Un récit frai et vivant qui vous donne le goût de l'aventure...

Evidemment, j'ai découvert le poteau rose. Notre baroudeur a bien visité les 50 états de l'union, mais sur google street vieuw...

Alors c'est sûr, il est plus facile de prendre son temps quand on est entre deux coussins et non entre deux avions. Cependant Olivier Hodasava est un véritable conteur et j'ai bien envie de refaire son itinéraire afin de comprendre ce qui lui a inspiré ses chroniques...

Au final, je sus contente d'avoir entamé le roman avant de connaître le fond de l'affaire Hodasava. La relecture a été savoureuse, pleine de clin d’œil sur son état de voyageur de canapé glisser au coin d'une rue. Avec où sans le caractère immobile du voyageur ce récit est drôle et rafraîchissant, une idée originale, une invitation à l'aventure (même assis!).
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Une ville de papier

Difficile de démêler le vrai du faux, dans ce roman, surtout que c'est basé sur du vrai, mais quelle importance? J'ai lu avec un grand plaisir ce roman écrit de façon fluide, à la manière d'une enquête.



Dans les années 30, l'automobile se développe, les américains sont appelés à se déplacer, et à consommer du carburant : les cartes sont distribuées gratuitement dans les stations services; mais pour les sociétés de cartographie, comment être sûr qu'un concurrent ne vous copiera pas, histoire d'avoir le beurre et l'argent du beurre, sans fatigue, sans dépense? L'idée est de placer sur la carte une ville imaginaire, dont l’apparition chez un concurrent témoignera de la fraude.

Ainsi est 'née' Rosamond.

Jusqu'au jour où elle s'est mise à 'exister'.



Edit : et c'est vrai que je n'en dis pas vraiment assez. Donc, la société découvre un jour que Rosamond existe sur d'autres cartes, alors, plagiat? Mais sur place on trouve une boutique, et au fil du temps le coin voit des événements se dérouler.

Et là je n'en dis pas plus.



Absolument fascinant!
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Janine

Sur les traces d'un groupe météorite et prometteur dans la période punk française et de son âme noire et trouble, la talentueuse Françoise alias Janine (cf. David Bowie - face B de Ground Control), premier prix de conservatoire de Saint Quentin passée au punk.

Dans cette enquête, l'auteur alterne le compte-rendu du dernier concert et de son épilogue, en italique et la narration de l'aventure de ce groupe au nom qui "dilate les sphincters" - A3 dans les waters - WC, devenu WC3 pour cause de commercialisation sous label CBS. Modeste, honnête et respectueux, l'enquêteur n'en parvient pas moins à évoquer avec grande sensibilité cette époque habitée d'anges blessés - Daniel Darc, de Taxi Girl, Ian Curtis, de Joy Division, ... Une époque et certains personnages rappellent Vernon Subutex et Blondie de Virginie Despentes.

Le poster que l'auteur a présenté pour autographe à Janine à l'ultime concert et le regard "Désolé !" qu'elle lui a adressé en prenant congé est le point de départ et a motivé tout son travail. Il a en tout cas réussi chez moi, à susciter une vraie empathie qui a réveillé et prolongé mon attirance pour cet épisode de l'histoire de la musique plein d'énergie et ma peine pour celles et ceux qui ont été fauchés.
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Une ville de papier

On a tous déjà été marqué par le récit d’une histoire atypique, une anecdote surprenante avec une part de mystère lu dans un article de journal, sur le web ou raconté par l’oncle d’un ami… du genre qui vous hante ou vous revient souvent à l’esprit à cause d’un infime détail croisé dans le quotidien, qui vous inspire, voire vous obsède.

Et ici c’est l’histoire d’une ville qui n’aurait jamais dû exister qui a marqué Olivier Hodasava. De cette découverte découle un récit mêlant fiction et réalité, où l’auteur part dans un road trip / enquête à travers les Etats-Unis à la rencontre des personnes pouvant témoigner et amener des éléments autour de cette histoire touchante, et de ceux qui l’ont vécu.
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