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Citations de Olivier Mak-Bouchard (101)


Je marche en haut des falaises du vallon de l’Aiguebrun. C’est déjà la fin de l’après-midi, le soleil est bas dans le ciel. Le thym a pris des coups de soleil et distille son odeur forte, entêtante, qui assaille les narines et donne mal à la tête. On sent que la nature a été écrasée toute la journée par le cagnard, qu’elle est toute mouligasse, et qu’elle voit arriver la fin du jour avec soulagement. Les pins respirent, se redressent, les oiseaux recommencent à voler, les lézards se baladent à gauche à droite. On sent que pour une heure ou deux, la nature est de sortie, qu’elle a saisi l’opportunité de vaquer à ses occupations après s’être terrée toute la journée. Elle fait comme dans les pays nordiques, elle cherche à profiter au maximum de l’été après un si long hiver. Comme sous l’effet d’un soleil de minuit, les ombres se rallongent et diffusent une fraîcheur insomniaque. Je marche rapidement à travers les buis, avec le vallon à mes pieds. Le sentier est très accidenté : il suit l’arête du rocher, monte et descend sans arrêt, de caillasse en caillasse.
Au détour d’un virage en épingle, mes pas s’arrêtent d’un coup : là, un peu plus loin sur le sentier, des boucs et des chèvres jouent les équilibristes entre les blocs de calcaire. Ils ne m’ont pas vu arriver : je m’accroupis sans faire de bruit, je me tapis dans les buis pour les observer un moment. Ils sont une petite quinzaine, ils sont magnifiques.

Début du premier chapitre
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Blanche avait mis sur la rambarde de la terrasse de la margarine, des graines de tournesol et des miettes de pain pour aider les oiseaux à passer l'hiver. Défilait devant nos fenêtres tout ce que le Luberon comptait de plumes et de pique-assiettes. Entre les agasses* et les geais, notre balcon prenait des airs de soupe populaire et de foire d'empoigne. Nous arrivions parfois à jouer à guichets fermés, et avions le plaisir d'observer des mésanges charbonnières, des tarins des aulnes, ou encore des alouettes lulus.
*Pies
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Le travail n’était pas tant épuisant en soi : c’est plutôt que vous rentriez dans un calendrier où cinq jours par semaine, votre vie, la vraie, était mise entre parenthèses.
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Il y souffle encore, du sommet du Ventoux jusqu’aux crêtes du Luberon, si fort qu’on se demande parfois si ce sont les poteaux qui tiennent les fils, ou les fils qui tiennent les poteaux.
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"Macanille (Fichtre) mais c'est mieux que l'élixir du révérend père Gaucher que vous nous avez trouvé là!" dit Albane.
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"je vous préviens, si c'est encore pour me parler de vos Gallo-Romains, ça ne sert à rien, je vous ai dit que ma décision est prise, il n'y a pas à revenir dessus."
"Personne ne va appeler qui que ce soit, à la préfecture, au musée ou ailleurs, le coupai-je. On va voir nous-mêmes ce qu'il y a là-dessous. Vous et moi, tout seuls, et on ne dit rien à personne" continuai-je.
Il me regarda avec un air circonspect. J'avais piqué son intérêt et il ne me restait plus qu'à dérouler la pelote pour jouer avec le chat.
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Lorsque les appareils photo se sont arrêtés c'est de ce côté-là qu'on avait creusé pour trouver une explication. On a regardé à nouveau, on a renvoyé de la data pour voir.
Le Nuage est toujours là, et il joue toujours avec la data. Impossible de lui faire avaler ou cracher ce qu'on veut, ça n'a pas changé. En revanche, ce qui est nouveau, c'est qu'il a en plus commencé à lâcher de l'information sans qu'on le lui demande. On s'en est même pas aperçu, au début, il a vraiment fallu regarder deux fois avant d'arriver à voir quelque chose. C'est infinitésimal, presque rien par rapport aux flux qui opèrent encore normalement. Mais le plus curieux, c'est que ce n’est même pas de la data, ou moins pas la même structure que celle avec laquelle on a l’habitude de traiter.
Là, ce que le Nuage relâche, ce n'est pas des 0 et des 1, du binaire. C’est autre chose, un langage qui n’a ni queue ni tête, de la data d’un nouveau type, qui s’échappe du Nuage au milieu du reste en petits paquets. Des micro-averses qui tombent, comme çà, alors qu'on n’a rien demandé. Il ne s'agit pas de flux, qui sont vectorisés; non, le Nuage nous crache dessus des micro-averses de data sauvage.»
L'Homme le Plus Riche du Monde a fait une pause. On s'entait qu'il voulait nous laisser le temps de digérer. p.100
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Si les chats ne sont pas aussi réputés pour leur fidélité que leurs cousins canins, le Hussard est une exception qui confirme la règle. Je me suis toujours demandé comment il fait pour être là quand je rentre, fidèle au poste.
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Une à une, les étoiles timides se dévoilent. La lune fait apparaître les sommets puis les crêtes, et la masse du Luberon se laisse enfin deviner. On ne le voit pas vraiment, mais on sent qu'il est tout autour, avec ses bruits qui ressemblent à des murmures, ses taillis profonds qui résistent au regard, ses bêtes que l'on devine de sortie pour profiter de la fraîcheur. C'est angoissant : l'obscurité et le silence cachent mal tout ce qui est là, qui épie, aux aguets, mais qui demeure invisible.
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Septembre est le meilleur mois pour apprécier le Luberon, ex aequo avec octobre. Les foules estivales ont déserté et les villages redeviennent des citadelles imprenables. Le thermomètre redescend. La lumière est plus douce. La nature s'enfonce à reculons dans la saison, elle ne sait pas trop quoi faire. Elle hésite entre lézarder encore un moment sur les pierres calcaires ou se préparer pour les rideaux de l'automne. Parfois, on voyait encore un morceau d'écorce s'accrocher à la vie, remonter les rainures du pin et se mettre à chanter: c'était une cigale qui refusait de s'enterrer et voulait accompagner le beau temps jusque dans ses derniers jours.
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Nous regardions l'épave disparaître avec monsieur Sécaillat dans le virage lorsque le Hussard apparut, remontant notre chemin bordé de chênes-kermès. J'ai demandé plus tard à monsieur Sécaillat s'il avait aperçu ce chat quand il remorquait le J7, il me répondit que non, et que d'ailleurs il ne l'avait jamais vu dans le coin. Il s'en serait souvenu : le hussard est un gros chat tout blanc, à l'exception de ses pattes qui sont noires, des coussinets jusqu'aux genoux. C'est pourquoi nous l'avons appelé le Hussard : on aurait dit un chasseur alpin pourvu de grandes bottes de cuir noir, et longeant le mur de la Peste. Toujours est-il que, ce jour-là, de son pas cadencé et martial, le Hussard remonta notre chemin, nous doubla sans coup férir, et s'avança jusqu'à notre porte d'entrée. Il nous attendit sur le paillasson, fier de son nouveau titre qu'il nous restait à apprendre : maître des lieux.
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La Photographie accoutuma les yeux à attendre ce qu'ils doivent voir; et elle les instruisit à ne pas voir ce qui n'existe pas, et qu'ils voyaient fort bien avant elles.
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Lorsqu'un tesson apparaissait, je prenais une photo avec mon téléphone, comme un détective qui immortalise la scène du crime avant de continuer ses investigations.
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Seul dans le noir, le Mistral comprend qu’il a été joué. Et cet esperloufi* qui faisait le cacou** devant tout le monde se met à pleurer, ses larmes ruissellent et font plic, ploc dans l’eau du puits.
* énergumène
** le malin
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Lorsqu'il entendait des gens venir à contresens, des randonneurs, des touristes, il allait se cacher dans les buis. Ce n'est pas qu'il était timoré ou timide,non, c'est juste qu'il voulait rester dans son royaume, éviter que tout ne s'effondre à cause de simples intrus de passage. Les buis masquaient ses cathédrales de chimères et ses acqueducs d'illusions. Le Luberon était un terrain de jeu à la hauteur de son royaume : la guarrigue était sa brousse, les ocres ses canyons, les bories ses cavernes super-secrètes. Les allées de cerisiers étaient des alignements de dolmens pour se cacher des légions romaines, les rangées de vignes des labyrinthes où suivre les mousquetaires, les rayons de lavande des sauts de haies pour les Olympiades.
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Qu'au bastis sus la graveno, perdi soun tems et mai sa peno. Qui bâtit sur le gravier perd son temps mais aussi sa peine. Vaut mieux revenir dans quelques heures.
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On sentait chez monsieur Sécaillat cette force paysanne que rien ne fait plier et qui encaisse tout, obstinément, sans broncher.
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Il y a un compagnon avec lequel on est tout le temps, c'est soi-même : il faut s'arranger pour que ce soit un compagnon aimable.
Jean Giono
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Avec l'âge ,il était grand maintenant:il avait le droit d'aller au bout du chemin,au-delà du portail ,par-delà les champs.le Luberon s'offrit à lui ,et pour la première fois ,son royaume trouva un terrain à sa mesure .Pour la première fois , il n'y avait rien à changer , rien à rétrécir :tout était parfait , tout était grand , tout était sublime
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- Dis-moi, l'Air, avec ton Mistral qui va souffler tous les jours, n'y a-t-il pas un risque que les gens d'en dessous deviennent complètement fadas ? [...]
- Tout est question d'éducation. [...]
Le Mistral pourra souffler aussi fort qu'il le souhaite, mais seulement par tranches successives de trois jours. Un, trois, six ou neuf, pas plus.
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