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Critiques de Olivier Py (41)
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Les mille et une définitions du théâtre

Comme le titre l’indique, le metteur en scène, comédien et dramaturge Olivier Py propose mille et une définitions du théâtre, certaines longues, beaucoup d’autres courtes, certaines poétiques, et nombre d’entre elles qui donnent vraiment à penser. J’ai d’ailleurs mieux compris sa mise en scène de l’opéra Manon grâce à ce livre. Quelques analyses sur Hamlet, exemple récurrent, sont également intéressantes.



De tout cela, on peut retenir plusieurs idées principales, plusieurs fois développées, assez révélatrices de ce qu’est le théâtre contemporain. Ce sont d’ailleurs des tendances qui ne satisfont mal quand je vais au théâtre : tout d’abord, le théâtre est immanence, célébration du présent, du moment. En cela, c’est un remède à la peur de la mort.

Ce n’est pas un art (Py insiste beaucoup là-dessus), ni un discours, mais une expérience. Il ne faut donc pas chercher à comprendre une pièce, mais se laisser entraîner, envoûter, ensorceler, que sais-je encore. Ne rien comprendre à une pièce serait normal, voire plaisant !

À cela, Py ajoute une forte dimension catholique, à travers des métaphores filées omniprésentes : le jeu du comédien est pensé à travers l’Incarnation, ou même le sacrifice christique, spectateurs et acteurs entrent en communion, le sens se cherche et se trouve en Dieu, et l’homme est présenté sans cesse comme à la recherche du pardon, de la pureté originelle, etc. Soit.



Il y a donc bien des choses intéressantes dans ce livre, mais il est trop long ! Beaucoup d’idées sont répétées, voire ressassées. De même un nombre considérable de définition repose sur des oxymores de ce genre : « Le théâtre est l’inséparable qui vient dans le séparé », ou « Le théâtre est l’indicible qui vient dans le dire ». Ce procédé est si récurent qu’un précédent lecteur de mon exemplaire s’est exclamé, en marge de la définition 920 (« Le théâtre est l’inconnaissable qui vient dans le connu. ») : « c’est fini, oui ? », et l’on ne peut que partager un peu de sa lassitude. On en vient à souhaiter parfois qu’au lieu de s’inspirer des Mille et une nuits, Olivier Py ait plutôt regardé du côté des 101 Dalmatiens et resserré son propos.

Au final, malgré ses qualités, le livre donne une impression de grandiloquence ; c’est, pour détourner une définition du théâtre proposée par Olivier Py lui-même, « une parole amoureuse d’elle-même, qui se découvre et s’admire ». Il y a dans le livre des tentatives d’humour mais il fait rarement mouche, notamment dans les dialogues fictifs, souvent oiseux.



Ce livre peut donc se comparer à un spectacle qui montre quelques scènes brillantes, mais bien trop long, car le metteur en scène aime trop sa propre œuvre pour rien en retrancher.

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Les Parisiens

J'avais ce roman depuis trois ans dans ma longue liste en attente. Quelle déception ! Quelle horreur ! Lecture abandonnée après une dizaines de pages. J’aime beaucoup ce dramaturge mais dans ce roman il s’overdose de mots. Dès la première page : “Aurélien pisse contre un platane. Un clochard qui joue du tam-tam sur un vieux bidon d’huile, mythiquement abîmé dans l’amour de sa crasse, semble faire battre le poul de la ville.” ??? Dix pages de ce style ! 537 pages ! Je suis très déçue.



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Excelsior

Excelsior… ou comment voir le verre à moitié vide? Non, ce livre ne cherche pas à vous remonter le moral.



N’empêche que j’ai préféré ce roman au Le parisien.



On suit un homme, architecte de métier, qui pourrait être à sa retraite. Orgueil, perfectionnisme, haine de soi, se complaire dans sa souffrance… tous des thèmes que l’on croisera au fur et à mesure qu’on connaîtra cet homme.



« Quand il ne travaille pas, il n’est plus rien »;

« Ce n’était pas un homme bon. Probablement des souffrances qu’il n’a jamais su dire, mais je ne peux pas tout lui pardonner ».



Pour celles et ceux qui aiment le genre. Pour ma part, j’ai tout de même apprécié ma lecture.
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Les Parisiens

Histoire entre 2 jeunes à Paris: Aurélien, le rouquin aux yeux fauves, qui vient de province et de Lucas, Le brun. La trame de fond n’est pas sans penser à l’excellent roman Illusions perdues de Balzac et au très bon film de Xavier Giannoli (2021).

Les 2 protagonistes principaux m’ont fait penser aux fameux masques antiques du théâtre grec marquant les genres de la tragédie et de la comédie. Ceci en référence, semble-t-il, aux fêtes rituelles à Dionysos, celles ci mêlant joie de l'ivresse et apitoiement sur les difficultés de l'existence. Et voilà la musique!

Tout au contraire de Balzac, ce roman est plutôt lourd à lire.
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L'île que j'ai tant aimée

Parce que je suis une amoureuse de l'île d'Ouessant, j'adore apporter un roman en lien avec cette île surtout lorsque je suis en périple là-bas.



Afin d'être au plus profond de mon île de cœur, j'ai foncé sur ce roman qui retrace à travers des carnets et des dessins les souvenirs d'une jeune ouessantine au début du XXe.

Je suis assez triste que mon retour ne soit pas aussi enthousiaste que lorsque je me suis lancée dans cette lecture...

Ce qui m'a dérangée tout du long ce sont les notes en bas de pages pour expliquer des termes bretons, des noms de sites sur l'île ou des objets obsolètes pour nous. Ces notes sont tellement longues que l'on en perd le fil du roman: j'ai hésité à ne plus les lire afin de ne pas m'agacer dans ces explications.

A plusieurs reprises je me suis vue sur l'île parcourir le trajet décrit par Daleine: les descriptions sont telles que l'île est vraiment où les légendes sont très présentes (et là, merci la guide conférencière de l'île pour toutes ces sources!!). La vie sur l'île y est décrite mais il manque des détails pour imaginer la vie telle qu'elle est réellement, hormis la vie et l'absence des pêcheurs au rythme des saisons. J'ai vu un clin d'oeil et cela m'a beaucoup fait sourire quand elle évoque le monstre des mers que tous les animaux veulent tuer alors que ce n'est qu'un phoque: le lendemain j'étais en tête avec eux :-).

Le format du livre est quelque peu dérangeant: je me suis demandé si c'était des nouvelles ou une histoire qui se suit. A plusieurs chapitres je n'ai pas vu le lien entre. J'ai eu l'impression de voir un alignement de récits et d'en perdre la saveur.



Un moment de dépaysement mais pas totalement à la hauteur de ce que je pensais, en étant sur l'île, de par son format.
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Hamlet à l'impératif

Ici, Olivier Py aborde la question de l’universalité de ce récit et de sa traduction. En allant plus loin qu’une première lecture, on découvre la portée de ce chef-d’œuvre, avec une mise en évidence de thèmes tels que le pouvoir, la mort, l’amour et la vengeance. A mesure que les questions se résolvent, « Hamlet » demeure néanmoins un mystère. Refusant tout périmètre, cette tragédie reste sujette à maintes supputations, avec des avis qui caracolent dans toutes les directions. Il ne s’agit pas seulement d’une vision personnelle ni éthique, mais du besoin de savoir de quelle façon cette tragédie à réussi à marquer durablement les esprits, au point de faire entrer certains monologues dans le langage commun. To be or not to be … tout le monde connaît !
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Les Parisiens

Je me suis arrêtée à la page 26. Pour moi, c'était aussi ennuyeux que le Portrait de Dorian Grey, livre auquel je trouve des ressemblances ou des emprunts. La description de l'intérieur de la maison, les considérations sur la vie/la mort/et tout ça, la désincarnation. Pas de conclusion puisque pas fini.
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La Jeune Fille, le Diable et le moulin

"La Jeune Fille, le Diable et le Moulin" est une pièce simple et cruelle.

Sobre, simple, efficace, dramatique.

Adaptant un conte de Grimm pour le théâtre, donnant à ces personnages un langage extrêmement simple, Olivier Py fait ressortir l'incroyable et l'audacieuse cruauté de ce conte pour enfants où il est question, entre autres, de père qui estropie sa fille pour devenir riche.

Olivier Py réussit, par de beaux contrastes à opposer l'innocence de la jeune fille à la cruauté de son père, la bravoure et le sens de l'honneur du prince à la lâcheté et à la mesquinerie du Diable.

Et il défend, face à la mesquinerie, à la haine, à la cupidité, à la violence du Diable, à son besoin de souiller ( il lui arrive de trouver la jeune fille trop innocente !... ), à sa façon de considérer la femme comme un objet ( il n'hésite pas à nouer un pacte pour que le père de la jeune fille lui donne celle-ci contre de l'argent !… ), face à la cupidité d'un père cruel, les valeurs chevaleresques, d'amour, de bravoure, de respect, défendue par d'autres personnages. Dans notre monde actuel, où la cupidité règne, où l'être humain n'est vu, par certains, que comme un moyen de l'argent, c'est un appel, c'est un plaidoyer.

Une pièce remarquable, tout en sobriété !...
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Les Parisiens

Une écriture dense et parfois difficile à suivre, mais à laquelle le lecteur finira par s'habituer au fur et à mesure de son entrée dans le roman. En parallèle, la brutalité des expressions et de scènes qui retournent le cœur du lecteur, au point de lui donner la nausée ! C'est pourquoi Olivier Py nous offre ce que l'on peut nommer une performance littéraire, voire artistique...



En deuxième lieu, nous ne pouvons qu'être déroutés face au choix du sujet. Une histoire complexe, portée par de jeunes ambitieux libertins en pleine révolution. Dévoreurs de richesses matérielles, dépendants du sexe et des parties de débauche, portes-flambeaux des réfugiés, des chômeurs, des prostitués et de toutes les formes de rejets entretenues par la société contemporaine ; ils sont avant tout un immense message d'espoir ! Une nouvelle révolution qui avortera comme tant d'autres avant elle, mais qui aura assez secouée les murs de la ville pour en traumatiser plus d'un !



Enfin, ce roman - bien que porteur d'une fourmilière d'idées utopiques et révolutionnaires -, ne peut se dépêtrer de quelques désagréments. Bien entendu, nous ne pouvons nier l'homosexualité qui a toujours été revendiquée par l'auteur, chrétien convaincu, aussi connu pour ses prises de positions politiques. Notamment en ce qui concerne le débat sur le mariage homosexuel. C'est d'ailleurs en cela que les lecteurs hétérosexuels auront parfois du mal avec certain passages du roman. Une prise de position claire et assumée, qui laissera le lecteur traditionaliste sur le bas-côté. Entre les scènes crues de sexe, la débauche des orgies entre hommes politiques et le décryptage du travail des prostituées, il faut avoir le cœur bien accroché ! Un petit côté Sadien qui ne sera pas non plus sans émoustiller le lecteur aguerri, mais qui puise surtout sa force dans l'éclairage sociologique, politique, moral et anarchiste.



Voilà pourquoi "Les Parisiens" d'Olivier Py demeure non pas un bon roman, mais un grand roman ! Il rejoint avec fierté et décadentisme, le haut grade de ces impressionnants ouvrages, par la force de son style, le choix du sujet et ses hautes références philosophiques, poétiques, théâtrales et morales. Un roman qui se lit comme un pamphlet révolutionnaire, mégaphone de toute une génération et capable de rassembler une foule de jeunes esthètes plaçant la valeur esthétique de l'Art au-dessus de tout ! Mais un pamphlet qui nous offre aussi tout un groupe d'amis rebelles auxquels nous finissons par nous attacher, faisant partie de ces personnages qui nous touchent et nous rappellent avec émotion, pourquoi nous aimons tant la puissance des mots...
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Les Parisiens

« Soyez au monde comme n'y étant pas », disait saint Paul, plusieurs fois cité... Nulle crainte : si mystique et théologie il y a dans cette délirante saga initiatique, les plus romanesques orgies s'y conjuguent aussi aux plus folles intrigues et ambitions artistico-politiques. Croix, sexe, littérature, pouvoir et oeuvres d'art y communient dans une sarabande à faire se damner Balzac, Nietzsche, Claudel, Gide et Teilhard de Chardin réunis. L'auteur et patron du Festival d'Avignon est baroque et excessif ; il aime à s'afficher chrétien, homosexuel et affamé de toutes les ­reconnaissances. Il raconte ici le parcours d'Aurélien, jeune metteur en scène, poète transgressif et ambitieux, beau comme un faune de Debussy. Et qui pourrait lui ressembler comme un frère... Le roman est en effet une oeuvre à clés où les plus « arty » d'entre nous s'amuseront à reconnaître telle comédienne, tels ministre, chef d'orchestre, mécène ou grand commis de l'Etat... Raide amoureux d'un poète beau comme un ange mais torturé par la haine de soi et l'obsession de la sainteté, Aurélien se perd et se retrouve de bras en bras. Sans dédaigner la prostitution qu'il pratique comme un des beaux-arts, inventant le concept de « putitude » ou... « droit au théâtre » : « un jour, je suis ça, un autre je suis ci, avec toi je suis celle-ci et avec toi, celle-là, et la richesse de l'existence, pour ne pas dire le sens même de l'existence, c'est une sorte de carnaval dans lequel j'ai le droit d'avoir tous les masques... » Une énergie hystérique baigne ce polar métaphysique où artistes et grands patrons d'institutions culturelles se réinventent dans des backrooms ­sordides mais rédemptrices. Un désordre traversé de désirs, de révolutions, de morts et de passion irraison­née pour un Dieu proclamé absent noue une écriture comme en transe, sculptée en courts chapitres incendiaires. Le petit monde parisien qu'Olivier Py prétend — naïvement ? — observer avec ses compromissions, ses lâchetés, ses vanités, n'y est pas le plus fascinant. Le sont davantage la rage vitale et la tragique lucidité d'Aurélien-Olivier. Sa contagieuse et brûlante volonté d'être au monde, malgré la désespérance noire et la mélancolie profonde. Quand même et malgré tout. Comme en n'y étant pas... (télérama)
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Excelsior

Bon. Je n’ai pas été touchée par ce livre. Pourtant il ne manque pas de qualités : je l’ai trouvé très bien écrit, empreint d’un certain lyrisme certes, mais pas maniéré non plus. Et ça fait du bien, de temps en temps, de lire de belles choses. Outre le style, le découpage en huit scènes de « L’homme qui… » est plutôt bien vu. Olivier Py convoque deci delà de très jolies images : les petits ouvrages plutôt que les grands nous rapprochent de Dieu pour n’en citer qu’une.



Mais voilà… La quête intérieure de cet architecte désabusé constitue l’essentiel du roman et perso… Je ne me suis pas sentie concernée par cette lecture. La quatrième de couverture nous parle d’un ouvrage qui traiterait de l’humain. J’y ai plutôt vu UN humain, dont la singularité ne m’a pas touchée : l’artiste torturé, sa quête d’absolu, l’ennui que les bourgeois débiles férus d’art lui inspirent (bouh les vilains philistins)… J’ai eu la sensation d’avoir déjà lu ça ailleurs, de tomber sur des clichés un peu ennuyeux. La seule part du récit qui m’a vraiment emportée est celle de « L’homme qui se cache ». L’auteur met un peu de côté les considérations intérieures du personnage pour la traque sensuelle d’un couple au beau milieu de la moiteur d’une fête foraine. J’ai vraiment découvert dans ce passage un certain talent pour décrire l’émotion, le lien, la tension…
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Les Parisiens

Les Parisiens d'Olivier Py se veut grand roman balzacien du XXIe siècle. La Comédie humaine compte en effet quelques figures archétypales d'ambitieux, de Rastignac (cité à plusieurs reprises par Py) à Vautrin, en passant par le jeune Lucien de Rubempré. C'est selon leur modèle que se construit Aurélien, dramaturge et metteur en scène venu de Province pour réussir à Paris. A sa suite, on visite tour à tour les hautes sphères du pouvoir et du monde de la culture et les boîtes gays. Avec une escale, de temps en temps, dans le refuge d'un clocher d'église ou la pauvreté d'une chambre de bonne où on vit à quatre. Talentueux, il est surtout porteur d'une énergie vitale qui fait cruellement défaut aux puissants qu'il fréquente. Le roman compte un nombre impressionnant de personnages secondaires, souvent hauts en couleur : le chef d'orchestre Milo Venstein, qui cherche dans la musique la réponse au vide métaphysique qui le dévore de l'intérieur ; Jacqueline et ses tailleurs aux couleurs improbables, qui fait et défait les modes dans l'ombre et sème ses bijoux comme le petit poucet ses miettes de pain ; Iris et Serena, le couple de lesbiennes militantes ; la grande Catherine, actrice à la Comédie française ayant sombré dans la folie et l'alcoolisme ; Touraine et Sarazac, qui briguent tous deux le poste de directeur de l'Opéra et se révèlent deux faces d'une même pièce, aussi opposés qu'indispensables l'uns à l'autre, etc. De nombreux personnages, tous mus par un but qui les dépasse, rongés par un passé qu'ils fuient ; la volonté de brosser un tableau cynique du Paris culturel et de ses sphères d'influence ; le tout relié aux questionnements LGBT. Sur le papier, on fait difficilement plus prometteur. Cependant, le roman ressemble fortement aux recettes que je réalise pour la première fois. En général, c'est mangeable, ça peut même être plutôt bon, mais ce n'est pas toujours bien présenté, et la sauce n'a pas la bonne consistance.



Le principal défaut et la principale qualité du roman tiennent déjà de la même chose : Les Parisiens est un roman du XIXe siècle. Il en prend tout d'abord les références : Py allusionne avec autant d'allant qu'un décadent un soir de beau temps, et les citations de Huysmans ou de Nietzsche ne se dévoilent, dépourvues de leurs guillemets, qu'à ceux qui les connaissent déjà. Il en prend aussi, et surtout, les outrances : ses personnages déclament et pérorent. Ils en oublient parfois d'être réalistes, à force d'être des supports de discours.



Arrêtons-nous là un instant, car nous arrivons là à un des principaux reproches faits à ce livre. Ce qui le sauve en partie (hélas, en partie seulement), c'est que ses personnages sont des gens de théâtre et qui s'est retrouvé entouré d'une troupe d'acteurs bavards (ce qui est un pléonasme) peut déjà se dire qu'il y a un peu de vrai. Quand bien même certains ne seraient pas officiellement acteurs, le livre nous démontre que tout Parisien est d'abord un leurre, une illusion - une image, construite sur de l'existant... ou du vide. Aussi n'est-il pas anodin que tous les personnages aient, de façon si inquiétante, les mêmes discours, les mêmes termes au bout des lèvres : la sociabilité parisienne n'est-elle pas une forme d'uniformisation forcée, dont seuls quelques rares personnages échappent ? Peu d'entre eux sont rachetés aux yeux de l'auteur : la plupart d'entre eux sont les prostitué(e)s, seuls réellement conscients de leur vocation théâtrale dans un monde où tout est représentation.



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Le roman tient aussi du XIXe sa relation au sacré : dans leur quête de transcendance dans un monde qui en est dépourvu et qui cherche à tout prix à s'en consoler (le monde comme société de consolation, pour reprendre une expression du livre), plusieurs personnages se perdent dans beaucoup d'absolu et d'abstrait. L'un d'entre eux est Lucas, fils de bonne famille, écrivain d'une seule oeuvre et amant-miroir d'Aurélien. Lucas est un désespéré, sans voie de salut par la foi, et il se lance dans une quête de transcendance où il a recours à tous les moyens d'humiliation et d'ascèse pour parvenir à trouver un peu de sens à sa vie. Au fil du roman, il maigrit, il prend les coups et les cicatrices, il va même jusqu'à perdre une jambe - en un mot, il s'abîme. En ce sens, il représente le reflet d'Aurélien qui semble plonger dans la mondanité sans en être éclaboussé une seconde et qui sautille de scènes en scène comme un faune (le mot est inlassablement répété au fil du roman). Une sorte de portrait de Dorian Gray vivant, en fait. Ce n'est d'ailleurs que lorsqu'il s'éclipse du récit (je ne vous dirai point comment) qu'Aurélien s'effondre : privé de Lucas, c'est lui qui sombre dans les ténèbres du désespoir et qui voit, à ses pieds, l'abîme s'ouvrir - abîme qui a dévoré bien des personnages avant cela.



Il y a, en somme, beaucoup de choses à dire de ce roman. Il y a des trouvailles, de beaux passages parmi les lyrismes échevelés. Cela ne fait pas oublier pourtant certains défauts. Le vernis transgenre semble avoir été ajouté un peu superficiellement et s'intègre mal au reste du récit. Les tirades des personnages, malgré les justifications que je leur trouve, demeurent assez longues et j'ai parfois lu en diagonale certains dialogues : les face à face entre Aurélien et Lucas m'ont parfois semblé interminables. En somme, j'ai eu l'impression d'avoir entre les mains un roman non débroussaillé, plein de toutes ses premières idées, les géniales comme les mauvaises ; et je me suis surprise à regretter qu'il ne fasse pas 150 à 200 pages de moins.



La fin, marquée d'une belle parabole d'Esope - reprise d'ailleurs par La Fontaine - valait cependant l'effort de lecture. Je feindrai aussi d'ignorer les règlements de compte qui se cachent derrière ce qui a parfois été présenté comme un "roman à clef", ou encore l'idée qu'Aurélien et Lucas sont deux faces de l'auteur (leur idéalité prêtant alors à sourire). Ces deux aspects ne servent pas le roman, et gâchent une partie de son potentiel.
Lien : https://gnossiennes.wordpres..
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Les Parisiens

En lisant la quatrième de couverture, j'attendais le "Bel Ami" moderne. C'est donc avec joie que j'ai reçu "Les Parisiens" d'Olivier Py. Malheureusement mes attentes n'ont pas été satisfaites...Derrière le projet intéressant, je n'ai trouvé qu'un style trop pompeux à mon goût et une absence de réelle intrigue. Les personnages sont creux et est ce la lecture de Vernon Subutex quelques mois auparavant mais j'ai trouvé que la veine du transgenre était un peu trop facile...

C'est dommage, j'attendais beaucoup de cette lecture...j'ai eu du mal à la finir et pourtant je suis une vraie boulimique de lectures...Au point de ne pas avoir le temps pour faire des critiques.



En résumé : une présentation alléchante, une réalisation décevante.
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Les Parisiens

J'étais ravie de trouver le livre dans ma boîte aux lettres, une couverture somptueuse, aguichante... et je me suis plutôt bien vite sentie comme le 'ravi' de la crèche. Les bras au ciel, mais point d'extase. Les bras m'en sont tombés. Je n'ai pas tout compris, j'ai lutté pour trouver un sens. Olivier Py se veut-il ironique ou est-il prétentieux ? Il règle ses comptes, et abuse de son érudition. J'ai essayé pourtant de suivre ses personnages, le bel Aurélien salamandre, Lucas le chercheur d'absolu, et toutes les autres reines de la nuit (putes en folie, trans', vieux mécènes, hommes politiques visqueux). Je me suis ennuyée. Toujours les mêmes mots, 'Rastignac', 'Miséricorde', 'Faune', dans les bouches de tous. Comment des personnages si différents peuvent-ils disserter sans fin toujours de la même manière ? Le théâtre imprègne et trempe le texte. Mais quel intérêt dans tout ce vomi de lyrisme ? C'est impressionnant de débit, de connaissances, Olivier Py impressionne, mais ennuie. Il est finalement terriblement parisien, et moi, 'en région', je trouve tout cela vain et narcissique.
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Les Parisiens

Avec son quatrième roman, le directeur du Festival d'Avignon repousse les limites du grotesque involontaire.
Lien : http://bibliobs.nouvelobs.co..
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La Jeune Fille, le Diable et le moulin

Ubuesque. Théâtre 6ème. conte de grimm
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Les Parisiens

Je ne suis pas parvenue au quart du livre que je m’ennuyais déjà. Le style ampoulé alourdit l’ensemble des propos. Sans doute trop intellectuel pour ma petite cervelle provinciale. Les Parisiens, tel un phénomène de foire, ne rend grâce qu’à l’hypocrisie. Une lecture fatigante, non achevée.
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Les Parisiens

La première question que l'on se pose en refermant le dernier roman d'Olivier Py est : Mais à qui diable s'adresse-t-il ? A quelques happy few d'un quelconque sérail parisiano/culturo/branché peut être mais sans doute pas à un lecteur lambda, dont il se contrefout, même si celui-ci peut trouver plaisant de se goberger des personnalités célèbres qui transparaissent des personnages de ce roman à clé.

Ce parcours d'un beau jeune homme à la recherche d'amour, de gloire et de richesse, le propulsant au coeur d'un sordide jeu de cour pour la désignation de celui qui dirigera l'opéra de Paris, aurait pu être une version hard d'un Rastignac contemporain. Seulement, Olivier Py joue les divas littéraires dans une accumulation totalement vaine, voire clichetonneuse, d'envolées lyriques aussi prétentieuses que vides, dont la prétendue subversivité se bute constamment au ridicule. Quelques saillies peuvent parfois faire leur effet, courts moments où l'on entrevoit un regard aiguisé, observateur, perspicace. Mais elles sont noyées dans un maelstrom de sexe, de compromissions, de calculs et d'anus à sodomiser et ce jusqu'au ridicule.

Vouloir faire le portrait d'un monde où sexe, pouvoir et célébrité sont intimement liés pouvait être un joli challenge à condition peut être de n'y mettre aucun fard. Ici, c'est tout le contraire. C'est avec le maquillage outrancier d'un travelo hystérique que nous avançons dans ce qui devient au fil des pages, un lit de clichés des plus réducteurs. Pour Olivier Py, le monde est simple. Tu es un jeune mec, beau, tu sors ton sexe, tu écartes les fesses et tu vas exciter tous les gens de culture, des ministères ( qui sont ici tous des hommes) et tu les baises. La réussite tient à cela et à beaucoup de tractations occultes et perfides. Malgré l'outrance de ce qui peut passer pour un pastiche, l'image véhiculée par tous les homophobes, politophobes de notre pays se trouve, hélas, grandement confortée face à cet étalage trop facile.

La suite sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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Les Parisiens

L'auteur se brocarde en faune s'ébattant dans les coteries et les bacchanales du petit monde culturel. Une énergie baroque et infernale.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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Les Parisiens

Les Parisiens m'a laissée froide.



La poursuite de ses désirs, qu’ils soient de chair, de vengeance, de domination, d’humiliation même, parce que certaines personnes ne se sentent elles-mêmes que dans la soumission, est dans ce roman la seule activité des Parisiens, quels qu’ils soient. Et s’ils accèdent à ces désirs, ce n’est que pour guigner un autre et un autre encore, pour se venger sur les autres et sur eux-mêmes de ce qu’ils ont échoué à devenir.

L’idée de départ sonne déjà creux – comment peut-on si bien s’enfermer sur soi-même pour n’être plus à l’écoute de ses propres désirs ? Pour oublier que le monde ne s’arrête pas aux limites de Paris ? Je ne suis pas Parisienne, je ne suis même pas Française ; je suppose que cette idée d’un Paris-monde éveille quelque chose pour certains de ses habitants, mais pour moi c’est surtout très prétentieux et ridicule.



Je ne suis pas faite pour goûter ce roman. Si la mélancolie peut m’émouvoir, la morbidité ne me fascine pas.

La vanité, dans les deux sens du terme, ne figure certes pas dans mes sujets de lecture favoris. Cette relation d’amour-haine avec la vie, avec Paris, avec tout, cet enfermement, cette cécité volontaire pour tout ce qui n’est pas futile et ridicule est écœurante.

Et le style ! Ces longs monologues oiseux sur la mort, sur le mépris de soi, sur l’absence de Dieu – Dieu qu’on retrouve pourtant à chaque chapitre si ce n’est à chaque page, et cette affreuse ponctuation boiteuse qui annihile le charme de la moindre phrase, et ces dialogues vides et sans vie…



Non, je n’ai apprécié ni le contenu ni le style. Mais il y a quelque chose dans ce roman que je perçois mais que je ne peux pas identifier. Je suis convaincue que quelqu’un de moins imperméable à ces notions de Paris-monde et de divinité fort présente pour une absente le trouvera moyen – mais pas bon, n’exagérons rien.

Pour moi, il est creux, vide, prétentieux et sans intérêt.
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