Citations de Olivier Remaud (32)
La solitude est aussi nécessaire à la société que le silence au langage, l’air aux poumons et la nourriture au corps.
La décision d'entrer en religion exprime le paradoxe de la condition humaine. D'une part la solitude est essentielle pour que chacun obtienne une connaissance de lui-même et "se trouve". d'autre part, apprendre à vivre exige d'observer les autres, c'est-à-dire de ne pas être tout à fait seul. Toujours en exil sur la "terre d'Egypte", l'humain est écartelé entre ces postulations contradictoires. Il aspire à la méditation. Il veut savoir qui il est et ce qui le distingue de son voisin. Il est par ailleurs un être social. Il ne se forme qu'en demeurant dans la société. Le défi est de taille. (p. 51)
Dans la solitude volontaire gronde l'esprit de révolte. Cet esprit de révolte est une exigence de justice. Le personnage de Robin des Bois illustre la colère qui germe dans les pas de côté. (...) En marge des institutions, Robin des Bois rassemble les volontés de quelques solitaires comme lui. Il s'entoure de compagnons de résistance. C'est un solitaire-solidaire. (p. 179)
Le promeneur (...) finit par retrouver son chemin après en avoir perdu la trace. Le fait de s'être perdu a accru sa perception du milieu. (...)
Toutes les solitudes volontaires comportent des moments de désarroi. Les territoires de l'esprit sont si grands qu'il faut cheminer longtemps à l'intérieur de soi, parfois se perdre avant d'apercevoir les formes des choses. (p. 130)
Au lieu d'arracher des organismes pour tenter d'apprendre leurs secrets dans l'enceinte d'un laboratoire, mieux vaut passer du temps en leur compagnie et attendre au grand dehors qu'ils s'expriment. D'eux-mêmes, en temps voulu, ils nous instruiront sur leurs comportements.
Jamais un marin n'avait autant marché que lui. Des côtes danoises du Jutland à la péninsule du Kamtchatka, il devait unir la terre et l'eau sur une même carte du monde. Il arpenta les steppes et les forêts de la Tartane, franchit ses monts et ses vallées, descendit ses rivières. Il atteignit la pointe nord de l'Extrême-Orient, traversa la partie septentrionale de l'océan Pacifique et vit la Grande Montagne sur les rivages de l'Amérique
Dans la nature, le révolté trouve le pouvoir de "dire oui et de dire non simultanément" à la société. Camus revendique le pas de côté. Il déplore la disparition progressive des lieux de solitude :
"Il n'y a plus de déserts. Il n'y a plus d'îles. Le besoin pourtant s'en fait sentir. Pour comprendre le monde, il faut parfois se détourner; pour mieux servir les hommes, les tenir un moment à distance. Mais où trouver la solitude nécessaire à la force, la longue respiration où l'esprit se rassemble et le courage se mesure ? " [ Camus, L'Eté ] (p. 185)
Le voyageur ne devient pas sincère en allumant simplement la lumière dans la pièce de ses souvenirs. Thoreau revendique l'épreuve de l'obscurité. Il se compare au promeneur qui se perd dans les bois et qui doit se réorienter par ses propres forces. C'est comme lorsqu'on se réveille. Dans les premiers instants, on éprouve un sentiment d'égarement. Il faut "réapprendre " les quatre points cardinaux: " En d'autres termes, ce n'est que lorsque nous nous sommes perdus au monde, que nous commençons à nous trouver ("Sept jours sur le fleuve"...) (p. 129)
La Terre est expressive, elle émet des signes. Mais le problème est que son langage n'est pas toujours clair. (...) le signe conventionnel propre au langage symbolique, celui que nous utilisons pour nous exprimer, est exclusivement humain. Nous avons un jour convenu qu'un mot signifiait pour une chose et nous avons ensuite étendu à la réalité cette relation de correspondance arbitraire. Kohn affirme que le langage symbolique isole l'humain en le faisant bondir hors du champ sémiotique plus vaste dont il émerge pourtant. (...) Par bonheur, nous ne sommes pas les seuls à nous représenter le monde. Il y a bien d'autres pensées dans la forêt amazonienne que des pensées humaines. Ces pensées utilisent des signes qui ne se limitent pas à parler du monde mais qui incarnent l'esprit vivant de la forêt et émanent de lui.
Lorsque la croûte des marais se durcissait, la saison devenait propice à la chasse aux renards, aux zibelines et autres martres.(…) Les chevaux broutaient l’herbe rase. Ils prenaient leur dessert dans les taillis de joncs, en mordant les fleurs dont ils respiraient le parfum
Lorsque la croûte des marais se durcissait, la saison devenait propice à la chasse aux renards, aux zibelines et autres martres.(…) Les chevaux broutaient l’herbe rase. Ils prenaient leur dessert dans les taillis de joncs, en mordant les fleurs dont ils respiraient le parfum
Jamais un marin n'avait autant marché que lui. Des côtes danoises du Jutland à la péninsule du Kamtchatka, il devait unir la terre et l'eau sur une même carte du monde. Il arpenta les steppes et les forêts de la Tartane, franchit ses monts et ses vallées, descendit ses rivières. Il atteignit la pointe nord de l'Extrême-Orient, traversa la partie septentrionale de l'océan Pacifique et vit la Grande Montagne sur les rivages de l'Amérique.