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EAN : 9782330174514
240 pages
Actes Sud (01/02/2023)
3.82/5   25 notes
Résumé :
Olivier Remaud nous entraîne dans la danse des montagnes. Philosophe et grand marcheur, il explore la dimension vitale de ce que nous voyons toujours comme inanimé : les montagnes, les falaises, la roche. Dans une langue très poétique, son exploration révèle la vie qu'elles contiennent, la vie dont elles procèdent.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Grâce au romancier Rick Bass, j'ai découvert qu'il existait une poésie de la matière, le désert de l'Ouest du Texas dans Toute la terre qui nous possède n'était plus une surface plane et inerte mais un formidable fouillis souterrain sculpté par les strates du temps et se lisant comme un livre d'histoire de la Terre.
Je retrouve cette même idée directrice et la même fascination dans Quand les montagnes dansent, ouvrage inclassable dans lequel le philosophe Olivier Rémaud, contemplateur avisé de la nature, déroule toutes ses ressources pour redéployer les architectures du monde. Trop segmentées, trop hiérarchisées, trop anthropocentrées.

C'est en promeneur absorbé par les montagnes du Queyras que l'auteur nous projette dans une dynamique géologique qui dépasse notre imagination. le récit intime est adossé à des références scientifiques abondantes et pertinentes pour s'inscrire en faux avec les entreprises scientifiques et épistémologiques qui ordonnent, séparent, érigent des frontières entre le monde vivant et le monde minéral. Il rend obsolètes toutes les classifications en rappelant non seulement les dynamiques qui existent entre les vivants et les éléments constitutifs de la planète, « les alliances expressives » qui ont généré la vie organique et traversé tous les âges de la Terre. Mais également la dynamique propre qui anime le manteau terrestre depuis les sédiments des commencements et qui exclut toute conception inanimée de la matière.
L'auteur met en cause la démarche taxinomique qui ne répondrait en fait qu'aux impératifs du langage humain. Comme chacun sait, le langage ne permet pas d'appréhender la réalité dans toutes ses dimensions, il en affaiblit l'épaisseur temporelle.
C'est donc à travers un texte difficile à qualifier, mâtiné de philosophie où l'homme n'est plus transcendantal, une sorte d'épopée inspirée de la montagne dans laquelle l'auteur rend sensible l'interdépendance qui lie tous les éléments quelque soit leur nature, leur composition, leur force d'inertie. J'ai été particulièrement envoûtée par cette montagne que l'auteur parvient à transformer en spectacle corrodé de sel marin.
Loin des approches écologiques esthétiques, des platitudes euphorisantes, c'est le genre de livre qui oeuvre pour décloisonner les disciplines et nous invite « à rendre plus effectives nos écologies affectives ».
Ouvrage suffisamment documenté pour être enrichissant et suffisamment limpide pour être captivant. Je remercie les Éditions Acte Sud pour la découverte de cette nouvelle collection « Mondes sauvages ».
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Quelle belle découverte que cette collection « Mondes Sauvages » d'Actes Sud. La « corde » (mot extrait du livre d'OLIVIER REMAUD) qui relie tous ces ouvrages : "pour une nouvelle alliance avec la nature", prend tout son sens dans notre monde d'aujourd'hui. Et que les couvertures de ces livres sont belles.

Ma première lecture dans cette collection est donc cet essai « QUAND LES MONTAGNES DANSENT ». Ici, il est question de roche, d'écorce terrestre, de tectonique des plaques, mais aussi de lichen, de chamois, de baleine ou encore de torrent, d'océan, de glacier, tout ce que nous croyons connaitre mais dont nous n'imaginons pas l'histoire et surtout les innombrables liens qui les façonnent.

Cet ouvrage est une tentative de démonstration de l'existence d'un langage universel partagé par tous les composants terrestres. Et c'est intense. Une lecture dense qui vous éveillera à de nombreuses images à propos de la terre et de ses habitant-composants qui vous surprendront. Mon imaginaire a fonctionné plein pot, comme dans la lecture d'un roman, ce qui rend cet essai si particulier et si touchant.

« Allongés sur notre couche minérale, nous essayons Kampos et moi, de nous mettre à la place d'un chamois. Que se passerait-il si nous avions aux pieds des sabots amovibles qui nous permettraient de swinguer dans les ravins les plus profonds ? Que ferions-nous si nous devenions des herbivores capables de guincher sur les cimes comme des acrobates circassiens ? Nous mangerions des lichens »

Le démonstration est construite sur de très nombreuses références et observations scientifiques (voir la liste impressionnantes de notes en fin de livre). Il manque pourtant quelques photos dans cet ouvrage, comme des incitations à l'échange, en prémices et préparation d'une immersion future. Car, oui, grâce à la lecture de ce livre, la prochaine fois que j'irai en montagne, ou au bord de la mer, ou la nuit au pied des étoiles, face à une nouvelle temporalité, j'imaginerai le pouls de la terre qui vibre en moi, les roches qui dansent et les sédiments qui voyagent et je comprendrai mieux comment un fossile d'huitre peut être observé au sommet de l'Himalaya : sans doute un pas de danse géant d'une autre époque et d'un autre temps mais dont l'écho nous parle encore aujourd'hui. Je me ferai membre de cette communauté appelée ici par l'auteur, la communauté des « géosolidaires ».

Merci à Babelio et Actes Sud pour cette belle découverte. Je ne manquerai pas de me tourner vers les autres titres de la collection, afin d'entrer dans la danse.
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Six heures du matin. Il fait nuit. La montagne se réveille. J'entre dans une zone de crêtes et de parois où tout tient ensemble, les roches, les lichens, les chamois, les vivants et les morts, le passé et le présent. Certains lieux agissent comme des rêves. Leurs reliefs cachent un trésor d'histoires. Ils racontent les interdépendances des êtres et des éléments.
Autour de moi, les roches attestent la présence d'un ancien océan, traces d'une vie profonde de la Terre. Les montagnes ne sont pas éternelles. Elles naissent, croissent, puis rapetissent et meurent. Comme tout être. Et si leurs histoires lentes et riches en personnages étaient aussi nos histoires ? Et si on écoutait ce que disent les pierres, les strates et les sédiments qui gardent le souvenir de l'eau ? N'aimerions-nous pas
mieux les mondes sauvages ?
En refermant ce livre, les montagnes ne vous sembleront plus inanimées. Peut-être même éprouverez-vous un sentiment de solidarité avec la Terre, ses éléments et tous ses peuples vivants. C'est l'espoir de ces récits envoûtants, à la fois dialogue avec les sciences et réflexion sur les liens
qui unissent les humains et les non-humains.
Cela commence comme un roman qui nous parle de nature et de randonnées en Montagne puis au fil de la lecture nous allons vers des propos plus techniques sur la biologie, la géologie etc...L'auteur nous renvoi à des notes d'écrivains , de
géographe,de poète. J'ai bien aimé l' écriture d'Olivier Remaud et le recommande .
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C'est un livre qui nous remplit : de sensations, de sentiments, de savoirs... Une écriture quasi parfaite, discrète et précise. J'ai eu peur au début que le propos ne soit trop complexe mais je me suis laissée emporter, envoûter presque par cette montagne dansante. Je l'ai lu par petites touches, y revenant avec le plaisir de la gourmandise. Pour ne rien gâcher, la couverture est magnifique. Un livre à lire, à offrir à des amoureux de la montagne...
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Dans cette virée aussi scientifique que poétique au pays du minéral, Olivier Remaud nous conte une temporalité à part, une énergie bruissante, un catalyseur de vie.
Étant très sensible au minéral, souvent grand oublié, j'ai été très touchée par cet essai pour une part intime qui met cette puissance primitive au centre et met en évidence son caractère au combien vivant.
J'ai été enthousiasmée de découvrir que plusieurs spécialistes du domaine ont relaté dans des ouvrages accessibles leurs propres expériences avec ce règne, et j'ai hâte de les découvrir (ex : Nan Shepherd, Val Plumwood).
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Nan Shepherd note que la musique des torrents des ruisseaux et des rivières est aussi essentiel à la montagne "que le pollen aux fleurs. On l’entend sans l'écouter, comme on respire sans y penser. Mais à l'écoute, le bruit se désintègre en de nombreuses notes différentes - la lente claque du Loch, le trille aiguë du ruisselet, le rugissement de la cascade. Sur une petite portion d'un cours d'eau, l'oreille peut distinguer simultanément une douzaine de notes différentes"
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La Terre est expressive, elle émet des signes. Mais le problème est que son langage n'est pas toujours clair. (...) le signe conventionnel propre au langage symbolique, celui que nous utilisons pour nous exprimer, est exclusivement humain. Nous avons un jour convenu qu'un mot signifiait pour une chose et nous avons ensuite étendu à la réalité cette relation de correspondance arbitraire. Kohn affirme que le langage symbolique isole l'humain en le faisant bondir hors du champ sémiotique plus vaste dont il émerge pourtant. (...) Par bonheur, nous ne sommes pas les seuls à nous représenter le monde. Il y a bien d'autres pensées dans la forêt amazonienne que des pensées humaines. Ces pensées utilisent des signes qui ne se limitent pas à parler du monde mais qui incarnent l'esprit vivant de la forêt et émanent de lui.
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Si même le lichen bruisse, si le flocon de neige vibre et que le vent mugit, il ne nous reste plus qu'à utiliser nous aussi nos fréquences sans mordre sur celle des autres vivants. Mais afin de prendre place dans l'orchestre de la Terre, nous devons réapprendre à attendre.
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Dans la forêt, on n'interprète aucun signe en son nom propre car personne n'est un individu isolé, il n'y a que des signes collectifs. Aucun événement n'arrive tout seul lui non plus. Il prend immédiatement place dans une suite de significations.
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On aura compris que devenir géosolidaire implique de quitter sans tarder cette époque de l'Anthropocène qui affaisse la terre à grande vitesse en la trouant comme un bout d'emmental.
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Videos de Olivier Remaud (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Olivier Remaud
Rencontre avec Clara Arnaud autour de Et vous passerez comme des vents fous paru aux éditions Actes Sud et de Olivier Remaud pour Quand les montagnes dansent chez Actes Sud.


Clara Arnaud, née en 1986, est l'autrice d'un premier roman, L'Orage, publié aux éditions Gaïa en 2015, et de 2 récits de voyage. Elle travaille depuis 10 ans dans le domaine de la coopération et a vécu en Chine, en République démocratique du Congo et au Honduras.

Olivier Remaud est philosophe et directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales. Dans ses travaux, il s'intéresse aux usages du monde sous un double aspect: les fables sociales et les formes de vie. Il a publié de nombreux ouvrages, dont Penser comme un iceberg (2020,) et Quand les montagnes dansent (2023, Actes Sud).
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29/03/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER

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