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Citations de Olympe Audouard (13)


Il [le bon égoïste] est trop bon, dit-il hautement, pour pouvoir supporter la vue de la souffrance et du malheur ! Il recherche les gens gais, heureux. Il aime à se persuader qu'il n'y a de par le monde que des gens ayant, comme lui, cent mille francs de rente et jouissant du bonheur le plus parfait. Cette idée sourit à son égoïsme ! N'allez pas lui dire : « Untel meurt de faim ! » Il vous répondrait d'un air de mauvaise humeur et d'incrédulité : « Allons donc, est-ce qu'on meure de faim autre part que dans les romans ? » Si de sa fenêtre il aperçoit un pauvre galetas où règne la misère, il fait murer cette fenêtre pour ne pas être attristé par cette vue. Si dans la rue il aperçoit un pauvre mendiant les traits bleuis par le froid et tiraillés par la faim, bien vite il détourne la tête de peur que ce triste spectacle ne l'impressionne désagréablement. Volontiers il dirait qu'un gouvernement sage devrait supprimer les pauvres, les estropiés, les malheureux qui ne sont bons qu'à troubler le bonheur des gens heureux, riche et bien portant.
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Messieurs, c'est bel et bien la guerre que je vous déclare.
J'attaque plus fort que moi, j'attaque le sexe fort, tandis que je fais partie du sexe faible ; je dois donc avoir pour moi les gens de cœur toujours prêts à secourir le faible contre le fort.

Vous autres, messieurs, vous attaquez bien souvent les femmes dans vos clubs, dans vos cercles, dans vos réunions ; médire d'elles, les calomnier est un de vos plaisirs favoris.
Vous les attaquez, les insultez même, dans vos écrits, dans vos journaux, oubliant complétement qu'insulter qui ne peut vous répondre par un bon coup d'épée s'appelle, dans la langue française, d'un fort vilain mot !
Vous faites bon marché de nos défauts, de nos travers, de nos vices, de notre réputation.
De nos vices, de nos défauts, de nos travers, vous vous raillez impitoyablement.
Notre réputation ! Pour satisfaire à une petite vengeance, pour faire un mot spirituel, par désœuvrement même, vous la ternissez, sans songer que la bonne renommée est à la femme ce qu'est le parfum à la fleur.

Sans songer que l'Évangile dit : Ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas que l'on vous fit.
Sans nul doute, vous n'aimeriez pas que l'on calomniât, diffamât, ou que l'on médit de votre mère, de votre sœur ou de votre fille... et pourtant, l'on vous voit toujours disposés à mal parler des femmes.
Sur l'annonce de mon livre, un aimable et spirituel confrère m'a dit dans le Figaro-programme :
« Vous allez écrire la Guerre aux hommes ! De grâce, réfléchissez y bien pendant qu'il en est temps encore. Soyez clémente et méditez ce vers fameux de Legouvé, père de Wilfrid :
« Respecte au moins ce sexe à qui tu dois... ton père ! »

Eh bien ! mais, cher confrère, voyez comme cela se rencontre, j'écris précisément ce volume pour dire aux hommes :
"Respecte au moins ce sexe à qui tu dois... ta mère !"

(…)
Les hommes disent : « La femme est un être faible. »
Eh bien ! je veux me ranger de leur avis, et je reconnais que la femme est un être faible !
Ceci admis, il faut avouer que les hommes sont bien peu logiques en bien des choses, en celles- ci entre autres :
L'enfant est, avec raison, reconnu comme un être faible ; aussi le monde, les lois sont, pour ses fautes, remplis d'indulgence.
Et vous imposez à la femme, que vous appelez un être faible, l'infaillibilité.
Tandis que vous autres hommes, le sexe fort, le sexe barbu, vous vous reconnaissez le droit de faillir, en disant :
"L'homme est si faible !"

Pour la femme qui a failli, le monde, les lois sont implacables ... à tous les « mais… », vous répondez, vous les juges, « elle ne devait pas faillir ! » C’est-à-dire qu'il faut que cet être, que vous appelez faible, soit plus fort que vous autres, qui vous dites forts... Il faut qu'elle soit infaillible !...

Pour cet être, réputé faible par vous autres, point de merci, point d'indulgence... Aucune circonstance atténuante n'est admise par vos lois ... Elle ne doit pas pécher !... Mais, vous autres hommes, vous autres formant ce sexe fort... Vous vous êtes fait une morale des plus faciles... Pour vous autres, vous êtes remplis d'indulgence, vous excusez toutes vos actions par ces mots :
« L'homme est faible... »
Avouez, au moins, que votre logique n'est pas grande !
Avouez qu'abusant de la position de maître souverain que vous vous êtes faite dans le monde, sous prétexte que la force et l'intelligence étaient pour vous, vous vous êtes réservé le droit de tout faire...
Vous avez semé plaisir et roses sous vos pas... et avez jeté sur notre route, à nous, pauvres femmes , des ronces et des cailloux à pleines mains... toujours sous prétexte, sans doute , que nous sommes de faibles créatures ! ...

Est-ce logique ?
Un homme voit une jeune fille, bien jeune, bien naïve ... Pour la séduire, il met en œuvre tout son génie infernal, son expérience du mal.
S'il réussit, si la jeune fille succombe, voilà une action blâmable commise, un crime aux yeux de la morale. A ce crime, deux complices, l'homme qui a entraîné la femme, a d'abord eu l'initiative, qui l’a séduite…
Mais voilà que le blâme reste en entier au moins coupable des deux... La jeune fille porte seule la peine de la faute : pour elle, le déshonneur, le blâme, le mépris... Pour lui, rien ! un triomphe de plus.
On dit avec un sourire : "C'est un don Juan."
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Je connais des Européens, depuis trente ans en Égypte, qui ne sont même jamais allés visiter les Pyramides, qui ne connaissent de ce pays que le marché, le cercle, le café de l'antichambre du vice-roi. Parlez-leur des usages, des mœurs des fellahs, des Cophtes.... ils n'en savent absolument rien et vous répondront : " Bast ! qu'est-ce que cela nous fait...? Nous ne sommes pas ici pour nous amuser à nous occuper de ces gens-là, mais pour gagner de l'argent..."
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Au mois d'août 1867, un projet fut déposé à la Préfecture de la Seine par M. le baron Haussmann.
Ce projet avait pour but de créer un boulevard de plus, d'ajouter une ligne stratégique nouvelle aux nombreuses voies du même genre, dont M. Haussmann a doté la capitale.
Sous le prétexte d'un assainissement indispensable, Paris s'est vu transformé, dans l'espace de quelques années, en un vaste champ de manœuvres, avec de larges artères, qui serviront sans doute un jour à des charges de cavalerie contre les flâneurs et les mécontents !

Un boulevard de plus ! il n'y avait pas là de quoi nous surprendre : le second Empire a créé autant de boulevards que le premier a gagné de batailles, -- et ce n’est pas peu dire ! Mais, où la chose devenait incroyable et révoltante à la fois, c’est que le susdit projet annonçait que M. Haussmann comptait faire passer ce nouveau boulevard à travers le cimetière de Montmartre, et que les morts même allaient être atteints par les pioches sacrilèges des démolisseurs assermentés !

Ne suffisait-elle pas à M. le Préfet de la Seine, cette parfaite indifférence, qui caractérise son administration, pour le droit qu'a chacun de nous de vivre et de mourir là où il est né ? et fallait-il s'étendre encore à l'asile sacré des morts ?

La liste serait bien longue pourtant des vieux hôtels détruits, des maisons historiques disparues, malgré les souvenirs glorieux qui s’y attachaient, maisons et hôtels remplacés par des bâtisses de mauvais goût, et d'un style uniforme dont l'idéal semble être la caserne ou le phalanstère.

N'était-ce pas assez de voir des milliers de familles, obligées de quitter leurs logis, pour aller chercher ailleurs un asile, que souvent elles ne trouvaient qu'au prix de grands sacrifices ? Lorsqu'on voyait ces déménagements forcés, on se demandait avec terreur, si le mot de propriété allait perdre le sens que nous lui connaissons, s'il n'allait plus signifier qu'une possession passagère, soumise au bon plaisir de l'administration ?

Cotte perspective n'avait rien de bien rassurant : mais M. Haussmann voulut aller plus loin !... Il s'attaqua à la demeure des morts ! !

A l'heure qu'il est, un Français qui perdra un être qui lui est cher, s'il ne veut pas être exposé à voir profaner sa tombe par une exhumation douloureuse et un déménagement odieux, ce Français-là devra aller chercher un asile tranquille sur la terre étrangère ! !

Là, il n'aura que l'embarras du choix, car toutes les nations, même celles que nous appelons barbares, ont conservé le respect de la mort. Le champ du repos y est inviolable !

Lorsque ce projet sacrilège vint à ma connaissance, mon cœur fut douloureusement ému, car j'ai dans le cimetière Montmartre une tombe, où repose mon fils (…)
Bien plus, M. le Préfet, oubliant, sans doute, que tous les Français sont égaux devant la loi, et que la propriété d'un chacun mérite les mêmes égards, se préoccupa si peu de ma protestation, qu'il passa outre, la jugeant, probablement, non-avenue, et ne daigna accorder son attention qu'aux réclamations des fils de l'amiral Baudin. Cela se comprend, du reste, l'amiral Baudin appartenait, par sa position, aux hommes de l'Empire ; ce qui crée en France des droits exceptionnels ! !

Aussi, lorsque l'honorable sénateur, M. Le Roy de Saint-Arnaud, fit observer à M. Haussmann, fort judicieusement, qu'il devrait au moins arriver au Sénat, muni des adhésions de ceux à qui appartiennent les sépultures contestées, et que ce n’est qu'alors qu'il pourrait dire : « Le projet n'offre pas de difficultés, j'ai traité avec les intéressés. »
M. le Préfet de la Seine répondit avec un aplomb que rien n'émeut :
« Rien n'est plus facile, je puis le faire encore... »

Eh bien, non Monsieur le préfet, vous ne le pouvez pas, et vous le savez très bien : vous savez qu'il vous faudrait employer la force pour accomplir ce sacrilège.
Vous nous offrez un terrain ailleurs, vous parlez de payer les frais de reconstruction et de cérémonies religieuses et vous avez l'air de dire : « de quoi se plaignent ces gens-là, ils n'auront rien à débourser ! » Un peu plus, et vous nous offririez une indemnité ! Est-ce là où vous voulez en venir ?

Mais avez-vous songé seulement aux immenses douleurs que vous allez raviver ? Avez-vous songé au désespoir d'une mère, qui verrait exhumer des entrailles de la terre, la caisse qui contient les restes d'un enfant bien-aimé, dont elle ne cesse de pleurer la mort ? Vous êtes-vous rendu compte du sentiment poignant et terrible qu'elle éprouvera, car ces restes mêmes lui sont précieux, et au moment où on les lui reprendra pour les ensevelir une seconde fois, elle ressentira la même immense douleur que lors du premier enterrement !

Non, vous n'avez pas songé à tout cela, et je le regrette pour vous, car on doit être accessible aux douleurs de ce genre, lors même que le sort vous les a épargnées.
En revanche, vous avez pensé à assurer le Sénat, que vous feriez les choses grandement !!
Quelle triste opinion avez-vous donc du cœur humain ?
C'est vous que je plains, Monsieur le Préfet, car il faut avoir perdu le sens moral pour concevoir le plan d'un boulevard aussi sacrilège ! (...)

- Notes : le projet a été réalisé en dépit des vives contestations dont celle d’Olympe Audouard - il s’agit de l’actuelle Rue Caulaincourt qui coupe encore aujourd’hui une partie du Cimetière Montmartre (au sud)
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A côté de ces gens croyant encore qu’il y a un truc, il y a les hommes qui pensent que tout ce qui sort des idées admises par tous, que tout ce qui prise le merveilleux ne saurait être accepté que par des esprits faibles, et alors pour se poser en esprits forts, ils vous disent: «Nous croyons les phénomènes spirites , nous constatons qu’ils sont réels , palpables même ; cependant nous ne pouvons pas admettre le surnaturel... »
Voici le grand mot,— «le surnaturel! »
Que ces gens-là me feraient donc plaisir s’ils voulaient bien m’apprendre ce qu’ils appellent surnaturel.
Pour moi, je nomme surnaturel tout ce qui est au-dessus des forces physiques et intellectuelles de l’homme.
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La liberté que je réclame est une liberté plus sérieuse, plus digne d'un être raisonnable, intelligent, d'un être égal à l'homme. C'est d'être traitée par les lois, par le monde, comme un être intelligent et non comme un enfant. Car, en France, la femme est toujours en tutelle: l'homme est son tuteur de droit. En vrai tuteur de comédie, il use, le plus souvent, de sa position pour dépouiller, pour opprimer sa pupille. Je réclame pour elle l'égalité devant la loi: son émancipation est dans les choses sérieuses.
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Volontiers les hommes disent et croient que la pensée du divin Créateur a été manifeste, qu'il a créé l'homme comme le roi de la création, et qu'il a créé la femme inférieure à lui ... Ils ajoutent que l'ordre suivi dans la création l'indique, du reste.
[...]
A présent, examinons l'ordre qu'il a suivi dans la création des être animés : les poissons, les oiseaux, les animaux qui peuplent la terre, l'homme et la femme.
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Le Marseillais est profondément égoïste; seulement son amour pour sa personne est si grand qu'il s'étend même à tout ce qui est marseillais.
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Un homme est amoureux d'une femme, il lui fait la cour. Pour arriver à se faire aimer, il emploie tous les moyens: il devient un diplomate excellent, il déploie toutes les ressources de son esprit, toutes les grâces séductrices que Dieu lui a données. Quand il est parvenu à se faire aimer, il persuade la femme que l'amour sanctifie tout, même l'adultère. Il plaide avec art, avec passion, il feint le désespoir, il parle de se brûler la cervelle, de s'expatrier si celle qu'il aime ne lui prouve pas son amour. Eh bien! S'il parvient à rendre la femme coupable, lui-même, un jour, dira d'elle : "Ah! Ce n'est pas une femme vertueuse!" Si elle résiste, il y a gros à parier qu'il deviendra son implacable ennemi ou que, pour masquer sa défaire, il se targuera d'une bonne fortune qu'il n'a pas eue. Avouez que c'est mettre les femmes dans une triste alternative!
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Un peuple, enfin, qui a osé inscrire dans sa constitution, que « tout homme a des droits inaliénables : la vie, la liberté, la recherche du bonheur. »
Un pareil peuple, se dira ce royaliste, ne peut être composé que d'un ramassis de vulgaires révolutionnaires !
Toutes ces sages institutions qui ont enfin rendu à l'homme sa dignité, en cessant de faire de lui un sujet pour en faire un citoyen, lui paraîtront monstrueuses, anormales.
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— Soyez raisonnable, Julie, cette fête est nécessaire. On sait que j’ai éprouvé trois faillites ; on soupçonne que le restant de ma fortune est placé à Marseille dans deux maisons qui sont aussi à la veille de crouler. Cela tue mon crédit, je ne puis plus rien entreprendre ; il faut donc faire face à l’orage : cette fête fera croire à tout le monde que je suis mieux dans mes affaires qu’on ne le pense. Le crédit me reviendra et la fortune avec. Seulement, je vous conjure, montrez- vous gaie, souriante, plus même qu’à l’ordinaire ; sans cela on dira demain à la Bourse : « Avez-vous vu ces pauvres Marfeld, quelle triste mine ils avaient?... Décidément, ils sont mal dans leurs affaires ! »
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Dans les contradicteurs du spiritisme, j’ai trouvé des hommes le réfutant par des arguments si dénués d’esprit, et eux-mêmes ont montré une telle absence d’intelligence, que ma croyance n’a pu être ébranlée.
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Ennuyée de ne pouvoir dormir en paix, vous vous mettez à votre toilette, mais vous êtes dix fois interrompue par le pan ! pan ! des autres fournisseurs du Grand-Hôtel, ce qui manque complètement de charme.
Si vous vous laissez entraîner par leur bavardage, si vous avez le malheur de leur acheter quelques objets, on vous traite en Russe ou en Anglais, c’est-à-dire qu’on vous fait payer trois fois la valeur.
N’allez pas vous plaindre aux gens de l’hôtel de l’importunité des fournisseurs : — ce serait peine perdue , car le portier, les garçons de quartiers, tous les serviteurs en général ont une part de bénéfice sur ce qui vous est vendu, et vous comprenez l’intérêt qu’ils ont à voir les voyageurs rançonnés.
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