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Citations de Ossip Mandelstam (307)


Ossip Mandelstam
Des monceaux de têtes s’effacent à l’horizon

Là-bas je me réduis, nul ne me remarque plus.

Mais en de tendres livres, et dans les jeux d’enfants.

Je ressusciterai pour dire : le soleil brille.
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Ossip Mandelstam
Il ne me reste qu’un seul souci sur terre, un souci d’or : porter le poids du temps.
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Ossip Mandelstam
Quelle heure est-il ?



Non, ce n’est pas la lune, c’est un cadran lumineux
Qui brille, et suis-je coupable si je peux
Des faibles étoiles palper la laiteuse clarté ?
Que m’est odieuse la morgue de Batiouchkov :
Comme on lui demandait ici « quelle heure est-il ? »
Il répliqua d’un étrange « l’éternité ».
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Il fait nuit. Menteries de barine :
Après moi le déluge. Alors,
qu'y aura-t-il ? Râles dans la ville,
bousculades au vestiaire.

Bal-mascarade. Siècle-chacal.
Mets-toi dans la caboche :
toque dans ta manche, toque dans ta manche...
Et pour l'heure, à-Dieu-vat !
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Homère, l’insomnie …


Homère, l’insomnie. Et les voiles tendues.
J’ai lu jusqu’au milieu le Catalogue des vaisseaux.
Cette longue couvée, ce long envol de grues
Sauvages qui jadis franchit le ciel de Grèce.

Grues s’enfonçant en coin vers d’étranges confins,
(L’écume divine ceint la tête des rois)
Vers quels ports voguez - vous ? O guerriers achéens,
Vous seriez- vous, sans Hélène, souciés de Troie ?

Tout est mû par l’amour – Homère et l’océan.
Qui donc puis – je écouter ? Car Homère se tait.
La mer est noire et murmure, vaticinant
Dans un grondement sourd mourant à mon chevet.

//Traduit du russe par François Kérel
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Le merisier et le poirier …


Le merisier et le poirier m’ont pris pour cible,
Sans un raté leur force friable me crible.

Les étoiles et grappes, les grappes et étoiles :
Double pouvoir ? La vérité, dans quels pétales ?

Cet éclat, cette ardeur, est-ce l’air qui se venge
De l’air, succombant sous les coups de plommées blanches ?

Et la double senteur, ô douceur invivable,
Qui est joute et attrait — mélangée, séparable…
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Franchement je te le dis…


Franchement je te le dis,
O mon ange :
Chimère et cherry brandy,
Rien ne change !

Là où les Grecs ne rencontrent
Que beauté,
En trous noirs pour moi la honte
Seule bée.

Sur l’onde ils kidnappaient celle
Dite Hélène,
Moi je n’ai qu’écume et sel
Sur les lèvres.

Sur mes lèvres un seul baume :
Le néant ;
La misère ouvre ses paumes,
Me narguant.

Oh, vraiment, suis-je marri ?
Bagatelles !
Bois ton vin, ange Mary,
Tes cocktails !

Franchement je te le dis,
O mon ange :
Chimère et cherry brandy,
Rien ne change.
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Et j’ai commencé à saisir ce que peut être la nécessité de la couleur (au hasard des maillots de corps orange et bleu), la couleur n’étant sur sa lancée autre qu’impression de départ avivée par la distance et rassemblée en un volume.
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Ainsi l’oeil plonge dans cette large coupe emplie à ras bord pour se laver de sa poussière.
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J’ai tendu le regard, comme un gant glacial à enfiler sur son embauchoir, l’ai tendu sur le coin bleu de la mer…
Au plus vite, d’un coup d’oeil rapace j’ai enveloppé les fiefs du cadre.
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Là, je tendis ma vue et plongeai mes yeux dans la large coupe de la mer pour me laver de leur poussière et de leurs larmes.
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L'AMIRAUTÉ


Dans la capitale du nord un peuplier s'étiole,
Un cadran transparent au feuillage se mêle.
Frégate en la sombre verdure, ou acropole,
Il brille de loin, frère de l'eau et du ciel.

Mât rebelle au toucher et barque dans les cieux,
Aux successeurs de Pierre tenant lieu de règle
Il enseigne : La beauté n'est pas caprice de demi-dieu,
Plutôt du charpentier l'avide coup d'œil d'aigle.

Clément nous est le règne des quatre éléments,
Et pourtant l'homme libre en suscite un cinquième.
N'est-il pas vrai : l'arche aux lignes vierges dément
De l'espace la puissance suprême ?

Les méduses collent – capricieuses, têtues.
Ainsi que des charrues jetées, rouillent les ancres,
Des trois dimensions les digues sont rompues
Et l'on accède à l'universel océan.
                                    1913.

p.46

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LA PIERRE


J'ai oublié le mot que j'allais prononcer.
L'hirondelle aveugle retourne au royaume des ombres,
L'aile rognée jouer avec les transparentes.
Un chant nocturne chante en cette pâmoison.

Les oiseaux se sont tus. L'immortelle n'a pas fleuri.
Leur crinière est limpide aux nocturnes troupeaux.
La barque flotte vide en un fleuve tari
Et parmi les grillons la parole se pâme.

Pour s'élever, temple ou coupole, lentement,
Et soudain contrefaire Antigone démente,
Ou tomber à nos pieds comme hirondelle morte,
Parée d'un rameau vert et de douceur stygienne….

                                 Novembre 1920.

p.88
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Parnok était victime des opinions préconçues au sujet du déroulement d'un roman.
Sur du papier vergé, mes seigneurs, sur du papier vergé anglais à la surface tourmentée et aux marges déchiquetées, il prévenait une dame ne se doutant de rien que l'espace entre la rue Millionaïa, l'Amirauté et le Jardin d'Été, avait, par ses soins, été à nouveau poli comme un brillant et remis en bon ordre de combat.
Sur un tel papier, lecteur, les cariatides de l'Ermitage auraient pu s'écrire et se présenter mutuellement leurs condoléances ou leurs respects.
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Au début, il y avait un établi et la carte des hémisphères d'Iline.
Parnok y cherchait une consolation. Le papier toilé indéchirable le tranquillisait. Pistant les océans et les continents du manche de la plume, il composait des itinéraires de voyages grandioses, tout en comparant les traits aériens de l'Europe aryenne à la botte imbécile de l'Afrique et de l'insipide Australie. Il trouvait également un certain piquant à l'Amérique du Sud, à partir de la Patagonie.
Son respect pour la carte d'Iline, Parnok l'avait dans le sang depuis les temps immémoriaux où il s'imaginait que les hémisphères d'ocre et d'aigue-marine, pareils à deux boules enchantées enserrées dans le réseau des latitudes, étaient chargées d'une mission concrète par la chancellerie ardente des tréfonds mêmes de la terre, et que - tels des pilules nutritives, ils renfermaient en eux un concentré d'espace et de distance.
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Ainsi, dans les marges des brouillons, naissent des arabesques qui vivent de leur vie indépendante, perfide et merveilleuse.
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Les endroits où les Pétersbourgeois se donnent rendez-vous ne sont guère nombreux. Ils sont sanctifiés par le temps, la verdeur marine du ciel et la Néva. On pourrait les signaler par de petites croix sur le plan de la ville, dans les jardins feuillus et les rues de carton. Peut-être changent-ils au cours de l'histoire, mais avant la fin, alors que la température de l'époque atteignait trente-sept cinq et que la vie se laissait emporter par un appel trompeur, comme une voiture de pompiers tonnant dans la nuit le long de la blanche perspective Nevski -- on pouvait les compter sur les doigts.
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Je n'aime pas les manuscrits roulés.
Certains d'entre eux sont lourds et patinés par le temps,
comme la trompette de l'archange.
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Nous vivons sans sentir sous nos pieds le pays ,

Nos paroles à dix pas ne sont même plus ouïes ,

Et là où s'engage un début d'entretien ,

Là , on se rappelle le montagnard du kremlin .

Ses gros doigts sont gras comme des vers ,

Ses mots comme des quintaux lourds sont précis .

Ses moustaches narguent comme des cafards ,

Et tout le haut de ses bottes luit .

Une bande de chefs au cou grêle tourne autour de lui ,

Et des services de ces ombres d'humains , il se réjouit .

L'un siffle , l'autre miaule , un autre gémit ,

Il n'y a que lui qui désigne et punit .

Or de décret en décret , comme des fers il forge ,

A qui au ventre , au front , à qui à l’œil , au sourcil .

Pour lui , ce qui n'est pas une exécution , est une fête .

Ainsi comme elle est large la poitrine de l'Ossète .
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Précieux levain de ce monde :

Les sons , les larmes , l'effort ....

Accents pluvieux et accords

Du malheur qui bout et monte ,

Sons perdus qui tant nous manquent ,

Où vous retrouver , dans quelle gangue ?

La mémoire , cette gueuse ,

A pour la première fois des trous

Que remplit une eau cuivreuse ,

Mais tu les suis malgré tout ,

A toi-même , étranger , vide

A la fois aveugle et guide .
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