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Critiques de P. Craig Russell (83)
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Fairy Tales of Oscar Wilde, tome 3 : The Bi..

Ce tome fait suite à Fairy Tales of Oscar Wilde 2: The Young King and the Remarkable Rocket qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant. Il comprend un unique récit publié pour la première fois en 1997, écrit, dessiné, et encré par Philip Craig Russell. La mise en couleurs a été réalisée par le studio Digital Chameleons. Il s'agit de l'adaptation d'un conte écrit en 1891 par Oscar Wilde (1954-1900) et publié dans le recueil Une maison de grenades. Cet album comporte 30 pages de bandes dessinées en couleurs.



Au seizième ou au dix-septième siècle, la cour du Roi d'Espagne consacre sa journée à fêter l'anniversaire des 12 ans de l'Infante. Les tulipes et les roses rivalisent de beauté avec leurs pétales. Les papillons ont saupoudré leurs ailes de poudre d'or. Les lézards pavanent leur blancheur au soleil. Les grenades ont atteint leur maturité, se sont fendues et exposent leur cœur rouge saignant. Pour l'Infante, c'est un jour extraordinaire, parce qu'exceptionnellement elle est autorisée à jouer avec des enfants qui ne sont pas de son rang. Bien sûr, elle est la plus gracieuse parmi les autres enfants, et ses habits sont les plus riches et les plus beaux. Elle porte dans sa coiffure, une rose blanche magnifique. Le roi observe sa fille jouer avec les autres enfants, depuis la fenêtre d'une pièce à l'étage, dans le château. Derrière lui se tiennent Pedro d'Aragon (son frère) et le grand inquisiteur de Grenade. Il repense à sa femme la reine, venue de France, à sa mort 6 mois après la naissance de l'Infante. Il avait fait embaumer sa femme et déposer son corps sur un bloc de marbre dans la chapelle où il se rend tous les ans, empli de chagrin.



Le roi se souvient de sa première rencontre avec la future reine, alors qu'il n'avait que 15 ans et qu'elle était un peu plus jeune. Il se rappelle le jour de leur mariage et les 300 hérétiques immolés par le feu à cette occasion. Il se rappelle comment il n'avait pas su voir la dégradation progressive de l'état de santé de sa femme, ainsi que la rumeur odieuse selon laquelle son frère l'aurait aggravé avec un gant empoisonné. Par la suite, il avait fermement refusé toute proposition de remariage. Le spectacle de sa fille en contrebas évoquant trop de souvenirs irrépressibles, le roi préfère se retirer de la fenêtre. L'Infante le remarque, mais elle décide de prendre la main de Pedro d'Aragon et de passer dans la grande salle du château pour jouir des spectacles donnés en honneur. Ils débutent par une représentation théâtrale de corrida jouée par des enfants. Il s'en suit un funambule, un spectacle de marionnettes, un jongleur, une pantomime, un montreur d'ours, un spectacle de singes. Vient enfin un jeune bossu qui se met à danser en toute innocence, pour le plus grand plaisir des enfants.



Il s'agit donc du troisième recueil d'adaptation de contes d'Oscar Wilde par P. Craig Russell. Le lecteur retrouve les caractéristiques des 2 premiers, à commencer par la grande cohérence narrative puisque l'adaptateur s'est chargé de tout. La mise en couleurs du studio Digital Chameleons s'avère être en phase avec la vision interprétative de l'auteur. Ils utilisent des couleurs claires et gaies sans être vives ou criardes. Le lecteur apprécie les bleus, rouges, verts et bruns qui établissent une ambiance claire et enjouée, adaptée aux lecteurs de tous âges, sans tomber dans des impressions édulcorées, ou à l'opposé sinistres. Ils font usage de discrets dégradés pour quelques fonds de case, mais privilégient la mise en œuvre d'aplats, pour conserver l'impression de simplicité. P. Craig Russell n'a rien changé à sa manière de dessiner, avec un rendu global tout public qui sait rendre compatible une lisibilité immédiate avec un niveau de détails élevés pour une qualité d'immersion impressionnante. Ainsi les traits de visage des personnages sont épurés et simplifiés, que ce soit le visage angélique de l'Infante, le visage innocent du nain bossu, ou les visages aux expressions réservées des adultes. Le lecteur peut ainsi facilement voir quelle émotion les habite et éprouver de l'empathie immédiatement.



P. Craig Russell ne privilégie pas l'immédiateté de lecture des dessins, au détriment de leur densité d'informations. Il a choisi de leur donner une apparence gentille, éloignée du photoréalisme. Pour autant, il intègre des détails à chaque scène, en fonction de sa nature. Ainsi quand la future reine arrive pour la première fois en Espagne, le lecteur peut admirer le détail de sa coiffure, à la fois les anglaises, mais aussi la broderie sur le tissu au sommet de sa tête. Lorsque l'histoire détaille la tenue de l'Infante pour son anniversaire, il peut regarder sa coiffure, y voir la rose blanche délicatement posée, et constater que sa coiffure diffère de celle de la reine mère. De même chaque personnage dispose d'une tenue différente. En fonction des cases, l'artiste peut choisir de ne faire ressortir que la forme globale des principales zones de couleurs quand les personnages se trouvent loin. S'il s'agit d'un plan plus rapproché, les traits de contour se font plus précis, en traçant le détail du contour des formes de chaque élément séparément, comme pour la robe de l'Infante. Au fil des différents séquences, le lecteur peut aussi prendre le temps d'admirer plusieurs éléments de décors : les sculptures du trône sur lequel siégeait la reine, les arabesques du carrosse royal, la forme de la fontaine et de son bassin, le harnachement du cheval du cavalier qui a enlevé le nain dans les bois, l'architecture et les décorations des différentes pièces du château, traversées par le nain. Ces endroits et ces accessoires n'ont rien de générique et font ressortir la culture artistique de P. Craig Russell, sans qu'il ne donne l'impression d'en faire étalage.



En cohérence avec le principe de conte, P. Craig Russell réalise également quelques images mignonnes aux traits de contour plus simplifiés, comme cette délicate représentation du théâtre de marionnettes, exquise dans sa pureté. Le lecteur retrouve cette même approche dans les animaux et les plantes qui parlent. Il pourrait y voir un effet négatif, une forme d'infantilisme. En fait ces éléments sont charmants, et viennent jouer le rôle de chœur, montrant la réaction d'individus francs, mais aussi prononcer des aphorismes de l'ordre naturel sur les événements, sur le comportement du nain. Du coup, leurs observations se teintent d'une forme de cruauté dans la mesure où ils estiment que la nature incarne la beauté. Le lecteur se doute bien que ce conte comporte une fibre cruelle. Il découvre la situation privilégiée de l'Infante, littéralement une enfant roi. L'utilisation d'une monarchie par Oscar Wilde installe cette jeune fille comme étant naturellement le centre d'intérêt de tout le monde, et à qui tout est dû, dans un ordre légitimé par la forme de gouvernement. La rencontre entre ce monde et celui très simple du nain bossu ne peut que donner lieu à une incompréhension. La première partie du récit montre que ladite incompréhension est profitable aux 2 parties : l'Infante est enchantée par la simplicité naturelle dépourvue de duplicité du nain, ce dernier est enchanté de susciter des émotions positives par son comportement. La deuxième partie fait le constat de ce qui sépare ces 2 mondes.



Comme dans les contes précédents, Oscar Wilde se montre prévenant, utilisant les conventions narratives des contes, au premier degré, de la princesse à l'individu sans une once de malice. Le lecteur peut voir comment il utilise ces conventions pour mettre à nu un ordre social tout entier au profit des riches et puissants. Il les emploie avec habileté pour évoquer l'âge de l'enfance, avec son point de vue très égocentré, sa compréhension très partielle de la réalité, et sa découverte brutale de points de vue totalement étrangers et différents, voire opposés. Wilde a réussi à contourner la présence de l'Église dans ce récit, l'Inquisiteur n'ayant pas de rôle particulier. Il se permet quand même une pique en passant avec la mise à mort des hérétiques comme spectacle de réjouissance. Il a aussi intégré des développements inattendus, notamment celui sur l'histoire personnelle du roi. Il jette un regard plein de compassion sur ce monarque, lui aussi victime des circonstances, incapable de mener à son terme son processus de deuil. C'est inattendu car l'auteur montre une véritable sympathie pour ce personnage, sans son cynisme habituel, sans sarcasme sous-jacent, et ces 2 pages ne sont pas indispensables à l'histoire.



Le lecteur peut aussi détecter un ou deux passages privilégiés par Russell dans son adaptation, en particulier une scène de 4 pages où l'enfant difforme se retrouve face à un miroir. Au départ, elle se présente sous la forme d'une pantomime agréable à lire, bien qu'un peu naïve. En voyant que l'artiste insiste sur ce passage, le lecteur finit par s'interroger sur ce dont il s'agit vraiment. Il apparaît qu'il met en scène le stade du miroir dans le développement de l'enfant, cette prise de conscience de soi. Sous l'apparence d'une séquence muette un peu enfantine, P. Craig Russell se montre aussi cruel qu'Oscar Wilde, au fur et à mesure que la compréhension de l'enfant difforme augmente et qu'il se trouve en mesure d'interpréter les réactions des autres enfants quand il a dansé devant eux.



Avec ce troisième tome, P. Craig Russell poursuit son travail d'adaptation, avec la même approche graphique et la même intelligence d'adaptation. Le lecteur découvre donc ce conte d'Oscar Wilde très respectueux des formes, très dur dans le fond. Ils ont choisi d'y consacrer plus de pages, ce qui permet à Wilde de développer d'autres éléments que le cœur de son récit, et à Russell de consacrer plus de cases aux événements qu'il juge cruciaux.
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Fairy Tales of Oscar Wilde, tome 1 : The Se..

Ce tome est le premier dans une série de 5, adaptant des contes écrits par Oscar Wilde, en comics. Il comprend 2 histoires différentes, initialement publiées en 1992, adaptées, dessinées, encrées et mis en couleurs par Philip Craig Russell. Ces 2 contes sont tirés de Le prince heureux - Le géant égoïste et autres contes d'Oscar Wilde (1854-1900) publié en 1888, et de La maison des grenades (1891).



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The selfish giant (16 pages) - En sortant de l'école, les enfants ont pris l'habitude de s'arrêter dans le jardin du géant pour jouer, car il n'est pas là. Il est parti rendre visite à un de ses amis, et leur discussion a duré 7 ans. Un jour le géant rentre. En voyant les enfants dans son jardin, il les chasse, et il construit un solide mur tout autour de son jardin pour s'assurer qu'il n'y aura plus d'intrusion. Mais alors que le printemps arrive et s'installe dans le village et aux alentours, l'hiver continue de s'abattre sur le jardin du géant : le vent froid, la neige, le verglas. Alors que le printemps laisse la place à l'été, il continue de faire un froid de canard dans le jardin du géant. Un matin le géant est réveillé par le chant d'une linotte mélodieuse et il découvre un spectacle inattendu dans son jardin, en passant la tête par la fenêtre.



Ce tome comprend donc les 2 premières adaptations d'un conte d'Oscar Wilde par P. Craig Russell, un auteur de comics renommé, qui se deviendra par la suite un expert en adaptation, en particulier celles des œuvres de Neil Gaiman comme par exemple American Gods ou Coraline, mais aussi d'opéras comme Salomé ou The Ring of Nibelung. Les dessins de cet artiste présentent une apparence délicate, avec des traits pour les contours, de petites préciosités dans la manière d'insister sur des arabesques, et une attention particulière portée aux fleurs en particulier, et à la nature en général. Cette œuvre ne déroge pas à la règle. Il consacre 2 pages à représenter la neige, le Vent du Nord et la grêle s'abattre sur le jardin clos du géant. Il dessine une allégorie de l'été, une femme bien en chair avec les bras chargés de fruits, les arbres du verger avec des troncs aux formes torturées, les fleurs qui poussent naturellement dans le jardin. S'il y est sensible, le lecteur relève également des cases dont l'objet sort de l'ordinaire : les jambes (avec socquettes et souliers) des enfants marchant sur le chemin, une fleur qui prend peur à pousser au pied d'un mur, le géant bien au chaud sous ses couvertures, un petit garçon qui fait un bisou, les feuilles qui volent au vent en automne. La narration visuelle s'adresse avant tout à des enfants, mais recèle une richesse de saveurs telle qu'un adulte prend également plaisir à regarder ces dessins élégants.



Les dessins présentent donc les scènes avec une forme de candeur dans la simplification, et de gentillesse, permettant ainsi aux sentiments délicats de s'exprimer. En fonction de sa sensibilité, le lecteur peut interpréter cette approche comme de la sensiblerie, ou bien comme un mode narratif adapté à un public d'enfants. Dans les 2 cas, il sourit, voire il est attendri, devant les petites chaussures avec les chaussettes tombantes sur les mollets, les visages ouverts et souriants des enfants, la démesure du mur, la grâce du vent en train de souffler, les couleurs gaies apportées par les éléments végétaux comme les arbres et les fleurs. Il apprécie la qualité de l'adaptation car il éprouve bien les sensations de lire une bande dessinée, et pas un texte illustré. Russell a pris grand soin de donner une forme cohérente et réfléchie aux décors, et il les représente régulièrement. Les personnages effectuent des actions qui ne sont pas juste une transposition d'informations déjà présentes dans les récitatifs. Les personnages sont plein de vie, à commencer par les enfants qui courent et qui sourient, mais aussi le géant un peu bougon et vaguement malhabile du fait de sa taille.



Le lecteur adulte découvre un conte gentillet d'un géant pas si méchant qui prend conscience que la tranquillité de sa solitude constitue un terreau de premier choix pour le froid et la désolation. Le lecteur adulte comprend rapidement que l'égoïsme du titre chasse les enfants qui représentent la vie, à la fois humaine, mais aussi végétale. Les arbres et les fleurs du jardin sont l'incarnation de la joie de vivre apportées par les enfants. Sans enfants, pas de joie de vivre, pas de floraison, pas de printemps et encore moins d'été. Le lecteur se dit qu'il s'agit d'un conte gentillet pour un récit écrit par Oscar Wilde, et il peut être un peu surpris par une touche de religion catholique. Il s'agit d'un conte moral, avec une fin étonnamment douce.



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The star child (28 pages) - Il était une fois 2 pauvres bûcherons qui étaient partis chercher du bois dans la forêt par un hiver très rigoureux, avec une épaisse couche de neige. Les différents animaux ne pouvaient que se désoler du froid terrible, qu'il s'agisse du loup, des linottes, ou des colombes, encore que le premier pensait que c'était la faute du gouvernement. Le pic-vert, les écureuils et les lapins s'étaient mis à l'abri. Seuls les hiboux semblaient s'accommoder du terrible froid. Après avoir chuté et perdu une partie de leur bois, les bûcherons décident de rentrer au village. Après avoir erré quelque temps, ils retrouvent le chemin et voient tomber une météorite dorée. Ils décident d'aller voir s'il y a quelque chose à récupérer pour alléger la pauvreté qui les accable. Il s'agit d'un nouveau-né enveloppé dans un grand linge doré qui le tient au chaud. L'un des 2 bûcherons accepte de le prendre en charge, même s'il peine déjà à mettre à manger sur la table tous les jours pour ses propres enfants. Sa femme n'est pas ravie de son initiative. L'enfant grandit et jouit d'une beauté extraordinaire.



Cette deuxième histoire prend la forme d'un conte, tout aussi moralisateur que le premier. Le charmant enfant devient un adolescent imbu de sa personne, narcissique et égoïste, ne jugeant les autres que sur leur apparence, et donc leur beauté. Oscar Wilde y met la dose : lorsque sa mère biologique se présente devant lui. L'adolescent la repousse car il s'agit d'une vieille et laide mendiante. Du coup, la laideur de l'âme de l'adolescent finit par transparaître sur son visage, lui aussi devenant laid et repoussant. Ayant compris l'erreur de son comportement, il quitte le domicile de ses parents d'adoption et se met à la recherche de sa mère. Il va souffrir de nombreuses humiliations, de nombreuses privations et mauvais traitements. Le lecteur retrouve la fibre morale du premier récit dans le fait qu'ayant fait amende honorable, l'enfant étoile bénéficiera d'une rédemption et d'une fin heureuse. Toutefois, le cynisme d'Oscar Wilde affleure dans la toute dernière case, avec une sorte d'épilogue qui relativise beaucoup l'issue heureuse.



Les dessins de Philip Craig Russel sont tout aussi agréables et tout public que dans la première histoire. Il insuffle de la personnalité dans chacun des différents décors, que ce soit la chaumière de bûcheron, les plaines dégagées alentour, les bois dans lesquels l'enfant doit retourner à plusieurs reprises pour aller chercher ce que réclame le sorcier, la place de la capitale du royaume. Le lecteur peut observer que par moment l'artiste se préoccupe moins des décors et se focalise sur les personnages, parfois comme une mise en scène de théâtre. Comme dans le premier conte, les personnages rayonnent de vie. Les émotions affleurent sur les visages avec un naturel confondant, que ce soit la suffisance et la méchanceté du garçon, ou sa souffrance par la suite et son désarroi, la sollicitude du bûcheron, la terrible moquerie des gardes du palais, etc. Le lecteur éprouve une empathie pleine et entière pour chaque protagoniste qu'il soit présenté sous un bon jour ou sous un mauvais jour. Russell introduit une grande variété dans ses mises en page, sans chercher à épater le lecteur. Il y a quelques cases qui comportent une majorité de texte, vraisemblablement des phrases d'Oscar Wilde reproduites à l'identique. Il y a d'autres cases quasiment muettes. Chaque page est découpée en fonction de la nature de la séquence, l'artiste utilisant aussi bien de fines cases de la largeur de la page pour montrer l'action dans la longueur de l'espace, que de petites cases accolées pour saisir un moment fugace. À une ou deux reprises, Russell s'autorise une discrète facétie, comme la présence anachronique d'une tronçonneuse.



Ce deuxième récit porte encore la marque d'une gentillesse inattendue de la part d'Oscar Wilde. La transposition en bande dessinée est tout aussi fluide que celle du premier conte. Philip Craig Russell réalise des dessins tout public élégants et délicats, très expressifs sans tomber dans la caricature. Le récit se lit tout seul, avec plaisir, même si la forme de conte reste trop sage.
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Fairy Tales of Oscar Wilde, tome 4

Ce tome fait suite à Fairy Tales of Oscar Wilde 3: The Birthday of the Infanta qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant. Il comprend 2 histoires initialement parues en 2004, toutes les 2 adaptées d'un conte d'Oscar Wilde, écrits, dessinés, encrés et mis en couleurs par Philip Craig Russell. Dans le corpus créé par cet auteur, il les a numérotés 49 (réalisée en 2001) et 54 (réalisé en 2003). Ces 2 contes sont tirés de Le prince heureux - Le géant égoïste et autres contes d'Oscar Wilde (1854-1900), publié en 1888. Au total, P Craig Russell a adapté tous ces contes, regroupés en 5 tomes publiés par NBM.



L'ami dévoué (15 pages) - Dans un cours d'eau, une maman canard est en train d'apprendre les bonnes manières à ses trois enfants. Ils sont observés depuis la rive par un campagnol amphibie. Ce dernier trouve que les enfants sont particulièrement désobéissants et que leur mère devrait les noyer. Cependant il indique qu'il n'y connaît rien en éducation des enfants, et il ajoute qu'il ne trouve aucun sentiment plus noble que celui de l'amitié dévouée. Il se fait interpeler par un verdier d'Europe qui lui demande ce qu'il connaît de l'amitié, ce qu'il attend d'un ami, et ce qu'il serait prêt à faire pour un ami. Devant les réponses évasives du campagnol, il lui raconte l'histoire de l'amitié entre Hans un jeune jardinier n'ayant à son nom que son cottage et son jardin, et Hugh, un riche meunier propriétaire de son moulin et y faisant travailler des employés. Hugh faisait l'amitié de rendre souvent visite à Hans qui lui offrait quelques fleurs ou légumes ou fruits. De temps à autre, Hugh demandait à Hans de lui rendre un menu service.



Le rossignol et la rose (15 pages) - Un jeune étudiant se languit d'amour dans un jardin. Il pense à la fille du professeur qui a promis de danser avec lui lors d'u bal donné par un prince, sous réserve qu'il lui offre une rose rouge. Or il n'y a pas de rose rouge dans son jardin. Perché dans l'arbre, un rossignol écoute ses lamentations et s'en trouve tout triste. Il est convaincu que l'amour est quelque chose de beaucoup plus précieux que les émeraudes et que les opales. L'étudiant se rend malade rien que de penser que la fille du professeur dansera avec d'autres que lui qui continuera à se morfondre. Il pleure tant et plus de chagrin qu'il finit par s'endormir d'épuisement, face contre terre. Un lézard, un papillon et une marguerite qui ont écouté ses lamentations se moquent de cet individu capable de se rendre ainsi malade parce qu'il n'a pas une rose rouge. Le rossignol toujours aussi ému s'en va parlementer avec le rosier pour lui demander une rose rouge. Ce dernier lui répond qu'il ne peut produire que des fleurs jaunes, mais il lui conseille d'aller demander à son frère qui pousse sous la chambre de l'étudiant. Le rossignol ayant posé sa question il s'entend dire par le rosier comment faire pour obtenir une rose rouge, et le prix à payer.



Bien sûr Oscar Wilde est plus connu pour son roman Le portrait de Dorian Gray (1890), ou pour sa pièce L'Importance d'être Constant (1895), ou même ses nouvelles Le Fantôme de Canterville et autres nouvelles (1891). Cette adaptation en bande dessinée est donc l'occasion pour un lecteur qui ne les connaitrait pas de tester ses contes pour enfants. P. Craig Russel est un auteur de comics complet (scénario et dessins) qui a réalisé de nombreuses adaptations en tout genre : Conan and the Jewels of Gwahlur (une histoire originale à partir du personnage créé par Robert E Howard), des adaptations d'opéra The P. Craig Russell Library of Opera Adaptations ou The ring of Nibelung d'après Richard Wagner, ou encore de nombreuses adaptations de nouvelles et romans de Neil Gaiman comme The Sandman: Dream Hunters ou American Gods: Shadows.



La couverture met en avant le nom d'Oscar Wilde dans le titre et propose une construction qui met le rossignol au premier plan, signalant que son importance prime sur celle des humains. De fait le premier conte est introduit par des animaux qui parlent (la cane et ses canetons, le campagnol, le verdier), et dans le second le rossignol tient le rôle principal, et dialogue avec plusieurs rosiers. Russell ne choisit pas l'anthropomorphisme, mais conserve la forme des animaux, en privilégiant leur contour plutôt qu'une description de type photographique. Ce faisant les animaux donnent l'impression d'être l'expression de la nature, c’est-à-dire que leurs propos revêtent une franchise en harmonie avec leur sentiment profond, sans filtre distordant. Ce travail de simplification de la représentation s'avère assez complexe. En effet les cases comportent une bonne densité d'informations visuelles, et les contours suffisent à décrire des formes reconnaissables. Par exemple, lorsque le lecteur prend le temps de regarder les fleurs et les plantes du jardin de Hans, il reconnait aisément les différentes espèces. Représenter une fleur pour P. Craig Russell, ce n'est pas disposer des pétales au petit bonheur la chance, c'est intégrer un élément végétal en respectant la forme de ses feuilles, la géométrie de la tige ou du tronc, etc. Dans la deuxième histoire, il s'agit bien de rosiers et pas d'une forme générique d'une couleur vaguement approchante.



P. Craig Russell représente avec la même approche les éléments manufacturés et les personnages humains. Le lecteur peut voir le dénuement de la cabane de Hans, l'opulence du repas familial servi sur la table de Hugh ou lors de la veillée funèbre, les tuiles en bois de la grange, gauchies par les années et les intempéries, les briques sous le crépit, les luminaires luxueux de la salle de balle. La plupart du temps ces éléments s'intègrent de manière organique à l'environnement, plus rarement ils participent à composer un tableau, avec une approche moins naturaliste et plus arrangée. L'artiste présente des êtres humains également travaillés pour être plus expressifs, plus représentatifs, mais sans perdre de degré de complexité. La bonne nature de Hans se lit sur son visage, et sa pauvreté se voit dans sa tenue vestimentaire. L'aisance financière de Hugh se voit dans ses beaux habits, ainsi qu'une forme de sophistication dans les expressions de son visage, le lecteur se rendant rapidement compte que cet individu est habile à moduler ses émotions pour son profit. Le langage corporel de l'étudiant adopte des conventions plus romantiques dans la gestuelle, postures qu'il projette sur le comportement de la fille du professeur, dont le langage corporel est tout autre quand il se retrouve face à elle.



P. Craig Russell fait preuve d'une habileté certaine pour le travail d'adaptation. S'il lisait ces bandes dessinées sans savoir qu'il s'agit d'adaptation, le lecteur trouverait les pages un peu chargées en texte, mais ces derniers étant très bien tournés. Par ailleurs les images ne répètent pas ce qi est déjà dit en mots, et le découpage des pages en case relève bien d'une narration séquentielle, et pas d'une suite d'illustrations du texte, accolées les unes aux autres sous forme de bande dessinée. Non seulement les dessins donnent à voir les différents environnements et donnent vie aux personnages (humains ou animaux), mais en plus l'auteur utilise les spécificités de la bande dessinée pour des moments uniques. Il peut s'agir d'une légère exagération quand Hugh repart les bras chargés de fleurs et de fruits. Il peut y avoir un léger glissement vers l'expressionnisme quand Hans s'enfonce dans une forêt menaçante. Il peut y avoir un passage vers l'allégorie quand la tempête se déchaîne, l'écho porte un son, ou un oiseau émet un dernier trille. Les dessins font alors apparaître la vie spirituelle d'un individu ou l'indifférence de l'univers.



De fait même s'il n'a pas d'appétence particulière pour Oscar Wilde, le lecteur est tout simplement enchanté par la beauté des dessins, leur richesse sophistiquée, et élégante. Il accepte donc bien volontiers la forme qui veut que les animaux parlent et expriment des émotions ou des vérités plus franches que les humains, donnant l'impression d'êtres plus vrais. Alors que le verdier raconte son conte sur la relation entre le jardinier et le meunier, le lecteur se rend compte que la nature du propos n'a rien d'enfantine. Oscar Wilde n'a pas viré sa cuti ou adapté sa façon de voir afin écrire pour un public plus jeune. Le lecteur adulte n'a pas besoin d'explication pour comprendre ce qui cloche dans la relation d'amitié, ou dans le fait qu'une rose ne suffira pas à révéler l'amour potentiel dans le cœur de la fille du professeur. Par contre, s'il ne connaît pas ces contes, il ne s'attend pas à leur noirceur. Wilde & Russell réussissent à conserver un ton narratif cohérent du début à la fin, sans rupture pour augmenter artificiellement la dramatisation. La cruauté nait du décalage des comportements et ne s'en exprime qu'avec plus de force. Oscar Wilde met en scène le gouffre qui sépare la manière dont les individus se représentent le monde, les contresens d'interprétation des comportements, l'expression d'un égoïsme abyssal d'autant plus horrifiant et sidérant que les individus n'en ont pas conscience.



Ces 2 contes d'Oscar Wilde sont adaptés avec une réelle maestria, pour un spectacle visuel délicat et enchanteur, sans rien perdre de l'intention de l'auteur, sans rien perdre de la cruauté des rapports humains. Exceptionnel.
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Fables, Tome 4 : Le dernier bastion

Un tome qui commence par un chapitre dont le style graphique m’a pas mal déplu. Heureusement, on retourne dans du plus « classique » avec les chapitres suivants (évidemment tout cela est subjectif).

Cependant, ce premier chapitre est très important. Il revient sur le passé, douloureux, de Boy Blue et surtout du dernier départ des Fables vers les communs (notre bon vieux monde). On en apprend un peu plus sur comment les Fables sont arrivés dans notre monde et sur comment plusieurs se sont sacrifiés face à des hordes de gobelins. On fait également la rencontre de Chaperon Rouge, un bien obscur personnage. Chose qui sera encore plus visible lors des prochains chapitres.

D’ailleurs ces autres chapitres, il ne s’y passe pas spécialement grand-chose. C’est beaucoup moins palpitant que le tome précédent mais ça n’en est pas moins important. Charmant fait campagne pour les municipales avec un peu beaucoup de démagogie. Le maire actuel se fait du sang d’encre. Des Fables sont occupés à compter les trésors accumulés par feu Barbe-bleue. Trésors qu’en fait veut accaparer Charmant. Mais le plus étonnant et inquiétant est à venir.

Chaperon Rouge est en vie et serait parvenue à s’enfuir des mondes fabuleux aux mains de l’Adversaire et à parvenir chez les Communs près de deux siècles après les derniers Fables arrivés. Et cela met la puce à l’oreille de notre bon Big Bad Wolf ! De plus des gobelins sont parvenus à atteindre notre monde. C’est inquiétant. Surtout quand certains s’en prennent à Jack.



Alors ce tome est court. Il est plus calme. Mais comme déjà écrit, des choses se passent et pas n’importe quoi. Entre la fin du monde des Fables, de la politique et de l’espionnage, cela en fait des bonnes raisons d’apprécier ce tome. Appréciable aussi de voir, nos personnages de contes d’enfance être dépeint de manières bien différentes. Chaperon Rouge n’est ni candide ni gentille, Charmant est un pur avide de pognon, Blanche a ses faiblesses mais aussi à sa force de caractère et Loup est d’un caractère bien protecteur.

En gros ça se lit de mieux en mieux !
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Les mystères du meurtre

Cette BD est l'adaptation d'une nouvelle radiophonique de Neil Gaiman, qui s'attaque au mythe de la création de l'univers par Dieu et les anges. On commence par un type ordinaire dont on ne connaîtra jamais le nom, un Anglais, coincé en Californie par la météo. Il retrouve une ex à Los Angeles et passe la soirée avec elle, puis retourne à son propre hotel. Avant de rentrer se coucher, il passe une cigarette à un vieil homme qui déclare vouloir le payer en lui racontant une histoire. Le récit de cet homme - est-ce bien un homme? - porte sur le tout premier meurtre parmi les anges. Après quoi, il embrasse l'Anglais sur la joue, et ce dernier repart par avion le lendemain.

Si vous avez déjà lu par exemple Neverwhere, Sandman, ou même De bons présages, vous savez déjà que chez Neil Gaiman, les anges ne sont pas forcément très recommandables... Raguel est l'ange de la vengeance, réveillé pour punir l'assassinat de Carasel. Il interroge pour cela Zephkiel, Phanuel, Lucifer et Saraquael . Raguel découvrira bien le coupable et appliquera sur lui la justice du Seigneur, mais personne n'en sort indemne, surtout pas Lucifer, et Raguel lui-même, déboussolé par ce qu'il a été amené à faire. Raguel est un très beau personnage, plein de doutes, de mélancolie et de nostalgie d'une innocence perdue, avec son espoir de rentrer un jour chez lui. Mais en disant cela, je suis injuste envers les autres, qui sont tous très intéressants avec chacun leur caractère et leur personnalité pleine de failles. Russell leur a donné un physique très américain: la tenue beige de sheriff ou de marshall irait très bien à Raguel, Phanuel fait petit cadre mesquin et timoré malgré la grandeur de sa tâche. Saraquael quant à lui a un tête de surfeur ( l'histoire est racontée en Californie après tout!). Seuls Zephkiel, et Lucifer ( à la peau bizarrement mauve) correspondent plutôt aux canons des modèles de renaissance italienne, traits doux et fins, cheveux longs.

Le dessin de Russel peut sembler sommaire, voire décevant, à première vue; mais il dit l'essentiel avec beaucoup d'efficacité, tout comme sa narration. Pas d'hypertrophie graphique comme dans beaucoup de comics mainstream. Il complète les infos du texte sans redondance, sans trop en dire non plus, exercice plutôt compliqué quand on travaille sur un tel matériau littéraire. Le dessin a la simplicité de ceux qui n'ont pas besoin d'en dire plus, sans esbroufe, ce qui correspond parfaitement à l'esprit du texte... Il évoque bien, sobrement, le décor du paradis... ainsi que la construction des concepts auxquels travaillent les anges. Bien distincts dans leurs physiques, les anges, certes asexués, ont un corps clairement masculin, et sont pratiquement tous nus; la bd en tire un certain côté gay, sans compter l'explication du meurtre et le baiser fait à l'Anglais... Mais ça n'est que mon avis! Il exploite aussi les possibilités de la bd avec cette bande blanche, écho du trou de mémoire du personnage principal, ou les petites cases de dialogue, où l'on se rend compte de l'importance des détails d'une discussion, ou encore la colorisation des bulles de Raguel lorsqu'il est possédé par sa fonction.

L'écriture de Neil Gaiman est subtile ( enfin, je n'en sais trop rien avec le double filtre de l'adaptation de P.Craig Russell et la traduction par Patrick Marcel) , avec cette touche distanciée qui fait l'humour de ses histoires. L'importance du non-dit est une plaisante confiance dans l'intelligence du lecteur. Cela en fait aussi une histoire fantastique au sens de Todorov: à la lisière de la réalité, sans qu'on sache si le surnaturel est bien présent ou pas. Le vieil homme a-t-il bien été jadis Raguel, cet ange vengeur et bouleversé, et a-t-il réellement effacé la mémoire de l'Anglais pour une raison qui n'appartient qu'à lui, ou est-il simplement un vagabond à l'imagination mystique et l'Anglais juste très fatigué comme il le reconnaît lui-même? La mise en abyme prend tout son sens à la fin...

Pour résumer, il s'agit d'un très bon one-shot, qu'on peut lire de multiples fois sans en épuiser le pouvoir d'interprétation, et avec un plaisir renouvelé tant l'association texte-image fonctionne bien.

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L'étrange Vie de Nobody Owens, tome 1 (BD)

Il y a des noms d’auteurs, quand vous les voyez en rayons il n’y a pas besoin de tergiverser vous savez que vous le lirez vite mais aussi que ce sera surement un bon récit. Voilà ce que je me suis dit en voyant la nouveauté comics de chez Delcourt avec Neil GAIMAN au scénario. Il s’agit de l’adaptation d’un de ses romans fantastique en comics.

Amateurs de l’étrange et inexplicable veuillez me suivre. Comme d’habitude, Neil GAIMAN nous embarque dans un tourbillon de noirceur poétique avec une base de paranormale qui n’est pas dépourvue d’humour. Il s’agit d’un conte fantastique où le publique visé est autant adolescent qu’adulte.



J’ai aimé l’histoire principale qui se divise de plein de petites histoires. En fait chaque moment de la vie de Nobody Owens nous est décrit dans un chapitre complet. Cet instant va être marquant pour notre héros qui en tirera à chaque fois une leçon qui lui servira à mieux comprendre ce qu’il est, où il vit et comment sont les vivants ou les morts. Nobody est un garçon attachant malgré bien des aspects étranges et son éducation faite par des morts. Le plus drôle c’est que parfois, nous savons quel créature il fréquente mais lui n’en a pas la moindre idée. Ceci nous donne une dimension dans l’histoire. Parfois les vivants ne voient pas les morts et j’ai eu la sensation que parfois, sur le même modèle, nous avions l’impression que les gens du livre ne nous voyaient pas. Je sais qu’ils ne nous voient pas en vrai mais la lecture rend notre présence véritable mais nous ne pouvons rien pour notre héros qui est doublement coincé : dans le cimetière mais aussi dans le livre.



Les personnages secondaires sont touchants, attachants, plein de vie malgré leur condition de morts. J’ai un coup de cœur pour Elisabeth … à vous de découvrir qui elle est !



Plusieurs illustrateurs se succèdent dans ce comics. A chaque fois pour un chapitre complet. Je dois avouer que les styles sont tellement proches que je ne vois pas forcément de différence. En tout cas, ils gardent une unité sans changer quoi que ce soit. Voici les noms de ces illustrateurs que vous connaissez peut-être pour d’autres comics : P. Craig RUSSELL, K. NOWLAN, T. HARRIS, s. HAMPTON, J. THOMPSON.



En bref :



– J’ai beaucoup aimé l’ambivalence entre enfance et macabre que l’on retrouve dans Coraline



– Un bon comics où chaque chapitre peut devenir « le conte du soir«



– Une lecture à plusieurs niveaux en fonction de ce que l’on veut y voir



– Neil GAIMAN quoi ♥



Cette adaptation sera en deux tomes. Rendez-vous début 2016 pour la suite ! J’ai hâte d’en savoir plus sur Jack, ce personnage sombre qui est à l’origine de tout ces bouleversements dans la vie de notre héros.



Bonus : il y a aussi un film en préparation !
Lien : http://chickon.fr/2015/05/28..
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Batman Arkham : Poison Ivy

Anthologie des aventures les plus marquantes de Poison Ivy, ennemi de l'univers de Batman allant des origines du personnage à ces différentes évolutions au fil des différents âges.



Très bon recueil pour découvrir et comprendre ce personnage revenue à la mode qu'est Poison Ivy, qui de simple femme fatale et voleuse dans les années 60 deviendra au fil du temps botaniste et éco-terroriste.





Le personnage de Poison Ivy pose des questions (assez simplistes) de l'écologie et des moyens qui doivent être mise en oeuvre pour atteindre un éden, en étant extrémiste. Ceci depuis les années 80, bien avant la mode actuel.

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L'étrange Vie de Nobody Owens, tome 1 (BD)

Une sympathique adaptation en bande dessinée, signée P. Craig Russell, du roman The Graveyard Book de Neil Gaiman.



Je n'avais pas lu le roman original, j'ai donc découvert les personnages et l'univers si particulier de ce récit avec cette adaptation en BD. C'est plutôt plaisant à lire, le récit enchaine plusieurs aventures de Bod, le fameux Nobody Owens du titre, un petit garçon recueilli par un vampire et les fantômes peuplant un cimetière après l'assassinat de sa famille par le terrifiant et mystérieux Jack.



Un bémol, tout de même : j'ai trouvé que c'était long et pas toujours passionnant, et j'ai du mal à voir où ces aventures successives vont nous mener. J'espère que le deuxième et dernier volume éclairera ma lanterne.
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Conan and the Jewels of Gwahlur

Il s'agit d'une histoire complète parue en 1 seul volume en 2005, alors que l'éditeur Dark Horse avait relancé l'exploitation du personnage franchisé Conan. Ce tome constitue l'adaptation de la nouvelle de Robert E. Howard portant le même titre (rééditée dans Les Clous rouges), par Philip Craig Russell.



Les 3 premières pages servent d'introduction. Conan le cimmérien est dans une jungle, au pied d'une falaise vertigineuse. Il en entame l'ascension et trouve un cadavre tenant un surprenant parchemin dans la main, il s'agit du corps Bit-Yakin. Il termine son escalade et arrivé au sommet contemple le paysage. Perdu au milieu de la végétation, Conan aperçoit les coupoles d'un palais déserté appelé Alkmeenon, réputé pour abriter les Dents de Gwahlur, des joyaux inestimables. Quelques temps auparavant, Conan s'était rendu à la ville de Kenshan, attiré par la possibilité de mettre la main sur les Dents de Gwahlur. Il avait proposé au Roi de Keshan de servir d'instructeur à ses armées pour reprendre le dessus sur l'armée du royaume voisin de Punt. Quelque temps plus tard, Thutmekri, un autre mercenaire à la tête d'une petit armée, était lui aussi venu proposer ses services, cette fois-ci au nom d'un autre royaume appelé Zembabwei, dans le cadre d'une alliance. Son offre était beaucoup plus intéressante que celle de Conan, le prix à payer étant de quelques joyaux de Gwahlur. 2 autres individus se sont également placés sur l'échiquier du pouvoir : Gwarunga, le conseiller militaire du souverain, et Gorulga le grand prêtre qui estime nécessaire de consulter les augures de la déesse Yelaya dont le corps repose dans le palais abandonné de Alkmeenon.



Dans l'interview de P. Craig Russell en fin de volume, Scott Allie (le responsable éditorial) explique qu'il avait relancé les adaptations des écrits de Robert E. Howard avec Kurt Busiek (à commencer par The Frost-Giant's Daughter And Other Stories). Il souhaitait ensuite étendre la gamme de produits avec des adaptations réalisées par d'autres créateurs (comme celle-ci) ou des histoires nouvelles (comme Songs of the Dead). A priori, la délicatesse des illustrations de P. Craig Russell n'en faisait pas un candidat idéal pour la force brute et sauvage de Conan. Ce créateur s'est spécialisé dans les adaptations d'opéra (P. Craig Russell's Opera Adaptations Set), de romans ou nouvelles de Neil Gaiman (Murder Mysteries ou Coraline), ou des contes d'Oscar Wilde (The Fairy Tales Of Oscar Wilde). Mais d'un autre coté, Barry Windsor-Smith (le dessinateur qui a prouvé la viabilité des aventures en bandes dessinées dans les années 1970) avait lui aussi un style assez délicat et sa version reste toujours d'actualité (par exemple dans l'édition prestige Conan archives 1 & Conan archives 2).



Il faut bien avouer que c'est d'abord l'identité du dessinateur qui m'a tenté, justement parce qu'il a une approche graphique différente. Conan est bien charpenté, musculeux, mais sans exagération. Il a une carrure impressionnante, sans être celle d'un culturiste. D'une manière inhabituelle, il ne porte pas son célèbre pagne en peau de bête, et il ne porte pas d'armure, juste une sorte de short moulant et des sandales. Son allure est celle d'un jeune adulte, ce qui correspond bien à la place chronologique de cette aventure. Muriela, une jeune femme se trouvant dans le palais abandonné, dispose d'un charme impressionnant, ainsi que d'une présence physique indéniable. Chaque individu dispose d'un visage immédiatement reconnaissable, ainsi que de vêtements spécifiques.



Et la délicatesse ? Elle se manifeste dès le début dans la façon d'évoquer les frondaisons et dans la vue à grand spectacle qui s'offre au sommet de la falaise. Philip Craig Russell s'attache aux impressions, plus qu'à l'exactitude photographique. Du coup les traits peuvent être assez peu nombreux par case, voire les personnages uniquement représentés sous forme de silhouette en ombre chinoise. Ce choix graphique repose sur un savant dosage. Il arrive dans quelques scènes que la paucité des éléments graphiques donne l'impression de trop de vides (par exemple l'apparition de la déesse dans son halo bleuté où les décors sont complètement absents pendant 2 pages). La plupart du temps Craig Russell trouve le juste point d'équilibre et crée des ambiances à la frontière de l'onirisme et du théâtre, avec des décors dont l'incarnation fluctue entre les détails remarquables, ou la simple évocation par rémanence des éléments des cases précédentes. Ce qui fait toute la différence avec un dessinateur lambda, c'est que Craig Russell insère des détails architecturaux pertinents, réels et piochés dans différentes cultures antiques. En particulier, chaque colonne possède une base et un chapiteau ouvragé. Quand il insère des détails, ses illustrations ont un pouvoir d'évocation énorme. Lorsqu'il dessine des feuillages, il est possible de reconnaître l'espèce des arbres, il ne dessine pas des feuilles génériques, mais bel et bien des feuilles de lierre, ou de plantes exotiques, ou d'autres encore (pour un mélange parfois peu crédible). Il a également un sens de la composition de la page très efficace.



Deuxième choc après le style graphique : le style narratif. L'histoire est finalement assez complexe, et Philip Craig Russell reprend le style de Robert E. Howard, avec un style plutôt écrit. Les pavés de texte sont copieux et imposent une vitesse de lecture réduite, très différente du style prédominant depuis les années 1990 dans les comics. Pour le coup, le lecteur a l'impression d'être revenu dans les années 1970, au bon vieux temps de Roy Thomas. C'est un style qui peut ne pas plaire à tout le monde. L'histoire est assez dense, avec quelques passages presque muets dédiés à l'action.



Philip Craig Russell propose une narration à l'ancienne, fidèle à celle de Robert E. Howard dans laquelle l'intelligence de Conan joue à part égale avec ses prouesses physiques. La différence graphique attendue est bien présente, mais l'équilibre dans l'utilisation de l'espace de la feuille bascule parfois du coté du trop ténu.
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L'étrange vie de Nobody Owens, tome 2 (BD)

Ce tome a été initialement publié en 2014. Ces 2 tomes constituent l'adaptation en comics du roman du même nom de Neil Gaiman. La transposition en bande dessinée a été conçue et réalisée par Philip Craig Russell. Ce tome comporte 3 chapitres. La mise en couleurs a été réalisée par Lovern Kindzierski. Il faut avoir lu le premier tome avant.



Chapitre 6 (dessins et encrage de David Lafuente, 42 pages) – Nobody (Bod pour les intimes) Owens fait la connaissance d'un nouveau fantôme du cimetière : Thackerey Porringer (1720-1734) qui n'est pas très prêteur. Son comportement finit par faire prendre conscience à Bod de ce qu'il souhaite vraiment : aller à l'école pour apprendre. Silas lui arrange ça, mais Bod se heurte aux 2 terreurs de l'établissement Nick Farthing et Maureen Quilling.



Chapitre 7 (dessins et encrage de Scott Hampton, 100 pages) – C'est le retour de la seule humaine avec laquelle Bod avait fraternisé. Les retrouvailles sont émouvantes. Cette jeune demoiselle fait également connaissance de Jay Frost, un monsieur qui relève les inscriptions sur les pierres tombales, et qui fait forte impression à Noona, sa mère. Bod se tourne naturellement vers le fantôme de Nehemiah Trot, un poète décédé, enterré dans le cimetière, pour qu'il l'aide à gagner le cœur de cette jeune demoiselle.



Chapitre 8 (dessins de P. Craig Russel & Kevin Nowlan, 22 pages) – Toutes les bonnes choses ont une fin et cette histoire aussi, mais pas sans avoir rencontré le fantôme de Alonzo Tomás Garcia Jones.



Dans le premier tome, le lecteur s'était habitué à voir évoluer Nobody Owens de 2 ans entre chaque chapitre, à découvrir une nouvelle étape de sa vie généralement accompagnée par une nouvelle découverte ayant trait aux habitants du cimetière. P. Craig Russell poursuit son remarquable travail d'adaptation. Au début de ce deuxième tome, le lecteur se demande un instant s'il n'a pas perdu la main : les textes sont plus volumineux. Très vite la fluidité de la narration est de retour, avec une forme vraiment BD, la sensation de recopiage d'un ou deux paragraphes ayant disparu. En fait l'adaptateur recourt à un texte plus écrit de manière chronique et espacée quand l'image ne permet pas de transcrire ce qui est exprimé par les mots. La preuve de la qualité de son adaptation réside dans la rareté de ces moments.



Après Kevin Nowlan, P Craig Russell, Tony Harris, Scott Hampton, Jill Thompson et Galen Showman, c'est au tour de David Lafuente de participer à la mise en images de ce roman. À nouveau, le passage de 2 ans entre 2 chapitres permet au lecteur d'accepter la différence de représentation qui suit l'évolution de l'enfant. Cet artiste est plus porté sur les détails que ses prédécesseurs, qu'il s'agisse du nombre de pierres tombales et des fleurs sauvages, de l'aménagement intérieur de l'établissement scolaire, ou encore des façades des immeubles. S'il n'est pas sûr qu'il ait été choisi pour ces qualités, elles donnent plus de consistance au monde réel (en dehors du cimetière), ce qui tombe à pic puisque ce chapitre correspond à un essai d'intégration dans le monde normal des vivants.



David Lafuente intègre une légère exagération sous la forme d'une petite déformation dans les proportions, en particulier dans les visages qui présentent une légère touche manga (discrète et digérée). Cela donne plus de vie aux personnages (Bod, Maureen, Nick), sans que le récit ne verse dans la farce. Cette forme d'amusement est moins sophistiquée que celle de Russell, Nowlan ou Hampton, mais elle fonctionne quand même dans le cadre de ce chapitre.



Pour le chapitre suivant, c'est donc le retour de Scott Hampton qui dessine plus de la moitié de ce tome. Le lecteur retrouve sa manière étrangement éthérée de représenter formes et visages. Dans un premier temps, le lecteur peut éprouver l'impression que les dessins manquent un peu de consistance, comme s'il s'agissait plus d'une délicate esquisse au crayon que d'une image peaufinée. D'un côté, cette sensation se marie bien avec la nature du récit qui parle de fantômes et de l'au-delà. La consistance des revenants apparaît un peu moindre que celle des vivants, ce qui correspond bien à leur nature.



Un regard un peu plus attentif permet d'observer qu'Hampton délimite les formes avec un trait fin sans variation d'épaisseur, leur conférant cette apparence un peu fragile. D'un autre coté quand le regard s'attarde sur un élément concret, comme la voiture de Jay Frost, il constate que le contour reprend celui d'un véritable modèle de voiture, et que seul le minimalisme des éléments dans le contour lui donne cette apparence un peu fragile. Toutefois cette sensation n'est pas présente à chaque page. En particulier dans la maison de Jay Frost, ou dans le cimetière le lecteur retrouve des décors consistants. Cet état de fait est attribuable à la mise en couleurs de Lovern Kindzierski qui a choisi des teintes un peu plus délavée pour ne pas masquer les quelques ombrages au crayon d'Hampton, et pour compléter ses dessins. Le résultat est remarquable : il transporte le lecteur dans ce monde aux frontières de la réalité et de l'onirisme.



Cela n'empêche pas que ce soit un grand plaisir de retrouver P. Craig Russell et Kevin Nowlan pour le dernier chapitre, avec leur capacité bien à eux de transcrire le ton fantasque et amusé de la narration.



Le lecteur s'en doutait : Nobody Owens devait fatalement finir par retourner dans le monde des vivants. De manière fort inattendue (et assez second degré), voilà que dans ce conte pour enfants, c'est Nobody Owens qui réclame de pouvoir aller à l'école, et pour apprendre, en plus (en total opposition avec le stéréotype de l'école comme corvée). Le ton reste enjoué, les tactiques employées contre les 2 petits tyrans de l'école font sourire de par leur inventivité et leur efficacité. Le lecteur sourit franchement devant la tactique employée par Silas pour arrêter un véhicule de police. Le lecteur lit avec plaisir un chapitre de plus dans la vie de jeune garçon élevé au cimetière.



Toutes les bonnes choses ont une fin, et Nobody Owens doit se confronter au mystère du meurtre de ses parents et de sa véritable identité. Le lecteur sent bien que P. Craifg Russell a dû souffrir pour trouver comment transcrire le texte de l'intrigue, sans que les dessins n'éventent tout suspense. La narration proposée s'en sort bien et le suspense monte petit à petit, alors que le danger va grandissant. Craig Russell ne perd pas le ton fragile de la narration mêlant le fantastique du cimetière et la nature posée de Nobody Owens.



Le lecteur a le plaisir de retrouver de nombreux éléments des chapitres précédents qui trouvent naturellement leur place dans la mécanique de l'intrigue, peut-être de manière un peu trop propre. Le pot-aux-roses relatif au meurtre reste dans le ton et l'esprit du récit. Le lecteur pourra éprouver un petit regret quant au fait que l'intrigue reste centrée sur Bod, alors que les agissements de Silas et ses compagnons semblaient tout aussi intéressants et mystérieux. Le dernier chapitre conclut de manière logique et satisfaisante cette éducation d'un garçon par tout un cimetière.



Cette deuxième partie vient achever la transposition du roman de Neil Gaiman en bandes dessinés. P Craig Russell a su conserver le ton de l'auteur tout du long de son adaptation, sans le trahir. À quelques rares reprises, le lecteur voit affleurer les difficultés auxquelles il a dû être confronté, comme dans le chapitre sept pour maintenir le suspense quant à la véritable identité de l'un des personnages, ou encore quant à la quête de Silas et de ses compagnons. Malgré ces difficultés, le résultat relève bien de la bande dessinée, et pas d'une mise en images servile, avec de gros pavés de texte extrait de l'œuvre originale.



Cette deuxième partie est l'occasion d'apprécier le travail d'un artiste supplémentaire (David Lafuente), plus concret que les autres, mais sans que cela ne mette en péril la dimension onirique du surnaturel. Scott Hampton reste au diapason de cette adaptation, avec une mise en couleur en phase avec son approche graphique. Le lecteur se laisse gentiment transporter dans ce conte sympathique et bien troussé, finalement peut-être un peu trop inoffensif.
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The P. Craig Russell Library of Opera Adapt..

Ce tome est le troisième dans une série de 3 consacrés à des adaptations d'opéra en bandes dessinées par Philip Craig Russell. Les 2 premiers sont (1) The Magic Flute et (2) Parsifal, Ariane and Bluebeard, I Pagliacci. Chaque tome peut être lu indépendamment des 2 autres.



Pelléas & Mélisande (57 pages, opéra de Claude Debussy, livret de Maurice Maeterlinck, dessiné en 1984) - Alors que Golaud chasse le cerf en forêt, il découvre une jeune femme seule (Mélisande) au bord d'un étang. Il décide de lui servir d'escorte au travers des bois. Il l'épouse, contre l'avis d'Arkel son père et la ramène au château familial. Là elle fait la rencontre de Pelléas, le demi-frère de Golaud, beaucoup plus jeune. Une amitié profonde naît entre les 2.



P. Craig Russell suit servilement le livret. Il profite de la liberté donné par les illustrations pour créer des décors plus consistants que ceux de l'opéra, en particulier pour la végétation. Il n'y a que le château qui a des airs bavarois de mauvais aloi. La mise en scène de Russell lui permet de donner vie aux personnages et à leurs sentiments. Le lecteur peut ressentir le trouble émotionnel de Pelléas et Mélisande, sans se tromper sur la nature profonde de leur émoi. De ce point de vue l'adaptation atteint son objectif. Par contre, les éléments symboliques de l'opéra sont dessinés de manière prosaïque sans interprétation (la couronne au fond de l'eau, les miséreux au fond de la caverne, etc.). Du coup ils apparaissent comme autant de faits privés de sens. 4 étoiles.



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Ein Heldentraum (6 pages, un lied d'Hugo Wolf, d'après un poème de Goethe, dessiné en 2004) - Un jeune lecteur se rêve en héros pour s'échapper de sa condition quotidienne.



Il s'agit pour P. Craig Russell de s'approprier un texte désespéré et de lui donner un autre sens par le biais des images. L'exercice de style est réussi, sur la base d'une nouvelle signification plutôt convenue. 3 étoiles.



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Cavalleria rusticana (32 pages, opéra de Pietro Mascagni, livret de Giovanni Targioni Tozzetti et Guido Menasci, dessiné en 2004) - Dans un village italien à la fin du dix-neuvième siècle, ses habitants répondent à l'appel du tocsin pour aller à la messe de Pâques. Santuzza demande à Mamma Lucia où se trouve son fils Turiddu. Alfio arrive sur la place du village ; il a épousé Lola, l'ancienne amoureuse de Turiddu.



Cet opéra est qualifié de vériste dans la mesure où son argument repose sur ce qui pourrait être un simple fait divers dans une campagne. Il est facile de percevoir ce qui a séduit Russell dans cette histoire : sa simplicité et l'exacerbation des sentiments. Santuzza se comporte de manière exaltée, presqu'hystérique, et les hommes (Turiddu et Alfio) font assaut de virilité. Russell met donc en scène des acteurs en proie à leurs sentiments, sous un soleil impitoyable, dans lequel les décors disparaissent une ou deux pages durant pour laisser place aux expressions des visages et au langage corporel. Malgré le savoir faire de Russell, il m'a été difficile de m'intéresser au sort de ces individus aveuglés par leurs passions. 3 étoiles.



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Salome (32 pages, opéra de Richard Strauss, livret d' Hedwig Lachmann, d'après une pièce de théâtre d'Oscar Wilde, dessiné en 1986) - L'histoire se déroule un soir alors qu'Hérode a organisé une fête dans son palais. Juste à l'extérieur, dans une cellule en forme de puits se trouve Jean-Baptiste (Jochanaan) qui lance régulièrement des imprécations et prophétise la venue d'un messie. Observée par Narraboth (un capitaine de garde) Salomé (la fille d'Hérodote) souhaite voir cet individu hors du commun.



Le titre annonce que P. Craig Russell s'est plus inspiré de la pièce de théâtre d'Oscar Wilde que du livret de Lachmann. Il conserve l'unité de temps (une soirée) et l'unité de lieu pour une narration très resserrée qui alterne entre dialogues et déclamations, sans oublier les 3 pages muettes de la danse des 7 voiles.



L'art de la mise en scène développé par Russell porte parfaitement les répliques des différents protagonistes pour donner une narration haletante restituant à la fois le drame humain entre Salomé et Jean-Baptiste, et les enjeux métaphysiques et religieux. Cette incroyable confrontation génère une intensité dramatique à couper le souffle. Le style de Russell s'avère totalement déconnecté de l'esthétique superhéros spécifique aux comics, et fortement influencée par d'autres arts tels que le théâtre, la danse et la peinture. 5 étoiles. Cette adaptation m'a fait comprendre la force d'une mise en scène aussi codifiée que peut l'être celle de l'opéra, où les exagérations diverses font apparaître une vérité des sentiments et des convictions difficilement égalable autrement. Sans aller jusqu'à parler de révélation, il est vrai que cette adaptation constitue une passerelle accessible vers un univers peu accueillant pour les profanes.



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À l'issue de la lecture des 3 tomes d'adaptation d'opéras, je me rends compte que P. Craig Russell a atteint son but vis-à-vis du lecteur que je suis : faire découvrir l'opéra sous un autre angle, montrer la richesse des différentes histoires, transmettre l'exaltation des sentiments, etc. Il a su communiquer sa passion pour cet art très codifié. Il a su montrer la variété des histoires et m'intéresser à cette forme d'expressions des passions, au point de tenter l'écoute de quelques airs célèbres avec le meilleur de l'opéra.
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L'étrange Vie de Nobody Owens, tome 1 (BD)

Je remercie sincèrement les éditions Delcourt ainsi que la Masse Critique organisée par Babelio pour ce partenariat, ce comics adapté du roman de Neil Gaiman est fantastique. Je n'ai pas lu le roman original, mais cet aperçu me rend curieuse. C'est un bel objet, un univers prenant, des coups de crayon singuliers, une intrigue bien menée, il possède des ingrédients qui le rendent fascinant et mystérieux, j'ai hâte de découvrir la suite.



L'histoire se subdivise en cinq parties, avec en prime un interlude qui laisse le lecteur songeur quant au deuxième volume. Les cinq chapitres sont à peu près équitables, ont leur propre intrigue liée à un fil rouge intéressant. Nobody Owens est recueilli bébé par des fantômes suite au meurtre de sa famille par le Jack, ce dernier ne lâche pas l'affaire, et voudra à tout prix terminer ce qu'il a commencé. En attendant, Nobody, surnommé Bod, grandit dans un cimetière et vit de nombreuses aventures dangereuses et morbides, dans une ambiance fantastique propre à Neil Gaiman.



Ce dernier est l'auteur de Coraline, j'avais eu un petit coup de cœur pour ce récit enfantin et pourtant si particulier, si atypique, si proche d'un film de Burton. Entre réalité et fantastique, la mort est là, les créatures de la nuit sont également présentes, le côté adulte et sombre se mêle étrangement à l'innocence et la candeur de Nobody. L'atmosphère aurait pu paraître lourde, elle est teintée d'un voile mortuaire, mais jamais trop glauque, il y a l'aventure, le frisson et l'humour. Il existe aussi le mystère, celui du meurtre de la famille de Bod, l'enfant lui-même, la volonté d'une certaine société à le vouloir mort d'où l'envoi de Jack... Silas est lui aussi un sujet de discussion.



Il n'y a pas à dire l'univers fascine et je suis restée émerveillée du début à la fin, les yeux rivés sur les images, je l'ai lu d'une traite tant j'ai été happée. Il faut dire que le texte coule tout seul, c'est fluide, très bien écrit, soigné, les mots aident à se plonger dans l'histoire et dans le caractère des personnages grâce à la narration et aux répliques. Comme dans le comics traditionnel, chaque chapitre a son dessinateur, cela se ressent également dans celui-ci. J'ai eu mes petits coups de cœur et ceux avec lesquels j'ai moins accroché, mais tout ceci est une affaire de goût personnel et cette appréciation changera d'un lecteur à l'autre. Toutefois, c'est plutôt beau à voir, le character design reste unifié et l'on reconnaît facilement les protagonistes, les lieux... le cimetière est d'une grande beauté. Quant aux couleurs, elles sont merveilleuses, c'est une palette qui colle à l'ambiance, beaucoup de teintes en référence à la nuit, à la portée sombre et obscure de l'univers. Néanmoins, j'ai remarqué à plusieurs reprises, des nuances plus douces et verdoyantes, qui nous rappellent le caractère innocent de son héros, l'espoir, la vie, c'est une chose importante dans une histoire de ce type.



Et de belles choses, il y en a. Nobody. Ce garçon est totalement attachant et charismatique, adorable, aventureux, naïf et courageux, il a bon fond, même s'il se fourre dans de sacrés traquenards. Sa relation d'amitié avec Silas est très jolie, avec Scarlett, ce fut très beau et la fin est un déchirement. Sa relation avec les Owens est très sympathique et forte, même celle conflictuelle aux premiers abords entre lui et Mlle Lupescu se révèle prenante et incroyable. Le personnage est travaillé, tout comme le sont les autres, on apprend à les connaître page après page, à travers les événements vécus. J'ai une préférence pour Silas, en raison de sa dimension curieuse, il est étrange et j'espère en apprendre davantage sur lui. De même que pour la femme en gris sur sa monture, elle a un petit quelque chose de captivant.



En conclusion, je ne saurais dire si l'adaptation est réussie n'ayant pas lu le roman original. Toutefois, ayant apprécié mes premières rencontres avec cet auteur (Odd et les géants de glace, Coraline), nul doute que je me pencherais sur l'étrange vie de Nobody Owens. D'autant plus que ce format comics permet de donner un aperçu riche et passionnant à travers les dessins et sa colorisation. Ma découverte de ce récit me fait dire qu'il a de nombreux atouts pour plaire, un univers atypique marqué par le fantastique, un pied dans l'enfance et un autre dans l'ère adulte en raison de son atmosphère et de son texte soigné. L'intrigue, captivante et sympathique, possède des personnages travaillés et intéressants, certains sont plus mystérieux que d'autres, certains nous promettent de belles révélations par la suite, tous nous fascinent. J'ai passé un très bon moment de lecture et je suis impatiente de découvrir ce que me réserve le volume 2 prévu début 2016.
Lien : http://la-citadelle-des-livr..
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Fables, Tome 4 : Le dernier bastion

Un tome moins prenant que le précédent, mais qui pose quelques marques ici et là pour la lecture du prochain tome.



Chaque nouveau récit est une mine de péripéties et d'informations sur les personnages. On peut dire que ce nouveau tome sait donner envie pour découvrir la suite.



Lecture à suivre !
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American Gods, tome 1

J’ai regardé la série que j’ai adoré, puis j’ai lu le roman, c’était bien mais il aurait fallu procéder dans l’autre sens. Je ne le dis pas souvent mais j’ai trouvé la série meilleure que le roman. Ceci dit je trouve l’histoire extraordinaire et c’est avec plaisir que je me suis plongée dans le comics.

Le début est assez pénible à lire/à regarder parce que le dessin est moyen, parfois sans décors. Puis je trouve que ça s’améliore (ou alors on s’habitue ?)

La BD est « vendue » comme étant l’adaptation graphique de la série, je trouve qu’elle ressemble plus au bouquin. Astuce marketing probablement

J’ai beaucoup aimé ce volume 1 d’une série de 3, il me tarde de prolonger mon plaisir

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American Gods, tome 1

Ayant connu Gaiman grâce à son livre sur la mythlogie nordique , je me devais de lire american gods et étanr grand lecteur de comics, j'ai opté pour cette forme. Ce comics vous transporte dans un étrange monde où rien ne paraît réel et sensé mais l'histoire bien que complexe et dont on ne comprend pas tout nous garde en haleine pour savoir une suite encore plus bizarre.

American gods ne conviendra pas a tout le monde certes mais nous fair part d'une histoire original et mythologique.
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Fairy Tales of Oscar Wilde, tome 2 : The Yo..

Ce tome est le deuxième dans la série d'adaptation des contes d'Oscar Wilde par P. Craig Russell, et il se lit indépendamment des autres. Il comprend l'adaptation de 2 contes, initialement parue en 1993, écrite, dessinée et encrée par Philip Craig Russell. La mise en couleurs a été réalisée par le studio Digital Chameleon. Ces 2 contes sont tirés de Le prince heureux, le géant égoïste et autres contes (1854-1900) publié en 1888, et de Une maison de grenades (1891).



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The young king (31 pages) - La veille de son couronnement, le jeune roi reçoit les derniers conseils de ses professeurs d'étiquette, puis il se retrouve seul dans sa chambre. Il repense à la manière dont des chasseurs étaient venus le chercher alors qu'il s'occupait de moutons en train de paître. Il était le seul fils de la princesse, né d'un mariage secret et confié au chevrier en secret, alors que ladite princesse se donnait la mort, et que son amant connaissait un sort peu enviable. Le roi l'avait reconnu sur son lit de mort. Le jeune roi avait dû s'astreindre aux obligations administratives, mais dans le même temps, il était devenu amoureux de la beauté des choses, que ce soit des œuvres d'art devant lesquelles il pouvait tomber à genoux et pleurer, ou des vêtements d'une grande richesse. D'ailleurs, il avait commandé pour son couronnement, un manteau d'une richesse extraordinaire, un sceptre orné de perles rares, et une couronne ceinte de pierres précieuses. Au temps présent, il finit par s'endormir et un rêve vient à lui dans lequel il voit l'artisan chargé de tisser l'étoffe de son manteau d'apparat.



Qu'il ait lu ou non le premier tome de la série Fairy Tales of Oscar Wilde: The Selfish Giant & the Star Child, le lecteur sait ce qui l'attend : 2 contes d'Oscar Wilde, transposés en bandes dessinées. Il n'est donc pas très surpris de découvrir une bande dessinée au format européen, avec des cartouches de texte qui reprennent les phrases d'Oscar Wilde. Il s'en suit une lecture plus lente que pour un comics de superhéros. Il note que les passages oniriques (les 3 rêves du jeune roi) sont l'occasion d'introduire des phylactères pour les dialogues, et aussi de réaliser des cases dépourvues de tout texte. Philip Craig Russell fait donc varier la densité des textes en fonction des séquences, tout en restant très fidèle au texte d'origine. Le lecteur retrouve donc l'ironie mordante d'Oscar Wilde dès le début. L'histoire personnelle du jeune roi relève des conventions des contes pour enfant, avec un jeune enfant qui a la révélation qu'il est le prince du royaume, et qui peut disposer de richesses sans fin. Le lecteur voit la manière dont le royaume exploite les ressources du pays, et de contrées lointaines pour satisfaire les désidératas du jeune roi. Il se rend compte que cette description est d'une étonnante modernité, décrivant la trajectoire de la race humaine, utilisant et dévorant toutes les ressources à sa disposition, semblant ne pas se soucier du lendemain, exploitant de la main d'œuvre bon marché dans des pays éloignés.



Le mordant d'Oscar Wilde se fait encore plus vif quand le prince s'adresse au tisserand pour savoir pour quelle raison il accepte cette forme d'esclavage économique. L'artisan indique qu'il sait très bien que le roi auquel ce manteau est destiné n'est qu'un homme comme les autres, qui ne le mérite pas plus que les autres. Il ajoute qu'il a entièrement conscience de sa nature d'esclave, travaillant pour un individu qu'il ne connaît pas, pour un salaire de misère qui ne lui permettra jamais de sortir de la pauvreté. Il n'y a pas là seulement une bonne description du capitalisme, avec des salariés (ou des esclaves du système) le perpétuant en toute connaissance de cause, et en sachant qu'ils n'en seront pas bénéficiaires. Il y a également un commentaire écologique avant l'heure sur le pillage des ressources naturelles. Dès la première page, le lecteur est entièrement convaincu par la pertinence d'une adaptation, faite par P. Craig Russell. Il donne à voir ces personnages de conte, d'une grande pureté dans leurs traits simplifiés, confondant de naturel dans leurs habits. Le lecteur n'éprouve aucun doute sur la pureté des intentions du jeune roi, même si elles sont fondées sur une vision romantique de la vie, sans prise en compte des réalités de production. Le tisserand est miséreux comme on s'y attend, travaillant sur un métier à tisser aux proportions infernales. Les conditions d'extraction des minerais évoquent plus le travail des esclaves à bâtir les pyramides que les métiers de la mine. L'évêque dispose d'une tenue magnifique, incarnant toutes les richesses de l'Église.



Le lecteur peut ne pas prêter attention à la qualité de la narration visuelle, au-delà de l'apparence des personnages. Il ne peut faire autrement que de la constater pendant les passages oniriques, quand les images racontent l'histoire sans mot. Alors, il prend conscience qu'il est transporté dans un conte depuis plusieurs pages, avec une narration tout public, délicate et pertinente. Il voit des images qui racontent clairement les actions et les comportements. Il peut même remarquer que l'artiste réussit à incorporer une photographie de la cathédrale Notre Dame de Paris, sans solution de continuité graphique. Il réussit également à transcrire la dimension religieuse de la dernière partie, sans tomber dans le ridicule, sans bondieuseries, alors qu'Oscar Wilde met en scène une variation de la passion du Christ pour une fin des plus politiquement correcte, sans pour autant effacer l'impact de la première partie.



Avec ce conte, P. Craig Russell réalise une adaptation impeccable, fidèle au conte originel, avec une mise en images en phase, qui n'est ni redondante, ni outrageuse. 5 étoiles.



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The Remarkable Rocket (13 pages) - Le fils du roi va se marier, et le roi organise une grande fête en son honneur. Les époux ont bu à la même coupe de cristal et tout est clair. Les invités ont supporté le morceau de flute interprété par le roi, massacré serait plus juste, ainsi que les réponses faites par le roi, à des questions posées à d'autres personnes que lui. Les préparatifs vont bon train pour le feu d'artifice qui doit être tiré le soir-même, à l'extrémité du parc du palais. Les différents feux d'artifice papotent entre eux, commentant leur voyage et l'existence de l'amour. Survient une grande fusée rouge qui toussote pour attirer l'attention sur le fait qu'elle va parler, comme elle le fait à chaque fois. La fusée fait observer que le couple de la princesse et du prince a eu vraiment beaucoup de chance de se marier le jour où il va être tiré, ramenant tout à lui. Le feu de Bengale lui fait observer qu'il a mal prononcé le mot Pyrotechnique. La fusée le toise, méprisant et continue son soliloque tout dédié à sa grandeur. L'attente va être longue pour les autres, jusqu'à ce que le feu d'artifice soit tiré.



Le lecteur découvre avec plaisir ce conte où le sarcasme d'Oscar Wilde peut s'exprimer avec méchanceté contre un individu imbu de sa personne, fonctionnant sur un égocentrisme démesuré. Il peut se moquer du comportement de la fusée qui rapporte tout à lui, pour qui le monde n'a de sens que rapporté à lui, pour qui tout tourne autour de lui. Son discours est rendu amusant par la réaction du feu de Bengal qui ne s'en laisse pas conter, qui a parfaitement identifié le trait de caractère de la fusée. Il y a une forme de méchanceté sous-jacente dans le fait que les rodomontades et les fanfaronnades de la fusée s'effectuent le jour du feu d'artifice, c’est-à-dire le jour où sa vie prendra fin. Le lecteur jubile encore plus quand un coup du sort engendré par la fusée elle-même fait qu'en plus elle ne connaîtra même pas la fin glorieuse dont elle se réjouissait tant.



Comme dans les contes précédents, Philip Craig Russell s'en donne à cœur joie pour représenter un palais de conte de fées, avec un beau jardin à la française, un prince et une princesse purs et élégants, un bal gracieux, un magnifique feu d'artifice illuminant le ciel au-dessus du château (visiblement inspiré par celui de Versailles). Dans ce conte cruel, il peut aussi faire montre d'un autre de ses talents : celui de la caricature et de la direction d'acteur. Il donne donc vie à plusieurs artifices : fusée, feu de Bengale, chandelle, soleil, etc. Il leur donne quelques attributs anthropomorphes comme des bras, des jambes et bien sûr un visage. Le lecteur se régale des mimiques de la fusée, de son air tour à tour hautain et méprisant, de sa suffisance et de sa prétention. Il le fait d'autant plus de bon cœur, que la fusée n'est pas un personnage réel, et qu'il se moque avant tout d'un trait de caractère. L'artiste sait ainsi donner vie à des objets, à nouveau dans la logique d'un conte, brossant le portrait d'un individu assommant et ridicule, associant ainsi ces 2 caractéristiques pour un jugement moral sans équivoque sur l'égocentrisme. Le lecteur constate également que la densité de la narration est tout aussi élevée que celle de la première histoire, mais qu'elle repose plus sur des dialogues, ce qui la rend plus vivante, et qui ajoute de la saveur aux réparties.



Ce deuxième conte est d'une légèreté extraordinaire, tant pour sa forme narrative que pour les dessins, avec un fond tout aussi substantiel que celui du premier. Un petit bijou de malice et d'humour. 5 étoiles.
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L'étrange Vie de Nobody Owens, tome 1 (BD)

Nobody est un enfant, dont la famille a été tuée lorsqu’il était bébé. Il s’en est miraculeusement sorti en trouvant refuge dans un cimetière. Les fantômes du cimetière ont décidé de l’adopter et un vampire est devenu son tuteur. Nobody est maintenant devenu un jeune adolescent qui rêve de sortir du cimetière pour découvrir le monde, apprendre pleins de choses, rencontrer des personnes

vivantes. Il demande donc à aller à l’école. Malheureusement pour lui, au lieu de rester discret et

dans l’ombre comme lui avait conseillé son Tuteur Silas, Nobody alias Bod ne peut s’empêcher de se mêler d’une histoire de racket en défendant les victimes. En dehors du cimetière, Silas ne peut pas le protéger et Bod va découvrir à ses dépens que ceux qui ont tué sa famille sont toujours à sa recherche.



L’auteur montre une fois de plus son talent avec cette suite et fin de série. Il arrive à nous transporter dans son univers étrange, fantastique, gothique en toute simplicité. Le scénario est riche, bien écrit et tient en haleine. Il nous décrit un héros en pleine interrogation liée à l’adolescence, partagé entre l’envie de rester un enfant et d’être protégé par les adultes et l’envie de prendre son

envol et d’être libre de ses choix, fort, capable de se défendre soi même, de gérer ses problèmes soi même, avec beaucoup de justesse et d’émotion. Une très belle réussite.
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L'étrange Vie de Nobody Owens, tome 1 (BD)

Il s'agit de la première moitié d'une adaptation d'un roman de Neil Gaiman initialement paru en 2008 : L'étrange vie de Nobody Owens. Elle a été réalisée sous la houlette de Philip Craig Russell qui se charge de la transposition en bande dessinée, de l'adaptation et des dialogues, ainsi que des dessins du deuxième chapitre. La mise en couleurs a été assurée par Lovern Kindzierski. Cette adaptation est parue en 2014.



Chapitre 1 (dessiné par Kevin Nowlan) – Jack est un tueur professionnel agissant pour le compte de quelqu'un d'autre. Il vient de tuer une famille : la mère, le père, la fille. Seul le jeune garçon (18 mois, marchant à peine) a réussi à lui échapper en s'enfuyant dans le cimetière proche. Jack s'y rend et est accueilli par Silas, un individu vêtu d'un long manteau noir, très persuasif. Pendant ce temps, le jeune marmot fait la rencontre des fantômes du cimetière qui le nomme Nobody Owens (le nom de famille du couple qui le prend en charge). Il s'écoule un intervalle de 2 ans entre chaque chapitre.



Chapitre 2 (dessins de P. Craig Russell) – Bod (le diminutif de Nobody) grandit à l'abri dans le cimetière, apprend à lire avec Silas, y rencontre une jeune demoiselle Scarlett qui vient s'y promener, et fait la connaissance du plus vieil habitant du cimetière. Chapitre 3 (dessins de Tony Harris et Scott Hampton) – Miss Lupescu sert de tutrice à Bod qui croise un groupe de goules. Chapitre 4 (dessins de Galen Showman) – Bod fait la connaissance de Liza Hempstock, condamnée pour sorcellerie, et enterrée dans la fosse commune. Chapitre 5 (dessins de Jill Thompson) – Une fête se prépare pour la Danse Macabre. Interlude (dessins de Stephen B. Scott) – Jack n'a pas oublié ce marmot qui lui a échappé.



Dans des interviews, Neil Gaiman a expliqué que l'idée lui est venue d'écrire le livre original en voyant son fils faire du vélo dans un cimetière. Il s'est dit qu'il y avait matière à écrire le pendant du Livre de la Jungle de Rudyard Kipling, mais dans ce lieu saugrenu, à destination de jeunes lecteurs, ou des lecteurs adolescents. Cette adaptation a de quoi attirer l'œil du lecteur de comics puisqu'elle est confiée à P. Craig Russell, collaborateur régulier de Gaiman, ayant déjà adapté plusieurs de ses nouvelles, dont une consacrée au personnage de Morpheus.



Qui plus est, parmi les artistes choisis pour réaliser cette adaptation, le lecteur familier de comics salive à l'avance. Effectivement, P. Craig Russel dessine des pages avec un dosage en parfait équilibre. Son trait est fin et aérien et très évocateur. Il sait choisir le bon niveau de détail pour ne pas surcharger les images, et pour donner corps aux scènes du romancier, sans rien perdre de la fragile poésie de son récit. Nobody Owens ressemble vraiment à un enfant, tout en étant assez éloigné pour que le lecteur n'éprouve pas un moment de recul en le voyant interagir avec des fantômes, ou d'autres créatures surnaturelles. L'artiste arrive à amalgamer tous les éléments dans une réalité légèrement onirique, rehaussée d'une pointe de romantisme discret (les feuillages), et d'un soupçon de gothisme effacé (les pierres tombales, le cimetière). Il y ajoute une ironie si diaphane (quelques sourires en coin) qu'elle dédramatise le récit, sans nuire à son intensité.



Le chapitre 2 est donc un délice visuel raffiné qui enchante même les cœurs les plus endurcis. Le lecteur peut également apprécier l'élégance de l'adaptation qui garde la tonalité des phrases de Neil Gaiman, sans pour autant recopier des paragraphes entiers du texte original. Certes P. Craig Russell bénéficie d'une pagination confortable pour réaliser sa transposition en BD, et toutes les descriptions se transforment en dessin. Pour autant il est assez délicat de transposer les nuances des descriptions (qui ne sont jamais simplement factuelles), sans rien perdre de la sensibilité de la narration.



En découvrant le premier chapitre, le lecteur reconnaît immédiatement le trait si particulier de Kevin Nowlan, à la fois un peu gras, très élégant, avec des prolongations tout en finesse, et quelques aplats de noir consistants. Les contours des formes tracés par Nowlan sont plus fluides que ceux de Russell, moins romantique, affirmés, avec toujours cette touche subtile de second degré qui dédramatise les situations risquées, sans qu'elles ne perdent leur tension. Cette introduction graphique au monde du Livre du Cimetière est d'une grande évidence, malgré les événements improbables qu'elle décrit. Le lecteur comprend immédiatement qu'il doit assimiler ce récit à conte, et accorder sa suspension d'incrédulité pour l'autonomie de cet enfant de 18 mois qui atteint sans coup férir le cœur du cimetière, sans pleurer, sans avoir faim, etc.



Arrivé au chapitre 3, le lecteur note immédiatement que les lignes se font plus épaisses, et moins fluide que celles de Nowlan, moins gracieuses que celles de Russell, plus lourdes, mais tout aussi amusées. Le dispositif narratif fait que 2 ans séparent chaque chapitre, ainsi le lecteur peut mettre cette différence sur le compte du temps écoulé. Globalement, Tony Harris s'en tient aux apparences graphiques conçues par Russell, et à l'environnement légèrement épuré pour ne pas perdre cette sensation entre réalité et onirisme, propre aux contes. Ce chapitre est également l'occasion de pénétrer dans un autre monde, différent de celui du cimetière, ces pages étant alors illustrées par Scott Hampton, à la peinture. À nouveau cet artiste se coule dans le moule conçu par Russell, sans rien perdre de ses particularités. Il dépeint un monde légèrement éthéré (en cohérence avec l'endroit où a abouti Bod), un peu plus onirique, sans rien perdre de la sensibilité de ce jeune garçon.



Arrivé au chapitre 4, le lecteur vérifie 2 fois qu'il ne s'est pas trompé. Non, P. Craig Russell n'est pas revenu pour dessiner un deuxième chapitre. Galen Showman reproduit avec fidélité la forme de ses traits, avec les légères arabesques, sans donner l'impression de le singer ou d'une application laborieuse et servile. Il retrouve la même légèreté et le même sens très sûr du bon dosage d'information dans chaque case. Il perd un peu en nuances, et en parfum amusé, mais pas de beaucoup. Dans le chapitre 5, le trait de Jill Thompson est un tout petit peu plus lourd, mais sa vision artistique est très sûre, alors qu'elle doit mettre en images l'une des scènes les plus visuellement ambitieuses du récit. Le résultat est à nouveau époustouflant dans la justesse de sa sensibilité, un raccord parfait avec P. Craig Russell.



Tout du long de ces 5 chapitres, le lecteur prend conscience du travail de conception et de transposition effectué par P. Craig Russell qi permet d'assurer une cohérence narrative, malgré le changement d'artiste à chaque chapitre. Entièrement conquis par la qualité de ce monde immergeant un jeune enfant au milieu des fantômes, pour un conte d'une grande qualité visuelle, il peut en apprécier l'intrigue. L'une des règles implicites de la narration est que le lecteur ne doit pas s'attacher aux détails matériels de la vie de Bod dans le cimetière, sous peine de rompre le charme du conte (même si Gaiman fournit de temps à autre quelques éléments matériels, tels que l'apport de nourriture par Silas, l'éducation de Bod, ou encore la présence d'un médecin parmi les fantômes).



Il convient alors d'apprécier chaque chapitre comme un conte dans le conte, une suite d'aventures survenant à Nobody Owens. La narration de P. Craig Russell et des dessinateurs assure une fluidité et une cohérence à l'ensemble. Le premier chapitre permet de prendre connaissance des circonstances qui ont abouti à la prise en charge d'un jeune enfant dans un cimetière, et le lecteur apprécie le passage d'une cavalière singulière. Par contre, il est prié de ne pas trop s'interroger sur l'existence de fantômes, de le prendre comme un fait établi, indépendamment de toute question sur l'âme, ou tout autre dimension spirituelle.



Le deuxième chapitre constitue un conte dans lequel un enfant confronte une de ses peurs, face à un individu réputé terrible. Gaiman développe des circonstances divertissantes, et les présente de manière élégante et originale. Dans le troisième chapitre, Bod est extrait de force de ce milieu rassurant qu'est le cimetière car il succombe à un accès de mauvaise humeur et à la tentation (toute ressemblance avec ce qui arrive à un célèbre pantin de bois étant manifeste). La leçon (ou la morale de cette partie) ne joue pas sur la culpabilisation (ce qui est appréciable), mais sur l'importance de l'éducation, et d'écouter ses aînés.



Le quatrième chapitre propose une aventure dans la ville voisine, où Gaiman désamorce vite toute angoisse, pour préférer une forme de jeu, incitant le lecteur à se demander comment Bod finira par avoir le dessus sur ses ravisseurs. Jusque-là, les histoires sont charmantes, mais sans beaucoup de conséquence. Le cinquième chapitre est d'une toute autre nature, plus onirique, plus poétique, développant le thème de l'importance des morts dans la vie des vivants.



Il est impossible de résister au charme délicat et amusé de cette adaptation garantie sans culpabilisation, mas pas dépourvue de suspense. Chaque artiste réalise un travail exceptionnel, tout en respectant le cadre défini par Philip Craig Russel, le responsable et le concepteur de cette adaptation. Au final, le lecteur adulte a passé un bon moment aux côtés de Nobody Owens tout en trouvant ce conte un peu léger.
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The P. Craig Russell Library of Opera Adapt..

Ce tome regroupe plusieurs adaptations d'opéras en bandes dessinées par Philip Craig Russell.



"Parsifal" de Richard Wagner (31 pages) - Après un voyage dans une forêt étrange, et un songe prémonitoire, Parsifal arrive dans un jardin luxuriant où l'accueille 4 jeunes filles. Mais elles sont écartées par Kundry qui souhaite s'occuper seule de Parsifal, agissant pour le compte de Klingsor.



P. Craig Russell a travaillé avec Patrick Mason pour transposer cet opéra en bandes dessinées. Ce qui les a le plus intéressé est le jeu de séduction entre Parsifal et Kundry. Mais en cours de route, Russell et Mason doivent effectuer des retours en arrière pour expliquer le rôle et les motivations de Klingsor, ainsi que le rôle d'Amfortas. Au final il est difficile de savoir pourquoi ils n'ont pas respecté le déroulement chronologique du livret. Il s'agit d'une oeuvre de jeunesse de Russell et le lecteur découvre au fil des cases qu'il n'a pas encore digéré ses influences. En fonction des cases, il est possible de détecter un visage évoquant Steve Ditko, un encrage inspiré par Barry Windsor Smith, un autre inspiré par Jack Kirby. Russell a déjà choisi une mise en scène plus posée que celle des superhéros, moins exacerbée. Il commence déjà à se servir des décors pour les transformer en symboles exprimant l'état d'esprit des personnages, ou la force des émotions, ou les intangibles de la condition humaine et de la nature. Cette adaptation permet de découvrir l'argument de l'opéra, toutefois elle souffre d'illustrations dont l'auteur chercher encore sa personnalité graphique, et d'une narration un peu hachée. 3 étoiles.

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2 chants de Gustav Mahler (2*3 pages) - Le premier chant souligne l'importance de l'obscurité. Il s'agit d'une oeuvre de jeunesse de P. Craig Russell qui utilise 2 ou 3 collages pour rehausser ces dessins. 2 étoiles pour la curiosité. La deuxième histoire est de nature onirique et vaut pour l'inventivité dans la représentation de la végétation et des anges. 3 étoiles.

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"Ariane et Barbe-Bleue" de Maurice Maeterlinck et George Dukas (44 pages) - Ariane et sa suivante sont dans le château de Barbe-Bleue qui a confié 7 clefs à Ariane, en lui faisant promettre de ne pas se servir de la septième. Ariane désobéit intentionnellement et découvre le sort des 5 premières femmes de Barbe-Bleue.



Avec cette histoire, Russell et Mason suivent la trame de l'opéra en respectant l'ordre chronologique. Ils passent rapidement sur les scènes introductives et dès la cinquième page Ariane commence à ouvrir les portes à l'aide des clefs. Le récit est rapide et clair et sans fioritures. L'adaptation retranscrit fidèlement le rôle d'Ariane, ainsi que l'état d'esprit des 5 autres femmes de Barbe-Bleue (Sélysette, Ygraine, Mélisande, Bellangère et Alladine). Russell et Mason se concentrent sur Ariane et sur ce qu'elle symbolise.



Dans cette histoire, P. Craig Russell a trouvé son style graphique qu'il affinera dans les années suivantes. En fonction des scènes, les décors sont plus ou moins détaillés, plus ou moins réalistes. Cela va d'une ville esquissée comme s'il s'agissait d'un décor avec uniquement des façades dans une scène de cinéma, à des colonnes en marbre dont la texture est délicatement évoquée, en passant par une suite de rectangles lumineux qui évoquent les marches d'un escalier, et une superbe suite d'arches en ogive. Il utilise également ces dispositifs qui marient détails avec une esquisse de la forme pour les éléments qui se déversent une fois les portes ouvertes. Il se montre très doué avec les expressions des visages. Et surtout, il s'inspire des mises en scène de théâtre pour choisir l'angle de vue de chaque geste, chaque expression corporelle. Cette influence donne une saveur très particulière à son récit qui joue sur l'exagération des sentiments et des mouvements, sans pour autant s'apparenter aux poses stéréotypées des comics de superhéros. Cette dramatisation, sans être outrancière, souligne admirablement les émotions. 5 étoiles.

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"I Pagliacci" de Ruggero Leoncavallo (33 pages) - Canio a surpris Nedda sa femme en train de compter fleurette à un individu qu'il n'a pas pu identifier. Le soir même il doit jouer le rôle d'un clown dans une pièce de théâtre dans laquelle sa femme interprète un rôle où elle est courtisée par Harlequin.



Ce fut l'occasion de découvrir cet auteur et d'aller me renseigner sur ses oeuvres. L'histoire est en noir & blanc de 1991, et Russell colle de très près à une mise en scène théâtrale. Les artifices de cette mise en scène ont du mal à passer la page, à porter la narration de manière fluide. Russel insiste sur le jeu des acteurs, tout en s'autorisant des mouvements de caméras qu'une représentation théâtrale ne peut pas effectuer. La transposition en bande dessinée se lit facilement et l'histoire est racontée de manière simple. Par contre cette théâtralisation aboutit à une narration factice qui fait que le lecteur se focalise sur le je u des acteurs. Évidemment il s'agit du thème principal de cet opéra, mais Russell n'arrive pas à sublimer sa mis en abyme. Il reste au niveau d'une transposition primaire, sans dépasser le premier degré. 4 étoiles pour la découverte de cet auteur.



NBM a réédité les adaptations d'opéra par Philip Craig Russell en 3 tomes : (1) The Magic Flute, (2) Parsifal, Ariana & Bluebeard, I Pagliacci & Songs By Mahler et (3) Pelleas & Melisande, Salome, Ein Heldentraum, Cavalleria Rusticana. Les 3 tomes sont regroupés dans une même offre : The P. Craig Russell Library of opera adaptations (tomes 1 à 3).
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Fables, Tome 4 : Le dernier bastion

J'ai décidé de poursuivre ma découverte de la série de comics Fables avec les trois tomes suivants. Je me suis dit que je regrouperais mes trois minichroniques dans un avis unique, pour faciliter les choses. Cependant, je reste très enthousiaste devant cette série, elle est très sombre, on est loin du conte de fées rose et mignon, mais c'est une autre manière d'aborder les contes et je la trouve plutôt réussie et addictive.



Le style de l'auteur est fluide, soigné, riche. Pas de doute, aucun moyen de s'ennuyer, les répliques correspondent aux caractères des personnages, on reste tenu en haleine. Quant aux illustrations, elles restent identiques à ce que nous avons connu dans le premier opus. Nous avons devant les yeux un style singulier au comics sans pour autant souffrir du manque d'originalité des dessinateurs, on ressent un style propre à celui qui dessine. Les objets, les décors, les personnages, les animaux, ils sont bien dessinés, c'est aisément reconnaissable et la colorisation est remarquable avec ses couleurs franches et pop. C'est un travail de grande qualité que nous offrent les créateurs de cette série.



Le dernier bastion : avec ce quatrième opus, nous nous rapprochons des événements qui ont précédé la fuite des Fables de leur royaume d'origine vers notre monde. Nous avons des débuts de réponses concernant cette invasion, une bataille mémorable et en plus de ça, des personnages du passé refont surface miraculeusement pour le meilleur et pour le pire.



Boy Blue nous conte l'histoire du dernier bastion, le dernier refuge des Fables avant de quitter définitivement leur monde. On rencontre Robin des Bois, on retrouve Barbe-Bleue, on découvre le Chaperon rouge et son amour pour Boy Blue. C'est une bataille très prenante et riche en émotion. De l'autre côté, notre Chaperon rouge surgit de nulle part et de mystérieux personnages proches de Pinocchio s'en prennent aux Fables, notamment à Jack. Nous continuons notre périple pour découvrir l'univers des Fables, on revient sur le passé de certains, on semble être même rattrapé par ce passé. Les questions s'accumulent et les réponses manquent encore, cependant, tout est très addictif, on adore se plonger dans ce monde sombre, dans ces mystères. C'est très prenant à suivre.



Les personnages sont une fois de plus très intéressant à suivre. Boy Blue est un jeune homme passionnant, son histoire est touchante, je suis plus méfiante à l'égard du Chaperon rouge, comme le pense Bigby, c'est étrange ce retour. Ce dernier est moins mis en avant, mais j'ai hâte de voir le voyage qu'il compte entreprendre, je sens qu'il va être riche en révélations. Blanche Neige m'est toujours aussi sympathique, forte et humaine, le prince charmant court après les élections pour le poste qu'il rêve d'occuper. On aime suivre leurs histoires, leurs évolutions, ils sont attachants.
Lien : http://la-citadelle-des-livr..
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